(Douze heures)
M. Lisée
: Bonjour. Je
suis avec Marilyne Picard et Marie-Ève Tétreault, qui sont des représentantes
de Parents jusqu'au bout!, des gens qui font un combat remarquable depuis maintenant
près de deux ans pour faire reconnaître le fait que des parents d'enfants
lourdement handicapés ont besoin d'aide et que la solution que l'État leur
propose en ce moment, c'est-à-dire de placer leurs enfants en famille
d'accueil, est une position absurde.
Alors donc, il y a un mois, elles étaient
sur le plateau de Tout le monde en parle avec le ministre Barrette, qui
leur a dit qu'il s'occuperait personnellement de leur dossier, personnellement,
un engagement pris devant plus de 1 million de téléspectateurs québécois.
Et, un mois plus tard, cette semaine, interrogé à ce sujet par une de vos collègues,
il a dit que, d'abord il s'était rendu compte qu'elles avaient déjà beaucoup
d'aide, alors qu'on sait qu'elles sont, plusieurs d'entre elles, proches de la
faillite, faillite physique, faillite financière, d'abord il s'est rendu compte
qu'elles avaient beaucoup d'aide et que, si on appliquait leur demande d'avoir
un salaire, ça coûterait 42 milliards de dollars par année. Alors donc, sa
réponse a été de déformer leur demande, de ridiculiser leur démarche et de
tromper la population sur la nature de leur démarche. Alors, moi, j'ai trouvé
ça, comme beaucoup de gens, complètement inacceptable de la part du ministre, complètement
inacceptable.
Alors, aujourd'hui, en présence de ces
deux mères, j'ai posé la question en Chambre, d'abord au ministre, de savoir s'il
allait réitérer ses propos absurdes. Il a dit qu'ils étaient parfaitement
légitimes, ses propos. Je lui ai demandé s'il acceptait de rencontrer ces deux
femmes. Il a refusé. Il a refusé de les rencontrer. Et je comprends bien parce
qu'il n'avait pas le courage de leur dire face à face ce qu'il a dit à la
télévision, c'est-à-dire que leur proposition coûterait 42 milliards.
Alors, les estimations que nous avons du Dr Pierre Marois de
Sainte-Justine, c'est que ça coûterait 49 millions de dollars par année
pour 2 000 parents en cette situation, puis on aimerait avoir une
estimation du gouvernement. Mais, de toute évidence, un mois après avoir pris
un engagement personnel devant les Québécois envers Parents jusqu'au bout!, le ministre
n'a rien à mettre sur la table, n'a aucune proposition nouvelle à formuler, et
je pense que c'est le bris d'un engagement qu'il a pris devant nous tous et
devant elles. Alors, je vais laisser la parole d'abord à Mme Picard.
Mme Picard (Marilyne) : Merci.
Tout d'abord, le ministre a refusé de nous rencontrer aujourd'hui, il nous a
référées à la ministre Charlebois, qui est en charge du comité
interministériel. Elle nous a refusé aussi un rendez-vous parce qu'on désirait
être accompagnés de M. Lisée, qui nous soutient. Donc, comme Mme Charlebois,
on ne la sait pertinemment pas sensible trop, trop à notre cause parce qu'elle
nous a clairement mentionné, lors d'une rencontre, que son ministère n'allait
pas reconnaître les familles comme nous, elle nous a clairement dit ça à la
rencontre, nous demandons aujourd'hui à M. Couillard s'il a du coeur et
s'il veut... il peut nous rencontrer. Merci.
M. Lisée
: Marie-Ève.
Mme Tétreault (Marie-Ève) : On
aimerait rencontrer M. Couillard parce qu'il faut que ça avance, là. Présentement,
il y a beaucoup de familles qui sont en détresse, et, avec les ministres, présentement,
on dirait que ça se lance la patate chaude, là. Il faut vraiment que quelque
chose se passe, il y a plein de parents qui sont en détresse, présentement.
Merci.
M. Lisée
: Alors, évidemment,
j'appuie la demande de ces deux femmes extraordinaires et des gens qu'elles
représentent. Puisque le ministre Barrette n'a pas respecté son engagement
auprès d'elles, puisque la ministre Charlebois a déjà dit qu'elle n'était pas
intéressée à reconnaître leurs besoins, est-ce que le premier ministre peut
lui-même prendre ce dossier? Est-ce qu'il peut montrer qu'il est capable de
prendre un dossier qui a beaucoup, beaucoup de résonance dans la population québécoise,
rencontrer ces dames et faire en sorte que ses ministres mettent sur la table,
dans un délai court, des mesures propres à donner une autonomie, une dignité à
ces mères et à ces pères qui font le maximum pour s'occuper de leurs enfants,
qui les aiment énormément et qui ne veulent pas être en situation de devoir les
laisser à une famille d'accueil qui, elle, aura les conditions financières
assurées par l'État? Il me semble que c'est assez simple, il me semble que
c'est faisable.
Et, 49 millions de dollars, comparez
ça à l'augmentation de salaire que le ministre de la Santé a réussi à arracher
pour les médecins — c'est 328 millions par année qu'il a réussi
à arracher juste avec la clause remorque du secteur public — alors,
c'est moins qu'un sixième de ce qu'il a donné à des médecins qui, franchement,
là, n'en avaient pas vraiment besoin pour vivre et dont ces femmes ont besoin
pour vivre avec les enfants qu'elles ont, qu'elles adorent et qu'elles veulent
garder. Voilà. Merci beaucoup.
(Fin à 12 h 6)