(Quinze heures trente-neuf minutes)
M. Moreau
: Merci
beaucoup et bienvenue. Je suis en compagnie de M. Steve Demers qui est vice-président
au développement des affaires à Hydro-Québec. Alors, je vous ai convoqués à
cette conférence de presse aujourd'hui pour vous annoncer que je viens tout
juste de déposer, à l'Assemblée nationale, le projet de loi favorisant
l'établissement d'un service public de recharge rapide pour véhicules
électriques. Comme vous le savez, le gouvernement du Québec s'est fixé comme objectif
d'intégrer 100 000 véhicules électriques immatriculés sur les routes du
Québec à l'horizon 2020, 300 000 en 2026 et 1 million en 2030. À
l'heure actuelle, on en dénombre, au Québec, un peu moins de 25 000.
Outre les incitatifs que sont le rabais à
l'achat de véhicules neufs et d'occasion et le développement d'un circuit de
bornes de recharge, le gouvernement veut amener plus de gens à acheter et à
utiliser des véhicules électriques. Un des moyens pour y parvenir, c'est de
leur donner accès à davantage de bornes publiques de recharge rapide, d'une
puissante de 400 volts et plus. Le déploiement d'un réseau dense et fiable
peut avoir un effet multiplicateur sur l'acquisition de véhicules électriques
et l'électrification des transports, comme le démontre la Norvège, qui a choisi
de mettre en place un grand nombre de bornes de recharge rapide.
Au Québec, le circuit électrique ne compte
actuellement que 113 bornes publiques de recharge rapide sur notre
territoire sur un total de 1 396. Si nous voulons atteindre les objectifs
que nous nous sommes fixés avec Plan d'action en électrification des transports
2015‑2016, nous devons impérativement en augmenter le nombre. Il faut donc
s'inspirer des meilleurs en développant un réseau de recharge rapide plus vaste,
parce qu'avec plus de bornes rapides il y aura plus de véhicules électriques
qui vont se recharger partout, générant plus de ventes d'électricité pour
financer l'achat de plus de bornes rapides.
Notre producteur et distributeur
d'électricité, Hydro-Québec, avec son circuit électrique, est bien placé pour
déployer et rentabiliser des projets d'infrastructure de recharge rapide. Pour
qu'Hydro-Québec procède à un déploiement d'un circuit de recharge rapide sans
impact sur les tarifs d'électricité, il est nécessaire d'amender la loi. C'est
pourquoi j'ai déposé ce projet de loi qui vise l'établissement d'un service
public de recharge rapide pour véhicules électriques.
Le projet de loi propose deux choses :
de modifier la Loi sur Hydro-Québec pour permettre au gouvernement de fixer,
par règlement, les tarifs applicables à la recharge rapide de véhicules
électriques et de modifier la Loi sur la Régie de l'énergie pour que celle-ci
tienne compte des revenus additionnels qu'Hydro-Québec générera par le circuit
électrique. Bref, nous nous donnons les moyens de créer le circuit électrique
2.0. Avec ce projet de loi, nous garantissons à la fois le déploiement d'un
réseau public de borne rapide et la pérennité de ce réseau.
Enfin, le projet de loi répond aux orientations
et aux politiques gouvernementales en matière de réduction des émissions de gaz
à effet de serre. Nous faisons ce qu'il faut faire et nous nous donnons les
moyens pour inciter les Québécois à acheter plus de véhicules électriques et
pour les mettre à l'abri des préoccupations liées à la recharge de leur
véhicule lors de leurs déplacements. Ce faisant, nous proposons une solution
qui aura des effets multiples.
D'une part, elle n'aura aucune incidence
financière pour les consommateurs d'électricité, car les coûts d'exploitation
du service public de recharge rapide seront intégrés à la base tarifaire, avec
un impact nul sur celle-ci, compte tenu de l'augmentation du volume des ventes
d'électricité qu'entraînera l'utilisation des bornes et des recharges à
domicile. L'ajout de 1 600 bornes de recharge, sur 10 ans, coûtera
130 millions de dollars. D'autre part, elle garantit aux utilisateurs de
véhicules électriques des prix constants par rapport à ceux de l'essence et
leur offre la quiétude de savoir qu'ils pourront s'approvisionner, tout au long
de leur parcours, comme ils peuvent le faire avec un véhicule à essence.
Dès son adoption, que je souhaite rapide,
ce projet de loi agira comme un accélérateur vers l'objectif de 2 500
bornes, compris dans le plan stratégique de 2016‑2020 d'Hydro-Québec, et notre
cible de 100 000 véhicules électriques sur les routes du Québec d'ici
2020. Pour réussir notre transition énergétique, nous avons scellé un pacte
avec les Québécois, celui de mettre en place les technologies les plus récentes
et d'adapter rapidement l'offre de services aux besoins en énergie des
Québécois. Le projet de loi est un autre jalon de ce pacte. Une fois de plus,
le Québec se démarque et renforce son leadership en matière d'électrification
des transports. Je vous cède maintenant la parole.
M. Demers (Steve) : Merci, M.
le ministre. Bonjour à tous. L'annonce d'aujourd'hui marque une étape majeure
et essentielle pour le développement du circuit électrique et de son réseau de
bornes de recharge rapide au Québec. L'électrification des transports est une
tendance mondiale. Tous les constructeurs automobiles se tournent vers les
véhicules électriques. Leur autonomie ne cesse d'augmenter et leur utilisation
devient de plus en plus avantageuse.
Comme vous le savez, le Québec a tous les
atouts pour que les transports soient de plus en plus électriques. Nous avons
un carburant propre et renouvelable, une énergie qui coûte moins cher que
l'essence et un réseau électrique, bien sûr, développé et fiable. Avec ce projet
de loi, nous voulons envoyer un message clair et rassurer les futurs acheteurs
de véhicules électriques sur la disponibilité du réseau de bornes au Québec.
Hydro-Québec sera au rendez-vous. Le circuit électrique compte déjà un réseau
de recharge rapide le long des principaux corridors routiers et dans certains
centres-villes.
Mais à chaque année, le nombre de
véhicules électriques double sur les routes. Pour assurer cette croissance,
nous devons être en mesure d'offrir un plus grand nombre de bornes rapides qui
permettra aux électromobilistes de se déplacer partout au Québec en ayant
l'assurance d'avoir un service de recharge disponible. Le rythme de déploiement
du circuit doit s'ajuster à la croissance du parc de véhicules électriques
québécois.
Avec ce projet de loi, nous pourrons
offrir 1 600 bornes rapides de plus d'ici 10 ans, et cela, sans
aucun impact sur les tarifs d'électricité puisque les nouvelles ventes
d'électricité générées par la recharge de véhicules couvriront les coûts de
cette nouvelle infrastructure de bornes. Ce rythme de déploiement a été établi
en prenant en compte des prévisions du nombre d'électromobilistes, des coûts
engendrés par le déploiement du réseau, de la volonté exprimée tant par le
gouvernement que par Hydro-Québec que le projet soit sans impact sur les tarifs
et du fait que 90 % des recharges se font à domicile.
Finalement, vous me permettrez de
souligner le leadership du gouvernement du Québec qui croit en
l'électrification des transports et qui nous donne les moyens d'assurer ce
virage important. Merci.
M. Lecavalier (Charles) :
Bon, je vais poser la première question. Charles Lecavalier du Journal de
Québec. M. Moreau, est-ce que ce projet de loi là est essentiel pour
atteindre les cibles du plan d'électrification des transports 2015‑2020?
M. Moreau
:
Certainement que c'est un élément qui va nous permettre de nous assurer
d'atteindre les cibles. Nous, ce qu'on pense, c'est que l'observation que l'on
fait avant même que le projet de loi ne soit adopté, c'est qu'on double à peu
près le nombre de véhicules électriques en circulation sur les routes, de sorte
qu'on estime que ce chiffre-là va être atteint malgré le projet de loi.
Par contre, le projet de loi crée un
incitatif et, je vous dirais, est un élément qui rassure les électromobilistes.
Ce qu'on a observé ailleurs dans le monde, notamment en Norvège, c'est qu'avec
toutes les mesures incitatives liées à l'acquisition de véhicules électriques,
notamment les subventions à l'achat ou ces choses-là, ça a fait progresser très
lentement le nombre de véhicules et que, dès que la Norvège a mis en place un
réseau qui soit fiable et un réseau qui soit important dans son déploiement, le
nombre de véhicules est devenu… L'augmentation a été exponentielle.
Alors, notre objectif, l'ultime, c'est de
se rendre à l'objectif de 2030. Donc, si on est capables d'atteindre cet objectif-là
encore plus rapidement, et c'est ce que le projet de loi, estimons-nous, va
nous permettre de faire, ça deviendra un impact extrêmement positif pour la
réduction de l'empreinte carbone liée notamment au transport et donc à l'augmentation
du nombre de véhicules électriques. Mais les cibles ont été fixées, dans notre politique,
sans égard à l'adoption du projet de loi.
M. Lecavalier (Charles) :
Mais pourquoi avoir attendu en mai 2018, à la toute fin du mandat de votre gouvernement,
pour déposer ce projet de loi là, alors que la politique a été déposée en 2015?
M. Moreau
: Bien, il y
avait des simulations importantes qui devaient être faites, notamment à l'égard
de la capacité de déployer le réseau.
Le premier élément qui a été mis en place,
ça a été de faire un réseau en participation avec le secteur privé. Ce
modèle-là s'est avéré, je dirais, atteindre ses limites, parce que, d'une part,
pour la détermination d'un circuit, le circuit ne tient pas compte des volontés
de secteur privé d'établir un réseau. Et on réalise que le dessin ou la
conception d'un réseau nécessite un enlignement, je dirais, unique plutôt que
participatif, d'une part.
D'autre part, ce qu'il fallait faire, c'est
de mettre en place un système ou de concevoir le financement du réseau pour
éviter qu'il y ait un coût supporté par l'ensemble des Québécois, qui n'auront
pas tous fait le choix d'un véhicule électrique. Alors, c'est la combinaison de
ça qui fait qu'aujourd'hui on est en mesure de présenter le projet de loi, mais
il n'y a pas de mauvais moment pour le faire, et, comme l'objectif poursuivi,
j'imagine, par les partis d'opposition, est aussi d'accroître rapidement le
nombre de véhicules électriques et... selon l'opposition officielle, qui
réclame à grands cris un plus grand nombre de bornes rapides, j'ai l'impression
que le moment du dépôt du projet de loi n'est pas susceptible d'avoir un impact
sur son adoption puisque vous savez très bien qu'ici, à l'Assemblée nationale,
on pourrait très rapidement passer à l'adoption du projet de loi, si c'était
leur choix.
M. Lecavalier (Charles) : Les
bornes rapides, à quels endroits se situeront-elles? Parce que vous dites, le
modèle privé, là, des bornes qui vont se retrouver...
M. Moreau
: C'est parce
que le modèle privé fait en sorte que, par exemple, il peut y avoir, je ne sais
pas, moi, un commerçant qui est dans un type de commerce qui n'est pas nécessairement
une station-service, qui n'est pas nécessairement non plus installé là où le
flot de véhicules électriques va se diriger. Même chose, par exemple, pour des entreprises
dans le secteur pétrolier. On peut penser... Il y en a d'ailleurs qui
participent à ça, mais ils n'ont pas nécessairement leurs emplacements
commerciaux là où le besoin se fait sentir en termes de déplacements.
Alors, ce qu'Hydro-Québec est en train de
développer, avec une chaire de recherche universitaire et en combinant les informations
qui lui sont fournies sur les questions d'origine destination du ministère des
Transports, c'est de voir quelle serait la configuration de ce réseau-là. Donc,
la combinaison des données du ministère des Transports, l'analyse qu'en fait Hydro-Québec
et la modélisation qui est faite à partir de la chaire de recherche universitaire
vont nous permettre d'avoir, nous le croyons, un réseau qui va être optimal.
M. Lecavalier (Charles) :
Donc, ça va être des bornes qui pourront être installées, par exemple, dans des
stations-service.
M. Moreau
: Ça pourrait
arriver que ce soit une station-service, ça pourrait arriver que ce soit une
halte routière, dépendamment de l'endroit. Je vous donne l'exemple, j'imagine...
même dans vos questions, dans les questions de vos collègues, on entend souvent :
Oui, mais quelqu'un qui veut se déplacer Montréal-Québec. Ces questions-là ne
tiennent pas compte du fait que 90 %, et peut-être au-delà, des recharges
se font à domicile. Mais évidemment, quand on parle d'un grand parcours, il y a
une nécessité de recharge. Faire Montréal-Québec, on peut le faire par
l'autoroute 20, on peut le faire par l'autoroute 40, on peut le faire par la
132 et la 138. On sait très bien que ce n'est probablement pas sur la 138 que
le volume justifie le plus l'implantation d'un réseau. Alors, il va falloir
prendre ça en considération.
L'autre élément, c'est qu'il y a des
circuits touristiques. Je pense, par exemple, à la route qui encercle la Gaspésie.
Il y a des bornes de recharge sur l'ensemble de la route qui fait le tour de la
péninsule. Est-ce que ces bornes-là sont placées aux bons endroits? Est-ce
qu'elles pourraient être plus optimales? Est-ce que ce sont des bonnes de
recharge rapide ou des bornes de recharge régulière? Alors là, il peut y avoir
une espèce, je dirais, de complémentarité entre le réseau que nous souhaitons
mettre en place et ce qui existe déjà, parce qu'il y a quand même, à l'heure
actuelle, plus de 1 300 bornes de recharge, elles ne sont pas toutes
rapides.
Mais, dans certaines situations, une borne
de recharge qui n'est pas une borne de recharge rapide peut tout à fait remplir
l'objectif qui est poursuivi si elle est installée, par exemple, en bordure
d'un commerce ou d'un service qui est fourni et qui demande un certain temps
d'immobilisation pour un véhicule.
M. Lecavalier (Charles) :
J'avais une dernière question sur un autre sujet, je vais passer ensuite la
parole à mon collègue. Le président de la campagne du Parti libéral, Alexandre
Taillefer, est toujours membre du Parti québécois. Est-ce que vous lui
recommandez de déchirer sa carte? Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Moreau
: Ah! je n'ai
pas... M. Taillefer n'a pas besoin de recommandation sur cette question-là,
mais je pense que ça indique clairement que l'opposition officielle est en
train de perdre rapidement des supporteurs. Et ce qu'il fait lui appartient. Je
pense que ce qu'il faut faire aujourd'hui, c'est de saluer l'engagement de M.
Taillefer de poser un geste partisan dans le contexte d'une élection. C'est
tout à son honneur. Il faut saluer les gens qui s'engagent en politique.
Le Modérateur
: Phil
Authier, la Gazette.
M. Authier (Philip)
:
Oui, puis je ne sais pas si je devrais aller en anglais ou en français.
Le Modérateur
: Comme
vous voulez.
M. Authier (Philip)
: Maybe you could... The 130
charging stations that are in place now…
M. Moreau
: 113.
M. Authier (Philip)
: Oh! it says 130 here, but...
M. Moreau
: Ah! Maybe it's 130.
M. Authier (Philip)
:OK, well, 113. Where
are they? Are these the ones you see now… you pull into a St-Hubert Bar-B-Q and
there's one there. Are those the ones or are those private ones?
M. Moreau
: Oh! Est-ce qu'on sait...
M. Demers (Steve) : Yes. Those are part of the more than 1,300 that we've put
throughout the province over the last few years, in a partnership approach. The
fast-charging stations, there are some in Montréal, there are a lot…
M. Authier (Philip)
: Because these are fast-charging, the ones you're putting in. OK.
M. Demers (Steve) :
Yes. Absolutely. So they allow to charge an electric vehicle in just a few
minutes and so they provide a great service for those that seek reliability, in
terms of the charging of their electric vehicle.
M. Authier (Philip)
:
And just to get the number right, you said $130 million to put the 1,600
in 10 years.
M. Moreau
:
Yes, that's the figure.
M. Authier (Philip)
:
And you say this will be cost «nul», right, because… Can you explain that?
M. Moreau
: Could you explain why we think it is cost null?
M. Demers (Steve) : Yes. So the advantage here is that the… what is suggested in the
law is to integrate the costs and the revenues. And the higher electricity
sales that would be generated from a higher number of electric vehicles will
compensate the costs of the charging stations, the installation of the charging
stations. And that's really a key element of what's being suggested today.
M. Authier (Philip)
: And this would be obviously something you will promote for tourism,
because it could be quite an… because that's why… Let's say you're in New York State, and you want to come to
Montréal, and do some touring in your electric car, you are a person who's not
of the 90% that's charging at your home. So is this good for tourism in that
sense too?
M. Moreau
: It's certainly good
for tourism, but it's good overall to increase the number of electric vehicles
on our roads. That's the example of Norway, and I think that we have to follow
them because they're, I think, worldwide champions overall for the number of
electric cars on their roads.
M. Authier
(Philip)
: Merci.
M. Moreau
: Bienvenue.
Merci.
(Fin à 15 h 57)