(Onze heures dix-sept minutes)
M.
Therrien
:
Alors, bonjour à tous. J'aimerais réagir aujourd'hui, au nom du Parti québécois,
sur l'annonce que la Caisse de dépôt a faite au sujet du REM aujourd'hui.
J'aurais trois constats à faire, trois sujets, là, qui impliquent, justement,
cette annonce-là.
Première des choses, on a parlé du tunnel
mont Royal, du fait qu'on ne pouvait pas avoir le TGF et en même temps le REM parce
que les deux devaient cohabiter dans ce tunnel-là. Pendant des semaines, les
libéraux, qui sont pour le REM et pour le TGF, ont à peu près nié ça. La CAQ,
qui était pour le REM et pour le TGF, ont aussi nié cette évidence. Nous, on
n'arrêtait pas de dire : Si vous voulez avoir le REM, il va falloir
condamner le tunnel mont Royal, et le TGF ne pourra pas passer dans ce
tunnel-là, c'est impossible. Alors, ce qu'il faudrait faire pour un train qui
est censé être rapide et efficace qui partirait de Windsor pour aller à Québec,
il faudrait que les gens qui sont à l'intérieur du train fassent deux
correspondances, soit une correspondance au centre-ville de Montréal pour
prendre le REM et ensuite une correspondance pour quitter le REM et reprendre
un train. C'est un non-sens.
Aujourd'hui, on a finalement avoué qu'on
avait raison, que le REM et le TGF ne pouvaient cohabiter et ils devaient, les
deux, passer par le tunnel. Mais ils sont arrivés avec une solution. Ils ont
dit qu'avec une technologie on va être capables de faire entrer les deux. Sauf
que le problème, c'est que la technologie n'existe pas. Ils nous ont dit que,
d'ici 10, 15 ans on aurait cette technologie-là.
Écoutez, c'est un non-sens, on fait tout
simplement, là... on fait un rêve collectif. D'abord, combien va prendre de
temps pour réaliser ce rêve-là, est-ce que c'est 10, 15, 20, 25 ans? Quand
on aura réalisé cet objectif-là, comment on aura mis dans l'expérience, combien
de milliards de dollars, soit la Caisse de dépôt et placement, soit Via Rail ou
soit les contribuables québécois, pour que cette technologie-là voie le jour?
On n'a aucune idée. On prend les Québécois, ce matin, pour des valises. À un
moment donné, là, ça suffit de conter des histoires aux Québécois. Cette technologie-là,
elle ne sera pas présente avant possiblement 10, 15 ans, si ça se fait. Si
jamais ça se fait, combien de temps il va falloir fermer le tunnel mont Royal?
Quelles seront les mesures de contingence pour que les gens puissent contourner
ce tunnel-là qui est absolument essentiel au transport collectif québécois? Pas
de réponse.
Deuxième des choses, Bombarbier. Écoutez,
le gouvernement, depuis quelques mois, est en train de saccager Bombardier. Ils
ont donné la série C à Airbus. L'expertise, tout le fruit de l'ingénierie
de Bombardier a été mis dans la série C, et le gouvernement et Bombardier
ont donné cette expertise-là, sans rien en retour, à Airbus, une Européenne. En
plus, on a appris que les emplois qui seront créés pour les ventes de la
série C aux États-Unis vont être créés aux États-Unis, avec les fonds
publics québécois, en Alabama. Et là on apprend ce matin, le gouvernement est
très content de ça, de savoir que, finalement, ce n'est pas Bombardier qui va
hériter du contrat du transport du REM. Alors, ça, c'est un autre échec pour
Bombardier, et le gouvernement, bizarrement, s'est mis à applaudir cette
chose-là.
Dernier point très important. Quand on a
fait le REM, au départ, quand on a remis l'ébauche du projet du REM, le gouvernement
a dit que ce serait un investissement, que le gouvernement du Québec mettrait
de l'argent dans ce projet-là et qu'il aurait, en contrepartie, un rendement.
Et donc, depuis le début, il nous dit : Ce n'est pas une dépense, c'est un
rendement qu'on recevra. Et donc, à ce moment-là, on pouvait exclure ce montant
d'argent là des dépenses courantes du gouvernement parce que c'est un
investissement. En plus, on apprenait que la Caisse de dépôt et placement, avec
le P.D.G. qui était, en 2015, Sabia, qui est encore M. Sabia... M. Sabia
disait, en commission parlementaire, qu'ils n'accepteraient pas que le projet,
pour eux, n'atteigne pas un seuil de rentabilité de 8 %. Et donc ça veut
dire qu'on assurait 8 % de rendement pour la Caisse de dépôt et placement,
et après ça le Québec, le gouvernement du Québec aurait un rendement sur
l'investissement.
Aujourd'hui, en Chambre, le ministre
Coiteux nous dit très clairement qu'il est impossible de rentabiliser un
transport en commun, que c'est ridicule de penser ça. Il nous dit ça en
Chambre, mais nous, on dit depuis le début : C'est quoi, les conséquences?
Première conséquence, ça veut dire que l'investissement du gouvernement n'est
pas un investissement. Ça, ça veut dire qu'en plus d'avoir subventionné, le
gouvernement et Hydro-Québec, au-dessus de 1 milliard à la construction, cet
investissement-là, dans le fond, se retrouve à être une dépense de
1,3 milliard qu'il devra mettre dans son budget et qui deviendra un
déficit des opérations courantes. On n'est plus dans la même game, là.
Deuxièmement, qu'est-ce que ça dit aussi?
Ça dit que le 8 % de rendement espéré par la caisse, qui va le financer si
le projet n'est pas rentable, selon Martin Coiteux? Ça sera les Québécois qui
vont, en plus de subventionner 1 milliard à la construction, en plus de
subventionner 1,3 milliard qui était censé être un
investissement — là, on apprend que c'est une autre
subvention — bien, à chaque année, la population québécoise, les
contribuables québécois devront mettre un montant de 240 millions minimum
pour que la Caisse de dépôt puisse empocher son rendement espéré de 8 %.
C'est ce qu'on a appris aujourd'hui, à la fois dans ce que la Caisse de dépôt
nous a présenté au sujet du REM et à la fois avec les réponses de Martin
Coiteux.
Alors, moi, je vous le dis depuis le
début, ce projet ne vaut pas la peine d'être fait et il coûte trop cher. Et
savez-vous la fin de l'histoire? C'est que la congestion routière du Québec…
pas du Québec, pardon, de Montréal va diminuer, à cause du REM, de 0,2 %.
Imaginez, là, sur le pont Champlain, il y a 1 000 voitures. Grâce au
REM, il y aura deux voitures de moins sur le pont Champlain. Est-ce que c'est
ça, une solution de mobilité durable? Moi, je pense qu'avec tout cet argent-là
les Québécois auraient mérité mieux. Voilà.
(Fin à 11 h 23)