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Point de presse de M. Pierre Karl Péladeau, chef de l'opposition officielle

Version finale

Le mercredi 6 avril 2016, 8 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures trente-six minutes)

M. Péladeau : Alors, ce fut une très triste journée, hier, pour la démocratie. Nous avons posé des questions, et le premier ministre n'a pas été capable de répondre, il a envoyé son leader du gouvernement. Alors, les palabres de Jean-Marc Fournier n'ont pas réussi, certainement, à rassurer la population. Il devrait, évidemment, comme avocat, savoir qu'il ne s'agit pas ici de présomption d'innocence, là. Le salon bleu n'est pas un tribunal, le Conseil des ministres n'est pas un tribunal. Le Conseil des ministres est dirigé par le premier ministre, qui doit faire, donc, oeuvre de jugement et de leadership. Or, il se trouve que, dans les circonstances que nous connaissons, encore une fois, bien, il l'a abandonné, il ne l'a pas amené avec lui, il l'a laissé à son bureau.

Alors, la question que nous posons maintenant au premier ministre, aujourd'hui : Est-ce que le député de Louis-Hébert, Sam Hamad, sera présent en Chambre, sera présent en Chambre demain, tel qu'il l'a mentionné, et qu'il répondra aux questions des oppositions? Ça m'apparaît essentiel parce que, lorsque vous vous êtes vu attribuer la charge de député et éventuellement de ministre, parce qu'il a encore le statut de ministre... Répondra-t-il aux questions que les parlementaires lui poseront? Est-ce que le premier ministre est capable de répondre à cette question pour le bénéfice de la population, des citoyens et des citoyennes?

Le Modérateur : Micro de gauche, M. Vigneault, Radio-Canada.

M. Vigneault (Nicolas) : Alors, M. Péladeau, vous dites : Sam Hamad sera-t-il là pour répondre aux questions? Pour vous, le fait qu'il ait séjourné en Floride pendant que les autres étaient ici, qu'est-ce que ça vous laisse comme goût, comme impression?

M. Péladeau : Bien, je pense que nous l'avons mentionné à plusieurs reprises, son devoir, c'est d'être en Chambre, son devoir, c'est de représenter sa circonscription. S'il décide de ne plus le faire, bien, c'est sa décision, mais qu'il pose les gestes qui y sont associés, c'est-à-dire, donc, de démissionner de député. En attendant, s'il le demeure, bien, qu'il soit ici, en Chambre, à moins qu'il ait un billet de médecin, là, mais il ne semble pas que ce soit le cas. Je sais que le premier ministre a fait oeuvre de métaphore, métaphore assez curieuse, d'ailleurs, de comparer son départ en Floride comme l'équivalent, donc, d'un congé de maladie. Je pense qu'il n'y a personne qui croit à ça parce que... Je ne sais pas si le médecin lui a procuré une prescription d'aller jouer au golf, mais c'est certainement curieux qu'effectivement, donc, il ne soit pas en Chambre, il ne soit pas ici pour représenter ses citoyens et ses citoyennes, ses électeurs et ses électrices de sa circonscription de Louis-Hébert.

M. Vigneault (Nicolas) : Est-ce que vous allez continuer à demander au gouvernement de lui retirer l'ensemble de ses privilèges, même s'il est là pour répondre aux questions?

M. Péladeau : Bien, certainement, nous allons continuer à le faire parce qu'un ministre de rien, pourquoi serait-il ministre? Pourquoi a-t-il des privilèges différents que ceux des députés de Marguerite-Bourgeoys, de Laporte et député de Chomedey? Donc, lorsque nous allons lui poser des questions, il va répondre à titre de quel ministre? Ministre de rien? Parce qu'effectivement c'est son statut, actuellement.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que vous réclamez sa démission?

M. Péladeau : J'ai répondu à votre question hier, M. Laforest, j'ai dit qu'il a comme responsabilité de représenter les électeurs, les citoyens et les citoyennes de sa circonscription, qu'il le fasse. S'il devait ne pas le faire, bien, ce sera à la population de tirer des conclusions, et j'ose espérer qu'ils n'auront pas à se rendre jusque-là.

M. Laforest (Alain) : Je pose ma question différemment : Est-ce que vous réclamez sa démission comme ministre?

M. Péladeau : Oui. Nous l'avons fait hier et nous allons récidiver et réitérer le souhait que le premier ministre ait du jugement.

M. Laforest (Alain) : Il y a une enquête du Commissaire à l'éthique, il y a une enquête du Directeur général des élections, il y a possiblement une enquête du Commissaire au lobbyisme, on n'est pas capables de le savoir pour le moment. C'est quoi l'objectif derrière ça alors qu'il y a trois enquêtes? Vous ne faites pas confiance aux institutions?

M. Péladeau : Pas du tout, pas du tout. Là, c'est des considérations qui sont bien différentes les unes des autres, là. Ce n'est pas un tribunal, là, le Conseil des ministres, là. Nous n'attaquons pas la présomption d'innocence lorsque nous demandons au premier ministre de faire oeuvre de jugement. Le Conseil des ministres est un organisme extrêmement important, c'est un organisme qui prend les décisions. Alors, aujourd'hui, il fait l'objet, donc, d'enquêtes, antérieurement il y a eu des révélations à son sujet. Je pense que les Québécois et les Québécoises ont le droit d'avoir confiance, ont le droit d'avoir confiance en la démocratie, ont le droit d'avoir confiance au gouvernement. Et, dans les circonstances qui entourent, actuellement, la situation du député de Louis-Hébert, Sam Hamad, bien, cette confiance est malheureusement diminuée, et ce n'est certainement pas l'avenue dans laquelle le Parti québécois souhaite engager la démocratie.

Le Modérateur : Merci. M. Caron.

M. Caron (Régys) : Bonjour, M. Péladeau. Est-ce que l'opposition officielle s'est concertée avec les autres partis d'opposition pour grouper les questions sur le gouvernement avec l'affaire Hamad?

M. Péladeau : Non, pas du tout.

M. Caron (Régys) : Pas du tout? C'est pourtant ce que la députée de Taschereau a laissé entendre ce matin sur une station de radio de Québec.

M. Péladeau : Je n'ai pas entendu Mme la députée de Taschereau, ma collègue Agnès Maltais, mais ça m'étonnerait... je peux vous répondre, là...

M. Caron (Régys) : Il n'y a pas eu de concertation entre... avec la CAQ et Québec solidaire?

M. Péladeau : Pas du tout.

M. Caron (Régys) : J'aimerais vous demander : En quoi l'affaire Hamad entache la crédibilité, la légitimité du gouvernement?

M. Péladeau : Bien, écoutez, nous avons un ministre qui fait l'objet, donc, de révélations, un ministre qui fait l'objet, dorénavant, d'enquêtes. Lui-même, soi-disant, aurait, donc, demandé une enquête. De toute façon, dans les circonstances, je pense que, bon, il a anticipé ce qui allait se produire, là. Donc, cette responsabilité qui est aujourd'hui assumée par les institutions doit faire en sorte qu'il puisse se retirer du Conseil des ministres. C'est inapproprié, dans les conclusions éventuelles que pourraient tirer, donc, les différents organismes qui sont appelés à trancher sur la situation de Sam Hamad.

M. Caron (Régys) : Donc, le gouvernement joue, actuellement, gros avec cette affaire-là, là?

M. Péladeau : Et, en même temps, vous le savez, M. Caron, il n'y a jamais eu de situation de cette nature qui s'est produite. C'est quoi, ça, un ministre de rien? Pourriez-vous m'indiquer quelque part où est-ce que nous avons vu un ministre de rien dans l'histoire du Québec? Il n'y en a jamais eu. Alors, est-ce que, dorénavant, le premier ministre Philippe Couillard veut faire oeuvre de précédent ou veut faire oeuvre d'originalité? Je pense que les Québécois vont être en mesure de bien apprécier le jugement dont fait preuve le premier ministre.

Le Modérateur : Merci. M. Robillard, micro de droite.

M. Robillard (Alexandre) : Bonjour, M. Péladeau.

M. Péladeau : M. Robillard, comment allez-vous?

M. Robillard (Alexandre) : Ça va bien. Vous?

M. Péladeau : Oui.

M. Robillard (Alexandre) : M. Péladeau, au cours des dernières années, le Commissaire au lobbyisme divulguait publiquement chaque vérification ou enquête qu'il faisait dans les dossiers qu'il s'était chargé de surveiller. Donc, on apprend hier qu'on ne pourra pas savoir s'il y a eu une enquête ou une vérification dans le cas de Marc-Yvan Côté à la suite de l'adoption d'une nouvelle politique de communication. Donc, j'aimerais ça savoir si vous pensez que c'est inquiétant, dans les circonstances, que le Commissaire au lobbyisme, qui est chargé d'appliquer la loi sur la transparence en matière de lobbyisme, change ses pratiques en matière de divulgation d'enquêtes et de vérification.

M. Péladeau : Oui, bien, écoutez, moi aussi j'ai eu le même réflexe quand j'ai pris connaissance de cette information hier en fin de journée. Effectivement, la transparence m'apparaît essentielle. Vous avez mentionné le terme, c'est le même terme qui m'a traversé l'esprit. Effectivement, lorsque vous êtes, donc, une institution... moi, j'ai tendance à penser que la transparence est bien meilleure en matière de démocratie. C'est comme ça que, justement, un des éléments essentiels et l'éventuelle information que peut avoir les publics pour pouvoir éclairer adéquatement les citoyens et citoyennes doit avoir lieu. Et je me suis même interrogé, mais je n'ai pas fait les vérifications de façon définitive, bien, d'où tient-il le pouvoir d'éventuellement, effectivement, pouvoir modifier ce qui m'apparaissait une très bonne pratique? Le fait que les citoyens et les citoyennes soient informés des enquêtes m'apparaît tout à fait approprié. Ça ne veut pas dire que, là aussi, là, tu sais, la présomption d'innocence va demeurer. Quoique la présomption d'innocence, il faut faire attention, lorsqu'on l'utilise, c'est devant un tribunal pénal ou lorsqu'il y a des accusations criminelles. Ici, encore une fois, ce n'est pas le cas. Mais d'être informés, que la population du Québec, que les citoyens et les citoyennes du Québec soient informés de l'ouverture d'enquêtes qui ne présument pas non plus, éventuellement, de quelque conclusion que ce soit... Je pense que les Québécois ont confiance en nos institutions, ont confiance aux différents intervenants qui, justement, les composent, ces institutions, et qu'ils vont prendre le temps de lire et de prendre connaissance des décisions qui vont être rendues. Mais le fait de ne pas, effectivement, divulguer le fait qu'elles existent, bien, ça m'apparaît un défaut de transparence.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que c'est utile pour les élus, les fonctionnaires, les titulaires de charges publiques de savoir si les gens qu'ils rencontrent font l'objet d'une enquête de la part du Commissaire au lobbyisme, selon vous? Autrement dit, est-ce que cette information-là, de savoir s'ils sont sous enquête, c'est pertinent pour les élus et les fonctionnaires dans leurs activités quotidiennes?

M. Péladeau : Bien, vous savez, les élus n'ont pas d'autre titre aussi que d'être citoyens, et, à cet égard-là, je pense que c'est utile également pour les citoyens de le savoir. Vous connaissez le rôle que jouent les médias à l'intérieur de la collectivité, et le fait, effectivement, qu'on puisse avoir connaissance de ces informations peut nous amener à faire en sorte, justement, d'en connaître davantage. Moi, je suis d'avis que la transparence et la connaissance supplémentaire sont essentielles dans les rouages d'une bonne et d'une saine démocratie.

Le Modérateur : Une dernière, M. Robillard.

M. Robillard (Alexandre) : Vous vous étonniez qu'il procède de la sorte avec sa nouvelle politique...

M. Péladeau : Bien, je pense qu'il serait utile qu'il nous explique, le cas échéant. Je crois comprendre qu'il n'a pas voulu donner, en tant que tel, les explications. Moi, je pense que la moindre des choses, ce serait de dire à la population pourquoi, tout d'un coup, il change ses pratiques alors que, dans le fond, il n'y a personne qui a considéré que ces pratiques n'étaient pas appropriées.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce qu'il devrait faire carrément marche arrière?

M. Péladeau : Bien, ça, c'est au commissaire d'en parler, mais, surtout et avant tout, je dirais qu'il puisse l'expliquer à la population. Il y a peut-être, tu sais, des motifs valables, mais encore faudrait-il les connaître, le cas échant, pour pouvoir, justement, être en mesure d'adéquatement les apprécier.

Le Modérateur : Merci. Dernière en français, je crois, M. Bélair-Cirino.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Bonjour, M. Péladeau.

M. Péladeau : Bonjour.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Bonjour. En quoi l'affaire Hamad, aussi importante soit-elle à vos yeux... et, bon, vous avez questionné, hier, le jugement de M. Couillard, en quoi cette affaire-là méritait que les députés d'opposition s'y attardent pendant toute la période des questions, pendant les 45 minutes? Est-ce qu'il n'y a pas d'autres enjeux importants au Québec qui méritent de questionner des ministres?

M. Péladeau : Écoutez, je ne peux pas parler pour les autres partis d'opposition, je peux parler pour ma formation politique. Nous considérons que c'est un enjeu extrêmement important pour la démocratie. Encore une fois, je vous l'ai mentionné tout à l'heure, il s'agit d'un précédent, donc, le précédent de garder un membre ministre alors qu'il se retire du Conseil des ministres. Il est ministre de rien. Comment peut-il — et comme nous n'avons pas eu d'explications de la part du premier ministre — exercer... Pourquoi... Quel est le privilège qui lui est octroyé de garder chauffeur, limousine et salaire, alors que, d'une certaine façon, et même, je dirais, de la façon dont on doit conclure, il a la même fonction des autres députés. Pourquoi un député en particulier aurait un traitement différent des autres députés qui, également, font leur travail, qui sont ministres, si on veut, de leur circonscription? Et aujourd'hui, bien, Sam Hamad est ministre de sa circonscription de Louis-Hébert, mais est-il encore... Pourquoi garde-t-il les privilèges qui sont associés au fait qu'il soit membre du Conseil des ministres?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce qu'on doit comprendre que toutes les questions, aujourd'hui encore, vont porter, du côté du Parti québécois, sur cette affaire-là?

M. Péladeau : Je m'en vais au caucus, et puis nous allons discuter de tout ça.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Concernant les sommes amassées par Marc-Yvan Côté, un important collecteur de fonds pour le Parti libéral du Canada puis également le Parti libéral du Québec, qu'est-ce que le Parti libéral doit faire avec les sommes qui ont été amassées après qu'il ait été expulsé à vie du Parti libéral du Canada, donc, pour financement illégal? Il en a mené large, Marc-Yvan Côté, au Parti libéral du Québec, alors on peut penser qu'il a amassé des sommes d'argent importantes. Qu'est-ce que le Parti libéral doit faire, là, avec ces sommes d'argent là?

M. Péladeau : Bien, écoutez, je pense que, surtout et avant tout, le chef du Parti libéral du Québec, qui est dans la continuité de ce grand parti, qu'il dit lui-même... pour lequel il est fier... et là, tout d'un coup, hier, nous a mentionné qu'il coupait l'héritage antérieur. Mais tu ne peux pas couper l'héritage d'un parti auquel tu appartiens lorsque tu es chef de ce parti-là. Et je l'ai demandé et réitéré à plusieurs reprises : Pour pouvoir chasser le cynisme qui s'est installé dans la population, pour pouvoir faire en sorte que cet éloignement entre le citoyen et son représentant puisse s'amenuiser, pour pouvoir redonner du coffre à notre démocratie, bien, le chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, doit faire toute la lumière sur le financement de son parti. C'est la seule et unique façon de faire en sorte que nous retrouvions une démocratie saine et solide. Or, il se trouve que d'aucune façon il n'a l'intention de s'engager dans cette perspective, au contraire, hier, il a essentiellement dit qu'il coupait les ponts avec le Parti libéral du passé, alors qu'on peut en douter très sérieusement.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce qu'ils doivent rembourser chacun des sous amassés par M. Côté?

M. Péladeau : Nous devons avoir les faits, nous devons savoir comment ça fonctionnait. La population le souhaite, la population, je dirais, même, l'exige. Alors, qu'il fasse le nécessaire s'il croit véritablement en la démocratie.

Le Modérateur : Merci. Mme Fletcher, Global.

Mme Fletcher (Raquel) : Good morning. What can we expect from your party in question period today? Will you still be asking more about Sam Hamad?

M. Péladeau : Well, you know, I will go in the caucus to… not to find out, but to make sure that we're going to have our final game plan.

Mme Fletcher (Raquel) : OK. And, on Bill 86…

M. Péladeau : I had in mind, you know, «just watch me».

Mme Fletcher (Raquel) : OK.

M. Péladeau : But, that was a joke.

Des voix : Ha, ha, ha!

Mme Fletcher (Raquel) : Bill 86, the hearings end today. You spoke about how this bill doesn't address student access a couple of weeks ago, and we still haven't heard anything clear, concrete from the Minister. Is this acceptable in your mind?

M. Péladeau : Well, you know, my feeling on 86… and you're right to mention that we intervened and I would like to congratulate and to thank my colleague Alexandre Cloutier, who is working very hard on this. You know, basically, it's a hot potato for them, they don't know what to do. And they don't know what to do because they consider that, you know, well, «la commission scolaire» should not be the body that will manage the… well, what is… a network. Someone, somewhere, needs to be responsible of managing it. And what we're seeing right now, it's kind of improvisation.

And the other thing is… and I guess that… you know, that was something that we were completely against, and this why, you know, we came in and we said that, you know, everyone has the right to be here, has the right, you know, to mention what they consider being important. We're talking about our students, we're talking about our education, everyone is concerned by this. Why someone, a minister, would decide who has the right to be a witness and who has the right not to be a witness? That was completely unacceptable, and we came in loud and clear against this. Merci beaucoup.

(Fin à 8 h 52)

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