(Quinze heures quatre minutes)
M. Lisée
: Alors,
c'est avec un grand, grand, grand plaisir que je suis ici avec tous mes
collègues du caucus pour vous présenter la recombinaison de ces extraordinaires
talents. Alors, mes prédécesseurs ont constamment additionné les talents, j'ai
voulu les combiner, faire en sorte que la nouvelle distribution des tâches
donne un impact encore plus grand, encore plus fort, au service des Québécoises
et des Québécois, de leurs intérêts, de leurs valeurs, de leurs ambitions. Et
donc c'est un leadership renouvelé.
Je sais que plusieurs d'entre vous,
journalistes et analystes, avez travaillé sans filet ces derniers jours, avez
tenté, au meilleur de vos connaissances, de deviner les gens que je vous
présenterais aujourd'hui. Le degré d'exactitude était égal à l'absence
d'information que vous aviez, entre autres choses parce que nous avons discuté
longuement des combinaisons possibles parce que les talents sont si nombreux et
qu'encore hier soir on continuait à essayer de trouver la meilleure formule.
Je dois dire
que l'exercice d'avoir rencontré un à un, en privé, chez moi chacun des députés
est un exercice extraordinairement enrichissant. On a pu se parler franchement,
parfois avec émotion, souvent avec enthousiasme, des désirs, des analyses, des
propositions, des suggestions, et il y en a. La qualité de l'équipe fait qu'un
chef est vraiment choyé de devoir faire le tri parmi toutes les suggestions, les
propositions qui sont faites.
Alors, le choix
que j'ai fait, d'abord comme chef de l'opposition officielle, j'ai dit :
Ça va être moi, ça va être moi. Je pense que je suis en phase avec les membres
du Parti québécois, il n'y a pas eu de résistance dans le caucus. J'ai quand
même décidé de garder, dans mon portefeuille, développement durable parce que
j'ai indiqué que je souhaitais que le Parti québécois redevienne le grand parti
environnementaliste que son fondateur avait créé, puisqu'il avait été le père
de l'hydroélectricité au Québec — nous avons créé le ministère de
l'Environnement, nous avons fait l'assainissement des eaux, la politique sur
l'eau, et je pense que c'est une indication qui est essentielle pour la
suite — et le dossier de la langue française, qui est le grand combat
historique du passé, du présent et de l'avenir du Parti québécois et du Québec.
Comme leader parlementaire, j'ai cherché la
complémentarité, alors quelqu'un que je respecte beaucoup, mais qui ne répond
pas à mon portrait-robot, qui répond à un autre portrait-robot, qui peut me
compléter et qui peut faire en sorte que, faisant équipe, nous allons parler à
plus de Québécois, ouvrir notre discours, ouvrir notre message, ouvrir notre
communication et j'ai trouvé que personne n'était mieux placé que Pascal Bérubé
pour répondre à cet appel. Pascal.
M. Bérubé
: Merci.
Merci pour la confiance. Alors, on va faire tout un travail avec une belle
équipe. Les gens sont dans de bonnes dispositions, ils sont de bonne humeur. On
va passer de l'opposition officielle à l'alternative officielle et on va faire
trois choses, essentiellement : on va s'opposer, parce qu'on va porter les
luttes de la population et des groupes à l'Assemblée nationale, on va se faire
leur porte-parole, on va collaborer pour les plus grands intérêts du Québec, on
va faire en sorte que le Parlement fonctionne, mais on va aussi proposer des
alternatives, des propositions pour préparer l'après-PLQ en 2018. Alors, on va
être inspirants, et je pense qu'avec Jean-François Lisée qui arrive, avec cette
équipe recomposée, régénérée, avec les autres formations politiques qui vont
nous voir arriver mardi, sur leur GPS ça va être «recalcul en cours» parce que
les discussions qu'on a eues tout à l'heure sont très enrichissantes, il y a
beaucoup d'idées, il y a une bonne attitude.
Alors, on sera à tes côtés, Jean-François,
et on va faire une bonne équipe, et on a comme destination 2018. Et, en ce qui
me concerne, mon rôle, ce sera de faire en sorte que nos débats soient
vigoureux, mais soient inspirants pour la population et qu'à l'Assemblée
nationale la véritable opposition, c'est nous, mais on veut être le véritable
gouvernement que les Québécois méritent en 2018. Merci de la confiance.
M. Lisée
: Je suis
d'accord avec tout ce qu'il vient de dire. D'abord, je veux que ce soit clair.
Alors, comment balancer cette force avec
un leader adjoint? Eh bien, j'ai choisi Sylvain Rochon. Ce n'est pas le dernier
rentré, mais il n'était pas là dans certaines de nos batailles précédentes,
quoiqu'il était dans la famille souverainiste de façon très active, et il nous
a tous étonnés par, d'abord, la force de ses convictions sociales-démocrates,
sa capacité de travail, son entregent, et on s'est dit : Bon, comment
pourrait-il s'additionner à l'équipe? Bien, en étant leader adjoint. Sylvain, à
toi la parole.
M. Rochon : Merci
beaucoup, Jean-François, merci de ta confiance. En caucus, je ne devrais pas
révéler ce qui se passe en caucus, mais j'ai blagué un peu, je lui ai dit :
Merci de ton courage aussi de me désigner à cette fonction.
M. Bérubé
: Audace.
M. Rochon : Ton audace,
c'est vrai, c'est bien ça. Vous voyez, déjà Pascal commence à me souffler des
choses.
Certains se sont étonnés que cette course
ait été émotive, hein, et certains l'ont qualifiée ainsi, émotive. Et moi, je
ne m'en étonne pas. Je ne m'en étonne pas parce que ce grand parti, il se
distingue des autres par cette équipe de députés portés par de grands idéaux,
animés de grands idéaux, qui sont là pour des causes. Moi, je suis là pour des
causes, je suis là pour la liberté politique puis je suis là pour la justice
sociale. Et je suis heureux de cette opportunité, ce défi que me donne
Jean-François de poursuivre mon combat en faveur de la justice sociale et de la
liberté près de lui, au sein de cette équipe absolument fantastique.
Alors, la liberté politique, elle viendra,
hein, sans doute dans six ans ou un peu plus. Mais il y aura une première
liberté que le Québec pourra acquérir en 2018. J'ai confiance qu'alors, et ce
sera important, en 2018, il se libérera des libéraux. Merci beaucoup.
M. Lisée
: C'est
dit.
La fonction de whip est souvent méconnue
du public. La fonction de whip, c'est quelqu'un qui doit garder les troupes
mobilisées, être à l'écoute de chacun des députés pour qu'il puisse faire son
travail de façon optimale. Ce n'est pas un préfet de discipline, c'est un chef
de bande. Il doit être respecté, il doit recueillir les confidences, il doit
motiver. Et j'ai trouvé que cette définition s'appliquait parfaitement à Carole
Poirier, et c'est avec un très grand plaisir que je l'ai nommée whip du Parti
québécois.
Mme Poirier
: Alors,
merci, Jean-François, de ta confiance. Écoutez, mon rôle va être essentiellement
de m'assurer que toute cette belle gang là derrière nous puisse être, en 2018,
au combat. Et, d'ici là, nous allons faire en sorte d'être l'opposition
officielle la plus efficace et la plus dynamique, et c'est à cela, à partir d'aujourd'hui,
que nous allons nous appliquer et auquel nous allons travailler.
M. Lisée
: Alors,
j'ai aussi demandé à Carole de prendre plusieurs des fonctions essentielles
pour la métropole, politiquement, sur l'île de Montréal, et la question des
communautés culturelles et de l'immigration, des sujets qui nous intéressent
tous.
Un autre officier est le député chargé de
mission à l'organisation. C'est un poste qui existait déjà, qui parfois est
comblé, parfois ne l'est pas. Et, dans une période préélectorale, le compte à
rebours vers octobre 2018 est commencé, il était plus nécessaire que jamais que
cette tâche soit occupée par quelqu'un qui a fait la démonstration de sa force
organisationnelle dans sa propre vie politique, et dans sa région, et dans des
campagnes qu'on a vécues ces dernières années. Et Mathieu Traversy nous a
vraiment frappés par sa capacité organisationnelle. Une fois qu'il est embarqué
avec moi, là, c'est à ce moment-là que ça a tourné. Mathieu.
M. Traversy
: Merci
beaucoup, Jean-François. Je vous l'avais dit que mes 135 livres de pression
feraient la différence à un moment donné. Donc, merci beaucoup de ta confiance.
Je suis très heureux d'être dans cette équipe d'officiers. On a vécu une course
à la chefferie endiablée au cours des cinq derniers mois. Les candidats à la
chefferie ont fait un travail remarquable. Martine, Alexandre, Paul,
Jean-François ont adhéré des nouveaux membres dans notre formation politique,
qui est la plus populeuse en termes de membership au Québec. On doit continuer,
donc, cet effort pour réussir à maximiser nos chances de victoire pour
l'élection de 2018. Donc, je vais travailler à améliorer encore plus la
concertation avec le parti, à commencer à découvrir qui seront les candidats
potentiels susceptibles de pouvoir composer cette équipe de rêve qui ne demande
qu'à être 125 à l'Assemblée nationale, donner le maximum de motivation à nos
troupes militantes et, bien sûr, entamer ce chemin des victoires que les
militants du Parti québécois ont soif de voir arriver.
M. Lisée
: Donc,
vous avez son objectif : 125 sur 125.
M. Traversy
: En bas de
ça, ça ne vaut même pas la peine.
M. Lisée
: J'aime
l'ambition. J'aime l'ambition. J'ai demandé aussi aux deux candidats députés
d'être présents et de vous exprimer la grande convergence de vues que nous
avons eue dans la discussion pour la détermination de leurs dossiers. Alors,
d'abord, Alexandre Cloutier.
M. Cloutier : Il faut
dire que la bouteille de vin a aidé, Jean-François, hier soir.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Cloutier : Alors, ça
me fait plaisir de vous retrouver aujourd'hui. Très fier du dossier de
l'éducation, qui m'a été confié par Jean-François. Important de vous dire également…
On s'est parlé, en fait, dès mardi matin, et c'était clair dans mon esprit que
je souhaitais poursuivre mes fonctions à titre de député de Lac-Saint-Jean et
responsable du dossier de l'éducation, un dossier qui, comme vous le savez, est
majeur pour l'avenir du Québec, une priorité pour notre formation politique.
S'est ajoutée, également, la fonction de porte-parole responsable, en fait, des
dossiers autochtones et des relations avec les Premières Nations. Il y a un
lien important à faire avec le dossier de l'éducation. Vous savez que plusieurs
nations vivent dans des conditions tout à fait pitoyables. Il y a énormément à
faire pour les nations autochtones, et j'ai l'intention de porter haut et fort
la voix des différentes nations à l'Assemblée nationale. Et, comme vous le
savez, Jean-François s'est engagé à ce que nous déposions une motion sur la
déclaration des Nations unies sur les peuples autochtones, déclaration,
d'ailleurs, qui aurait déjà dû être acceptée à l'Assemblée nationale. On aura
l'occasion d'y revenir. Merci.
M. Lisée
: Merci,
Alexandre. Et Martine.
Mme Ouellet : Oui, bien,
bonjour. Donc, lorsqu'on s'est rencontrés, moi et Jean-François, mardi matin,
il a été très surpris quand je lui ai demandé d'avoir le dossier de la culture
et des communications, un dossier que j'ai eu l'occasion de travailler lors des
deux courses à la chefferie. Et, pour moi, la culture, c'est l'âme d'un peuple,
c'est l'âme du peuple québécois, et c'est essentiel, et ça sera donc avec très
grand plaisir que je travaillerai le dossier de la culture et des
communications.
L'autre volet, politique, et économie
numérique, et commerce électronique, bien, vous le savez, le développement
économique de l'avenir, ça passe par le numérique, c'est essentiel, c'est
incontournable. Et actuellement, avec ce qu'a déposé le Parti libéral, ce n'est
pas digne du XXIe siècle, on est encore dans la préhistoire. Donc, ce sera
avec beaucoup d'intérêt que je travaillerai ce dossier-là.
Et de continuer sur, je vous dirais, le
dossier ou même la bataille des taxis, une grande injustice, actuellement, pour
les 22 000 chauffeurs de taxi. Vous savez, pour une très grande
partie des gens issus de l'immigration, des nouveaux Québécois qui sont arrivés
au Québec... et, à travers les permis de taxi, ils se sont acheté un droit de
travailler parce que, malheureusement, les permis de travail ne sont pas
toujours reconnus. Et donc je crois qu'il est essentiel de pouvoir poursuivre
avec les chauffeurs de taxi pour une justice au Québec.
M. Lisée
: Merci,
Martine. Alors qui sera le président ou la présidente du caucus? Alexandre a
fait une suggestion très sage pendant la campagne : ça devrait être les
députés qui décident. Ça devrait être les députés qui décident. Ça fait partie
de notre volonté d'avoir davantage de démocratie à l'Assemblée nationale, ça
doit commencer par nous. Alors, j'abandonne le droit qu'avait le chef de
désigner le président ou la présidente du caucus et je donne ce pouvoir de façon
irréversible, en ce qui me concerne, pour tous les mandats que j'aurai, donc,
au caucus la capacité de désigner son ou sa présidente et/ou président. Et donc
les mises en candidature sont ouvertes. Dimanche, on saura, à l'interne en tout
cas, combien il y a de candidats. Puis je peux vous dire qu'il y en a plus que
deux déjà qui se sont manifestés. Et on va voter mercredi, vote secret,
plusieurs tours si c'est nécessaire. Alors, ça ne sera pas une campagne de
quatre mois, il n'y aura pas de débat entre les deux tours, ça a été suggéré,
mais donc nous aurons une autre élection au Parti québécois. On sait que vous
suivez ça avec intérêt et donc ce sera le cas. Et je suis prêt à prendre vos questions.
La Modératrice
: On va
procéder comme d'habitude, question, sous-question. M. Croteau.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour à tous, bonjour, M. Lisée. Quels éléments de votre plateforme en
matière de laïcité êtes-vous prêt à abandonner pour trouver ce point d'équilibre
que vous cherchez entre vos propositions et celles de vos adversaires?
M. Lisée
: Bien, c'est
l'objet de la discussion que nous avons commencée hier. Vous aurez noté que
j'ai pris la décision, j'ai offert à Agnès...
Mme
Maltais
:
Bonjour.
M. Lisée
: ... — bonjour,
Agnès, viens proche de moi — de garder le dossier de la laïcité.
Pourquoi? Parce qu'au-delà, disons, de l'écume des jours d'une campagne, à la
base les convergences sont beaucoup plus importantes que les divergences et
que, moi, je suis favorable à ce qu'au cours des semaines qui viennent... Évidemment,
on a un travail immédiat à faire, il y a un projet de loi n° 62 qui est
déposé, on commence les consultations mardi, et donc nous devons nous
positionner là-dessus. Et vous savez que ma position, c'est : Mieux vaut
faire quelques pas que de n'en faire aucun. Essayons de faire en sorte d'en
faire le plus possible immédiatement, mais donc on va accueillir ce projet de
loi dans un esprit d'amélioration et un esprit constructif, comme toujours,
mais il arrive, comme quand Agnès a mené son combat contre ce projet de loi
absurde sur les propos haineux, qu'on veuille utiliser la totalité des
instruments parlementaires à notre disposition pour interdire l'adoption d'un
mauvais projet de loi. C'était le cas avec celui-là. Le cas de 62 est complètement
différent.
Alors, évidemment, j'ai fait des
propositions, et c'est sur la base de mes propositions que le dialogue va se
faire avec Alexandre, avec Agnès, avec Maka, avec d'autres, et nous aurons un
résultat à présenter au cours des prochaines semaines. Mais vous ne serez pas
surpris, il n'y aura pas de virage à 180 degrés. Il y aura un aménagement
sur la base des propositions que j'ai faites, des propositions qui ont été
faites par mes collègues pour que chacun s'y retrouve. Il y aura des gens qui
seront enthousiastes, il y aura des gens qui diront : Je suis capable de
vivre avec ça. C'est par là qu'on s'en va. Alors, j'ai l'impression que vous
surestimez la quantité de changements qui vont avoir lieu.
M. Croteau (Martin) :
Quel message envoyez-vous aux communautés culturelles en rétrogradant le seul
député de votre caucus qui est issu de l'immigration?
M. Lisée
: Bien,
d'abord, je ne le rétrograde pas. Si vous m'avez suivi pendant la campagne, et
je sais que c'est le cas, vous avez vu que les questions sur le revenu et sur
la mauvaise attitude de l'Agence de revenu face aux entrepreneurs et face aux
citoyens, j'en ai parlé tous les jours, qu'il y a une culture du racket, à Revenu
Québec, qu'il faut absolument casser. Et la Protectrice du citoyen a été
extrêmement dure à ce sujet. Et donc c'est un dossier qui me tient à coeur. Et
deuxièmement, sur la protection du consommateur, moi, j'ai été très frappé que...
C'était un des dossiers-phares du premier gouvernement de René Lévesque, Lise
Payette était ministre responsable, on avait une loi sur le consommateur. En ce
moment, sur vos écrans, les émissions les plus écoutées sont celles qui portent
sur les consommateurs, et c'est comme s'il y avait un abandon du politique sur
ces questions-là. Moi, je veux le retour du politique et du Parti québécois à
la défense des consommateurs, et donc ce sont deux dossiers très importants que
j'aime voir porter par quelqu'un de fort.
La Modératrice
: M. Laforest.
M. Laforest (Alain) :
Juste une petite précision. Bonjour. Pourquoi M. Maka Kotto, M. Alain
Therrien ne sont pas là actuellement?
M. Lisée
: Ils
devaient aller à Montréal, oui.
M. Laforest (Alain) :
Donc, il n'y a pas schisme, il n'y a pas de...
M. Lisée
: Non,
non, non.
M. Laforest (Alain) :
Quelle sera la grande différence entre votre leadership et celui de M. Péladeau?
M. Lisée
: Bien, écoutez,
par où commencer? On n'est juste pas la même personne. Vous verrez à l'usage. Je
n'ai pas de réponse, vous verrez à l'usage.
M. Laforest (Alain) : Vous
avez rencontré M. Valls tout à l'heure. Est-ce que vous avez été capable
de comparer vos approches en matière de laïcité?
M. Lisée
: Bien,
on n'avait pas à les comparer parce qu'on les connaissait très bien et on était
très respectueux l'un de l'autre de nos positions, qui ne sont pas identiques,
mais j'ai bien entendu. Moi, vous savez, je m'intéresse à la politique
internationale du Québec depuis quelques décennies, et qu'un invité étranger de
marque dise ce que M. Valls a dit aujourd'hui, et je le cite : «Toutes
comparaisons avec les positions populistes que je combats — et c'est
le sens de ma vie — me sont tout à fait insupportables», je n'avais
jamais vu, en politique québécoise, et je cherche les précédents en politique
internationale, un invité étranger remettre aussi durement à sa place son hôte,
qu'est-ce que M. Valls a fait envers Philippe Couillard aujourd'hui. Et je
pense que M. Couillard le méritait amplement et j'espère que M. Valls
a remis les pendules du premier ministre Couillard à l'heure, et que ce dossier
est maintenant clos, et que M. Couillard ne fera pas, encore une fois,
pour une troisième fois, l'erreur de comparer des propositions légitimes à des
mouvements populistes. Et je remercie M. Valls d'avoir été clair, direct,
un peu brutal, mais il le fallait.
M. Vigneault (Nicolas) :
Est-ce que, justement, cette nomination, M. Lisée, de Mme Maltais, en
fait elle conserve la laïcité, c'est un peu la main tendue au message d'unité
que vous vouliez lancer compte tenu de vos divergences d'opinions durant la
campagne?
M. Lisée
: Absolument.
Absolument, c'est exactement ça, comme mon repas avec Alexandre hier. Il faut
qu'on présente un message commun. Nous avons eu... Sur le référendum... L'élection
d'un nouveau chef était, à mon avis, la décision qui doit être entérinée par le
congrès, mais je pense que je vais faire preuve d'assez de leadership pour
faire en sorte que ça se passe bien.
Sur la question de la laïcité, je
considère, évidemment, que j'ai un mandat des membres, mais je considère aussi
que j'ai des signaux, que j'ai bien entendu, de mes collègues et qu'il faut
trouver une zone de confort suffisante autour de mes propositions, mais en
intégrant les sensibilités de mes collègues.
M. Vigneault (Nicolas) :
Sur le référendum, justement, comment vous comptez faire pour contrer
l'argument libéral qui vous taxera encore lors de la prochaine élection de
vouloir la souveraineté du Québec, de vouloir un référendum à tout prix, que le
discours n'a pas changé?
M. Lisée
: Bien, l'objectif
n'a pas changé. Le Québec devrait être un pays, il devrait être un pays. Et,
l'an prochain, le 150e anniversaire du Canada sera l'occasion de souligner
que le Québec est toujours exclu de la loi fondamentale du Canada, qui a été écrite
sans lui et contre lui il y a maintenant 34 ans.
Mais, en 2018, l'enjeu référendaire ne
sera pas présent. Alors, je m'attends tout à fait à ce que M. Couillard
puis Jean-Marc Fournier essaient de faire semblant que c'est là. Mais notre engagement,
il est ferme, il est clair. Et d'ailleurs ils sont tout de suite changé de
sujet. Dans les 24 premières heures, ils ont décidé de changer la question.
Plutôt que l'épouvantail séparatiste, ça a été l'épouvantail identitaire et
eux-mêmes ont ainsi admis que les termes du débat avaient changé.
La Modératrice
: M. Bovet.
M. Bovet (Sébastien) :
Bonjour, mesdames, bonjour, messieurs, M. Lisée. Vous venez de parler de
propositions légitimes concernant, notamment, la laïcité. Dans la course à la
direction, vous avez trouvé légitime de lancer l'idée d'une réflexion sur
l'interdiction de la burqa et du niqab dans l'espace public. Est-ce que maintenant
que vous êtes chef du Parti québécois, c'est toujours légitime sinon nécessaire
de faire ce débat au Québec?
M. Lisée
: Bien
sûr.
M. Bovet (Sébastien) : Et
ça pourrait prendre quelle forme, comme débat, selon vous?
M. Lisée
: Bien,
ça, on a le temps parce que les libéraux ne le feront pas. Ça fait qu'on a deux
ans pour y penser et ce n'est certainement pas la première chose que je ferais
si j'étais premier ministre et que je dirigeais une équipe aussi formidable que
celle-là. C'est un débat légitime, ce n'est pas une priorité. Ce n'est pas une
priorité. Alors, je n'ai pas l'intention de le tenir dans la première année
d'un mandat, donc ça nous donne déjà trois ans pour discuter de la forme qu'une
telle discussion pourrait prendre.
M. Bovet (Sébastien) :
Mais donc pas de rééquilibrage sur cette question. Vous restez droit, en
équilibre, si on veut, avec votre proposition de la course.
M. Lisée
: Cette proposition
de tenir une discussion est sur le point d'équilibre.
M. Bovet (Sébastien) :
Merci.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
J'ai une question par rapport à votre conjointe. Tantôt, vous avez dit que c'était
votre coach de vie. Dans le mémoire qu'elle a déposé à la commission
parlementaire, elle dit — je vais citer, là : «De tout temps,
les anglophones ont refusé de s'intégrer dans la nation québécoise, braquant
leur communauté contre la nation. Cette même dynamique sert aujourd'hui
l'intégrisme.» Est-ce que c'est le genre de propos qui vous ont été...
M. Lisée
: Moi, je
suis en amour avec Sylvie, je suis en amour avec elle, et on discute de toutes
sortes de choses. Et vous avez sûrement un partenaire de vie aussi et nous
n'êtes pas en accord avec chacune des choses qu'elle dit ou écrit.
Et moi, je pense que la minorité
anglophone au Québec a une histoire singulière. Je n'ai jamais hésité à dire
que c'était une société distincte qui participe à la vie de la nation. Et j'ai
bien l'intention, comme je l'ai fait lorsque j'étais ministre responsable des Anglophones,
de continuer à tendre la main à la communauté anglophone, de vouloir la
représenter aussi si je suis premier ministre. Le Parti québécois doit être le
parti de tous les Québécois. Et donc, s'il y a des distinctions à faire entre
mon programme et des écrits de ma conjointe, comme c'est moi qui a été élu
chef, je vous invite à lire mon programme.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Par rapport au caucus de dimanche, aujourd'hui ce n'était pas assez pour
réconcilier tout le monde. Ça va en prendre un autre ou...
M. Lisée
: Bien, c'est
sur la rue de l'Entente à Victoriaville, hein? Et moi, j'ai bien noté, on nous
parle d'une partielle, Arthabaska, qu'aucun parti politique n'est retourné à
Victoriaville depuis plusieurs années. Et je pense que c'est le temps qu'un parti
politique s'intéresse à Victoriaville, s'intéresse à Arthabaska, fasse une
démonstration de présence, de volonté et d'écoute. Je vais rencontrer des gens
de Victoriaville, certains collègues aussi le feront, et puis c'est aussi un
signal pour dire que, oui, on vise quatre nouveaux députés dans les quatre
partielles.
M.
Bérubé
: Un
parti franc pour les Bois-Francs.
M. Lisée
: Un
parti franc pour les Bois-Francs.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. Lisée. Les postes d'officiers ont été vos principaux appuis
dans la course à la chefferie. Pourquoi ne pas avoir profité de l'occasion pour
envoyer un message de ralliement en nommant, par exemple, M. Cloutier
leader ou un ses appuis dans la course?
M. Lisée
: Bien, d'abord,
M. Cloutier ne l'a pas demandé, alors ça aurait été mal venu que je le lui
impose. Et puis, deuxièmement, bien, j'ai bien le souvenir que Sylvain Rochon
était à Alma le jour du lancement de la campagne de mon ami Alexandre, et tout
m'a indiqué qu'il avait été extrêmement actif en faveur d'Alexandre. Alors, je
pense qu'il est présent.
Et le deuxième signal, c'est que la proposition
d'Alexandre sur l'élection d'un président de caucus, je la reprends à mon
compte. Et vous allez voir que, dans les équipes autour de moi, bien, il y a
Antonine Yaccarini, que j'ai nommée directrice de communications, qui était à
la fois à la campagne de Véronique et à la campagne d'Alexandre. Elle n'a pas
eu le temps de venir dans la mienne parce que c'était trop court, cinq mois. Et
vous allez voir que, donc, il y a une fusion des talents autour de cette
nouvelle équipe.
M. Bellerose (Patrick) :
Sur votre position sur la laïcité, donc, vous dites que la possibilité
d'interdire la burqa demeure. Où se trouve l'espace pour négocier des
changements dans votre position?
M. Lisée
: Bien,
si je vous le disais aujourd'hui, il n'y aurait plus d'espace à négociation,
alors je vous appelle à la patience.
M. Bellerose (Patrick) :
Merci.
Mme Porter (Isabelle) :
Oui, bonjour. Concernant la visite de M. Valls, qu'est-ce que vous pensez
des retombées apparentes de la visite, notamment de la déclaration en matière
de prévention de la radicalisation? Pensez-vous que c'est une bonne chose? Pensez-vous
que ça va donner des résultats intéressants?
M. Lisée
: C'est
une très bonne chose. Les Français sont évidemment aux prises avec un phénomène
de radicalisation qui est extrêmement plus grave que le nôtre et ils ont
développé un certain nombre de techniques de déradicalisation ou de prévention
de la radicalisation. Nous en avons aussi, et d'ailleurs c'est à Montréal qu'est
le modèle pour le reste du Canada, et je pense que c'est nécessaire sinon
indispensable que nous échangions là-dessus. Il va y avoir un colloque de
l'UNESCO sous peu à Québec là-dessus aussi. C'est un des grands sujets de
l'heure, et il faut le prendre en amont pour nous. Les Français ne sont déjà
plus en amont, ils sont vraiment à l'intérieur du problème. Alors, oui, c'est
une initiative que je salue et que j'accueille très favorablement.
Mme Porter (Isabelle) :
Sur un autre sujet qui a été soulevé pendant sa visite, qu'est-ce que vous
pensez qu'on devrait faire pour régler le différend entre les vétérinaires
français et québécois concernant les ARM?
M. Lisée
: Écoutez,
ça m'a toujours semblé difficile à comprendre qu'une cinquantaine d'autres
ordres professionnels ont réussi à avoir des accords Québec-France et que les vétérinaires
n'y arrivent pas. Alors, ça veut dire que ce n'est pas le principe qui est
fautif, c'est dans le particulier. Alors, oui, je pense qu'on doit mettre plus
de jus de crâne, ou plus de volonté politique, ou de volonté des corporations à
trouver un terrain d'entente parce qu'après tant de temps sans entente, c'est peut-être
qu'il n'y a pas assez de volonté d'entente.
M. Boivin (Simon) :
Messieurs dames. M. Lisée, quelles offres et quelles discussions avez-vous
eues avec Mme Hivon et M. St-Pierre Plamondon?
M. Lisée
: Ah!
j'ai eu des discussions avec les deux et j'ai hâte de pouvoir vous en parler.
M. Boivin (Simon) : Ne
vous gênez pas. On est tous là.
M. Lisée
: Je n'ai
pas l'impression que vous allez déménager dans les jours et les semaines qui
suivent, alors j'ai hâte de vous en parler.
M. Boivin (Simon) : Est-ce
que vous avez des nouvelles de Mme Hivon quant à son retour? Est-ce que
vous savez…
M. Lisée
: Oui.
Elle va mieux. Et j'ai hâte de la revoir avec nous. Elle a hâte de reprendre le
travail, et le plus vite possible, le plus vite possible. Je veux qu'elle
revienne le plus vite possible.
M. Boivin (Simon) : On
ne trouve personne responsable de la convergence souverainiste dans votre
caucus. Est-ce que vous avez quelqu'un à qui vous avez donné cette responsabilité?
M. Lisée
: J'ai
très hâte de vous en parler.
M. Robillard (Alexandre) :
M. Lisée, est-ce que vous maintenez qu'il est important d'informer les
membres de la fonction publique et parapublique de la préférence pour une
absence de signes religieux? Ça, est-ce que vous maintenez ça?
M. Lisée
: Je pourrais
répondre à cette question et j'ai une réponse à cette question, mais, comme je
veux discuter de ces choses avec mes collègues, je vais me réserver un espace
de négociation.
M. Robillard (Alexandre) :
En même temps, vous sembliez plus affirmatif quand il était question de la
place de la burqa dans l'espace public. Donc, est-ce qu'on peut conclure que
l'espace de négociation va se situer davantage sur ce qui pourrait être exigé
de la fonction publique?
M. Lisée
: Malgré
mes qualités… On me prête des qualités de stratège. Le fait que j'ai répondu à
la première question fait en sorte que vous allez m'en poser plusieurs autres
et que, cumulativement, je n'aurai plus d'espace pour la discussion.
M. Robillard (Alexandre) :
Non, mais je fais juste remarquer que… Je fais juste…
M. Lisée
: Et donc
je ne peux pas retirer ma réponse précédente. Vous êtes très perspicace, mais
je n'irai pas plus loin aujourd'hui.
M. Robillard (Alexandre) :
C'est ça. Bon. Mais donc…
M. Lisée
: Oui,
Agnès.
Mme
Maltais
:
Dans le projet de loi n° 62, s'il est adopté, ça réglera le cas de la
burqa dans la fonction publique, puisque les services ne pourront être donnés
ni rendus qu'à visage découvert.
M. Robillard (Alexandre) :
Puis est-ce qu'il y a un espace de négociation sur la position Bouchard-Taylor?
M. Lisée
: Bien, Bouchard-Taylor
fait consensus, fait consensus. Alors, c'est réglé, et il reste juste à
convaincre les libéraux.
La Modératrice
:
Mme Biron.
Mme Biron (Martine) :
Bonjour, messieurs dames, M. le chef de l'opposition. Je vais suivre mon
collègue Alexandre. Vous avez dit, pendant la course, que vous étiez prêt à
appuyer le projet de loi n° 62 du gouvernement Couillard. Est-ce que c'est
toujours le cas?
M. Lisée
: Bien,
on veut l'améliorer, on veut l'améliorer. On espère pouvoir y réussir et on va
travailler fort. Puis vous savez qu'Agnès est une de nos parlementaires les
plus aguerries pour améliorer des projets de loi. Mais on n'a pas l'intention
d'empêcher son adoption, et donc on va bien doser. Voilà.
Mme Biron (Martine) : Donc,
ce projet de loi, d'ici décembre, devrait être adopté.
M. Lisée
: Bien, j'ai
été très déçu, entre autres propos mal avisés, du premier ministre après mon
élection, il a dit : M. Lisée va trouver des raisons de ne pas
l'adopter, et moi, a-t-il dit, je veux l'adopter avant la fin du mandat. Bien,
j'ai dit : Comment ça, avant la fin du mandat? Il n'est pas question
d'attendre la fin du mandat. J'ai dit : Moi, on discute maintenant, on va
faire ça dans la foulée. Et puis, effectivement, s'il est possible de le faire
avant Noël, on le fera avant Noël. Si on doit revenir un petit peu l'an
prochain, on reviendra un petit peu l'an prochain. Mais M. Couillard ne
fera pas traîner ça jusqu'à la fin du mandat, là, c'est sûr que non.
Mme Biron (Martine) :
Maintenant, on peut reconnaître que vous partez de loin. Quand êtes entré dans
la course, ce n'était pas si clair que ça que vous seriez le chef de
l'opposition, peut-être que vous le savez depuis quelques semaines,
certainement. Mais cette première session à titre de leader, vous allez prendre
votre siège mardi, qu'est-ce que vous souhaitez accomplir d'ici Noël,
personnellement, comme leader?
M. Lisée
: Bien,
je pense que, et c'est le calendrier qui fait ça, normalement, une opposition,
dans sa première année, est un peu knock-out, elle vient de perdre le pouvoir,
dans sa deuxième année elle devient un bon critique du gouvernement, et, à partir
de la troisième année, elle doit commencer à se présenter comme l'équipe du
futur gouvernement. Et donc c'est cette transition-là que je veux incarner,
avec toute l'équipe, à partir de mardi, commencer à indiquer aux Québécois quel
type de gouvernement nous serions et nous serons, évidemment tout en continuant
à défendre leurs intérêts contre les mauvaises décisions libérales.
Mme Biron (Martine) : Je
pense que je me suis mal exprimée. Je parlais plus de votre leadership à vous,
personnellement. Je présume que vous avez des objectifs que vous souhaitez
atteindre. On vous dépeint, vous l'avez dit vous-même, comme un stratège,
quelqu'un d'intelligent. Qu'est-ce que vous souhaitez qui ressorte comme traits
de leadership d'ici Noël?
M. Lisée
: Bien,
je reformulerais ma réponse en disant : J'aimerais qu'à Noël les gens se
disent : Oui, ça va être un bon gouvernement avec un bon chef de
gouvernement.
La Modératrice
:
Mme Lajoie.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour. Est-ce que vous avez l'intention de rééquilibrer votre position sur
l'immigration?
M. Lisée
: Même
réponse qu'à vos prédécesseurs. Encore une fois, c'est sur la base des
propositions que j'ai faites et pour lesquelles j'ai un mandat que je veux
avoir une discussion avec mes collègues pour créer une zone de confort. Alors,
encore une fois, ne surestimez pas ce que ça signifie. Il n'y aura pas de
virage à 180 degrés, personne ne se sentira abandonné s'ils ont voté pour
moi à cause de ces positions-là, mais je veux réunir plus largement.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Donc, je comprends quand même que l'immigration, ça fait partie de la laïcité,
là, dans votre esprit.
M. Lisée
: Vous
avez bien compris.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Vous n'en avez pas beaucoup parlé pendant la course, je sais que vous aimez
vous faire rappeler vos anciens écrits, mais, votre dernier livre, vous aviez
parlé de retarder le droit de vote des immigrants. Est-ce que, ça aussi, vous
continuez à défendre cette idée-là?
M. Lisée
: Si
j'avais voulu le faire, je l'aurais mis dans mes 24 propositions. Et donc,
au moment d'écrire les propositions, j'ai choisi les propositions qui me
semblaient les plus pertinentes pour la phase actuelle de notre vie collective.
Évidemment, la raison pour laquelle j'avais évoqué ça dans le livre précédent,
c'est à cause de l'utilisation politique de la souveraineté... — de
la souveraineté! — à cause de l'utilisation politique de la citoyenneté
qui avait été faite par le gouvernement libéral fédéral au moment du dernier
référendum, qui, de façon précipitée et probablement illégale dans beaucoup de
cas, avait accéléré la délivrance des certificats de citoyenneté et incité par
lettre tous les nouveaux citoyens, lettre du ministre, à voter pour l'unité du
pays. Alors, comment est-ce qu'on peut contrecarrer une manoeuvre aussi
condamnable? C'est la question que je me posais. Mais on m'a dit, puis j'ai
trouvé ça intéressant, peut-être que le remède est pire que le mal.
Mme Plante (Caroline) :Hello, Mr. Lisée. So, will you rebalance your proposal on immigration and this idea to ask civil
servants to refrain from wearing religious symbols? We understand that that's
what you're going to be rebalancing.
M. Lisée
: It's going to be part of the discussion. Now, clearly, as I say,
the basis of the discussion I want to have with my colleagues is the proposals
that I made during the campaign and for which I feel I have a mandate. But,
around that, there are many ways to present a case, to make a correct
dosage — dosage, is
that a word? — ...
Mme Plante (Caroline) : Dosage, yes.
M. Lisée
: …mix, a correct mix, and that's what we're going to work on.
Mme Plante (Caroline) : You can't be more specific than that?
M. Lisée
: No, I can't.
Mme Plante (Caroline) :OK. You say that
Mr. Valls put Mr. Couillard in his place today. Can you explain?
M. Lisée
: Well, listen, Mr. Couillard made very imprudent comments,
trying to put in the same pot everyone who has a stronger stance on secularism
and populist movements in Europe, which was code for extreme right. And
socialist Prime Minister of
France told him, and I'm going to translate : Any comparison between
populist positions that I fight against — and that's the sense of my life — are completely unacceptable to me. So, he was saying to Philippe
Couillard : I know what you said in Iceland and in Québec city in the last few days, and this,
to me, in unacceptable because I fought against these populists movements all
my life and my positions on secularism are nowhere near populist. And so, as I mentioned
before, I've been following international relations, you know, for decades, and
certainly Québec international
relations, I had never heard a foreign guest be so blunt towards a Québec Premier. And he was right in doing so
because Mr. Couillard really used words that were out of the normal political discourse.
Mme Plante (Caroline) : And one quick last one. Are you ready for Mr. Couillard to
call the by-elections, to set a date for the by-elections in those four
ridings?
M. Lisée
:
I'm ready any day. We're ready, we are fit, we are rested and we are going to
lead robust campaigns in the four ridings. And, if there are others Liberal
ministers or MNAs who want to step down right now, it will be a good time
because we can handle six or seven of these by-elections at a time.
M. Hicks (Ryan) : Hello. Ryan Hicks, CBC News. In L'Actualité, in October
2010, you wrote that you believed that all CEGEPs should be in French for
everyone. Is that still your position?
M. Lisée
: In 2010?
M. Hicks (Ryan) : In October 2010.
M. Lisée
: Again, my position, that I framed, published, and they are still
all available on my blog, is that, in terms of CEGEPs, I'm for a better teaching
French in English CEGEPs because I'm concerned, as is the Québec Community Network, as is the Chamber
or Commerce of Montréal, that
graduates from anglo CEGEPs, many of them don't have the skills to succeed in a
French job market, and that's incorrect. I mean, we should make sure that they
are well integrated and that they can have success here. I don't them to leave
anywhere, and so, that's my concern.
And my other concern is
that those who go to French CEGEPs and who have a very good knowledge of French
can get to a more enriched English program that could include one session in an
English CEGEP. And I would want to generalize, and on a voluntary-basis, that
more and more anglo students spend a full session in a French CEGEP. So, that's
my proposal for bettering the language skills of both Francophones and
Anglophones.
M. Hicks (Ryan) :OK. What aspects of
your position on identity and immigration, are you willing to adjust?
M. Lisée
: Too soon to tell.
Mme Johnson (Maya) : That's it?
M. Lisée
: That's it.
Mme Johnson (Maya) : Can you give us a sense of how long it may take for you?
M. Lisée
: Weeks, weeks.
Mme Johnson (Maya) :OK. You mentioned
again today that you intend to reach out to the anglophone community and you
did, in your speech last week. But, aside from speaking to Anglophones in their own language, which is just words, at the end of the day, how
concretely do you intend to get Anglophones on your side? What can you do?
M. Lisée
:
Well, we already did a number of things. I mean, this Liberal Government, with Mr. Gaétan Barrette,
stripped the anglo community from control over their hospitals. It was
disgraceful. Had the PQ tried to do it, I mean, it would have been a
revolution. And I fought alongside the anglo community and I told them : Don't
give up. And I was a bit disappointed that they reached a deal that was way beneath
what would have been… what was not broken, I mean, that the anglo community
controls their hospitals.
And then the Liberal
Government tried to wrestle control of the school boards from the anglophone
community, and my friend Alexandre Cloutier with Pierre Karl Péladeau were the
ones, and with my support, supporting the English community. And I'm glad that
we won this fight for the English community. So, already you see that when
there are issues over the English community, we are there fighting their fight.
By the same token, in the discussion during the campaign, when I talked about
promoting Québec culture in Netflix, or in iTunes, or on the… not in the full
content, but on the Showcase, I said Québec culture, including anglo culture,
including First Nations culture. That would be, when you set a quota of
francophone and Québec culture, for me, this includes anglo culture.
Mme Johnson (Maya) : But there still seems to be a lot of skepticism, distrust. How do
you intend to overcome that?
M. Lisée
: There is not a little skepticism, there is massive skepticism, it's
massive. And so the only way is to keep trying and keep proving that you're
sincere, and that you're coherent, and you're resilient. And, if you want to
change perceptions, you have to change your actions, and that's what I intend
to do.
Mme Johnson (Maya) : A question for Mr. Bérubé. We will obviously be seeing a lot more of you now that you've taken on this role as PQ House Leader. What will
your style be? What can people expect from you in this new role?
M. Bérubé
: Well, you'll see. Premier Couillard told us, in the spring of 2014,
that we're going to have a change of tone. We're ready for that change of tone
and we can have some great debates in the National
Assembly without the Premier, at the first day that we
have a new leader, telling us the weirdest things that were not true. So,
another occasion for Premier Couillard is next week, we can change the tone of
the debates in the National Assembly. We're ready for that, and we want to be inspirational, and we want
to make sure that we're starting as Official Opposition, we want to be the
official alternative. So, we know what we have to do and we're focussing on the
important issues of the Quebeckers, and that's our main job.
Mme Johnson (Maya) : Alternative. And why are you emphasizing that word, «alternative»,
as opposed to Opposition?
M. Bérubé
: Besides the Liberal Government. We think we could do a better job as a government. Maybe it's not the best word in English.
Une voix
: Replacement.
M. Bérubé
: Replacement.
Mme Johnson (Maya) :OK.
M. Bérubé
: Is that better?
Mme Johnson (Maya) : Sure, thank you.
M. Lisée
: I like «alternative». We're the alternative. We're not the Opposition. We're not only the Opposition, we're the alternative.
M. Bérubé
: Je peux-tu faire ma blague de GPS?
M. Lisée
: Oh! He has a great… C'est quoi GPS en anglais?
M. Bérubé
: GPS.
M. Lisée
: GPS, GPS, OK, do
the GPS line. Just a…
M. Bérubé
: I never tried this on a comedy club in English, but… «recalcul en
cours».
M. Lisée
: Recalculating, recalculating.
M. Bérubé
: Recalculating happening now. CAQ, Liberal,
QS, anyone, we're ready.
Mme Fletcher (Raquel) : Mr. Lisée, why is it so important for you to open up the
debate about banning the niqab or the hijab in public?
M. Lisée
:
Well, for the reasons that Mr. Valls has underlined and reasons that were
underlined by 10 European democracies. There are security reasons and
there are reasons based on the equality of men and women. We have to make a
decision if we feel that the absolute symbol of oppression of women should be
normalized in our public spaces. The answer may be yes or no, but that's a
really tough question.
Mme Fletcher (Raquel) : You said you want to improve on Bill 62. What do you mean by
that, «improve»? Do you mean that you want it to go further than it is?
M. Lisée
:
Well, for example, there is a consensus everywhere except in the Liberal Party
about Bouchard-Taylor. So, religious signs — and I like to say not
only religious signs but any signs of any conviction, be there social,
political, environmental or any conviction — should not be worn by
judges, prison guards and policemen or policewomen. And so this is the
consensus in Québec stemming from the Bouchard-Taylor commission that Mr. Charest,
the Liberal Party asked for. And so, this is surely going to be one of our main
amendments. Merci beaucoup. À la prochaine.
(Fin à 15 h 51)