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Point de presse de M. Luc Blanchette, ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs

Version finale

Le mercredi 16 mai 2018, 9 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures cinq minutes)

M. Blanchette : Alors, bonjour, tout le monde. Je vous présente M. Marc Plourde, de dos. Marc est président-directeur général de la Fédération des pourvoyeurs du Québec; M. Jean Boudreault, qui est président de la Fédération québécoise des saumons d'atlantique; M. Gilles Lapierre, Aviateurs Québec; M. Alain Tardif, président de l'Association des pourvoyeurs du Nord.

Mesdames messieurs, je suis ici ce matin pour saluer l'engagement des intervenants qui vous communiqueront de nouveaux éléments en lien avec la pêche au saumon dans le Nord-du-Québec. Rappelons que cette décision relative à la pêche au saumon atlantique dans les zones 23 et 24 — on a des cartes si jamais les gens sont intéressés par ça — est en vigueur depuis le 1er avril dernier. Il y a eu un appui à cette résolution-là. Les consultations se sont faites en 2015, mais il y a deux organismes qui ont été concertés dans le Nord. Il s'agit du Comité conjoint de chasse, pêche et piégeage, le CCCPP, et la Table régionale faune qui est une table pour le Nord-du-Québec.

J'ai eu l'occasion de le dire cette semaine et je le réitère, il y a deux raisons qui ont motivé cette décision. La première, c'est pour répondre à notre besoin de données scientifiques qui sont nécessaires pour assurer la conservation du saumon atlantique de l'Ungava. Je rappelle que c'est quatre rivières sur les 111 rivières à saumon du Québec. Considérant que les populations de saumon du Québec ont un statut préoccupant, selon le Registre public des espèces en péril du gouvernement fédéral, et que le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, qu'on appelle le COSEPAC communément, juge que nos données sur les populations de saumon du Nunavik sont insuffisantes, il fallait poser un geste responsable permettant de recueillir des données de pêche rigoureuses. Par ailleurs, nos biologistes ont constaté qu'il se passe quelque chose et qu'il est important de vérifier l'état des populations des saumons dans le Nord-du-Québec.

La deuxième raison, vous la connaissez également, expliquant la nouvelle réglementation, c'est notre volonté de respecter la convention de la Baie James et du Nord du Québec auprès des Inuits. Et là j'insiste sur ce point, l'objectif du nouveau règlement n'est pas de restreindre l'accès au Nord-du-Québec, mais plutôt d'avoir une meilleure connaissance et un meilleur contrôle de la ressource.

L'initiative des partenaires, qui sont ici devant vous aujourd'hui, est basée sur leur connaissance de la situation du saumon dans le Nord-du-Québec, et sur les réalités observées dans nos rivières, et sur nos besoins de collecte des données scientifiques pour assurer la conservation de l'espèce. D'eux-mêmes, les partenaires ont voulu fournir une solution face au débat qui occupe l'espace public et ainsi répondre aux préoccupations de la population.

Et je cède sans plus tarder la parole à Marc Plourde, le président-directeur général de la Fédération des pourvoyeurs du Québec. Marc.

M. Plourde (Marc) : Bonjour à tous. M. le ministre, mes chers confrères, M. Tardif de l'association des pourvoiries et des pilotes de brousse; M. Lapierre d'Aviateurs Québec; M. Boudreault, le président de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique.

Donc, d'abord, je veux remercier le ministre Blanchette de nous offrir l'opportunité aujourd'hui de rétablir les faits et de vous présenter, avec mes confrères, le fruit de notre concertation. D'abord, je tiens à préciser que cette demande, le ministre l'a bien exposé, cette demande n'a pas été initiée par la Fédération des pourvoiries ni préparée en catimini avec les gens du gouvernement. Ça a fait l'objet de consultations en régions. Je dois dire que la notoriété des pourvoiries du Québec a été malmenée injustement en raison du traitement médiatique assez agressif qui a entouré cette nouvelle.

L'association entre les pourvoiries, les clubs privés et la privation du territoire, pour nous, bien, c'est une erreur puis ça fausse grandement le débat. C'est important pour nous de rétablir les faits.

Il faut savoir que les pourvoiries du Québec représentent un mode d'accès légitime aux ressources fauniques. Pour preuve, elles accueillent annuellement plus de 425 000 personnes, à 80 % des Québécois. Donc, on parle vraiment d'entreprises qui offrent de l'accès aux gens du Québec et de l'extérieur.

L'exemple, donc, du passé nous apprend que lorsqu'on ne prend pas les moyens nécessaires pour suivre adéquatement nos ressources fauniques, bien, ça peut nous mettre dans des situations problématiques, et c'est à ce titre-là, et c'est à cette préoccupation-là que nous avons souhaité réagir.

On évolue aussi dans le contexte des conventions nordiques qu'on a à mettre en oeuvre, et cela, toujours pour le bénéfice de la ressource, des Premières Nations, mais également pour maintenir et garantir l'accès aux Québécois aux ressources du Nord.

Donc, tu sais, la situation actuelle pouvait être difficilement maintenue. Le ministère n'avait pas le choix d'agir, et, dans ce contexte-là, nous, on pense que les intervenants des... les Québécois, les non-autochtones, les gens du Sud, bien, on n'a pas le choix de travailler ensemble et de convenir de façons de faire pour garantir à long terme notre accès au Nord.

Donc, dans le même ordre d'idées, assurer la consultation des pourvoiries du Nord et, en même temps, des infrastructures de transport de brousse, bien, ce sont aussi des garanties, là, de notre accessibilité future aux territoires nordiques. Donc, pour nous, il n'est pas question, il n'a jamais été dans notre esprit de mettre en place l'obligation d'acheter un forfait pour utiliser les services d'une pourvoirie, et c'est sur ces éléments-là que les principaux intervenants se sont concertés et ont convenu d'une façon de faire qui garantirait à la fois l'accès des Québécois au Nord, mais également une saine gestion de nos ressources salmonicoles, donc le saumon de l'Atlantique des rivières du Nord.

Le saumon de l'Atlantique est, en passant, une ressource fragile qui fait l'objet de préoccupations, et c'est alors que je vais d'inviter mon ami Jean Boudreault à venir vous présenter l'essentiel de notre entente. M. Boudreault.

M. Boudreault (Jean) : Merci, Marc. M. le ministre, merci de nous inviter.

Alors, écoutez, la FQSA, la Fédération québécoise pour le saumon atlantique, vous savez, a comme mission la protection et la conservation du saumon au Québec. Bien sûr, on représente des membres, des membres pêcheurs, des membres gestionnaires, gestionnaires de rivières à saumon, qui offrent des secteurs publics de pêche, surtout dans le Sud du Québec, comme vous le savez. Donc, ce sont des secteurs à accès, donc les pêcheurs, de façon générale, vont dans les cinq grandes régions salmonicoles du Québec. Il y en a une sixième qui se rajoute, celle du Nord-du-Québec, bien sûr. Donc, les cinq grandes régions permettent l'accès à plus d'une centaine de rivières à saumon, entre 30 $ et 100 $ par jour à accès. Donc, ce sont des droits d'accès qui sont émis, donc les pêcheurs peuvent avoir accès à leur activité favorite de pêche au saumon.

Donc, notre fédération, donc, promeut la mise en valeur de la pêche, le développement de la pêche, mais également un sain équilibre entre la protection de l'espèce et la pêche. Donc, beaucoup de pêcheurs maintenant font la remise à l'eau, donc pratiquent la remise à l'eau pour justement conserver le saumon. Vous savez, le saumon, ce n'est pas une espèce simple. C'est une espèce qui prend cinq ans... entre le dépôt de l'œuf et le retour du saumon frayeur, ça prend cinq ans. Si on fait la comparaison avec le Nord-du-Québec, c'est le double, ça va prendre environ 10 ans. Donc, on se doit d'apporter le principe de précaution ici, au niveau du Nord. Pour nous, c'est important. Notre fédération, les membres chez nous, c'est important qu'on s'assure de la pérennité des stocks dans le Nord.

Donc, la situation actuelle, telle qu'elle était, c'était un peu difficile de cumuler des données. On a maintenant un plan de gestion au Québec qui gère le saumon, mais ce plan de gestion là est, en partie, pour les rivières du Sud du Québec. On avait très peu de données au Nord-du-Québec, donc on n'a pas plus faire l'application du plan de gestion comme tel au Nord-du-Québec. Donc, le travail qu'on a fait ensemble, les groupes de partenaires, c'est d'essayer de trouver une solution qui nous permettait, dans le fond, bien sûr, de conserver nos populations de saumon, d'être capable de conserver les pourvoiries puisque, s'il n'y a plus de pourvoirie dans le Nord, on ne pourra plus avoir de données, on ne pourra plus avoir l'essentiel, dans le fond, de protection de notre territoire et être capable également de garder l'accès aux territoires publics. La FQSA, pour elle, c'est un des enjeux également très, très important. C'est, au Québec que les pêcheurs de saumon puissent avoir accès à leurs zones de pêche, à leurs territoires.

Alors donc, ce qui a été proposé ici, c'est de faire, comme il se fait au Sud, d'émettre des droits d'accès, des droits d'accès pour la pêche. Donc, les gens qui vont aller sur le territoire pourront passer par les pourvoiries pour faire l'achat d'un droit d'accès, comme il se fait dans le Sud du Québec. C'est exactement la même chose. Donc, à ce moment-là, ils vont s'enregistrer, les pourvoyeurs vont faire un peu comme les zecs saumon au Sud, donc vont simplement prendre le contact avec les gens qui vont circuler au Nord-du-Québec pour avoir leurs coordonnées. C'est une question de sécurité. Pour ceux qui sont allés dans le Grand Nord du Québec, c'est immense, c'est très, très grand. Donc, on s'assure d'une sécurité. Et quand les gens vont quitter le territoire, donc ils devront dévoiler les captures, etc., qu'est-ce qu'ils ont.

Donc, on va avoir atteint l'objectif, pour notre fédération, de conservation, d'un certain contrôle sans nécessairement avoir une restriction. Les gens pourront utiliser les services d'une pourvoirie comme un hôtel ou un restaurant et ceux qui veulent faire du camping sauvage en tente pourront le faire également. Donc, on pense que c'est une solution... Puis je remercie d'ailleurs les pourvoyeurs de leur ouverture de vouloir faire cette démarche-là, parce que je pense que c'est un peu la clé, là, qui va faire qu'on va être capable de documenter ce qui se passe dans le Nord et, dans le fond, d'avoir un gain, tout le monde.

Alors, essentiellement, c'est le message. Alors, bien, M. le ministre, si vous voulez conclure, ou M. Gilles…

M. Lapierre (Gilles) : M. le ministre, mes chers confrères, moi, je représente l'association des aviateurs du Québec. Les citoyens du Québec ont un accès précieux au Nord, mais il faut avouer que nous, les pilotes, on a un accès un peu plus particulier parce qu'on peut y aller avec nos appareils, les hydravions et les hélicoptères, et on le fait depuis longtemps.

Le processus qui été annoncé et qui a été discuté avec nos confrères les pourvoyeurs et la fédération du saumon va permettre de continuer de fréquenter le Nord-du-Québec, mais de le faire dans un esprit de collaboration et de solidarité avec les occupants du territoire, je pense, les pourvoyeurs entre autres, avec qui on doit plus que composer. En fait, souvent, on peut s'entraider. Nous, parce qu'on a des appareils qui volent, on peut aider le pourvoyeur pour lui apporter du matériel ou des personnes; et le pourvoyeur, dans certains cas, va nous dépanner parce que, je peux vous le dire pour l'avoir vécu, quand tu es dans le milieu du Nunavik et que tu as une flotte qui est brisée ou un truc comme ça, tu es content d'avoir un ami pourvoyeur pas loin qui va t'aider ou qui va te donner du… te vendre du carburant, qui va te dépanner.

Le processus qui vient d'être convenu avec les copains ici, je trouve que c'est un processus qui va permettre de continuer de profiter du Nord dans un esprit de collaboration avec les pourvoiries et aussi avec les Premières Nations qui sont présentes là-bas et avec qui on doit collaborer pour protéger nos ressources et protéger notre territoire. Ça fait qu'au nom de notre président, Gilles Jean, qui est en dehors du pays et de nos 2 000 membres chez Aviateurs Québec, je vous remercie tout le monde de cette belle collaboration. Merci, M. le ministre.

M. Blanchette : Peut-être juste avant de procéder à la période de questions, juste préciser que le droit d'accès sera de l'ordre de 75 $, pour les gens dans le Nord-du-Québec, pour aller à la pêche au saumon. Et par ailleurs, il y aura un choix d'aller entre utiliser les services d'hébergement et de restauration des pourvoyeurs ou d'aller faire ce qu'on appelle du camping sauvage communément. Ça fait qu'on va animer la période de questions.

Le Modérateur : Merci, messieurs. Donc, nous allons maintenant passer à la période de questions. Avant de poser votre question, je vous inviterais à vous identifier avec votre nom ainsi que le média que vous représentez. Merci beaucoup.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Pascal Dugas de l'Agence QMI. M. Blanchette, la solution semble assez simple, là. Dans le fond, on fait au Nord ce qu'on faisait déjà au Sud. Comment ça se fait que ça a pris autant de temps avant de penser à ça?

M. Blanchette : Écoutez, ce n'est pas une solution gouvernementale, je tiens à le préciser, il s'agit d'une solution entre les intervenants. Ces gens-là se sont concertés et ont trouvé comment on peut regarder l'histoire, étant donné, je dirais, toute la... comment je pourrais dire ça, le débat entourant la chose. La consultation a été faite en 2015, je tiens à le rappeler. La mise en oeuvre, la mise en application, c'est depuis le 1er avril 2018. Et là, devant la protestation, les gens se sont réunis. Comment on peut donner plus accès? L'idée du 75 $ et la non-obligation d'aller en hébergement a été faite. Les consultations ont été prises.

Dans le fond, la préoccupation d'avoir un meilleur contrôle sur la ressource, sur l'état de la population des saumons d'Atlantique, était à la base de ça, puis ils en sont arrivés à ce consensus-là, et j'en suis très content. Je tiens à mentionner que leur concertation, leur consensus fait vraiment mon affaire, dans la mesure que ça va donner effectivement l'accès libre à tout le monde, tous les Québécois, en autant qu'ils puissent utiliser les services sur place, ça, c'est clair.

Mais nous, notre préoccupation, c'était vraiment une question de ressource, de saumons dans le Nord. On voulait la conservation à tout prix.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Est-ce qu'absolument tous les acteurs sont favorables à cette solution-là? Par exemple, les Inuits, au nord, est-ce qu'ils ont été consultés?

M. Blanchette : On a eu des échanges avec eux. Le ministère a échangé pour dire que ça s'en venait. Je tiens à le rappeler, c'est une intervention essentiellement privée qui s'est prise comme décision, et les Inuits, oui, ont été informés de ça. Eux, en autant qu'on fasse la préservation, la conservation, ils sont très heureux.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Peut-être monsieur des pourvoiries, je m'excuse, j'ai oublié votre nom...

M. Plourde (Marc) : Marc Plourde.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : M. Plourde, est-ce que vous vous attendiez à une telle levée de boucliers, là, à la suite de la décision qui a été prise au départ?

M. Plourde (Marc) : Si on s'attendait à une telle...

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Disons, une telle levée de boucliers, une telle réaction dans la population, dans les médias?

M. Plourde (Marc) : Oui, en fait, je vous dirais, pas vraiment. On ne s'attendait surtout pas à l'orientation que prendrait le discours sur la place publique entourant ça. On a associé ça à une forme de privatisation des deux tiers du territoire du Québec. On parle de quatre rivières à saumon. On est loin, là, de l'ensemble du territoire du Nord. C'est sûr que je pense que l'exercice qu'on a fait entre partenaires devait se faire, aurait pu peut-être se faire en amont. Ça n'a pas été fait. Au lieu de le déplorer puis de s'en plaindre, on a décidé de prendre nos responsabilités puis d'établir le dialogue qui s'imposait avec les acteurs concernés.

Donc, je pense que notre objectif aujourd'hui, nous, c'est de rétablir les faits, c'est de démontrer qu'il est hors de notre volonté de privatiser le Nord. Au contraire, on veut s'assurer par des bonnes façons de faire, des bonnes pratiques, par une bonne entente entre les utilisateurs du Sud du Québec, on pourrait le dire comme ça. Bien, on pense qu'on prend nos responsabilités puis qu'on va à la fois rassurer les Inuits et les Premières Nations et à la fois également remplir notre responsabilité à l'égard d'une saine gestion de ces rivières à saumons là dans le Nord-du-Québec.

Le Modérateur : Donc, merci à tous. C'est ce qui met fin à cette conférence de presse. Et, messieurs, on vous garderait pour une petite photo. Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 22)

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