(Onze heures vingt minutes)
La Modératrice
: Oui,
alors bonjour à toutes et à tous. M. Sylvain Gaudreault, député de Jonquière,
est ici pour nous présenter une pétition. Il est accompagné de la députée de Chicoutimi,
Mme Mireille Jean, et du porte-parole de l'opposition officielle en
matière de solidarité sociale et de lutte contre la pauvreté, Harold LeBel. Également,
va prendre la parole, M. Sylvain Bergeron, du Lieu d'actions et de
services travaillant dans l'unité avec les sans-emplois — LASTUSE — du
Saguenay. M. Gaudreault, la parole est à vous.
M. Gaudreault : Oui, merci,
Valérie. Alors, merci d'être ici et de nous écouter. Surtout, bienvenue aux
groupes du Saguenay—Lac-Saint-Jean, qui sont ici avec nous aujourd'hui, avec
Mireille, avec Harold et avec moi, parce qu'on a vraiment ici la présence de
groupes du Saguenay—Lac-Saint-Jean qui se sont mobilisés depuis plusieurs mois
pour rétablir l'équité, pour le soutien des groupes en défense de droits
collectifs au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Parce que la réalité est la suivante,
c'est que l'ensemble des organismes des actions communautaires au Québec ont
une moyenne de soutien financier du gouvernement de 122 046 $ et,
pour les groupes en défense collective des droits, c'est une moyenne de
54 081 $ au Québec. Mais, quand on regarde le financement des groupes
de défense collective des droits du Saguenay—Lac-Saint-Jean, spécifiquement
dans notre région, on est à 41 712 $. Alors, il y a vraiment un
déséquilibre, une discrimination, un manque d'équité, une disparité entre les
régions du Québec et le Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Donc, avec ces groupes-là, nous, on a travaillé
pour présenter une pétition, et c'est pour ça, aujourd'hui, que j'ai déposé une
pétition de 343 noms au total pour réclamer de ramener cet équilibre-là,
de lutter contre le manque de soutien financier pour les groupes de défense
collective des droits au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Et on a rencontré, tout à
l'heure, le ministre François Blais, le ministre de la Solidarité sociale et de
l'Emploi, pour lui donner des cartes postales, ça fait partie de la stratégie
des groupes ici du Saguenay—Lac-Saint-Jean. On l'avait rencontré d'abord, dans
un premier temps, avant les fêtes. On a été insatisfaits de ses réponses. On
revient à la charge avec la pétition et avec les deuxièmes séries de cartes
postales.
Donc, on continue la lutte, on va
continuer d'accompagner les groupes en défense collective des droits du
Saguenay—Lac-Saint-Jean et on va aller jusqu'au bout pour obtenir satisfaction
de la part du gouvernement libéral pour que nos groupes en défense collective
des droits soient bien représentés et surtout bien outillés.
Je vais laisser la parole à Sylvain Bergeron,
qui va vous dire un peu les impacts, au fond, au Saguenay—Lac-Saint-Jean et
d'autres éléments sur cette réalité.
M. Bergeron (Sylvain) :
Bien, merci, M. Gaudreault. D'abord, je vais remercier également tout le
caucus du Parti québécois au niveau du Saguenay—Lac-Saint-Jean pour nous supporter
dans cette campagne-là, M. LeBel également, qui nous supporte dans notre
lutte pour notre financement.
Au niveau des impacts, je vais commencer
par un organisme, et je pense que ça va résumer l'ensemble de tout ce qu'on vit
partout. On a un groupe... Quand on est venus rencontrer le ministre au mois de
décembre, le ministre a répondu à ce groupe-là : Ne prenez pas de décision
avant deux semaines, vous allez avoir de belles nouvelles. Il y a eu le dépôt
du nouveau plan de lutte à la pauvreté, mais aucune somme n'est venue avec.
Donc, le lendemain matin, bien, le Mouvement Action-Chômage Lac-Saint-Jean a dû
fermer ses portes parce qu'il n'avait plus de financement, il n'avait plus
d'argent, donc, et le prochain chèque rentrait juste au 1er avril. Donc, de
décembre à avril, il n'y a pas de services pour les chômeurs dans la région du
Lac-Saint-Jean. Donc, c'est les effets qu'on voit dans tous les groupes chez
nous. Il y a plusieurs groupes qui doivent fermer quelques mois par année.
Ensuite, il y a le manque de services, le
roulement de personnel parce qu'on ne peut pas donner un salaire adéquat, donc
les gens vont ailleurs. Ensuite, bon, bien, comme on n'a pas de salaire, c'est
vrai que, souvent, les gens vont... même, souvent, on a vu régulièrement, dans
le milieu communautaire, les gens vont s'expatrier, même, de la région. Donc,
ça a des effets pas juste sur les organismes, ça a des effets sur les personnes
qui utilisent les services, mais ça a aussi des effets sur l'ensemble de la
population de la régionale parce que nos services sont efficaces.
Juste pour terminer, l'exemple de chez
nous, à LASTUSE, les dossiers qu'on défend annuellement, c'est 2 millions
de dollars qu'on garde dans la communauté qui font rouler l'économie. Donc,
chacun des organismes a ce genre d'impact là. Donc, c'est des impacts majeurs
sur l'ensemble de l'économie régionale.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, M. Harold LeBel.
M. LeBel : Oui, il y a un
impact sur l'économie, mais ça a de l'impact sur du monde, du vrai monde. Quand
tu arrives à l'aide sociale puis tu es découragé, tu arrives à l'aide sociale,
tu ne connais pas ce système-là, puis c'est un système hypercompliqué, ça fait
que tu as des chances de ne pas être bon pour faire respecter tes droits, et qui
vient t'aider à respecter tes droits? C'est des groupes comme vous autres. C'est
vous autres qui faites ça. Quand tu as des problèmes de santé mentale, tu
arrives avec ça, puis il faut que tu réagisses, mais tu es démuni, tu ne sais
pas trop puis tu as un système qui est compliqué, qui vient défendre tes
droits? C'est des groupes comme vous autres. Quand tu vis de la violence
conjugale, puis que tu ne sais pas trop où te garrocher, puis tu es mal pris,
qui vient te défendre? C'est des groupes comme vous autres, c'est des groupes
comme...
On vient de faire le tour du Québec, des
groupes de défense de droits, c'est important. Les Québécois ont des droits,
mais le système est tellement compliqué que c'est difficile de défendre tes
droits. Ça fait qu'on a besoin de groupes, on a besoin de gens qui sont là, qui
viennent te soutenir, qui viennent t'encourager, qui viennent dire : Ça,
là, tu as le droit à ça, défends-toi, puis on va t'aider à te défendre. C'est
pour ça que ces groupes-là existent.
J'ai déjà parlé de ça au ministre. Puis le
ministre, il disait, puis c'est un réflexe normal de gouvernement avant les...
il disait : Ces groupes-là, là, ils font juste mettre de l'huile sur le
feu, ils viennent défendre des droits, des droits qui n'existent même pas.
C'est sûr que c'est toujours un peu... pour un gouvernement, des groupes de
défense de droits, ça peut être pris... on peut dire : Ils sont fatigants,
ils sont tout le temps dans la rue, puis... Mais on a besoin, au Québec, de ces
groupes-là, on a besoin de ces gens-là qui se consacrent à défendre les droits
des gens les plus vulnérables, les plus démunis. On a besoin de vous autres,
mais souvent, dans ces groupes-là, les gens qui travaillent dans des groupes...
le personnel, ils font... Moi, j'en ai rencontrés qui ont travaillé, ils ont
fait ça toute leur vie, ils arrivent au bout pour prendre leur retraite, ils se
retrouvent avec pas de conditions de travail, pas rien. Il y a des gens qui ont
défendu les personnes plus démunies, les plus pauvres dans des groupes puis,
quand ils ont fini leur travail, leur carrière là-dedans, bien, ils tombent
dans la trappe, eux autres même, de la pauvreté.
Ça fait que c'est pour ça qu'il faut les
appuyer. C'est pour ça. Ce n'est pas juste pour une affaire de financement de
groupes, c'est une affaire de bon sens, c'est une affaire d'une société qu'on
veut plus juste, plus équitable. Ça fait qu'on va vous appuyer jusqu'au bout.
M. Gaudreault : Bravo!
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. Est-ce qu'il y a des
questions? Oui, micro de gauche, Gilbert Lavoie, Le Soleil.
M. Lavoie (Gilbert) :
Bien, est-ce que l'absence des journalistes ici, à ce point de presse là, ne
fait pas la preuve d'un manque d'intérêt, également, sur ces questions-là?
M. Gaudreault : Bien, écoutez,
le plus grand manque d'intérêt, il est du côté du gouvernement. J'ose espérer
qu'il y a des journalistes, présentement, qui nous écoutent à partir de leurs
bureaux avec la diffusion Web. Mais c'est évident que, sur des dossiers de
groupes communautaires, il y a souvent, malheureusement, un manque d'intérêt ou
un manque de connaissances.
Je vais vous donner un exemple... Et tout
à l'heure, là, j'ai failli me lever en Chambre tellement que ça venait me
chercher, là, parce qu'on a ouvert la période de questions sur les
augmentations de salaire faramineuses du P.D.G. d'Hydro-Québec, puis là on a un
groupe ici — puis il était dans les tribunes, puis je venais de
déposer la pétition, là — qui demande, dans le fond, juste un
rééquilibre, là, c'est 13 000 $ de moins, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
par rapport à la moyenne des groupes en défense collective de droits, c'est
13 000 $ de moins qu'ils reçoivent par rapport à la moyenne
québécoise, 13 000 $. Puis là on est en train de poser des questions,
puis le gouvernement se drape dans la vertu pour le salaire du P.D.G. d'Hydro-Québec,
qui a été augmenté de 26 %, qui est rendu à autour de 800 000 $.
Alors, écoutez, vous allez me dire :
Ça n'a pas de rapport, puis je suis en train de faire de la démagogie, mais c'est
parce qu'à un moment donné on sent qu'il y a comme un déséquilibre. Parce que,
comme Harold le disait, c'est des gens... ils ne travaillent pas pour
eux-mêmes, là, ils travaillent pour défendre des droits des personnes les plus
démunies, puis on n'est pas capables de se faire entendre ni par le
gouvernement... il y a une absence de journalistes — sauf vous — concernant
ce dossier-là. Alors, vous comprenez notre frustration.
M. Lavoie (Gilbert) :
Est-ce que je peux me permettre une question qui ne vise pas ce sujet-là?
La Modératrice
: Sur un
autre sujet, peut-être qu'on va attendre un peu, par respect pour les gens
présents, mais sinon on peut se parler deux secondes, après.
M. LeBel : Mais là-dessus je
profite de la porte que vous ouvrez, parce que je trouve ça moi-même frustrant,
comme porte-parole du dossier de la solidarité sociale. C'est des dossiers
qui... souvent, on a de la misère à percer le mur des médias, puis pourtant c'est
des choses importantes. Hier, le ministre a déposé un projet de loi sur l'aide
sociale, un revenu base, là, pour les personnes, ça a fait, je pense, la
cinquième ou sixième page dans les journaux. C'est comme si... mais pourtant c'est
des enjeux majeurs. Puis des fois c'est plus des enjeux de fond, il faut
expliquer plus longtemps, ce qui fait que, dans les médias, ça passe moins, je
ne sais pas pourquoi. Mais il faut réussir à percer ce mur-là. Et les groupes,
ce n'est pas parce qu'ils ne travaillent pas fort, ils sont ici souvent, on
fait des manifestations, ils présentent des choses, mais il faut continuer à le
faire, il faut réussir, à un moment donné, à faire ce débat-là de société, qui
est important.
M. Lavoie (Gilbert) :
Mais vous êtes dans les coulisses de la politique et en politique depuis
suffisamment longtemps pour savoir que cette situation-là dure depuis très
longtemps. C'est toujours difficile de passer des messages sur ces
questions-là. Il n'y a pas d'autres avenues possibles?
M. LeBel : Oui, mais on peut
réussir à le faire, mais il faut continuer. Moi, je me souviens, quand on a
adopté la loi pour lutter contre la pauvreté au début des années 2000, ça
avait été long, mais on avait réussi à mobiliser tout le monde. C'est une loi
qui avait été adoptée à l'unanimité de la Chambre. Il faut continuer, mais c'est
beaucoup la mobilisation citoyenne qui fait ça, puis, dans les régions, ça
compte. Comme je vous dis, je viens de faire le tour des régions et, quand je
suis allé chez vous, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, les médias étaient là. Il y a
des réalités qui collent à des... plus locales, mais il faut les amener au
niveau national. C'est ça qui est compliqué.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
(Fin à 11 h 30)