(Huit heures quarante-cinq minutes)
M. Péladeau : Bonjour,
messieurs dames. Alors, bien, nous avons assisté hier à une partie où le premier
ministre, le chef du Parti libéral, a fait un pari et il a perdu. Une autre
duperie libérale. Et ce qui est un petit peu problématique également, c'est que
toutes ces questions qui sont légitimes... légitimes parce qu'il ne peut pas
faire l'économie, là, d'un certain nombre d'événements qui se sont produits,
des événements lourds de signification : l'arrestation de Nathalie
Normandeau, l'épisode de Sam Hamad, il y a un certain nombre, également, de ministres
qui ne font plus partie de son Conseil des ministres ou le font temporairement.
Alors, hier en Chambre, le premier
ministre, le chef du Parti libéral, nous accuse de l'invectiver. On n'invective
personne lorsque nous faisons notre travail de parlementaires, lorsque nous
faisons ce que la population, ce que les citoyens et les citoyennes souhaitent
savoir. Donc, il disait qu'il allait ouvrir les livres — et vous
étiez là — bien, le Parti libéral a voté contre une motion tout à
fait légitime qui allait exactement dans le sens de ses déclarations un peu
plus tôt durant la matinée ainsi que celles qu'il a faites a Chambre.
Alors, nous réitérons le souhait que, pour
faire en sorte que cette opacité disparaisse, pour que nous puissions
redécouvrir la confiance nécessaire entre le citoyen et l'élu, que le chef du
Parti libéral fasse ce qu'il dit et qu'il rende disponible l'ensemble des
chiffres du Parti libéral par comté, par circonscription pour être en mesure de
pouvoir bien apprécier la teneur de la situation. Merci beaucoup.
Le Modérateur
: Mme Richer,
micro de gauche.
Mme Richer (Jocelyne) :
Est-ce que vous avez l'impression que le premier ministre souffle le chaud et
le froid, qu'il gagne du temps? Quelle est sa stratégie, selon vous, dans ce
dossier-là? On cherche à comprendre.
M. Péladeau : Bien, moi aussi,
sinon de dire qu'encore une fois c'est le festival de l'improvisation; on dit
quelque chose, on agit à l'inverse. Combien de fois le gouvernement et le
premier ministre ont dit quelque chose et ils ont agi autrement? On fait comme
le festival du 48 heures, hein? 48 heures, il y a quelque chose qui
se passe un moment donné, et 48 heures on a un recul. Et là il semble que
le recul de la journée, 48 heures plus tard, ce soit, donc, l'annulation
du contrat à Aviseo Conseil concernant, donc, l'évaluation faite pour le dossier
Énergie Est. Encore 48 heures. C'est comme le gouvernement du 48 heures.
On dit quelque chose, on recule 48 heures plus tard. Des fois, c'est plus
long, malheureusement, comme en éducation, parce que ça vient atteindre notre
réseau, ça vient atteindre un investissement extrêmement important. On l'a vu
dans le p.l. n° 86, essentiellement un projet de loi pour faire plaisir
aux électeurs de la CAQ, une patate chaude, et ensuite un recul, alors
qu'effectivement les Québécois et les Québécoises veulent faire le nécessaire
pour réinvestir dans l'éducation, veulent prendre les mesures pour combattre le
décrochage scolaire. Et nous revenons à la case départ.
Mme Richer (Jocelyne) :
Qu'est-ce que ça vous dit, justement, à propos de l'annulation de ce contrat-là
à une firme de consultants sans appel d'offres? On annonce un contrat et puis
finalement on recule. Ça vous dit quoi?
M. Péladeau : Improvisation. Un
autre fiasco. Il y a quelque chose qui souhaite être effectué, et puis dénoncé
par l'opposition, et on s'en est rendu compte 48 heures plus tard. Alors,
après ça, on va se faire accuser de faire notre travail d'opposition, alors que
les gestes qui sont posés, en grande partie, sont également aussi à l'origine
des reculs du gouvernement. Alors, n'en déplaise au chef du Parti libéral du
Québec, nous allons continuer à faire notre travail d'opposition officielle.
Le Modérateur
: Merci.
M. Laforest, micro de droite.
M. Laforest (Alain) :
Concernant le financement, qu'est-ce que vous répondez au Directeur général des
élections, qui dit que, si on veut remonter à 1996, tout ce qu'on peut faire,
c'est une enquête administrative parce que les documents n'existent plus?
M. Péladeau : Écoutez, c'est
une déclaration du Directeur général des élections. Est-ce qu'il a fait une
enquête? Est-ce qu'on peut éventuellement lui poser la question? Quel genre
d'enquête a-t-il effectuée pour être en mesure de déterminer si, oui ou non,
donc, ces données sont disponibles? J'ose espérer que nous aurons également
l'occasion, nous, les parlementaires, de le faire. Alors, ça serait prématuré
de répondre à votre question.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que vous conservez vos rapports d'impôt pendant 20 ans, M. Péladeau?
M. Péladeau : Moi, oui.
M. Laforest (Alain) : Vous,
oui?
M. Péladeau : Oui.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que vous croyez que l'ensemble des contribuables conservent leurs rapports
d'impôt pendant 20 ans quand la loi dit sept ans, même pas cinq?
M. Péladeau : Bien, il y a des
gens qui vont les conserver. Honnêtement, je n'ai pas fait de sondage, là, pour
déterminer ceux qui le conservent et ceux qui ne le conservent pas, mais
certainement qu'il y a une grande partie des gens qui doivent conserver leurs
rapports d'impôt.
M. Laforest (Alain) :
Êtes-vous...
M. Péladeau : Mais, on ne
parle pas de rapports d'impôt ici, quand même, M. Laforest, là, on parle
de financement de partis politiques, là. Il n'y a pas 6 millions de
personnes, là, qui sont concernées, il y a quelques partis politiques, et ils
le sont depuis de nombreuses années.
M. Laforest (Alain) : Mais,
si on veut faire... si on veut rattacher le don avec le chèque, il faut le
trouver à quelque part, le chèque, là.
M. Péladeau : Ça, c'est
certain qu'à quelque part il y a peut-être une problématique, mais est-ce qu'il
y a eu des photocopies? Je n'en sais rien, mais il y a certainement un registre
à quelque part qui a indiqué le nom des donateurs, la date de la donation ou de
la contribution. Honnêtement, je ne suis pas un grand spécialiste là-dedans,
mais ce serait prématuré de tirer des conclusions définitives comme semble
peut-être le faire le Directeur général des élections. Alors, il faudra lui
poser la question : A-t-il fait ou non les vérifications pour être en
mesure de pouvoir, effectivement, donc, renforcer sa proposition ou sa
déclaration?
M. Laforest (Alain) : Une
petite dernière. Êtes-vous pour la décriminalisation de la marijuana?
M. Péladeau : Oui, je l'ai
déjà dit, oui.
M. Laforest (Alain) : Donc, pour
vous, vous allez appuyer les libéraux là-dedans.
M. Péladeau : La
décriminalisation. Il y a deux choses : la décriminalisation et puis le
trafic ou le commerce, là. Ça, c'est deux choses.
Le Modérateur
: Merci.
Monsieur...
Journaliste
:
Concernant justement, bien, le DGE, ce qu'il dit, en fait, et la loi, elle est
très claire, là, c'est l'article 118, c'est que les partis politiques sont
tenus de conserver leurs pièces justificatives pendant cinq ans. Est-ce que
vous avez fait la vérification au PQ si, au-delà de cinq ans, vous avez encore
vos pièces justificatives?
M. Péladeau : Je vais faire la
vérification, effectivement, parce que cette question est tout à fait légitime.
Comme vous savez, évidemment, ça va faire bientôt un an que je suis chef.
Est-ce que j'ai eu une préoccupation particulière pour le financement? J'avoue
que non. Mais, dans les circonstances je vais faire le travail qui est
nécessaire pour faire en sorte...
Je vous ai, hier, mentionné qu'il y avait
un audit qui avait été effectué du côté du Parti québécois. Il est disponible,
je l'ai exhibé en Chambre. Alors, il y a peut-être d'autres travaux à être
effectués, et je vais les faire dans les jours et les semaines qui viennent.
Journaliste
: Parce
que, pour vous, effectivement, vous comprenez que c'est majeur. Si vous
demandez de remonter au-delà des années, par exemple... et d'aller jusqu'en
1996, si le DGE n'a pas de preuve justificative, ça devient assez difficile
d'en venir à des conclusions.
M. Péladeau : Écoutez, je ne
suis pas un expert en matière d'enquête. Est-ce qu'il y a un certain nombre de
registres, tu sais, concurrents, excusez-moi l'expression, dans le sens où il
pourrait en avoir un dans un parti, il pourrait en avoir un chez le DGE? Est-ce
qu'il y a moyen de croiser ces informations-là? Tu sais, il y a une série de
techniques, là, je présume, qui peuvent être utilisées pour, justement, essayer
de renforcer, malgré les lacunes que... celles auxquelles vous faites
référence, c'est-à-dire que la pièce justificative n'est peut-être plus là.
Mais, si, sur deux registres, on a éventuellement les deux mêmes noms avec les
deux mêmes dates et que ces deux registres-là ont été confectionnés par des
parties différentes... Je ne dis pas que c'est une preuve hors de tout doute,
là, mais il pourrait y avoir ce qu'on pourrait considérer être une
prépondérance de preuves.
Le Modérateur
: Merci.
M. Caron, micro de droite.
M. Caron (Régys) : Oui,
bonjour, M. Péladeau. On apprend ce matin que le gouvernement, l'an
dernier, a coupé 25 % d'un budget d'un programme de lutte au décrochage
qui s'appelle Agir autrement. Il s'apprête à faire la même chose cette année.
Pourtant, le gouvernement dit qu'il réinvestit en éducation. S'agit-il d'un
déplacement d'argent ou d'une coupe nette?
M. Péladeau : Bien, écoutez,
je ne peux faire autrement, évidemment, que revenir sur ce que je disais tout à
l'heure. Tu sais, le p.l. n° 86 a été une patate chaude, a été une espèce
de petit cadeau électoraliste fait à une clientèle qui était à la CAQ, et c'est
d'ailleurs le Journal de Québec qui l'écrivait aujourd'hui. On a, comme
ministre de l'Éducation, tu sais, un ancien caquiste qui disait qu'il voulait
abolir les commissions, là il a changé d'idée. Donc, on constate, là, qu'il n'y
a aucune conviction. La seule et unique conviction des libéraux, c'est de
garder le pouvoir. Est-ce que c'est dans le meilleur intérêt des citoyens?
Bien, on constate, à l'heure actuelle, que ce n'est pas le cas, puisque,
regardez, ce que nous souhaiterions comme collectivité, c'est de prendre des
mesures nécessaires pour combattre le décrochage scolaire.
Moi, écoutez, ça ne sort pas de la cuisse
de Jupiter, les moyens nécessaires pour combattre le décrochage scolaire, ça
prend des effectifs et des moyens. Or, le gouvernement libéral nous dit quelque
chose, dit qu'il croit en l'éducation, et toutes les mesures qu'ils prennent, c'est
de couper dans l'éducation, et, encore aujourd'hui, ce matin, nous en avons une
illustration supplémentaire.
M. Caron (Régys) : Est-ce que
le gouvernement n'agit pas de la façon suivante, c'est-à-dire il va cibler,
peut-être de façon exagérée, les sommes qu'il réinvestit de façon à priver
certaines écoles qu'ils disent : Bien, nous, ça ne correspond pas à nos
besoins, puis que l'argent va être dépensé à mauvais escient?
M. Péladeau : Moi, je vous
l'ai déjà dit à plusieurs reprises, c'est un gouvernement de relations
publiques. La seule et unique, je dirais, motivation, c'est de bien paraître.
Donc, on fait un grand spectacle, on fait une grande déclaration, et
malheureusement, derrière, on fait l'inverse. Et ça, tu sais, ça s'est
multiplié à de très nombreuses reprises depuis que le chef du Parti libéral du
Québec est au pouvoir. Alors, encore une fois, on en a cette illustration
aujourd'hui.
M. Caron (Régys) : Cette
apparente valse-hésitation du gouvernement quant au financement du parti,
financement passé, s'agit-il d'un bluff du premier ministre, comme l'a dit le
député de Mercier, ou si ça n'envoie pas le signal d'un gouvernement qui ne
s'entend pas, d'un caucus gouvernemental qui ne s'entend pas quant aux choses à
faire?
M. Péladeau : Bien, je viens
de vous le dire. Moi, je pense que c'est une duperie libérale supplémentaire,
comme on en a eu un paquet, là, depuis qu'il est au pouvoir. Alors, on peut
appeler ça le bluff, on peut appeler ça un pari, un pari manqué, le résultat
des courses, c'est qu'il fait l'inverse de ce qu'il dit.
Le Modérateur
: Merci.
On va en anglais. Mme Johnson.
Mme Johnson (Maya) : Bonjour,
M. Péladeau. François Legault just said that it doesn't
make any sense that, despite all the errors and mistakes of this Liberal Government,
the party is still leading in the latest CROP poll. Do you agree? And, if
so — which I imagine you do — why do you think that is? Why
are the Liberals still leading in the polls?
M. Péladeau :
Well, I'll be quite frank with you, I'm surprised also. I'm surprised by the
fact that, you know, with all the mistakes, with all, you know, the changing
minds and with all things that happened recently, criminal charges against
Nathalie Normandeau and Marc-Yvan Côté, that the satisfaction level is still,
you know, relatively high. Obviously, it's going in this direction, it's been…
What I read earlier this morning, it's about 63%, and they compare with Government
Charest, at the last one, so, well…
First of all, we should
say that, you know, we're far from the election. And I guess that we should
also emphasize the fact that, you know, the real poll was the election that
took place last Monday that we won with a very comfortable advance, with 47%,
with 3,000 of majority, which was larger than during the general election. So,
you know, this is what I'm seeing, in fact. And I should repeat the fact that
I'm surprised about the results of the poll.
Mme Johnson (Maya) : So, what do you think that the Opposition has to do to catch up?
M. Péladeau :
Well, we will continue to do our homework, we will continue, as I mentioned, you
know, to denounce what this Government is doing. And, you know, they change
their mind all the time. I guess that, you know, this is what we need to do and
we will continue to do.
Le Modérateur
:
Merci. Mme Fletcher.
Mme Fletcher (Raquel) : Are you also concerned about the possible sale of Couche-Tard?
M. Péladeau :
Well, you know, I said yesterday that, you know, there's five years, you know,
there's what they call the sunset clause, where the multivoting
shares will disappear like the sun goes down, this is why they call it «sunset».
So, there's five years to come to find out, you know, what kind of solution or
kind of means that we can use to solidify the shareholding of Alimentation Couche-Tard,
not buying it, you know, not spend $33 billion to buy it, but, you know,
to use what is available in the financial market, you know, with different
shareholders, with shareholders' agreement and other strategies to make sure
that the position of Québec
interests will be large enough to be a kind of a stopper for people that would
be interested, you know, to takeover bid on Couche-Tard.
Mme Fletcher (Raquel) : So, what do you think that the current Government should do right now?
M. Péladeau : Well, first of all, we need to repeat the fact that, you know, we
had a report, which was not a partisan report, it was written by people in the
financial market in Montréal,
and my predecessor… but not my predecessor, my colleague who was previously
Minister of Finance, le député deRousseau, you know,
tabled a strategy for that. It was completely trashed by the Government. Again,
it was not a partisan report, and there are a few suggestions there that should
be used to make sure that, you know, we have the capacity to continue to
maintain our shareholding and, at the end of the day, obviously, there are the
head offices that come with it.
Mme Fletcher (Raquel) : OK. And just one last question on marijuana, the announcement that was made federally yesterday
that there will be a bill announced next spring. Do you agree with that
proposal or how do you think that…
M. Péladeau : I said earlier that I think that we should decriminalize marijuana.
And for, you know, what it will come, I guess that it will be a little bit of a
complicated matter. So, we'll watch and see, but we should decriminalize.
Le Modérateur
: Une dernière, Maya Johnson?
Mme Johnson (Maya) : Yes, because I just saw a tweet that says that the Government is
actually going to cancel the contract for Energy East that was given without a
call for tenders.
M. Péladeau : To Aviseo Council, Aviseo.
Mme Johnson (Maya) : Exactly. So, just learning about this, what is your reaction to
that? Obviously, you had pushed against this contract earlier this week.
M. Péladeau : I was on this topic on Tuesday, so it's a 48 hours government.
They always react 48 hours later than decisions that are taken. So, it's,
again, I would say, you know, an illustration about our homework. We do our
homework and, as your previous question, you know, we
think that we will continue to do this. We'll be certainly in a proposal mode in due time also. Merci.
(Fin à 9 heures)