(Dix heures trente-trois minutes)
La Modératrice
: Alors,
bonjour à toutes et à tous. M. Harold LeBel, député de Rimouski, est accompagné
aujourd'hui de Mme Lamarre, porte-parole du Parti québécois en matière de santé
et d'accessibilité aux soins. Ensuite, M. Jean Martin va prendre la parole,
Mlle Lilou Cottinet et Mme Anne Marie Labbé. M. LeBel, la parole est à vous.
M. LeBel : Bonjour, tout le
monde. C'est un point de presse qui est important. Le Québec est grand. Le Québec,
c'est un Québec de régions. On a besoin de services dans toutes les régions du Québec.
Il n'y a pas une région qui doit être traitée comme une région de second ordre.
Chaque région doit avoir des services de santé adéquats. Chaque région du Québec,
chaque sous-région du Québec doit avoir des soins de santé de proximité. C'est important.
Puis dans le Bas-Saint-Laurent avec
Kamouraska, les MRC du Bas-Saint-Laurent, c'est une région qui est vieillissante,
une personne sur quatre a 65 ans et plus. On a besoin des services. Ce n'est
pas vrai qu'on va déménager, qu'on va aller dans les centres urbains parce
qu'on n'a pas de services de santé dans nos communautés. On a le droit de vivre
dans nos communautés. On est né dans nos communautés et on a le droit de
vieillir dans la dignité, dans nos communautés, avec des services. C'est que
les gens ici vont vous passer comme message et c'est ce qu'on va supporter ici,
au Parti québécois. Je vous laisse la parole.
La Modératrice
: Merci.
M. Jean Martin.
M. Martin (Jean) : Bonjour à
tous. Bonjour. Mon nom est Jean Martin, citoyen du Kamouraska. Le comité Mes
soins restent ici remercie le Parti québécois pour l'invitation à une
conférence de presse sur les diminutions de soins de proximité en région. Même
si notre comité se veut apolitique, nous sommes très heureux de votre
invitation.
Aujourd'hui, le comité Mes soins restent
ici, comité citoyen, souligne non seulement le triste anniversaire de la grande
marche de mobilisation ayant rassemblé 5 000 personnes au Kamouraska, mais
surtout la centralisation inefficace de la gouvernance en matière de soins de
proximité car rien n'est réglé. Tout s'oriente vers une fermeture subtile de
notre hôpital. Nous assistons à des délais qui s'allongent, à des déplacements
qui se multiplient, ce qui complique notre accès à des soins de proximité.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, Mme Cottinet.
Mme Cottinet (Lilou) : Je
m'appelle Lilou, j'ai 13 ans et je souffre de polyarthrite rhumatoïde depuis
l'âge de deux ans. Cela fait donc 11 ans que je vais au CHUL à Québec régulièrement
pour voir les spécialistes et recevoir mes traitements. J'habite au Kamouraska,
dans le Bas-Saint-Laurent. J'ai un médecin de famille que j'adore, mais j'ai
besoin de spécialistes.
Normalement, avec des centres de santé
mieux organisés, on pourrait me faire des prises de sang et des injections dans
ma région, mais c'est souvent compliqué de recevoir ces soins-là au CLSC, à l'hôpital
près de chez nous. Si je suis ici, c'est pour représenter tous les enfants qui
manquent de services dans leur région et qui ne sont pas entendus.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, Mme Labbé.
Mme Labbé (Anne Marie) :
Bonjour. Alors, nous sommes venus rencontrer les représentants des partis politiques
pour vous exposer les conséquences directes de la centralisation vécue au
Kamouraska. Pour ma part, j'ai dû, à deux reprises, me rendre à l'extérieur de
la région pour accoucher. Quand j'ai accouché, il y a deux mois, il y avait une
triple découverture à La Pocatière, alors il n'y avait ni chirurgien, ni
anesthésiste, ni infirmière en obstétrique.
Derrière moi, j'ai d'autres exemples
concrets. J'ai M. Beaulieu, qui a dû parcourir, à la suite d'une fracture,
l'équivalent d'un aller-retour La Pocatière-Montréal pour recevoir des soins de
spécialiste en orthopédie. J'ai également M. Roger Ouellet, qui a eu un
accident de vélo à un kilomètre seulement de l'hôpital de La Pocatière, mais
depuis environ un an, un peu plus d'un an, les paramédics ont eu la consigne
d'amener directement les traumas, donc, au centre hospitalier de Rivière-du-Loup.
Alors, M. Ouellet a été très surpris quand les paramédics lui ont annoncé qu'il
devait se rendre à l'hôpital de Rivière-du-Loup, à environ 60 kilomètres de
l'hôpital de La Pocatière. On a aussi M. Mailloux qui, malheureusement,
pour des raisons de santé, est absent aujourd'hui, qui n'a plus de cardiologue
depuis un certain temps parce que les privilèges du cardiologue de l'hôpital de
La Pocatière n'ont pas été renouvelés.
Depuis janvier, plus de 70 organismes de
notre région, représentant 25 000 personnes, ont appuyé les démarches de
notre comité pour le maintien des soins de proximité. Se sont ajoutées à nos
voix celles du comité SOS Urgence de la MRC de L'Islet ainsi que des messages
de support de plusieurs régions du Québec qui vivent une situation semblable à
la nôtre.
Alors, cet après-midi, nous rencontrerons
Amir Khadir de Québec solidaire. Nous avons également une rencontre de prévue
avec Mme Lamarre et également une rencontre avec Dr Barrette, donc le
ministre de la Santé et des Services sociaux. La CAQ, nous les rencontrerons en
marge de la rencontre d'aujourd'hui, avec M. François Paradis.
Alors, le maintien des soins de santé de
proximité passera par une réelle volonté d'implication du prochain gouvernement
afin de mieux connaître leur position. Alors, nous rencontrerons les
représentants que j'ai énumérés précédemment. Nous comparerons ce qu'ils ont à
offrir en matière de soins de proximité.
Faisons de nos soins de proximité un enjeu
de la prochaine campagne électorale. Le 1er octobre prochain, au Kamouraska
comme ailleurs au Québec, nous voterons pour que nos soins restent chez nous.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, Mme Lamarre, pour conclure.
Mme Lamarre : Bonjour. Donc,
on constate, un an après… Il y a un an, j'étais à vos côtés pour Mes soins
restent ici. Vous avez rencontré le ministre, j'étais présente. Il y a eu des
engagements qui ont été pris à l'effet de garantir un meilleur accès aux soins,
entre autres les spécialités, donc chirurgie, anesthésie, cardiologie.
On voit que le résultat n'est pas là. Et
pourtant, entre l'année dernière et cette année, le gouvernement, le ministre
et… le gouvernement libéral, avec M. Couillard, ont, selon eux, complété
une négociation avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec qui
devait, devait, dans le 4 milliards d'augmentations prévues, contenir des
garanties d'accès de soins dans les régions du Québec.
Alors, où sont-ils, ces services? Où est
la garantie des services et des soins attendus? Il y a déjà des ruptures... des
découvertures de services qui sont prévues en chirurgie cet été. On sait déjà
qu'il y a deux semaines où il n'y en aura pas de chirurgien disponible dans la
région de La Pocatière. Alors, comment est-ce que tout l'argent qui a été
donné peut ne pas donner des garanties de services aussi essentiels que ceux de
chirurgie, que ceux d'un cardiologue? C'est complètement manquer à sa parole.
Et moi, je veux vraiment qu'on ait un
retour du ministre et de la FMSQ sur les engagements qui ont été pris.
Qu'est-ce que ça veut dire concrètement pour Lilou? Qu'est-ce que ça veut dire
concrètement pour chacune des personnes qui sont ici, pour tous les citoyens
des régions du Québec? Cette garantie de services, c'est un engagement. Si
c'est comme ça qu'ils respectent leur engagement, bien, on ne peut pas se fier
beaucoup à eux. Et je pense que ce qu'on a vécu dans les dernières années a
prouvé plutôt la découverture et des actions qui ont conduit à une perte de
services qui a été répétée.
On note aussi le temps supplémentaire
obligatoire comme ailleurs pour les infirmières, pour les infirmières
auxiliaires, pour les préposés. Ça aussi, ça décourage les gens de choisir
d'exercer leur profession dans les régions, et c'est dramatique. Le Québec est
grand, il est beau. Chacune de ses régions mérite d'être habitée, de grandir,
de prospérer, et, pour ça, ça prend des soins de santé autant pour les jeunes
comme Lilou, qui doivent avoir accès à des services spécialisés, que pour les
aînés qui ont besoin d'avoir accès à une garantie de services.
Alors, j'appelle le ministre et les
fédérations médicales à nous dire qu'est-ce que, dans le 4 milliards pour
les spécialistes, dans le 3 milliards pour les médecins de famille, il y a
comme garanties pour la région du Kamouraska et pour l'ensemble des régions du
Québec, parce que les soins sont essentiels et ils représentent un droit que
les gens de toutes les régions du Québec doivent avoir.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va maintenant passer à la période des questions. Oui, micro de
droite, M. Bergeron.
M. Bergeron (Patrick) :
Patrick Bergeron, pour Radio-Canada au Bas-Saint-Laurent. Peut-être un
commentaire de la part des gens du comité Mes soins restent ici. Vous vous
attendez à quoi, concrètement, de la part de ces rencontres-là? Parce qu'on
était ici, en effet, il y a un an. Il y avait des dates qui avaient été
avancées par le ministre Barrette, et on se retrouve sensiblement au même
point. Donc, vous vous attendez à quoi exactement?
Mme Fromentin (Marie-Ève) :
Bonjour. Je m'appelle Marie-Ève Fromentin, je suis médecin de famille au
Kamouraska.
Donc, nos attentes, aujourd'hui... bien,
en fait, c'est le contexte qui est différent. Il y a un an, bien, on vivait ces
découvertures-là. Aujourd'hui, bien, on est à l'aube d'une campagne électorale,
donc on sait qu'il va y avoir plusieurs sujets chauds lors de la prochaine
campagne électorale. Nous, on veut que, pour l'ensemble des régions du Québec,
mais surtout pour le Kamouraska, les soins de proximité fassent partie des
discussions. C'est important que tous aient accès à des soins de santé proches
de leur milieu de vie. D'avoir à voyager plusieurs kilomètres pour avoir des
services, bien, ce n'est pas supposé être comme ça.
Donc, c'est pour ça qu'on est ici
aujourd'hui, et c'est pour ça qu'on va rencontrer tout le monde, pour essayer
de voir qu'est-ce qu'ils ont à nous proposer. Ils devraient être en mode
séduction, donc on est prêts à se faire séduire aujourd'hui.
M. Bergeron (Patrick) : Pour
Mme Lamarre, justement, qu'avez-vous à proposer, au Parti québécois?
Mme Lamarre : Oui, exactement.
Bien, moi, quand je fais le bilan, le ministre Barrette, il a eu un an, là,
pour donner les garanties. Il ne les a pas données. La CAQ, c'est silence complet.
On n'a pas de plan d'action, on n'a pas de plan de soins en santé. Et nous,
depuis le mois d'août dernier, on a rendu publics notre plan d'action et notre
plan solide en santé, et, depuis février, il est même sur notre site. Et
j'invite les gens à aller voir sur le site du Parti québécois; plan santé,
calendrier. On a un calendrier. Clairement, les soins de proximité y sont
vraiment nommés, et c'est une priorité.
Alors, qu'est-ce qu'on a de concret? On a
dit qu'on gelait la rémunération des médecins, qu'on se rassoyait avec eux et
qu'on exigeait des garanties de services de soins, de continuité, de
non-interruption de services pour les gens de La Pocatière, du Kamouraska, de
toutes les régions du Québec. On est capables. On a des médecins spécialistes
compétents. Il y a des façons de fonctionner, soit par des équipes de dépannage
ou soit par des ententes préalables, pour que les soins et les services soient
assurés.
Mais là c'est encore laissé à la merci de
la bonne volonté des gens, et ça ne peut pas fonctionner. Quand on est un
gouvernement responsable, là, bien, on s'engage, on est le porte-parole de nos
citoyens. Et nos citoyens, ils ont le droit et vraiment on doit leur offrir ces
services-là. C'est un droit auquel ils ont... vraiment, qu'ils méritent
d'avoir, donc oui, clairement.
Pour les infirmières, là aussi, on dit :
Il faut vraiment favoriser une plus grande autonomie des infirmières
praticiennes spécialisées, des infirmières, pour permettre plus d'autonomie,
plus de capacité d'agir par elles-mêmes, de régler des situations. Mais il faut
aussi faire en sorte que les infirmières arrêtent de faire du travail clérical.
Répondre au téléphone, c'est une réceptionniste qui fait ça, ce n'est pas une
infirmière. Et, à ce moment-là, on va en avoir plus de temps, on va avoir des
conditions gagnantes pour l'ensemble des professionnels de la santé de la
région.
Alors, nous, on y croit beaucoup. Il y a
aussi toute la centralisation à outrance qui fait... quand je suis allée dans
la région, il y a deux mois, les gens nous disent : On a à faire, pour du
soutien à domicile, des distances de 100 kilomètres. Écoutez, c'est sûr
que ce n'est pas efficace, là, quand on est obligés de déplacer des gens sur des
distances... On voit deux, trois patients dans une journée. Alors, il faut
reconstituer des directions régionales avec une reconnaissance par sous-territoire
des besoins et une disponibilité de professionnels pour chacun de ces
sous-territoires là.
La Modératrice
: Merci.
Micro de gauche, Caroline... Oh!
M. LeBel : ...rajouterais
quelque chose, deux secondes. Juste, regardez, des médecins en région, il faut
aussi les former en région. Actuellement, il y a un débat dans le
Bas-Saint-Laurent parce que... il y a la même situation dans la Matapédia. Est-ce
qu'on pourrait former nos médecins dans notre région, dans le Bas-Saint-Laurent,
dans la Gaspésie, dans l'Est du Québec.
Les médecins sont d'accord à la faire, la
formation. Ça permettrait d'avoir de l'externat, des médecins qui seraient
déployés dans tous les hôpitaux, donner des services partout, donner ces services
de proximité là, qu'on veut. Il y a un débat là-dessus, on ne l'échappera pas.
Il ne faut pas échapper ça, c'est la présence des médecins dans nos régions.
La Modératrice
: Merci.
Micro de gauche, Caroline Plante, LaPresse canadienne.
Mme Plante (Caroline) : Oui,
bonjour. Vous avez rencontré les partis politiques aujourd'hui. Vous souhaitez
repartir avec quoi au juste? Est-ce que vous allez vous contenter de promesses,
d'engagements? Est-ce que ça va être suffisant?
M. Martin (Jean) : Écoutez,
je pense que des engagements, ce serait... Bonjour. Jean Martin. Les
engagements... ce serait intéressant, là, d'avoir des engagements, mais on n'a
pas d'attente, vraiment. C'est surtout de voir est-ce qu'ils ont un plan, là.
Mme Lamarre en a décrit un pour le Parti québécois, on espère de voir ce que
les autres ont à nous apporter et surtout ce que M. Barrette a à nous apporter,
parce que la situation actuelle, ça a été créé par la formation des CISSS, la
loi n° 10 et tout ça, qui a causé des problèmes. On a l'impression qu'en
région les extrémités sont privées de services, de soins, pour que le centre
ait tout ce qu'il faut, alors que ça devrait être le contraire, ça devrait
aller vers les extrémités.
Mais on veut vraiment voir c'est quoi
qu'ils ont à nous offrir. Si on a des bonnes réponses, tant mieux. On ne s'attend
pas à des miracles, là, on est ici pour écouter. On n'est pas ici pour donner
des trucs ou donner des solutions, on est ici pour entendre les solutions
qu'ils ont à nous apporter.
Mme Plante (Caroline) : Vous
rencontrez aussi la CAQ? C'était moins clair, là. Vous avez dit une rencontre
en marge de la rencontre.
Mme Labbé (Anne Marie) : Donc,
la CAQ n'est pas disponible aujourd'hui pour une rencontre, mais nous les
rencontrerons éventuellement. C'est M. François Paradis que nous rencontrerons
dans les prochaines semaines.
Mme Plante (Caroline) :
Est-ce qu'il y a une date de fixée?
Mme Labbé (Anne Marie) : D'ici
deux, trois...
Mme Fromentin (Marie-Ève) :
On n'a aucune confirmation sur la date. On nous dit qu'il était indisponible
pour le moment. Par contre, il se dit intéressé à nous rencontrer. Nous, c'est
sûr qu'on a fait les invitations, ils ont été au courant de notre venue ici. On
espérait beaucoup les rencontrer. Malheureusement, bien, semblerait-il que ça
ne pourra pas se faire aujourd'hui.
La Modératrice
: Est-ce
qu'on a d'autres questions...
Mme Lamarre : Écoutez, on est
à quatre semaines de la fin de la session parlementaire. C'est le moment où on
peut débattre, où on peut se rencontrer, où on peut beaucoup bénéficier de la
couverture médiatique que vous nous offrez, et la CAQ est incapable de nous fournir
le moindre renseignement sur son plan en santé, qui occupe la moitié du budget
du Québec.
Il va quand même falloir qu'à un moment
donné la CAQ s'ouvre et qu'elle le dise qu'est-ce qu'elle veut faire, parce que
l'association avec M. Chassin, ça ne nous donne pas confiance vers le
déploiement de services vraiment publics, ça nous oriente beaucoup vers le
privé. Alors, si on veut vraiment réparer, corriger cette présentation-là et
cette impression-là, je pense que, clairement, la CAQ doit sortir son plan, des
engagements fermes pour les régions, pour les grands centres avec, vraiment,
des solutions.
Nous, on est très concrets. On dit :
Ça prend une première ligne beaucoup plus forte et ça prend du soutien à
domicile de façon massive si on veut désengorger les urgences. L'urgence est la
conséquence du fait qu'on ne fait pas ce qu'il faut en première ligne et qu'on
ne fait pas ce qu'il faut en soutien à domicile. Et nous, on a des engagements
très précis, très concrets. Alors, je pense que, si la CAQ refuse de les donner
avant la fin de la session, c'est un signe qu'elle est ou bien pas prête ou
bien qu'elle ne veut pas transmettre et s'exposer à une critique appropriée au
sein, ici, du Parlement.
La Modératrice
:
Dernière en français, Jean-Frédéric Moreau, Le Soleil.
M. Moreau (Jean-Frédéric) :
Oui, bonjour. Sur un plan strictement comptable, là, qu'est-ce qui coûte le
plus cher? Est-ce que c'est d'offrir des soins de proximité, d'avoir des
spécialistes en région, ou c'est de payer l'avion, du service aérien gouvernemental,
par exemple, pour amener un patient de Rimouski vers Québec ou Montréal? Puis,
dans une situation comme dans l'autre, seriez-vous prêts, vous, de votre côté,
au Parti québécois, à miser sur couverture, c'est-à-dire, de soins surtout de professionnels
en région même si ça coûte plus cher que l'inverse?
Mme Lamarre : Il faut avoir
des services en région. C'est important, c'est essentiel. Votre exemple, là, on
ne peut pas toujours promener les gens en ambulance. Quand une femme est sur le
point d'accoucher, ça veut dire qu'il faudrait la déplacer, comme ça se passe
actuellement, trois semaines avant. On ne peut pas attendre que son travail
soit commencé pour dire : On va la déplacer en avion.
Alors, le choix qu'on fait au Québec,
c'est d'offrir, dans chacune de nos régions, un éventail de choix pour que les
services essentiels soient assurés en tout temps et pour que la population ait
envie de rester dans ces régions. C'est une partie du développement économique,
c'est une partie du développement du Québec de favoriser la présence des gens
sur place.
Alors, nous, quand on parle de soutien à
domicile, on ne parle pas juste de 100 millions pour l'an 1, on parle de
200 millions pour l'an 2, 300 millions de plus, 400 millions
pour l'an 4. Alors, ça, ce sont des engagements fermes parce qu'on pense qu'il
y a effectivement un investissement, parce que les gens veulent rester à
domicile — j'arrive du forum sur le soutien à
domicile — mais il y a même des enjeux économiques dans ça, parce
qu'à chaque fois que quelqu'un reste à domicile et qu'on retarde d'un an ou
deux son admission en CHSLD, par exemple, c'est 80 000 $ à
100 000 $ qu'on peut répartir en déploiement de services à domicile
près des gens. Mais encore faut-il donner cette assurance-là.
Donc, c'est tout à fait rentable, je vous
dirais, de déployer les services localement et de garantir. Mais on ne peut pas
demander à ces gens-là de partir en avion à chaque fois qu'il y a un potentiel
pour le besoin d'une intervention. C'est impossible et ce n'est pas la bonne
façon de faire les choses. Les gens vont quitter, et, pour Lilou, ce n'est pas
toujours une chirurgie dont elle a besoin, c'est de voir un spécialiste. Alors,
je pense que les spécialistes peuvent très bien se déplacer. Tantôt, j'ai fait
référence à des groupes de dépannage. Ça existe, des spécialistes qui sont
spécialisés dans le dépannage et qui vont, donc, déployer des services, avec
une certaine constance quand même, dans des régions données, pour connaître les
patients, pour connaître aussi les installations et les autres organismes de
référence.
Donc, c'est tout à fait possible, mais ça
prend une volonté, et c'est ça qu'on n'entend pas actuellement du gouvernement
et c'est ça non plus qu'on n'a pas eu d'affirmé du côté de la CAQ.
M. LeBel : Je m'excuse, mais
il faut que je réagisse. Quand on parle au plan comptable, est-ce que ce serait
mieux de déménager le monde des régions? Dans les années 70, au début des
années 70, on nous a dit ça, dans le Bas-du-Fleuve : Au plan comptable, on
serait mieux de fermer des villages. Puis on en a fermé, des villages, mais il
y en a d'autres qui ont résisté, puis ce discours-là, de nous revenir... Au
plan comptable, on devrait tout fermer les régions. On devrait dire, là :
Kamouraska, c'est juste bon pour les beaux couchers de soleil, l'été; le reste
du temps, au plan comptable, ce n'est pas payant. C'est ce discours-là qu'on ne
peut pas laisser passer.
On doit avoir nos services en région. On
doit pouvoir élever nos enfants en région, puis vivre en région, puis les
régions, c'est important pour l'ensemble du Québec. On n'est pas juste un coin
où on vient chercher nos ressources premières pour faire vivre les autres. On
est capables de vivre chez nous, exploiter nos ressources puis faire vivre
notre monde.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer en anglais avec Raquel Fletcher de Global, micro de
droite.
Mme Fletcher (Raquel) :
Est-ce qu'il y a quelqu'un parle anglais entre vous?
Mme Fromentin (Marie-Ève) :
I'll try.
Mme Fletcher (Raquel) : OK. Can you just say your name and title and then tell us what you're
asking here today?
Mme
Fromentin (Marie-Ève) : So I'm Dr. Fromentin. I'm
here from Kamouraska. We are here today because we think that being healed in
our house, in our community is what's best for us.
So in Kamouraska, we had
a lot of problems having our surgeries in our hospital because we didn't any anesthesiologist.
We have the less doctors in speciality, like cardiology, that come... They do
not come anymore since January because their privilege hasn't been renewed. So
we want to be able to have some health services in our community, not having to
travel to have them.
Mme Fletcher (Raquel) : You said the context has changed because we're on the eve of an
election campaign. So you're deliberately coming here, I guess, to make your
plea to all of the political parties?
Mme
Fromentin (Marie-Ève) : Exactly. We want that health
issues be one of the topics we hear about during the campaign because too many
people are impacted from those decisions. So we're here to hear about the four
«partis politiques»… from each of the political parties, so that we could…
Mme Fletcher (Raquel) : Mme Lamarre, you said that you were just over the other side at the
conference for best practices. Dr. Barrette is going to have a press conference
this afternoon. What would you like to hear him announce that he is taking away
from that conference?
Mme Lamarre :
I don't know. I will let him announce what he would like. I know what I want to
say to people who want to listen to us and understand what the Parti québécois
really is engaged in his offer as home healthcare. It's real home healthcare
starting October 2nd, and we will increase really, very quickly the subventions
we have to give in home healthcare.
What I heard this morning
was very interesting in kind of many examples, but, at a certain time, we have
to implement… you know, for many years, for the last 20 years, I heard in some
of this forum, a lot of people coming with their experience. You know, there
are good experiences, but never a government implement some of them all over
the Québec, you know, not exactly the same but at least being sure, for
example, you will be… you will have access after an cardiovascular accident,
you will be sure that you will have readaptation treatments close to home, you
know, at home.
This is one clear message,
and, for that, you must invest a lot of money, prioritize, you know, this, and
all the money we gave to physicians make very complicated to estimate how we
will be able to, you know, invest as much as we have to do to homecare. So we
have to work with that. That's the reason why we say : Just stop because,
as we can see today, all the money that has been promised to the physicians, we
don't have, you know, we don't any return, guarantee of return.
We were here last year
asking for guarantee to have access to anesthesiologists, to surgeons, to
cardiologists. We are back here this year even with a promise of $4 billion for
specialists and we are still having no guarantee that
we will have the specialists available for Kamouraska
people. This is not the way we have to do. We have, you know, to be sure that
we will implement home healthcare and that we will also offer first-line
treatment, first-line availability to everybody. And that will make emergency
rooms used only when they are supposed to be used, with a guarantee that
specialists will be available.
Mme Fletcher (Raquel) : One last question, if I can. The Ombudsman released a report today saying
that the system that the Government has put in to match patients with family
doctors has seen a number of failures. What is your reaction, quickly, to that
report?
Mme Lamarre :
If you listen to all the questions I asked to our Health Minister during the
last six months, it was really on this issue, because we were sure that the «guichet
d'accès» was not correctly applicated and that it caused some discrimination to
some people, because they are not selected at the right time. For example, you
have an intervention, that the Ombudsman described, that TDAH and autism were
not criteria to be put… to be updated in the rank to the access of the guichet.
This is really… We cannot understand that, you know.
So there are also a lot
of delays. Even when people are chosen, they don't know that they are chosen,
and a physician can take as long as seven months before, you know, making back
this patient. I cannot understand how we can allow so many physicians to choose
their patients, you know. A physician must… and at the homecare forum, Dr.
Deschênes said : Physicians must choose people, patients who are unstable,
who are complex. That is their mission. And other people with minor ailments,
they should be treated by other health professionals. But with creating this
guichet, the Health Minister allowed physicians to pick and choose some
patients, and this is not correct, really.
La Modératrice
:
Merci beaucoup. Merci à tous.
(Fin à 11 heures)