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Point de presse de M. Pierre Karl Péladeau, chef de l'opposition officielle

Version finale

Le jeudi 21 avril 2016, 8 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures quarante-cinq minutes)

M. Péladeau : Bonjour, messieurs dames. Alors, bien, nous avons assisté hier à une partie où le premier ministre, le chef du Parti libéral, a fait un pari et il a perdu. Une autre duperie libérale. Et ce qui est un petit peu problématique également, c'est que toutes ces questions qui sont légitimes... légitimes parce qu'il ne peut pas faire l'économie, là, d'un certain nombre d'événements qui se sont produits, des événements lourds de signification : l'arrestation de Nathalie Normandeau, l'épisode de Sam Hamad, il y a un certain nombre, également, de ministres qui ne font plus partie de son Conseil des ministres ou le font temporairement.

Alors, hier en Chambre, le premier ministre, le chef du Parti libéral, nous accuse de l'invectiver. On n'invective personne lorsque nous faisons notre travail de parlementaires, lorsque nous faisons ce que la population, ce que les citoyens et les citoyennes souhaitent savoir. Donc, il disait qu'il allait ouvrir les livres — et vous étiez là — bien, le Parti libéral a voté contre une motion tout à fait légitime qui allait exactement dans le sens de ses déclarations un peu plus tôt durant la matinée ainsi que celles qu'il a faites a Chambre.

Alors, nous réitérons le souhait que, pour faire en sorte que cette opacité disparaisse, pour que nous puissions redécouvrir la confiance nécessaire entre le citoyen et l'élu, que le chef du Parti libéral fasse ce qu'il dit et qu'il rende disponible l'ensemble des chiffres du Parti libéral par comté, par circonscription pour être en mesure de pouvoir bien apprécier la teneur de la situation. Merci beaucoup.

Le Modérateur : Mme Richer, micro de gauche.

Mme Richer (Jocelyne) : Est-ce que vous avez l'impression que le premier ministre souffle le chaud et le froid, qu'il gagne du temps? Quelle est sa stratégie, selon vous, dans ce dossier-là? On cherche à comprendre.

M. Péladeau : Bien, moi aussi, sinon de dire qu'encore une fois c'est le festival de l'improvisation; on dit quelque chose, on agit à l'inverse. Combien de fois le gouvernement et le premier ministre ont dit quelque chose et ils ont agi autrement? On fait comme le festival du 48 heures, hein? 48 heures, il y a quelque chose qui se passe un moment donné, et 48 heures on a un recul. Et là il semble que le recul de la journée, 48 heures plus tard, ce soit, donc, l'annulation du contrat à Aviseo Conseil concernant, donc, l'évaluation faite pour le dossier Énergie Est. Encore 48 heures. C'est comme le gouvernement du 48 heures. On dit quelque chose, on recule 48 heures plus tard. Des fois, c'est plus long, malheureusement, comme en éducation, parce que ça vient atteindre notre réseau, ça vient atteindre un investissement extrêmement important. On l'a vu dans le p.l. n° 86, essentiellement un projet de loi pour faire plaisir aux électeurs de la CAQ, une patate chaude, et ensuite un recul, alors qu'effectivement les Québécois et les Québécoises veulent faire le nécessaire pour réinvestir dans l'éducation, veulent prendre les mesures pour combattre le décrochage scolaire. Et nous revenons à la case départ.

Mme Richer (Jocelyne) : Qu'est-ce que ça vous dit, justement, à propos de l'annulation de ce contrat-là à une firme de consultants sans appel d'offres? On annonce un contrat et puis finalement on recule. Ça vous dit quoi?

M. Péladeau : Improvisation. Un autre fiasco. Il y a quelque chose qui souhaite être effectué, et puis dénoncé par l'opposition, et on s'en est rendu compte 48 heures plus tard. Alors, après ça, on va se faire accuser de faire notre travail d'opposition, alors que les gestes qui sont posés, en grande partie, sont également aussi à l'origine des reculs du gouvernement. Alors, n'en déplaise au chef du Parti libéral du Québec, nous allons continuer à faire notre travail d'opposition officielle.

Le Modérateur : Merci. M. Laforest, micro de droite.

M. Laforest (Alain) : Concernant le financement, qu'est-ce que vous répondez au Directeur général des élections, qui dit que, si on veut remonter à 1996, tout ce qu'on peut faire, c'est une enquête administrative parce que les documents n'existent plus?

M. Péladeau : Écoutez, c'est une déclaration du Directeur général des élections. Est-ce qu'il a fait une enquête? Est-ce qu'on peut éventuellement lui poser la question? Quel genre d'enquête a-t-il effectuée pour être en mesure de déterminer si, oui ou non, donc, ces données sont disponibles? J'ose espérer que nous aurons également l'occasion, nous, les parlementaires, de le faire. Alors, ça serait prématuré de répondre à votre question.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que vous conservez vos rapports d'impôt pendant 20 ans, M. Péladeau?

M. Péladeau : Moi, oui.

M. Laforest (Alain) : Vous, oui?

M. Péladeau : Oui.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que vous croyez que l'ensemble des contribuables conservent leurs rapports d'impôt pendant 20 ans quand la loi dit sept ans, même pas cinq?

M. Péladeau : Bien, il y a des gens qui vont les conserver. Honnêtement, je n'ai pas fait de sondage, là, pour déterminer ceux qui le conservent et ceux qui ne le conservent pas, mais certainement qu'il y a une grande partie des gens qui doivent conserver leurs rapports d'impôt.

M. Laforest (Alain) : Êtes-vous...

M. Péladeau : Mais, on ne parle pas de rapports d'impôt ici, quand même, M. Laforest, là, on parle de financement de partis politiques, là. Il n'y a pas 6 millions de personnes, là, qui sont concernées, il y a quelques partis politiques, et ils le sont depuis de nombreuses années.

M. Laforest (Alain) : Mais, si on veut faire... si on veut rattacher le don avec le chèque, il faut le trouver à quelque part, le chèque, là.

M. Péladeau : Ça, c'est certain qu'à quelque part il y a peut-être une problématique, mais est-ce qu'il y a eu des photocopies? Je n'en sais rien, mais il y a certainement un registre à quelque part qui a indiqué le nom des donateurs, la date de la donation ou de la contribution. Honnêtement, je ne suis pas un grand spécialiste là-dedans, mais ce serait prématuré de tirer des conclusions définitives comme semble peut-être le faire le Directeur général des élections. Alors, il faudra lui poser la question : A-t-il fait ou non les vérifications pour être en mesure de pouvoir, effectivement, donc, renforcer sa proposition ou sa déclaration?

M. Laforest (Alain) : Une petite dernière. Êtes-vous pour la décriminalisation de la marijuana?

M. Péladeau : Oui, je l'ai déjà dit, oui.

M. Laforest (Alain) : Donc, pour vous, vous allez appuyer les libéraux là-dedans.

M. Péladeau : La décriminalisation. Il y a deux choses : la décriminalisation et puis le trafic ou le commerce, là. Ça, c'est deux choses.

Le Modérateur : Merci. Monsieur...

Journaliste : Concernant justement, bien, le DGE, ce qu'il dit, en fait, et la loi, elle est très claire, là, c'est l'article 118, c'est que les partis politiques sont tenus de conserver leurs pièces justificatives pendant cinq ans. Est-ce que vous avez fait la vérification au PQ si, au-delà de cinq ans, vous avez encore vos pièces justificatives?

M. Péladeau : Je vais faire la vérification, effectivement, parce que cette question est tout à fait légitime. Comme vous savez, évidemment, ça va faire bientôt un an que je suis chef. Est-ce que j'ai eu une préoccupation particulière pour le financement? J'avoue que non. Mais, dans les circonstances je vais faire le travail qui est nécessaire pour faire en sorte...

Je vous ai, hier, mentionné qu'il y avait un audit qui avait été effectué du côté du Parti québécois. Il est disponible, je l'ai exhibé en Chambre. Alors, il y a peut-être d'autres travaux à être effectués, et je vais les faire dans les jours et les semaines qui viennent.

Journaliste : Parce que, pour vous, effectivement, vous comprenez que c'est majeur. Si vous demandez de remonter au-delà des années, par exemple... et d'aller jusqu'en 1996, si le DGE n'a pas de preuve justificative, ça devient assez difficile d'en venir à des conclusions.

M. Péladeau : Écoutez, je ne suis pas un expert en matière d'enquête. Est-ce qu'il y a un certain nombre de registres, tu sais, concurrents, excusez-moi l'expression, dans le sens où il pourrait en avoir un dans un parti, il pourrait en avoir un chez le DGE? Est-ce qu'il y a moyen de croiser ces informations-là? Tu sais, il y a une série de techniques, là, je présume, qui peuvent être utilisées pour, justement, essayer de renforcer, malgré les lacunes que... celles auxquelles vous faites référence, c'est-à-dire que la pièce justificative n'est peut-être plus là. Mais, si, sur deux registres, on a éventuellement les deux mêmes noms avec les deux mêmes dates et que ces deux registres-là ont été confectionnés par des parties différentes... Je ne dis pas que c'est une preuve hors de tout doute, là, mais il pourrait y avoir ce qu'on pourrait considérer être une prépondérance de preuves.

Le Modérateur : Merci. M. Caron, micro de droite.

M. Caron (Régys) : Oui, bonjour, M. Péladeau. On apprend ce matin que le gouvernement, l'an dernier, a coupé 25 % d'un budget d'un programme de lutte au décrochage qui s'appelle Agir autrement. Il s'apprête à faire la même chose cette année. Pourtant, le gouvernement dit qu'il réinvestit en éducation. S'agit-il d'un déplacement d'argent ou d'une coupe nette?

M. Péladeau : Bien, écoutez, je ne peux faire autrement, évidemment, que revenir sur ce que je disais tout à l'heure. Tu sais, le p.l. n° 86 a été une patate chaude, a été une espèce de petit cadeau électoraliste fait à une clientèle qui était à la CAQ, et c'est d'ailleurs le Journal de Québec qui l'écrivait aujourd'hui. On a, comme ministre de l'Éducation, tu sais, un ancien caquiste qui disait qu'il voulait abolir les commissions, là il a changé d'idée. Donc, on constate, là, qu'il n'y a aucune conviction. La seule et unique conviction des libéraux, c'est de garder le pouvoir. Est-ce que c'est dans le meilleur intérêt des citoyens? Bien, on constate, à l'heure actuelle, que ce n'est pas le cas, puisque, regardez, ce que nous souhaiterions comme collectivité, c'est de prendre des mesures nécessaires pour combattre le décrochage scolaire.

Moi, écoutez, ça ne sort pas de la cuisse de Jupiter, les moyens nécessaires pour combattre le décrochage scolaire, ça prend des effectifs et des moyens. Or, le gouvernement libéral nous dit quelque chose, dit qu'il croit en l'éducation, et toutes les mesures qu'ils prennent, c'est de couper dans l'éducation, et, encore aujourd'hui, ce matin, nous en avons une illustration supplémentaire.

M. Caron (Régys) : Est-ce que le gouvernement n'agit pas de la façon suivante, c'est-à-dire il va cibler, peut-être de façon exagérée, les sommes qu'il réinvestit de façon à priver certaines écoles qu'ils disent : Bien, nous, ça ne correspond pas à nos besoins, puis que l'argent va être dépensé à mauvais escient?

M. Péladeau : Moi, je vous l'ai déjà dit à plusieurs reprises, c'est un gouvernement de relations publiques. La seule et unique, je dirais, motivation, c'est de bien paraître. Donc, on fait un grand spectacle, on fait une grande déclaration, et malheureusement, derrière, on fait l'inverse. Et ça, tu sais, ça s'est multiplié à de très nombreuses reprises depuis que le chef du Parti libéral du Québec est au pouvoir. Alors, encore une fois, on en a cette illustration aujourd'hui.

M. Caron (Régys) : Cette apparente valse-hésitation du gouvernement quant au financement du parti, financement passé, s'agit-il d'un bluff du premier ministre, comme l'a dit le député de Mercier, ou si ça n'envoie pas le signal d'un gouvernement qui ne s'entend pas, d'un caucus gouvernemental qui ne s'entend pas quant aux choses à faire?

M. Péladeau : Bien, je viens de vous le dire. Moi, je pense que c'est une duperie libérale supplémentaire, comme on en a eu un paquet, là, depuis qu'il est au pouvoir. Alors, on peut appeler ça le bluff, on peut appeler ça un pari, un pari manqué, le résultat des courses, c'est qu'il fait l'inverse de ce qu'il dit.

Le Modérateur : Merci. On va en anglais. Mme Johnson.

Mme Johnson (Maya) : Bonjour, M. Péladeau. François Legault just said that it doesn't make any sense that, despite all the errors and mistakes of this Liberal Government, the party is still leading in the latest CROP poll. Do you agree? And, if so — which I imagine you do — why do you think that is? Why are the Liberals still leading in the polls?

M. Péladeau : Well, I'll be quite frank with you, I'm surprised also. I'm surprised by the fact that, you know, with all the mistakes, with all, you know, the changing minds and with all things that happened recently, criminal charges against Nathalie Normandeau and Marc-Yvan Côté, that the satisfaction level is still, you know, relatively high. Obviously, it's going in this direction, it's been… What I read earlier this morning, it's about 63%, and they compare with Government Charest, at the last one, so, well…

First of all, we should say that, you know, we're far from the election. And I guess that we should also emphasize the fact that, you know, the real poll was the election that took place last Monday that we won with a very comfortable advance, with 47%, with 3,000 of majority, which was larger than during the general election. So, you know, this is what I'm seeing, in fact. And I should repeat the fact that I'm surprised about the results of the poll.

Mme Johnson (Maya) : So, what do you think that the Opposition has to do to catch up?

M. Péladeau : Well, we will continue to do our homework, we will continue, as I mentioned, you know, to denounce what this Government is doing. And, you know, they change their mind all the time. I guess that, you know, this is what we need to do and we will continue to do.

Le Modérateur : Merci. Mme Fletcher.

Mme Fletcher (Raquel) : Are you also concerned about the possible sale of Couche-Tard?

M. Péladeau : Well, you know, I said yesterday that, you know, there's five years, you know, there's what they call the sunset clause, where the multivoting shares will disappear like the sun goes down, this is why they call it «sunset». So, there's five years to come to find out, you know, what kind of solution or kind of means that we can use to solidify the shareholding of Alimentation Couche-Tard, not buying it, you know, not spend $33 billion to buy it, but, you know, to use what is available in the financial market, you know, with different shareholders, with shareholders' agreement and other strategies to make sure that the position of Québec interests will be large enough to be a kind of a stopper for people that would be interested, you know, to takeover bid on Couche-Tard.

Mme Fletcher (Raquel) : So, what do you think that the current Government should do right now?

M. Péladeau : Well, first of all, we need to repeat the fact that, you know, we had a report, which was not a partisan report, it was written by people in the financial market in Montréal, and my predecessor… but not my predecessor, my colleague who was previously Minister of Finance, le député deRousseau, you know, tabled a strategy for that. It was completely trashed by the Government. Again, it was not a partisan report, and there are a few suggestions there that should be used to make sure that, you know, we have the capacity to continue to maintain our shareholding and, at the end of the day, obviously, there are the head offices that come with it.

Mme Fletcher (Raquel) : OK. And just one last question on marijuana, the announcement that was made federally yesterday that there will be a bill announced next spring. Do you agree with that proposal or how do you think that…

M. Péladeau : I said earlier that I think that we should decriminalize marijuana. And for, you know, what it will come, I guess that it will be a little bit of a complicated matter. So, we'll watch and see, but we should decriminalize.

Le Modérateur : Une dernière, Maya Johnson?

Mme Johnson (Maya) : Yes, because I just saw a tweet that says that the Government is actually going to cancel the contract for Energy East that was given without a call for tenders.

M. Péladeau : To Aviseo Council, Aviseo.

Mme Johnson (Maya) : Exactly. So, just learning about this, what is your reaction to that? Obviously, you had pushed against this contract earlier this week.

M. Péladeau : I was on this topic on Tuesday, so it's a 48 hours government. They always react 48 hours later than decisions that are taken. So, it's, again, I would say, you know, an illustration about our homework. We do our homework and, as your previous question, you know, we think that we will continue to do this. We'll be certainly in a proposal mode in due time also. Merci.

(Fin à 9 heures)

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