(Onze heures trente-deux minutes)
Mme Fournier : Bonjour à tous.
Alors, ce matin... en fait, cet après-midi, nous allons déposer une motion au
salon bleu parce que nous avons une demande spéciale à faire au premier
ministre canadien Justin Trudeau qui, on le sait, l'été dernier, a tweeté, par
rapport à l'arrivée des demandeurs d'asile en grand nombre au Canada, il a
tweeté : «À ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre,
sachez que le Canada vous accueillera...» Par contre, hier, lorsque les
ministres fédéraux ont tenu leur point de presse, M. Garneau a dit... le
ministre des Transports a dit et a répété ceci, donc : Les demandeurs
d'asile à notre frontière ne reçoivent pas un billet gratuit vers le Canada. [...]un
peu plus de 90 % des migrants irréguliers ne répondent pas à nos critères
et devront quitter.»
Alors, on a vu que depuis l'an dernier il y
a eu un afflux encore plus important de demandeurs d'asile à notre frontière en
raison du tweet initial de Justin Trudeau, qui a été vu presque un million de
fois à travers la planète, 750 000 fois au minimum, ce qui a fait en sorte
qu'il y a des réseaux de passeurs qui se sont développés, en grande majorité
pour la traversée au chemin Roxham, parce qu'on sait que c'est le chemin
irrégulier le plus facile à traverser. Donc, ça, c'est ce qui explique qu'il y
a 91 % des migrants qui passent de façon irrégulière par le Québec.
Alors, nous, ce qu'on demande au premier
ministre Justin Trudeau, qui, au fond, a envoyé des faux espoirs à ces gens
partout sur la planète, pour dire qu'ils étaient les bienvenus au Canada, alors
que son ministre a dit textuellement hier qu'il comptait en renvoyer
90 %... Nous, on trouve que c'est profondément inhumain, parce que les
gens viennent ici avec espoir d'une vie meilleure, d'autant plus que ça prend
des années, pour le gouvernement canadien, à traiter leurs demandes. On l'a vu,
ça peut prendre cinq, six, sept ans. Ils ont le temps de s'installer ici, de
trouver un travail, de fonder une famille, et puis on leur dit tout simplement :
Retournez chez vous. Alors, c'est complètement de la frime de dire que le Canada
est ouvert. Il y a un processus, il y a des critères d'acceptation pour les
réfugiés, et ce que le ministre Garneau a dit lui-même, c'est qu'il y a
90 % des gens qui seraient retournés.
Alors, notre demande pour Justin Trudeau,
ce matin, elle est très claire. On souhaite qu'il puisse, à l'instar de ce
qu'il a fait l'été dernier, tweeter très clairement ce qu'a dit hier,
textuellement, son ministre des Transports, M. Garneau, donc : «Les
demandeurs d'asile à notre frontière ne reçoivent pas un billet gratuit pour le
Canada. [...]un peu plus de 90 % des migrants irréguliers ne répondent pas
à nos critères et devront quitter», de telle sorte que ça puisse envoyer un
message très clair pour ne pas justement susciter ces faux espoirs. Alors, ça,
c'est notre première demande.
Et bien sûr on réitère également qu'il
faut absolument que le gouvernement fédéral puisse suspendre l'entente sur les pays
tiers sûrs, de sorte que les migrants qui souhaitent se présenter aux
frontières du Canada puissent le faire partout, dans chacune des provinces, de
sorte qu'on puisse retourner au niveau qui a précédé l'entente en 2004, où le
Québec recevait grosso modo entre 20 % et 30 % des demandeurs
d'asile. Et on a vu clairement qu'à partir de l'entente, en 2004... bien,
aujourd'hui, il y en a 91 % qui passent par le Québec.
Alors, on souhaite que les migrants
puissent se répartir comme ça à travers les différentes provinces canadiennes
pour respecter également les capacités d'accueil du Québec. Parce qu'on a également
vu que ce qui a été annoncé hier par le gouvernement canadien, par le
gouvernement fédéral, c'était trop peu, trop tard. C'était un véritable show de
boucane. Il y a même le syndicat des douaniers canadiens qui l'a dit, il est
trop tard pour les campements. Les appels d'offres sont seulement partis la
semaine dernière. Alors, ça, c'est 500 places en hébergement
supplémentaires, mais on sait que le Québec a seulement entre 1 500 et
2 000 places qui sont disponibles, et, juste la fin de semaine passée, il
y a eu presque 400 demandeurs d'asile qui ont franchi notre frontière.
Alors, on ne suffira pas à la demande. On
ne peut pas laisser ces gens-là dans la rue, il va falloir qu'on puisse les
héberger, et c'est pour ça que c'est important qu'ils puissent se présenter par
les douanes régulières, d'autant plus que ça va empêcher les réseaux de
passeurs d'exploiter la vulnérabilité des migrants à leurs fins personnelles.
Alors, c'est notre demande, ce matin, au gouvernement fédéral.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. Micro de gauche, Mathieu
Dion, Radio-Canada.
M. Dion (Mathieu) : Si Justin
Trudeau devait tweeter ça, ça n'enverrait pas un message de fermeture du Canada
à l'étranger que de tweeter une chose comme celle-là?
Mme Fournier : Non, on ne le pense
pas, parce que le ministre Garneau a dit hier, textuellement, que c'était ça,
la réalité. Alors, moi, je pense que les gens doivent être au courant des
démarches qui ont cours au Canada, du processus qui doit être un processus
rigoureux aussi dans l'accueil des réfugiés et respectueux aussi de la capacité
d'accueil du pays, alors qu'au contraire ce serait simplement un reflet beaucoup
plus réel, au fond, de ce qui se passe sur le terrain.
M. Dion (Mathieu) : Que pense
le Parti québécois de la candidature de Marguerite Blais pour la Coalition
avenir Québec? Est-ce une personne que vous aimeriez avoir dans vos rangs, tant
qu'à y être?
Mme Fournier : On attend la confirmation
de la nouvelle.
M. Dion (Mathieu) : O.K. Mais
ça semble être assez confirmé, là. Nous, on l'a confirmé dans... différents
médias l'avons confirmé. Qu'est-ce que vous pensez? C'est une ancienne ministre
qui était responsable des aînés, elle était impliquée. Son retour en politique québécoise,
qu'est-ce que ça signifie pour le Parti québécois?
Mme Fournier : C'est une
ancienne ministre libérale, donc, si le tout se confirme, bien, ça confirme en
même temps que le PLQ et la CAQ sont des vases communicants.
La Modératrice
: Merci.
Micro de droite, est-ce que c'est... oui, Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : Avant
ma question, j'aimerais entendre Mme Poirier là-dessus, sur Mme Blais, que
vous vous avez côtoyée, là, vous, comme députée.
Mme Poirier
: Exactement.
Alors, c'est une ministre sous l'ère Charest qui réapparaît avec la CAQ. Alors,
on voit bien effectivement, comme l'a dit Catherine, que le PLQ et la CAQ, eh
bien, ce sont des partis frères qui accueillent les mêmes députés. C'est d'ailleurs
très amusant de voir, ce matin, dans le visuel, de voir Marguerite Blais et Gaétan
Barrette dans le même visuel. Alors, on voit bien que Gaétan Barrette, qui
était à la CAQ, est rendu au PLQ; et Marguerite, qui était au PLQ, qui est
rendue à la CAQ.
M. Laforest (Alain) : Bon, j'y
vais avec ma question. Mme Fournier, est-ce que vous trouvez que Justin Trudeau
a été cow-boy en janvier 2017?
Mme Poirier
: Alors,
Justin Trudeau a été, dans le fond, irresponsable d'envoyer un message de cette
nature. Même les ambassades du Canada ont relevé ce message-là comme étant vraiment
une irresponsabilité importante de la part du Canada, et on l'a dénoncé dès le
début. Aujourd'hui, on est plusieurs qui le dénoncent. D'ailleurs, nous, on a
été les premiers à le dénoncer, et maintenant c'est devenu viral que ce
message-là.
Et quand on voit ce que le ministre
Garneau a dit hier, alors on voit bien l'ampleur de ce que le message de Justin
Trudeau a donné. Eh bien, aujourd'hui, c'est 90 % qu'on est obligés de
retourner chez eux.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que c'est l'amour entre Véronique Hivon et Jean-François Lisée? Est-ce qu'il y
a de la grogne au caucus actuellement?
Mme Poirier
: Il n'y a
pas de grogne. Le caucus est uni, uni derrière le chef et la vice-cheffe. Et je
veux que ce soit très, très clair, là, le Parti québécois s'en va en élection
avec son chef, sa vice-cheffe unis. Nous sommes tous unis et nous sommes tous
prêts à faire cette bataille électorale là ensemble.
M. Laforest (Alain) : Mais là
vous êtes la leader...
La Modératrice
: Merci,
Alain. Ça fait beaucoup de questions.
M. Laforest (Alain) : Vous
êtes la leader, Mme Poirier, et on sait qu'il y a de la grogne, là. Notre collègue
Geneviève Lajoie a révélé qu'il y avait certaines personnes qui se
questionnaient et qui se demandent si Véronique Hivon ne serait pas mieux
habilitée que Jean-François Lisée pour aller mener la prochaine bataille. Vous,
vous dites que ce n'est pas vrai?
Mme Poirier
: Alors,
moi, ce que je vous dis, là, je vais être très, très claire, là, il n'y a pas
de grogne. On est unis, et nous allons aller tous ensemble, les députés, les
candidats du Parti québécois, en élection avec Jean-François Lisée comme chef
et avec Véronique Hivon comme vice-cheffe unis ensemble.
La Modératrice
: Merci.
On va passer au micro de gauche, Pascal Dugas.
M. Laforest (Alain) : Juste
une petite dernière sur un sujet qui est quand même assez important : LaPresse
qui est cédée par les Desmarais, qui devient un organisme à but non lucratif,
là. Êtes-vous inquiète pour la presse québécoise avec ce qui se passe
actuellement?
Mme Poirier
: Bien, on
va commencer par avoir les détails de cette transaction. C'est quand même assez
inusité comme démarche d'affaires. Alors, on va voir, dans le fond, comment va
se répertorier cette nouvelle-là. Moi, j'ai bien hâte de voir la composition de
cet OSBL et qui va en être les leaders en tant que tels.
La Modératrice
: Merci.
Micro de gauche, Pascal Dugas, QMI.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Oui. Si je comprends bien, le Canada ne devrait pas accueillir ceux qui fuient
la persécution, la terreur et la guerre. C'est ce que le tweet disait. C'est
quoi, le problème?
Mme Fournier : Non, tout à
fait, mais c'est de dire qu'on ne peut pas accueillir tout le monde. Parce
qu'en lançant ce tweet-là, c'est comme si tout le monde qui arrivait au Canada
allait être accepté, allait obtenir le statut de réfugié, alors que le ministre
Garneau l'a confirmé lui-même, de sa propre bouche hier, il y en a 90 %
qui vont être retournés.
Alors, bien sûr qu'il faut accueillir les
réfugiés, ceux qui fuient la persécution, la guerre, évidemment, et le
Canada a signé des conventions internationales pour l'accueil des
réfugiés. Mais toujours est-il qu'il y a un processus qui est en cours.
Lorsque quelqu'un demande l'asile au Canada, il y a certaines vérifications qui
sont faites, notamment auprès de son statut. Est-ce qu'il est véritablement en
danger, en proie à la terreur, à la persécution dans son pays d'origine? Et ce
que nous dit le ministre hier, c'est qu'il y en a 90 % qui sont retournés
dans leur pays.
Alors, il faut quand même que le Canada
puisse envoyer un message clair, parce que les gens qui voient ça à
l'international, par exemple, en ce moment, au Nigeria, où notamment il y a des
réseaux de passeurs qui se sont développés avec le Québec, bien, se disent
qu'au fond le Canada... puis le ministre Garneau l'a dit lui-même hier que c'était
une entrée gratuite, très facile. Mais la réalité, c'est ça, et nous, on pense
que c'est le temps de faire taire les faux espoirs. Le fait qu'il y ait des
gens qui viennent ici, qui ont espoir d'une vie meilleure, qui ont des enfants,
qui se bâtissent une vie et qui finalement sont retournés...
Je me rappelle, l'année dernière, au mois
de décembre, le cas de la famille Lawrence, qui était parfaitement intégrée au
Québec, était ici depuis neuf ans, et ça prend neuf ans avant d'avoir une
réponse du fédéral. C'est le plus long délai dans toutes les sociétés
occidentales. Nous, on trouve que c'est inhumain, et donc ça devrait vraiment
être corrigé, que le Canada puisse envoyer un message clair.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Mais dites-moi, Mme Fournier, quel élément de ce tweet-là que vous avez imprimé
est problématique? Quel morceau de la phrase ne devrait pas être là?
Mme Fournier : «À ceux». Comme
si c'était tout le monde. Ça crée des faux espoirs. Il y a eu…
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Mais tous ceux qui fuient la persécution, la guerre?
Mme Fournier : À ceux qui fuient
la persécution, la guerre, tout à fait.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
C'est ce que le tweet dit.
Mme Fournier : Tout à fait,
mais il y a eu des preuves que les ambassades se sont plaintes de ce tweet-là
parce que ça n'envoyait pas le bon message. Ça envoie le message que tout le
monde peut être accepté au Canada, alors que ce n'est pas le cas et que le
ministre Garneau l'a très bien dit hier.
La Modératrice
: Merci.
Micro de droite, Jean-Frédéric Moreau, Le Soleil.
M. Moreau (Jean-Frédéric) :
Oui, bonjour, mesdames. Pour revenir sur… un peu faire du pouce sur la question
de mon collègue, est-ce que c'est l'accueil qui ne fonctionne pas dans le tweet
de M. Trudeau? Est-ce que c'est la notion d'accueil? C'est-à-dire, en fait, ma
question, c'est : Si le Québec était indépendant, comme vous aimeriez que
ce le soit, est-ce que les demandeurs d'asile ne seraient pas accueillis au
Québec, comme le souhaitait vraisemblablement M. Trudeau au Canada?
Mme Fournier : Oui, les
demandeurs d'asile seraient évidemment accueillis au Québec, mais on enverrait
le signal clair que ce n'est pas parce qu'on se présente aux frontières du
Québec, du Québec indépendant qu'on obtient nécessairement le statut de
réfugié, comme c'est le cas actuellement au Canada.
Il y a vraiment un processus qui est en
cours. Ce n'est pas vrai que tout le monde est accepté en tant que réfugié,
puis ça, il faut que ça soit clair. Et les ambassades, puis ça a été
répertorié dans certains médias à la suite du tweet de M. Trudeau, ont
clairement dit que ce tweet était à l'origine d'un afflux particulier de
demandeurs d'asile et aussi d'un développement de réseaux de passeurs à
l'international qui ont vu, dans ce tweet-là, des affaires d'or, littéralement.
M. Moreau (Jean-Frédéric) :
Donc, diriez-vous que, si M. Lisée était premier ministre du Québec, il
tweeterait : Le Québec vous accueille, mais il va y avoir une clôture au
chemin Roxham, et vous devrez passer par les postes frontaliers?
Mme Fournier : Non. M. Lisée
tweeterait que le Québec vous accueille, mais qu'il y a un processus, et
que ce n'est pas certain qu'on va avoir le statut de réfugié au bout de la
ligne et qu'on va pouvoir demeurer dans un Québec indépendant.
M. Moreau (Jean-Frédéric) :
Donc, juste pour être sûr, vous pensez quand même que M. Trudeau… parce que ce
n'est pas ce qu'il a écrit, mais c'était son intention derrière ça?
Mme Fournier : C'est l'effet
qu'il a créé.
M. Moreau (Jean-Frédéric) :
Parce que vous prêtez une intention, quand même, au premier ministre de dire
qu'il avait accueilli… Juste pour être sûr de bien comprendre, là, est-ce que
vous prêtez une intention au premier ministre, qui souhaitait la bienvenue à
tout le monde, puis qu'au fond il n'y aurait pas de processus à suivre, là,
dans son…
Mme Fournier : Je ne connais
pas ses intentions, mais c'est l'effet qu'il a créé, et ça, ça a été répertorié
très clairement.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer en anglais. Raquel Fletcher de Global, micro de gauche.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good morning. Can you just… Is this
working?
Des voix
:
…
Mme Fletcher (Raquel) : OK. So are you… I guess, just to summarize your point, can you say what
kind of results you thought the first tweet had, you know, in Canada, but
specifically in Québec?
Mme Fournier :
Yes, well, ambassades told that it has resulted in a
rise of asylum seekers at our borders. So I think… We ask Justin Trudeau to
send the right message, to send what is the reality on the ground, that 90% of
the asylum seekers will be sent back home.
Mme Fletcher (Raquel) : Can you summarize, obviously because our viewers are
English-speaking, what the second tweet... Oh! OK.
Mme Fournier : So we ask Justin Trudeau to tweet what his Minister Garneau told
yesterday in the media and in his press conference. So asylum seekers at our
border do not receive a free ticket to Canada. A little more than 90% of irregular migrants do not meet our
criteria and will need to leave. So that's what he said and that's what we ask
Justin Trudeau to tweet.
Mme Fletcher (Raquel) : How do we reconcile these two, I guess, views of Canada, that you don't just get a free
ticket, but we are a welcoming country. How do we... Those seem to be
contradicting statements. How do we make them one coherent statement?
Mme Fournier : No, it's not contradicting because for sure, we have to open our
country to the people requiring asylum, that face some war, for example, in
their country. But there's a process and some criterias to meet, and it's
important for the asylum seekers to know that this process exists and that you
can't just come to Canada and
have this free ticket. You have to meet a certain number of criterias.
La Modératrice
:Merci beaucoup. Merci,
mesdames.
(Fin à 11 h 47)