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Point de presse de Mme Dominique Anglade, vice-première ministre, ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, et ministre responsable de la Stratégie numérique, et M. Pierre Moreau, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, et ministre responsable du Plan Nord

Version finale

Le jeudi 12 avril 2018, 8 h 45

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures cinquante minutes)

Mme Anglade : Alors, bonjour à tout le monde. Vous savez, on est venus hier et on vous a rappelé que l'économie du Québec se porte bien. Et, si cette économie se porte bien, c'est parce que nous avons posé les bons gestes pour nous assurer d'une croissance économique importante. Les données de l'emploi, qui ont été rendues publiques la semaine dernière, démontrent bien qu'on est en plein essor, et on veut continuer à l'être avec des mesures qui vont nous amener bien au-delà de ce qu'on connaît aujourd'hui. Mais il reste un enjeu qui est fondamental, l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre, qui est un enjeu qui nous touche, et, partout où nous allons, on nous parle de cet enjeu de manière systématique dans toutes les régions du Québec.

La proposition de péréquation zéro de la Coalition avenir Québec de François Legault nécessite, par définition, qu'il y ait une croissance économique qui soit décuplée. Or, ça voudrait dire qu'il y ait des propositions économiques qui tiennent la route et qui permettent justement de décupler cette croissance économique. Mais que propose exactement la Coalition avenir Québec? Dans la proposition de réduire le nombre d'immigrants, on en parlait hier, on a démontré qu'en fait ce que ça signifie, c'est que, si on réduit le nombre d'immigrants de 10 000, c'est 6 000 emplois par année qu'on ne sera pas capable de combler dès l'an 1, 6 000 emplois par année qu'on ne sera pas capables de combler dès l'an 1, donc un impact réel, une réduction réelle sur la croissance économique du Québec. Les propositions sont donc irréconciliables avec une opportunité de faire la péréquation zéro.

Et, en matière de développement économique, que propose François Legault autre que cette réduction d'immigrants? Son projet-phare, c'est un projet de la Baie-James, une nouvelle Baie-James. En fait, on pourrait dire une Baie-James qui fait partie du siècle dernier. On a commencé par nous dire que, dans la nouvelle Baie-James, on allait nous donner les détails en 2017. On a attendu, 2017 est passé, on n'a rien eu en 2017. En 2018, on nous a annoncé qu'il y aurait des emplois payants associés à ça, mais payants seulement dans 15 ans, pas aujourd'hui, seulement dans 15 ans. Ce qu'on ne nous a pas dit, c'est quelle rivière est-ce qu'on allait harnacher, ce qu'on ne nous a pas dit, c'est quel barrage est-ce qu'on voulait construire. Et, jusqu'à présent, on n'a toujours pas les détails.

Finalement, on apprend qu'on souhaite forger des discussions puis établir des alliances avec nos voisins, mais, quand on regarde les alliances avec les voisins, force est de constater que nous avons des alliances avec les voisins, puis pas de l'année passée, pas de l'année d'avant. Depuis 1910, on a des ententes avec les voisins. Alors, Pierre.

M. Moreau : Oui, effectivement, ce que M. Legault propose, en fait, prend toutes les allures d'une improvisation. Il faut mettre les choses en perspective. Si on construisait aujourd'hui des barrages, là, on ferait fi de l'opinion émise par le président-directeur général d'Hydro-Québec, qui nous indique que, sans construction d'aucune nouvelle infrastructure, on peut, à l'heure actuelle, doubler la production d'énergie ici, au Québec, par l'hydroélectricité, d'une part. D'autre part, il faut savoir que, si on construit un barrage aujourd'hui, le coût de production d'électricité par rapport aux installations qui existent aujourd'hui fera en sorte que l'électricité ou le coût de l'électricité ainsi produite, sans égard au fait qu'il n'y a pas de marché, serait tellement disproportionné que nous n'aurions pas d'acheteur.

Et finalement, lorsque M. Legault nous parle de sa Baie-James, il nous dit, en 2016, qu'il va l'annoncer en 2017, ce que Dominique a indiqué il y a un instant. En 2017, pas un mot. Je regarde ma montre, on est en 2018, toujours pas un mot. Et, à la première occasion, il s'adresse à un parterre de gens d'affaires à Montréal, au CORIM, et là il ne parle plus de Baie-James, il parle de discussion et il parle d'alliance avec les voisins. C'est une méconnaissance profonde de ce qui existe déjà, les alliances qui existent déjà entre le Québec et nos voisins.

Je regarde ici strictement avec l'Ontario. Avec l'Ontario, en 2009, on a construit une ligne d'interconnexion qui a une capacité telle qu'à l'heure actuelle, alors que l'Ontario nous dit qu'ils sont suffisants avec ce que le Québec transmet à l'Ontario, la ligne est utilisée à une capacité de 30 %. On a encore 70 % de capacité de transmission d'énergie vers cette ligne-là, et ce que l'Ontario nous dit, alors que j'ai eu plusieurs discussions avec mon homologue ontarien : À l'heure actuelle on n'a pas besoin de plus d'énergie. Ce qu'on veut, c'est avoir une assurance du Québec que lorsqu'en 2024 on débranchera du réseau ontarien la centrale nucléaire de Pickering le Québec pourra pallier le manque d'énergie ou l'énergie qui, jusque là, était produite en Ontario par la centrale énergique de Pickering. Ce à quoi le Québec répond déjà : Oui, nous aurons déjà la capacité, sans aucune autre infrastructure, que ce soient barrages ou lignes hydroélectriques, de fournir la capacité à l'Ontario.

Avec le Nouveau-Brunswick, de l'autre côté, on a, per capita avec le Nouveau-Brunswick, des ententes de production et de fourniture d'énergie qui sont plus importantes que ce que l'on a avec l'Ontario et on a déjà deux lignes d'interconnexion avec le Nouveau-Brunswick, qui fait en sorte que les provinces peuvent s'échanger l'électricité, selon les besoins des marchés domestiques.

Avec les États-Unis. Notre marché avec les États-Unis représente 76 % de l'ensemble de l'énergie qui est vendue par le Québec à l'étranger, hors ses frontières, donc 76 %. Et on a conclu avec le Massachusetts une entente historique, qui est le contrat le plus important dans l'histoire d'Hydro-Québec pour la vente d'électricité, et on est en attente des résultats de l'appel d'offres de la ville de New York pour la production d'électricité. En réalité, 17 % de nos ventes à l'étranger représentent 27 % de nos profits. Au cours des deux dernières années, c'est autour de 800 millions de dollars qu'Hydro-Québec est allé chercher en ventes à l'étranger.

Et, sans même entrer dans les détails de l'ensemble des infrastructures, ce que l'on dit, c'est que, pour augmenter, et c'est l'objectif, on demande à Hydro-Québec, dans les 15 prochaines années, de doubler ses revenus. Pour doubler les revenus, Hydro-Québec, comme le gouvernement du Québec, à l'heure actuelle, estime qu'il faut miser sur plusieurs possibilités, c'est-à-dire la recherche, ce qu'on a fait dernièrement, en inaugurant le centre d'excellence en électrification et en accumulation d'énergie à Varennes. Ce qu'on fait, c'est des alliances pour aller chercher d'autres contrats qui seraient des contrats d'acquisition d'infrastructures à l'étranger, ce qu'on a fait avec le Mexique, notamment, l'exportation de la capacité du savoir-faire d'Hydro-Québec vers des marchés extérieurs qui lui permettront de diversifier ses revenus. Le Mexique, par exemple, a un projet de 137 milliards de dollars, au cours des prochaines années, qui demande la construction d'une ligne de la Basse-Californie jusqu'au centre de l'État mexicain, une ligne qui s'apparente à celle qui existe entre LG 2 et Boston, une ligne en courant continu, sans perte d'énergie.

Ce que l'on voit aussi, c'est des marchés internationaux ou des partenaires qui profitent de la chute des prix dans les technologies comme le solaire ou l'éolien et qui demandent une technologie d'interconnexion entre les diverses sources de production électrique. Ça, c'est l'expertise d'Hydro-Québec, et c'est là où on doit aller chercher la diversification et l'augmentation des revenus.

Et l'improvisation de M. Legault, là, est dangereuse à plusieurs égards. Historiquement, l'hydroélectricité, au Québec, a été une source d'enrichissement. Le projet de M. Legault voudrait en faire une source d'endettement parce que construire aujourd'hui des barrages qui ne serviraient qu'à ouvrir les «dams» pour voir s'écouler l'eau, c'est de prendre les économies des Québécois dans des constructions qui, à toutes fins pratiques, ne déboucheraient sur aucun autre marché.

Alors, ce que l'on demande à François Legault, c'est de nous dire : Est-ce qu'il tient toujours à sa Baie-James? Si oui, quelles sont les rivières qu'il va harnacher? Combien va-t-il… Dans l'économie du Québec, quelles sont les sommes qu'il va consacrer à ça? Et quels sont les marchés d'ouverture qu'il voit pour sa nouvelle Baie-James? Et enfin, à l'égard des alliances, quelles sont les alliances que le Québec n'a pas faites à l'heure actuelle, que M. Legault pourrait faire avec les infrastructures qui existent?

M. Laforest (Alain) : Moi, j'avais l'impression que vous nous convoquiez ce matin, M. le ministre, pour nous annoncer que vous aviez une entente avec Terre-Neuve concernant l'hydroélectricité et non pas pour faire le supplice de la goutte.

M. Moreau : Non, ce n'est pas ce que… D'ailleurs, je vous invite en fin d'avant-midi, vous allez voir que, dans les alliances que nous avons avec Terre-Neuve, il va y avoir une alliance très importante qui va être signée entre les deux premiers ministres. Vous serez là en fin d'avant-midi.

M. Laforest (Alain) : Sur l'électricité?

M. Moreau : Je ne vous donnerai pas avant la fin de l'avant-midi ce que nous allons faire en fin d'avant-midi.

M. Laforest (Alain) : Non, mais c'est parce que vous nous convoquez pour le supplice de la goutte, là. Ça fait deux jours que vous faites le supplice de la goutte.

M. Moreau : Non, non…

M. Laforest (Alain) : Nous, on vient ici parce qu'on pense que le gouvernement va nous annoncer… Est-ce qu'on est en campagne électorale?

M. Moreau : Est-ce que vous pensez qu'on n'est pas en campagne électorale? Moi, ce que…

M. Laforest (Alain) : Bien, je ne sais pas. Le Directeur général des élections dit que la campagne commençait le 29 août.

M. Moreau : Oui, mais, vous savez, entre les deux campagnes électorales, les partis doivent faire savoir ce qu'ils suggèrent aux Québécois. Ce que M. Legault suggère aux Québécois, et je pense que c'est important... La raison pour laquelle on vous convoque ici ce matin, c'est qu'on souhaite que les Québécois sachent que les propositions de M. Legault en matière d'énergie relèvent de l'improvisation, qu'elles sont un risque pour l'économie du Québec parce qu'elles ne correspondent en rien à ce qui existe à l'heure actuelle dans les alliances entre le Québec et les provinces voisines, ou encore les États de la Nouvelle-Angleterre, ou les États-Unis, et que le projet de M. Legault est irréaliste en ce qu'il endetterait le Québec, alors que l'énergie a toujours été une source d'enrichissement pour les Québécois.

Mme Cloutier (Patricia) : Bien, M. Legault, sur Muskrat Falls, là, le projet le Terre-Neuve... pas M. Legault, je m'excuse, M. Moreau. Tout un lapsus!

M. Moreau : C'est tout un lapsus.

Mme Cloutier (Patricia) : Oui, c'est tout un lapsus, je vous l'accorde. Mais est-ce que vous avez hâte Québec s'entende avec Terre-Neuve, justement, sur les questions d'électricité, d'hydroélectricité, pour faire en sorte que, tu sais, la mauvaise entente, si on veut, entre les deux provinces ne perdure plus, là, sur ce sujet-là?

M. Moreau : Bon, ce que l'on souhaite essentiellement... et c'est le sens des discussions que j'ai avec ma collègue de Terre-Neuve, qui n'est pas ici aujourd'hui parce qu'elle fait une annonce correspondante dans la province voisine. J'aurai l'occasion de la rencontrer. Je l'ai déjà rencontrée à deux reprises là-dessus. Il y a des alliances très importantes entre le Québec et Terre-Neuve, notamment sur l'exploitation de la fosse du Labrador. Et ce que les deux ministres de l'Énergie, dans chacune des provinces, souhaitent, c'est de dire : La Cour suprême va régler le passé en ce qui a trait à Churchill, mais ce que l'on souhaite, nous, c'est d'avoir des alliances en matière énergétique, notamment, effectivement, pour l'exploitation de la fosse du Labrador. Et on aura aujourd'hui une excellente annonce sur nos relations avec Terre-Neuve. Et, en ce sens-là, oui, on souhaite qu'il y ait des alliances, et probablement que ces alliances-là sont beaucoup plus tôt que tard.

M. Laforest (Alain) : Old Harry, on règle ça aussi?

M. Moreau : En fait, l'ensemble des contentieux devrait être réglé. Une partie va être réglée sur la question... mais là, Old Harry, on est dans le pétrole, là, on n'est pas dans l'énergie électrique.

M. Laforest (Alain) : Ça relève de vous quand même, là, Ressources naturelles...

M. Moreau : Oui, oui, ça relève de moi quand même, mais Old Harry...

M. Laforest (Alain) : ...et que Terre-Neuve a l'intention d'exploiter.

M. Moreau : Old Harry, la situation, c'est la mise en place de loi miroir. Alors, le gouvernement fédéral n'a pas encore réagi en déposant une loi sur les hydrocarbures qui seraient transfrontaliers et qui touchent le gisement Old Harry. Et le Québec réagira sur la base d'une loi miroir.

Mais, si je reviens au dossier de l'énergie hydroélectrique, ce que l'on souhaite effectivement... Et les perspectives sont excellentes avec Terre-Neuve parce que la qualité des relations que nous avons développées ensemble sont bonnes.

M. Bovet (Sébastien) : S'il vous plaît, vous dites : Les tribunaux vont régler le passé de Churchill Falls. Est-ce qu'on comprend qu'aujourd'hui il y a une annonce pour les futures relations du Québec avec Terre-Neuve au sujet de Churchill Falls?

M. Moreau : Non.

M. Bovet (Sébastien) : Non, il n'y aura pas d'annonce concernant Churchill Falls.

M. Moreau : Vous verrez quelle est la nature de l'annonce en fin d'avant-midi. Je vous répète, là, ça va être une excellente annonce, vous allez voir. Et c'est une annonce...

M. Laforest (Alain) : ...c'est votre collègue André Fortin qui va être là.

M. Moreau : Non, je serai là.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais excluez-vous la possibilité d'en arriver à une entente négociée avec Terre-Neuve sur Churchill Falls avant que soit rendu l'arrêt de la Cour suprême?

M. Moreau : Non, je pense que les parties s'entendent, le dossier est plaidé, et on attendra le jugement de la Cour suprême. Et clairement, mais ça, je vous remercie de poser la question, les discussions que j'ai avec mon homologue sont clairement à l'effet que le jugement de la Cour suprême réglera le passé et que les deux provinces ont un avantage et voient un avantage à avoir des alliances pour l'avenir, qui touchent aussi les alliances en matière énergétique. Ça, c'est très clair parce que, quand on regarde la fosse du Labrador, exemple, le Plan Nord qui est un élément fort, un projet phare pour le développement économique du Québec, on partage avec Terre-Neuve-et-Labrador cette fosse du Labrador. Mais la sortie de tout ce minerai-là se fait à travers un chemin de fer et la Pointe-Noire, qui est maintenant la propriété du gouvernement du Québec et qui permet d'accéder à la voie maritime du Saint-Laurent et à l'océan Atlantique, donc aux marchés internationaux, au marché américain et au marché européen.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce qu'on n'a pas l'impression que les relations entre Québec et Terre-Neuve ont été pourries pendant des décennies? Vous êtes sans doute déjà allé à St. John's... à Saint-Jean de Terre-Neuve?

M. Moreau : Absolument, c'est magnifique. Et, quand je suis allé à St. John's, c'était pour avoir des discussions avec mes collègues. Et ces discussions-là sont extrêmement fructueuses. Je dirais, il y a un changement de perspective dans les discussions entre Québec et Terre-Neuve qui est clair.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Et l'espèce de traumatisme Churchill Falls aujourd'hui, il n'est plus senti de la même façon?

M. Moreau : Vous savez, la cause a été entendue, là, par la Cour suprême. Et il n'y a pas d'autres instances judiciaires. Les parties ne se sont pas entendues sur ce contrat-là. Ils ont choisi de s'en remettre aux tribunaux. Mais la qualité des discussions, puis vous le verrez plus tard aujourd'hui encore une fois, la qualité des discussions entre les gouvernements est excellente au point où il y aura des alliances.

M. Croteau (Martin) : Question juridique, là, du fait que ce seront les tribunaux qui trancheront sur Churchill Falls : Est-ce que, politiquement, c'est possible de conclure une entente avec une province où la très grande majorité de la population considère être victime d'une injustice historique?

M. Moreau : Je pense que les gouvernements de l'une et l'autre des provinces en sont convaincus, sont convaincus de la capacité que nous avons à conclure des ententes dans plusieurs domaines, notamment dans le domaine de l'énergie.

M. Croteau (Martin) : La population de Terre-Neuve, sentez-vous qu'elle est prête à...

M. Moreau : Je ne parlerai pas au nom de la population de Terre-Neuve.

M. Croteau (Martin) : C'est judiciaire, mais c'est surtout politique à partir de maintenant.

M. Moreau : Oui, mais une fois le dossier judiciaire réglé. Et je pense qu'il est réglé à partir du moment où les juges de la Cour suprême prennent la cause en délibéré, et les provinces se sont faites entendre, et les intervenants se sont faits entendre. Vous me posez la question, ce dossier-là étant maintenant en délibéré à la Cour suprême, il y a un jugement qui va être rendu, et la Cour suprême va départager les droits des parties. Si votre question est de savoir: Ceci étant, est-ce qu'il y a une perspective d'entente avec Terre-Neuve? Je vous dis non seulement oui à très court terme sur de nombreux sujets, et oui à moyen terme sur l'énergie également.

M. Lecavalier (Charles) : Sur les cryptomonnaies...

M. Moreau : Pardon?

M. Lecavalier (Charles) : Sur les cryptomonnaies, en janvier, le P.D.G. d'Hydro-Québec, bon, avait des plans de vendre jusqu'à 3 térawattheures d'énergie aux mineurs de cryptomonnaies. Un peu plus tard dans l'année, là, vous avez fait une sortie publique où vous avez dit : Il faut faire attention, on met le holà à la vente d'énergie. J'aimerais ça savoir ce qui s'est passé entre janvier puis aujourd'hui puis pourquoi il faut arrêter de vendre de l'énergie.

M. Moreau : Il y a plusieurs éléments. C'est-à-dire qu'on a une approche, dans ce dossier-là, qui est extrêmement prudente. Vous savez ou vous connaissez assez ce dossier-là pour savoir la quantité phénoménale d'énergie qui serait consommée par la question des «blockchains», dans lequel apparaît la question de la cryptomonnaie. Et il ne faut pas mettre en péril la capacité d'Hydro-Québec de rencontrer ses obligations domestiques dans les périodes de pointe hivernales.

Alors, ce que l'on souhaite, c'est avoir une approche prudente où on va dire : Oui, il y a une technologie, là, qui peut, à certains égards, être intéressante dans le «blockchain», mais il ne faut pas mettre en péril la capacité d'Hydro-Québec de répondre aux besoins, d'une part.

D'autre part, il faut faire attention aussi pour ne pas encourager des marchés qui seraient des marchés hautement spéculatifs et obliger Hydro-Québec à investir des sommes très importantes en infrastructures, alors que certaines entreprises pourraient quitter sans nécessairement laisser d'adresse.

Donc, ce que l'on souhaite, ce n'est pas une fermeture complète, mais c'est un encadrement qui est très strict de ce type d'entreprise là dans un contexte où les entreprises qui se tournent vers le Québec le font sur la base des économies qu'elles pourraient faire, compte tenu du faible coût de notre énergie. Or, les Québécois ont investi dans les infrastructures d'Hydro-Québec et sont en droit de recevoir les revenus correspondant aux bénéfices que les clients reçoivent dans…

M. Croteau (Martin) : Autrement dit, vous ne faites pas confiance aux entreprises.

M. Moreau : Ce n'est pas une question de ne pas faire confiance, c'est une question de voir… Ces entreprises-là ont une consommation atypique. Totalement atypique : peu d'emplois créés, une énorme consommation, comparable, dans certains cas, à des alumineries ou des mines, qui sont générateurs de centaines d'emplois. Alors, compte tenu de cette consommation atypique, il faut aussi avoir un encadrement qui reflète la nature atypique de la consommation.

Mme Anglade : Puis, si je peux me permettre là-dessus, sur les cryptomonnaies, vous parlez beaucoup de cryptomonnaie quand vous parlez du «blockchain», mais il va falloir qu'on encourage des entreprises qui soutiennent, au-delà de la cryptomonnaie, d'autres secteurs. Ça peut être le secteur de la santé...

M. Moreau : Exact. La recherche.

Mme Anglade : ...ça peut être le secteur de la recherche. Il y a plusieurs autres secteurs qui pourraient bénéficier du «blockchain». Donc, je pense que, lorsqu'on réfléchit à quel genre d'entreprises est-ce qu'on veut avoir au Québec dans ce domaine, bien, il faut absolument qu'on réfléchisse à toutes les applications possibles pour le Québec.

M. Lecavalier (Charles) : Sur la chronologie, j'aimerais juste savoir, est-ce que l'inquiétude vient du gouvernement ou d'Hydro-Québec? Parce que, comme je vous dis, M. Martel, en janvier, il souhaitait en vendre beaucoup, d'énergie. Puis là il y a comme eu un changement de cap. Alors, je me demandais. Est-ce que c'est vous qui avez appelé M. Martel, il faut faire attention à ça?

M. Moreau : Je parle à M. Martel régulièrement, mais je n'ai pas fait un appel directement sur la cryptomonnaie. On a des rencontres statutaires avec Hydro-Québec, et je pense que, comme il s'agit d'une industrie qui est tout à fait nouvelle, l'analyse que l'on fait rapidement nous indique justement le caractère atypique de ce genre d'entreprise là. Et je ne dirais pas que c'est une question d'inquiétude. C'est une question de prudence, qui est une prudence partagée. Et vous allez voir que notre réflexion s'achève sur cette question-là et que, dans les prochaines semaines, vraisemblablement peu de temps après l'étude des crédits, vous connaissez l'agenda parlementaire, on va faire connaître notre position sur ça.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mme Anglade, hier, vous étiez avec M. Heurtel pour dénoncer le programme de la CAQ en matière d'immigration, notamment. Aujourd'hui, vous êtes avec M. Morais... M. Moreau, pour dénoncer...

Des voix : Ha, ha, ha!

Mme Anglade : Effectivement, aujourd'hui, il a été baptisé plusieurs fois.

M. Moreau : Mon nom est Pierre Moreau.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Bonjour, M. Moreau.

M. Moreau : Est-ce que vous pourriez le noter?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui.

M. Moreau : Merci.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Alors, vous êtes avec M. Pierre Moreau aujourd'hui pour dénoncer le programme de la CAQ en matière d'énergie, de production énergétique. Est-ce que c'est un rendez-vous maintenant quotidien que vous aurez...

Mme Anglade : Auquel on vous convie?

M. Bélair-Cirino (Marco) : ...oui, auquel vous convierez la presse au cours des prochains jours?

M. Moreau : C'est très sympathique de vous voir régulièrement.

Mme Anglade : Ah! bien, c'est peut-être quelque chose que vous… Est-ce que vous l'appréciez?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais est-ce que la population…

Mme Anglade : Écoutez, l'objectif, l'objectif, c'est vraiment de nous assurer qu'en matière économique… De mon point de vue, on a une situation économique qui est passablement positive, hein? On bat des records à bien des égards. Maintenant, ce que l'on veut, c'est nous assurer que les propositions que nous mettons de l'avant fassent en sorte qu'on continue à avoir une croissance économique. Mais il est clair que, sur la place publique, s'il y a des propositions qui ne tiennent pas la route, on va en parler, on va en débattre. C'est sûr qu'on est en année électorale, mais il faut que les gens viennent expliquer les mesures qu'ils proposent aussi. Et, quand il y a des mesures qui vont à l'encontre du développement économique, il me semble que c'est de ma responsabilité de venir le dire et de dire où sont les risques qui sont associés à ça.

M. Moreau : Oui, puis on ne parle pas d'une petite idée, là. L'hydroélectricité au Québec, là, ça relève du siècle passé, et même, de deux siècles passés. Et ça a été pour le Québec une source d'enrichissement. Quelqu'un qui a l'ambition de vouloir devenir premier ministre du Québec ne peut pas prendre le dossier de l'énergie, faire des propositions qui ont l'air dessinées sur le coin d'une table puis sortir avec ça et s'en aller tranquillement chez lui en disant : J'ai convaincu les Québécois de la réalité et du fondement de mes propositions. Notre rôle est aussi de dénoncer une attitude ou une proposition qui serait néfaste pour le Québec.

Et, très sincèrement, ce que M. Legault propose, d'une part, il ne l'explique pas, d'autre part, l'idée de construire des barrages aujourd'hui est totalement antinomique dans la situation économique du Québec et dans sa capacité de s'enrichir à partir de ces infrastructures-là. Puis, d'autre part, son autre proposition, qui est de faire des alliances, c'est de défoncer une porte ouverte parce que les alliances existent depuis 1910.

Alors, il faudrait qu'il nous dise, là, sérieusement : Moi, je veux être premier ministre, voici quelles sont mes ambitions en matière énergétique pour le Québec, mais pas essayer de faire un discours très rapidement à Montréal, de s'en sortir sans aucune question puis de ne pas dire aux Québécois quelles sont véritablement les conséquences de ce qu'il propose. Alors, comme il ne le fait pas, nous, on le fait.

M. Laforest (Alain) : Le discours, pour mémoire, ça fait deux semaines qu'il a été prononcé.

M. Moreau : Oui, puis j'ai réagi rapidement à ce discours-là, et on continue de le faire parce que ce qu'on attend de M. Legault, c'est qu'il s'explique. Puis, lorsqu'on pose des questions, il ne répond pas à ces questions-là. Et on n'est pas... C'est des... Quand on parle de la construction de barrages, là, c'est des centaines de millions de dollars et, sur la perspective de la vie d'un barrage, c'est des milliards de dollars dans l'économie. Mais encore faut-il avoir un marché pour le faire. Quand on parle de faire des alliances puis de construire des infrastructures, alors que les infrastructures actuelles ont une capacité additionnelle de 70 % par rapport à leur utilisation…

M. Laforest (Alain) : Comme la Romaine était de trop. Le gouvernement précédent, dans lequel vous étiez, a reconnu...

M. Moreau : Pardon?

M. Laforest (Alain) : Comme la Romaine était de trop. Puis le gouvernement précédent, dans lequel vous étiez, a reconnu que, chez Hydro-Québec, on avait peut-être trop construit puis qu'on n'avait peut-être pas les marchés pour l'écouler aussi.

M. Moreau : Ce que le premier ministre du Québec a dit à l'heure actuelle, c'est que l'ère des grands barrages est terminée. On va compléter les contrats qui sont là. Et l'électricité de la Romaine, elle est utilisée dans la chaîne à l'heure actuelle. On a une capacité de surproduction. Cette capacité-là, on peut l'exporter à l'extérieur, mais la capacité de l'exporter à l'extérieur relève de la création des infrastructures qui sont existantes. On n'a pas besoin de...

M. Robitaille (Antoine) : Justement, avez-vous un commentaire sur l'enterrement définitif de Northern Pass, là? Il semble que ce soit vraiment terminé.

M. Moreau : Bien, pour nous, ce qui compte… Le contrat qui a été obtenu, c'est un contrat avec le Massachusetts. Évoquons, par exemple, que tous les chemins mènent à Rome. Il y a plusieurs chemins qui mènent au Massachusetts. Alors, que ce soit le Vermont, que ce soit le Maine ou que ce soit le chemin qui était emprunté par le corridor de Northern Pass importe peu à partir du moment où le corridor existe ou des corridors alternatifs existent. Et c'est la raison pour laquelle Hydro-Québec, dans le cas du projet du Massachusetts, avait déposé plusieurs propositions justement pour tenir compte des capacités ou des difficultés qui pourraient survenir pour rendre l'énergie là-bas. Mais ce qui est important dans ce dossier-là, c'est que le Massachusetts a confirmé le maintien du contrat avec Hydro-Québec pour l'approvisionnement, sachant très bien qu'il y avait des propositions alternatives.

M. Robitaille (Antoine) : Mais il semble y avoir des résistances importantes dans le Maine, là.

M. Moreau : Il n'y a aucun de ces projets-là qui se fait sans aucune résistance. Mais, très sincèrement, je suis convaincu qu'Hydro-Québec va pouvoir fournir de l'électricité au Massachusetts sur la base du contrat qui a été conclu avec cet État-là.

M. Bovet (Sébastien) : Ce sera un contrat moins payant que le plan A?

M. Moreau : Ce n'est pas nécessairement un contrat moins payant que le plan A. Il est prématuré de le dire, mais je pense qu'on est dans le même ordre de grandeur.

M. Bovet (Sébastien) : Mais ce n'est quand même pas le plan qu'Hydro privilégiait. En termes de priorité, le meilleur plan, c'était celui qui a été refusé.

M. Moreau : C'est-à-dire que la question d'Hydro-Québec... Sur chacun des corridors, il y a des plus et des moins pour chacun des passages qui sont faits. Mais, dans l'ordre de grandeur, on est toujours dans le même ordre de grandeur pour le contrat au Massachusetts.

M. Lecavalier (Charles) : Sur l'emploi, Mme Anglade, bon, il y a une entrevue dans le journal ce matin. Il y a une jeune femme qui souhaite entrer dans la police, qui porte le hidjab. La CAQ et le Parti québécois ont indiqué ce matin que, s'ils prenaient le pouvoir, cette jeune femme-là ne pourrait pas travailler dans la police au Québec. Alors, je me demandais : Dans trois ans, quand elle va terminer ses études, si le gouvernement libéral est au pouvoir, va-t-elle pouvoir travailler dans la police?

Mme Anglade : Bien, nous, notre message a été très clair là-dessus, hein? On a statué avec la loi n° 62, mais ma collègue Stéphanie Vallée l'a bien précisé, c'était à visage découvert que le service devait être donné et rendu. À partir de ce moment-là, la police, si elle a des enjeux comme la manière de s'habiller par rapport… pour des enjeux de sécurité, ça, c'est la police qui va voir ça. Mais je pense qu'on a été très clairs dans les réponses là-dessus.

M. Lecavalier (Charles) : …très clair, mais est-ce qu'elle va pouvoir travailler dans la police? Vous pouvez répondre par oui ou par non.

Mme Anglade : Bien, écoutez, s'il faut répondre par oui ou par non... Si cette jeune dame veut travailler dans le milieu de la police et que vous regardez le projet de loi n° 62, visage découvert pour les services rendus, après ça, la police doit décider si, d'un point de vue sécuritaire, il y a un enjeu avec l'uniforme, etc. Ce sera à la police de décider.

La Modératrice : Merci, ça va être tout.

M. Laforest (Alain) : C'est sécuritaire à la GRC actuellement, là. C'est sécuritaire à la GRC. Donc, est-ce que ça pose problème ailleurs?

M. Moreau : Les deux critères à considérer, c'est : Est-ce que le service est rendu à visage découvert? Et est-ce que les éléments de sécurité empêchent le policier de remplir sa fonction? Lorsqu'on répond à ces deux critères-là, je pense que la réponse est donnée. Merci.

La Modératrice : Merci.

(Fin à 9 h 16)

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