(Huit heures cinq minutes)
M. Lisée
: La politique
budgétaire du gouvernement libéral, c'est celle-là. Alors, qu'est-ce qui se
passe là, c'est l'augmentation des dépenses du gouvernement, depuis qu'il est
là, et après. En dessous de la ligne pointillée, ça veut dire qu'il y a des
compressions, c'est-à-dire que l'augmentation des dépenses n'est pas assez
forte pour absorber l'augmentation des salaires et des besoins. Alors, vous
remarquez qu'il y en a avant le budget électoral et il y en a après le budget
électoral. Ça veut dire qu'hier le gouvernement libéral a confirmé que c'est
des souffrances, des bonbons et des souffrances. Et c'est bizarre parce que les
bonbons arrivent avant l'élection mais les souffrances reviennent après.
Et, quand je dis des souffrances, là,
qu'est-ce que ça veut dire d'être en dessous de cette ligne? Bien, ça veut
dire, cette dame avec la sclérose en plaques qui s'est fait dire qu'elle se
faisait couper de 10 heures de soins à domicile par semaine; ça veut dire,
cette dame qui était en chaise roulante, qui a dû choisir entre coucher dans sa
chaise roulante ou avoir des soins pour l'aider à manger; ça veut dire des
enfants autistes qui ont pris plus qu'un an d'attente avant d'avoir un
diagnostic.
Ça veut dire que, quand on est en dessous de
la ligne, là, on se met à mettre à la porte des professionnels. On augmente la
charge de travail des infirmières puis des préposés. Alors, oui, le
gouvernement sort de la ligne. Le gouvernement, cette année, fait en sorte que
tout le monde presque reçoit un bonbon. Mais ça a été payé par de la souffrance
humaine ici puis ça va être payé par de la souffrance humaine, là.
Alors, on disait que ce gouvernement qu'il
avait un déficit de compassion. Bien là, il a un déficit de compassion, il y a
un surplus de cynisme électoraliste puis il retourne dans un déficit de
compassion programmé.
Alors, écoutez, vous allez nous demander
si on est contents de certaines des dépenses aujourd'hui. Bien sûr qu'on est
contents de certaines des dépenses aujourd'hui, mais on n'est pas contents du
cynisme programmé de ce gouvernement depuis quatre ans et pour les années à
venir. Et c'est tellement... je veux dire, c'est tellement hors normes, hein?
Vous allez me dire : Il y en a des gouvernements, des budgets
préélectoraux, c'est toujours comme ça. Oui, mais là, c'est hors normes.
Et moi, c'est la première fois que je vois
un gouvernement qui ose nous dire, dans ses prévisions budgétaires : les
compressions reviennent. Dès que les libéraux seront réélus, dans les 18 mois
qui suivent, les compressions reviennent, et ils espèrent que les gens vont
acheter ça. Ils espèrent que les gens avertis de la manoeuvre, du truc cynique,
vont vouloir recommencer pour un autre quatre ans. Trois ans de souffrance, un
an de bonbons, trois ans de souffrance, un an de bonbons, c'est le plan libéral
pour les décennies à venir.
Nous, on dit : Plus jamais ça, plus
jamais ça, jouer avec nos enfants, nos aînés, nos patients pour faire en sorte
qu'une année ils soient en compression, puis là, pendant un an ou deux, ah,
tout à coup, il y a des services puis ensuite ils retombent en compression. Ce
n'est pas comme ça qu'on doit gérer le Québec. Ce n'est pas comme ça qu'on a à
coeur les intérêts des Québécoises et des Québécois.
Alors, c'est révoltant. C'est une façon
révoltante de gérer les affaires publiques à des fins purement partisanes, de
jouer avec la vie des gens, avec les soins à domicile, avec les soins dans les
CHSLD, créer de la misère humaine pour avoir un objectif de réélection pur et
simple. Véronique.
Mme
Hivon
: Oui.
Je pense qu'on pourrait dire en termes vraiment d'approche du gouvernement
libéral par rapport aux services à la population, en matière sociale, c'est
clairement le pompier pyromane ou le pyromane pompier, parce que la pyromanie
est arrivée avant, bien sûr, qu'on essaie d'éteindre le feu. Puis vous savez ce
qui arrive quand il y a un feu? Bien, évidemment, il y a des dommages
irrémédiables et des séquelles irrémédiables parce qu'on ne peut jamais
reconstruire les choses comme elles étaient.
Et qui fait les frais de ces dommages et
de ces séquelles? Bien, comme le disait très bien Jean-François, ce sont nos
personnes les plus vulnérables et ça, ça ne sera jamais remis en état, parce
que les enfants qui ont été privés de services, c'est des années de sacrifiées
dans leur apprentissage, dans leur développement futur. Les aînés qui ont eu
des pertes parce qu'ils n'ont pas eu les soins requis, bien, c'est de
l'autonomie perdue à jamais, et ça, c'est très grave.
Alors, je pense que personne n'est dupe
aujourd'hui, et il y a un autre secteur qui a vraiment fait les frais de ce
pompier pyromane ou de ce pyromane pompier de gouvernement libéral, c'est, bien
sûr, tout ce qui concerne la petite enfance et nos centres de la petite
enfance, qui sont vraiment un joyau. Et c'est grave, ce qu'on constate, un
geste délibéré hier dans le budget, qui reflète toute l'obsession de ce
gouvernement pour le privé, toute l'idéologie proprivé de ce gouvernement,
c'est clairement de dire qu'on augmente le crédit d'impôt pour les services de
garde privés, de garderies commerciales, de garderies à but lucratif.
C'est quoi, l'effet de ça? Bien,
évidemment, c'est encore de détériorer notre soutien pour les centres de la
petite enfance et surtout, c'est de privilégier le privé plutôt que la qualité.
Alors, vous voyez, tous ces beaux discours
du gouvernement depuis quelques semaines, depuis quelques mois, sur la priorité
à la réussite éducative, sur l'importance de l'agir tôt, sur l'importance de
commencer à miser sur la réussite dès la plus petite enfance, bien, c'est du
vent quand on constate les choix concrets qui sont faits, et ce choix-là
d'aller privilégier, avec un crédit d'impôt augmenté, les garderies privées
commerciales, ça a pour effet, vous le savez très bien, que plusieurs parents
vont se tourner vers les garderies privées, parce que financièrement, ça va
être plus avantageux pour eux d'y avoir recours. Et pourtant, étude après
étude, il est démontré que les services en centre de la petite enfance sont
toujours d'une qualité supérieure globalement.
Alors, ça, c'est très grave, puis l'autre
effet pervers qui est très grave, c'est qu'on va encourager encore davantage
tout le réseau non régi de garderies à la maison, parce que, oui, ces crédits
d'impôt là sont aussi accessibles pour les gens qui vont dans le non régi, où
il n'y a aucun programme éducatif, aucune formation d'exigée, aucune exigence
de qualité à la base même. Alors, c'est très grave. Pour un gouvernement qui
est supposé faire de la réussite des enfants une priorité, bien, on voit que ce
n'est que de la poudre aux yeux. Nicolas.
M. Marceau : Bonjour. Je veux
parler de deux choses rapidement. Tout d'abord, la question du commerce
électronique, je voudrais juste, bon, vous clarifier un peu ce qui a été
annoncé hier. Bon, vous savez que, pour les biens intangibles achetés à
l'étranger, donc le contenu culturel, les téléséries, les films, la musique, le
gouvernement a annoncé son intention d'obliger les fournisseurs à s'inscrire en
taxes. Et donc cette approche qui a été choisie par le gouvernement a le
potentiel de régler le problème, et là-dessus, on est d'accord.
Maintenant, ça laisse de côté le plus gros
problème, la partie la plus importante, c'est-à-dire tout ce qui concerne la
taxation du commerce électronique des biens tangibles. Là, on parle des
vêtements, des souliers, des appareils électroniques, des bijoux, bon, et
autres. On parle de M. Simons, on parle des 2 000 boutiques, des
2 000 commerces qui ont fermé l'année passée au Québec. C'est d'eux
autres qu'on parle, là.
Pour ces gens-là, ça représente
premièrement 60 %, 58 %, là, pour être plus clair, des pertes
fiscales du gouvernement. Vous allez le trouver, si vous regardez à la page B.13
des renseignements supplémentaires. Donc, à la page B.13 des
renseignements supplémentaires, je vous invite à aller voir, vous allez voir
les pertes fiscales du gouvernement, vous allez pouvoir constater que les
pertes fiscales pour ces biens tangibles s'élèvent à 158,4 millions pour
l'année passée. Et là-dessus, et c'est là qu'est le drame, il n'y a rien, hein?
C'est le statu quo ou, en fait, vous pouvez partir à rire si vous voulez, ils
proposent un renforcement des frontières canadiennes, alors que, dans le
dernier budget Morneau, il n'y avait rien, hein? Malgré la demande qui avait
été formulée l'année passée par le gouvernement québécois, par le gouvernement
du Québec, il n'y avait rien dans le budget Morneau pour le renforcement des
frontières. On reconnaît même dans le texte des renseignements supplémentaires
qu'une infime fraction des colis sont interceptés à la frontière. Et ce qu'on
nous propose, c'est un projet pilote, regardez.
Alors, essentiellement, c'est le statu quo
pour Peter Simons, pour les boutiques, pour les commerces de nos centres
d'achat puis sur nos rues principales. Et les 2 000 commerces qui ont
fermé, évidemment, pour eux, il est trop tard, mais, pour les autres commerces
du Québec, c'est très inquiétant. L'inéquité fiscale qui existe présentement se
poursuit et est maintenue malheureusement. Et il y a quelque chose à faire, le
gouvernement peut redresser la situation. Il suffirait d'utiliser la même
approche qu'on a utilisée pour les biens intangibles, hein, c'est-à-dire exiger
des vendeurs en ligne qu'ils s'inscrivent en taxes au Québec aussi. On peut
faire ça très aisément, mais le gouvernement se refuse à le faire et pour une
raison qui est complètement inexplicable, qui ne tient pas la route.
Peut-être un dernier point. Je veux vous
parler de la question du transport aérien régional. Sur cette question-là, en
fait, le gouvernement y va d'un crédit d'impôt pour billet trop cher. Donc, un
nouveau crédit qui est introduit, et essentiellement, ce qu'on va faire, c'est
qu'on va permettre aux consommateurs qui paient des billets trop cher de
réclamer auprès du gouvernement un crédit d'impôt. Évidemment, ça ne va pas
inciter Air Canada à réduire ses prix, bien au contraire, et implicitement on
se trouve à subventionner Air Canada.
Alors, hier, c'était une très bonne
journée pour Air Canada qui va avoir de l'aide pour augmenter le prix de ses
billets auprès des consommateurs québécois. Il y aurait eu une alternative, que
nous avons formulée, qui est celle de contrôler les prix, qui est celle
d'encadrer les prix. Mais, pour des raisons encore idéologiques, on préfère
subventionner Air Canada plutôt que de contrôler les prix, plutôt que... alors,
déplorable. Merci.
Le Modérateur
: Merci,
madame et messieurs. On va aller aux questions. Micro de droite, M. Laforest.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous. M. Lisée, vous avez dit quand même quelque chose d'assez surprenant,
dur : Le gouvernement a joué avec la vie des gens.
M. Lisée
: Oui.
M. Laforest (Alain) : Sur
quelles bases?
M. Lisée
: Bien, sur
quelles bases, c'est que, lorsqu'il a fait ses compressions dans les premières
années, il savait qu'il était en train d'accumuler des surplus. Au moment où la
Protectrice du citoyen lui dit : Vous créez de la misère humaine, vous
réduisez le nombre d'heures de soins à domicile, vous rationnez les soins à
domicile, vous mettez en cause la qualité des services dans les CHSLD, il
savait qu'il faisait des surplus. Le ministère des Finances lui disait : À
chaque trimestre, vous êtes en train d'accumuler des surplus. Ils ont décidé de
continuer. Pourquoi? Parce qu'ils voulaient gagner l'élection. La seule raison.
Et ils s'organisent, là... ils vident les
caisses au complet, là, il n'y a plus un sou nulle part, là, il n'y a plus de
réserve, il n'y a plus aucun coussin en cas de coup dur puis de récession, puis,
de toute façon, ils dépensent tellement qu'ils savent qu'ils vont recréer des
compressions après 18 mois. Alors, oui, ces compressions-là...
Les enfants qui n'ont pas eu
d'orthophoniste ici, les enfants qui n'ont pas eu de psychopédagogue, les
enfants qui n'ont pas eu de diagnostic d'autisme ou de déficience
intellectuelle ou qui ont eu des épisodes de soins, ça veut dire que ce n'est
pas des soins continus, ils ont payé ici. Ils ont payé pour longtemps. Et,
comme disait Véronique, il y a des lacunes...
Mme
Hivon
: Des
séquelles.
M. Lisée
: Il y a des
séquelles, parce que tu n'as pas été pris à temps, que tu vas traîner pendant
très longtemps. Et là ils nous annoncent, là, à tous les vulnérables, à
l'Éducation, à la Santé, à l'Environnement : Attendez-vous, si vous nous
réélisez, ça va recommencer, les compressions.
M. Laforest (Alain) : Vincent
Marissal à Québec solidaire contre vous...
M. Lisée
: Bien, contre
moi, je ne sais pas. En tout cas, si Vincent Marissal veut se présenter en
politique, je lui souhaite la bienvenue. Je pense qu'on a besoin de gens de
qualité et de gens qui connaissent la politique. Vincent a démontré une bonne
connaissance des affaires politiques. S'il va à Québec solidaire, c'est son
choix, puis le je respecte.
Sur l'île de Montréal, il y a 21 députés
et ministres libéraux, des gens qui ont fait des compressions, des gens qui ont
permis à des compagnies pétrolières d'avoir le droit d'exproprier, des gens qui
n'ont pas travaillé pour le bien commun. Alors, il a le choix, s'il veut
contribuer au bien commun, de se présenter contre un des 21 ministres ou députés
libéraux de l'île de Montréal. Il y en a encore plus à Laval puis il y a des
caquistes dans les couronnes.
Alors, s'il devait décider de se présenter
dans un comté péquiste, bien, ça nous dirait quelque chose sur le réel objectif
de Québec solidaire. Moi, dans Rosemont, je suis très confiant de l'emporter. Je
pense, j'ai tissé un très, très bon lien avec la population, avec les
organisations, avec les groupes locaux. Mais posons l'hypothèse que M. Marissal
fasse une bonne campagne dans Rosemont, le seul résultat vraisemblable, c'est
qu'il donne le comté aux libéraux. Ça, ce serait sa contribution au bien
commun, donner Rosemont aux libéraux s'il performe. Moi, je n'y crois pas, mais
c'est le choix qu'il a devant lui.
Journaliste
: ...mais
ailleurs.
M. Lisée
: C'est son
choix.
Le Modérateur
: Merci.
M. Bellerose, micro de gauche.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. Lisée. Pour rebondir sur la question de M. Laforest, si M. Marissal
est souverainiste, puisqu'il pourrait se présenter pour Québec solidaire, est-ce
qu'il serait le bienvenu au Parti québécois?
M. Lisée
: On est prêts
à discuter avec lui, bien sûr.
M. Bellerose (Patrick) : Ce
serait un bon candidat?
M. Lisée
: Ça pourrait.
M. Bellerose (Patrick) : Avec
le budget présenté hier, le gouvernement utilise le coussin qu'il s'était mis
en réserve, il fait aussi des projections sur cinq ans. Est-ce qu'il vient de
vous enlever de la marge de manoeuvre pour le cadre financier pour la plateforme
électorale?
M. Lisée
: Il vient
d'enlever de la marge de manoeuvre aux Québécois. Il vient de faire en sorte
que, s'il y a un coup dur, une guerre commerciale, un krach boursier, le Québec
est sans ressources pour amortir le choc.
M. Bellerose (Patrick) : Est-ce
qu'il vient de lier les mains pour la campagne électorale?
M. Lisée
: Bien, il
vient de lier les mains aux Québécois. Nous, heureusement, contrairement à la
CAQ et au Parti libéral, on a pris une décision il y a longtemps, c'est que
nous allons geler la rémunération des médecins. Et donc il y a plusieurs
milliards de dollars qui vont être dépensés par les libéraux et la CAQ. La CAQ,
on ne sait pas le montant, ils n'ont pas encore fini de calculer, mais, pour le
Parti libéral, on sait, c'est entre 3 et 5 milliards qui vont être
dépensés en 10 ans.
Ça, cet argent-là, nous, on va le
récupérer pour investir dans les services, dans la santé en particulier, ce
qu'ils n'ont pas fait hier sur les paradis fiscaux, alors qu'ils ont la
capacité de dire que le Québec n'accepte plus les conventions de paradis fiscal
du gouvernement fédéral, qui légalise l'évasion fiscale dans un certain nombre
de paradis, nous, on va dire : À partir de maintenant, si vous avez des
revenus dans ces paradis fiscaux, vous devez les déclarer et payer votre impôt
à Revenu Québec.
Donc, on a encore des instruments que les
libéraux ont refusé d'utiliser, mais il est certain qu'ils compliquent la vie
du Québec pour les années à venir.
Le Modérateur
: Micro
de droite ensuite, s'il vous plaît.
M. Bellerose (Patrick) : ...les
paradis fiscaux, les médecins, ça représente combien environ que vous pouvez
aller chercher...
M. Lisée
: Bien,
paradis fiscaux, juste pour les spécialistes, c'est 5 milliards sur neuf
ans, c'est ça?
Mme
Hivon
:
Paradis fiscaux pour les spécialistes.
M. Lisée
: Les paradis
fiscaux pour les spécialistes.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme
Hivon
: Ça,
c'est une nouvelle combinaison. On s'en vient là-dessus, là.
M. Marceau
: Il y a peut-être
une intersection.
M. Lisée
: Il y a peut-être
une intersection, oui, c'est ça. Paradis fiscaux, c'est une boîte à surprise.
Alors, on ne sait pas combien de gens vont se mettre à dire : Jusqu'à
maintenant, mon comptable m'avait dit que c'était légal d'être dans le paradis
fiscal; maintenant, il me dit que c'est une fraude, parce que le gouvernement
du Parti québécois vient de dire qu'il faut déclarer.
Alors, combien de milliers d'entreprises
et de citoyens vont dire : Je ne veux pas frauder et donc je vais
déclarer? Dizaines... combien de dizaines de millions de dollars? Est-ce que c'est
davantage? On le saura dans les premiers deux ans de notre mandat.
Le Modérateur
: Merci.
M. Pilon-Larose, à droite.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Vous
vous êtes engagé, par le passé, à ne pas réduire les impôts si vous êtes élu, à
les garder au niveau auquel ils seront le 1er octobre prochain.
Se peut-il que, dans les années à venir,
l'évolution du coût de système et des besoins pourraient faire en sorte que
vous déposeriez des budgets déficitaires pour pouvoir assumer la croissance des
coûts?
M. Lisée
: Ce n'est pas
envisagé. Nous, on pense que, lorsqu'on est en croissance économique, les
budgets doivent être équilibrés. Si on est en récession, c'est à ce moment-là
qu'on peut faire des déficits pour amortir le choc, mais, tant qu'on est en
croissance économique, le budget doit être équilibré.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Parfait. Sur les biens tangibles, est-ce que le provincial peut agir seul,
contrairement, là, aux biens intangibles?
M. Marceau : Bien, oui, de la
même manière que... Écoutez, demander aux fournisseurs de biens intangibles de
s'inscrire en taxes au Québec, c'est égal à demander aux fournisseurs de biens
tangibles... tangibles, intangibles, ça ne change strictement rien. C'est vrai
que, dans le cas des biens tangibles, il y a une alternative à cette
inscription en taxes, hein, l'obligation de s'inscrire en taxes, parce
qu'effectivement, à la limite, vous pourriez mettre une barrière qui est
suffisamment étanche pour empêcher les biens de rentrer.
En pratique, on parle d'une fraction
infime des colis qui sont présentement interceptés à la frontière, et cette
approche, elle a démontré depuis longtemps son inefficacité. Et dans le cas,
évidemment, des biens intangibles, il n'y a rien à faire, il faut absolument
passer par une inscription en taxes. Moi, je ne comprends pas... puis
j'entendais hier la fiscaliste Marwah Rizqy dire la même chose que je vous dis
maintenant, il n'y a aucune raison de faire une distinction entre les biens
tangibles et les biens intangibles. Et, comme les biens intangibles, ça
représente l'essentiel des pertes fiscales, je veux dire, c'est dramatique, là,
et ce sont encore une fois nos commerces de nos rues principales, de nos
centres d'achats qui sont en danger.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Une
petite dernière, en terminant, sur la politique culturelle. Les libéraux, hier,
annoncent une hausse qu'ils qualifient d'historique du budget du ministère de
la Culture, déploient 509 millions pour lancer, sur cinq ans, leur nouvelle
politique culturelle. Est-ce qu'ils reprennent le flambeau de l'identité et de
la culture?
M. Lisée
: Bien, écoutez,
on attend de voir. C'est sûr que, encore une fois, ce sont des dépenses qu'ils
vont faire pendant notre mandat, hein? Regardez combien d'argent ils vont
dépenser avant leur défaite électorale, le 1er octobre, puis combien ils
veulent qu'on dépense à nous. Ça fait que finalement, ce qu'ils nous disent, c'est :
Lorsque vous serez au pouvoir, le Parti québécois, on vous suggère de dépenser
500 millions en culture.
Alors, on regarde cette suggestion avec
l'esprit ouvert, mais ce n'est clairement pas le gouvernement Couillard qui
dépense cet argent-là. Il a décidé, ces quatre dernières années, de serrer les
cordons de la culture plutôt que d'augmenter les dépenses.
Juste
pour ajouter à ce que dit Nicolas sur les biens tangibles, le Japon,
l'Australie et l'Europe montrent la voie, comment le faire. On sait comment le
faire. Alors, c'est juste que M. Leitão, pour des raisons inexplicables, ne
veut pas le faire.
Le
Modérateur
: Merci. M. Lavallée, micro de gauche.
M.
Lavallée (Hugo) : Oui, bonjour. Le budget présenté hier comporte plusieurs
nouveaux crédits fiscaux, notamment, par exemple, pour les personnes âgées qui
veulent acheter de l'équipement pour rester à la maison, un nouveau crédit pour
les nouveaux propriétaires d'immeuble. Est-ce que vous vous engagez, si vous
êtes élus, à maintenir l'ensemble de ces nouveaux crédits dont va bénéficier
surtout la classe moyenne, de ce qu'on comprend?
M.
Lisée
: Nous, on n'a pas l'intention de revenir sur des
éléments qui sont inscrits dans la réalité lorsqu'on prendra le pouvoir le 1er
octobre. Évidemment, à partir du moment où tu décides de vider les caisses,
d'utiliser tes surplus antérieurs du passé puis tes surplus futurs, tu peux
être extrêmement généreux. Alors, nous, on prend chacun de ces éléments de
générosité puis on dit : Bien oui, puis ça, on l'avait dans notre programme,
puis ça, c'est une bonne chose, puis ça, c'est une bonne chose. Mais ça met le Québec
en difficulté financière.
Alors,
nous, oui, l'essentiel de ces choses-là, on va les garder. Ce qui est déjà
inscrit dans le réel, on va le garder, mais on va avoir une mise à jour
économique en novembre ou en décembre qui vient et ensuite un budget en mars
qui vient et on va faire des choix. Mais c'est clair que les mesures, par
exemple, de rénovation, pour nous, on pense que ça devrait être permanent. On
ne devrait pas toujours jouer au yoyo avec le suspense là-dessus, et donc bien
sûr qu'il y a des mesures là-dedans qu'on trouve intéressantes et qu'on va
garder pour l'essentiel. Et on s'engage à être aussi généreux qu'on peut
l'être.
M.
Lavallée (Hugo) : En ce qui concerne la rémunération des médecins,
parce que vous y revenez, vous dites : Nous, on va trouver davantage
d'argent en annulant cette augmentation-là. Je vous avais déjà posé la question
il y a quelque temps, mais de quelle manière précisément vous allez y parvenir?
Parce qu'il n'y a aucune garantie que les médecins vont accepter de laisser
l'argent sur la table. Ça va être assez rude. Le gouvernement lui-même dit que
c'est comme ouvrir une boîte de Pandore, que ça pourrait même mettre les
agences de crédit sur le qui-vive. Comment vous allez vous y prendre concrètement?
M.
Lisée
: Ça me fait sourire quand M. Couillard parle de ça,
parce que moi, si j'étais une agence de crédit, je regarderais ça et je serais
sur le qui-vive. Je regarderais, là, ce que le gouvernement du Québec vient de
faire pour les années à venir et le fait que ce doigt d'honneur rouge, là,
qu'ils font aux Québécois, ils le font aussi aux agences de crédit parce qu'il
y a un déficit, ici, là. On dépense davantage que nos revenus pour ces
années-là et même pour celle-là, en fait. Quand vous regardez le livre, là, des
entrées et des sorties, on est en déficit réel cette année, l'année prochaine,
l'année suivante. Ça, on peut juste dépenser du vieux gagné.
Alors,
les agences de crédit, je pense qu'ils ne la trouveront pas drôle. Et je pense
qu'ils aimeraient mieux savoir qu'il y a 5 milliards de dollars qui ne
seront pas donnés à 22 000 personnes, mais qui vont servir, justement, à
amortir le choc des compressions qui sont annoncées.
Alors, comment ça va se passer? Un mandat
électoral fort, d'avoir un moment de vérité avec les médecins. On a déjà plus
de 500 médecins qui ont signé une pétition pour dire : Nous voulons le gel
de notre rémunération, nous ne voulons pas avoir ces augmentations. Et là je
pense qu'il y a effectivement une ouverture dans le front commun des médecins,
qui n'est pas aussi unifié qu'il l'a été dans le passé, et nous, notre premier
choix, c'est de l'ouvrir de gré à gré. Ça se peut que ça ne marche pas, et là
on a un plan b, puis un plan c. On vous en parlera à ce moment-là.
Le Modérateur
: Une dernière,
s'il vous plaît, M. Lavallée.
M. Lavallée (Hugo) : ...votre
stratégie, si je comprends bien, c'est de miser sur la division au sein du
corps médical.
M. Lisée
: C'est de
miser sur l'admirable sens social de centaines et de centaines de médecins qui
savent que ça n'a pas de sens, dans la situation actuelle, d'avoir 5 milliards
de dollars pour 22 000 personnes, alors qu'il y a des besoins autour
d'eux.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Sioui, micro de droite.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour à vous trois. Est-ce que vous partagez
l'optimisme de Carlos Leitão qui, je cite, a dit hier qu'il n'y a pas de
récession «anytime soon».
M. Lisée
: Je vais
laisser Nicolas répondre à celle-là.
M. Marceau : Évidemment, on ne
sait pas maintenant s'il va y avoir une récession dans trois mois, dans six
mois, dans un an, dans deux ans. Ce qu'on sait, par contre, c'est que le cycle
aussi a été long, hein? Ça fait 10 ans maintenant, et la nature de la bête,
c'est qu'il y a éventuellement une récession.
Je dirais aussi, puis Jean-François l'a
évoqué, il y a la question des guerres commerciales auxquelles on est
confrontés, hein? La volonté de M. Trump de régler l'ALENA, enfin, ça dépend du
jour... de l'heure à laquelle il se lève puis de qui il a vu la veille. Alors,
ce n'est pas clair, ce qu'il va se passer là-dessus.
Moi, le message que je vous dirais, c'est
que le budget n'est quand même pas prudent. Bon, d'une part, Jean-François l'a
évoqué, il y a des déficits cette année puis pour les deux prochaines années.
Déjà, on sait qu'on retourne dans un monde de compressions, et il n'y a rien,
là, pour nous protéger d'une récession, il n'y a rien pour nous protéger d'un
échec des accords commerciaux qui sont en renégociation présentement. Alors là,
le budget n'est pas prudent de ce point de vue là.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Autre sujet, sauf erreur, il n'y a pas un mot
ou un sou pour le grand projet-phare de lien rapide et Québec et Montréal, que
ce soit un monorail ou un Hyperloop. Est-ce que vous êtes déçu? Parce que, de
mémoire, vous appuyez un projet de monorail. Est-ce que vous vous attendiez à
trouver quelque chose dans le budget hier là-dessus?
M. Lisée
: Bien, écoutez,
vous attirez notre attention là-dessus. Effectivement, ça prouve que... Bien,
nous, on s'est engagés à faire l'étude de faisabilité et le banc d'essai d'une
technologie nouvelle, mais effectivement, là, on voit que lorsque le premier
ministre a parlé, devant une assemblée partisane, d'un grand projet de
monorail, c'était de la poudre aux yeux. Je pense qu'il voulait changer de
sujet. La veille, Jean Charest était venu, puis il voulait qu'on arrête de
parler de Jean Charest et de la corruption. Ça fait qu'il a décidé de faire
semblant qu'il était intéressé par un projet de monorail qui n'avait jamais été
nulle part dans ses cartons. Il a eu quatre ans pour faire l'étude de
faisabilité. On serait bien avancé si on l'avait maintenant. Ça montre la
légèreté avec laquelle le premier ministre aborde des sujets aussi importants.
Le Modérateur
: Merci.
On passe en anglais. Mme Johnson, micro de gauche.
Mme Johnson (Maya) : Good morning, Mr. Lisée. You described the Liberal's strategy as a
revolting way of managing public finances and it's something that's being done
for strictly partisan purposes, something that is playing with the lives of Quebeckers. These are extremely harsh words,
accusations. Why are you making these comments?
M. Lisée
: Well, because we've read the reports from the Protectrice du citoyen all along that says
that these cuts have been done at the expense of the more vulnerable in our society, handicapped people that were…
handicapped people that saw their number of hours of homecare cut by half, this
woman that had to decide to sleep in her wheelchair because she didn't have
enough hours for every chore she needed. They were cut.
There's been 500,000 hours of homecare cut by the Government for the elderly,
children that did not have diagnosis for autism or for other problems, you
know, surcharge of work for nurses and others that put in jeopardy the quality
of the health. I mean, all across the board, in order to pile up money for
gifts during an electoral year, the Liberal Government has squeezed and created
misery, misery for tens of thousands of people who really needed that. And so
the cynical cycle of cuts, then gifts, then cuts again is something that is
revolting.
Mme Johnson (Maya) : So it's not to be seen as a good thing that, now, they're
reinvesting in the areas where people have been saying : We need more
money, we need more help here, in health, in education. Now, they're doing
that.
M. Lisée
:
Well, now, they're doing that after… You know, they're putting out the fire
that they themselves lit. And there are a number of… You know, it's going to
stay for a long time, what they cut. And so the cynical nature of their
decision… And while they were doing these cuts, they knew that they were piling
up surpluses. You know, it's not sequential. As they were deepening cuts, the
Department of Finance was telling the Premier :
You are piling up surpluses. And he kept piling them up because his only aim
was to have this firework of gifts just to be re-elected. And in his own
projections, he says : We are going to go back to cuts in the second year,
because that's my cycle : cuts, gifts for the election, cuts again, gifts
for the election.
We, the Parti québécois, find this revolting. This
is not a good way to manage the people affairs. We will not do that and we
think that Liberals should be held accountable for this historic level of cynicism.
Le Modérateur
: Dernière, s'il vous plaît.
Mme Johnson (Maya) : And just one final question on another subject. You suggested that,
if Vincent Marissal runs in Rosemont, he could contribute to the Liberals winning that riding?
M. Lisée
: Yes. I mean, my main opponent in Rosemont is the Liberals, you know, they have a solid base. They did hold
the riding a few cycles back. And it's clear that, you know, I'm confident of
winning the riding, I've been very present, I have a good relationship with the
people there, but let's have the hypothesis that a candidate from QS of some
importance decided to go to Rosemont and did well. The only output, the only possible output would be a
win for the Liberals. And he has… I welcome Vincent Marissal in the political
scene.
On the Island of Montréal, there are 21 Liberals holding
seats, so we can choose any of them. If he decides to go against a progressive,
independentist of the Parti québécois, it's going to say a lot about what are the Québec solidaire real priorities.
Le Modérateur
: Merci. Mme Montgomery, dernière question.
Mme Montgomery
(Angelica) : Yes. Dernière?
Le Modérateur
: Quelques dernières, au pluriel, Mme Montgomery. Je vous rassure.
Mme Montgomery
(Angelica) : On the budget in cannabis, the
Finance Minister is saying that he's not expecting to even break even with the
amount of money that he is going to be bringing in this year, after paying for
the security for the municipalities, setting up the «société» and paying into this fund to help mitigate any possible negative
effects, that actually will be probably losing money this first year. What do
you make of that?
M. Marceau
: Well, I mean, I think we have to remember that the decision to
legalize cannabis was imposed by the federal Government. That it is not a source of funding for our services is not exactly
surprising to me. Now, the fact remains that, for our municipalities, there
will be costs, costs that have to be covered somehow, and I think that the QuébecGovernment will have to cover those cuts.
So, I mean, we have to
make sure that the federal transfer enough money to Québec and that Québec
then is able to provide resources to our municipalities, which will have to
live with the consequences of the federal decisions.
Mme Montgomery
(Angelica) : But the fact that Québec will actually be paying for the
legalisation of marijuana when it's a decision…
M. Marceau : Yes, well, I'm not exactly surprised. The price to which cannabis
will have to be sold will have to be low. Taxes will have to be low if we want
to achieve the main goal, I think, which is to put out the organized crime of
the business. If we want to achieve that goal, I mean, it cannot be a source of
money or… considerable amount of money for the government. I'm not surprised of
that.
Le Modérateur
: Dernière, s'il vous plaît.
Mme Montgomery
(Angelica) : And also the budget talks about
the... goes into a very detailed study about the impact of foreign buyers on
the real estate market here, in Québec, particularly in Montréal, and it comes to the conclusion that there
is virtually no impact. Now this is something that the mayor of Montréal has been calling for, that there'd
be some sort of tax to deal with this. Instead, the Liberals have decided to
introduce this tax credit. Was that the right way to go?
M. Marceau : Well, I mean, I don't see the tax credit as a way to prevent
speculation in the housing market from people from abroad. And the fact is that
foreign buyers had an impact in Vancouver and Toronto, and they both went ahead
with measures to prevent that, with special taxes in particular. So they
increased the cost of buying for people from abroad.
We have to keep an open
mind. I think it's correct to say that, so far, the impact has not been great,
although the numbers are increasing. The numbers are increasing, and it's
certainly the case that in Montréal, the prices of real estate has gone up. So we have to keep… I mean,
for me, it's something that I'm looking at and that we have to be ready to intervene
if necessary. And again I don't see a link with the fact that they are
providing some support for first buyers.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup.
M. Marceau : Thank you.
(Fin à 8 h 38)