(Treize heures quarante-trois minutes)
M. Cloutier : Alors, bonjour à
vous tous et toutes. La dernière semaine du mois d'avril, j'ai questionné la ministre
Hélène David en ce qui a trait au conflit de travail à l'Université du Québec à
Trois-Rivières. Déjà, à ce moment-là, en étude des crédits, bien avant le
lock-out, on était très inquiets de la situation là-bas : convention
collective échue depuis plus d'un an, tensions au sein de l'université,
négociations difficiles, d'autant que l'Université du Québec à Trois-Rivières
avait à mettre en oeuvre un plan de réduction budgétaire important, tout ça
imposé, comme vous vous en souviendrez, par les mesures d'austérité du
gouvernement libéral.
Visiblement, la situation s'est
détériorée. Maintenant, il y a un lock-out qui a été décrété à l'Université du
Québec à Trois-Rivières. Les conséquences sont désastreuses, désastreuses pour les
étudiants, évidemment, mais je dirais même, de manière plus générale, pour
toute la région du Centre-du-Québec, parce que l'Université du Québec à
Trois-Rivières est un moteur économique important. Et l'incertitude soulevée
par ce lock-out amène maintenant toute une série de conséquences extrêmement
néfastes à la fois pour l'université, son image, sa réputation, son réseau,
mais évidemment aussi par les étudiants. Et j'ai la chance d'avoir avec moi,
aujourd'hui, Frédéric Thibault, qui est le président de l'Association générale
des étudiants, ainsi que M. Michael Fortin, qui vont vous expliquer les
conséquences.
Mais très rapidement, pour mettre la
table, au moment où on se parle, les étudiants ne connaissent pas leur résultat
final. Pourquoi? À cause du lock-out. Il y a des étudiants qui sont en... ne
peuvent même pas appliquer aux bourses d'études parce que les bourses, pour
avoir accès aux bourses, encore faut-il qu'il y ait notation. Il y a des
étudiants internationaux, qui s'étaient déplacés ici pour recevoir leur diplôme,
qui, en bout de course, ne recevront pas leur diplôme parce qu'ils sont
toujours en attente des notes. Il y a toute la session d'été qui est
compromise. Après, il y a tout un enjeu de remboursement de frais qui est
laissé latent.
La ministre de l'Enseignement supérieur ne pourra
pas s'en laver les mains. C'est une institution publique, financée par l'État québécois,
et on ne peut pas laisser la situation se détériorer. Et ça prend un règlement
urgent dans ce dossier parce que la situation actuelle, elle est carrément
absurde. Et, sur ce, je cède la parole à M. Frédéric Thibault.
M. Thibault (Frédéric) : Merci
beaucoup. Donc, tel que mentionné, en fait, je me présente, Frédéric Thibault.
Je suis président de l'AGEUQTR.
En fait, là, le 1er mai dernier, réunion
en conseil d'administration, l'UQTR décrétait un lock-out devant l'impasse des négociations
avec les professeurs. Cela fait donc maintenant une semaine que les activités
dispensées par les professeurs sont suspendues au grand mécontentement des
étudiants. Cela fait maintenant sept jours que nous sommes pris en otage dans
un conflit. Cela fait maintenant sept jours que nous sommes les victimes
collatérales, finalement, de ce conflit qui n'est pas le nôtre.
La position des étudiants est claire à ce
sujet. Nous voulons continuer notre formation universitaire, nous voulons
continuer nos recherches et nous voulons continuer d'offrir des services à la
communauté par le biais de nos stages. Nous demandons donc à l'administration,
au syndicat des professeurs, de bien vouloir régler ce conflit le plus
rapidement possible afin que l'université puisse se concentrer sur ses missions
premières, soit la transmission du savoir, l'enseignement et la recherche.
Nous nous attendons au même type
d'approche de la part de la ministre et du gouvernement. La ministre et son
gouvernement devraient mettre tout en oeuvre afin de mettre fin au lock-out et
ainsi protéger les étudiants, comme elle l'a d'ailleurs si bien mentionné.
Merci beaucoup.
La Modératrice
: Merci.
On va passer aux questions. Mathieu.
M. Dion (Mathieu) : Est-ce que
vous trouvez que la ministre de l'Enseignement supérieur présentement est à la
hauteur quand elle dit qu'il faut de l'action, qu'il faut des gestes concrets,
il faut que ça avance, il faut mettre fin au lock-out? Est-ce qu'elle est
suffisamment verbale à cet égard-là? Est-ce que vous sentez une vraie volonté
de sa part que ce soit réglé?
M. Thibault (Frédéric) :
C'est sûr qu'on sent la volonté. En fait, on espère que, justement, il va y avoir
des gestes qui vont suivre ces paroles-là. On espère justement qu'elle use de
son pouvoir ou, si on veut, de son leadership pour justement mettre de la
pression au niveau de l'université, au niveau du syndicat, utilise tous ses
leviers, en fait, de justement de mettre fin à ce lock-out là le plus rapidement
possible.
M. Dion (Mathieu) : Bien, justement,
avez-vous l'impression qu'elle en a présentement ou qu'elle parle dans le vide?
M. Thibault (Frédéric) :
C'est sûr que, comme les délais sont courts présentement, comme on souhaite
qu'elle en mette plus, je pense qu'on peut s'attendre à ce qu'il y en ait
toujours un petit peu plus qui soit mis de ce côté-là. Ça fait que c'est
vraiment ce qu'on revendique, là, aujourd'hui.
M. Dion (Mathieu) : M.
Cloutier, vous, quand vous voyez la réaction de Mme David, je ne sais pas si
vous pouvez... Est-ce que c'est suffisant?
M. Cloutier : Bien, en fait,
le gouvernement du Québec avait dit qu'il souhaitait un règlement avant
dimanche. On est mardi, 13 h 45, toujours pas de règlement dans ce
dossier. Il faut comprendre que c'est majeur. Il y a des étudiants qui ont
acheté des billets d'avion pour recevoir leur diplôme. Il y a des étudiants qui
ont fait venir leur famille de l'étranger pour participer à la collation des
grades, puis tout ça est annulé. Tout ça est annulé.
Il y a des infirmières... La FIQ a émis un
communiqué pour dire que ça avait un impact sur l'accès à la santé dans toute
la région de Trois-Rivières, parce que toutes les infirmières qui devaient
diplômer, bien, elles n'ont pas diplômé. Puis comme ils n'ont pas diplômé,
bien, ils ne peuvent pas faire leurs stages, puis comme ils ne peuvent pas
faire leurs stages. Ça a tout un effet de domino. Ça, c'est l'exemple des
infirmières, c'est vrai pour les psychologues, ça va avoir un impact pour les
enseignants. C'est multiple.
Moi, je regardais, honnêtement, la liste
des impacts, là, puis sincèrement j'étais impressionné de voir à quel point,
visiblement, le réseau universitaire n'est pas fait pour faire des lock-out,
puis quand ça arrive, bien là, il n'y a plus rien qui marche. Tout est déstabilisé,
puis ça vient mettre un frein, dans le fond, à la bonne gouvernance puis aux
bonnes façons de faire.
Là, il y a tellement de monde... Je vous
donne des exemples. Au moment où on se parle, il y a des dates limites pour
pouvoir avoir accès à des bourses d'études, aux études supérieures. Bien, pour
pouvoir appliquer à la bourse, bien, il faut avoir ton diplôme. Ça fait que, si
tu n'as pas ton diplôme, tu ne peux pas appliquer, puis, si tu n'appliques pas,
bien, tu as une date limite, puis, si tu dépasses la date limite, tu ne peux
pas l'avoir. Ça fait que ça a un impact pour la rentrée scolaire qui va suivre
en septembre prochain. Ça fait que c'est pour ça que la situation ne peut pas
durer.
C'est pour ça que nous, on dit au gouvernement
du Québec : Non, non, ce n'est pas vrai, là, vous ne pouvez pas vous en
laver les mains. On comprend qu'il y a une indépendance du réseau des Universités
du Québec, mais sur le plan académique, administratif un peu, mais il y a des
limites. C'est de l'argent des Québécois en bout de course.
M. Dion (Mathieu) : Mais là
vous demandez au gouvernement de faire quoi, dans le fond.
M. Cloutier : Bien, ce qu'on
dit au gouvernement, là, c'est de prendre le téléphone, mettre de la pression,
donner des dates limites, puis sinon de passer à un deuxième niveau, parce que
la situation actuelle, elle est intenable.
M. Dion (Mathieu) : Avez-vous
l'impression présentement que justement le gouvernement fait ce téléphone-là,
qu'il pousse assez dans ce sens-là?
M. Cloutier : Bien, comme je
vous disais, les premiers délais, c'était dimanche. On est rendus à mardi, puis
c'est pour ça que les étudiants sont là.
Des voix
: Merci.
(Fin à 13 h 50)