(Huit heures quarante-sept minutes)
M. Péladeau : Bonjour, messieurs
dames. Il me fait plaisir d'être ici ce matin. Il y a deux sujets, mais le
premier que nous aimerions aborder, en compagnie du député de Lac-Saint-Jean, premièrement,
j'aimerais vous dire que nous sommes très heureux de l'avoir de nouveau. Il a
eu une pneumonie, il s'est absenté depuis les deux dernières semaines. Vous
savez comme l'éducation est importante pour le Parti québécois et elle est
d'autant plus importante à l'heure actuelle qu'il y a une motion qui va être
présentée cet après-midi, que nous avons l'intention de débattre.
Vous connaissez, donc, nos préoccupations
concernant l'enseignement et l'éducation. Je pense que le Parti québécois a toujours
travaillé très fort dans cette perspective, et le débat autour de la maternelle
quatre ans ainsi que de l'école obligatoire à 18 ans vont être débattus cet
après-midi. Nous avons évidemment l'intention d'y participer, mais il est utile
de faire aussi, je dirais... de mettre la table pour déterminer qu'est-ce qui
s'est passé sous un gouvernement du Parti québécois, donc de Mme Marois,
quelles étaient nos intentions, quels ont été les gestes qui ont été posés et
je demanderais donc à mon collègue le député de Lac-Saint-Jean de vous donner
plus de détails à cet égard.
M. Cloutier : Alors, bonjour à
chacun d'entre vous. Une des grandes réalisations de notre formation politique,
c'est certainement d'avoir implanté les maternelles quatre ans, particulièrement
dans les quartiers défavorisés. On aurait souhaité être encore plus avancés que
ce que nous le sommes présentement au Québec. C'est un projet de loi qui a fait
consensus, qui a reçu l'appui de tous les députés de l'Assemblée nationale en
2013, projet de loi qui avait été piloté par notre collègue Marie Malavoy, mais
je veux quand même rappeler que c'est un projet de loi qui ciblait d'emblée les
quartiers défavorisés ou les écoles qui avaient une cote de défavorisation
importante. Comme il y avait peu de moyens, on a d'abord identifié une école par
commission scolaire. On est très fiers de cette proposition-là.
Pourquoi avons-nous d'abord choisi les
écoles défavorisées? C'est parce que les études scientifiques démontrent que
les parents sont plus susceptibles de ne pas envoyer leurs enfants dans des
CPE. C'était donc pour offrir une alternative à ces parents, un encadrement,
une préparation à la maternelle et à leur rentrée scolaire. Alors, vous aurez
compris que nous allons continuer d'appuyer en long et en large ce déploiement
des maternelles quatre ans, en ciblant, bien évidemment, les quartiers
défavorisés, parce que force est de constater qu'on n'est pas encore rendus
aussi loin que ce qu'on aurait souhaité. On a donc soumis un amendement à la Coalition
avenir Québec — on est en attente de réponse ou, du moins, ça va
être soumis dans les prochaines minutes — qui demande que soient d'abord
priorisées les écoles défavorisées.
Mais je tiens à dire que c'était aussi la
position de la CAQ. La CAQ, ils ont voté pour la loi, et la loi visait les quartiers
défavorisés. Alors, ce qu'on comprend, c'est qu'eux ont changé de position,
souhaitent maintenant l'étendre à l'ensemble du Québec. Alors, je serais
curieux d'entendre le chef de la Coalition avenir Québec nous dire comment il
va le financer, qu'est-ce qu'il va faire avec les CPE, etc.
Mais je tiens aussi à vous dire qu'il y a
une autre motion aujourd'hui qui va être déposée à l'Assemblée nationale, qui
nous apparaît être fondamentale, qui est celle de cette idée farfelue de la Coalition
avenir Québec d'interdire aux décrocheurs de se trouver un emploi, de gagner
leur vie, de payer pour leur logement, leur nourriture, de s'épanouir, etc. Ils
ont utilisé l'approche du bâton, celle d'interdire de travailler, qui a été
rejetée unanimement. Vous avez sûrement vu le Conseil du patronat qui est sorti
très fort, en disant qu'on allait ghettoïser nos décrocheurs. Alors, la
Coalition avenir Québec, là-dessus, doit reculer du Québec, doit le dire qu'ils
ont fait une erreur, qu'ils ont parlé trop vite.
D'ailleurs, j'ai pris la peine d'aller
voir les études scientifiques. J'ai appelé toutes les facultés de sciences de
l'éducation au Québec, j'ai vérifié les propositions datées, j'ai vérifié dans
les propositions qui ont été faites en commission parlementaire, je veux juste
vous dire qu'il n'y a aucune juridiction qui prévoit d'interdire de travailler
des jeunes décrocheurs. Ils ne se sont basés sur aucune étude scientifique qui
a un impact sur la véritable réussite de nos jeunes.
Alors, il faut que la Coalition avenir
Québec arrête d'improviser des mesures, travaille à partir des études
scientifiques et admettent qu'ils ont fait une erreur, un faux pas, qu'ils votent
en faveur de notre motion et qu'ils reconnaissent le droit des étudiants décrocheurs
de pouvoir gagner leur vie. Évidemment, nous, ce qu'on souhaite, c'est qu'il y
ait davantage de mesures pour accompagner nos décrocheurs, qu'ils puissent
aller au bout. Évidemment, on ne veut pas encourager le décrochage sous quelque
forme que ce soit, mais, en même temps, ça nous apparaît être radical, d'autant
plus que ça ne s'inscrit sur aucune étude scientifique. Ça fait qu'à un moment
donné l'improvisation en éducation, je pense que, le Québec, on en a suffisamment
fait.
Le Modérateur
: Merci.
M. Péladeau.
M. Péladeau : Alors, ça fait
beaucoup de matériel ce matin. Si vous permettez, donc, le point rapidement et
également... Donc, hier, vous avez vu que nous avons eu le privilège de pouvoir
interroger le président de la Caisse de dépôt. Et j'ai également interrogé le
chef du Parti libéral en Chambre, et il nous a dit qu'il ne se mêlait pas de la
gestion de la caisse. En même temps, c'est lui qui a dévoilé à votre confrère
de LaPresse le projet de SLR qui est arrivé deux semaines
plus tard.
Alors, moi, je n'y crois pas du tout. Et
le président de la caisse a bien indiqué que, dans l'opération RONA, au moment
où Raymond Bachand était ministre des Finances, qu'ils ont agi de concert
entre Investissement Québec et la Caisse de dépôt pour mettre en place une
minorité de blocage. Il nous a également dit hier qu'il n'était pas au courant
de la disposition d'Investissement Québec du bloc de RONA.
Alors, on est obligés de constater qu'il
n'y en a pas de politique, et j'ai énormément de réserves sur la véracité des
propos du premier ministre, je veux dire, quand il nous dit qu'il n'intervient
pas, bien, on ne peut pas croire qu'il a laissé partir St-Hubert à 12 fois le
bénéfice alors que c'est en deçà de la moyenne des bénéfices à l'intérieur de
cette activité que représente la restauration. Alors, s'il ne veut pas s'en
mêler, bien, nous l'invitons à s'en mêler parce que malheureusement ce sont des
sièges sociaux, les uns après les autres, que nous perdons et nous assistons à
un exode. On ne considère pas, au Parti québécois, que c'est la façon de
construire le Québec des années subséquentes.
Le Modérateur
: Merci.
M. Laforest, micro de droite.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, messieurs. Juste une question comme ça : Qui est au gouvernement
actuellement?
M. Péladeau : Pardon?
M. Laforest (Alain) : Qui est
au gouvernement actuellement?
M. Péladeau : Qui est au
gouvernement?
M. Laforest (Alain) : Oui.
M. Péladeau : Je ne suis pas
certain de comprendre.
M. Laforest (Alain) : Bien, c'est
parce que vous dénoncez une proposition de la deuxième opposition. Pourquoi
vous dénoncez une proposition de la deuxième opposition alors qu'ils ne sont
pas au gouvernement?
M. Péladeau : Non, mais on va
avoir un débat en Chambre, là. Je présume qu'effectivement aussi le
gouvernement va y participer. Le ministre de l'Éducation s'est permis également
des commentaires à cet égard. Je pense que c'est une question suffisamment
importante pour que nous en débattions. Vous savez, je l'ai mentionné, et
Alexandre est là pour en témoigner, l'importance que ça suscite pour notre
formation politique, pour les autres formations politiques et pour le Québec
tout entier. Alors que nous en débattions, c'est une très bonne chose.
Le Modérateur
:
M. Cloutier.
M. Cloutier : Oui. Je veux
vous dire qu'on a des inquiétudes par rapport au ministre de l'Éducation. Moi, lorsque
je suis arrivé ici comme parlementaire, en 2007, il était le leader de l'ADQ.
Alors là, on a une proposition qui arrive de la défunte ADQ, là, de la CAQ, et
qui demande aux jeunes décrocheurs de ne pas pouvoir travailler. Alors, comme
on connaît les affinités, on trouve ça important d'entendre le ministre de
l'Éducation se positionner sur cet enjeu important. Mais je vous rappelle aussi
qu'il y a aussi une motion de la CAQ.
M. Laforest (Alain) : M.
Legault a dit tout à l'heure que vous étiez plus intéressés à négocier avec le
Che Guevara de la gauche que de vous occuper d'éducation, M. Péladeau.
M. Péladeau : Bien, c'est une
illustration comique. On va lui laisser le bénéfice de ses métaphores.
Le Modérateur
: Merci.
M. Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
Concernant, justement, l'éducation et tout ça, quand même, la CAQ, ce qu'elle
propose notamment, c'est sur les heures scolaires, en fait, d'obliger les
décrocheurs... Est-ce que cette nuance-là n'est pas suffisante pour vous ou on
ne devrait pas totalement obliger les décrocheurs?
M. Péladeau : Je pense que ça
va être la mise en oeuvre. La perspective que nous souhaitons être mise en
place, c'est l'incitation, ce n'est pas la coercition, et c'est ce que semble
vouloir mettre en place la CAQ. Peut-être force est de constater qu'on leur
laissera le temps de préciser, parce que ce n'est pas clair non plus pour
l'instant, qu'est-ce qu'ils proposent. Alors, attendons qu'ils formalisent
davantage leur proposition, puis on verra. Mais, chose certaine, ce que nous
pouvons dire, c'est que nous préférons nous engager dans l'incitation que dans
la coercition.
M. Vigneault (Nicolas) :
Concernant, justement, la convergence, au-delà de la métaphore, quand même, on
dit qu'il y a le deux tiers des Québécois qui ne veulent rien savoir d'un
référendum et que finalement, bien, vous courtisez seulement le tiers des
Québécois.
M. Péladeau : Bien, écoutez,
les sondages varient. J'ai toujours dit à plusieurs reprises que, puisque nous
en avons peu parlé, de l'indépendance, depuis les 20 dernières années, ce n'est
pas anormal qu'effectivement ce qu'on mentionne comme chiffres puissent
exister, puisque — parce que j'utilise le conditionnel — ça
varie beaucoup. Mais vous savez évidemment que nous avons l'intention d'en
parler, de l'indépendance, de pouvoir démontrer les bienfaits de l'indépendance
et certainement, donc, la récupération et de nos impôts et de nos compétences
pour s'assurer que nous allons investir ici, au Québec, en fonction de nos
valeurs plutôt que des valeurs canadiennes qui sont fréquemment à l'encontre
des nôtres.
Le Modérateur
: Merci.
M. Gagnon, micro de droite.
M. Gagnon (Marc-André) :
Bonjour, M. Péladeau. Bon, on sait que le Parti québécois, justement, est dans
la voie de... sur le chantier de la convergence des forces souverainistes. On
sait aussi que la Coalition avenir Québec aimerait, bon, augmenter ses appuis.
Est-ce que ce n'est pas un peu un aveu d'échec, de part et d'autre ,devant la
force du Parti libéral, surtout lorsqu'on regarde les sondages?
M. Péladeau : Non, je vous
l'ai dit hier et puis je vais le réitérer, c'est une reconfiguration du paysage
politique qui existe depuis les 10 dernières années et ce n'est pas, donc, une
singularité québécoise.
Vous avez vu probablement hier, là, qu'il
va y avoir de nouvelles élections en Espagne parce que justement, tu sais, il y
a quatre partis qui ne sont pas capables de former un gouvernement. Bon. Alors,
il se trouve que les deux partis qui sont les nouveaux venus sur la scène politique,
ont pris un poids considérable, ce qui a empêché la formation d'un
gouvernement. Donc, dans ce sens-là, au Québec, il n'y a pas de singularité. Je
pense que nous sommes aussi à l'ère de la mondialisation, à l'ère de
l'expression des sensibilités politiques, de la multiplication de cette
capacité, et c'est la raison pour laquelle, bien, nous nous interrogeons, même
sur le mode de scrutin. Ce sont des éléments importants pour que justement,
donc, la représentation nationale puisse être en mesure de faire adéquatement
son travail et que ces sensibilités politiques puissent être représentées, ce
qui ne nous empêche pas d'avoir des objectifs communs, c'est-à-dire le
développement économique du Québec, l'indépendance du Québec, l'enrichissement
des Québécois et des Québécoises, et la justice sociale, et le progressisme,
qui a toujours été, je dirais, une caractéristique fondamentale du Parti
québécois.
M. Gagnon (Marc-André) : M.
Péladeau, comme vous êtes porte-parole du Parti québécois pour la région de la
Capitale-Nationale, j'aimerais vous entendre à propos du projet de voie
réservée sur l'autoroute laurentienne. C'est assez controversé, ça fait place à
beaucoup de débats depuis plus d'une semaine. Donc, une voie réservée pour les
autobus, pour les voitures électriques et le covoiturage, est-ce que vous êtes
d'accord avec cette proposition-là?
M. Péladeau : Vous avez raison
de la dire, c'est controversé. Je pense que la meilleure des choses, c'est qu'il
y ait un accord, qu'il y ait, tu sais, je dirais, une symbiose des différentes
perspectives.
Vous savez qu'au Parti québécois nous
avons toujours et nous allons continuer à favoriser le transport collectif,
d'autant plus lorsqu'il s'est engagé dans l'électrification des transports pour
mettre en valeur nos richesses naturelles, notre hydroélectricité.
Alors, comment concilier cette perspective
à l'intérieur d'un plus grand ensemble que représentent les transports
collectifs? Bien, nous, on souhaite justement engager un débat beaucoup plus
large que purement et simplement celui de la capitale. C'est une stratégie
d'ensemble que nous devrions mettre en place, dans laquelle, évidemment, la
capitale également va être abordée.
M. Gagnon (Marc-André) : Mais,
sur le cas précis de l'autoroute laurentienne, puisque c'est de ça dont il est question,
est-ce que je comprends que vous êtes favorable, donc, à une voie réservée?
M. Péladeau : Je comprends que
c'est nécessaire d'avoir un accord entre les autorités municipales et le ministère
des Transports. Alors, de quelle façon on va pouvoir, donc, déterminer les
modalités? Bien, ça reste à voir.
M. Gagnon (Marc-André) : Oui,
mais est-ce que vous êtes favorable à une voie réservée? C'est ça, la question,
là, simplement.
M. Péladeau : Je vous dis que
ça nécessite un débat, et les modalités qui vont s'y appliquer pour...
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
n'avez pas d'opinion.
M. Péladeau : ...qu'On va
avoir le plus grand consensus possible.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
n'avez pas d'opinion.
Le Modérateur
: Merci.
M. Boivin, micro de gauche.
M. Boivin (Simon) : Juste
pour revenir un peu à ce que mon collègue demandait, est-ce que le Parti
québécois a une position sur voie réservée ou non dans ce dossier-là?
M. Péladeau : Je viens de vous
répondre, là, M. Boivin. Voulez-vous que je réponde la même chose à votre
collègue? Je pense que c'est un débat qui est nécessaire, à avoir avec les
différents intervenants.
M. Boivin (Simon) : Donc, je
comprends que votre position n'est pas arrêtée.
Vous parlez de l'importance ou vous avez
une vision de ce que la caisse aurait dû faire dans le dossier de St-Hubert. On
a souvent noté qu'il est important que la caisse puisse investir, faire son
travail à l'abri des impératifs politiques. Je me demandais, dans votre
compréhension des choses, elle est où, la ligne entre ce que la caisse doit
avoir comme indépendance et les orientations que le gouvernement devrait
pouvoir lui donner?
M. Péladeau : Bien, écoutez,
je vais vous poser la question... je vais vous retourner la question :
Est-ce que vous croyez que la caisse est indépendante lorsqu'elle prend en main
une mission de l'État qui est le transport collectif, notamment sur le SLR et ensuite
sur le Train de l'Ouest?
Donc, on demande à une institution qui est
censée être indépendante de faire ce que l'État est censé faire. Alors, déjà,
on a la démonstration, et c'est d'autant plus probant que c'est le premier
ministre lui-même qui a annoncé que le SLR allait se faire. Et, deux semaines
plus tard, il s'est fait. Et il essaie de nous faire croire que la caisse est
indépendante? Voyons donc!
Alors, sur RONA, là, comment se fait-il
qu'Investissement Québec a vendu le 10 %, alors qu'encore une fois, je
l'ai mentionné, ils ont agi de concert, la caisse et Investissement Québec,
sous Raymond Bachand pour acheter une minorité de blocage et ensuite
qu'Investissement Québec ait vendu sans que la caisse en a été informée, alors
qu'on a également mis en place peut-être les dispositions pour s'engager dans
la disposition complète, dans la stimulation d'une offre d'achat qui est effectivement
arrivée. Résultat des courses, nous allons perdre un siège social. Donc, nous
avons perdu dans cette opération-là.
M. Boivin (Simon) : Donc,
l'indépendance de la caisse, en somme, elle est factice, et la caisse est un
outil que le gouvernement doit pouvoir utiliser à sa guise pour stimuler le
développement économique du Québec.
M. Péladeau : Je vous rappelle
la définition législative de sa mission, O.K., de faire... évidemment, procurer
du rendement aux épargnants, mais également de participer au développement
économique du Québec. Alors, cette mission-là, cette deuxième mission, est
essentielle, et, lorsqu'on perd un siège social et que la caisse ne réagit pas,
au contraire, qu'elle dépose dans une offre, mais excusez-moi, là, je suis
obligé de conclure qu'elle ne participe pas au développement économique du
Québec. Au contraire, elle agit en sens inverse, parce que ce n'est pas en
perdant nos sièges sociaux que nous allons être en mesure de construire un
Québec fort.
M. Boivin (Simon) : Une
petite pour M. Cloutier, si vous permettez. M. Legault, tout à l'heure, a noté
que, dans une réponse, hier, de M. Couillard, il avait été question d'allonger
le calendrier scolaire avec des sommes rattachées à ça. Est-ce que ça vous a
intrigué, réponse-là?
M. Cloutier : Non, en fait…
non, je ne peux pas vous répondre.
Le Modérateur
: Merci.
M. Robillard.
M. Péladeau : M. Robillard.
M. Robillard (Alexandre) :
Comment ça va?
M. Péladeau : Ça va très bien.
Et vous, M. Robillard?
M. Robillard (Alexandre) : Ça
va bien, merci.
M. Péladeau : Avez-vous des
nouvelles lunettes, M. Robillard?
M. Robillard (Alexandre) :
Oui. Fin observateur. Même si vous n'avez pas mis les vôtres, je me rends
compte que…
M. Péladeau : Elles
ressemblent aux miennes, d'ailleurs. Mais moi, je n'ai pas mis les miennes, ce
matin.
M. Robillard (Alexandre) :
C'est vrai que vous êtes une grande source d'inspiration.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Robillard (Alexandre) : M.
Péladeau, j'aimerais ça savoir : Est-ce que vous pensez que la décision de
TransCanada de soumettre un avis de projet et éventuellement une étude d'impact
augmente les chances d'acceptabilité sociale au Québec pour le tronçon
d'Énergie Est?
M. Péladeau : Bien, écoutez,
là, on est obligés de constater qu'on va effectivement, donc, de fiasco en
fiasco. Au début, on ne voulait pas être assujettis aux lois du Québec.
Ensuite, on a commencé à vouloir l'être. Il y a eu une injonction, une
poursuite judiciaire. On a commencé à faire évoluer, là. Tout d'un coup, bien,
on dit que nous allons être assujettis. Tu sais, c'est comme une mise en scène,
là, qui nous amène à conclure que, dans le fond, l'objectif, c'est que le
projet Énergie Est se fasse sans le consentement des Québécois, sans le
véritable consentement des Québécois, mais qu'on donne l'impression, tu sais,
que nous avons suivi la loi. Alors, c'est ça qui est un petit peu,
malheureusement, déprimant. Mais au Parti québécois, nous allons continuer à
nous opposer à ce projet.
M. Robillard (Alexandre) : Il
y a quelques semaines, le maire Labeaume avait dit qu'il y avait un peu un
obstacle au financement de Bombardier, ce serait qu'au Québec on ne soit pas
plus ouverts au pipeline d'Énergie Est. Est-ce que vous pensez que les
développements des derniers jours, c'est le signe qu'il y a un marchandage de
cet ordre-là pour faciliter politiquement…
M. Péladeau : Écoutez, il y a
plusieurs interprétations. Celle que vous mentionnez est possible. Mais on peut
également, et je pense que celle-là peut être très plausible aussi, c'est que
la transaction qui a été faite par le gouvernement du Québec, donc par le chef
du Parti libéral du Québec, n'est pas bonne, celle qui a mis 1,3 milliard
dans la série C. Et d'ailleurs, hier, on a posé la question au président de la
caisse : Pourquoi lui a mis son argent dans Bombardier Transport? Bien, il
a dit : parce qu'effectivement les risques sont moins élevés, et on aurait
très bien pu, encore une fois, mettre de l'argent dans la compagnie mère et
s'assurer que ces sommes soient dépensées pour le bénéfice de la série C.
Je comprends que le premier ministre puis
le chef du Parti libéral du Québec nous dise tout le temps que nous sommes
contre la série C. C'est faux. Bien au contraire, c'est nous qui l'avons alerté
avant qu'il s'en préoccupe de la situation financière de Bombardier. On l'a
fait l'année dernière, et là il persiste à dire que nous sommes contre. Bien au
contraire. Mais ce que nous souhaitons, c'est une transaction qui va minimiser
également les risques pour l'ensemble des Québécois tout en lui permettant
aussi d'avoir les rendements les plus élevés.
Et, en cette matière, bien, justement, on
doit suivre l'exemple de la caisse. Et, si on avait mis l'argent en haut, et
c'est probablement ce que le gouvernement fédéral souhaite faire, nous verrons,
mais ça pose des problématiques de gouvernance qui sont susceptibles aussi de
trouver des solutions. Mais, comme on dit en bon français, «it takes two to
tango». Encore faut-il que l'actionnaire majoritaire aujourd'hui soit d'accord
avec le fait que, puisque son implication financière et monétaire va devenir de
moins en moins importante et que les véritables pourvoyeurs de fonds vont être
l'État québécois et l'État fédéral, bien, qu'on laisse la place nécessaire au
conseil d'administration et en gouvernance pour refléter, justement, cet apport
capitalistique.
Le Modérateur
: Merci.
Une dernière, M. Robillard, s'il vous plaît.
M. Robillard (Alexandre) :
Vous avez dit hier que la convergence des souverainistes est essentielle pour
défaire les libéraux aux prochaines élections. Est-ce que ça veut dire que,
pour le Parti québécois, sans Québec solidaire, ça ne fonctionnera pas?
M. Péladeau : Bien, j'ai dit
qu'elle était essentielle, et nous allons continuer à travailler dans ce
sens-là parce que nous souhaitons, un, évidemment, gagner les élections, et
deux, d'autre part, réaliser l'indépendance. Pour réaliser l'indépendance, il
faut gagner les élections. Donc, c'est la séquence naturelle des choses.
Le Modérateur
: Merci.
M. Croteau, dernière en français, je crois.
M. Croteau (Martin) : Bonjour
à vous deux. M. Péladeau, bonjour.
M. Péladeau : Bonjour.
M. Croteau (Martin) :
Toujours sur TransCanada, si vous permettez, le ministre Heurtel a annoncé
vendredi, dans un communiqué, que TransCanada se soumettrait à la loi
québécoise. Hier, le gouvernement a refusé d'appuyer une motion de votre parti
qui stipulait que le Québec aurait un droit de veto sur le projet. Donc, quel
est... Et on apprend ce matin, là, ou, en fait, à travers les correspondances
entre l'entreprise et le gouvernement, qu'il y a toujours un désaccord
concernant l'application de la loi québécoise. Donc, vous, qu'est-ce que vous
comprenez de tout ça?
M. Péladeau : Bien, écoutez,
là, c'est toujours comme ça avec le chef du Parti libéral du Québec. La semaine
dernière, tu sais, sur la question, donc, du financement, il a dit qu'il allait
ouvrir ses livres, mais, quand nous avons présenté une motion, à deux reprises,
hein, donc le mercredi et le jeudi, à deux reprises, ils ont voté contre.
Alors, c'est triste à dire, mais vous le constatez tout comme moi, ils disent
quelque chose et ils font l'inverse. C'est ça, le gouvernement du Parti
libéral. C'est ça, le gouvernement du chef du Parti libéral du Québec, Philippe
Couillard.
M. Croteau (Martin) : Donc,
c'est quoi... L'annonce de vendredi dans laquelle M. Heurtel disait que
TransCanada acceptait de se soumettre à la loi québécoise, c'était faux?
C'était quoi exactement, selon vous? Comment vous qualifiez ce communiqué,
finalement, qu'il a émis vendredi?
M. Péladeau : Bien, écoutez,
on va voir, là, parce qu'il y avoir ou bien un BAPE ou bien pas de BAPE, là.
Vous savez, il y a la définition des différents BAPE. Alors, c'est au ministre
de l'Environnement, justement, de préciser sa réflexion. Pour l'instant, nous
ne savons... et, bon, est-ce qu'il a décidé de surseoir à la poursuite, compte
tenu de l'ouverture qui vient d'être faite par TransCanada? Il faut savoir qu'il
y a des décisions judiciaires qui ont été rendues au Canada, notamment en Colombie-Britannique,
qui ont assujetti des projets de nature fédérale, dont à l'interprovincial, aux
dispositions législatives en matière d'environnement. Je pense que TransCanada,
bien, a été adéquatement avisée par ses conseillers juridiques, et/ou éventuellement
par le gouvernement, de dire... bien il s'engage dans un cul-de-sac, et, pour
éviter de s'engager dans un cul-de-sac, bien là, ils sont en train de négocier éventuellement
les modalités d'application de l'accord du gouvernement pour pouvoir vous
passer leur oléoduc.
M. Croteau (Martin) : Mais
pardonnez-moi si j'ai mal posé ma question, je vais vous la reposer plus directement.
Est-ce que vous considérez, à la lumière de ce que vous voyez depuis quelques
jours, que Québec entend exercer un droit de veto sur le projet s'il le désire?
Parce que ça ne semble pas si clair que ça à travers les...
M. Péladeau : Bien, moi, mon
sentiment, c'est qu'ils ne veulent pas... ils veulent l'oléoduc, là. Et vous
vous souviendrez que le premier ministre, en Chambre, a dit que c'était le prix
à payer pour la péréquation canadienne. Ça a été tellement, je dirais, frappant
que le candidat Brad Wall, qui a été réélu, l'a utilisé lui-même, cet argument,
en faisant en sorte de dire : Bien, il va falloir qu'ils le passent,
l'Énergie Est, parce que sinon on va leur couper la péréquation. Vous l'avez
entendu comme moi, et ils l'ont également utilisé durant la campagne électorale.
Donc, effectivement, sa réflexion a fait
des petits, et c'est dorénavant utilisé par les autres premiers ministres du Canada.
M. Croteau (Martin) :
Permettez-moi juste une précision sur ce que vous avez dit à mon collègue Simon
tout à l'heure. Est-ce que vous considérez que le projet de SLR lancé par la
caisse répond à une commande politique du gouvernement du Québec?
M. Péladeau : Oui, mais ils
ont changé la loi. C'est eux qui ont changé la loi de la Caisse de dépôt, donc
je ne vois pas pourquoi ils auraient changé la loi s'il n'y avait pas une
commande politique de faire le SLR. Ça m'apparaît un syllogisme parfait, ça,
là, là.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : Bonjour. I was hoping that you could just summarize your «projet de loi» on education in English for us.
M. Péladeau : I will let Alexandre give more details.
M. Cloutier : But I just want to make sure it's not a project of law, it's a
motion that is being… today at the National Assembly. The project of law I was
talking about, it's a project of law that we have been… tabled when we were in
government, in 2013, which basically launched the «maternelle quatre ans»,
childhood…
M. Péladeau : Kindergarten.
Mme Fletcher (Raquel) : Yes, kindergarten.
M. Cloutier : …kindergarten for four-year-old students in Québec, and we have been focusing first on
neighborhoods that were more neglected, and we started with one school per «commission scolaire», and we still think that
it is an appropriate approach. It is a major approach, and we think that we have
chosen the right way to do, and we're very proud that we've been… tabled this
approach.
Mme Fletcher (Raquel) : So what is the objective of this motion, then?
M. Cloutier : Well, this motion, we think it goes too far right now. I mean, we
didn't have the time to analyze
what has been put in place in Québec and we're saying that even the first objective,
which was to put in place schools in neglected areas, it's not in place right
now, and now, the Coalition avenir Québec is already asking to put it
everywhere in Québec. I don't think we're at that point at this moment. This is
why we have tabled an amendment to their motion. We're waiting for them to
answer, but we definitely believe in it, but we firstly believe for students
who have a special need.
Mme Fletcher (Raquel) : What is your… You've kind of touch on it, but what is your exact criticism
of the proposal from the CAQ?
M. Cloutier :
Well, the Coalition avenir Québec… we have also tabled a second motion today
which condemn the coalition asking for students to do not work if they dropout
from school. We think it's totally crazy, so we first looked in books, we called
at the Faculty of Education, we have tried to find a study that could help us
to understand their proposition, and no one is asking that. I mean, it's
totally improvisation, and this is why we ask François Legault to step back,
admit that he went too far, he made a bad decision. And this is why we have
tabled a motion today asking them to bring back… to just put away this really
bad idea.
Le Modérateur
:
Merci. Mme Johnson.
Mme Johnson (Maya) : Bonjour, M. Péladeau. We know that Mme Charlebois will be
having a press conference at 9 :30 a.m. We don't have…
M. Péladeau :
I was not aware of.
Mme Johnson (Maya) : We don't have confirmation of this yet, but a colleague is
reporting that sources are saying that the Government is going to reopen the
Mélaric detox center. If that turns out to be the case, because obviously there
was a big uproar when that place was closed, what would your response be to
that decision?
M. Péladeau :
Well, we should wait, you know, before the announcement. But I guess that, you
know, what we've said earlier, that those centers are very important, so then,
therefore, we need to make sure that we will have support for people who have,
you know, those kinds of problems, and then, therefore, we would consider
that's probably a good news.
Mme Johnson (Maya) : And again, obviously we don't have the confirmation yet and we'll
have to wait, and hopefully we'll be able to speak to you once we have more
information, but would this be another indication that perhaps the Government
moved too quickly on making such a decision?
M. Péladeau :
Well, I guess that, you know, it's been, I would say… I
was saying hundreds, but maybe we can say thousands of back and forth that
we've been seeing, you know, from the Government since it's been there, you know, for two years now. So we're not
surprised about, you know, this kind of situation that have been occurring so many times.
Le Modérateur
: Merci. M. Authier, dernière question, s'il
vous plaît.
M. Authier (Philip) : Good morning, sir! How are you?
M. Péladeau : Good morning.
M. Authier (Philip) : I'm back.
M. Péladeau : You're back? We're happy that you're back.
M. Authier (Philip) : Yes, I was away in the Îles-de-la-Madeleine.
M. Péladeau : Ah! That's a nice place. It's lobster time.
M. Authier (Philip) : No, it was a funeral. It was not much fun, not much fun.
M. Péladeau : Yes, I know.
M. Authier (Philip) : I'm intrigued by what you were saying about the train, that it
appears to you to be a «commande politique» because Mr. Couillard was talking about it two weeks before the
caisse announced the project. Does it strike you as strange that this
Government, which seems to be struggling and having a lot of problems, the
piece of good news that emerged came from the caisse? Does that strike you as
strange and do you think that the Couillard Government has any idea where it's
going?
M. Péladeau : First of all, I should say, you know, that, you know, we
believe that it's a very good project. It's a very good project because it
puts, you know… it makes
emphasis on things that we will always going to support, so, you know, transport and hydroelectricity,
something that, you know… we're
going to fight against the GES, donc… How do you say that in English?
M. Authier (Philip) : Climate change... gases, yes. Wait, let me…
M. Péladeau : You know what I mean.
M. Authier (Philip) : «Gaz à effet de serre». I don't know it in English.
M. Péladeau : Greenhouse.
M. Authier (Philip) : Greenhouse gases. Now, the leader of the PQ is correcting my
English.
M. Péladeau : So it's certainly, you know, in the right direction, but is this, you
know, a mission that needs to be covered by la Caisse de dépôt? And basically, what we need
to conclude, since the Government decided to change the law and said that the
caisse can do this, as they've been doing elsewhere, then, therefore, what they
were considering, you know, a
good project had been moved to «la caisse».
That raised other issues
because it's not, you know, the
same kind of principles and assumptions that «la caisse» will use to manage
this asset. So since, you know,
the change… the law was changed and the door was opened for them, I don't know
how we can conclude otherwise than saying that's a political command that was
done for «la caisse».
M. Authier (Philip) : But do you get the impression that this Government knows where it's
going in…
M. Péladeau : Not at all.
M. Authier (Philip) : Why?
M. Péladeau : I guess… they're changing their minds all the time on all the
topics. So I guess that we're not surprised. You know, we have Uber, right now, so it's maybe a law that has been
actually discussed at the council. We hear that, you
know, there's a perception or a perspective from the minister,
the Transport Minister, and then, there's another perspective, you know, moving
differently, and the Minister is probably in difference with the Premier.
So we hear all sorts of
things, but what we know right now is that we need a piece of legislation for
that. And we're not sure that they will be able to table it before May 12 to
solve the issue before this legislature is over, not the session.
Des voix
:
Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 19)