(Huit heures sept minutes)
M. Lisée
: Alors, on a
deux sujets ce matin. Moi, je vais vous parler de Jacques Daoust, Véronique va
vous parler des délais de prescription pour des victimes.
Alors, évidemment, vous connaissez ce
dossier-là, on a eu une commission parlementaire, il y a... C'est comme un
millefeuille de mensonges, de jeux de coulisses et de jeux de pouvoir, et c'est
le millefeuille libéral. C'est comme ça que ça fonctionne, un gouvernement
libéral qui essaie d'imposer des décisions à un ministre, qui passe par son
chef de cabinet pour dire à Investissement Québec ce que le ministre ne voulait
pas dire.
Qu'est-ce qu'il faut retenir de ça,
au-delà de ce mauvais roman libéral de jeux d'influence, et de jeux de
coulisses, et de jeux de pouvoir, et de mensonges? Bien, ce qu'il faut retenir,
c'est que le premier ministre du Québec ne croyait pas qu'une entreprise stratégique
comme RONA devait avoir son siège social détenu par des Québécois. À la base,
là, c'est ça, le problème. Et son ministre de l'Économie, lui, il voulait que
le siège social soit entre les mains de Québécois. C'est le fond du débat.
Et donc on avait un ministre de l'Économie,
qui était très imparfait, puis je ne dis pas qu'il avait raison sur toute la
ligne puis toutes les versions qu'il a données, mais, au fond, ce qu'on apprend
ce matin dans son testament politique, c'est que lui trouvait incroyable l'idée
de ne pas contrôler un siège social aussi important que RONA, alors que le
premier ministre, lui, voulait le vendre.
Pourquoi on sait qu'il voulait le vendre?
Parce qu'il l'a dit dans sa course au leadership contre Raymond Bachand, parce
que Bachand est intervenu dans la première tentative de prise de contrôle
hostile de Lowe's face à RONA, et c'est Bachand qui avait fait en sorte de
faire échouer cette première tentative. Et, à l'époque, Philippe Couillard
avait dit que Bachand avait eu tort, qu'il aurait dû laisser le marché
fonctionner. Et donc M. Couillard était l'antinationaliste économique du Québec
qui aurait voulu que Lowe's prenne le contrôle de façon hostile de RONA dans sa
première tentative.
Donc, le signal envoyé par M. Couillard,
c'est : Le Québec est à vendre. C'était ça, le signal et bien sûr que RONA
est à vendre. Le signal que M. Daoust voulait envoyer, c'est : Non,
il ne faut pas le vendre. Et moi, ce que ça me dit, c'est qu'une partie des problèmes
qu'on a, dans la fierté économique du Québec, dans le fait que le train
électrique du REM va être construit en Inde, bien, c'est qu'on a un gouvernement
puis on a un premier ministre qui ne croient pas à la valeur du nationalisme économique
québécois.
Puis le 1er octobre, avec un gouvernement
du Parti québécois, on va avoir un premier ministre, une vice-première ministre
puis une équipe qui croient à ça. Ce qui s'est passé avec Daoust, là, ça ne
pourrait pas se passer avec un gouvernement du Parti québécois, parce que nous,
on pense que des sièges sociaux stratégiques, comme celui de RONA, doivent
rester entre des mains québécoises, et on aurait été unis dans cette volonté-là.
Alors, c'est aujourd'hui un genre de bilan,
à cinq mois de l'élection, de l'antinationalisme économique du premier
ministre, de son chef de cabinet, du chef de cabinet qu'il avait imposé à
Jacques Daoust, et Jacques Daoust qui, à travers tout ça, lui, aurait voulu
faire la bonne chose, mais il en a été empêché.
Mme
Hivon
: De
mon côté, je souhaitais vous dire ce matin que, comme classe politique,
j'estime... on estime qu'on a une responsabilité énorme de donner suite au
mouvement de libération de la parole de #moiaussi, de tout le mouvement #moiaussi
et de montrer à quel point on a entendu ces paroles, ces cris du coeur, ces
dénonciations, à quel point on a entendu les victimes d'agression sexuelle qui
ont pris la parole de manière très courageuse.
Alors, nous, comme classe politique, on a
une responsabilité énorme. Cette responsabilité-là, c'est d'agir ensemble pour
donner suite, par des gestes concrets, à cette réalité-là pour mettre fin à ce
fléau, dans la mesure du possible, de ce qu'on peut faire. Alors, hier, vous
m'avez vu intervenir en Chambre sur la question de l'abolition du délai de
prescription pour les poursuites civiles en dédommagement à la suite de la
sortie qu'on a faite, de manière très consensuelle, toutes les oppositions
ensemble, la semaine dernière, auprès des représentants des victimes de prêtres
pédophiles.
Aujourd'hui, il va y avoir une motion de
déposée cet après-midi sur ce sujet-là. À nouveau, comme je l'ai fait hier, je
tends la main à la ministre de la Justice, au gouvernement pour que, tous ensemble,
on apporte ce changement-là d'ici la fin de la session. C'est simple à faire. Le
Barreau du Québec est d'accord, la Protectrice du citoyen le demande. C'est
quelque chose qu'on peut faire tous ensemble, et je pense que ce serait une
manière de montrer clairement qu'on a entendu le cri du coeur des victimes.
L'autre volet de notre demande, c'est bien
sûr toute la question du tribunal spécialisé pour les victimes d'agression
sexuelle. Vous nous avez vus, vous m'avez vue faire cette demande-là, cette proposition-là,
il y a quelques semaines. Et malheureusement, encore une fois, toutes les oppositions
sont d'accord, mais le gouvernement a refusé d'étudier cette question-là avec
l'ensemble des partenaires.
Aujourd'hui, on lui demande, sur ces deux
enjeux-là, de donner suite à nos propositions, aux propositions consensuelles
de l'opposition, pour montrer aux victimes d'agression sexuelle qu'on les a
entendues et que la classe politique est présente pour agir.
Le Modérateur
: Merci,
Mme Hivon. M. Lisée, on va aller aux questions. M. Lacroix, micro de gauche.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. Lisée, Mme Hivon. Une simple question sur l'histoire de Daoust. Quand cette
histoire-là est arrivée, qu'il y a eu la commission parlementaire, il n'y a personne
qui croyait Jacques Daoust, tout le monde croyait que Jacques Daoust mentait.
Pourquoi, ce matin, c'est le contraire?
Pourquoi, aujourd'hui, vous lui donnez le bon Dieu sans confession après avoir
lu son testament politique? Alors, qu'est-ce qui a changé pour que la version
que Jacques Daoust donnait, qui était essentiellement la même à l'époque...
quand on lui parlait au téléphone, quand on avait des discussions avec lui,
c'était exactement la même chose qu'il disait. Pourquoi, à l'époque, c'étaient
des mensonges; pourquoi, aujourd'hui, c'est la vérité?
M. Lisée
: Bien, ce
n'est pas ce que je dis. Si vous m'avez bien entendu, j'ai dit : C'est un
millefeuille de mensonges et de jeux de pouvoir, et je ne donne pas à M. Daoust
le bon Dieu sans confession, et sa rectitude n'était pas totale dans cette
affaire-là. On lui a beaucoup reproché.
Mais ce que j'apprends, moi, mais
peut-être qu'il vous l'avait dit au téléphone, ce que j'apprends, moi, ce
matin, dans le testament, c'est qu'il était opposé à la vente des actions
d'Investissement Québec dans RONA. Moi, c'est la première fois que je vois ça
et que, donc, son testament politique... au moment où sa parole est libre, il
dit : Au fond, je voulais qu'on garde ces actions-là parce que c'était
important de garder le contrôle de ce siège social au Québec. Il ne pouvait pas
le dire, à l'époque, parce que le premier ministre, lui, voulait faire le
contraire.
Alors, je pense que la parole de M.
Daoust, une fois que sa parole est libre, a plus de valeur que pendant qu'il
est dans la controverse, dans le millefeuille de mensonges. Et son comportement
à l'époque n'est pas sans reproche. Il n'est pas sans reproche, mais l'élément
nouveau, c'est qu'on sait que le premier ministre, lui, il s'en fichait d'avoir
du contrôle québécois dans RONA. M. Daoust, lui, pensait que c'était important
pour le Québec qu'on le garde, et, au fond, le coeur de la question, c'est
celui-là.
Le Modérateur
: Merci.
M. Laforest, micro de droite.
M. Laforest (Alain) : Il a
toujours dit : Je n'ai jamais menti. Donc, le O.K. ne venait pas de lui.
M. Lisée
: Bien, c'est
clair que la personne qui a dit le O.K., qui était M. Ouellet, son chef de
cabinet imposé par Philippe Couillard, c'est lui qui a pris la décision sur
lui, même si M. Daoust lui avait dit : Laisse-les décider, hein?
Donc, la position de repli, moi, ce que je
comprends, puis est-ce qu'il y a une vraie vérité dans tout ça, ce
qu'on comprend du témoignage des uns et des autres, c'est que M. Daoust était
contre la vente; sous pression du premier ministre, il ne pouvait pas le dire.
Donc, sa position de repli, c'était : Je m'en lave les mains. Et son chef
de cabinet a laissé entendre à Investissement Québec que Daoust était d'accord
avec la vente, donc le contraire de la vraie position de M. Daoust.
M. Laforest (Alain) : Vous
avez baissé dans les sondages ou vous stagnez, et votre vice-chef est beaucoup
plus populaire que vous.
M. Lisée
: Oui.
M. Laforest (Alain) : Comment
vous allez faire pour renverser cette tendance-là?
M. Lisée
: Bien,
d'abord, j'aime beaucoup cette tendance, puis c'est pour ça que j'ai choisi
Véronique, et je savais que l'addition de nos attraits était supérieure à la
somme... Tu avais une phrase là-dessus, hein?
Mme
Hivon
: Oui,
le tout est plus grand que la somme des parties.
M. Lisée
: Exact. Le
tout est plus grand que... Vous voyez comme on est complémentaires.
Mme
Hivon
: Je
suis tellement utile. Je peux rappeler les choses que j'ai dites, comme ça.
M. Lisée
: Mais ce qui
m'intéresse aussi dans ce sondage, c'est l'effet boule de neige autour de la
CAQ. Et je vous disais, au début de l'hiver dernier, il y a un effet boule de
neige qui fait que la CAQ monte, et la neige, ça fond au printemps. Et la fonte
de la boule de neige de la CAQ est en action, même si le printemps n'est pas
vraiment arrivé. Imaginez ce que ce sera lorsqu'il y aura du soleil.
Depuis le début de l'année, ils ont perdu
5 points. C'est beaucoup, là. Donc, ce repli de la CAQ, c'est ce que je pensais
qui se passerait. C'est comme ça que l'opinion publique est en train de digérer
cette lune de miel, qui est en train de se terminer, et ça va continuer à se
faire. Puis moi, je vous dis...
M. Laforest (Alain) : Mais
votre boule de neige fond aussi, M. Lisée, là. Vous avez perdu un point.
M. Lisée
: Alors,
disons qu'on est stables. On est stables puis on a la meilleure relève. On a la
meilleure relève avec Véronique, avec Pascal, avec Jean-Martin Aussant...
Mme
Hivon
:
Catherine.
M. Lisée
: ...avec
Catherine, avec Alain et plusieurs autres. Moi, je suis très confiant pour
l'avenir, parce qu'on porte beaucoup mieux que la CAQ et les libéraux les
valeurs des Québécois, les dossiers des Québécois et l'équipe qui peut bien les
représenter.
Alors, moi, ce que je trouve intéressant,
c'est que ceux qui semblaient invincibles il y a trois mois deviennent de moins
en moins invincibles. Et je vous fais la prédiction, c'est mon souhait et ma
prédiction, que lorsqu'on va entrer en campagne électorale, ça va être
clairement une lutte à trois. On va être très proches les uns des autres.
Le Modérateur
: Merci.
M. Gagnon, micro de gauche.
M. Gagnon (Marc-André) :
Bonjour, M. Lisée. M. Daoust, tristement, est décédé; M. Dufresne, l'ex-chef de
cabinet du premier ministre, et l'ex-chef de cabinet de M. Daoust, là, M.
Ouellet, ont quitté. Donc, aujourd'hui, qu'est-ce que M. Couillard peut faire
ou doit faire avec ce qu'on apprend ce matin?
M. Lisée
: Je n'ai
aucun conseil à lui donner. La seule chose qu'il peut faire, c'est prendre la responsabilité
d'avoir été l'architecte de la perte du contrôle d'un siège social stratégique
au Québec. Au bout du compte, là, c'est ça. Philippe Couillard est arrivé comme
chef du PLQ en disant : RONA est à vendre. Il y avait des gens autour de
lui qui n'étaient pas d'accord avec lui, dont son ministre de l'Économie.
Alors, qu'il prenne la responsabilité de
la perte d'un siège social important puis d'avoir créé une situation autour de
lui puis de son ministre, qui a créé un millefeuille de mensonges,
et de jeux de coulisses, et de jeux de pouvoir.
M. Gagnon (Marc-André) : On apprend aussi, dans ce qui ressemble à un testament politique, que l'affaire RONA a fait perdre à
M. Daoust le sommeil pour une des premières fois de sa vie. M. Daoust
était aussi persuadé que toute cette histoire-là aurait provoqué chez lui une
première attaque de coeur, alors qu'il était toujours en politique.
Si je reprends un terme que
vous venez juste d'utiliser, est-ce que M. Couillard est, en quelque part, aussi,
ou en partie, a été l'architecte de la perte de M. Daoust ?
M. Lisée
: Je n'irai pas là. Je n'irai pas là. La vie politique est difficile, stressante pour beaucoup de monde. M. Daoust le savait. Alors, non, moi, je préfère rester sur
l'enjeu du nationalisme économique et
de l'antinationalisme économique de M. Couillard.
Le Modérateur
: Merci. M. Bélair-Cirino, micro de droite.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Je vais rebondir sur la question. Je veux juste
être certain de l'avoir bien compris. Est-ce que le gouvernement Couillard a une mort sur la conscience aujourd'hui ?
M. Lisée
: Non, je n'irai pas là du tout. Non.
M. Bélair-Cirino (Marco) :O.K. Concernant le délai de
prescription, Mme Hivon, Mme Vallée vous reproche de ne pas l'avoir fait
lorsque vous étiez au gouvernement
puis de plutôt l'avoir allongé. Pourquoi ne pas l'avoir fait, ne pas l'avoir
aboli ? Puis en quoi la tradition civiliste vous permet-elle d'abolir de
délai de prescription?
Mme
Hivon
: Je suis très heureuse d'avoir cette question-là, parce que c'est extraordinaire, ce qu'on a fait quand on était au gouvernement, justement en collaboration avec les
oppositions. On a fait un pas de géant dans le cadre de l'étude d'un autre projet de loi, qui ne portait pas sur cet
enjeu-là, et cette question-là a été
amenée, et on a décidé de faire ce pas-là après avoir entendu, oui, les
oppositions, avoir évalué notre propre position, et donc, ça a passé de trois à
30 ans, 30 ans à partir de l'âge de la majorité et à partir du moment où on réalise le lien entre le préjudice et
l'agression.
Donc, c'était un pas de
géant, mais dès lors, Bertrand St-Arnaud, qui était le ministre à l'époque, avait dit : Je veux le regarder, si on peut aller
plus loin, parce que, oui, il y avait des experts civilistes qui disaient que
la prescription, c'est quelque chose de fondamental pour
la sécurité juridique. Et donc il a demandé un rapport d'experts, il a agi de
manière complètement responsable. Il a obtenu le rapport d'experts, le rapport
d'experts a dit, nous n'étions plus au gouvernement : Dans la première
année du nouveau gouvernement, oui, on peut agir. Et, depuis ce temps, le
Barreau a changé de position, la Protectrice du citoyen a fait ses
recommandations et toutes les oppositions, avec plusieurs groupes qui appuient,
bien sûr, cette demande-là, on est pour l'abolition du délai de prescription.
Pourquoi? Parce que,
comme le dit très bien la Protectrice du citoyen, il y a des circonstances où
il faut passer par-dessus cette question-là. Pourquoi ce serait la quiétude
d'esprit des agresseurs qui devrait prévaloir sur la question du traumatisme et
de la souffrance des victimes? Quand tu es une victime, est-ce que la première
chose à laquelle tu penses, c'est d'aller déposer une requête devant les
tribunaux? Non. Tu penses à te réparer puis juste à garder la tête hors de
l'eau.
Alors, c'est pour ça qu'aujourd'hui c'est
une question d'humanité. C'est une question aussi de logique, parce qu'on a
étudié la question, et c'est possible de le faire. Donc, on demande au
gouvernement de le faire tous ensemble d'ici la fin de la session.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Même s'il n'y a pas d'autres États de tradition civiliste qui l'ont fait?
Mme
Hivon
: Il y
a différentes nuances par rapport à ça. Donc, on ne s'embarquera pas dans les
questions techniques. Mais vous savez quoi? On a le droit d'innover. On a le
droit de dire qu'ici, au Québec, les droits des victimes, c'est fondamental. Et
toutes les provinces canadiennes, elles, ont agi, et nous, on veut pouvoir
agir.
Le Modérateur
: Merci.
M. Lavallée.
M. Bélair-Cirino (Marco) : M.
Lisée, juste une question...
Le Modérateur
: Une
dernière
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous dites que l'effet boule de neige va se poursuivre, que la CAQ va perdre
des plumes. Le PQ, lui, dans vos projections, le rebond, là, vous l'évaluez à
combien? Quand?
M. Lisée
: On est
patients puis on est résilients. Est-ce qu'on aurait aimé monter plus? Bien
sûr, hein, bien sûr. Mais on pense qu'on pose les bons gestes. On est plus… Je
veux dire, ce qu'on a fait depuis janvier, à la fois pour clarifier ce qu'on
propose aux Québécois, un État fort au service des gens, un État fort pour
réussir l'indépendance, l'équipe qu'on met de l'avant, les X, les Y, qui
prennent de plus en plus d'ampleur, puis on va le voir dans les candidatures
également…
Moi, je pense que tous les fondamentaux
que le Parti québécois a pointent vers la victoire. Alors, à quel moment on va
voir, etc., je ne le sais pas. J'ai hâte, mais je sais que, comme au début de
ma campagne au leadership, il me semblait que les fondamentaux pointaient vers
la victoire, et je le sens de la même façon maintenant.
Mme
Hivon
: Puis
je peux peut-être juste ajouter qu'on croit beaucoup dans ce qu'on fait. On est
animés par des convictions profondes dans les propositions qu'on met de
l'avant, qui peuvent améliorer significativement la vie des gens, et ça, c'est
un moteur extraordinaire. On croit dans ce qu'on fait, donc on se dit :
Lentement, mais sûrement, on va bâtir la confiance avec les Québécois. Et le
plaisir est là, l'énergie est là, les convictions sont là. Donc, nous, on
continue à travailler très fort avec les Québécois puis pour les Québécois.
Le Modérateur
: Merci.
M. Lavallée, micro de gauche.
M. Lavallée (Hugo) : Oui,
bonjour. Pour poursuivre sur ce sondage-là, le Parti libéral et la Coalition
avenir Québec se sont engagés à continuer d'alléger le fardeau fiscal des
Québécois. Vous, vous avez pris la décision inverse, de dire : On ne va
pas l'augmenter, mais ce n'est pas une priorité que de le diminuer.
Or, on voit que c'est ce qui ressort comme
priorité. Lorsqu'on soumet aux gens une série d'enjeux, c'est cet enjeu-là,
celui de la baisse des taxes et d'impôts qui obtient le plus d'adhésion.
Pourquoi ne pas vous montrer plus sensibles à cette préoccupation des
Québécois?
M. Lisée
: Bon, il faut
savoir lire les sondages. Les gens ont répondu à la question posée. La question
posée, c'est : Est-ce que vous aimeriez avoir plus d'argent vos poches? Je
ne comprends pas que ça soit 100 % qui aient dit oui. Mais, lorsque la
même firme de sondage pose la question : À choisir, entre plus d'argent
dans vos poches ou plus d'argent dans la santé, l'éducation et les aînés, les
deux tiers, dire : Bien là, à choisir, je veux investir dans l'éducation,
la santé, les aînés. Et c'est là que sont les Québécois parce que c'est un
choix. Et hier, bon, le sondeur ou son commanditaire ont décidé de ne pas
demander le choix, et là ils ont fait d'autres éléments. Les éléments de santé
sont plus importants que le choix de la baisse d'impôt.
Alors, nous, on le sait, là, les
Québécois, ils ont un choix à faire. Il y a deux partis, les libéraux puis la
CAQ, qui vont réduire la force de l'État en réduisant les revenus. Puis c'est
sûr que ça va créer de la misère humaine puis des compressions. C'est certain
que les Québécois ne veulent pas ça. On le sait qu'ils ne veulent pas ça. Et,
nous, on est les seuls à dire : Non, non, nous, on ne va pas monter votre
fardeau fiscal, on ne va pas le baisser, on va utiliser chaque dollar pour un
État fort et efficace, pour des bons services. Et on va, de façon ponctuelle,
aider les familles, par exemple, à ce que ça coûte moins cher pour les CPE, à ce
que ça coûte moins cher en éducation, en termes de matériel scolaire, etc. On
va cibler la réduction des coûts pour les familles, des services de qualité,
mais avec nous, vous pouvez être assurés, là, qu'on ne vous promet pas des
bonbons puis de la misère humaine. On vous promet un gouvernement qui va gérer
pour les gens et pour la qualité des services des gens.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant un autre aspect du sondage, celui du vote des jeunes, on entend
beaucoup, dans le discours public et de votre part également que le Parti
libéral est un parti usé, qui est là depuis très longtemps. Et pourtant,
lorsqu'on regarde les chiffres, le Parti libéral, dans la tranche d'âge des jeunes
électeurs, obtient des résultats qui sont plutôt bons. Comment vous expliquez
ça?
M. Lisée
: Bien, on est
deuxième chez les jeunes. Alors, c'est bon de le dire, là, le Parti québécois,
sur l'ensemble des jeunes, on est deuxième. Très content d'être deuxième; on
veut être premier.
Maintenant, chez les jeunes francophones,
c'est encore plus. Parce que c'est sûr que, lorsqu'on regarde le sondage, il y
a les francophones et les non-francophones, qui sont tous de véritables
citoyens, qui méritent le respect, je tiens à le dire, hein? Mais cependant,
lorsqu'on voit qu'il y a une prime aux libéraux chez les anglophones, y compris
chez les jeunes anglophones, lorsqu'on les retire du jeu, bien, la situation du
PQ et du PLQ chez les jeunes francophones est beaucoup plus... J'aimerais ça
avoir le chiffre. Je l'ai demandé hier, mais on n'a pas eu les croisements.
Mais je vous invite à le demander à M. Léger, si ça vous intéresse, puis de
m'appeler avec le résultat. Ah, bien là, je réponds à vos questions, vous
pouvez répondre à une des miennes.
Le Modérateur
:
...dernière en français, je crois, M. Pilon-Larose.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Sur
le sondage également, quel est l'avenir du Parti québécois sur l'île de
Montréal? On sait que, donc, vous allez devoir faire campagne dans Rosemont,
vous allez devoir faire campagne également dans Hochelaga-Maisonneuve. Votre
leader parlementaire, maintenant, Carole Poirier, là, vous l'avez mise dans une
position où elle a plus de visibilité, la lutte doit être féroce. Dans Pointe-aux-Trembles,
la CAQ va faire campagne également férocement dans cette circonscription-là.
Donc, l'avenir du PQ sur l'île de Montréal,
c'est quoi?
M. Lisée
: Bien, moi,
je suis très confiant. Est-ce qu'on va se battre dans chaque circonscription?
On le fait à chaque élection. On ne tient jamais pour acquis le vote des
électeurs. Écoutez, moi, le sondage hier me pousse à penser que... je ne pense
pas que QS, ça va bien marcher, leurs affaires dans Rosemont. Je n'ai pas
l'impression. là. Je n'ai pas l'impression que leur candidat est bien accueilli
nationalement. Je n'ai pas de raison de penser qu'il est bien accueilli dans
Rosemont.
Alors, écoutez, nous, on est confiants. On
a fait du bon travail de députés dans l'est de Montréal, on va avoir des bonnes
propositions à faire, on va être compétitifs dans d'autres comtés. Et, encore
là, on est à cinq mois de l'élection, il va se passer plein de choses.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Sur
la réglementation de l'alcool, il semble y avoir une distinction qui se profile
entre comment on veut encadrer le cannabis, comment on veut libéraliser le
marché de l'alcool. Au cours de la semaine, des gens en santé publique vont
venir se prononcer sur le sujet, dire qu'ils trouvent ça incohérent, les deux
approches du gouvernement.
De votre côté, quelle est votre position
face à ça?
Mme
Hivon
: C'est
ma position?
M. Lisée
: Bien, si tu
veux, vas-y.
Mme
Hivon
: Oui.
O.K. Bien, justement, avec notre collègue Stéphane Bergeron, pour toute la question,
notamment des permis d'alcool, là, que vous devez étudier, j'imagine, cette
semaine, on attend, je dirais, les derniers avis d'experts, pour vraiment
comprendre jusqu'où cette distinction-là doit encore se faire puis est
cohérente.
Donc, c'est un souci qu'on a, mais on veut
entendre la fin des consultations avant de vous donner une réponse précise à
votre question.
Le Modérateur
: En
anglais, Mme Montgomery.
Mme Montgomery
(Angelica) : Hello. Mr. Lisée, what should we
make of the fact that we had to wait until after M. Daoust's death before we
hear this extra information
about what happened with RONA?
M. Lisée
: C'est quoi, «millefeuille», en anglais?
Des voix
: ...
M. Lisée
: We say millefeuille. OK. Well, it was Mr. Daoust's decision, once he left politics, to write this text and to leave it to his advisors who
now…
Mme Montgomery
(Angelica) : …repeat? There's some weird
sound… I'm sorry.
M. Lisée
:
No, I won't repeat.
Des voix
:
Ha, ha, ha!
M. Lisée
:
So it was Mr. Daoust's decision. It was Mr. Daoust's decision to leave this
text after he left politics, and we now have… we now see it. So it was his
choice not to give an interview before.
So the most important
thing that we learn today is, while Premier Couillard was in favor of letting
go control on RONA, which was a strategic entreprise in Québec, Mr. Daoust was
against that. He thought that, for the good of the
economy of Québec, Quebeckers
should keep control. And he was sidetracked and he was pushed into not saying
what he wanted. He was surrounded by people who worked for the Premier instead
of for him, that contradicted his own wishes. And there is a millefeuille of
lies.
I'm not saying that Mr.
Daoust has been completely, you know, upfront during this whole episode. That's
why I say it's a millefeuille of lies, and of maneuvering, and of house of
cards… no, I'll take this back, not that much. But
the crux of the issue is that we had a Premier that didn't believe in the
necessity for Quebeckers to control an important enterprise. His minister
believed that, and, under a PQ government, we wouldn't have had this debate
because we believe that enterprises like RONA should be kept in control of
Quebeckers.
Mme Montgomery
(Angelica) : OK, but Mr. Daoust, even after he
left politics, he never said any of this. Do you think that he was afraid to go
up against his party and this is why he left this posthumous? What we…
M. Lisée
:
I can't speak for his state of mind.
Mme Hivon : But, for sure, it's very troubling.
Le Modérateur
:
Mme Johnson.
Mme Johnson (Maya) : What was that, Mme Hivon?
Mme
Hivon
:
I said for sure, all of this is very troubling.
Mme Johnson (Maya) : And what do you think the Premier's responsibility is today, in
light of these revelations? What kind of a reaction are you expecting?
M. Lisée
:
Well, you know, it won't happen, but he should take responsibility for not
defending Québec's interests in key files, in the RONA file. So he fronted his
own minister on the issue of retaining Québec control. On the REM, electric
train, it's going to be built in India. Why? Because of Mr. Couillard's refusal
to ask for local content.
So there's a thread here
where Mr. Couillard is the anti-economic nationalist at the head of the
Government of Québec, and we're paying for that. And when the PQ is in power,
we'll take reasonable steps to make sure that we don't lose core businesses,
control of core businesses like RONA, and certainly electric trains will be
built locally.
Le Modérateur
:
Mme Fletcher.
Mme Fletcher (Raquel) : One last question. How much do you think the debate about identity
and immigration has impacted these latest poll numbers?
M. Lisée
:
Well, it's clear that the shift from non-Francophones from the CAQ to the
Liberals may be attributed to some… to the very divisive and unacceptable
accusations that Mr. Leitão made towards the CAQ. So, slander works in some
part of the electorate and that is a bit saddening. Merci beaucoup.
Des voix
: Merci.
(Fin à 8 h 33)