(Dix heures)
Mme
Charlebois
:
Bonjour. Juste refaire le point un petit peu sur le point de presse qu'a tenu
l'opposition officielle concernant la maladie de Lyme. Juste vous dire qu'on
est déjà en action, c'est comme... pas comme on ne fait rien, là, on est déjà
très en action. C'est une maladie qui, vous savez, touche plusieurs régions au Québec.
On a un comité de surveillance justement pour savoir où les régions sont
touchées, quelles sont les régions les plus touchées, c'est quoi, le
comportement des tiques, etc. On a déjà ce programme-là qui est là pour, justement,
protéger la santé de la population, mieux informer notre corps professoral.
Alors, ce qu'il faut savoir, c'est qu'on a déjà
des activités, comme je vous le disais, de surveillance, mais aussi d'information.
On communique avec la population — vous m'avez déjà entendu parler de
la maladie de Lyme — mais il y a aussi avec nos professionnels de la
santé avec qui on communique. Il y a une formation en ligne qui est déjà en
ligne pour eux, pour pouvoir mieux saisir l'ampleur de la chose. On a déjà, avec
le corps professoral, des communications, dire : Sensibilisez vos médecins,
et tout, et ce n'est pas, comme, «on attend».
Mais il faut savoir que les recherches
scientifiques dans ce domaine-là sont déjà en marche. Il y a déjà des résultats
qui sont parcellaires. On travaille avec l'ensemble des provinces canadiennes
dans les recherches et on travaille déjà avec les autorités de recherche
scientifique de la communauté internationale. Or, ces gens-là, ce n'est
certainement pas des gens qui ne connaissent pas les choses, mais les
recherches ne sont pas encore à ce point claires pour dire qu'il y a des
régions dans le monde qui sont plus performantes que d'autres, parce qu'il y a
des traitements ailleurs qui sont faits qui ne sont pas reconnus par la
communauté scientifique internationale, et ça m'apparaît important de le dire.
Alors, les régions qui sont les plus
touchées, parce qu'avec, comme je vous le disais le programme de surveillance
qu'on a implanté au Québec... c'est la Montérégie, les Laurentides, Lanaudière,
Laval, Chaudière-Appalaches, Montréal, Outaouais, Estrie, Mauricie et
Centre-du-Québec, bref, mais on est capables... Oui, il y a beaucoup de régions
touchées, je vous vois hocher de la tête, mais il y a des zones où... notamment
la Montérégie, je l'ai nommée en premier parce que c'est là où on sent qu'il y
a quelque chose là qui est vraiment plus important qu'ailleurs. Il y a aussi
d'autres régions. Mais juste vous dire qu'on n'est pas sans rien faire. Et
là-dessus je laisserais mon collègue Gaétan Barrette expliquer davantage au
niveau de la science.
M. Barrette : Juste
peut-être remettre les pendules à l'heure pour ceux qui nous écoutent, ceux et
celles qui nous écoutent, qui, sans doute, sont inquiets face à ces sorties
publiques là. La maladie de Lyme, ce n'est pas une nouvelle maladie, c'est une
maladie que l'on connaît depuis longtemps, depuis toujours, en fait. C'est une
maladie qui évolue non pas par son essence, la maladie, mais par sa
distribution géographique, puisque la maladie migre progressivement vers le Nord.
C'est une maladie très connue aux États-Unis, en Nouvelle-Angleterre en
particulier, et elle monte vers le Nord à cause du réchauffement climatique.
Alors, si des gens doutent du réchauffement climatique, là, la maladie de Lyme
est un bel exemple qui démontre que ça a un effet.
Maintenant, la maladie de Lyme est une
maladie connue. Ce qui se passe aujourd'hui est qu'il y a un développement, je
dirais, qui est plus de nature commerciale, que l'on voit, évidemment, dans des
environnements comme les États-Unis, pour attirer une clientèle. Le Québec dispose,
sur tout son territoire, de la compétence clinique, des outils diagnostiques et
thérapeutiques qui sont à niveau, et il n'y a pas un endroit sur la planète qui
offre quelque chose de mieux que nous.
La problématique de la maladie de Lyme est
sa présentation et particulièrement son côté insidieux chronique. C'est une
maladie qui, au début, se manifeste d'une façon claire avec une éruption
cutanée, et ainsi de suite, mais, lorsque la maladie évolue de façon chronique,
parfois le diagnostic peut être plus difficile à faire. Il n'est pas plus facile
à faire aux États-Unis qu'au Québec, et il n'est pas plus difficile à faire au
Québec qu'aux États-Unis. Et, dans les deux cas, nous avons des ressources tout
à fait similaires pour faire face à ça.
Alors, évidemment, là, permettez-moi le parallèle,
vous avez connu... on a tous connu la méthode Zamboni, hein, pour la sclérose
en plaques, c'est la même chose. Il y aura toujours quelqu'un en santé, en
quelque part, qui va, pour toutes sortes de raisons que je me plais à qualifier
de commerciales, lancer sur le marché un niveau de rêve. Et là on s'adresse,
évidemment, à un problème de santé qui est parfois significatif. Alors, je mets
les gens en garde, je mets les gens en garde contre certaines publicités qui se
font, certains appels à de la clientèle qui se font, particulièrement au sud de
la frontière. Je vous dis : Le Québec a la connaissance, les ressources
diagnostiques et thérapeutiques, et il n'y a pas un pays occidental qui est
meilleur que l'autre, et il n'y a pas de traitement particulier plus performant
que d'autres dans le monde. Il y a beaucoup de tentatives, d'essais, ce genre
de choses là.
M. Robitaille (Antoine) :
Il y a des charlatans, comme ça?
M. Barrette : Sans aucun
doute, sans aucun doute, qui promettent — qui promettent — des
diagnostics, et des guérisons, et des thérapeutiques. Vous savez, en médecine,
il y a une chose qui existe, qui n'existe pas dans beaucoup d'autres domaines,
qui s'appelle une donnée probante, laquelle résulte d'études à double insu qui
sont faites par des scientifiques. Et je peux vous dire une chose, là, je vais
même en prendre l'engagement ici, que, si en quelque part il y avait quelque
chose qui était le résultat... un traitement, un diagnostic, une méthode
diagnostique qui était le résultat de données probantes, on le regarderait puis
on le mettrait en place, là. Il y aurait la question du coût, et ainsi de
suite. Nous avons des organismes qui traitent de ces expertises-là, l'INESSS,
et ainsi de suite, l'INSPQ, la Santé publique, on suit ça de très près, mais aujourd'hui
n'alertons pas la population à une situation qui pourrait, en apparence, inquiéter
les gens. Ce n'est pas ça, la situation. Moi, ce qui m'inquiète le plus, c'est
toute cette espèce de... vous avez dit charlatanisme, là, oui, ça existe, ça
existe pour des raisons commerciales, au sud de la frontière. Le pire, c'est
qu'on va vous donner des traitements, à mon avis, là, dans bien des cas,
existants, reconnus pour des diagnostics non prouvés.
Mme Cloutier (Patricia) :
Mais est-ce que c'est normal que des patients doivent faire 10, 20 médecins
avant d'avoir... puis avoir tout plein de diagnostics différents? Les malades
qui sont ici, à l'Assemblée nationale, ils viennent de dire ça, qu'ils ne sont
pas... ils ne se sentent pas compris, puis il y a même des médecins qui leur
disent : Bien, allez-y, aux États-Unis, tu sais, dans le fond de leur
bureau.
M. Barrette : Et elle est
très bonne, votre question, parce que, souvent, ces gens-là vont revenir des États-Unis
avec un diagnostic qui est fait comme si c'était un diagnostic d'autorité,
alors que même les Américains, entre eux, ne reconnaissent pas ça. La maladie
de Lyme, là, ce n'est pas une maladie complexe sur le plan biologique, là. Il y
a une sérologie qui montre qu'il y a eu une infection à la maladie, au
spirochète, là, au germe qui produit la maladie de Lyme, et ça, c'est une
espèce de sine qua non. Ensuite, il y a des manifestations cliniques. Les
manifestations cliniques peuvent parfois être, un, floues et chevaucher une
panoplie, une multitude de diagnostics, et là on tombe dans une zone extrêmement
grise où des gens vont dire : Oui, c'était ça, ça a été raté, et ainsi de
suite.
Je ne vous dis pas aujourd'hui que la
maladie de Lyme est toujours une maladie facilement diagnostiquable à cause de
sa présentation chronique, je vous dis deux choses : dans la période
aiguë, lorsque c'est l'éruption cutanée, et ainsi de suite, là, que vous
connaissez sans doute, c'est un diagnostic qui est clairement soupçonnable
parce que ce n'est pas pathognomonique, là. Pathognomonique, ça veut dire...
pour prendre un exemple simple, vous avez une fracture, là, puis votre membre
est tout croche, bien, c'est clair qu'il y a une fractureen dessous, on fait une radiographie. La
maladie de Lyme, c'est une éruption cutanée au départ, dans la majorité du
temps, qui peut ressembler à d'autres infections cutanées. Le médecin doit y
penser, dépendamment de l'histoire. Maintenant, quand la maladie se chronicise,
les présentations peuvent être très variables, très subtiles et tout à fait
confondantes par rapport à d'autres maladies.
Les médecins américains, ils ne sont pas
plus intelligents que les médecins québécois, ou prenez-le dans le sens
contraire, les médecins québécois ne sont pas moins compétents que les
Américains, là. Moi, je peux vous dire que la qualité de la médecine au Québec,
là, je ne suis pas gêné d'en parler, là. Alors, par contre, ce qui est flou ici
est flou aussi aux États-Unis. Rajoutez à ça le potentiel commercial, là, et on
se retrouve avec la situation d'aujourd'hui, donc une situation où,
aujourd'hui, nous sentons l'obligation d'informer objectivement la population
de la réalité. L'équipe de ma collègue est très claire, il y a de la formation
qui se fait sur le terrain, pour les raisons que j'ai évoquées, et n'alertons
pas inutilement la population.
Mme Prince (Véronique) :
Est-ce qu'on peut simplement vous poser une question, vu que vous êtes tous les
deux là, par rapport au fait qu'Ottawa veut permettre toujours de cultiver des
plants de...
M. Barrette : Ah! bien,
là on va aller à la période de questions.
M. Lacroix (Louis) :
Attendez un peu, là.
Mme
Charlebois
:
Oui, mais après.
M. Lacroix (Louis) : Les
optométristes, je vous ai posé une question tantôt.
Mme
Charlebois
:
Non, mais c'est parce qu'il est 10 h 10. Il est 10 h 10.
Après.
M. Lacroix (Louis) :
J'aimerais ça avoir une réponse, s'il vous plaît, sur la situation des
optométristes, M. Barrette.
M. Barrette : En sortant,
M. Lacroix.
Mme
Charlebois
:
Ça va nous faire plaisir de vous répondre après.
M. Barrette : En sortant,
je vous le promets. Je vous le promets.
Mme
Charlebois
:
Je pense bien que vous allez survivre à la période de questions.
(Fin à 10 h 10)