(Douze heures quatorze minutes)
M. Lisée
: On a deux
sujets extrêmement Parti québécois à soulever ici avec vous aujourd'hui.
Le premier, c'est la défense des
consommateurs. Alors, vous savez que le Parti québécois a créé la loi de
défense du consommateur, a créé l'Office de protection du consommateur et on a
l'impression qu'on se fait avoir au Québec. On se fait avoir à la pompe, on se
fait avoir au guichet, on se fait avoir dans le magasin, parce qu'il n'y a pas
assez de concurrence, puis il n'y a pas le chien de garde qui doit s'occuper de
la concurrence. Il ne s'en occupe pas assez. Alors, on pense qu'il faut agir. Si
on veut remettre de l'argent dans la poche des familles puis des Québécois,
bien, la meilleure chose à faire, c'est que les prix ne soient pas trop élevés,
puis au Québec, ils sont trop élevés. Nicolas va vous en parler.
Une deuxième chose qui est très, très
proche de nos préoccupations, c'est les centres de la petite enfance, et là il
y a un débat public entre deux partis : la CAQ et nous. D'abord, sur la
valeur des études, là, la CAQ est rendue qu'elle dit que les études
scientifiques, ce n'est pas important; l'important, c'est le dogme du privé.
Alors, ça, c'est une information, pour les Québécois, et les Québécoises, puis
les familles, là, qui est essentielle pour choisir un parti. Pour la CAQ, le
dogme du privé est plus important que des études sur la qualité des services à
nos enfants. C'est bon à savoir au moment de voter.
Mais aussi on a dénoncé la taxe famille que
le Parti libéral a introduite dans un de ses premiers budgets et qui fait en
sorte que les familles paient plus cher pour leur service de garde et qu'en plus
c'est un système qui favorise le privé. Bien, la CAQ vient de changer son fusil
d'épaule là-dessus, et je pense que ça nous dit quelque chose de très important
sur la crédibilité ou le manque de crédibilité de la CAQ en ce qui concerne les
services à donner à nos enfants.
Alors, on commence avec la concurrence avec
Nicolas Marceau.
M. Marceau : Oui. Alors,
bonjour, tout le monde.
Alors, le Parti québécois a décidé de
s'attaquer aux prix trop élevés que les Québécois paient pour les biens qu'ils
se procurent et s'attaquer plus particulièrement aux cartels qui sont présents
dans notre économie puis qui ont pour conséquence de faire augmenter les prix
que les consommateurs ont à payer. Ça, c'est vrai pour l'essence, c'est vrai
pour l'épicerie, c'est vrai pour les frais bancaires, c'est vrai pour le
transport aérien, c'est vrai pour les télécoms puis c'est vrai dans d'autres
secteurs.
Alors, nous, ce qu'on s'engage à faire,
c'est de créer un bureau de la protection du consommateur du Québec. En fait,
c'est de demander à l'Office de la protection du consommateur de se transformer
en bureau de la protection des consommateurs et de donner à ce bureau un
deuxième mandat.
Vous savez, présentement, l'Office de la
protection du consommateur s'assure de pratiques commerciales saines entre les
entreprises et les consommateurs, par exemple les garanties, l'affichage
de prix, les publicités et autres, et l'Office de la protection du
consommateur s'acquitte très, très bien de ce mandat. Maintenant, on pense qu'il
est temps de donner un deuxième mandat à cet Office de la protection du
consommateur, et c'est celui de faire la lutte aux pratiques
anticoncurrentielles, à l'abus de position dominante de plusieurs entreprises
dans l'économie.
Il faut savoir que les indicateurs de
concurrence montrent une détérioration de la concurrence au Canada depuis 20
ans. Les indicateurs, qu'on pourra vous fournir, si vous le désirez, se sont
détériorés. Dans le cas d'un indicateur qui s'appelle l'indicateur de
Herfindahl-Hirschman, qui est un indicateur de concentration, cet indicateur-là
s'est détérioré de 22 % en 20 ans, ce qui signale une baisse de la
concurrence. Et ce n'est pas pour rien que les consommateurs ont l'impression
de se faire avoir, ils ont raison, il y a moins de concurrence dans l'économie
canadienne et québécoise.
Évidemment, moins de concurrence, ça veut
dire des prix plus élevés, ça veut dire moins d'argent dans les poches des
Québécois et ça veut dire aussi, du côté des entreprises, des profits
anormalement élevés. Le Bureau de la concurrence du Canada, qui a le mandat de
faire la surveillance, ne le fait que très mollement. Les experts qui se sont
penchés sur la performance du Bureau de la concurrence montrent que ce bureau
enquête moins souvent. Lorsqu'il enquête, il prend beaucoup plus de temps. Lorsqu'il
enquête, ça mène rarement à des accusations puis, lorsqu'il accuse, ça mène
rarement à des condamnations. Et lorsqu'il y a condamnation, les peines qui
sont imposées, qui sont infligées aux gens qui ont posé des gestes illégaux,
elles sont beaucoup moins sévères que ce qu'on observe ailleurs. Et je vous
donne un exemple : aux États-Unis, où il y a une tradition de lutte
agressive aux pratiques de cartel, il y a plusieurs centaines de personnes qui
ont été condamnées à des peines de prison depuis une quarantaine d'années. Il
n'y a rien de tel ici, c'est très peu.
Évidemment, l'objectif, c'est de faire
baisser les prix. Et je vous donne un exemple puis je vais terminer là-dessus.
Quand on va faire le plein d'essence, il s'agit que vous payiez 10 $ de plus
par semaine pour votre plein d'essence pour que ça représente, dans les poches
des gens, 520 $ par année. Puis lorsque vous allez faire votre épicerie,
il s'agit que vous payiez 10 $ de plus que ce que vous devriez payer pour
que ça fasse un autre 520 $. Donc, il suffit de s'attaquer à ce
problème-là, et on est capable de faire baisser les prix puis de mettre des
montants de l'ordre de 1 000 $ dans les poches et probablement plus,
parce qu'on sait que les cartels, ça augmente les prix de 10 %, 20 %,
30 %.
Alors, voilà, c'est la proposition que
nous faisons aux Québécois. Il y a une question de volonté politique, et cette
volonté politique, nous, nous l'avons. Merci.
Mme
Hivon
: En
ce qui concerne la question des services de garde, eh bien, la proposition que
nous faisons aux Québécois, c'est d'avoir des services de qualité et des
services accessibles.
Alors, aujourd'hui, on va déposer une
motion pour demander tout simplement aux élus de l'Assemblée nationale de
réitérer la position qu'ils ont prise lors du débat sur une motion que nous
avons déposée le 21 mars 2018. Je vous relis cette motion-là, qui disait :
«Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec l'abolition, dans
le prochain budget, de la contribution additionnelle pour les services de garde
subventionnés, [connue aussi] sous le nom de «taxe famille».
Donc, aujourd'hui, on va simplement
déposer une motion demandant à tous les élus de réitérer cette position.
Pourquoi? Parce qu'il y a eu, en fin de semaine, un revirement spectaculaire de
la Coalition avenir Québec, alors que lors du débat sur cette motion, les élus
de la Coalition avenir Québec ont voté avec nous pour demander au gouvernement
l'abolition de cette taxe famille; que Geneviève Guilbault avait dit à quel
point — qui, bien sûr, est la députée responsable du dossier de la
Famille — c'était une taxe qui n'avait pas sa place. Et je cite ce
qu'elle avait dit à ce moment-là : «Pour ces raisons et pour la façon,
disons, ratoureuse, pour demeurer polie et parlementaire, dont le gouvernement
a introduit cette taxe famille après avoir promis le contraire en campagne
électorale, pour l'ensemble des éléments [...] énumérés [...] je vous indique
que ma formation politique va voter en faveur de la motion présentée par
l'opposition officielle. Pour l'ensemble des familles qui sont touchées, pour
les contribuables; pour tous ceux qui ont l'impression d'être des éternels
contribuables, mais trop rarement des bénéficiaires, une motion qui réclame
l'abolition, dans le prochain budget, de la contribution additionnelle pour les
services de garde subventionnés va dans le sens de ce que défend la CAQ...»
Et tout récemment, il y a deux semaines,
lors d'un débat, Jean-François Roberge, porte-parole en matière d'éducation,
disait : «Non à la modulation, c'est assez clair. On l'a dénoncée, quand
c'est arrivé, haut et fort à plusieurs reprises. Donc, c'est certain qu'on ne
s'en va pas dans cette direction-là. On va défaire cette erreur.»
Eh bien, que s'est-il passé en fin de
semaine? Eh bien, la CAQ nous a annoncé dimanche qu'elle n'abolirait pas la
taxe famille, qu'elle ne reverrait pas la modulation des tarifs en service de
garde. Alors, en deux mois, on assiste à ce revirement spectaculaire. Je pense
que ça en dit long sur la constance. Et évidemment vous avez tous vu aussi les
tergiversations sur la question de la place des centres de la petite enfance
versus les garderies privées, alors qu'on a vu certaines interventions de
Jean-François Roberge il y a deux semaines, à ce même débat; qu'on a vu
François Legault, samedi, dire qu'il fallait quand même faire une place aux
centres de la petite enfance. Le lendemain, comme le disait Jean-François, on a
vu autant Éric Caire que Geneviève Guilbault dire que non, la priorité devait
aller au privé et que, eux, les études qui se succèdent et qui parlent de la
qualité dans les centres de la petite enfance, ils n'accordaient pas de
crédibilité à cela.
Alors, je pense que c'est le temps que les
masques tombent et qu'on connaisse les réelles intentions et les réelles
positions de la Coalition avenir Québec. En ce qui nous concerne, c'est très
clair, on veut développer les centres de la petite enfance pour la qualité et
on veut arrêter la taxe famille pour l'accessibilité.
M. Lisée
: Alors,
pour être clair, parce que c'est tellement important, ce qui s'est passé en fin
de semaine, puis je voyais que tu avais des notes encore pires que celles que
tu as lues… Alors, en mars, la CAQ disait, il y a deux mois : La taxe
famille des libéraux est une attaque vicieuse du gouvernement. Alors, maintenant,
la CAQ est pour une attaque vicieuse du gouvernement. Alors, qu'ils nous
expliquent ça. Ils étaient contre une attaque vicieuse; maintenant, ils sont
pour une attaque vicieuse. Ils disaient que c'était une taxe cachée sur les
enfants; maintenant, la CAQ est d'accord avec une taxe cachée sur les enfants.
Alors, on voudrait savoir pourquoi, et les
Québécois, les Québécoises, les familles voudraient savoir pourquoi... avant de
choisir, qui est crédible, qui est sincère, qui est cohérent. Nous, sur les
CPE, sur les consommateurs, nous sommes sincères, nous sommes crédibles, nous
sommes cohérents.
Le Modérateur
: Merci,
madame, messieurs. Pour les questions, micro de droite, M. Laforest.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour à vous tous. Deux questions qui sont un peu hors de vos sujets,
M. Lisée. Est-ce que vous croyez qu'il est toujours possible d'adopter la
loi sur les chiens dangereux? Et est-ce que vous trouvez que ce serait une
nécessité de le faire?
M. Lisée
: Nous,
on veut que cette loi soit adoptée puis qu'elle soit discutée article par
article. Le gouvernement libéral s'y est engagé. Alors, on a participé aux
consultations. On était très, très sensible aux arguments des uns et des
autres. On attend la convocation de la commission pour l'étude article par
article pour présenter des amendements qui seront discutés au caucus sous peu.
Mais je pense que ce serait, de la part du gouvernement libéral, une autre
promesse brisée que de suspendre les travaux du Parlement sans avoir livré la
marchandise sur un sujet qui préoccupe énormément de gens avec raison.
M. Laforest (Alain) :
Juste une sous-question là-dessus. Les municipalités, ce matin, laissaient
entendre qu'ils sont capables de réglementer ce sujet-là sans avoir une loi,
là, qui chapeauterait le tout par le gouvernement du Québec. Ils semblent se
détacher de ça, là.
M. Lisée
: Bien,
que le gouvernement du Québec nous propose un projet de loi ou une loi qui
donne un encadrement, qui donne un plancher, qui donne des orientations... bien,
écoutez, ils se sont engagés formellement, après des drames humains graves, à
agir. Et là ils se dégonfleraient? Moi, j'aime ça qu'un gouvernement ait un peu
de mordant quand les gens sont victimes de chiens dangereux.
M. Laforest (Alain) :
La Presse,
est-ce que vous allez assouplir votre position ou il n'en est pas question?
M. Lisée
: Bien,
écoutez, les rapports que j'ai eus de la rencontre de ce matin sont très, très,
très décevants. Très décevants, parce que ce qu'on avait indiqué à La Presse,
puis on n'était pas les seuls, c'est de dire : Écoutez, nous on veut que La Presse
survive. Que la famille Desmarais décide de se retirer de la gestion de La Presse,
bien, c'est son choix, mais il faut que ce soit vrai. Si vous créez un
organisme à but non lucratif, bien, il faut que ça soit un vrai organisme à but
non lucratif.
Et donc ce que j'ai dit aux leaders de La Presse,
ce qui a été dit dit par la suite en public et en privé, c'est : N'arrivez
pas avec un conseil d'administration contrôlé par la famille Desmarais pour des
siècles et des siècles. Alors, ce matin, je m'attendais à ce que les gens
disent : Bien, on vous a entendu, et il va y avoir de la place sur le
conseil d'administration pour les artisans de La Presse, pour les
lecteurs de La Presse, pour le public, et on pourra dire que cet OBNL,
est vraiment indépendant.
Nous n'avons rien entendu de ça ce matin,
rien. Et pour ceux qui nous disent : Ce n'est pas à l'Assemblée nationale
de s'engager dans ce débat-là; on dit : Bien, premièrement, l'histoire de La
Presse a fait en sorte que l'Assemblée nationale a été un passage obligé
pour les changements de propriétaire de La Presse. Puis deuxièmement, si
La Presse devient un OBNL et a des crédits d'impôt de charité, bien,
c'est des crédits d'impôt de charité du gouvernement du Québec aussi.
Donc, on nous demande de poser un geste
qui va coûter des sous au budget du Québec pour soutenir une entreprise de
presse. On n'est pas contre en principe, mais ne venez pas nous dire qu'on n'a
pas notre mot à dire dans cette décision.
Le Modérateur
: Merci.
M. Lacroix.
M. Lacroix (Louis) : Mais
c'est un peu ce que M. Crevier a dit tout à l'heure en mêlée de presse en
disant que le Parlement n'avait pas à s'ingérer, en fait, les élus n'avaient
pas à s'ingérer dans la gestion d'une entreprise de presse. Est-ce que ce n'est
pas un peu de l'arrogance, dans ce cas-là, selon ce que vous dites?
M. Lisée
: Bien,
écoutez, le fait est que l'Assemblée nationale a été présente à chaque moment
de la propriété de ce grand quotidien historique qu'est La Presse.
L'histoire, elle est comme ça, et nous sommes un passage obligé. On n'est pas
des «rubber stamps». On n'est pas des «rubber stamps». Ça ne nous dérange pas,
son modèle d'affaires, quelle clientèle il vise, comment il va composer sa
publicité, etc. C'est son affaire, mais à partir du moment où on nous dit :
On voudrait un modèle qui va faire en sorte qu'il va y avoir des crédits
d'impôt et que, donc, les contribuables québécois et l'État québécois vont
soutenir notre entreprise, bien oui, on a raison de s'en mêler. Puis à partir
du moment où ils nous disent : Bien, nous, ça sera indépendant de la famille
Desmarais, bonne nouvelle; mais ça ne sera pas vraiment indépendant,
mauvaise nouvelle.
Alors, je suis déçu qu'on n'ait pas été
entendus, à dire : Écoutez, vous avez une gouvernance à proposer, mettez,
sur la table, une gouvernance où les artisans de la presse, les journalistes,
les employés aient une place. Ça se fait au Devoir, ça se fait dans
d'autres quotidiens mondiaux, où les lecteurs ont une place et où on ne sent
pas que la famille Desmarais va tirer les ficelles pour toujours, mais avec la
seule différence que ce ne sera pas les Desmarais qui vont payer pour le
déficit, ça va être des crédits d'impôt financés par le gouvernement du Québec.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'actuellement vous avez suffisamment d'information sur ce dossier-là pour
voter sur le dossier et faire passer la loi, la modification législative
demandée par La Presse?
M. Lisée
: Bien,
évidemment, non. Moi, l'information qu'on a nous déçoit. On n'est pas du tout
enclins pour voter, avec le refus de La Presse d'être conséquent
avec le fait de nous demander un accès aux fonds publics québécois et de dire
qu'ils vont être indépendants, alors que, de toute évidence, ils ne le seront
pas.
Le Modérateur
: Merci. Mme Cloutier.
Mme Cloutier (Patricia) : Bonjour.
J'aimerais savoir, votre bureau de la concurrence ou de la protection des
consommateurs, ça va coûter combien? Avez-vous chiffré combien ça coûterait?
M. Marceau : Oui, enfin,
chiffré... Présentement, l'Office de la protection du consommateur a un budget
de 10 millions, le Bureau de la concurrence du Canada a un budget de 50 millions.
Alors, nous, on... donc, mais ça, c'est pour l'ensemble du Canada, donc le territoire
géographique québécois étant plus petit que le Canada, on part de 10, on
s'attend à augmenter, là. Mais de combien? Évidemment, des travaux devront être
menés parce que ça va prendre des équipes d'enquêteurs, des équipes de
procureurs, mais on ne parle pas de sommes gigantesques. On est à quelque part
dans la fourchette 10 à 50 puis on va peut-être doubler le budget. On fera les
travaux précis qui sont nécessaires au moment où on formera le gouvernement.
Mme Cloutier (Patricia) : Et,
soit à vous ou à M. Lisée, qu'est-ce que vous pensez du fait que le gouvernement
investisse dans l'entreprise Simons, l'annonce qui a eu lieu ce matin?
M. Marceau : Bien, regardez, bien
sûr, on comprend que c'est devenu nécessaire d'investir dans l'entreprise
Simons, que le gouvernement du Québec soit présent désormais dans des
entreprises qui font de la distribution, comme Simons. On pense que c'est
devenu nécessaire par le laxisme, malheureusement, et l'inaction auxquels on a
eu droit. Le fait de ne pas avoir taxé, à ce jour, pour la TVQ ou la TPS, les
biens qui circulent, là, les biens tangibles, les vêtements, les souliers, les
ordinateurs, les livres, bon, tout ça, ça pose... ça met Simons dans une position
concurrentielle défavorable, et on est rendus là.
Maintenant, la vraie solution ou remède,
c'est de taxer les biens tangibles, les biens corporels, les objets qui
circulent. Et là ça permettra à Simons de prospérer puis de se développer
encore plus. En attendant, on n'a pas le choix et on est d'accord avec ça.
Le Modérateur
: Merci.
Dernière, s'il vous plaît.
Mme Cloutier (Patricia) : Mais
est-ce que vous ne pensez pas... bien juste une sous-question par rapport à ça.
Dans le fond, est-ce que vous ne pensez pas que ça ouvre la porte à ce que le gouvernement
investisse comme ça avec plusieurs autres entreprises puis que là ça devienne
une spirale qu'on ne peut pas arrêter, là?
M. Marceau : Absolument, puis
je répète que la vraie solution, c'est de s'assurer de la récolte de la TVQ sur
les biens corporels tangibles, dont les ordinateurs, lorsqu'ils sont achetés
par les Québécois dans le cadre de transactions électroniques. C'est ça, la
vraie solution.
Le Modérateur
: Merci.
M. Boissonneault, micro de gauche.
M. Boissonneault (Alex) :
Bonjour. M. Lisée, on apprend que le gouvernement fédéral s'est entendu avec
Kinder Morgan, est prêt à investir 4,5 milliards de dollars pour acheter
un pipeline et peut-être même étendre ce projet-là. Qu'est-ce que vous pensez
de ça?
M. Lisée
: Je pense
qu'on vit dans un État pétrolier. Le Canada est une puissance pétrolière, avec
un gouvernement pétrolier qui prend l'argent des Québécois pour subventionner
un pipeline de pétrole de sables bitumineux qui va contribuer à la crise
climatique. Je veux dire, ceux qui pensaient, là, qu'avec Justin Trudeau on
avait quelqu'un qui entrait dans la modernité doivent savoir que Justin Trudeau
fait davantage que Stephen Harper pour s'assurer que du pétrole qui contribue
au réchauffement climatique se rende au marché. On n'a pas vu ça avant, et il
faut que les Québécois sachent, là, que, sur 4,5 milliards, ça veut dire
plus de 1 milliard de dollars des contribuables québécois vont servir à
faire le contraire de ce qu'on veut au Québec, c'est-à-dire réduire les gaz à
effet de serre.
M. Boissonneault (Alex) :
Sur le fait, justement, qu'on investit autant d'argent dans l'Ouest, encore une
fois, alors qu'ici, pour Bombardier, on avait eu 375 millions de prêt et
on attend encore le chèque aussi pour la Davie, qu'est-ce que vous pensez de
ces priorités régionales là?
M. Lisée
: Bien,
je demanderais à ceux qui se disent qu'ils sont fiers d'être canadiens comme
François Legault... Est-ce qu'il est fier d'être canadien aujourd'hui? Est-ce
que M. Couillard est fier d'être canadien aujourd'hui, alors que le Canada
tourne le dos à la Davie puis qu'on a 800 travailleurs en chômage? Pendant que
le Canada finance la mise à niveau des chantiers navals sur les deux côtes,
puis nous, on a des chômeurs, est-ce qu'ils sont fiers d'être canadiens? Est-ce
qu'ils sont fiers d'être canadiens quand le gouvernement Trudeau prend notre
argent pour acheter un pipeline de sable bitumineux? Moi, je ne suis pas fier
d'être canadien aujourd'hui.
Alors, j'ai hâte de voir comment
M. Legault puis M. Couillard vont exprimer leur fierté canadienne
aujourd'hui.
Le Modérateur
: Merci. Mme
Lamontagne.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Bonjour.
M. Lisée
:
Bonjour.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Est-ce que vous jugez que c'est suffisant, selon vous, que moins que 50 %
des recommandations émises par des coroners au cours des cinq dernières années
soient appliquées à ce jour?
M. Lisée
: Bien,
moi, ce que je trouve incroyable dans l'annonce de M. Fortin, c'est qu'il
dit : On va faire un bureau de suivi sur les recommandations des coroners.
Bien, c'est quoi, ta job, si ce n'est pas de suivre? Tu ne suivais pas? Ton
sous-ministre ne suivait pas? Les sous-ministres adjoints ne suivaient pas? Tes
professionnels ne suivaient pas? Quand les rapports du coroner arrivaient, il
n'y a personne qui les lisait? Ils ont été mis sur une tablette, puis là, ça va
être écrit : pour suivi?
Bien non, moi, je pense qu'un gouvernement
c'est censé suivre, puis, quand il y a un rapport du coroner qui arrive, tu es
censé avoir une équipe normale, régulière, dont c'est la job d'améliorer
constamment les règlements, les législations puis d'insérer les bonnes
recommandations là-dedans. Alors, aujourd'hui, donc, l'aveu du gouvernement
libéral, c'est : On ne le suivait pas. On ne le suivait pas. Alors,
maintenant, peut-être qu'on va suivre. C'est trop tard, vous partez le
1er octobre. Nous, on va suivre.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Et j'imagine que votre sentiment par rapport au ministère des Transports
s'applique à l'ensemble des organismes publics aussi où on a constaté qu'il y
avait un manque de suivi.
M. Lisée
: Bien,
les rapports du coroner couvrent le ministère de la Justice en particulier,
puis le ministère des Transports, Santé et Services sociaux. Personne ne
suivait. C'est intéressant.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Ça couvre aussi la Sécurité publique. Est-ce qu'il n'y a pas une apparence de
conflit d'intérêts? Il y a certains coroners qui aimeraient relever de
l'Assemblée nationale plutôt que du ministère de la Sécurité publique.
M. Lisée
: Bien, j'ai
vu cette recommandation, je la trouve intéressante. Je pense qu'on devra se
pencher là-dessus, c'est intéressant, plutôt que d'avoir un bureau de suivi
dans un ministère, se poser cette question-là. C'est une très bonne question.
Je n'y réponds pas aujourd'hui, mais c'est une bonne question.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Et, au-delà de tout ça, pour terminer…
Le Modérateur
: Merci.
Dernière, s'il vous plaît, Mme Lamontagne.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Pour terminer, s'il vous plaît. Est-ce qu'il ne faudrait peut-être pas repenser
justement le rôle ou les pouvoirs accordés par les coroners pour peut-être leur
donner justement une force d'aller demander des comptes ou de faire en sorte
que leurs recommandations soient appliquées?
M. Lisée
: Je vais
passer la parole à la porte-parole de la justice.
Mme
Hivon
: Oui.
Bien, je pense que c'est vraiment une réflexion qu'on doit avoir. En fait, ça
fait plusieurs années que ces questions-là sont latentes. Il faut trouver le
bon équilibre, parce qu'évidemment les décideurs, les élus doivent pouvoir agir
comme ils l'entendent.
Mais c'est clair qu'il y a eu du laxisme
incroyable dans l'application, dans le suivi. Donc, moi, je pense que toutes
ces recommandations-là doivent être examinées de très près puis je suis
contente, si ce débat-là se profile à l'horizon, pour qu'on puisse le faire correctement
puis équilibrer les choses. C'est clair qu'il faut qu'il y ait un meilleur
équilibre pour que les coroners aient plus de marge de manoeuvre puis surtout
qu'il y ait un meilleur suivi.
Mais moi, je peux vous dire que quand
j'étais ministre des Services sociaux, il y avait un suivi excessivement serré
qui se faisait de tout ça. Il y avait une équipe qui était dédiée pour tous les
suivis de rapport, coroner, Vérificatrice générale. Ça fait que je trouve ça
assez abracadabrant ce qu'on apprend ce matin, de créer un bureau pour ça.
C'est le travail, comme le dit M. Lisée, des ministères de faire ça.
Le Modérateur
: Merci.
Je crois qu'on en a une dernière en français. Mme Lajoie.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour. Juste une petite question concernant l'aide du gouvernement à
l'entreprise Simons, je voulais savoir ce que vous en pensez.
M. Lisée
: Bien, je
suis d'accord avec mon porte-parole en économie et en finances. Écoutez, que le
gouvernement, sur la base d'un dossier d'affaires qui se tient, investisse,
fasse un prêt ou une garantie de prêt, c'est le travail d'Investissement Québec.
Mais si on veut vraiment aider Simons, on
devrait faire ce que le Parti québécois demande depuis au moins deux ans, c'est-à-dire
lui donner une capacité concurrentielle plus forte, parce qu'en ce moment ses
compétiteurs américains ont 15 % moins cher pour les mêmes produits, parce
qu'ils ne sont pas taxés. C'est ça qui tue les entreprises au Québec. C'est ça
qui tue les centres-villes au Québec. C'est ce que M. Simons demande, c'est ce
que les détaillants demandent et que ni le gouvernement libéral ni la CAQ ne
veulent appuyer.
Nous, on appuie ça. Pour être à la défense
de nos PME, pour être à la défense de nos producteurs, de nos distributeurs,
établissons l'équité fiscale. Arrêtons de donner un avantage de 15 % de
prix à nos compétiteurs américains, faisons en sorte qu'on soit tous sur le
même pied. Ça, ça va les aider.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Fletcher, en anglais.
Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon. We are three weeks until the end of the session and
there is still a lot of bills that have not been passed yet. This morning, the
Premier said he has faith that they are going to be passed. Do you think that
is realistic?
M. Lisée
:
Well, you know, we have been… some weeks ago, the House had almost nothing to
do. Rooms for the commissions were empty. And so we felt that the Government
was not really interested in having some of these bills passed. For the pitbull
bill, clearly they have made a commitment to the population to have a bill, but
we feel that they are losing their teeth on this issue.
And we feel they have a commitment. We're ready to table amendments if they bring the bill to
committee. And I think we owe it to the people of Québec
and especially the people who are very aware of that and fearful industries, to
say : We are acting in some way.
So I'm calling on the
Government to step up to the plate and not break another promise on this issue.
Mme Fletcher (Raquel) : You mentioned the pitbull bill. The Premier also mentioned the
Bill 176, the, I guess, work-family life balance bill. These are bills
that have two very determined sides that have very different opinions on where
we should be headed as a province.
So again is it realistic
to be able to table those bills when there is so much polarization involved?
M. Lisée
:
Well, we are willing and able to make the work so that the bill can be put to a
vote before we leave. This Government has a majority, they are the ones who
lead the agenda. They had four years. So they cannot plead that they're
surprised that there's only three weeks left.
Now, as the Leader of the
Opposition, we will participate, collaborate to bring these bills to a vote. We
will table amendments, we will have our debates. But there is nothing, except
lack of will on the part of the Government, that impedes the completion of this
process.
Mme Fletcher (Raquel) : Mme Hivon, do you have something else to add as well?
Mme
Hivon
:
No, I'm OK. I agree.
Le Modérateur
:
Mme Senay.
Mme Senay (Cathy) : Bonjour. I would love to hear you, what you have to say about the
investment of Ottawa of about $4.5 billion in Kinder Morgan. It's not just
that. They're also going to help Ottawa to find… Ottawa's going to help Kinder
Morgan to find a third-party buyer, it has agreed to fund the resumption of the
project.
How do you react? Are
there some consequences that we should be aware?
M. Lisée
:
Well, the Canadian Government has decided to be in the pipeline business and to
be in the we-don't-care-about-provinces business at the same time. They're
saying that Canada is a petroleum power, as Stephen Harper said, but now Justin
Trudeau goes beyond what Stephen Harper said and did. He is in the pipeline
business per se, and they're going to take… of this $4.5 billion, there's more
than $1 billion that's going to come from the pockets of Quebeckers to do
exactly the contrary of what Quebeckers want, a cleaner planet.
And so this goes against
everything we hold dear on the environment front and on the rights of provinces
front. So the CanadianGovernment now says : The provinces have no say, you cannot
block a pipeline. We're the ones who decide. And it says something about the…
Mme Senay (Cathy) : Ottawa really wanted this deal to work. They want to send the
message that Canada is a place to do business.
M. Lisée
:
Well, I'd like the message that Canada is a democracy and that Canada respects
the provinces, and these are not the message that they send and they're clearly
saying to the people who signed the Paris Agreement with them : We are
much more… Canada is much more forceful to force a pipeline that will
contribute to climate change than it is forceful to take measures towards a
greener, cleaner environment.
Le Modérateur
:
Dernière question.
Mme Senay (Cathy) : They put that as a priority of… I just have two last questions, one
on Simons and this one. They put that as a priority. Do you have the impression
that Trudeau's son doesn't want to make the same mistakes than Trudeau father,
his father in Western Canada?
M. Lisée
:
Well, you know, he's staking, I think, his election on that and he's staking
the election on the fact that he wants to impose an energy policy to the
country. It's not the same energy policy as his father, but it's the same kind
of imposition than his father did before. So it's maybe genetic.
But I want to answer the
question that I see in your head about what Francois Legault said this weekend
on the Anglophones. OK. I'm sure you want to ask me about it.
Mme Senay (Cathy) : Oh! Free yourself. Free yourself to tell me what you think.
M. Lisée
:
Do you want me to answer this question? All right. So, do I agree with François
Legault? I not only agree… I mean, he stole my lines. It's exactly the lines
that I used in the convention last September. I said : Free yourselves
from the Liberals. And I said, furthermore : With the Parti québécois, the
English-speaking vote will never be taken for granted, never. And so, clearly,
there's something real about what he said.
I mean, this election is
not about independence. We're going to have another election about that the
next one. But in this election, you can decide, whether you're Francophone, or
Allophone, or Anglophone, do you want a clean, green government that believes in public service? That's the Parti
québécois. If you want privatisation, if you want a smaller government that
will not have enough money for your children and for the elderly, that's the
CAQ. If you want a government that has proven how discompassionate it was, well,
that's the Liberal Party.
So I think it's great
that English-speaking Quebeckers are really free this time not to be, you know,
trapped into the referendum debate, but to be free from choosing, you know, a
way for Québec for the next four years. And I'm glad to be one the ones that
made that possible.
Mme Senay (Cathy) : Simons, do you think it's a good thing that Québec is becoming like
a partner, a financial partner for Simons?
M. Lisée
:
Well, Investment Québec has done that before, and it's its job to help when
there are good cases, good business cases to be done and to help Québec
companies. That's its job. But what would be really helpful to Simons and every
detail shop in Québec is to level the playing field with the Americans. The
Americans have 15% advantage on prices because we don't tax them and we tax our
commerces here.
So the Parti québécois
has been advocating for two years now that we level the playing field and have
the same taxes on the American goods than for Québec goods. And that will help
everyone in our downtowns, in our commercial centers.
M. Marceau :
Including Simons.
M. Lisée
:
Including Simons. All right?
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
(Fin à 12 h 47)