Point de presse de M. François Desrochers, député de Mirabel
Version finale
Le mardi 5 février 2008, 13 h 31
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
( Treize heures trente et une minutes)
M. Desrochers: Alors, bonjour et bienvenue, cet après-midi, malgré les conditions difficiles à l'extérieur. Nous sommes ici, comme vous le savez, en réaction au rapport qu'a déposé, ce matin, la Fédération québécoise des directeurs d'établissement. Et on se réjouit avec les positions qu'a prise la Fédération des directeurs d'établissement, qui nous rejoint évidemment. Donc, on en avait déjà abondamment parlé antérieurement avec nos politiques: on croyait toujours à une école beaucoup plus autonome, beaucoup plus forte. Le message aujourd'hui qui est envoyé par la Fédération des directeurs d'établissement est le même. Donc, évidemment, c'est une perspective comme telle de... une future collaboration comme celle-là est très intéressante.
Et ce qu'on remarque, les directeurs sont prêts, au niveau des établissements, à assumer beaucoup plus d'autonomie, et également l'autonomie va avec la reddition de comptes. Et c'est quand même quelque chose qui est très important parce que, présentement, on le sait, dans les écoles, dans le réseau scolaire, la reddition de comptes est déficiente. Et ce n'est pas évidemment centré sur l'argent. Les responsabilités doivent être mises et concentrées autour des élèves. Et la Fédération des directeurs d'établissement, comme nous, constate que, pour maximiser les taux de réussite au Québec, on doit concentrer toutes les ressources autour des enfants. Donc, nous avons les mêmes préoccupations, c'est la seule façon présentement d'avoir des résultats efficaces.
Si nous regardons, comme le chef M. Dumont... notre chef à l'Action démocratique l'a dit la semaine dernière: Le débat doit arrêter de se faire autour des structures, des grosses structures qu'on a au Québec, qui sont remises en question de plus en plus. On l'a vu avec les élections scolaires récemment, cet automne, ça fait déjà une décennie que les taux de participation chutent, sont en chute libre et ne répondent pas aux besoins. Donc, en maximisant toutes les ressources autant financières et humaines qui sont présentes dans les commissions scolaires, directement à la base, dans les écoles, pour nos enfants, c'est à ce moment-là qu'on va avoir de plus grands résultats.
Bien évidemment, aujourd'hui, on va interpeller et on interpelle la ministre de l'Éducation pour qu'elle entende le message des directeurs d'école, ce sont eux qui sont les mieux placés pour bien comprendre et bien cerner les besoins futurs du Québec. Et on voit, à travers les dernières semaines, à partir de certains débats qu'on a eus autant sur la réforme que sur les commissions scolaires, que la ministre de l'Éducation est une partisane du statu quo. Elle concentre toute son énergie sur les gens qui défendent les structures au lieu d'écouter. Et on espère qu'elle va vraiment entendre le message aujourd'hui des directeurs d'école, que le débat ne doit plus se faire au niveau des structures, ça doit aller directement au niveau de la réussite des élèves, et c'est ce qui est très intéressant.
La préoccupation des parents, c'est la même chose. Si on prend une école avec la communauté, le corps enseignant, le corps professoral, vous avez tous les éléments qui sont réunis ici pour arriver à des résultats vraiment intéressants. Et donc, c'est très encourageant, on verra pour la suite. Et évidemment il y a les cinq propositions qui ont été déposées par la fédération, demandant une décentralisation et ce n'est pas rien, c'est un grand pas en avant, donc on salue cette initiative-là et, nous, on va continuer dans ce sens-ci. Merci.
Mme Beauchemin (Malorie): Vous dites que la position de la fédération rejoint la vôtre, mais ils ne demandent pas, ils ne vont pas jusqu'à demander l'abolition des commissions scolaires, eux.
M. Desrochers: Non. Vous avez principalement quatre points sur lesquels on se rejoint, puis il y en a un, on est un petit peu divergents, mais, si vous regardez, ils veulent prendre en charge toutes les ressources pédagogiques. Et ça, présentement, c'est les commissions scolaires qui le font. Je parle ici des orthopédagogues, c'est déjà géré par les écoles, mais les orthophonistes... Ils veulent prendre toutes les ressources pédagogiques aussi. Donc, on voit pour la première fois que les directeurs d'école, suite aux consultations qu'ils ont tenues cet automne, sont prêts, ils veulent en prendre plus et considèrent que c'est à l'école que va se passer la réussite. Et, ça, c'est vraiment... c'est un pas dans la bonne direction.
M. Deltell (Gérard): Est-ce que vous pensez que ce ne serait pas mieux justement d'avoir, puisque, si vous vous rappelez, l'automne dernier, lorsqu'il y avait eu le débat sur l'abolition des commissions scolaires vous étiez pas mal isolés, vous ne pensez pas qu'il serait temps pour vous de mettre un peu d'eau dans votre vin, puis de vous dire: Bon, gardons quand même certains pouvoirs aux commissions scolaires, mais donnons beaucoup plus de pouvoirs aux écoles, comme le proposent les directeurs d'école aujourd'hui?
M. Desrochers: Dans l'ensemble du discours qui est tenu aujourd'hui, on abonde à peu près sur tous les points, on est à peu près d'accord: maximiser les ressources auprès des enfants; la question du transport pour nous est la même chose, le transport s'en vient au niveau des municipalités, on en a parlé; les ressources pédagogiques, ça va au niveau des écoles. Donc on est à peu près au même diapason. Il y a des choses évidemment qu'on n'est pas tout à fait en accord avec ça présentement, mais sur le lot de tout ce qui est déposé aujourd'hui, je vous dirais que vous avez vraiment une convergence des idées qui sont là, et c'est vraiment intéressant.
M. Deltell (Gérard): Donc, vous maintenez votre position: abolition pure et simple des commissions scolaires?
M. Desrochers: Oui, tout à fait. C'est l'abolition du volet politique des commissions scolaires d'abord et avant tout, on connaît les commissaires d'école, et ensuite c'est une redistribution des ressources, tout à fait.
Mme Beauchemin (Malorie): Ce qu'eux proposent, ce n'est pas un compromis acceptable, selon vous?
M. Desrochers: C'est des pistes très intéressantes de reprendre, si vous regardez ce qu'ils proposent au niveau des commissions scolaires ou ce qu'on en déduit de ce qui est là, c'est les écoles qui deviennent d'abord et avant tout l'acteur principal. Vous avez une structure qui les aide au niveau des ressources humaines, c'est une piste qui est intéressante, qu'on va regarder aussi, mais dans l'ensemble l'école devient le maître d'oeuvre, avec les parents, avec le conseil d'établissement. C'est ce qu'on a toujours dit, là: Il y a toujours eu un dédoublement au niveau des politiques, au niveau des commissions scolaires avec les parents d'un côté dans les écoles et les parents présents dans les commissions scolaires. Et là, bien, regardez, la convergence s'en va et c'est vraiment intéressant.
Mme Beauchemin (Malorie): Mais les municipalités ne veulent pas nécessairement s'occuper des structures puis du transport. Donc, est-ce que ce qu'eux proposent, ce n'est pas justement le juste milieu?
M. Desrochers: Écoutez , je n'abonde pas dans ce sens-là, parce qu'on a eu beaucoup de rencontres, au cours des derniers mois, avec la FQM, les représentants de l'UMQ aussi, et l'idée fait son bout de chemin. Vous avez toujours la question des régions qui est un peu différente où le transport n'est pas le même au niveau urbain, c'est tout à fait normal, mais l'idée fait son bout de chemin. Évidemment, il y a matière à discussions mais, quand même, ça rejoint beaucoup ce qu'on dit tant au niveau du transport que de la gestion des bâtiments. Les écoles sont là, ils ne veulent pas les prendre, et nous, on dit: Évidemment les municipalités, ce qu'elles nous envoient comme message de plus en plus, c'est qu'elles sont prêtes à prendre la relève.
Mme Biron (Martine): Est-ce que l'ADQ ne pourrait pas quand même être en faveur du maintien d'une certaine structure? Par ce qu'on propose, ce matin, entre autres, c'est sur les ressources spécialisées, c'est la structure qu'est la commission scolaire qui va pouvoir la partager, là, d'une école à l'autre.
M. Desrochers: Dans l'ensemble, ce qu'on parle aujourd'hui, ce que la fédération parle, c'est une grosse décentralisation, donc évidemment on abonde dans ce sens-là. Les directeurs émettent, à travers leurs communiqués, le souhait d'avoir peut-être au niveau de... un coup de pouce, une structure qui pourrait être là comme structure ressource au niveau de la gestion des ressources humaines. Mais ça n'empêche pas que le gros du message va toujours vers une grosse décentralisation. C'est à regarder, cette piste-là, présentement. On va l'étudier mais, nous, dans un contexte général, comme je vous ai dit, sur cinq des propositions qui sont proposées par la fédération, on abonde dans quatre de ces sens-là, et même dans le cinquième je vous dirais qu'il y a des éléments convergents. Donc, de façon générale, c'est vraiment intéressant.
M. Grant (John): Si on adopte les quatre idées des directeurs d'écoles, qu'est-ce qu'il resterait aux commissions scolaires?
M. Desrochers: Bien, écoutez, à prime abord, le volet politique tombe, ça, c'est clair. Si vous regardez le volet des élections scolaires, évidemment tout le monde s'entend pour dire qu'au Québec, présentement, le défaut, c'est qu'on met énormément d'énergie dans les structures, dans le rôle politique, alors que vous avez déjà des gens qui sont là dans les C.E., ça fait que le rôle politique des commissions scolaires n'est plus ni au niveau du transport, dans nos positions, ce n'est plus le cas pour les commissions scolaires, ni au niveau de la gestion des infrastructures aussi. Qu'est-ce qu'il reste? Quelle est la demande de la fédération présentement? C'est une aide ressource pour la gestion des ressources humaines, conventions collectives entre autres, je parle. Mais, pour le reste, vous voyez que tout ce qu'on a proposé, finalement les choses semblent s'enligner un peu, on a à peu près la même vision. Et ça ne fait pas longtemps nécessairement, au Québec, qu'on tient... que les gens du milieu de l'éducation tiennent ce genre de discours là. C'est assez nouveau qu'on parle d'abolition des commissions scolaires, de recentrer les ressources autour de l'enfant, et, déjà en quelques mois, en quelques années, on voit que ça commence à porter fruit.
Mme Beauchemin (Malorie): Est-ce que vous avez pris contact avec la fédération? Est-ce qu'ils vous ont approché?
M. Desrochers: Pas au niveau de leur élaboration. Je les ai rencontrés dans mon rôle de porte-parole, puis c'était au début de mes rentrées en fonction, pour différentes choses. Mais évidemment eux ont fait leurs consultations auprès de leurs membres, et on parle ici à peu près de 2 400 établissements à travers le Québec. Donc, c'est très intéressant, cette volonté-là, de la part des directeurs d'écoles de vouloir prendre plus de responsabilités puis d'avoir enfin les coudées franches pour mener à bien la réussite éducative des enfants, qui n'est pas le cas présentement, parce qu'ils signifient eux-mêmes - si vous consultez le rapport qu'ils ont fait - ils se plaignent d'avoir les mains liées à plusieurs niveaux, tant au niveau administratif qu'au niveau de la pédagogie. Et, pour développer certains projets éducatifs intéressants avec des enfants, bien, vous le savez que le processus est très long, parce qu'il y a des doublons au niveau des commissions scolaires, alors que, là, le message est clair: On veut des ressources vers les écoles, vers les enfants, on veut une liberté d'agir; et on est tout à fait en accord avec ça.
Mme Beauchemin (Malorie): Est-ce qu'ils vous avait fait part de leurs orientations?
M. Desrochers: Les grandes lignes, non, non, eux ont fait leur travail de leur côté; nous, on a fait les nôtres de notre côté. Puis, ce matin, c'est pour ça qu'on se réjouit, on voit la convergence là-dessus.
M. Deltell (Gérard): Mais, vous, vous êtes professeur? Vous n'avez pas déjà été directeur d'école?
M. Desrochers: Aussi, oui.
M. Deltell (Gérard): Vous étiez directeur d'école?
M. Desrochers: Oui. J'ai été directeur adjoint, j'ai fait 10 ans dans l'éducation: neuf comme enseignant et une année comme directeur adjoint. J'ai participé à l'implantation de la réforme aussi au secondaire, dans les écoles ciblées, j'ai été au front de tous ces combats-là, j'ai travaillé avec des enfants en difficulté, qu'on appelait à l'époque des troubles de comportement, des troubles d'apprentissage. Puis évidemment c'est à travers cette expérience-là que je peux vous en parler abondamment et qu'on voit à travers les écoles le manque de ressources qui ne se rend pas aux élèves et qui est perdu au niveau administratif, au niveau des commissions scolaires.
Et ce modèle-là on n'est pas pris avec, ce problème structural là peut être changé au Québec évidemment, mais il s'agit d'en parler, il s'agit d'en discuter puis arriver avec des propositions intéressantes. Ça fait qu'aujourd'hui on constate que c'est un grand pas dans la bonne direction.
M. Deltell (Gérard): À l'époque où vous étiez directeur adjoint, est-ce que vous siégiez avec ce groupe-là?
M. Desrochers: Oui, bien j'ai travaillé avec... on était membres évidemment de facto avec la fédération, mais le travail... on a des représentants au niveau de chacune des commissions scolaires, et, moi, je ne siégeais pas à ce moment-là avec les membres de la fédération.
M. Deltell (Gérard): Vous ne pouvez pas nous dire si c'est quelque chose qui se préparait depuis déjà deux ans ou trois ans?
M. Desrochers: Ce que je pourrais vous dire, de mon propre chef à moi évidemment, c'est que ça fait plusieurs années qu'à travers le travail de ces gens-là dans les écoles qu'on constate évidemment c'est la même chose, le manque de ressources, le manque de pouvoir décisionnel, et c'est connu. Mais aujourd'hui, bien, évidemment, cette vaste consultation-là le montre au grand jour, c'était connu en vase clos d'école en école, mais que le travail qui a été fait par la fédération est très intéressant. Parce que là on parle d'un ratissage, d'une consultation vaste qui arrive à un moment où tout le monde se repositionne sur l'avenir des commissions scolaires et le rôle qu'on veut pour nos écoles éventuellement.
Journaliste: Merci beaucoup.
M. Desrochers: Merci à vous.
(Fin à 13 h 41)