(Douze heures quarante-sept minutes)
M. Legault
: Bonjour, tout
le monde. Bien, écoutez, je veux d'abord revenir sur le dossier Bombardier. Je
pense que, ce matin, le premier ministre du Québec a été déculotté lorsque je
lui si appris que les présidents de conseils d'administration de Airbus et de
Boeing gagnaient 15 fois moins que le président du conseil
d'administration de Bombardier. Il n'a vraiment eu aucune réponse à donner, il
ne le savait pas, il était tout rouge. Ça n'a pas de bon sens, là. Il venait
juste de réponde à Jean-François Lisée qu'on devait toujours donner une rémunération
qui est comparable avec les compétiteurs, mais, écoutez, les compétiteurs de Bombardier,
là, c'est Boeing puis Airbus, puis ils paient 200 000 $ ou
300 000 $ par année à leur président de conseil. Nous, on paie
5 millions de dollars à Pierre Beaudoin. Ce n'est pas aux contribuables
québécois, avec leurs impôts, de payer pour les augmentations de salaire de
Pierre Beaudoin. Ça n'a pas de bon sens.
Et, écoutez, Philippe Couillard, encore
aujourd'hui, continue de répéter qu'il n'a pas à se mêler des affaires internes
de Bombardier. C'est absurde, là. Quand on a investi 1,3 milliard dans une
entreprise, on a le devoir de s'impliquer dans les décisions importantes et on
a le devoir d'intervenir dans la rémunération des hauts dirigeants. D'ailleurs,
Philippe Couillard dit que ça ne se fait pas, alors qu'à chaque semaine ça se
fait chez Investissement Québec, là. Je l'ai dit, lorsque moi, j'étais chez
Transat, on avait un investissement du Fonds de solidarité qui est semi-public,
mais ma rémunération devait être approuvée par le Fonds de solidarité. La
plupart des investissements qui sont faits actuellement par Investissement
Québec sont faits dans des entreprises où Investissement Québec se donne un
droit de regard sur la rémunération.
Je ne sais pas, moi, j'invite Philippe
Couillard à aller passer peut-être une journée chez Investissement Québec,
rencontrer des gens qui sont habitués de faire des investissements dans les entreprises,
mais ça n'a pas de bon sens que Philippe Couillard continue de dire : Je
ne veux pas me mettre les grosses pattes dans l'entreprise dans laquelle les
contribuables ont mis 1,3 milliard. C'est totalement absurde, et je pense
que les Québécois voient de plus en plus que c'est pathétique de voir Philippe
Couillard qui s'est laissé impressionner par Pierre Beaudoin, qui joue au
porte-parole de Bombardier, plutôt que d'être le porte-parole des Québécois.
Donc, on répète nos demandes, on exige que
le gouvernement du Québec obtienne un représentant sur le conseil d'administration
de Bombardier. C'est bien le moindre, compte tenu des investissements qu'on a
faits. Deuxièmement, on demande d'annuler... pas reporter, annuler les hausses
de rémunération des hauts dirigeants de Bombardier et revoir la rémunération du
président du conseil d'administration de Bombardier.
Écoutez, je vous donne un autre chiffre, quand
on regarde toutes les grandes entreprises québécoises, la moyenne qui est payée
à un président de C.A., c'est 350 000 $, mais M. Beaudoin, lui, il
reçoit 5 millions par année. Il est temps, là, que le gouvernement de M.
Couillard se réveille. Je pense que les Québécois, là, en ont vraiment ras le
bol.
La Modératrice
:
Mathieu Boivin, Cogeco.
M. Legault
: Bien,
peut-être, juste avant d'aller plus loin, un mot sur l'excellente sortie qui a
été faite par Chantal Soucy sur Hydro-Québec. On y travaille depuis des mois. C'était
un travail de moine de compiler, à chaque année, les trop-perçus
d'Hydro-Québec.
Bon, juste pour que tout le monde
comprenne, à chaque année, Hydro-Québec va devant la Régie de l'énergie, s'assure
qu'elle défende les augmentations de coûts plus un rendement raisonnable, sauf
que huit années de suite, ils se sont trompés dans la même direction. Donc, ils
ont trop chargé de 2008 jusqu'à 2015 inclus, et ça représente 1,4 milliard
de dollars, 350 $ par client.
Là, on a la réaction de Pierre Arcand, qui
nous dit : Bien, tant mieux, ça nous a permis de faire des surplus, ça va
nous permettre d'avoir des moins grosses augmentations dans les prochaines
années. Mais écoutez, là, c'est un peu, encore là, absurde. Puis je voyais
Jean-François Lisée qui essayait de s'introduire dans le dossier. Bon, je
comprends que le PQ, pendant son année et demi au pouvoir, ils ont essayé de
passer une loi qui changerait ça dans l'avenir, mais cette loi-là n'a jamais
été appliquée par le PQ. Donc, le PQ aussi a profité de trop-perçus, puis c'est
toujours sur le dos du même contribuable. Je rappelle que déjà on avait montré
que depuis l'arrivée de M. Couillard, il a augmenté les taxes et les tarifs de 1 300 $.
Bien là, on peut ajouter un 350 $.
M. Boivin (Mathieu) : M.
Legault, pouvez-vous me résumer, de façon succincte, là, la comparaison entre
les salaires des comparables chez Boeing et Airbus et le salaire de M.
Beaudoin?
M. Legault
: Oui. Bien,
c'est assez facile à comprendre. Le président du conseil de Boeing gagne
240 000 $ US, le président... attends minute...
Une voix
: C'est
326 000 $
M. Legault
: Oui,
excusez, c'est le contraire. Donc, je recommence. Le président de Boeing gagne
326 000 $, le président d'Airbus gagne 240 000 $ et le
président...
M. Boivin (Mathieu) : Euros,
euros.
M. Legault
: ...du
conseil de Bombardier compte...
M. Boivin (Mathieu) : Il va
falloir recommencer. C'est des euros. Puis choquez-vous, tant qu'à y être, tant
qu'à faire ça. 326 000 US$, 240 000 €.
Une voix
: Ça, c'est en
euros.
M. Boivin (Mathieu) : Oui, c'est
ça. Prenez le temps qu'il faut, là.
M. Legault
:
240 000, c'est combien?
M. Boivin (Mathieu) :
Dites-le, euros, c'est correct, là. Gardez-vous ça simple, M. Legault.
M. Legault
: Bien oui,
je vais vous faire une belle clip, là. Ça n'a pas de bon sens qu'on apprenne
que le président du conseil d'administration de Airbus, une compagnie plus
grande, beaucoup plus grande que Bombardier, gagne 240 000 € par année,
que le président de Boeing gagne 326 000 $ US par année puis le
président de Bombardier, lui, gagne 5 millions de dollars par année. Ça n'a
aucun bon sens.
Puis je n'en reviens pas que Philippe
Couillard n'a même pas été capable de répondre à ma question trois fois ce
matin : Est-ce qu'il trouve ça raisonnable ou non? Il a juste dit, comme
Ponce Pilate : Ça ne me regarde pas.
M. Boivin (Mathieu) : M.
Legault, hier, je vous ai demandé si M. Beaudoin pouvait rester en poste,
compte tenu de son «track record». Vous m'avez dit : Il faut certainement
se poser la question. 24 heures plus tard, vous êtes-vous répondu à cette
question-là?
M. Legault
: Bien,
écoutez, d'abord, les actionnaires, surtout la famille Beaudoin-Bombardier qui
a quand même beaucoup d'actions dans Bombardier, ont le droit d'avoir un
représentant ou des représentants au conseil d'administration. Je pense qu'ils
en ont cinq ou six. Qu'ils choisissent Pierre Beaudoin, c'est leur affaire.
Maintenant, on paie Pierre Beaudoin
5 millions par année alors qu'il n'est plus président et chef de la
direction, ça, ça n'a pas de bon sens. Donc, moi, j'en ai plus sur sa
rémunération que sa présence au conseil d'administration.
M. Boivin (Mathieu) : Donc,
il peut rester en poste. La question, c'est : À quel prix?
M. Legault
: Bien, les
actionnaires ont toujours le droit de choisir leur représentant sur un conseil
d'administration. La famille Beaudoin-Bombardier a choisi, entre autres, M.
Pierre Beaudoin. C'est leur choix.
La Modératrice
:
Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour, messieurs. Bonjour, madame.
M. Legault
: Bonjour.
M. Bergeron (Patrice) : Donc,
vous avez fait part de vos requêtes. Maintenant, quant à la mécanique, est-ce
que M. Couillard devrait reprendre le téléphone, appeler donc M. Bellemare,
appeler M. Beaudoin directement? Comment vous voyez ça? Comment ça devrait se
passer, la séquence des événements puis ensuite pour nommer les représentants
au conseil d'administration, éventuellement?
M. Legault
: Bon, moi,
effectivement, si j'étais à la place de Philippe Couillard, ça ferait longtemps
que j'aurais convoqué Pierre Beaudoin, président du conseil d'administration. C'est
le conseil d'administration qui décide des salaires de tout le monde. Donc,
j'aurais convoqué Pierre Beaudoin à mon bureau, je lui aurais dit :
Écoutez, là, ça ne passe pas, vos augmentations de salaire. Ça ne passe pas,
votre rémunération de 5 millions. C'est indéfendable. Et nous, comme
gouvernement, on a investi 1,3 milliard dans votre entreprise, bien, il
faut nous aider.
Oui, Philippe Couillard a fait une erreur
lorsqu'il a négocié l'entente avec Bombardier, mais là c'est à lui de corriger
cette erreur-là, tu sais.
Puis je ne peux pas croire que Bombardier
ne se rende pas compte de l'impact négatif sur son image. D'ailleurs, Philippe
Couillard nous le rappelle à chaque jour. Il nous dit : J'ai parlé avec
Pierre Beaudoin, puis il nous dit : C'est bien effrayant, les dommages
qu'on fait de continuer à parler de ça. Bien, la façon pour réduire les
dommages, c'est d'arrêter d'en parler. Puis pour que les Québécois arrêtent
d'en parler, bien, il faut revoir la rémunération.
Donc, il faut que Philippe Couillard
agisse enfin comme un leader. Il n'est pas le porte-parole de Bombardier, il
est le porte-parole des Québécois.
M. Bergeron (Patrice) : Puis
pour ce qui est de la nomination d'un représentant au C.A., à ce moment-là,
comment ça fonctionnerait? Est-ce que ce serait un représentant du gouvernement
qui devrait donc aborder la question avec Bombardier ou le premier ministre
lui-même? Comment vous voyez ça, encore une fois, là?
M. Legault
: Bien, je
pense que ça pourrait être quelqu'un, là, qui a de l'expertise, par exemple,
chez Investissement Québec. Ça existe déjà. Il y a déjà des gens
d'Investissement Québec qui siègent sur les conseils d'administration de
certaines entreprises dans lesquelles ils ont investi. Donc, il s'agirait de
trouver une personne compétente, idéalement qui connaît l'aéronautique, puis
qui assiste aux réunions du conseil d'administration, puis qui ait un droit de
vote, et puis surtout qui essaie de prévenir les coups, ce qui n'a pas été le
cas, là, dans l'augmentation des salaires.
La Modératrice
:
Patrick Bellerose, Le Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. Legault. Dans le dossier d'Anticosti, que pensez-vous du deal que
le gouvernement tente d'aller chercher pour sortir l'exploration?
M. Legault
: Bon,
d'abord, je pense que, si Daniel Johnson était sur le conseil d'administration
de cette entreprise-là, je ne pense pas que Philippe Couillard aurait réouvert
l'entente, hein? Maintenant, comment se fait-il que Philippe Couillard veut
réouvrir l'entente avec Anticosti, mais pas avec Bombardier?
Il y a des questions à se poser. On n'est
pas une république de bananes. Oui, il pourrait renégocier, mais là on est
rendus à 600 000 $ de frais d'avocats. Ça n'a pas de bon sens. La
position de la CAQ est toujours la même. Nous, on pense qu'il faut d'abord
explorer avant de savoir si on va plus loin ou non. Mais là, Philippe Couillard
ne semble même pas vouloir explorer.
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, vous souhaitez qu'on aille de l'avant avec l'exploration cet été pour
voir le potentiel sur Anticosti?
M. Legault
: Oui. Oui,
puis je ne comprends pas, actuellement, qu'on investisse 600 000 $
pour des avocats plutôt que d'aller voir s'il y a du pétrole ou non à
Anticosti.
La Modératrice
:
Mathieu Dion, Radio-Canada.
M. Dion (Mathieu) : Pour
revenir sur Bombardier, vous avez été un homme d'affaires, quel message ça
envoie à l'extérieur, à l'étranger, de voir qu'on déchire sa chemise
présentement pour une entreprise privée, même s'il y a eu des investissements
publics? Quelle image ça envoie? Parce que toutes les nuances qui se disent ici
ne sont peut-être pas reçues de la même façon à l'étranger.
M. Legault
: Bien, ce
n'est sûrement pas une bonne image, mais c'est la faute de M. Couillard. Mais,
je veux dire, ce n'est pas la première fois que les gouvernements ont des
représentants sur des entreprises privées, là. Je veux dire, ça arrive partout
dans le monde, là.
Maintenant, qu'on se chicane parce qu'il y
en a qui ont une rémunération qui est indécente, bien, je pense, à la limite,
ça peut être même bien vu qu'on dise : Bien, voyons donc, ça n'a pas de
bon sens de payer 5 millions à un président de C.A. Même en Europe, même
aux États-Unis, ils peuvent comprendre ça, là, donc... Mais, encore une fois,
si on veut arrêter de nuire à l'image de Bombardier, il faut que Philippe
Couillard, qui a mal négocié, qui a négocié en culottes courtes avec
Bombardier, qu'il revoie son entente.
M. Dion (Mathieu) : Mais,
au-delà de l'image pour Bombardier, pour les entreprises, de façon générale...
souvent, les entreprises, il faut qu'elles demandent des subventions pour venir
ici, s'établir, par exemple, au Québec. De voir qu'aussitôt qu'on reçoit de
l'argent du gouvernement, que rapidement, ça peut devenir un enjeu public, ça
ne peut pas faire en sorte d'avoir un impact négatif sur l'image du Québec et
de venir s'installer ici, d'avoir un débat comme ça?
M. Legault
: C'est là
qu'on voit que Jean-François Lisée ne connaît rien dans les entreprises. Là, il
nous dit : Toutes les entreprises dans lesquelles le gouvernement
investit, on devrait avoir le droit de regard sur la rémunération. Bien, voyons
donc, ça n'a pas de bon sens, là. Quand il y a des montants qui ne sont pas
significatifs qui sont investis, on n'a pas d'affaire à se mêler de la rémunération.
Mais, quand on investit 1,3 milliard, oui, on devrait avoir un droit de
regard, puis ça, toutes les entreprises s'attendent à ça. Il n'y a pas une entreprise
dans le monde qui va aller demander un milliard à un gouvernement puis qui ne
va pas s'attendre à ce qu'il y ait des comptes à rendre au gouvernement.
La Modératrice
:
Véronique Prince, TVA.
Mme Prince (Véronique) :
Bonjour. Concernant les trop-perçus d'Hydro, est-ce que vous considérez qu'Hydro-Québec
fait mal ses prévisions année après année? Ou alors est-ce que la régie joue
mal son rôle de chien de garde?
M. Legault
: Bon, il y
a deux possibilités, hein, on en a discuté beaucoup dans les dernières semaines :
soit que c'est Hydro-Québec qui fait mal ses calculs, puis de façon
systématique — huit années de suite, ils ont demandé trop — ou
soit qu'ils ont une commande du gouvernement libéral. Mais moi, je ne crois pas
qu'on puisse s'être trompé systématiquement pendant huit ans, à chaque année,
puis qu'on ait trop perçu, au total, 1,4 milliard. C'est quand même beaucoup
d'argent, là.
Mme Prince (Véronique) : Les Québécois
paient plus que ce qu'ils devraient payer pour leur électricité. Est-ce que
c'est, en quelque part, une forme de fraude ou un vol?
M. Legault
: Bien,
c'est une taxe déguisée. On a une situation où on s'est entendu au Québec, là. Il
y a une partie de l'électricité qui est dans le bloc patrimonial, il y a un mécanisme,
avec la Régie de l'énergie, où Hydro-Québec a le droit de demander des augmentations
s'ils sont capables de justifier leurs augmentations de coûts. Mais là on a une
situation où, pendant huit années de suite, Hydro-Québec a trop demandé, a trop
demandé 1,4 milliard. Là, M. Arcand, ce matin, disait : Bien, on va
le rembourser tranquillement. Bien là, j'aimerais ça qu'il soit un peu plus
clair, là, puis je pense, les gens qui ont 350 $ de moins dans leurs
poches, je pense qu'ils aimeraient savoir où, quand, comment on va revoir cet
argent-là qui nous appartient. Puis on parlait avec les représentants des
consommateurs; moi, je ne serais pas surpris qu'il y ait un recours collectif
contre Hydro-Québec.
Mme Prince (Véronique) :
Bien, justement, c'était ma prochaine question. Vous encouragez les abonnés à
signer une pétition, mais pourquoi pas, à ce moment-là, encourager des recours
collectifs contre les trop-perçus?
M. Legault
: Bien, on
n'est pas contre ça, là, mais, écoutez, moi, je ne vais pas commencer à
embaucher des avocats. Mais moi, je pense que la première question qu'on a,
c'est à M. Couillard : Vous avez collecté, là, vous, et M. Charest, puis
un peu Mme Marois, 1,4 milliard de trop dans les poches des Québécois pour
l'électricité, quand allez-vous remettre cet argent-là? Tu sais, puis ça
s'ajoute à ce qu'on dit, là. Le 1 300 $ par famille qu'on a pigé dans
leurs poches, bien là, on ajoute un 350 $.
La Modératrice
: Martin
Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour, M. Legault. Je prends la balle au bon, en fait. Je comprends quand
vous dites : C'est une taxe déguisée. Mais là on a un organisme
réglementaire indépendant qui impose une marge de profit à Hydro-Québec,
Hydro-Québec fait plus de profits que ça et met l'argent dans ses poches.
Donc, est-ce qu'il n'y a pas là quelque
chose d'illégal ou de contestable judiciairement, à tout le moins?
M. Legault
: Peut-être,
peut-être.
M. Croteau (Martin) :
Illégal, quand même?
M. Legault
: Bien, écoutez,
c'est difficile, là. C'est un estimé. Eux autres appellent ça des gains
d'efficience, hein? Ils ont fait des gains d'efficience, par hasard, pour
chacune des huit années. Bon, est-ce qu'ils peuvent s'en sortir en disant :
Je n'ai vraiment pas fait exprès, puis c'est un gain d'efficience, ce n'est pas
vraiment un mauvais estimé de mes coûts? Les avocats, là, ça peut traîner
longtemps. Mais il reste que moralement, moralement, oublions la partie légale,
moralement, le gouvernement libéral a laissé faire ça.
Je rappelle que le PQ, au moins, quand ils
sont arrivés au pouvoir, ils ont passé une loi qui s'appliquerait dans les
années suivantes. Donc, ils ne l'ont pas appliquée pendant leur terme, ils
l'ont appliquée dans les années suivantes. Donc, ils n'ont pas remboursé les
Québécois, mais on peut dire qu'ils avaient peut-être l'intention de le faire.
Quand les libéraux sont arrivés au pouvoir, ils ont annulé cette loi-là. Donc,
il faut vraiment, là, qu'on dise, écoutez, qu'est-ce qu'on rembourse aux Québécois.
Peut-être que je peux laisser Chantal
compléter.
Mme Soucy : Bien, en fait,
juste pour le gouvernement, le gouvernement a fermé les yeux, quand même,
pendant plusieurs années. Évidemment, ça l'avantageait parce que tout rentrait
dans les coffres du Trésor. Il y a une chose qui est impossible, mais
impossible. Chez Hydro-Québec, ils ont des professionnels qui sont capables de
faire des prévisions. Systématiquement, là, qu'il y ait eu des erreurs de la
part des professionnels d'Hydro-Québec pendant tant d'années… Écoutez, il ne
faut pas prendre les Québécois pour des valises. C'est pratiquement impossible.
Alors, on peut se tromper, puis ce serait
correct de se tromper un an, parce que c'est des prévisions, mais se tromper
systématiquement pendant tant d'années, toujours en la faveur d'Hydro-Québec,
ça soulève certains doutes.
M. Croteau (Martin) : Mais
diriez-vous… Je comprends que vous ne voulez pas vous aventurer sur le terrain
de la légalité ou de l'illégalité, mais est-ce qu'il est clair à vos yeux
qu'Hydro et le gouvernement ont contourné le cadre réglementaire qui régit les
marges de profit d'Hydro, puisque la régie a imposé un profit et qu'Hydro en a
fait davantage et a empoché cet excédent?
Mme Soucy : Bien, c'est pour
ça qu'on dit que c'est une taxe déguisée, en fait. Au Québec, on s'est munis…
M. Croteau (Martin) : Mais
est-ce que c'est un contournement du cadre réglementaire qui régit Hydro-Québec
et les tarifs d'électricité?
Mme Soucy : Bien, c'est de
contourner le mécanisme que nous sommes... mis en place, qui est qu'à chaque
fois qu'Hydro-Québec veut avoir une augmentation des tarifs, doit passer devant
la Régie de l'énergie.
Puis le gouvernement a fait en sorte qu'on
va trouver une autre façon de contourner pour aller chercher plus d'argent. Il
instrumentalise énormément une société d'État pour aller chercher plus d'argent
dans les poches des contribuables — aujourd'hui, c'est des clients d'Hydro-Québec — mais
évidemment c'est une façon d'instrumentaliser Hydro-Québec. C'est ni plus ni
moins devenu la vache à lait du gouvernement, alors que le gouvernement devrait
aller chercher de l'argent en mettant des mesures pour créer des emplois, mais
c'est une façon facile pour le gouvernement d'aller chercher de l'argent.
C'est pour ça qu'on dit que lors du dépôt
du budget, mardi dernier, le gouvernement avait beau se péter les bretelles
pour dire qu'ils ont atteint l'équilibre budgétaire, mais c'est un cas
supplémentaire pour prouver que le gouvernement libéral n'a pas fait son devoir
de bonne gestion. Non, ils sont allés piger, encore une fois, dans les poches
des Québécois.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va passer aux questions en anglais. Ryan Hicks, CBC.
M. Legault
: Peut-être
qu'on peut dire, là, M. Croteau, qu'Hydro-Québec et le gouvernement ont
contourné l'esprit de la loi, hein? Je pense que tous les Québécois avaient
compris qu'Hydro-Québec ont droit à des augmentations de tarifs, en autant
qu'ils soient capables de justifier une augmentation de coûts. Bien là, ils se
sont trompés huit années de suite dans leurs estimés de coûts. Je pense qu'on
peut dire qu'ils ont contourné l'esprit de la loi.
M. Hicks (Ryan) : Hello. Where do you think, in this whole story about Hydro-Québec, and the rates, and the
overcharging, where did things go wrong? Was it the Régie de l'énergie, was it Hydro-Québec?
M. Legault
:OK. We don't have
the answer to your question, it
may be the error of Hydro-Québec or it may be something asked by the Liberal
Government, but what we know is, from 2008 to 2015,
eight years in a row, each year, they made errors in their estimates of
increase of costs, and, because of that, they collected $1.4 billion too much to Quebeckers for their tariffs of
electricity.
So I think right now they
must reimburse this $1.4 billion, it represents about $350 per customer.
M. Hicks (Ryan) : So the minister says he acknowledges that, and he acknowledges that
that happened, and he says that moving forward, people will see lower
electricity rates, and that is how the reimbursement is going to happen. Is
that enough for you or do you want Hydro-Québec to write a check?
M. Legault
:
It's a bit absurd. I was listening, this morning, to what M. Arcand
answered. He said : I'm happy that they did so because we will be able to
decrease Hydro-Québec increases in the future. So why
did you do that in the first place? If the intention is to give back the money
to customers, why did you do that eight years in a row?
La Modératrice
:Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : I was just hoping for a bit of clarification from you. So, you know that I'm from Saskatchewan and I remember getting a check back form the
Government like you overpaid a… we call it SaskPower,
same concept as Hydro-Québec.
So I would get a check back. So what you're saying is that, since 2008 or even
before that, because they had negative in the years before that, Hydro-Québec has never given a check back to
Quebeckers.
M. Legault
: Right. Right, and they even passed a law saying that, until we
reach the zero deficit, we will not reimburse. So, we think that right now it
doesn't represent the spirit of the law, hein? Everybody
understood in Québec that every year Hydro-Québec may increase their tariffs if
they can prove that they had same increase in their costs. So they made errors
for $1.4 billion. We think, like in Saskatchewan, that they must reimburse the customers.
Mme Fletcher (Raquel) : So, why do you not say that's a fraud or a theft, as Véronique
Prince asked? Why do you not call it that?
M. Legault
: Yes, because right now the… the money went
to the Government, all right, and we are the Government, the customers are the
Government. So we cannot talk about a fraud, but we can talk again about the
fact that the zero deficit has been done on the back of the taxpayers again.
So I think right now, if
you add the children tax, the school tax, all the increases we had in the last
three years, we have to add to that electricity tariffs. And don't remember
that, for the first two years, Philippe Couillard let the tariffs increase by 10%
at Hydro-Québec. So how can he do that? He does that without having in mind
what happened since 2008. I think that this Government has to give back money
to taxpayers one day.
Mme Fletcher
(Raquel) : Mme Soucy, est-ce que vous parlez anglais?
Mme Soucy : Pas beaucoup,
non.
Mme Fletcher (Raquel) :
O.K. Est-ce que je peux vous poser une question en français?
Mme Soucy : Oui, oui,
bien sûr.
Mme Fletcher (Raquel) :
La semaine passée, on a annoncé un rabais, dans nos impôts, au maximum de
255 $ ou 510 $ par famille. Mais maintenant on a appris qu'avec
l'Hydro-Québec le montant, c'est 350 $. Puis qu'est-ce que vous pensez de
ça, puis ils nous doivent 350 $, mais nous donnent 255 $?
Mme Soucy : Bien, écoutez, on
voit très bien le jeu du gouvernement, essayer de nous faire accroire qu'il
nous fait des réductions d'impôt, qu'il baisse les impôts, alors que, par la
porte d'en arrière, va toujours en chercher de plus en plus dans les poches des
contribuables. Et puis c'est un bon exemple pour le démontrer aujourd'hui. Ce n'est
pas la première fois que le gouvernement libéral met des taxes. Bon, cette
fois-ci, il s'est fait prendre, ni plus ni moins, mais, je veux dire, on
s'entend que les familles québécoises sont encore en déficit par rapport au
gouvernement libéral. On l'a vu, puis mon chef l'a mentionné plusieurs fois en
Chambre, depuis l'arrivée des libéraux, c'est 1 300 $ de taxes
supplémentaires qu'il a infligé aux familles québécoises. Alors, il faut
ajouter…
Mme Fletcher (Raquel) : Mais
ce 350 $ n'est pas inclus avec… Oui, O.K.
Mme Soucy : Non, il n'était
pas inclus. Alors, à ce chiffre-là, il faut ajouter maintenant le 350 $ qu'il
est allé piger dans les poches des clients d'Hydro-Québec.
Mme Fletcher (Raquel) : O.K.
Merci.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
(Fin à 13 h 13)