(Onze heures quarante-six minutes)
M. Paradis (Lévis) :
Bien, merci d'être là. Je pense que c'est important. D'ailleurs, le dévoilement
de cette entente-là était réclamé par la CAQ depuis longtemps, et ça aurait dû
être fait rapidement. Ce l'est fait ce matin. Ce matin, on assiste à quoi? On
assiste à une tentative de diversion libérale. C'est un exercice de relations
publiques qui sert à mélanger les Québécois. La réalité, aujourd'hui, là, quand
on regarde le fond de l'histoire, c'est que les contribuables vont payer les médecins
spécialistes plus que nécessaire, puis on veut faire croire à tout le monde que
c'est une bonne affaire.
Alors, déjà, les données, au départ, là, c'est
faussé. On essaie de faire… Le gouvernement tente de faire du rattrapage. Il
essaie de se rattraper. Le rattrapage, c'est l'essence même de cette négociation-là.
Au lieu d'en donner, aujourd'hui... C'est ça, là. Au lieu d'en donner beaucoup,
beaucoup, le gouvernement dit : On va en donner beaucoup. Puis la vraie question
qu'on devrait se poser aujourd'hui, c'est : Pourquoi le gouvernement donne
plus d'argent aux spécialistes, alors que le rattrapage avec le reste du Canada
est complété depuis 2015, selon l'Institut canadien d'information en santé?
Depuis 2015, on sait que les spécialistes québécois gagnent plus que leurs
voisins ontariens, gagnent plus qu'ailleurs au Canada. Elle est là, c'est ça,
la réalité.
Alors, la question qu'on a déjà posée,
puis on n'a pas eu de réponse : Pourquoi leur en donner davantage? Les médecins
spécialistes du Québec gagnent maintenant 36 000 $ de plus que leurs
voisins ontariens, plus qu'un médecin spécialiste en Ontario, puis ça ne tient
même pas compte du coût de la vie. Puis le coût de la vie, que les gens le
sachent, là, il est inférieur au Québec qu'en Ontario. Alors, à sa face même,
ça ne tient pas la route.
Le ministre Barrette a reconnu hier pour la
première fois que les spécialistes gagnent maintenant plus qu'ailleurs au
Canada. Puis en plus il a reconnu que la décision de donner davantage en 2007,
c'était basé sur des données erronées. Il l'a avoué. C'est le ministre de la
Santé qui le dit. Qui était là en 2007? C'était le tandem, le tandem
Couillard-Barrette.
L'objectif derrière le rattrapage, il est
non seulement atteint, je vous le répète, il est dépassé. Aujourd'hui, le
gouvernement se vante d'en donner moins que prévu d'ici 2023. J'espère qu'on en
donne moins. On se vante d'en donner moins. Bien, c'est assez. On n'a pas à se
vanter de ça. C'est un fait, on devrait aller vers ça. Puis, oui, je repense, moi,
aujourd'hui encore, comme la semaine dernière, alors que les bribes
d'information sortaient à droite et à gauche, oui, je repense aux aînés qui
attendent des soins à domicile; oui, je repense à cet aidant, ce proche aidant
qui attend un équipement pour aider sa conjointe qui ne marche pas; oui, je
repense à ces gens-là; oui, je repense aux infirmières puis aux infirmiers qui
sont surchargés, qui ont du travail. Je pense aussi à eux et à elles.
Moi, j'invite les Québécois, j'invite les
Québécois puis les Québécoises à sanctionner sévèrement le gouvernement
Couillard-Barrette. Je les invite, là, le 1er octobre à faire entendre
leur voix. Le gouvernement n'aurait jamais dû, n'aurait jamais dû donner plus
d'argent aux spécialistes avant d'avoir une étude indépendante sur l'écart de
rémunération avec les autres provinces. C'est ça qu'on aurait dû faire. Ça,
c'est la faute des libéraux, c'est leur décision. Et, si la CAQ forme le
prochain gouvernement, bien, en se basant sur une étude indépendante sur
l'écart de rémunération, on rouvre l'entente puis on négocie. Puis, si l'écart
est positif en faveur des médecins spécialistes, bien, c'est terminé.
Ce matin, je vous le rappelle, on a une
entente qui n'est pas à l'avantage des Québécois et des Québécoises. On donne
trop d'argent, les chiffres le prouvent, et on s'attache les mains pour 10 ans.
Merci.
M. Lavallée (Hugo) :
Vous dites : Si l'écart, donc, avec les médecins québécois... en défaveur
des médecins québécois n'est plus là, on rouvre l'entente, et c'est terminé.
Mais, si d'aventure il s'avère que les médecins québécois gagnent davantage que
les médecins ontariens, est-ce que, selon vous, il faudrait réduire la
rémunération des médecins québécois à ce moment-là?
M. Paradis (Lévis) : Si
les médecins québécois, au terme d'une étude indépendante sur la rémunération
et le comparatif, si les médecins spécialistes québécois gagnent plus, on
arrête ça, c'est terminé.
M. Lavallée (Hugo) : On
arrête ça, mais est-ce qu'on retranche de la rémunération ou on les laisse
gagner plus?
M. Paradis
(Lévis) : On s'assoit, on négocie. On s'assoit et on négocie. À partir
du moment où il est prouvé qu'il y a un écart positif en faveur des médecins
spécialistes québécois, d'ailleurs ce qui est le cas depuis 2015... Et ça,
c'est important, ce n'est pas d'hier, là. Là, on peut dire : Bien oui, on
s'est rendu compte hier que... En 2015, on s'est rendu compte que l'écart était
positif en faveur des médecins spécialistes québécois, 36 000 $ de
plus, salaire moyen de 403 000 $. Bien, si l'écart est positif en
faveur des médecins spécialistes, on s'assoit, on rouvre l'entente puis on
arrête ça là, on ne verse plus. Là, on s'attache puis on verse jusqu'en 2023,
là. Là, je veux dire, on s'attache les mains. Moi, on rouvre, on négocie en
fonction de ce que nous révélera une étude indépendante sur les écarts de
rémunération.
M. Laforest (Alain) : M. Paradis,
le Parti québécois dit, lui : C'est un gel. Vous, vous voulez vous asseoir
puis négocier encore?
M. Paradis (Lévis) :
Oui. Non, non… Oui, absolument. On rouvre, on s'assoit, on négocie. On donne-tu
plus? Non, c'est terminé. À partir du moment où l'écart est positif en faveur
des médecins spécialistes québécois, c'est terminé. Autrement dit, là,
aujourd'hui…
M. Laforest (Alain) :
Bien, vous ne négociez pas, à ce moment-là.
M. Paradis (Lévis) :
Non, non, aujourd'hui…
M. Laforest (Alain) :
Quand tu t'assois, puis tu négocies, puis tu dis «on recule», ce n'est pas une
négociation, ça.
M. Paradis (Lévis) :
Non, non, mais on négociera. Est-ce que…
M. Laforest (Alain) : On
rouvre puis on en enlève. C'est ce que vous dites, là.
M. Paradis (Lévis) :
Oui. Non, non, je veux dire, on rouvre, on n'en donne plus. Aujourd'hui, là, ce
qu'on se rend compte, là, ce qui vient de se produire, là… Depuis 2015, on a un
écart favorable en faveur des médecins spécialistes québécois, on en donne
encore. Ce qu'on vient de nous annoncer à matin, on en donne encore. On donne
2,1 milliards sur 10 ans, on donne 500 millions en rattrapage.
Ce rattrapage-là, il est fait. C'est plein, le réservoir est plein. Tu en
rajoutes, ça déborde, là. Il est plein, alors on arrête, on n'en donne plus.
Là, on en donne. Le gouvernement se vante de faire une bonne entente
aujourd'hui, là.
M. Laforest (Alain) : Le
gouvernement sauve 3 milliards. C'est ce qu'il dit.
M. Paradis (Lévis) :
Bien non. Le gouvernement dit : On sauve 3 milliards. La réalité, là :
le gouvernement donne 2,1 milliards. La réalité : on donne
500 millions en rattrapage qu'on n'a pas besoin de donner parce que le
rattrapage, l'écart, il n'existe pas. L'écart, il est en surplus pour les
médecins spécialistes québécois. C'est ça, la réalité, M. Laforest. La
réalité est celle-là, puis on aura beau jouer avec les chiffres… Puis c'est ça
qu'ils vont faire, faire un exercice de relations publiques puis choisir
comment ils vont le présenter. Dans les faits, dans les faits, on donnait
beaucoup, beaucoup aux médecins. Aujourd'hui, on se dit quoi? On donne beaucoup
aux médecins spécialistes. Est-ce que c'est légitime parce qu'ils gagnent moins
qu'ailleurs? Bien non. Depuis 2015, ils gagnent plus qu'ailleurs. Alors,
trouvez la logique. Elle est là, la réalité. Puis on aura beau présenter les
chiffres comme on voudra, la base, c'est ça. Ce 500 millions, ce 2,1 milliards,
c'est ça. Point.
M. Lavallée (Hugo) :
Mais le gouvernement dit : On n'a pas le choix, c'est des ententes précédentes
qui ont été signées; si on ne donnait pas cet argent-là aux médecins, on serait
poursuivis, puis là…
M. Paradis (Lévis) : Sur
une base de quoi? Les premières négociations sont sur la base de quoi? Au
départ, tout ça démarre sur l'écart salarial potentiel entre leurs pairs au
Canada. Ça, c'est le but. Ça, on se dit : Regarde, on va faire ça; si ce
n'est pas correct, on ajuste. On se rend compte qu'on a dépassé, je m'excuse, ça
ne tient plus. On a atteint l'objectif. Il est atteint, l'objectif.
M. Lavallée (Hugo) : Ce
que vous amenez, c'est… Vous, vous seriez prêt, donc, à risquer une poursuite
devant les tribunaux pour…
M. Paradis (Lévis) : Savez-vous,
on ouvre et on négocie. Moi, j'ai déjà dit et je le répète : De nombreux médecins
se sont confiés à moi en disant que leur volonté, ce n'était pas d'avoir plus
d'argent puis un chèque plus gros, c'est d'avoir des qualités de pratique. C'est
ça qu'ils souhaitent. On s'assoit et on négocie. Allons voir, la base, ce
qu'elle pense et ce qu'elle penserait à ce moment-là, mais on est sur des
questions hypothétiques à venir. Moi, je pense, dans la réalité des faits
aujourd'hui, au mois de février 2018, on vient de donner de l'argent à des
médecins alors que ces versements-là étaient loin d'être nécessaires. Au
contraire, cette base de négociation sur les écarts de rémunération prouve que
nos médecins spécialistes étaient et sont très bien payés. Merci.
(Fin à 11 h 55)