(Quinze heures trente minutes)
M. Leitão : Alors, merci
beaucoup. Bonjour, tout le monde. Merci d'être ici cet après-midi pour notre
mise à jour du Plan économique du Québec. Cette mise à jour confirme que nous
avons rétabli l'intégrité fiscale et budgétaire du Québec. Nous nous sommes redonné
les moyens de faire des choix, et le Québec a donc retrouvé les moyens de ses
ambitions.
Devant l'ampleur du déficit auquel nous
avons dû faire face il y a deux ans, nous nous sommes engagés dans une démarche
ambitieuse mais nécessaire pour redresser les finances publiques. Cet exercice
a été rendu possible grâce à un effort collectif des Québécois, du gouvernement
et grâce à la bonne tenue de notre économie. Les bénéfices de notre démarche se
concrétisent et vont pouvoir profiter à l'ensemble des Québécois. Nous avons
remis la maison en ordre et doté le Québec d'un plan responsable et solide pour
rétablir un environnement favorable à sa croissance économique et sociale dans
toutes nos régions.
En parallèle de ces actions, nous avons
agi pour relancer l'économie. Mois après mois, nous constatons que notre plan
économique fonctionne. L'économie du Québec va mieux, la croissance s'accélère,
le marché de l'emploi est en forte progression, au même titre que la confiance
des entreprises et des ménages. Aujourd'hui même, vous avez dû constater, j'en
suis sûr, la progression du PIB pour le mois de juillet. 0,7 % pour le
mois de juillet, c'est remarquable.
Maintenant que la maison est en ordre,
nous avons retrouvé les moyens de faire des choix pour répondre aux besoins et
aux priorités des Québécois. La solidité de nos finances publiques et la bonne
tenue de notre économie nous permettent d'annoncer aujourd'hui des
investissements additionnels de 2,2 milliards de dollars au cours des
trois prochaines années pour rehausser le financement de nos services publics
dans les secteurs clés comme la santé et l'éducation, mais aussi pour stimuler
l'économie de nos régions et pour soutenir le financement de nos
infrastructures. Nous annonçons également l'abolition complète de la
contribution santé au 1er janvier 2017, soit deux ans plus tôt que prévu
initialement.
Je reviendrai dans quelques instants sur les
détails de ces nouveaux investissements, mais je voudrais tout d'abord faire un
point aussi sur les Comptes publics 2015‑2016 déposés cet après-midi au
salon bleu et qui confirment la bonne situation financière du Québec. Les
résultats des comptes publics confirment en effet que notre objectif
d'équilibrer les budgets 2015‑2016 a été atteint après six années consécutives
de déficit. Ainsi, l'exercice 2015‑2016 s'est conclu avec un surplus
budgétaire de 2,2 milliards de dollars. Cette amélioration provient
principalement de facteurs ponctuels, donc non récurrents, autant du côté des dépenses
que des revenus et alimentés par une bonne tenue de notre économie. Le Québec
se démarque par sa bonne performance parmi ses principaux partenaires et
voisins. Je vous rappelle que, pour l'année 2015‑2016, seuls la Colombie-Britannique
et le Québec ont été à l'équilibre budgétaire.
Voilà ce qui m'amène à vous présenter les
actions concrètes qui découlent directement du travail collectif qui a été
accompli en matière de gestion de finances publiques au cours des deux
dernières années. Les Québécois vont pouvoir profiter de l'amélioration de
notre situation financière. Des investissements additionnels de 2,2 milliards
de dollars au cours des trois prochaines années, que nous annonçons aujourd'hui,
cibleront principalement nos priorités, c'est-à-dire la santé, l'éducation, l'économie
et le développement des régions.
Dans un premier temps, l'amélioration de
notre situation économique et financière nous permet dès aujourd'hui de
renforcer le financement des missions prioritaires en annonçant de nouveaux
investissements immédiats qui totaliseront près de 1,8 milliard sur trois
ans, donc 300 millions par année à compter de 2017‑2018 en santé et
services sociaux et 100 millions dès cette année, notamment pour prioriser
les soins à domicile et en établissement pour les personnes en perte d'autonomie,
110 millions par année à compter de 2017‑2018 en éducation et enseignement
supérieur, et 35 millions dès cette année pour accroître la réussite des
élèves et des étudiants, et aussi 100 millions par année, et cela, dès
cette année, pour stimuler l'économie dans toutes les régions du Québec.
En matière de santé, ces nouveaux
investissements permettront notamment d'améliorer l'offre de services de soins
à domicile pour les personnes âgées et en perte d'autonomie, d'améliorer les
standards d'hébergement et les soins dans les CHSLD, de bonifier l'offre de
services en soins intermédiaires. D'ailleurs, le ministre de la Santé et des
Services sociaux ainsi que la ministre déléguée à la Réadaptation, à la
Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie
présenteront très prochainement les détails concernant ces nouveaux
investissements et le développement de nouveaux services.
Ces investissements additionnels amèneront
la croissance des dépenses en santé et services sociaux à 3,3 % en 2016‑2017
et à 3 % en 2017‑2018, soit une hausse de 0,6 point de pourcentage
par rapport au budget de mars dernier. Comme vous le savez, nous sommes en
discussion aussi avec Ottawa sur la question des transferts fédéraux en santé
afin que le gouvernement fédéral assume une juste part des dépenses en santé.
Nous prenons donc nos responsabilités en investissant dès maintenant pour
rehausser les services en santé et nous nous attendons à ce que le gouvernement
fédéral en fasse autant, et ce, en tout respect des compétences des provinces.
Nous poursuivons également les efforts
entrepris dans le Plan économique pour la réussite en éducation et en
enseignement supérieur annoncé en mars 2016 et en investissant des sommes
additionnelles pour accroître la réussite éducative au primaire et au
secondaire pour poursuivre les efforts en vue d'adapter la formation
professionnelle aux besoins du marché du travail, pour améliorer les programmes
de formation continue en offrant une formation qualifiante de courte durée
adaptée aux particularités et aux enjeux régionaux, développer des programmes
de formation d'appoint pour les professionnels formés à l'étranger et faciliter
la reconnaissance des acquis et des compétences pour une intégration plus
rapide au marché du travail, et améliorer le financement des fédérations
sportives québécoises et en assurer une plus grande prévisibilité.
Des sommes additionnelles seront également
consacrées pour renforcer les programmes et l'offre de services en matière de
francisation des immigrés. Ces investissements additionnels portent la
croissance des dépenses en éducation à 3,5 % en 2017‑2018, comme nous nous
y étions engagés. Les mesures qui bénéficieront de ces nouveaux investissements
seront présentées prochainement par le ministre de l'Éducation, du Loisir et du
Sport et par la ministre de l'Enseignement supérieur.
Par ailleurs, le gouvernement offrira aux
régions, dont la Capitale-Nationale et la métropole, des moyens financiers
additionnels pour soutenir le développement économique. Ces sommes permettront
notamment au gouvernement de mettre en place deux mesures prioritaires, soit
d'offrir un appui spécifique aux régions pour soutenir de matière concertée
leur développement économique sans que de nouvelles structures administratives
soient créées et de favoriser le tourisme en région, notamment par les
festivals et événements.
D'autres initiatives de développement
économique et régional seront également annoncées par mes collègues de
Tourisme, Développement économique régional et des Affaires municipales.
Je vous confirme aussi l'abolition complète
de la contribution santé dès le 1er janvier 2017, soit deux ans plus tôt
que prévu initialement. Cette mesure représente une baisse annuelle du fardeau
fiscal de près de 760 millions de dollars pour 4,5 millions de
contribuables. Pour une famille dont les revenus totalisent, disons,
70 000 $, cela représente une économie pouvant atteindre 300 $
par année. Cette mesure porte à 4 milliards les allègements fiscaux déjà
annoncés pour les particuliers, et cela, sur cinq ans. À terme, ce sont près de
1 milliard de dollars qui sont retournés dans la poche des Québécois
chaque année.
Le contrôle de notre dette nous permet
également d'investir 400 millions de dollars supplémentaires dans nos
infrastructures publiques. Ces sommes additionnelles seront consacrées en
priorité au remplacement d'infrastructures vétustes, à des projets qui
favoriseront le développement économique et nos infrastructures sportives en
région. Pour 2017‑2018, les investissements en immobilisations totaux
s'élèveront à 10 milliards de dollars. 10 milliards pour le Québec,
quand on sait très bien que nos amis fédéraux considèrent 60 milliards sur
10 ans, on en parlera, de ça, j'en suis sûr.
En ce qui concerne la dette, pour la
première fois depuis la fin des années 50 la dette brute du Québec est en
baisse. J'aimerais répéter ça parce que ça n'est pas arrivé souvent en 50 ans,
la dette brute du Québec est en baisse. Au 31 mars 2016, elle affichait
une diminution de 610 millions de dollars par rapport aux chiffres de mars
2015. Cela s'est traduit par une baisse du poids de la dette sur l'économie qui
s'établissait à 53,8 % du PIB. Ce résultat provient de la bonne tenue de
l'économie, du rétablissement de l'équilibre budgétaire et des versements au
Fonds des générations. Nous poursuivons et nous maintenons notre objectif, qui
est d'ailleurs inscrit dans la loi, de ramener le poids de la dette brute à
45 % du PIB d'ici 10 ans. J'insiste parce que cet objectif est
inscrit dans la loi qui a été votée à l'unanimité à l'Assemblée nationale. Certains
ont un peu oublié ça.
Nous maîtrisons mieux notre dette, donc,
et c'est pour nous un engagement de sécurité et d'équité envers les jeunes et
les générations futures. Je veux dire aux jeunes du Québec que notre engagement
envers l'équité intergénérationnelle est solide et constant. C'est en pensant à
eux, aux jeunes, à la génération montante que nous poursuivons notre plan de
réduction de la dette. Ne pas agir maintenant pour maintenir notre plan de
réduction de dette serait irresponsable.
L'économie du Québec connaît une
amélioration significative, malgré un contexte mondial encore incertain. Les
conditions actuelles sont propices à l'accélération de la croissance
économique. Les dépenses de consommation sont robustes, la confiance des
consommateurs et des entreprises atteint des sommets. La reprise des
exportations se poursuit et elle demeure à des niveaux élevés. Il faut faire
mieux, et on va faire plus. Et, dans ce contexte-là, l'accord économique avec
l'Europe, l'Union européenne, est particulièrement important, et donc nous
souhaitons que cet accord soit approuvé.
Le contexte favorable se traduira aussi
par une accélération de la croissance économique, qui devrait enregistrer une
hausse de 1,4 % en 2016 et 1,5 % en 2017. Cette croissance sera
principalement soutenue par la progression de la consommation des ménages et
par la reprise des investissements non résidentiels des entreprises. D'ailleurs,
ce mouvement à la hausse est déjà amorcé alors que les dépenses de consommation
des ménages ont augmenté, en termes réels, de 1,8 % au cours des deux
premiers trimestres de 2016, soit plus que le PIB total.
Quant aux investissements des entreprises,
ils ont augmenté de 0,5 % au deuxième trimestre de 2016 par rapport au
précédent. Donc, même si le chiffre total pour l'année sera probablement
négatif, mais on voit que, déjà, au deuxième trimestre, il y a un début de
renversement de tendance.
L'emploi au Québec est en forte
progression, signe d'une économie en croissance et de la confiance retrouvée
des entreprises. Depuis mai 2014, il s'est créé près de 128 000 emplois
au Québec, dont 125 000 à temps plein et 98 000 dans le secteur
privé. Je sais que les chiffres sont têtus, mais c'est ça, 128 000 de mai
2014 à septembre 2016. Signe de la vitalité de notre marché du travail, le
Québec a créé à lui seul près de 50 % des nouveaux emplois privés au
Canada depuis mai 2014.
Le taux de chômage devrait continuer de
diminuer. Après s'être établi à 7,6 % en 2015 en moyenne, il devrait se
situer à 7,2 % en 2016 et à 6,9 % en 2017. Depuis mai 2014, donc, le
taux de chômage a diminué déjà dans 14 des 17 régions administratives du
Québec. La performance du marché du travail bénéficie à tous les Québécois,
puisque, depuis mai 2014, on compte 25 000 prestataires de la
sécurité du revenu en moins.
Il est évident que l'amélioration franche
de notre économie a contribué au redressement des finances publiques. En même
temps, la solidité financière que nous avons rétablie alimente la confiance des
consommateurs et des entreprises. C'est pourquoi notre plan s'appuie simultanément
sur ces deux leviers.
Pour ceux qui douteraient encore de la
nette amélioration de notre situation financière et économique, je vous invite
à relire les derniers commentaires des agences de notation, dont le rôle est de
donner l'heure juste aux investisseurs. Deux d'entre elles ont rehaussé la
perspective du Québec et elles ont unanimement souligné la performance du
Québec en matière de gestion des finances publiques et la robustesse de notre
économie, et cela, c'était avant la publication des comptes publics pour 2015‑2016,
et donc l'annonce du surplus. Cela est très important, car c'est d'abord et
avant tout grâce à la rigueur de notre gestion des finances publiques et à la
robustesse de notre Plan économique si le Québec peut maintenant envisager son
avenir avec confiance et optimisme.
En conclusion, donc, nous pouvons
aujourd'hui affirmer que le Plan économique que nous mettons en place et que
nos actions des deux dernières années ont porté fruit. Nous faisons, en fin de
compte, exactement ce que nous avons dit que nous allions faire. Nous avons agi
de manière responsable en alliant prudence et détermination. Nous avons
maintenant une marge de manoeuvre qui nous permet de faire des choix tout en
maintenant une gestion responsable de nos finances publiques. Nous respectons
nos engagements en présentant des finances publiques équilibrées, plus solides
et plus saines qui permettent de contrôler notre dette, une économie plus forte
qui vient soutenir notre solidité et notre capacité financière. Nous
investissons davantage dans les services à la population, notamment en santé,
en éducation et aussi en infrastructures. Nous réduisons le fardeau fiscal des
Québécois. Nous avons toutes les raisons d'être confiants et, avec prudence,
j'insiste sur ce mot, prudence, nous poursuivrons nos efforts afin que le
Québec puisse se développer à la mesure de son plein potentiel et de ses
talents.
Je suis très heureux de vous affirmer
aujourd'hui que le Québec a retrouvé son intégrité fiscale et financière. Je
vous remercie, donc, et je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
Le Modérateur : Puisque nous
sommes nombreux, je vais demander de respecter quand même la formule consacrée
d'une question, une sous-question, s'il vous plaît, par respect pour les gens
qui vous suivent. On va commencer immédiatement avec Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : M. le
ministre, M. Monty, les critiques ont été très sévères au cours des deux
dernières années. Qu'avez-vous à dire aux Québécois qui ont eu de la difficulté
à passer à travers ces deux années, particulièrement dans les services? Ils ont
l'impression aujourd'hui que vous leur redonnez l'argent que vous êtes allés
chercher.
M. Leitão : Écoutez, je ne nie
pas que l'effort a été important et qu'il était collectif, donc c'est tous les
groupes de la société, les entreprises, les particuliers et le gouvernement,
surtout le gouvernement. Mais je vous ramène à notre point de départ. Notre
point de départ, c'était quoi? Notre point de départ, en 2014, ça aurait été un
déficit potentiel de 7 milliards de dollars qui avait d'ailleurs été
confirmé par le Vérificateur général, c'est-à-dire les dépenses étaient sur un
train d'augmentation de 5 % à 6 % par année. Il fallait absolument
donner un sérieux coup de barre pour nous ramener à l'intérieur de notre
capacité de payer pour qu'on puisse se retrouver maintenant dans une situation
qui est beaucoup plus solide et qui nous permet maintenant d'envisager l'avenir
avec confiance et optimisme.
M. Laforest (Alain) :
Qu'est-ce qui vous a donné cette marge de manoeuvre, au-delà, là, des
compressions que vous avez faites?
M. Leitão : Encore une fois,
je vous dirais qu'il n'y a pas de compressions. Nous avons réduit, ralenti le
rythme d'augmentation des dépenses. Il fallait le faire pour nous ramener à
l'intérieur de notre capacité de payer. Mais je vous soulignerais aussi la bonne
tenue de l'économie. Nos revenus sont au rendez-vous et nos revenus sont même
plus élevés que ce qu'on avait budgété en mars 2016. Donc, si, en effet, il
y avait de l'austérité toxique comme certains prétendent et que la croissance économique
aurait été affectée terriblement, bien, on n'aurait pas eu les revenus. Donc,
les revenus sont là parce que l'emploi a augmenté, parce qu'il y a plus de
monde qui travaille, il y a plus de monde qui paie des taxes. Ce n'est pas que
les gens paient plus de taxes, il y a plus de personnes qui paient des taxes. Et
donc c'est cela qui a dégagé la marge de manoeuvre qui nous permet maintenant
d'affronter l'avenir avec prudence, mais aussi, et surtout optimisme.
Le Modérateur
: Alex
Robillard, LaPresse canadienne.
M. Robillard (Alexandre) :
L'exercice 2016‑2017 prévoit 394 millions de dollars en allègements
fiscaux, là, divers, donc, comparativement à 2 milliards durant le même
exercice, qui sont consacrés à la dette. D'ici la fin des exercices 2018‑2019,
on constate qu'il va y avoir 2,2 milliards en réduction d'impôt puis
7,3 milliards consacrés au contrôle de la dette. Donc, j'aimerais ça
savoir : Est-ce que le gouvernement est en voie de réaliser sa promesse
électorale de consacrer 50 % des surplus aux baisses d'impôt et 50 %
des surplus à la dette?
M. Leitão : Écoutez, il nous
faut agir de façon responsable. Nous avions dit en campagne électorale que
d'abord on allait remettre la maison en ordre, qu'on allait rééquilibrer les finances
publiques pour pouvoir après prendre les décisions qui s'imposaient. Deuxièmement,
nous avons aussi dit en campagne électorale que nous allions rétablir
l'allocation aux grandes missions de l'État, donc 3,5 % de croissance en
éducation et à peu près 4 % de croissance des dépenses en santé, une fois
qu'on aurait retrouvé l'équilibre et une fois qu'on aurait retrouvé la marge
financière nécessaire pour faire ça. Après ça, si surplus il y avait, bon, là,
on ferait cette distinction, cette allocation 50-50 entre la dette et la
réduction d'impôt.
Donc, ce que nous avons fait jusqu'à
maintenant, c'est que nous avons maintenant rétabli, nous pouvons dépenser
maintenant un peu plus en santé et en éducation. En éducation, on est déjà à
3,5 % d'augmentation; en santé, on est à 3 % d'augmentation. On
compte maintenant sur nos partenaires fédéraux pour qu'ils remplissent aussi
leur mandat.
Pour ce qui est de la réduction de la
dette, nous maintenons cet objectif à travers le Fonds des générations. Donc, le
Fonds des générations est particulièrement important. On aura peut-être la
chance d'en discuter davantage avec vous, mais le Fonds des générations est
l'outil par excellence qui nous permet de contrôler et de diminuer le fardeau
de la dette.
M. Robillard (Alexandre) : Et
à un contribuable ayant entendu la promesse électorale de M. Couillard en
2014, êtes-vous en mesure de dire si un dollar qui est consacré à la dette sera
également consacré en baisses d'impôt? Autrement dit, si on se dirige vers 7,3 milliards
de dollars qui vont être consacrés à la dette, est-ce que vous prévoyez qu'il
va y avoir 7,3 milliards de dollars de baisses d'impôt d'ici la fin 2018‑2019?
M. Leitão : Pour ce qui est de
la réduction de la dette, vous faites votre calcul en comptant sur le Fonds des
générations. Mais, moi, la réduction de la dette, le 50-50, à mon avis, c'est
au-delà, donc, des surplus qu'il y aurait, au-delà de la contribution au Fonds
des générations.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais est-ce que ces surplus-là, il pourrait y en avoir qui soient consacrés également
à la dette?
M. Leitão : Oui.
M. Robillard (Alexandre) : En
plus?
M. Leitão : Une fois qu'on
aura rétabli, donc, cette vitesse de croisière des dépenses de programmes en
santé et éducation, 3,5 % en éducation, 4 % en santé, une fois qu'on
aura rétabli cela — et on continue toujours de faire nos versements
au Fonds des générations — et, si, au-delà de ça, il y a encore des
surplus, à ce moment-là ils seront divisés 50-50, dette et baisses d'impôt.
Nous avons choisi maintenant d'éliminer la taxe santé pour deux raisons : d'abord,
c'était une taxe qui, à notre avis, était injuste parce que c'est l'impôt sur
le revenu, c'était aussi recommandé fortement par le rapport Godbout. Donc, ça,
on l'a fait, on l'a fait déjà. Mais, à l'avenir, ça sera au-delà des
contributions au Fonds des générations.
Le Modérateur
: Denis
Lessard, LaPresse.
M. Lessard (Denis) : Vous
dites que la croissance économique s'accélère. Pourtant, 1,4 %, c'est un
1/10 que vous aviez prévu au printemps passé. Quand on lit les annexes, on voit
«ralentissement dans la construction domiciliaire», «ralentissement dans les
exportations». Pourquoi ne pas avoir choisi, comme Ottawa, de dépenser davantage
sur les infrastructures comme le gouvernement fédéral le fait, par exemple?
M. Leitão : Mais nous
dépensons massivement en infrastructures. En 2017‑2018, ça va être 10 milliards
de dollars; cette année, en 2016‑2017, c'est 9,6 milliards. Donc, nous
dépensons déjà.
M. Lessard (Denis) : Mais
c'est le rythme habituel depuis des années, 9 à 10 milliards.
M. Leitão : C'est un rythme
habituel qui est plus élevé que celui qui est des années précédentes et c'est un
rythme qui est très exigeant parce que ces dépenses-là se font en empruntant.
Donc, il faut avoir une capacité d'aller sur les marchés financiers et
emprunter ces montants-là pour pouvoir investir en infrastructures. 90 milliards
sur 10 ans, c'est énorme. Le gouvernement fédéral, justement, parle de
120 milliards, 60 plus 60, sur 10 ans pour tout le Canada. Nous, au Québec,
on dépense 90, 89 point quelque chose, sur 10 ans. L'Ontario aussi,
ils dépensent 130 milliards. Donc, les provinces, surtout les deux
provinces centrales, font un effort important, majeur pour dépenser en infrastructures
pour deux raisons : parce que c'est nécessaire, on a besoin, le pont
Champlain, il faut le remplacer, ça va finir par tomber, et aussi c'est un
outil de développement économique. Quand on parle de développement économique
et qu'est-ce qu'un État peut faire pour accélérer la croissance économique, ce
n'est pas à travers des dépenses courantes de programmes, c'est — et
c'est là, je pense, que tous les experts sont d'accord — par des
investissements comme dans les infrastructures qu'on peut accélérer la
croissance économique.
M. Lessard (Denis) : Si ce
n'est pas suffisant, est-ce que le Québec devrait en faire davantage?
M. Leitão : Le Québec ferait
davantage si notre point de départ n'était pas une dette au PIB de 55%.
M. Lessard (Denis) : Une autre
question sur le devancement de l'abolition de la taxe. Ça veut dire que ça vous
coûte 253 millions, je pense, cette année, hein? Est-ce que ça ne vient
pas discréditer un peu votre position devant le fédéral, qui dit : Bon,
bien, le Québec veut plus d'argent pour la santé, mais en même temps il baisse
ses impôts. On a déjà connu ça dans le passé avec M. Charest, là.
M. Leitão : Écoutez, non, non,
ça ne discrédite pas du tout notre position parce que cette taxe-là est une
taxe, comme j'ai dit tantôt, injuste, c'est de l'impôt sur le revenu. À notre
avis, c'était un obstacle important au rétablissement de la confiance des consommateurs.
Et cette abolition-là de la contribution santé n'affecte en rien le financement
de la santé. Nous n'avons pas fait ça en 2014 ou en 2015, nous le faisons maintenant,
en 2017, après avoir rétabli, justement, le taux de croissance des dépenses en
santé à 3 %. Donc, c'est à ce moment-là que nous procédons à l'élimination
de la taxe santé, après avoir rétabli les croissances de dépenses en éducation
à 3,5 % et la santé à 3 %.
Le Modérateur
: Mathieu
Boivin.
M. Boivin (Mathieu) : M. le
ministre, on a tous entendu votre promesse électorale en 2014 : 50 %
du surplus, lorsqu'il se manifesterait, à la baisse de la dette, l'autre en
baisses d'impôt. À la première occasion, vous avez un surplus, je ne sache pas
qu'il y a beaucoup de baisses d'impôt supplémentaires, là... en fait, de baisse
de dette non plus, en fait, là. C'est exactement ce qui était prévu en 2015‑2016
sur le surplus.
M. Leitão : Oh! la baisse de
la dette est importante. Nous sommes à 53,7 %, 53,8 % du PIB, c'est
quand même une baisse importante. D'ailleurs, si vous regardez dans les tableaux
sur la dette, c'est arrivé pour la première fois en plus de 50 ans où le
niveau absolu de dette diminue, donc il y a eu un bon progrès sur la réduction
de la dette.
Mais, écoutez, pour ce qui est de la
contribution santé, c'était important, à notre avis, de le faire pour donner un
peu d'oxygène aux contribuables, mais aussi parce que c'était, à notre avis,
une taxe — c'est de ça qu'il s'agissait — qui était
injuste, donc nous nous étions engagés à l'abolir. Et ce qu'on avait
dit — encore une fois, je reviens sur ce qu'on avait dit en campagne
électorale — c'était d'abord de rétablir l'équilibre budgétaire,
d'obtenir des finances publiques plus solides, de rétablir les dépenses en
éducation et en santé à 3,5 % et à 4 %. Une fois qu'on aurait fait
ça, à ce moment-là... Et ces surplus, il y en aura. À ce moment-là, là on va
les répartir 50-50 entre dette et réductions d'impôt additionnelles.
M. Boivin (Mathieu) : Est-ce
que ce n'est pas, d'une certaine façon, un aveu que vous avez coupé peut-être
trop, trop vite que de réinvestir à la première occasion dans les réseaux
plutôt que de faire le 50-50 dont on parlait?
M. Leitão : Bien, écoutez, je
vous ramène à notre point de départ, notre point de départ étant un déficit
potentiel qui pouvait atteindre 7 milliards de dollars. Donc, il nous
fallait prendre des mesures énergiques et des mesures rapides pour changer la
courbe de dépenses. On était sur une lancée où les dépenses de programmes
augmenteraient, si rien n'était fait, de 6 % par année, et ça, clairement,
on s'en allait droit dans le mur. Donc, il fallait absolument régler ça. Pendant
qu'on faisait ça en 2014, si on avait, à ce moment-là, réduit aussi la taxe
santé, là je serais d'accord avec vous que ce serait incohérent. Nous n'avons
pas fait ça en 2014, nous l'avons fait maintenant parce que maintenant nous
avons retrouvé notre marge de manoeuvre avec une croissance économique solide,
des revenus qui sont au rendez-vous et un équilibre budgétaire qui est blindé,
qui est très solide.
Le Modérateur : François
Pouliot.
M. Pouliot (François) : Je
suis un peu étonné de votre déclaration sur le 50-50. Est-ce qu'il n'aurait pas
été souhaitable qu'on se crée une réserve de stabilisation, encore une fois,
pour 2017‑2018? Puis, si je comprends votre déclaration, il n'y en aura jamais
plus sur la réserve de stabilisation parce que, du moment où la croissance en
éducation est à 3,5 % puis la croissance en santé est à 4 %, vous
allez dire : Moitié à la dette, moitié en baisses d'impôt. Ça veut dire
que le jour où on frappe une récession, il n'y a pas de réserve de
stabilisation. Celle qu'on vient de traverser a coûté 13 milliards. On a
2 milliards en réserve de stabilisation. Pourquoi ne pas s'en créer une
plus importante?
M. Leitão : D'abord, la
réserve de stabilisation est là, les 2,2 milliards, ils sont dans la
réserve de stabilisation, et donc ça va rester. Nous allons continuer à déposer
des budgets équilibrés, donc nous ne prévoyons pas de déposer des budgets
déficitaires, on va déposer des budgets équilibrés. Ces budgets équilibrés vont
comprendre aussi une injection au Fonds des générations, qui va contribuer,
lui, à faire baisser davantage le ratio dette-PIB. Puis, au fil du temps, on verra.
Si on voit que l'atteinte de cet objectif, qui est plus qu'un objectif, qui est
un besoin qui a été... par la loi de 45 % dette-PIB en 2025, si on voit
qu'on va y arriver plus rapidement, à ce moment-là on réévaluera nos options.
M. Pouliot (François) : Justement,
sur la dette, il y a l'Institut du Québec qui disait : En fonction du PIB,
on est en retard sur l'objectif intérimaire qui avait été fixé vers 2010 ou
2012. J'ai de la difficulté à concevoir qu'on va emprunter pour mettre
400 millions de plus en immobilisations cette année alors qu'on semble
être en... Je comprends qu'elle recule pour cette année, mais, sur l'objectif
intérimaire, on semble être pas mal en retard. On parlait de 1,3 milliard
par année qu'il faudrait mettre, virer au Fonds des générations pour être sur
la coche, sur l'objectif intérimaire. Alors, comment on réconcilie ça, cet
investissement-là nouveau de 400 millions alors qu'on est en retard sur...
M. Leitão : Moi, je vous
dirais que je ne partage pas votre avis qu'on est en retard. En tout cas, nous,
depuis qu'on est là, depuis 2014, je ne vois pas comment on peut dire qu'on est
en retard. Le ratio dette-PIB diminue rapidement maintenant. Je ne vois pas
vraiment le retard.
Pour ce qui est de la légère accélération
de notre programme d'infrastructures, le PQI, bon, nous le faisons parce que
nous avons maintenant les moyens de le faire et nous jugeons que c'est une
façon appropriée pour stimuler la croissance économique. Ce n'est pas, encore
une fois, en pesant sur l'accélérateur des dépenses récurrentes de programmes
qu'on développe l'économie. C'est nécessaire de dépenser en santé et éducation
parce que c'est nécessaire qu'on le fasse, mais ce n'est pas de cette façon-là
qu'on fait la promotion de la croissance économique. La promotion de la
croissance économique, on la fait par des investissements en infrastructures.
Je ne vois pas d'obstacle à cela.
Le Modérateur
: Je
reconnais Robert Dutrisac.
M. Dutrisac (Robert) : Oui,
bonjour, M. Leitão. En matière de dépenses en santé, là, vous reconnaissez
que, finalement, à 3 %, ce n'est pas suffisant pour couvrir les besoins
croissants en matière de santé. Vous attendez l'argent du fédéral, je
comprends, et vous annoncez en même temps 300 millions annuellement de
plus en santé. C'est essentiellement pour pallier à des besoins criants, là, et
c'est insuffisant pour nous assurer que notre système de santé est suffisamment
financé.
M. Leitão : Écoutez, notre
collègue le ministre de la Santé l'a exprimé plusieurs fois récemment, et
j'étais avec lui, d'ailleurs, à Toronto lors de la réunion fédérale-provinciale
des ministres de la Santé avec la collaboration des ministres des Finances. On
a eu aussi le conseil des ministres conjoint avec l'Ontario, où on a accordé
les mêmes choses avec nos collègues de l'Ontario qu'en général, et c'est le
Conference Board qui le justifie, à terme, les dépenses en santé au Canada, en
général, devraient augmenter... ou les budgets de la santé devraient augmenter
aux alentours de 4 % par année, 4,5 % par année.
Les provinces font déjà un effort
substantiel à cet égard-là, mais, pour pouvoir atteindre ces niveaux-là de
dépenses, il nous faut absolument la participation du gouvernement fédéral. Il
faut absolument revoir la formule des transferts canadiens en santé pour
maintenir ce rythme de dépenses là. Donc, le gouvernement fédéral doit faire sa
part parce que 4 %, 4,5 %, c'est...
M. Dutrisac (Robert) : Vous
attendez quelque chose prochainement, là, je veux dire, dans le prochain
budget?
M. Leitão : Ça va être très
rapide. Comme vous savez très bien, la préparation du budget commence déjà. On
est déjà, aux Finances, en train de préparer le prochain budget de 2017‑2018.
En décembre, décembre de cette année, donc dans deux mois, il y aura la réunion
fédérale-provinciale des ministres des Finances. Traditionnellement, à ce
moment-là, le ministère des Finances du Canada transmet aux provinces, donc,
quelle sera l'enveloppe des transferts fédéraux totaux pour les provinces. Et
nous nous attendons — et, quand je dis «nous», ce n'est pas seulement
le Québec, ce sont toutes les provinces — à voir, d'ici la réunion de
décembre, déjà une beaucoup plus grande clarté en ce qui concerne les
transferts fédéraux.
M. Dutrisac (Robert) : Sur la
question de la croissance économique, là, qui est à peu près, en tout cas, 1,4 %,
cette année, vous prévoyiez 1,5 %. Est-ce que vous êtes satisfait,
essentiellement, du taux de croissance économique? Il y a certains économistes
qui estiment que c'est un taux qui dépasse même le potentiel économique du
Québec, compte tenu des facteurs démographiques. Est-ce que, pour vous, ce
niveau de croissance économique là, c'est un niveau auquel il va falloir
s'habituer, d'une part, et qu'il est solide et suffisant?
M. Leitão : Ah! c'est une très
bonne question. Je ne sais pas, M. le maître de cérémonie, combien de temps
nous avons, mais ça, ça pourrait nous garder ici occupés. J'aimerais bien
discuter de ça avec vous longuement, le potentiel de croissance économique du
Québec. Mais est-ce que ça me satisfait? Écoutez, ça ne va jamais me
satisfaire. J'aimerais toujours une croissance économique plus rapide, mais il
faut être réaliste. Et, dans les circonstances actuelles au Québec, 1,4 %,
1,5 %, ça semble être ça un peu notre vitesse de croisière. Comme vous
avez dit, certains de nos collègues, nos confrères économistes pensent que ça
pourrait même être un peu moins que ça. Pourquoi? Essentiellement à cause du
choc démographique, essentiellement dû au fait que la population en âge de
travailler est non seulement «flat», mais même elle diminue légèrement. Donc,
ça serait le plus grand défi.
Maintenant, ce n'est pas une fatalité. Je
pense que nous pouvons mettre en place des mesures pour compenser ce choc
démographique, qui est significatif. Quelles sont ces mesures? Il y en a
plusieurs. Il y a l'immigration. Ça ne compensera jamais en totalité le choc
démographique, mais c'est une des mesures. Mais il y en a d'autres aussi en ce
qui concerne des mesures du marché du travail pour faire augmenter le taux de
participation. Surtout, surtout, au Québec, il faut se rendre compte que le
taux de participation au marché du travail de la tranche de population de
50 ans et plus est nettement moins élevé au Québec qu'il est dans les
autres provinces. Nous avons déjà fait un énorme travail de rattrapage et
sommes même en avance, par exemple, en ce qui concerne le taux de participation
au marché du travail des femmes. Là, on est en avance au Canada et même en
Amérique du Nord. Mais, pour ce qui est de la tranche d'âge 50,
55 ans et plus, là il y a du travail à faire.
Il y a des mesures incitatives que nous
pouvons faire et que nous avons déjà commencées avec les crédits d'impôt pour
les travailleurs d'expérience, avec les primes au travail. Donc, il y a des
choses, du point de vue fiscal, qui pourraient se retrouver davantage dans des
budgets. On verra bien, mais il faut travailler là-dessus. Et c'est en
augmentant, donc, le taux de participation au marché du travail qu'on augmente
la main-d'oeuvre et qu'on peut espérer avoir un effet positif sur la croissance
au-delà de 1,3 %, 1,4 % par année.
Le Modérateur
: Antoine
Robitaille, Le Devoir.
M. Robitaille (Antoine) :
Bonjour. Les économistes Jean-Pierre Aubry, François Delorme et Pierre Fortin,
cet été, dans Le Devoir, disaient que vous avez fait du
«stop-and-go» économique et qu'au fond la stratégie budgétaire du gouvernement
a été coûteuse en matière de croissance économique. N'êtes-vous pas responsable
de cette faible croissance là, justement, en ayant resserré énormément les
dépenses publiques?
M. Leitão : O.K. Je connais
très bien les économistes que vous venez de mentionner. Je respecte leur
opinion, mais je trouve qu'à cet égard-là ils se trompent. Si on faisait en
effet un «stop-and-go» cette année, 2016‑2017, ou, en tout cas, en 2017‑2018,
on aurait un énorme déficit, et ce n'est pas ça, ce qu'on va faire. Donc, nous
avons, de façon responsable et durable, rétabli l'équilibre budgétaire. Comme
j'ai dit tantôt, je ne pense pas que ce soit à travers les dépenses récurrentes
de programmes qu'un État peut stimuler l'économie. Un État a un rôle important
à jouer, oui. Ce rôle important à jouer se situe du côté des investissements en
infrastructures — on parle beaucoup du FMI et de l'OCDE, mais c'est
justement ça, ce dont ils parlent, des infrastructures — et aussi sur
des mesures un peu plus long terme pour améliorer la croissance de la main
d'œuvre, incluant l'immigration.
Alors, c'est sur ces leviers-là que nous
travaillons. Encore une fois, je suis en très grand désaccord avec leur
postulat de base qui prétend que de contrôler le rythme de croissance des
dépenses de programmes a un effet néfaste sur la croissance. Je pense qu'ils
oublient les dépenses en infrastructures, qui sont très fortes.
M. Robitaille (Antoine) : Autre
question sur la croissance. Dans votre programme électoral, vous disiez :
Ça nous prend une réforme en profondeur de la fiscalité pour soutenir davantage
la croissance économique et récompenser l'investissement, le travail et
l'effort. On dirait que vous n'en parlez plus, de cette réforme de la fiscalité
là. Est-elle devenue superflue à vos yeux?
M. Leitão : Non, elle est
toujours importante, la réforme de la fiscalité. Vous faites allusion, j'en
suis sûr, au rapport Godbout. Nous avons mis en oeuvre, mis en vigueur à peu
près un tiers des recommandations de Godbout. En ce qui concerne les enjeux
reliés à la fiscalité des entreprises, nous continuons dans la même lignée que
le rapport Godbout. Maintenant, l'autre partie importante de Godbout était le
changement dans le mixte de taxes, taxes de vente versus impôt sur le revenu.
Comme je l'ai dit tantôt, une telle réforme demanderait un très vaste consensus
que je n'ai pas réussi à dégager. Donc, pour l'instant, cela ne se fera pas de
cette façon-là. Mais, par exemple, l'élimination de la taxe santé est un pas
dans cette direction.
Le Modérateur
: Nicolas
Vigneault, de Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
M. Leitão, j'aimerais revenir sur les soins de santé, un peu dans la même
veine que mon collègue Dutrisac. Est-ce que vous admettez, finalement, qu'avec
un taux de croissance de 3 %, c'est seulement les coûts de système que
vous couvrez et que, finalement, avec ce que vous annoncez aujourd'hui, vous
n'améliorez pas les soins de santé pour les Québécois?
M. Leitão : Ah! les fameux
coûts de système. Écoutez, les coûts de système ont le dos large. Je serais
d'accord avec vous que ça serait très complexe si on ne faisait pas en même
temps une réforme structurelle.
Notre collègue le Dr Barette,
ministre de la Santé, est aussi en train de mettre en place une réforme
structurelle profonde de notre système de santé dont l'objectif est de
contrôler — pas de diminuer, mais de contrôler — la croissance
des coûts de système. La loi n° 10, la loi n° 20, éventuellement ce
qui va venir avec le financement à l'activité, un exemple très concret, ce dont
on parle maintenant, toute la réforme concernant Optilab, par exemple. Donc,
toutes ces réformes-là, structurelles, ont comme objectif d'améliorer les
services tout en maîtrisant ou en contrôlant l'augmentation des coûts de
fonctionnement du système. Mais, même avec tout ça, c'est clair qu'à terme les
dépenses en santé devront augmenter d'à peu près 4 % par année. Et, pour
arriver à cela, les provinces en général doivent avoir le support du
gouvernement fédéral. Les provinces canadiennes ne peuvent pas maintenir cette
cadence-là de dépenses en santé parce que nous, les provinces, n'avons pas
l'espace fiscal pour le faire. En termes que, je suis sûr, vous aimez beaucoup
et on va parler, j'en suis sûr aussi, beaucoup au cours des prochains mois, c'est
ce fameux déséquilibre fiscal. À terme, la capacité des provinces de faire face
à ces enjeux-là n'existe pas. Et cette capacité, elle existe au niveau fédéral.
M. Vigneault (Nicolas) : Et
pourquoi avoir choisi d'aller du côté, par exemple, des investissements un peu
partout plutôt que d'y aller du côté des baisses d'impôt? Parce que ce que vous
annoncez sur la taxe santé, là, cette année, c'est 253 millions de dollars
dans la poche des Québécois. On ne parle quand même pas de grosses baisses
d'impôt pour les contribuables.
M. Leitão : Non, on ne parle
pas de grosses baisses d'impôt. Il faut y aller de façon responsable. Nous
avons atteint l'équilibre budgétaire et nous jugeons que c'est un équilibre
budgétaire qui est solide et qui est durable. Nous voulons aussi maintenir le
financement de la santé, éducation à des niveaux adéquats. Donc, maintenant,
nous n'avons tout simplement pas l'espace pour pouvoir, à mon avis, mettre en
place des réductions d'impôt beaucoup plus généreuses que ce que nous faisons,
parce que, quand un gouvernement annonce une réduction d'impôt, le premier
résultat, c'est une diminution des revenus. Donc, si on réduit nos impôts de
2 milliards, ça veut dire, l'année prochaine, si rien d'autre ne change,
bien, il y aura un déficit de 2 milliards.
Le Modérateur
: Charles
Lecavalier, Journal de Québec.
M. Lecavalier (Charles) : M. Leitão,
vous avez dit que la vitesse de croisière, ça risque d'être à peu près 1,4 %
d'augmentation du PIB. Avec une telle augmentation, est-ce que ça va être
possible d'atteindre l'objectif de 45 % du PIB, là, sur le poids de la
dette en 2026? C'est parce que je pense que, quand ça, ça a été fait, les
prévisions étaient plus élevées, là, on parlait de 2 %, 3 %, là.
M. Leitão : Tout à fait. Et c'est
pour ça que c'est important pour nous de maintenir les contributions au Fonds
des générations. Et d'ailleurs on a un joli tableau, je ne me rappelle plus à
quelle page, où on montre maintenant de façon assez détaillée, assez précise
l'évolution du ratio dette-PIB jusqu'à 2025‑2026. Donc, oui, c'est toujours
possible d'atteindre ce ratio-là de 45 % en 2025‑2026, c'est ça, au rythme
où nous allons. Ce sont encore des projections, à mon avis, relativement
conservatrices, relativement prudentes, et donc je pense que c'est important de
le dire que c'est toujours faisable, cet objectif-là, et d'ailleurs un objectif
qui est plus qu'un objectif, c'est une contrainte, c'est la loi qui nous force
à y arriver. Si jamais on n'y arrive pas, il faudrait que quelqu'un change la
loi.
M. Lecavalier (Charles) :
Mais, pour être bien certain, si l'augmentation du PIB est moins élevée, il
faut, dans ce cas-là, faire une contribution plus élevée ou réduire les
dépenses en infrastructures pour réduire le poids de la dette?
M. Leitão : Si la
différence est très grande, probablement que oui. Mais déjà, déjà dans les
projections à long terme qu'on faisait avant... Écoutez, avant, je n'étais pas
là, mais quand même le travail qui se faisait aux Finances, c'était un travail
très sérieux et très reconnu un peu par tout le monde. Quand on parlait, déjà
en 2012, 2013, 2014, de projections à très long terme, les projections du
ministère des Finances étaient très conservatrices. Il n'y avait pas de
projection de croissance de PIB nominal à 4 % ou 5 %, là. Il n'y
avait pas ça du tout, c'était très conservateur. Donc, à mon avis, il n'y a pas
vraiment de... moi, je ne vois pas un grand enjeu à ce niveau-là.
Le Modérateur : Gilbert Lavoie,
Le Soleil.
M. Lavoie (Gilbert) :
Oui, bonjour, M. le ministre. Je comprends qu'on dit soulager les contribuables
à cause de l'environnement financier plus facile. Mais en même temps, quand je
regarde, par exemple, dans le Fonds des générations, les contributions au Fonds
des générations, juste l'indexation du prix de l'électricité patrimoniale va
avoir fait doubler les contributions des Québécois l'an prochain et quadrupler
en 2020‑2021, on a porté de 100 millions à 500 millions par année les
revenus de la taxe sur l'alcool. Est-ce qu'on n'est pas en train d'enlever
d'une main ce qu'on a donné de l'autre?
M. Leitão : Je ne pense pas.
Je ne pense pas. Et là vous nous ramenez donc au Fonds des générations et donc
pourquoi on fait tout ça. On fait tout ça parce qu'on a constaté, au Québec,
qu'on avait un ratio dette-PIB qui est très élevé, le plus élevé au Canada, et
qu'il nous fallait des moyens pour ramener ce ratio dette-PIB à un niveau qui
soit un peu plus raisonnable. N'oubliez pas que, même à 45 % du PIB en
2025‑2026, ça, c'est le niveau où l'Ontario est maintenant, et eux, ils jugent
là-bas que c'est très élevé. Mais quand même c'est plus gérable à ce moment-là,
45 %. Bon.
Alors, comment y arriver? Comment y
arriver? Il nous fallait un outil qui nous permettrait de faire cela, et c'est
la création du Fonds des générations, donc un fonds qui a des sources de
revenus qui lui sont propres. Ces sources de revenus sont, bon, les royautés
hydrauliques, les royautés minières, donc toutes ces questions-là. Évidemment,
nous ne sommes pas la Norvège, nous n'avons pas le même genre de revenus de
ressources naturelles, mais nous avons les redevances hydrauliques et nous
avons les revenus miniers qu'on met dans le Fonds des générations. Et donc, de
cette façon-là, oui, c'est un fonds qui va quand même augmenter relativement
rapidement. Et aussi plus le fonds grandit, les revenus de placement aussi
augmentent aussi de plus en plus rapidement. Écoutez, déjà, rendus en 2017‑2018,
on va être à peu près à 600 millions de revenus de placement.
M. Lavoie (Gilbert) : Je ne
mets pas en cause la valeur du Fonds des générations. Ce que je dis, c'est qu'à
partir même de la prochaine année budgétaire, de l'année en cours, on va
chercher beaucoup plus d'argent dans les poches des contribuables justement
pour ce fonds-là, et c'est pour ça que je dis qu'on enlève d'une main ce qu'on
donne de l'autre.
M. Leitão : Écoutez, je vous
dirais que c'est le prix à payer pour assurer un minimum d'équité
intergénérationnelle. On ne va pas laisser à nos enfants, à nos petits-enfants
seulement une énorme dette. Ils vont aussi avoir un fonds des générations qui
va atteindre 20 milliards de dollars et même au-delà de ça, et puis on
verra bien. Arrivés à 2030, 2040, bon, ils jugeront, eux, ce qu'ils voudront
faire de cela, mais au moins on leur a légué quelque chose d'autre que juste un
énorme niveau d'endettement public.
Le Modérateur
: On va
maintenant passer aux questions en anglais. Je vais commencer avec Ryan Hicks,
qui...
Mme Wheeler (Marika) :
...partir, est-ce que je peux...
Le Modérateur
: Oui,
bien sûr, allez-y.
Mme Wheeler
(Marika) : Marika Wheeler, de CBC. Sa
question, c'était : What's your economic vision? In preparing this, what
has been your vision in the decisions that you've made?
M. Leitão : A
vision question. That can also be very long, the answer. I'll try not to go
over my allotted time. Listen, the economic vision is one in which we are
fairly optimistic, cautious but optimistic, about the future. And why are we
optimistic about the future despite all the uncertainty globally and in all
that? We are optimistic because we now have been able to regain our margin, our
room to manoeuver. We have been able to re-establish a strong fiscal position
which will now allow us to do the things that we want to do, which is to
provide public services, health and education mainly, and also to focus on
economic development. And, on economic development, we are of the view that the
best way for government to have an impact on economic development is in fact twofold :
one is to operate within a consistent fiscal
environment so that there will not be future tax increases so to re-establish
confidence, that's one thing, and also it is through investing in the economy,
but how? Through investing in public infrastructure. We think that it is that way that government can have an impact on
economic growth rather than current spending on programs. It's important to spend on programs. But to
stimulate growth, I think it's through investments in infrastructures. And besides, you saw, for example, even at the federal level,
they're thinking, they're juggling with the ideas of creating an infrastructure bank, of doing all kinds of
things, because that is what is required, and then we know… I think we opened a
door. The mechanism that we have set up with the Caisse
de dépôt to invest in infrastructures is rather unique. So, it's things like that that we think will lead
to an acceleration of economic growth.
Mme Wheeler (Marika) : What would you say to those who feel that the reinvestments in,
notably, health care and education today that you're announcing are actually
just a way to give a little bit back from what you've already taken away from
that spending?
M. Leitão : Well, again, I will disagree with the «taking away» part. What we
did was to make sure that we were able to rebalance our public accounts. The
starting point was one in which the deficit would have reached $7 billion
if we had not taken the measures that we did. So, what did we do? We slowed the
pace of program spending. We kind of tilted the curve, the spending curve to
allow us now to maintain public spending at the level that is a little more, you know, generous, if you want to use that
word, and sustainable over the long term. You know, it's an illusion that you can maintain program spending at 5 %, 6 % per year by borrowing continuously on the credit
card. That doesn't work. You have to make sure that you're able to organize
your public finances in such a way that public spending is within your capacity
to finance it.
Le Modérateur
:
Maya Johnson.
Mme Johnson (Maya) : Hello, Mr. Leitão. You note in this document that the health
tax contribution that's being eliminated could represent potential savings of
up to a $1,000, depending on the taxpayer's situation. And then, when you look
at that taxpayer's situation, we're talking about people with a net income of
about $135,000. So, it doesn't seem to be something that's helping the majority
of Quebeckers, who are in a lower tax bracket. And when we hear $1,000, of
course, we can think of the CAQ, which has been asking for
an income tax cut of a $1,000 for every Québec family.
They're not going to be satisfied with this. So, what is your response to them?
M. Leitão :
My purpose in life is not to satisfy the CAQ. One thing, we… Well, a couple of
things. First, we said that we would eliminate the health tax. We view that as being
an unfair tax and that we are going to do it as soon we could. It has been in
our fiscal framework already since the budget of March of 2015. We reiterated
that in March of 2016 and now we are completely eliminating it as of
January 1st, 2017 because it is an unfair tax. Now the people who pay
this tax, it's about 4 something million taxpayers that pay between $100 and
$200, so they will get that money back. We think it's significant, I wouldn't
minimize that money. A minority, 148,000 taxpayers, will indeed see a $1,000
reduction in their tax burden. But that's the way that the health tax was
structured. So, when we said we would eliminate it, we will eliminate for all
taxpayers.
Le Modérateur : Allons-y avec Kevin Dougherty.
M. Dougherty (Kevin) : Yes, Mr. Leitão, you're announcing today new investments and
the end of the health tax. Why are you doing this now? Why not wait until the budget?
M. Leitão :
It's a good question. Why now? Because we think that we have the margin to do
that. In terms of the health tax, we announce it now so that, by
January 1st of 2017, taxpayers have enough time to adjust their deductions
at source, so they will benefit of a full calendar year of 2017, so that's why it's
both fiscal year 2016‑2017 and 2017‑2018.
As for the additional
spending in health and education, already last year, a year ago, in the economic
update of the fall of 2015, we had announced an additional spending in
education because we had the margin to do it. This year, our margin is even a little
bigger then what it was last year, so we think it is important for us to
announce it now, that there will be additional spending in health and education.
But, in both cases, in health and education, as well as in economic development,
but in health and education, the additional spending is tagged. It's not going
to go into the overall big bundle of the general revenue fund and then it kind
of disappears. It is specifically allocated to the areas that we pointed out,
you know, homecare, long term centers, etc. So, it's a specific allocation of
funds to priority areas in health care.
M. Dougherty (Kevin) : A follow-up, then. So, there are no surprises in your budget next
spring?
M. Leitão : Ah!
stay tuned. You know, I wouldn't do that to you. No, a budget is a budget, and
we will see how things evolve. There are very important issues that need to be
clarified between now and the next budget. The level of federal transfers is
one of those issues, and we want to have that clarified as well as the level or
the format of the new federal infrastructure transfer, their phase two. That
too, we need more information on that to be able to complete our next budget, as
well as, you know, continue the progress of the economy. We had a 0,7 %
increase in GDP this month — or for the month of July, announced
today — so we want to see how the economy continues to evolve between
now and, you know, the end of the year and the beginning of 2017, to see what
happens in the United States post November 8, I think that's also going to
be quite interesting and it will have an impact on the economic outlook for
2017, what happens in Europe. We didn't speak much about CETA and how important
it is for us in Canada and in Québec that that trade agreement goes through, so
that our exporters can benefit from, among other things, a total elimination in
tariffs. So, Québec's exports to Europe, if CETA goes through, could benefit tremendously.
So, I think, around February or March 2017, we'll still have plenty of good
things to talk to you about.
Le Modérateur
:
Phil Authier, TheGazette.
M. Authier (Philip)
:
Your additional spending growth in health and in education, with the numbers
that are in the book here, you're not actually that far from your election
promise.
M. Leitão :
In education, we're right there.
M. Authier (Philip)
:
Right, health, you said 4%, you're going up 3%. So, is it possible that, when you
came to power… You said in French that your tax reductions would apply after you
had brought up the spending back to the levels in health and education, right?
So, theoretically, you should be kicking back more in tax cuts now or in the
next budget, soon. But is it possible that, when you came to power, tax cuts were a popular thing, and now your Government is saddled with the image of powdered potatoes in old folk homes,
in senior residences, so you've got a different image problem, your image
problem is why you're spending more on health and education at this time?
M. Leitão : No, no. Listen, the next election is in two years. We'll see what
happens then. The point is that, when we came in, we were facing a potential
deficit of $7 billion. We were not counting on that. And I'm sure that our
colleagues from the Opposition will tell you : Ah! $7 billion… That's
the number that was, you know, verified by the Auditor General. So, we had to
act. We had to do something to prevent overall public spending from going at,
you know, 6% or more per year. So, we had to restrain the pace of growth of
public spending. It took us about two years to do that, you know. That, in
itself, tells you how complicated a task it is to bring total government
spending back into line because government in Québec and in the other provinces is quite a big machine. There are a lot
of semi-autonomist and autonomist units out there over which our control is
only partial. So, it takes time for us to put in place the mechanisms that will
make it so that overall public spending comes under control.
M. Authier (Philip)
: But you didn't answer my question. But you're choosing to spend
more on services than to cut taxes, and isn't it not because you have a
problem, you have a serious problem in the population with what this Government has done with this agenda and the image?
The image of the Government is that you are serving powdered mashed potatoes in
senior's residences. So, are you trying to adjust your image here?
M. Leitão : I am not in that powdered potatoes in all senior's residences, but anyway,
that's another discussion for another area.
What we did say was that
any future surpluses, if surpluses there will be, after we have restored, you
know, program spending to 3,5% and 4%, and once we've done that, any future
surplus would be half to the Generation Fund… would be split 50-50, that's what
we said. So, we didn't necessarily, you know, commit to have any sort of
massive tax cuts. We would reduce taxes if we have the capacity to do so, and
the capacity to do so will come from our ability to generate surpluses, if we
can do that, once we have…
M. Authier (Philip)
: But a lot people thought you were going to cut taxes, Sir.
M. Leitão : Well, we did that with the health tax.
M. Authier (Philip)
:When you say you did not make any commitment to do any
measures to cut taxes, I think a lot of people thought you were going to cut
taxes.
M. Leitão : And we did that through the health tax.
M. Authier (Philip)
: Yes, but that's not even… That's not a tax.
M. Leitão : Well, it is.
M. Authier (Philip)
: That's not… I mean, it's not an income tax.
M. Leitão : Well it's based on income.
M. Authier (Philip)
: Yes, I know, but it's not the kind of taxes you were going to cut.
M. Leitão : But every time you…
M. Authier (Philip)
: Because you inherited that thing, anyway. But, anyway…
M. Leitão : Yes, and we said that we would eliminate that tax as soon as we
could. And that's what we're doing now. We're announcing it now.
M. Authier (Philip)
: And you won't go any further?
M. Leitão : Once we have time, once… not time, once we have the room to do
that, we will do that. But we will not, and I want to make sure we all
understand this, reduce taxes to the detriment of public services. I want to
make that very clear. We will not do what Mr. Legault is proposing, which
we think is highly irresponsible. We will not have a massive tax cut that would
lead us back into deficit. We just cannot do that.
Le Modérateur
: Raquel Fletcher.
Mme Fletcher (Raquel) : In her last Ombudsperson Report in September, she noted that Quebeckers need more services and they're waiting longer. Will your
reinvestments in healthcare fix this problem?
M. Leitão : I
believe they are a first step in that direction. It's clearly, you know, not
the end of the story. As I said, there will be a budget sometime in the next
winter or sometime in March of 2017. By that time, we clearly expect to have
greater clarity on the part of the level of federal transfers to the provinces,
particularly the Canada Health Transfer. And the announcement of today is
clearly a first step, not the end of the story, far from it.
Mme Fletcher (Raquel) : Did her report have any bearing on the announcements that you're
making today?
M. Leitão :
It's important, it's part of the overall background, clearly, you know. To say
that the level of service in health and social services and in other areas is,
you know, is deficient is never a nice thing to hear. So, if we can address
that, we will. And today's announcements are a step in that direction. It's far
from being the end of the story.
Le Modérateur
:
Mme Wheeler, est-ce que vous aviez une question? Parce que j'ai…
Mme Wheeler (Marika) : Oui, oui. À moi?
Le Modérateur
:
Oui, bien, parce que vous aviez une question posée par Ryan, alors...
Mme Wheeler (Marika) : C'est ça. Now, the abolition of the CLDs and the CREs in the regions
were highly criticized. Their bread and butter was regional development. Is the
announcement you're making today to try and catch up on some of the ground lost
by the abolition and dissolution of those services?
M. Leitão :
No. What we did back in 2015 on that front was a way,
in our view, to refocus the activity of regional economic development. The CLDs
and the CREs were, you know, structures that we felt were not necessarily
providing an optimal service. Some were very good, others were not good at all.
So, what we want to do now is to make sure that regional economic development
is centered, you know, on the regions, that the MRCs, you know, have the
necessary financial means to do that and have the manpower and the technical
support from us, from the Government to be able to address those issues of
regional economic development without creating new structures. You know, the
whole point of this exercise was to lighten up on the structure side and to
focus the funds that are actually spent on regional economic development.
Mme Wheeler (Marika) : Does that mean, though, that regional development is not being done
adequately the way it is now if it needs new money?
M. Leitão : In some areas, it is not. In some areas, it is not. Some MRCs were,
you know, clearly not equipped to handle these new responsibilities, others
were very well equipped. So, you know, it's been a little spotty, and, with
these additional measures that we announce today and that will be followed up,
of course, by both the Minister of Regional Economic Development and by the
Minister of Municipal Affairs, we will refocus the whole activity of regional
economic development, which is very, very important in Québec.
Le Modérateur
:
Voilà ce qui met fin à la conférence de presse. Merci beaucoup d'avoir été avec
nous. Merci, messieurs.
M. Leitão : Merci,
M. Lacroix. Merci, mesdames et messieurs.
(Fin à 16 h 38)