(Onze heures sept minutes)
M. Lisée
: Alors,
bonjour, bonne rentrée parlementaire, en particulier à Mme Geneviève
Lajoie, qui est de retour après son congé de maternité. On est très heureux de
vous avoir avec nous.
Et, bien, la nouveauté, encore, prise de
pouvoir par les femmes, la nouvelle leader parlementaire du Parti québécois,
Carole Poirier, que j'aime beaucoup avoir à mes côtés le plus proche possible...
Mme Poirier
: Ça y
est.
M. Lisée
: ... — ah!
bien, voilà, voilà — et donc qui sera avec nous pendant l'essentiel
du reste de la session, qui garde ses dossiers, bien sûr, et qui a été investie
en fin de semaine comme candidate du Parti québécois dans
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Poirier
:
Exactement.
M. Lisée
: Je vous
en remercie. Puis vous savez que, contrairement à la CAQ, où le président de la
Compagnie avenir Québec désigne ses représentants de succursale dans les 125 comtés,
au Parti québécois tous les députés sont à risque. Il y a un moment où
l'investiture est ouverte, et quelqu'un aurait pu se présenter. Et, comme disait
mon oncle, le père Gédéon, tous tes adversaires ont été battus par acclamation,
alors personne n'a osé se présenter contre toi, mais 300 personnes sont
venues dans Hochelaga-Maisonneuve pour applaudir ton travail passé et à venir.
Bon, alors, ces 300 personnes-là, c'étaient tous de véritables citoyens.
Alors, hier, le premier ministre Couillard a
dit quelque chose qui dépasse l'entendement et qu'on ne penserait jamais
entendre de la bouche d'un premier ministre, qui a la responsabilité de parler
avec respect de la totalité des citoyens qu'il représente, y compris ceux avec
lesquels il est en désaccord. Moi, je me prépare à être premier ministre le
1er octobre prochain et je sais que mon premier devoir, c'est de respecter
tous les Québécois, quelles que soient leurs opinions. Et on a vu que le
premier ministre Couillard, depuis plusieurs années, est constamment sur le
bord de l'irrespect des Québécois, et hier il a traversé la frontière de
l'irrespect des Québécois, et, en discutant de signes religieux et de laïcité,
il a dit : On va de l'avant avec les véritables enjeux, les véritables
enjeux des véritables citoyens du Québec. Comme s'il y avait des véritables citoyens
du Québec, ceux qui sont d'accord avec M. Couillard, et des faux citoyens
du Québec, qui ne sont pas d'accord avec M. Couillard. Je veux dire, le
niveau d'indignation des Québécois face à ce genre de catégorisation, de
division, d'irrespect, c'est renversant, c'est renversant.
Alors, quelques rappels tout simples de la
réalité des Québécois. Où sont-ils? Bien, selon un sondage CROP–La Presse — CROP-La
Presse, je souligne — de février dernier, regardons, 76 %
des Québécois sont favorables à l'interdiction des signes religieux pour les
personnes en position d'autorité, 76 %, 66 % pour les éducateurs en
général et même 67 % pour l'ensemble de la fonction publique. Ça, c'est
l'état actuel des citoyens du Québec. Et je vous dis, là, moi, je suis d'accord
avec le 76 %, mais le 24 %, ce sont de véritables citoyens qui ont
droit à leur opinion et qui ont droit au respect de leur opinion.
Maintenant, parlons des électeurs du Parti
libéral du Québec, ceux qui ont élu M. Couillard. Alors, dans un sondage
effectué en février 2017 aussi : Personnellement, êtes-vous d'accord ou
non avec l'idée d'interdire le port de signes religieux pour les juges, les
policiers et les gardiens de prison?, 52 % des électeurs de M. Couillard
sont d'accord. Ils se sont fait dire hier par leur chef qu'ils ne sont pas de
véritables citoyens.
Bon, vous allez me dire : Ses paroles
ont dépassé sa pensée. C'est probablement ce qu'il va vous dire tout à l'heure,
là : J'ai gaffé, ce n'est pas ce que je voulais dire. Bien, nous, on pense
que, si ce n'est pas ce qu'il voulait dire, c'est pas mal proche de ce qu'il
pense vraiment parce que c'est juste l'expression d'un manque de respect pour
les autres positions qu'il a manifestées depuis qu'il est premier ministre. Et
c'est le manque de respect qui a fait en sorte que, l'an dernier, après la
tragédie de la mosquée de Québec, le moment de grâce qui existait dans cette
Assemblée pour voter unanimement un projet de loi sur les règles du
vivre-ensemble, avec la majorité des électeurs libéraux et la majorité des
Québécois, et un projet de loi que nous proposions pour une meilleure
intégration de la diversité dans notre société et dans l'emploi, ce moment de
grâce là a été gaspillé parce que le premier ministre ne respecte pas l'opinion
des autres Québécois. Pour eux, ce ne sont pas de véritables citoyens. Et je
pense qu'aujourd'hui le premier ministre a des explications à donner aux
citoyens du Québec sur les raisons de son manque de respect.
Alors, nous, on annonce, avec Carole, avec
Agnès, que le gouvernement du Parti québécois qui sera élu le 1er octobre
prochain va respecter 100 % des Québécois. C'est le parti de
René Lévesque, celui qui s'est battu à la fois pour le français et pour
les droits des anglophones, celui qui s'est battu pour l'indépendance mais une
relation amicale avec le reste du Canada, celui qui a donné le ton de ce que c'est,
un chef d'État qui a le sens de l'État, le sens du débat et le sens du respect.
Et moi, j'ai hâte au 1er octobre pour que tous les Québécois sachent
qu'ils sont respectés et y compris sur la question des signes religieux. Enfin,
la majorité des électeurs libéraux auront un gouvernement qui respectera leur
opinion, y compris ceux qui sont en désaccord avec nous. Agnès.
Mme Maltais : Une
question se pose à l'heure actuelle. Je me demande où est rendu le parti de
Françoise David sur la question de ces enjeux. J'ai posé la question la
semaine dernière. J'ai entre les mains la charte de la laïcité de l'État
québécois qui avait été déposée à l'Assemblée nationale par
Mme Françoise David, députée de Gouin, en 2013. Je vais citer
l'article 7, c'est bref : «La présente charte n'a pas pour effet de
restreindre le droit d'un fonctionnaire ou d'un employé de l'État de porter un
signe religieux visible dans le cadre de ses fonctions sauf s'il s'agit d'un
juge, d'un procureur, d'un policier, d'un gardien de prison ou d'une autre
personne qui est autorisée à exercer de la coercition au nom de l'État et qui
doit faire preuve d'une impartialité absolue en fait et en apparence.»
Deux nouvelles candidatures de Québec
solidaire sont arrivées cette semaine : Vincent Marissal, qui dit
que, pour lui, l'apparence ne compte pas et que même quelqu'un qui porterait un
turban sikh serait neutre — ça va tout à fait à l'encontre de cette
position déposée à l'Assemblée nationale; deuxièmement, Ève Torres, qui
refuse de dire, qui refuse de dire qu'elle est pour le fait qu'on interdise le
port de signes religieux chez les personnes en situation d'autorité.
Alors, je pense qu'il y a un débat à
l'intérieur de Québec solidaire en ce moment. Je pense qu'il y a des nouvelles
candidatures qui ébranlent les positions antérieures, et on a bien hâte de voir
quelle est la nouvelle position de Québec solidaire à ce sujet. Il va falloir
que nous sachions où ils en sont parce que les nouvelles candidatures ébranlent
les déclarations passées, à l'Assemblée nationale, de leurs anciens leaders.
Le Modérateur
: Merci,
Mme Maltais, M. Lisée, Mme Poirier. On va aux questions. M. Laforest,
micro de droite.
M. Laforest (Alain) : Mesdames,
M. Lisée, pourquoi, à ce stade-ci, ramener ce débat-là?
M. Lisée
: Parce
que le travail n'est pas fait, parce que les libéraux, l'an dernier, auraient
pu le faire, auraient dû le faire. Et, comme le travail n'a pas été fait, et
même ce qui a été fait a été mal fait, bien, la question se pose. Et quelqu'un
pose une question à la mairesse de Montréal, qui répond son opinion personnelle
puis qui ensuite, devant le tollé, la controverse, dit : Bien, en tout cas,
j'aimerais ça que Québec se branche. Mme Valérie Plante, hier, a dit :
Sur cette question, j'aimerais que Québec se branche. Elle a raison, la
mairesse de Montréal, elle a raison, il faut que Québec se branche. Et Québec
ne se branchera pas avec Philippe Couillard, qui manque de respect pour la majorité
des Québécois, il va se brancher avec le gouvernement du Parti québécois. Et
moi, je sais que c'est un débat qui est délicat, qui met des gens qui ont des
vraies convictions, de véritables citoyens avec de véritables convictions qui
sont en opposition, bien, à un moment donné, il faut trancher. C'est comme pour
le cannabis, c'est comme pour mourir dans la dignité, c'est comme pour toutes
les grandes questions, il faut trancher puis trancher dans un sens qui suscite
la plus grande adhésion possible pour passer à autre chose. Et nous, on dit :
D'ici un an, d'ici l'été 2019, le gouvernement du Parti québécois fera
adopter une loi sur les règles du vivre-ensemble et une loi sur le succès du
vivre-ensemble simultanément pour qu'enfin on puisse assainir la situation et
passer à autre chose.
M. Laforest (Alain) : Ce
matin, Manon Massé, on lui a posé la question, là, si elle était prête à vous
appuyer dans votre démarche, elle dit que non, à cause de la clause grand-père.
Pourquoi, dans une garderie, quelqu'un n'aurait pas le droit de porter ses
signes religieux?
M. Lisée
: Bien, écoutez,
c'est la question du rapport d'autorité des éducateurs, éducatrices et
enseignants envers les enfants en bas âge, c'est l'exemplarité, la neutralité.
On n'accepte pas que quelqu'un en autorité avec des enfants porte un signe politique,
péquiste, libéral, trudeauiste, Greenpeace, et autres.
M. Laforest (Alain) :
Mais ça, je le comprends, mais vous n'avez pas l'appui, là, vous n'avez pas
l'appui de Québec solidaire, vous n'avez pas l'appui des libéraux, vous faites
cavalier seul encore.
M. Lisée
: Bien,
moi, je pense qu'on fait cavalier seul avec la majorité des Québécois,
66 % des Québécois, et je pense que c'est le bon sens que, lorsqu'il y a
une personne en autorité avec des jeunes enfants, des enfants du primaire, du
secondaire et de la garderie installée, pas des garderies en milieu familial,
on envoie un signal de neutralité, pour les nouvelles embauches seulement.
Et, pendant qu'on est là-dessus, sur la
clause grand-père, demandez à la CAQ s'ils ont toujours la position que, si un
enseignant du primaire et du secondaire qui est actuellement employé, et qui a
un signe religieux, et qui refuse de l'enlever, est-ce que la CAQ va les mettre
dehors ou non. Moi, je trouve que c'est une position qui manque autant
d'humanisme que leur position de renvoyer des immigrants chez eux après trois
ans s'ils ont échoué à leur test, au test caquiste des valeurs et de la langue.
Le Modérateur
: Merci.
M. Dion, micro de gauche.
M. Dion (Mathieu) :
Bonjour. Pour rebondir sur la question de mon collègue, vous avez dit tantôt :
On annonce qu'on va respecter 100 % des Québécois. Mais, pour respecter
100 % des Québécois, ce ne serait pas le compromis qu'offre Bouchard-Taylor,
notamment quand on voit ce que Québec solidaire pense?
M. Lisée
: Bien,
Bouchard-Taylor, n'a pas l'adhésion unanime des Québécois, il y a des gens qui
sont contre. J'ai lu la Gazette encore hier, et ils sont toujours
contre. Donc, on n'aura jamais 100 %. Mais moi, je respecte la position
des gens de la Gazette. Je comprends pourquoi ils le disent et je ne dis
pas que ce ne sont pas de véritables citoyens. Mais je pense que le consensus
est assez large, et il faut trancher, et les gens vont accepter le fait qu'on
ait tranché, et qu'on passe à autre chose.
Alors, il y a une différence entre l'unanimité
et le respect. Moi, je... Par exemple, M. Couillard a une position de
principe extrêmement forte sur ces questions-là. Je la comprends et je la
respecte. Je ne pas partage pas et jamais je ne dirai que ce n'est pas un
véritable citoyen.
M. Dion (Mathieu) : Et,
avec cette sortie, en ramenant le débat aujourd'hui, est-ce que vous avez le
soutien, l'appui de l'ensemble des membres de votre caucus pour faire cette
sortie-là aujourd'hui, Alexandre Cloutier inclus?
M. Lisée
: Bien,
oui. Qu'est-ce que tu en penses, toi?
Mme Poirier
:
Bien, pas mal, oui.
M. Lisée
: Je
pense que oui. Agnès, qu'est-ce que tu en penses? Oui? Oui?
Mme
Maltais
:
C'est une position de... C'est le programme du PQ.
M. Dion (Mathieu) : Mais
de revenir dans le débat avec ça aujourd'hui, de le relancer comme ça, avec la
sensibilité que ça a.
M. Lisée
: Bien, le
débat est revenu la semaine dernière avec M. Marvin Rotrand, avec Mme Plante
et ensuite avec M. Couillard hier, et donc nous, on s'insère dans le
débat. Ça semble vous intéresser, ça intéresse les Québécois, M. Couillard
a dit quelque chose d'inacceptable, et donc on réitère ce qu'il y a exactement
dans le programme du Parti québécois, qui est lui-même un point d'équilibre,
hein? Il y a des débats au sein du Parti québécois, ce qu'il y a dans le
programme est un point d'équilibre. On ajoute le fait que nous, au gouvernement,
on va agir rapidement parce que ça traîne depuis 10 ans et ça cause des
problèmes aux communautés qui se sentent stigmatisées par ça. On le reconnaît,
c'est pour ça qu'il faut agir et passer à autre chose.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Lévesque, micro de droite.
Mme Lévesque (Catherine) :
Bonjour. Toujours sur les «véritables citoyens», est-ce qu'on peut faire un
parallèle avec les «deplorables» d'Hillary Clinton, par exemple?
M. Lisée
: Ce
n'est jamais une bonne idée de manquer de respect aux citoyens qui ne sont pas
d'accord avec vous, jamais une bonne idée.
Mme Lévesque (Catherine) :
Sur un autre sujet, rapidement, Pointe-aux-Trembles, l'investiture arrive à
grands pas. On a vu récemment Catherine Fournier, Pascal Bérubé donner leur
appui formel à Jean-Martin Aussant. Est-ce qu'il y a... Est-ce que vous pensez
que ça va être serré ou est-ce que vous pensez que M. Aussant va
réellement... va gagner?
M. Lisée
: Bien,
moi, les informations que j'ai, c'est qu'il va avoir une bonne victoire. Mais
c'est la démocratie au Parti québécois, encore une fois, on n'est pas à la
Compagnie avenir Québec, les gens peuvent se présenter. Il y a des conventions
convoitées, et celle-là l'a été par deux candidats, et on aura la réponse très
bientôt.
Mme Lévesque (Catherine) :
La Compagnie avenir Québec?
M. Lisée
: Oui,
j'appelle ça la Compagnie avenir Québec parce que M. François Legault a
décidé, plutôt que d'essayer de devenir chef du Parti québécois, de créer sa
propre compagnie dont il était le président, et c'est lui qui désigne les
candidats dans les 125 comtés. Il n'y a pas d'investiture, ses députés
actuels sont désignés par lui. Nous, nos députés, il y a toujours une possibilité
de contestation dans leurs investitures, ils se mettent tous à risque. René
Lévesque a créé un parti pour avoir plus de démocratie au Québec; François
Legault a créé un parti qui a moins de démocratie dans son parti.
Le Modérateur
: M. Lacroix,
micro de gauche.
M. Lacroix (Louis) :
Bonjour, mesdames, M. Lisée. Sur la question, vous dites que vous voulez
régler ça d'ici l'été 2019. Ça ramène la fameuse question des chartes, là.
La semaine dernière, M. Couillard balayait dans la cour de Valérie Plante
la question sur le port des signes religieux par les policiers du SPVM. Par la
suite, vendredi après-midi, il a laissé entendre, sur les ondes du FM93, que ça
pouvait même être illégal d'interdire le port des signes religieux. Alors, vous
faites quoi avec la question des chartes?
M. Lisée
: Bon,
d'abord, moi, je me réfère à un chroniqueur juridique bien connu, Yves
Boisvert, qui, depuis 10 ans, nous rappelle que c'est une légende urbaine
de dire que la Cour suprême protège le droit d'avoir un signe religieux à la
GRC — c'était le turban sikh — ce n'est pas vrai. La GRC a
décidé de permettre le turban. Des retraités de la GRC ont contesté le droit de
la GRC de faire cela. La Cour suprême... la Cour d'appel du Canada a dit :
Si la GRC décide de le faire, rien ne lui interdit, et la Cour suprême a refusé
de prendre l'appel. Alors, l'état du droit, c'est que rien n'interdit à un
corps de police d'admettre des signes religieux, mais il n'y a aucun jugement
de haut tribunal du pays qui dit qu'il est interdit d'interdire les signes
religieux, pour une assemblée parlementaire, chez les policiers.
Donc, M. Couillard prend son opinion
pour l'état du droit. L'état du droit ne dit pas que c'est illégal, la Cour
suprême n'a jamais tranché. Si on lui posait la question, qu'est-ce qu'elle
dirait? On ne le sait pas, on ne le sait pas. Mais de dire que c'est illégal de
la part d'un premier ministre, alors que ce n'est pas illégal, encore une fois,
c'est un manque de respect, là, pour l'état du droit.
M. Lacroix (Louis) : M. Marissal
laissait entendre, la semaine dernière, que la question de la souveraineté, ce
n'était pas si pressant que ça, dans le fond, parce que Québec solidaire ne
sera pas élu à la prochaine élection. Comment vous trouvez l'entrée en politique
de M. Marissal? Il y a quelques contradictions, ça, ça peut paraître un
peu maladroit. Comment vous qualifiez le début de carrière politique de Vincent
Marissal?
M. Lisée
: Bien,
j'ai écrit sur la question. Je dirai simplement que, pour moi, un trudeauiste
indépendantiste, je ne pensais pas que ça existait. C'est comme un végétarien
carnivore, tu sais, il y a un moment où il faut que tu décides. Je sais qu'il y
en a parmi vous qui pensez que tu peux être l'un, un jour, un, l'autre jour.
Mais, sur la question de l'indépendance du Québec, d'adhérer à un parti qui
veut la faire et qui prétend la faire dans la première année de son mandat — qui
est QS — mais d'avoir magasiné dans un parti qui veut mettre toute
son énergie à l'interdire dans une même personne, moi, je n'avais jamais vu ça.
Le Modérateur
: Mme Lajoie,
micro de gauche.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour. La SQ compte bien faire appel au gouvernement pour se gouverner si
jamais un de ses employés, un policier demande à pouvoir porter des signes
religieux ostentatoires comme un turban ou le hidjab. M. Couillard doit
leur répondre quoi lorsqu'ils vont s'adresser à lui?
M. Lisée
: Bien,
écoutez, il leur répondra que ce n'est pas un véritable enjeu puis qu'il est
posé pas par de véritables citoyens. Ça, ce sera sa réponse irrespectueuse.
Moi, je leur réponds, à la SQ : Vous
avez raison de demander au gouvernement et à l'Assemblée nationale quoi faire
dans ce cas-là parce que ça revient à l'Assemblée nationale de prendre ces
décisions de société très importantes. Puis, deuxièmement, attendez donc le
gouvernement du Parti québécois à partir du 1er octobre, vous allez avoir
une réponse beaucoup plus claire.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Je voudrais revenir un peu sur, justement, là, bon, le thème de l'identité, qui
revient, là, depuis la semaine dernière. Est-ce que ce n'est pas un peu
hasardeux pour le Parti québécois de se jeter comme vous le faites dans ce
débat-là encore une fois?
M. Lisée
: Le
Parti québécois a été créé pour la langue, l'indépendance et la laïcité. Il
faut se souvenir qu'à l'époque, de faire en sorte que la religion catholique
soit moins prégnante dans notre société, c'était un des grands combats de René
Lévesque et des gens qui ont fait la Révolution tranquille. Alors, nous, on est
le parti qui a accompagné... J'étais conseiller de M. Bouchard lorsque,
avec Mme Marois, on a fait même un amendement constitutionnel avec
Stéphane Dion pour faire en sorte que nos commissions scolaires religieuses
deviennent des commissions scolaires linguistiques. Alors, la marche vers la
laïcité est inscrite dans la raison d'être du Parti québécois.
Alors, évidemment, on apporte chacun notre
couleur à ça, chaque chef du Parti québécois, et, moi, ma contribution, c'est
de dire, depuis un an et demi, un peu comme je le faisais avant comme blogueur
puis comme ministre : Il faut être fermes sans être fermés. Sur les signes
religieux, il faut procéder de façon ouverte, facilement compréhensible mais graduelle,
dans le respect des employés existants, par exemple, dans l'éducation et les
garderies installées et qu'il faut simultanément envoyer un signal fort de
notre volonté de faire de chaque membre de la diversité au Québec et chaque
nouvel arrivant... de faire de sa vie un succès d'intégration. Et ça, c'est ce
que j'apporte au débat, qui n'était peut-être pas aussi présent que je l'aurais
voulu dans des étapes antérieures, dans des épisodes précédents.
Moi, maintenant, j'ai la responsabilité...
avec le caucus, on a fait l'unanimité autour d'une position. Le programme du Parti
québécois a été adopté, on ne va pas se cacher de ça. Maintenant, est-ce que je
veux que ce soit le sujet central de l'élection? Non. Est-ce que je veux que
les gens sachent ce qui va se passer si un gouvernement du Parti québécois est
élu le 1er octobre? Oui. Je l'ai dit en santé, je le dis en laïcité, on va
le dire en éducation, je l'ai dit, dans la région de Montréal, en mobilité, et on
va continuer de le décliner.
Ensuite, quel sera l'enjeu majeur ou,
disons, les trois enjeux majeurs de l'élection? À six mois de l'élection, je ne
peux pas vous dire. C'est le salaire des médecins, les questions de laïcité,
les questions... je ne sais pas.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Plante.
Mme Plante (Caroline) :
Vous parliez, tout à l'heure, de la CAQ. Est-ce que vous croyez M. Legault,
qui dit qu'il formerait un conseil des ministres paritaire?
M. Lisée
: Bien,
j'espère. Écoutez, c'est une évolution fulgurante. Moi, je suis très, très,
très heureux de l'évolution fulgurante de M. Legault, pour qui... qui
avait très, très peu de sensibilité à ce sujet-là il y a quelques mois à peine,
qui refusait de s'engager à avoir un gouvernement paritaire. Moi, je me suis
engagé... nous nous sommes engagés à avoir un gouvernement paritaire il y a
deux ans. Écoutez, moi, tout ce qui fait avancer la cause des femmes, ça me
fait plaisir. Et que, finalement, François Legault voie la lumière, c'est une
bonne nouvelle. Je lui souhaite la bienvenue parmi ceux qui veulent un
gouvernement paritaire.
Maintenant, qu'il n'ait pas su... parce
qu'on me dit qu'hier c'était un de ses arguments centraux, un engagement-phare
de la CAQ, de faire en sorte que, dans les conseils d'administration de l'État
et du secteur public, il y ait la moitié de femmes. C'est fait, c'est fait,
alors ça me laisser douter, là, comme d'habitude, de la qualité de sa recherche
puis de sa connaissance du dossier. Mais je ne veux pas trop le chicaner
là-dessus parce que ça partait d'un bon sentiment.
Mme Plante (Caroline) :
Est-ce qu'au Québec on devrait faire le débat sur les mères porteuses et la
rémunération?
M. Lisée
: Non
seulement on devrait le faire, mais on aurait dû commencer à le faire il y a
trois ans. Il y a un rapport qui a été commandé par le gouvernement de Mme Marois
sur la réforme de la famille avec plusieurs éléments importants de mise à jour,
dont ce débat-là. Ce n'est pas le temps de le faire en campagne électorale.
C'est un débat, comme celui qu'a mené, avec grand doigté et capacité de
rassemblement et d'écoute, Véronique Hivon, comme mourir dans la dignité, qu'il
faut faire à partir d'un début d'un mandat lorsque les tensions sont apaisées,
lorsque les gens peuvent discuter plus librement. Et, nous, c'est dans ce
cadre-là qu'on l'envisage pour le prochain mandat. Là, on a repris quatre ans
de retard là-dessus, comme sur la ligne bleue, comme sur tant de choses. On va
se reprendre.
Le Modérateur
: Merci.
Parfait. En anglais, Mme Johnson.
Mme Johnson
(Maya) : Good morning, Mr. Lisée. Are religious
symbols going to be a key campaign issue for you?
M. Lisée
:
Sorry?
Mme Johnson (Maya) : Are religious symbols going to be a key
campaign issue for the PQ?
M. Lisée
: Not necessarily, not necessarily. We're talking about it this week
because it as become an issue in Montréal in the last week. And the Premier said something unconscionable, the
Premier said something unconscionable yesterday when he said that people who
disagreed with him were not real citizens. He said that, they are not real
citizens. So, who are those not real citizens? 76% of Quebeckers
are in favor of complete neutrality in the wardrobe of judges, prison guards,
and police officers. And so, are these 76% of Quebeckers not real citizens? And what about the 51.6% of Liberal voters, are they not represented by Premier Couillard? I mean, this disrespect for other
people's opinion is intolerance, it is intolerance, and I pledge here that,
when I'm Premier on October 1st, I will respect everyone's opinion. We
will never have unanimity on this issue, but people who disagree with me are
real citizens, including Premier Couillard. And so, I can't believe that he was
so disconnected form a majority of Quebeckers and of his own voters to be
disdainful and irrespectful of other people's opinions.
Mme Johnson (Maya) : He has repeated that he believes his Government has addressed the
issue with Bill 62. It sounds like you're saying Bill 62 is a failure
and you would do something different if you came to power. What would this law
on «vivre-ensemble» look like?
M. Lisée
:
Well, it will certainly… We want to do both things simultaneously : the
rules of «vivre-ensemble» and the success «vivre-ensemble».
Carole has tabled a bill
last November with 20 measures that would make life easier for newcomers
and members of the diversity in Québec in employment, in the public sector, in
boards, and we're very serious in wanting to send the signal that everyone's
story should be a success story in Québec. The rules on religious symbols, for
example, that we propose would go further than Bill 62, with
Bouchard-Taylor and for people who have an authority position towards children,
teachers from elementary and secondary schools, and educators in kindergartens
that are installed, not at home but installed, but while respecting those who are already employed — only for new hires would we apply these new rules. I think it's a
token of the respect with which we want to advance in a delicate debate where
positions are strongly affirmed by both sides. And again, contrary to Premier Couillard, I respect those who disagree with me.
Mme Johnson (Maya) : How would you characterize the way the Premier handled that
question about the possibility of hijabs or turbans for Montréal police
officers when he said : It's up to the mayor and the police chief to
decide how they should deal with that within their own territory?
M. Lisée
:
It's a complete refusal of responsibility. Either he says : My position is
that it should not happen and I'm asking a person not to do it, which is a
position, or he says : Well, I permit it, and it should be the law of the
land. He decided to pass the buck to the mayor, to the police chief, and it's
not a good way to settle this issue. And Mayor Plante said yesterday : Québec
has to decide. She is right, Québec has to decide the rule of law for all
Quebeckers and all policemen in Québec, and that's what's going to happen
within a year when we are in power.
Le Modérateur
:
Merci. M. Authier.
M. Authier (Philip)
:
Hello. On that same thing, issue, are you asking Mr. Couillard to
apologize, to retract his remark? What exactly are you going to do? How are you
going further with this?
M. Lisée
:
I'm asking him to lose the election. Ha, ha, ha! I think he's unreformable, you
know. Again, I will quote Yves Boisvert and, you know, he told me to stop
quoting him because, after three times, he feels that I can use the expression,
but I love an expression that he used when someone said something terrible and
then apologize and Yves wrote : «Ses excuses ont dépassé sa pensée.» And
I'm sure that, if Mr. Couillard were to apologize, his apologies would go
beyond his thought process, because what he said yesterday is basically what he
thinks, that people who disagree with him are not real citizens.
M. Authier (Philip)
:
Have you ever heard him apologize for anything?
M. Lisée
:
Yes, once. He apologized for the disaster on autoroute 13. It is the only
time he apologized for his own mandate, so that's why I remember it.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup, tout le monde.
M. Lisée
: Merci
beaucoup.
(Fin à 11 h 36)