Point de presse de M. André Boisclair, député de Pointe-aux-Trembles et chef du deuxième parti d'opposition
Version finale
Le vendredi 30 mars 2007, 14 h 01
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Quatorze heures une minute)
M. Boisclair: Alors, bonjour mesdames et messieurs. Je suis accompagné de Diane Lemieux, qui est leader; mon ami Stéphane Bédard, qui est whip, et je veux vous confirmer aussi qu'Agnès Maltais assumera la responsabilité de présidente du caucus du Parti québécois.
Nous sortons d'une journée et demie de rencontre. Je dois d'abord vous dire que ça a été deux journées qui ont été riches en émotion parce que nous avons perdu, dans notre équipe, des gens pour qui nous avions une vraie affection, des gens qui ont été avec nous, à nos côtés, qui ont combattu fièrement dans chacune de leurs circonscriptions, des gens aussi qui ont su comment contribuer au développement du parti. Je tiens d'abord et avant tout à leur dire merci, merci pour leur contribution.
C'est une occasion pour nous d'accueillir de nouvelles personnes dans l'équipe, et c'est ce que nous avons fait aujourd'hui. Et je dois vous dire que, très rapidement, les députés du Parti québécois, nous nous sommes mis à l'ouvrage. Nous avons aujourd'hui passé tout l'avant-midi à discuter de la situation politique, discuté aussi de la conjoncture et de l'actualité. J'ai donc quelques messages pour vous aujourd'hui.
Le premier message que je veux vous livrer, c'est que je suis très content de voir que l'équipe du Parti québécois a le goût de travailler avec moi. C'est clair, ça a été clairement dit par mes collègues. Je tiens à les en remercier. Ça ne veut pas dire que les choses doivent continuer dans la même direction où elles ont été. Tout le monde doit travailler, moi le premier, les députés aussi et les membres du Parti québécois. Alors, je suis très content de voir que les gens ont le goût de travailler et de faire équipe.
Je voudrais profiter aussi de l'occasion pour dire aux Québécois, dire en particulier aux gens du Parti québécois que c'est le temps, en ce moment, de resserrer les rangs. Je lance cet appel à l'unité aux membres du Parti québécois. Nous allons entreprendre des démarches d'analyse qui ne se feront pas de façon instantanée, spontanée dans les prochaines heures. C'est un travail sérieux, de rigueur, où on va faire des analyses sur des faits. Et donc, j'invite les gens à m'accompagner dans cette démarche pour que le Parti québécois puisse rapidement ressortir gagnant d'une situation qui est en ce moment plutôt difficile, avouons-le, pour nous tous.
Je veux vous dire aussi que c'est une occasion pour nous de faire le point sur l'actualité politique et d'apprivoiser aussi cette nouvelle situation de gouvernement minoritaire et là-dedans, moi, je pense qu'on a tous à apprendre, les gens de la presse en particulier et le premier ministre aussi.
J'ai communiqué aujourd'hui avec le premier ministre. Nous avons convenu de nous revoir dans les prochains jours, à sa convenance. Je serai disponible pour échanger avec le premier ministre. Mais, très rapidement, j'ai voulu indiquer au premier ministre qu'il devait déposer un nouveau budget à l'Assemblée nationale, qu'il nous apparaît clair que ce budget doit faire écho à la fois à la nouvelle situation financière dans laquelle le Québec se retrouve, compte tenu des transferts qui ont été annoncés par le gouvernement fédéral, mais aussi pour tenir compte de la nouvelle situation politique. Je veux donc rappeler un certain nombre de choses qui ont été dites par le Vérificateur général au sujet du budget du Québec. Le Vérificateur général, dans son rapport de 2006, nous indiquait: «J'invite le gouvernement à faire preuve de plus de rigueur et d'indépendance dans l'information financière qu'il transmet aux parlementaires et aux citoyens afin de leur fournir un portrait aussi juste que possible de la situation des finances publiques». Il nous indiquait même: «Somme toute, l'excédent de 192 millions de dollars calculé par le gouvernement aux fins de la Loi sur l'équilibre budgétaire n'est pas crédible». Et il nous rappelait aussi que - et je le cite encore: «La quasi-totalité des provinces ont maintenant emboîté le pas en adhérant aux PCGR», qui sont les principes comptables généralement reconnus. Et il nous indiquait aussi qu'«en 2005-2006, mis à part le Québec, toutes les provinces ont inclus les résultats des établissements de la santé et des services sociaux dans leurs périmètres comptables».
Donc, si M. Charest nous dit qu'il a compris des messages de la population, je l'invite à une plus grande transparence dans la gestion des finances publiques et je lui ai demandé d'accepter les recommandations du Vérificateur général et de se gouverner en conséquence dans le prochain budget qu'il déposera à l'Assemblée nationale. Je souhaite qu'il le fasse. Il ne l'a pas confirmé ni infirmé, mais j'ai demandé au premier ministre un nouveau budget, un budget qui nous permettra d'avoir une situation claire de la situation et la première chose à faire, c'est de donner suite aux recommandations du Vérificateur général du Québec.
Je veux aussi vous dire que nous sommes particulièrement inquiets par la situation qui se vit aujourd'hui dans le Québec. Vous avez vu que Kruger a annoncé la fermeture de cinq de ses usines, c'est un millier de travailleurs qui sont affectés à la fois sur la Côte-Nord, ils sont aussi affectés en Abitibi et dans la Mauricie. Je tiens à dire que pour les gens de la Côte-Nord, cette situation est excessivement difficile et je demande donc au premier ministre de nous présenter dans son budget un plan pour faire en sorte que nous puissions accélérer la réduction de la taxe sur le capital. Il faut que cette taxe sur l'investissement, si on veut relancer le secteur manufacturier, il faut éliminer cette taxe, et je l'invite toutefois à continuer, pour le secteur financier et des assurances, à maintenir la taxe sur le capital, mais, à part cette exception, je pense qu'il doit être clair qu'il faut donner un coup de pouce au secteur manufacturier qui rencontre une situation excessivement difficile, et j'ai eu l'occasion d'en faire part au premier ministre.
Se pose donc ensuite la question de la baisse des impôts. Le message clair que nous souhaitons, et que nous avons bien entendu pendant la campagne électorale, nous souhaitons, d'abord et avant tout, un rehaussement dans l'investissement, dans les services. Elle est là, la clé. Les gens souhaitent de meilleurs services en santé, en éducation. Je pense que la première chose que le premier ministre doit faire, c'est entendre ce message particulièrement dans le secteur de la santé, particulièrement dans le secteur de l'éducation.
Et je le souhaite, je le souhaite avec force, je souhaite que le premier ministre fasse une proposition de relance pour les régions ressources du Québec. Ce qui se vit en ce moment, sur la Côte-Nord est dramatique, le gouvernement ne peut pas rester les bras croisés, et je souhaite qu'il y ait un plan vigoureux de relance des régions ressources dans le prochain budget. Nous avons convenu d'en reparler, mais, d'ores et déjà, je souhaite que des modifications soient apportées au budget qui a déjà été présenté, et donc, que le premier ministre dépose un budget.
Je veux aussi vous dire que nous sommes à regarder de quelle façon nous allons travailler à l'Assemblée nationale, travailler aussi avec les différents responsables, le whip, la présidente du caucus, le leader. C'est assez remarquable de voir, quand on analyse les règles de l'Assemblée nationale, très peu d'entre elles sont conçues pour une situation où, à peu près, les trois partis politiques ont le même nombre de députés. La différence de députés d'un parti à l'autre est somme toute relativement faible. Donc, des discussions sont entreprises et menées par Diane Lemieux, pour voir de quelle façon les procédures de l'Assemblée nationale vont s'adapter à cette nouvelle réalité. Voilà donc, et puis je suis disponible pour répondre à vos questions.
Journaliste: M. Boisclair, on pensait - même votre présidente aujourd'hui le laissait entendre - on pensait qu'il y aurait un congrès en juin pour peut-être un vote de confiance. On se rend compte que ce congrès n'aura pas lieu. Est-ce que finalement c'est souhaitable de votre part, ou de la part du parti, de ne pas avoir ce genre d'exercice là au lendemain d'une élection où le parti a perdu des députés?
M. Boisclair: Notre programme prévoit... le programme du parti prévoit des statuts et règlements, ces statuts et règlements seront suivis. J'ai hâte de rencontrer l'Exécutif national ce soir, où nous amorcerons des discussions sur la suite des choses.
Journaliste: Mais la question est de savoir, est-ce que vous, vous souhaiteriez avoir assez rapidement un vote de confiance pour poursuivre le travail ou pour vous faire dire...
M. Boisclair: On va regarder tout ça correctement avec les députés. La discussion est d'ailleurs bien commencée avec les députés. Je suis très, très content de l'appui qu'ils m'ont offert. Ils ont le goût de faire équipe avec moi. J'ai hâte de rencontrer les gens de l'Exécutif national. Je vais parler aux présidents de régions, et ensemble nous prendrons la meilleure décision.
Journaliste: Sur les baisses d'impôt - ma dernière question - sur les baisses d'impôt, quels sont maintenant vos - je ne sais pas, moi - vos outils justement pour bloquer ce genre... Maintenant, vous avez aussi une responsabilité dans les décisions dorénavant du gouvernement, vous pouvez le bloquer ou poursuivre. Alors, est-ce que ça pourrait être la première occasion pour vous de, quoi, de défaire un gouvernement ou, au contraire, dire: Oui, mettez-en la moitié dans les baisses d'impôt, la moitié dans la santé, moitié en éducation. Comment ça va se jouer?
M. Boisclair: Bien, on va discuter et on va voir de quelle façon le premier ministre va se comporter, mais ce qui est clair, c'est que, moi, je voulais prendre les devants et j'ai voulu demander... je l'ai fait, ce matin, dans une conversation téléphonique, j'ai demandé au premier ministre le dépôt d'un nouveau budget, je lui ai demandé qu'il s'assure qu'il y ait plus de transparence dans la gestion des fonds publics et qu'il donne suite aux recommandations du Vérificateur général. Je lui demande de faire le nécessaire pour aider le secteur manufacturier. Je pense qu'il faut abolir la taxe sur le capital à l'exception des secteurs financier et bancaire et je pense aussi qu'il faut un plan vigoureux pour le soutien aux régions. Et, une fois que la table sera déblayée, bien, on verra quelles sont les disponibilités et qu'est-ce qu'on peut faire.
Journaliste: M. Boisclair, vous dites que les gens ont signifié leur intention de travailler avec vous, mais il y a de raisons de croire que c'est circonstantiel; tôt ou tard vous aurez à faire face au fait que vous avez mené une campagne dont le résultat s'est avéré désastreux, il faut le dire, pour le Parti québécois. Donc, est-ce que vous avez l'impression de vivre sur du temps emprunté?
M. Boisclair: Je n'ai qu'à regarder la situation de M. Charest pour être rassuré. Celui qui a connu une situation dramatique, c'est M. Charest qui a des représentants uniquement dans la région de Montréal, dans l'Outaouais et un peu éparpillés ça et là.
Journaliste: Mais, c'est qui, qui a perdu l'opposition officille, là, donc...
M. Boisclair: Le Parti libéral a perdu... Alors, je regarde la situation de M. Charest et quand on se regarde, on peut trouver la situation difficile, mais quand on se compare, on se console.
Journaliste: Par rapport au référendum sur la souveraineté, il y a plusieurs députés qui nous ont dit qu'il reconnaissent le fait que le PQ s'engage à tenir un référendum le plus vite possible dans un premier mandat que ça leur a coûté des votes et que ça a nuit au Parti québécois. Donc, est-ce que vous reconnaissez aussi que cet engagement-là doit être revu ou même, en fait, biffé, là...
M. Boisclair: C'est un peu l'impression sur laquelle je vous ai laissés un peu plus tôt cette semaine, mardi, et je suis content de voir qu'il y a déjà plusieurs députés qui émettent la même opinion que moi et cette question doit être revisitée, c'est sûr.
Journaliste: Donc, dans l'avenir le PQ ne s'engagera pas à nouveau à tenir un référendum le plus vite possible, ça va être réglé.
M. Boisclair: C'est clair qu'il y a des leçons à tirer de cette élection. Et puis, le constat simple qu'on peut faire, c'est que si les Québécois avaient souhaité un référendum rapidement, ils nous auraient élus, puis à l'évidence, ce n'est pas le cas.
Journaliste: M. Boisclair, les gens nous disent que vous êtes dans une conversation avec M. Duceppe tout de suite après l'élections, vous étiez assez clair sur l'éminence d'un congrès en juin. Mme Richard a dit ça aussi à des militants, des candidats défaits, votre entourage a parlé d'un congrès en juin. Qu'est-ce qui se passe, pourquoi il n'y a plus de congrès, là, tout à coup?
M. Boisclair: Je ne sais d'où cela a pu venir. C'est sûr qu'on regarde...
Journaliste: Est-ce que vous en avez parlé avec Gilles Duceppe? Vous n'avez pas évoqué un congrès en juin avec Gilles Duceppe? Est-ce que vous dites ça, là?
M. Boisclair: Je ne sais pas d'où cette rumeur peut venir, monsieur.
Journaliste: Vous nous dites que vous n'avez jamais parlé de ça?
M. Boisclair: Je ne sais d'où cette rumeur peut venir. On regarde différents scénarios. On est en train de regarder les choses. Mais, la première des choses, on va regarder quelle est la situation financière du parti, on va regarder quelle est la situation aussi de nos statuts et règlements, chaque chose en son temps.
Journaliste: ...la question, c'est: Est-ce que vous avez parlé de ça avec Gilles Duceppe?
M. Boisclair: La réponse, c'est non.
Journaliste: Pour revenir à cette idée de référendum le plus vite possible dans le mandat, est-ce que, clairement, vous souhaitez que cet aspect-là du programme soit biffé, éliminé?
M. Boisclair: Je souhaite avoir avec les membres du Parti québécois une bonne réflexion sur cette question, et, quand je vois les commentaires qui ont été faits par M. Drainville ce matin... J'ai lu un relevé de presse, là. Il semble que M. Drainville, M. Legault et d'autres sont de la même opinion, et c'est clair qu'on va avoir une vraie discussion là-dessus. Prenons-le à l'inverse: si les Québécois avaient souhaité un référendum à l'intérieur du prochain mandat et rapidement, ils nous auraient élus. À l'évidence, ce n'est pas le cas.
Journaliste: Mais qu'est-ce que vous souhaitez? Est-ce que vous souhaitez que ce soit biffé du programme?
M. Boisclair: Alors, je souhaite en discuter avec les membres du parti.
Journaliste: Maintenant, est-ce qu'il est possible pour le Parti québécois, une fois au pouvoir, en attendant de faire la souveraineté, de réclamer davantage d'autonomie du gouvernement fédéral?
M. Boisclair: C'est drôle, hein, je suis heureux de vous revoir aujourd'hui tous, et vous m'avez toujours dit dans les analyses, dans les analyses... Parce que je me suis ennuyé de vous, M. Brunet, quand même. J'ai même entendu que vous avez couru après... C'est vous ou c'est votre collègue de La Presse qui a couru après l'autobus. Bien, regardez bien. Moi, j'essaie de vous parler, là, d'une situation qui préoccupe les Québécois, là, la perte de 1 000 emplois dans le secteur forestier, la fermeture de Kruger...
Journaliste: ...ça, la question, là, sur l'autonomie.
M. Boisclair: Non, mais je vois...
Journaliste: Est-ce que vous pouvez réclamer davantage d'autonomie du gouvernement fédéral avant d'accéder à la souveraineté?
M. Boisclair: Je ne suis pas rendu là. J'essaie aujourd'hui... Je vous dis qu'on va discuter avec les membres du parti, et puis ce qui nous préoccupe - et, au Parti québécois, c'est rapidement venu, Marjolain Dufour a fait une bonne intervention au caucus du Parti québécois - il y a 1 000 jobs qui se sont perdues aujourd'hui. Je vois que vous voulez me parler du référendum. J'essaie de vous dire que moi, j'ai tiré des leçons de la dernière campagne électorale, ça fait que je vous reparle des 1 000 jobs qui ont été perdues sur la Côte-Nord, en Abitibi puis en Mauricie, Kruger qui annonce la fermeture de cinq usines. J'espère que le premier ministre va présenter un nouveau budget puis qu'il y aura quelque chose de solide dans les régions ressources.
Journaliste: M. Boisclair, j'aimerais vous parler d'une job qui pourrait être perdue, celle de chef du Parti québécois. Tout à l'heure, il y a un président d'association de comté qui nous a écrit, puis j'ai fait une entrevue avec lui, qui réclame votre démission. On va publier tout à l'heure à TQS un sondage fait dans la région de Québec où les gens demandent votre départ, et c'est la même chose aussi pour M. Charest. Vous appelez les gens à resserrer les rangs.
M. Boisclair: Oui.
Journaliste: Comment vous entendez faire, sinon que justement de prolonger une situation qui risque d'être difficile pour vous?
M. Boisclair: Je pense qu'en ce moment, là, c'est la dernière chose dont on a besoin, c'est de se lancer dans le psychodrame d'une course à la chefferie; je pense que ce qu'il faut en ce moment, c'est de la stabilité. J'en appelle à l'unité des membres du Parti québécois. Je suis très content de voir que les députés du Parti québécois ont le goût de travailler avec moi, et puis nous avons encore un travail important à faire au niveau du programme du Parti québécois, et je vais avoir l'occasion dans les prochains jours de faire preuve de courage et donner la pleine mesure que je suis capable de donner pour ce parti. Quand j'arrive au Parti québécois, il venait d'y avoir un congrès. La décision que nous avions prise à l'époque, c'est de ne pas rouvrir le congrès. J'avais fait face à une situation difficile au parti au niveau de l'organisation, au niveau du financement, j'ai consacré mes énergies à cette tâche. Je pense que c'était nécessaire pour avoir les fonds nécessaires pour faire cette campagne électorale. Je pense que la dernière chose dont on a besoin, là, c'est d'une course à la chefferie.
Journaliste: Bonjour, M. Boisclair. Je reviens aux questions du budget. Vous avez appelé M. Charest, vous lui avez demandé, fait certaines demandes: Retournez de l'argent aux régions, appliquez les recommandations du Vérificateur général. Mais quel est le poids de ça, même si vous avez la balance du pouvoir à l'Assemblée nationale? Qui veut retourner en élection? Si jamais, M. Charest ne met pas en application vos demandes, qu'est-ce que vous allez faire?
M. Boisclair: Bien, je pense que ce qui est en cause, c'est son propre leadership. Parce que s'il n'écoute pas la population, s'il continue à s'entêter, les libéraux ne feront pas plus de gain qu'ils en ont fait la prochaine fois. M. Charest, lui aussi, il est... M. Charest est dans une situation très, très délicate, je dirais même que M. Charest est dans une situation de grande vulnérabilité. Alors, il doit montrer à la population qu'il a entendu les gens. Et je pense que la moindre des choses, là, c'est, quand il va nous présenter un budget, qu'il soit au clair et qu'il soit transparent sur la situation des finances publiques, qu'il donne suite aux recommandations du Vérificateur général, qu'il nous dise quelle est la situation exactement au niveau du déficit zéro, qu'il ne peut pas laisser planer l'ambiguïté. Il ne peut pas présenter un budget qui, comme le dernier présenté, qui a suscité de vives critiques du Vérificateur général.
Journaliste: Allez-vous voter contre ce budget si jamais il n'applique pas ce que vous lui demandez?
M. Boisclair: On verra, on verra ce qu'il y a dans le budget, là, écoutez. Ce n'est pas du tout le signal que j'ai envoyé aujourd'hui à M. Charest, je n'en suis pas là. On va voir ce que ce budget contient. C'était une première discussion aussi qui, je l'avoue, s'est faite sur un ton très, très candide, très agréable avec le premier ministre. J'ai senti de l'ouverture de sa part, je pense qu'il a senti la même chose de ma part. Mais il me semble qu'il y a des incontournables, là, puis les incontournables, c'est ce qui se passe aujourd'hui dans le secteur manufacturier. Il faut donner de l'air au secteur manufacturier, il faut qu'il y ait un plan d'élimination de la taxe sur le capital, il faut bouger rapidement sur cette question. Il faut aussi être plus transparent, plus clair. La population ne veut plus de demi-vérité. Il y a un grand message, là: des mensonges, des cachettes, des demi-vérités, les gens n'en veulent plus. Alors, qu'il donne suite aux recommandations du Vérificateur général.
Puis je pense qu'un autre message fondamental, qui est celui de l'avenir des régions ressources au Québec, le premier ministre, là, puis le gouvernement du Québec ne peut pas rester les bras croisés. Nous avions certaines propositions dans notre programme, il pourrait y en avoir d'autres. Mais c'est clair que cette question doit être adressée dans le prochain budget, doit être soulevée plutôt...
Journaliste: Une dernière question, si vous me permettez, M. Boisclair. J'essaie de comprendre, là, le constat que vous faites aujourd'hui, que les Québécois ne veulent pas nécessairement d'un référendum le plus rapidement possible dans un premier mandat. Pourtant, vous avez retardé votre entrée à l'Assemblée nationale en disant: Je fais la tournée des régions, je vais tâter le pouls de la population. Comment ça se fait que vous ne l'avez pas vu venir avant l'élection?
M. Boisclair: Alors, ce que personne n'a vu venir, c'est la situation de l'Action démocratique du Québec. Écoutez, rappelez-vous les analyses qui ont été faites peu de temps avant le déclenchement de l'élection. C'est M. Charest qui avait gagné, disait-on, l'après-campagne, c'est M. Charest qui avait réussi à agir sur son taux de satisfaction. Et puis la réalité, c'est qu'on ne s'en allait pas du tout dans une situation où l'Action démocratique du Québec pouvait espérer faire les gains qu'elle a faits, et la réalité, c'est que nous avons réussi, malgré les milliards dépensés par M. Charest, à la veille de la campagne électorale, à lui envoyer un puissant message. Alors, dans ce contexte, c'est à ça que nous avons travaillé, puis je pense qu'on a assez bien réussi. Tout le monde disait: M. Charest, ça va bien, le taux de satisfaction augmente, il a réussi à corriger le tir. Souvenez-vous des commentaires de nombreuses personnes: Il ne fait plus d'erreur, ça va beaucoup mieux, l'équipe s'est resserrée et tout le reste. On a réussi en campagne électorale à casser cette embellie qui semblait se dessiner pour M. Charest, et il se trouve dans une situation d'immense vulnérabilité.
Journaliste: ... M. Boisclair, vous avez vu passer certains de vos candidats dans la région en déclarant qu'il vous avait empêché de recruter l'équipe de rêve, là, que vous espériez. Est-ce que vous ne trouvez pas, dans un premier temps que vos commentaires ont manqué de tact et, de deux, est-ce que vous les regrettez?
M. Boisclair: D'aucune façon, j'ai dit la vérité. Je l'avais dit d'ailleurs au lancement de la campagne électorale.
Journaliste: Donc, vous vous préparez à modifier les statuts, c'est ce que je comprends du Parti québécois, pour être en mesure de mettre les gens qui vous intéressent...
M. Boisclair: La cour est déjà assez pleine, monsieur, là. Avant de s'attaquer à cette question fondamentale débattue depuis toujours... il n'y a pas un chef qui a réussi à faire bouger ça. Non, je pense qu'il faut d'abord et avant tout faire une bonne analyse de nos stratégies puis de ce qui a été fait au niveau de l'organisation, mais je n'en suis pas rendu là. Il n'y a pas un chef qui a réussi à faire ça, et quand je vois, là... La cour est suffisamment pleine comme c'est là.
Le Modérateur: Dernière question.
Journaliste: M. Boisclair. Est-ce qu'il n'est pas un peu étrange pour quelqu'un qui demande aux péquistes de resserrer les rangs d'avoir stigmatisé les gens de la région de la Capitale comme vous l'avez fait mardi?
M. Boisclair: Je pense que plusieurs membres du Parti québécois sont très heureux. J'ai reçu moi-même de nombreux messages. Il y a bien des membres, sur le terrain, de la base et de la population qui comprennent et qui entendent très bien mon message.
Journaliste: Mme Maltais, êtes-vous d'accord avec ce que votre chef dit?
Mme Maltais: Je suis d'accord avec ce que vient de dire mon chef.
Le Modérateur: Deuxième question.
Journaliste: M. Boisclair, vous savez que vous avez été un de ceux qui ont été durs avec l'ADQ à la suite de l'élection de 2003; aujourd'hui, c'est eux qui forment l'opposition officielle et ils ne semblent pas partis pour vous faire de cadeau. Avez-vous l'impression que vous allez peut-être nuire à votre équipe parlementaire sous ce rapport-là?
M. Boisclair: Non, je pense que c'est eux qui demandaient un cadeau à l'époque, ils n'étaient pas, au sens de notre règlement, une formation politique officiellement reconnue, nous le sommes. On n'est pas du tout, du tout dans la même situation. Ce que l'Action démocratique demandait, c'est une modification au règlement pour en faire un parti à statut officiel, ce qui ne rencontrait pas les tests du règlement, nous, on rencontre amplement ce test-là. Puis, entre nous et l'ADQ - c'est quoi le nombre de sièges? - c'est quatre... cinq, cinq sièges entre nous et l'ADQ. Attention. Attention, on n'est pas du tout, du tout dans la même situation.
Le Modérateur: En anglais.
Journaliste: M. Boisclair, Jean Charest is still Premier and you're now the third party in Québec. Can you explain to me why he's in a worst position than you are, as you said?
M. Boisclair: Because he lost the support from the francophones. He has support in Montréal, he has support in the Outaouais and a few ridings here and there, but basically he lost a lot of support from the population, much more than was expected. And the one who has the real problem right now is Mr. Charest and he will need to change and to listen to the population. This is why I've asked today Mr. Charest, we've had a very pleasant conversation, and I have said to Mr. Charest: We need to table a new budget. We need to make sure that you've listen to the message coming from the population. I feel that the next budget should follow up on the recommendations of the Vérificateur général du Québec, we need to know where we are on the situation of the zero deficit. I feel that we need to give new support to the regions of Québec. We lost... today, we've learnt the loss of thousand of jobs in the regions of Québec because of the closing of Kruger, that is a catastrophe. And this is why I feel that the taxes on capital should be removed, we need to give a hand to the manufacturing sector and I hope that the next budget... that Mr. Charest will agree on these important recommendations.
Journaliste: Was he open to that in your conversation?
M. Boisclair: We have had an interesting and positive conversation, but we will meet in the coming days and we'll see what will be in the budget. But I think this the first of many discussions.
Journaliste: Many of your MNAs today are saying that the party needs to stop talking so much about a referendum, not promising as soon as possible in the first mandate, how can you commit to that as the leader of a sovereignist party?
M. Boisclair: I think that we need to realize the force of the message that was sent to the Parti québécois. We got a very clear message. If the people had wanted a rapid referendum on sovereignty, we would be in power right now. And it's clear that this message wasn't agreed by the population and we need to make some changes and that is clear in my mind. Very clear.
Journaliste: About the tax cuts in the budget you're asking the Premier to review, is this just a game of chicken between you and the Premier? I mean, he has promised the tax cuts and in fact he was elected so, isn't logical that he would want to stand by that?
M. Boisclair: That's for him to decide but I think that one of the clear messages that was sent by the population is they don't want anymore of half truth, they want to know the truth about the situation with the public finances. And it's clear, and I've read in french the declaration of the Vérificateur général du Québec, it's clear that Mr. Charest has to be more transparent on the way he manages the public finances and he must agree to the recommendations of the Vérificateur général du Québec. I don't see why, for example, the deficits of the hospitals and universities that are included in other provinces in the budget will be included in the budget, here in Québec. Quebecers want to know what is going on with the situation of public finances, they don't want anymore half truth on this issue and we are clear that this is for us a priority and...
Journaliste: ...tax cuts, would you be prepared to topple the Government over a promise of 700 million dollars in tax cuts?
M. Boisclair: We'll see where are the priorities, but the priority for the Parti québécois is clear: it's a reinvestment in the services, and it's clear that we need a special effort in the regions of Québec. When I look at the 1 000 jobs that were lost by the closing of five plants of Kruger, I'm very, very concerned about the situation of the economy and I feel that we need to have a better climate in investment of Québec, and this is why I feel that the tax on capital should be eliminated, at the exception of the sector of insurance and banks, but I feel that these are concrete decisions that the Government could take, and, depending on what's left and what the table would look like, we'll see what we can do for the future.
Journaliste: Good afternoon. I'm going to go with a dumb question...
M. Boisclair: Go...
Journaliste: ...unlike all the other ones I usually ask, right? When you came Tuesday, you told us that you felt that you were prisoner of the plan for a snap referendum as soon as possible. You used that... not exactly that word, but you know what I mean, that it wasn't your program. Right? Now, the dumb question is now: Am I now to assume that, after the PQ went through the winning conditions formula, and then it went the radical way of the St-André school, are you now going to rebuild the whole platform? Is that what you're telling us? I know it's a dumb question, but it has to be answered.
M. Boisclair: Yes, O.K. Well, let me tell you something: I'm a sovereigntist, and I will remain a sovereigntist. This has to be very clear. I think the focus now is on Mario Dumont: he proposes autonomy, and there's two thirds of the members of the Québec National Assembly who are now in favor of the status quo. So, we'll see what he has in the stomach. We'll have very interesting debates in the Québec National Assembly.
Journaliste: But what are you going to do, the PQ? Do you have to rewrite your program?
M. Boisclair: I think that the burden of the proof right now is on Mr. Dumont, not on the Parti québécois.
Journaliste: Last question. You no longer have the status of Official Opposition. Have you lost your offices that you used to have? Are you going to be maintaining your offices in Place Ville-Marie in Montréal? Do you still have a car? What is the status now?
M. Boisclair: There's a lot of discussions going on, and I'm not the one involved in these discussions. But it's clear that I won't be keeping the office at Place Ville-Marie.
Une voix: Dernière question...
Journaliste: In light of the results on Monday night, what makes it that you are the most appropriate person to lead the PQ into the next election and towards Québec sovereignty?
M. Boisclair: Because the members of the Parti québécois, the members of my caucus were very happy about the quality of the campaign I've done. I think I've gained a lot of support, gained a lot of credibility during this electoral campaign, especially at the occasion of the debate we had. So, I think that the members of the Parti québécois are very proud of the work I've done, and they all realize now that it would be a mistake to think that, if we changed the coach, that we'd have a better team. Look at what's happening to the Canadians.
Journaliste: And just before the campaign began, you also emphasized the fact that you're a person who can learn, who can get better, who can grow. What did... What was the one thing you learned from this election campaign?
M. Boisclair: I've passed the test. I'm very happy about what I've done during the debate. But I've delivered the goods, and what I did that I would do, I did it. I think, people see I was committed on doing a good campaign, and I think, I've done a very good campaign. And the members of the Parti québécois and the members of our caucus agreed on that message. Merci beaucoup. Bonne journée.
(Fin à 14 h 28)