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Conférence de presse de M. Gilles Taillon, porte-parole de l'opposition officielle en matière de finances

Mise à jour économique déposée par le gouvernement

Version finale

Le mardi 4 novembre 2008, 13 h 44

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Treize heures quarante-quatre minutes)

M. Taillon: Bonjour. Alors, j'ai deux commentaires, deux grands commentaires eu égard à la mise à jour économique présentée par la ministre des Finances. Mon premier, c'est que ce portrait-là semble arrangé pour démontrer une situation pas si mal, mais, dans la réalité, les mauvaises nouvelles s'en viennent...

Une voix: Pouvez-vous arrêter juste un instant, s'il vous plaît.

M. Taillon: Oui.

Une voix: Pouvez-vous continuer vos conversations à l'extérieur, s'il vous plaît?

M. Taillon: Merci beaucoup.

Une voix: Désolé, M. Taillon. Allez-y.

M. Taillon: Bien oui! Alors, merci beaucoup. Donc, premier commentaire: portrait de situation qui est arrangé, qui embellit la situation, qui embellit les choses. Mais, dans la réalité, nous avons une situation où le Québec est en déficit, un déficit qui croît en 2009-2010. Rappelez-vous, au budget, le déficit était prévu à 440 millions. Il passe à 1 097 000 000 $. Donc, c'est un déficit qui croît. On se fait des illusions, parce que la réserve dont parle la ministre, là, c'est une réserve qui aurait dû être appliquée contre le vrai déficit qui a été constaté par le Vérificateur général, qui était de 5,8  milliards, vous vous souvenez. D'ailleurs, son rapport, ce matin, le dit bien. On a un déficit de 5,8; on a pris ce déficit-là, puis on l'a poussé à la dette, puis on a dit: On repart les compteurs à zéro, puis on prétend, durant qu'on fait cette opération-là, qu'on a une réserve, qui était à 1,4 milliard et qui maintenant grossit à 2,3 milliards. Si on avait voulu être rigoureux, on aurait appliqué la réserve contre le déficit pour le réduire puis on l'aurait poussé à la dette, au nom d'une comptabilité plus transparente, mais ça aurait été clair. Donc, on joue avec des réserves qui à notre avis sont fictives.

Dans les calculs, je vous dirais, nous avons des doutes sur certains chiffres. Maintenant, c'est une réaction préliminaire, il faudra aller vérifier. Mais l'impact de la décroissance économique ou de la moins grande croissance que prévu, on parle d'un coût, hein, de 103 millions, et, nous, on prétend que c'est beaucoup plus 330 millions qu'il faudrait prévoir, parce que 0,7 % de baisse de croissance, ça devrait produire environ 315 millions de perte. Donc, des chiffres à vérifier. Une réaction plus approfondie nous permettrait sans doute de répondre à cette question-là, mais je vous dis: Il y a quelque chose de rose dans la présentation de la situation, et cette situation rose là nous réserve des mauvaises nouvelles pour l'avenir, et la dette, le déficit croît l'année prochaine, on n'est pas vraiment au déficit zéro, on est dans une situation problématique, au Québec. Le travail n'a pas été fait. Ça, c'est, un, pour les chiffres, mise à jour économique.
Maintenant, les mesures. Bien, les mesures, je vous dirais, on a là une série de mesures. Les titres sont fantastiques, parce qu'ils reprennent nos énoncés, mais ce qu'il y a dedans, c'est insignifiant. Il y a 81 millions pour contrer les effets du ralentissement économique en 2008-2009, puis on s'apprête à mettre au minimum 85 millions pour faire des élections. Il y a moins d'argent dans les mesures qu'il y en a pour aller en élection. Et je vais vous illustrer. La mesure principale, c'est l'indexation des tables d'impôt. Ça représente, pour les ménages québécois, en 2008-2009, 5,34 $ de plus dans leurs poches et 30 $ de plus en 2009-2010. Si vous me dites qu'avec ça on peut améliorer le pouvoir d'achat des ménages vous me demandez de faire un acte de foi qui est extrêmement difficile à absorber. Pour le reste, il n'y a rien: une série de mesures, d'annonce de mesures qui reprennent la résolution adoptée unanimement à l'Assemblée, mais avec peu d'effets parce que pas d'argent dedans. Voilà pour nos commentaires.

M. Duchesne (Pierre): Oui. Alexis Deschênes.

M. Deschênes (Alexis): M. Taillon, vous dites que vous avez des doutes sur les chiffres du gouvernement. D'après vous, c'est du maquillage qu'on fait ou c'est de la mauvaise foi?

M. Taillon: C'est une sous-estimation. Je ne peux pas prétendre, là... je vous dis, il faudrait faire une analyse plus profonde. Mais il y a une sous-estimation des choses. Un, il y a une sous-estimation quant aux croissances de revenus ou à la décroissance des revenus et, deux, il y a du maquillage au niveau de la dette, là. On ne peut pas se faire croire que la situation va bien, qu'on avait 5,7 milliards de dette, de déficit, et tout à coup, du jour au lendemain, ça se transforme en des surplus. Quand on veut faire de la bonne comptabilité, il aurait fallu remettre notre dette, remettre le compteur à zéro parce qu'on change les règles comptables, mais pas prétendre qu'on a encore la réserve entre les mains.

M. Deschênes (Alexis): Comment vous expliquez le surplus?

M. Taillon: Bien, le surplus... d'abord, il n'y a pas de surplus, il y a des déficits, là. Mais, quand on arrive à zéro, là, c'est qu'on dit, on a vendu des actifs. Puis rappelez-vous, quand je vous ai dit: Certainement que la ministre va comptabiliser à sa réserve des crédits périmés, hein, des dépenses périmées, des dépenses non effectuées, elle parle de 400 quelques millions, pas loin du chiffre que j'avais avancé. On constitue une réserve avec des choses qui ne sont pas véritablement une réserve. Une vente d'actif, là, ça arrive une fois, tu n'as pas ça tout le temps. Si tu veux équilibrer tes comptes, dans un gouvernement, tu le fais au fur et à mesure.
Et, en plus, on était dans une situation de déficit important, 5,8 milliards, puis on ne l'a pas résorbé, on l'a tout simplement poussé à la dette. Puis on dit: Après ça, on se constitue une réserve avec une vente d'actif. On prend des dépenses non effectuées, on dit: c'est une réserve, puis, après ça, on éponge les deux autres années en déficit, parce qu'il y a deux années en déficit réel, puis une deuxième année, 2009-2010, où le déficit croît au double de ce qu'elle avait prévu. Donc, il n'y a pas une belle situation financière au Québec. Puis on s'en va en élection là-dessus. Ça n'a pas de bon sens.

Le Modérateur (M. Pierre Duchesne): Yves Chartrand. Journal de Montréal.

M. Chartrand (Yves): Est-ce que le gouvernement, diriez-vous qu'il est chanceux d'avoir mis son programme d'infrastructures en marche à un moment où est-ce qu'on ne s'attendait pas à une crise économique, et que maintenant effectivement ça donne des résultats? Il y a des emplois qui sont créés, on ne peut pas le nier, ça.

M. Taillon: C'est évident. Écoutez, la réponse à ça, c'est que, s'il n'y avait pas eu ce plan d'infrastructures là... et vous avez raison qu'il n'a pas été créé en prévision de la crise mais qu'il a été créé pour réparer 30 ans où on n'avait rien mis dedans, hein, sur 15 ans, on va essayer de réparer les 30 ans... Mais, si on ne l'avait pas eu, ça aurait été pire. Mais, malgré qu'on l'a, on a un taux de croissance que la ministre prévoit à 0,8 %, et je vous dirais qu'elle est plus optimiste que le secteur privé actuellement, qui parle plutôt de 0,5 %.
Donc, le programme des infrastructures, ça permet que la situation soit moins pire, ça crée des emplois dans le secteur public, le secteur privé aussi, dans les infrastructures, mais ça ne résorbe pas, ça ne règle pas notre problème.

M. Chartrand (Yves): Est-ce que vous voyez dans ces mesures-là de quoi aller en élection, en tout cas demain?

M. Taillon: Bien, écoutez, moi, je pense que, si on s'en va en élection, faire croire aux gens qu'on va préserver leur pouvoir d'achat, et que ce qu'on leur offre, là, c'est un joyeux festin au McDonald pour l'année 2008-2009, puis à peine un repas pour la famille au McDonald pour 2009-2010, si vous me dites que c'est avec ça qu'on va contrer la crise, moi, j'ai des problèmes.

M. Duchesne (Pierre): M. Taillon, vous quittez la région de Québec pour vous présenter en Outaouais, où, en tout cas selon ce qu'on a vu, les dernières partielles et autres, vous avez très peu de chances que votre parti soit réélu. Est-ce que c'est par loyauté pour votre chef que vous faites ça, pour ne pas lui imposer une démission? Est-ce que vous auriez peut-être pu faire autrement?

M. Taillon: Bon. Écoutez, il est très, très clair que je retourne en Outaouais pour des raisons familiales et personnelles. Je pense qu'on en a assez parlé, je ne veux pas revenir là-dessus. Deux, je suis convaincu que l'ADQ est une alternative importante, puis je veux faire partie de l'équipe qui va faire les changements au Québec. Donc, j'ai concilié famille puis mon engagement politique.

M. Duchesne (Pierre): Vous êtes pragmatique à l'endroit de vos chances de gagner?

M. Taillon: Ah bien! Écoutez, c'est sûr qu'il y a un travail, un combat énorme à faire, un combat politique. Je suis prêt à ça. Mais je vous dirais que je prendrais pas pour acquis les assertions qui disent finalement qu'il n'y a rien à faire en Outaouais pour d'autres partis que le Parti libéral. Je serais bien prudent. Dans Gatineau, on a un député du Bloc au fédéral. Les gens dans l'Outaouais, les électeurs, ils vont faire un choix en fonction du programme, de la campagne qui va être menée puis du candidat. Moi, je suis là pour me battre, mais, vous avez raison, M. Duchesne, c'est plus dur que dans la région de Québec. Mais, en élection, toutes les élections sont différentes, et on ne sait pas ce qui peut arriver. Quand j'ai sauté à l'ADQ, on était à 12 %, puis on a eu 31 % au final puis on a eu 41 députés.

M. Chartrand (Yves): Probablement que ça va être dur partout pour l'ADQ, la campagne, Québec, Outaouais, où est-ce que vous voulez?

M. Taillon: Moi, je pense que ça va être dur partout pour les trois partis. Ça va être une maudite bonne bataille.

Le Modérateur: En anglais, maintenant, Valérie Boyer, Global.

Mme Boyer (Valérie): Mr. Taillon, do you think that Quebeckers should be wary in believing the Finance Minister that the situation is going to be fine, or we're going to have a balanced budget for the next two years?

M. Taillon: I think that we have a worse situation that what the Minister of Finance proposed today. We have a worse situation. We are really in a deficit situation. We sell our assets to balance the budget, and we think frankly that the situation is worse than what we have in those papers.

Le Modérateur: John Grant, CTV.

M. Grant (John): Mr. Taillon, you said that the measures that they have announced so far to help people's buying power are in fact not exactly interesting for households. How do you...

M. Taillon: We have a plan to attack the crisis. There is 81 million dollars in it, and the election will cost 100 millions de dollars. When I say that the measures are little and not really good to build a better situation economically, that's what I consider.

Le Modérateur (Pierre Duchesne): Angelica Montgomery, CJAD.

M. Taillon: Ça va être la dernière.

Le Modérateur (Pierre Duchesne): Oui, la dernière.

Mme Montgomery (Angelica): Can you explain to me as clearly as possible why it is that we would actually be in deficit, when it looks like we're in surplus?

M. Taillon: We are in deficit as the Vérificateur - how do you say? -  the Auditor General. Thank you, gentleman. We are in deficit of 5,8 billion dollars at the end of March 2007. We put this amount in the debt count and we say: Now, we are no more in deficit, we have surplus caused by selling our assets, especially our Hydro-Québec's assets. I think it's not fair. We have to use those assets to lower the debt, and after that we are in deficit and attack each year with a situation that we have to resorb those deficits. That's not what the Minister said. She said that the situation is good, we are in a balanced budget. It's not the truth.

(Fin à 13 h 56)

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