(Huit heures quarante-deux minutes)
M. Péladeau : Alors, bonjour à
tous et à toutes. Oui, je vois que, quand je m'absente... qu'à l'Assemblée
nationale il y a quelques mouvements qui s'opèrent. Écoutez, j'ai eu l'occasion
de le dire hier, mais j'ai également eu l'occasion de le mentionner la semaine
dernière, également aussi à Chicoutimi, dans un déplacement, et je dirais qu'aujourd'hui,
ce matin, bien, cette conviction est encore d'autant plus renforcée... que le
sondage concernant, donc, l'appréciation des Québécois et des Québécoises à
l'égard de la politique apparaît de plus en plus clair. Et il m'apparaît aussi
de la responsabilité du premier ministre de faire en sorte que ce cynisme qui,
donc, est dorénavant répandu... cette attitude qui est celle des citoyens et
des citoyennes à l'égard de la sphère politique, bien, doit revenir à la responsabilité
du premier ministre de protéger la démocratie, parce que, lorsque nous nous
engageons et nous ne posons pas les gestes appropriés pour combattre le
cynisme, c'est la démocratie également qui s'affaiblit.
Alors, je le réitère, je l'ai mentionné, M.
Couillard, le premier ministre, doit absolument faire le nécessaire pour le
dissiper. Et, afin de le dissiper, ce cynisme, il doit s'expliquer devant la
population et faire en sorte que les Québécois et les Québécoises puissent bien
appréhender, puis puissent bien apprécier, et puissent bien connaître la façon
dont le financement du Parti libéral du Québec était organisé. Et, bon, c'est
son devoir de protecteur de la démocratie et de nous expliquer également ce qu'il
entend faire véritablement pour que ces pratiques, prétend-il, qui ont existé,
sont véritablement aujourd'hui dorénavant derrière lui comme chef du Parti
libéral du Québec ainsi que comme premier ministre. Et n'en déplaise au premier
ministre, eh bien, c'est mon collègue Bernard Drainville et mon ex-collègue
Stéphane Bédard qui ont posé les gestes appropriés, les gestes législatifs
appropriés pour assainir, une fois de plus, le financement des partis
politiques, et je pense que la population québécoise les remercie. Voilà.
Le Modérateur
: Merci.
M. Laforest, TVA, micro de droite.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, M. Péladeau. Est-ce que vous considérez vous aussi, comme M. Legault,
que le Parti libéral est un parti pourri?
M. Péladeau : Écoutez, je
n'utiliserai pas les mots, mais je vous dirai bien honnêtement que je n'en
pense pas moins.
M. Laforest (Alain) : Ce que
dit M. Couillard comme explication, depuis des semaines, là, que le financement
a été revu, que ce n'est plus le même Parti libéral, parce que vous lui
demandez de façon répétée de s'expliquer devant la population, ça ne vous
satisfait pas? Qu'est-ce que vous réclamez de plus?
M. Péladeau : Ce n'est pas
satisfaisant parce qu'il ne l'a pas expliqué. Tu sais, il y a quand même une
série d'événements qui se sont produits, dont notamment des perquisitions au
siège du Parti libéral du Québec, où il était présent. Alors, ce n'est pas
rien. Et je réitère le fait qu'on ne peut pas, comme ça, du revers de la main,
balayer le fait que, pour la première fois dans l'histoire de notre nation, de
notre pays, une vice-première ministre... ce n'est pas un député d'arrière-ban,
là, c'est une vice-première ministre qui a été accusée de complot, de fraude,
de corruption et d'abus de confiance, ce n'est pas rien, que son chef de
cabinet est également accusé, et que son chef de cabinet était le proche de
Marc-Yvan Côté, banni à vie du Parti libéral du Canada.
Alors, ils ne s'en sont pas rendu compte? Il
n'y a pas de fumée sans feu et il avait l'obligation, pour ne pas dire la
prudence élémentaire, de faire en sorte que M. Côté n'assume pas des
responsabilités officielles au sein du Parti libéral du Québec.
Le Modérateur
: M.
Robillard, La Presse canadienne.
M. Robillard (Alexandre) : M.
Péladeau, pour quelle raison vous ne voulez pas utiliser le même mot que vos
adversaires? Est-ce que vous...
M. Péladeau : J'ai répondu, je
n'en pense pas moins.
M. Robillard (Alexandre) :
Oui, oui, mais est-ce que vous trouvez que ça va trop loin quand on utilise des
mots comme ça en politique ou...
M. Péladeau : Écoutez, clairement — mais
je ne voudrais pas non plus reprendre, par ailleurs, le propos du leader du gouvernement — oui,
nous nous sommes engagés, comme parlementaires, de faire en sorte d'assumer un
certain respect, et c'est sûr que, lorsqu'on tombe dans les invectives ou des
mots qui peut-être apparaissent exagérés, bien, ce n'est certainement pas le
meilleur environnement ou la meilleure façon, justement, de faire en sorte de
continuer à s'engager vers le respect.
Alors, je pourrais vous en parler
longuement parce qu'il s'agit aussi d'une attitude, mais la contrepartie, c'est
d'avoir des réponses aux questions légitimes que nous posons comme membres de
l'opposition, que nous soyons l'opposition officielle ou la seconde opposition.
Et j'ai encore eu l'occasion, donc, de m'alimenter, si je peux dire, dans ma
vie politique, hier, des préoccupations et des inquiétudes des citoyens, hein?
On n'arrive pas ici avec des idées
préconçues ou qui nous ont traversé l'esprit le matin. Nous sommes alimentés
par les citoyens et les citoyennes, et ce que nous disons et posons comme
questions à l'Assemblée nationale sont des préoccupations légitimes, et je
pense que c'est la responsabilité du député de le faire.
Alors, que le gouvernement réponde à ces
questions. Et, si on prend toujours de la distance et éventuellement, là aussi,
on tombe dans l'inflation sémantique avec toutes sortes de termes, là... J'ai
entendu schizophrénie ce matin. Alors, je ne vois pas en quoi la schizophrénie
est présente lorsque nous posons des questions tout à fait légitimes.
M. Robillard (Alexandre) : D'accord,
mais, en même temps, hier, justement, vous parliez du leader du gouvernement,
M. Fournier, il rappelait qu'à une certaine époque, au Parti québécois, il y
avait des objectifs de 100 000 $ de financement par ministre,
notamment à l'époque où M. Legault était là. Donc, est-ce que c'est pour cette
raison-là qu'au Parti québécois vous vous gardez une petite gêne concernant les
qualificatifs que vous utilisez envers les libéraux?
M. Péladeau : Non. Je pense
que nous avons volontairement tenté... C'est vrai que des fois la tentation
dérape un peu, parce que, tu sais, dans, je dirais, le bouillonnement des
débats au salon bleu, durant la période de questions... Bon, nous sommes des
hommes et des femmes et puis nous sommes également aussi...
M. Robillard (Alexandre) :
...au Parti québécois, comme ça?
M. Péladeau : Bien, écoutez,
moi, je n'étais pas au Parti québécois à cette époque. J'ai compris que
François Legault en avait comme ministre de l'Éducation. Écoutez, c'est à lui
de répondre à cette question en ce qui concerne, donc, le financement du Parti
québécois outre... Mais c'est sans commune mesure. Et nous allons aller également,
de notre côté, du côté du parti, au fond des choses et nous allons dénoncer
quelque dérapage que ce soit.
Mais je pense qu'il ne faut pas tout
confondre, là. Lorsque vous êtes vice-première ministre, corruption, abus de
confiance, fraude, complot, ce sont des accusations très graves et qui d'ailleurs,
donc, sont reflétées dans le sondage publié ce matin dans Le Devoir.
M. Robillard (Alexandre) : Je
m'excuse auprès de mes collègues, j'aurais peut-être juste une question sur l'article
35. Est-ce que vous pensez que M. Chagnon subit des influences partisanes quand
il interprète les limites dans les débats en Chambre?
M. Péladeau : Écoutez, nous
avons confiance au président Chagnon. Je le croise tous les matins au salon
bleu. Ceci étant, il va amener des précisions ce matin que nous allons évidemment
écouter avec intérêt.
Le Modérateur
: Merci.
M. Lecavalier, Journal de Québec.
M. Lecavalier (Charles) :
Bonjour, M. Péladeau. Pour être bien sûr de comprendre. M. Legault a dit que le
Parti libéral est un parti pourri. Vous dites : Je ne veux pas le répéter,
mais je le pense.
M. Péladeau : Je n'en pense pas
moins. C'est clair.
M. Lecavalier (Charles) :
Vous n'en pensez pas moins. Pourquoi vous ne voulez pas le répéter? Si vous le
pensez, pourquoi ne pas le dire?
M. Péladeau : Bien, c'est
clair. Je viens de répondre à votre question.
M. Lecavalier (Charles) :
Non, mais j'aimerais ça comprendre pourquoi vous ne voulez pas le dire.
M. Péladeau : Je n'en pense
pas moins... pour les raisons que j'ai indiquées un petit peu plus tôt.
M. Lecavalier (Charles) :
Concernant le sondage, bon, vous dites que les libéraux ont perdu des points.
Vous attribuez ça à l'arrestation de Mme Normandeau?
M. Péladeau : Ce n'est pas ce
que j'ai dit. J'ai parlé du sondage à l'effet que la population est de plus en
plus cynique à l'endroit des politiciens. Et le premier ministre a cette
obligation de restaurer la démocratie, de restaurer la confiance envers la
politique et les citoyens. Et, s'il ne fait pas le nécessaire, notamment en
s'expliquant sur les méthodes de financement du Parti libéral du Québec, alors
qu'il était membre du Conseil des ministres, ne l'oublions pas, donc de 2003 à
2008, bien, je pense qu'il ne s'engage pas dans cette direction du combat
contre le cynisme en politique.
M. Lecavalier (Charles) :
Mais le fait que les libéraux obtiennent quand même le plus d'appuis parmi la
population — je fais référence au sondage de ce
matin — est-ce que ça ne démontre pas finalement que ce n'est pas un
enjeu qui est si important que ça pour les Québécois?
M. Péladeau : Écoutez, là, les
sondages, là, on doit les interpréter dans une tendance, là. Et ce que je
constate, c'est qu'il y a un taux de satisfaction de moins en moins important,
un taux d'insatisfaction de plus en plus important. Je pense que c'est une
tendance qui, justement, fait en sorte que… et, en parallèle avec ce que j'ai
dit tout à l'heure concernant le cynisme, tu sais, ce sont des éléments dont
on… je pense, ne pas oublier, là.
M. Lecavalier (Charles) : Dernière
petite question. Est-ce que vous croyez que M. Legault, en faisant cette
déclaration, a créé du cynisme dans la population?
M. Péladeau : Bien, je pense
que ça ne participe pas nécessairement à un climat sain et serein, mais je vous
ai expliqué à votre collègue un petit peu plus tôt que, oui, tu sais, dans les
débats, dans l'émotivité, il existe, au salon bleu... Il peut peut-être y avoir
des dérapages, mais je ne souhaite pas qu'il y en ait. Nous sommes des êtres
humains, des hommes et des femmes dotés de sensibilité, dotés de personnalités.
Alors, ça peut se produire, mais je ne souhaite pas que ça se produise.
Le Modérateur
:
Dernière en français, M. Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Vous
parlez des tendances dans les sondages. Une tendance qu'on observe, c'est que
les intentions de vote à l'égard du Parti québécois sont pas mal stagnantes
depuis un an. Bon, on gagne un point, un mois, on perd un l'autre mois. Comment
vous expliquez cette difficulté de remonter malgré des circonstances plutôt
favorables, où le gouvernement a eu quand même un certain nombre de difficultés
ces dernières semaines?
M. Péladeau : Bien, la
tendance est plutôt favorable. Alors, je ne peux pas faire autrement que m'en
réjouir.
M. Lavallée (Hugo) : ...vos
intentions de vote n'ont pas vraiment augmenté.
M. Péladeau : Bien, elles sont
plutôt favorables que défavorables. Donc, je pense qu'il y a lieu davantage de
s'en réjouir que d'en être peiné.
M. Lavallée (Hugo) : Concernant
les recommandations de la commission Charbonneau , lesquelles devraient être
appliquées de façon prioritaire, selon vous?
M. Péladeau : Bien, la
première chose que nous devons dire, je dirais, il y en a deux choses. La
première, c'est que, dans le budget Leitão, là, nous avons constaté que
malheureusement les moyens procurés, donc, à l'administration judiciaire, n'en
déplaise au premier ministre et n'en déplaise aux réponses très évasives où
laconiques de la ministre de la Justice, ils sont diminués, ces moyens-là.
Alors, comment pourrons-nous
véritablement... Parce que dire quelque chose et agir... C'est facile, parler,
mais encore faut-il l'exécuter. Alors, si vous n'avez pas les moyens pour exécuter,
et c'est ce que nous retrouvons dans le budget, bien, tout ce que va dire... ne
sera, excusez-moi l'expression, qu'idée platonique, là. Il faut
systématiquement avoir des outils et des moyens.
Alors, un, du côté du DPCP, il y a des
effectifs en moins, n'en déplaise encore une fois à ce qu'en dit Mme la
ministre de la Justice. Et du côté de la commission Charbonneau, nous allons
écouter et entendre ce que le gouvernement a à dire, mais j'ose espérer...
parce que sinon, encore une fois, ça va être, comme à l'accoutumée, un gros
show de boucane du Parti libéral et du gouvernement. S'il n'y a pas de moyens
qui sont associés pour véritablement les mettre en oeuvre, bien, ce ne sera
encore une fois que des paroles.
M. Lavallée (Hugo) : Dernière
question, concernant le budget fédéral, cette fois-ci. Qu'est-ce que vous avez
pensé de la hausse des crédits parlementaires à la Société Radio-Canada?
M. Péladeau : Écoutez... et
j'étais en région, je pense que c'est très important que nous ayons une
information régionale. Vous connaissez le rôle historique des régions et de
Radio-Canada en région. J'ose espérer, là où, effectivement, il y a eu des
coupures significatives... bien, évidemment, la décision ne m'appartient pas,
mais que, parce que les régions sont au coeur de l'action politique, et ce sont
également évidemment les citoyens et les citoyennes qui ont le droit d'avoir
une couverture médiatique qui... pour nous aussi, les parlementaires, mais pour
les autres citoyens, en être informé... que nous allons déployer, donc, des
moyens pour continuer à avoir une information régionale de qualité, et c'est malheureusement
ce qui s'était produit antérieurement, c'est-à-dire une diminution significative
des effectifs et des moyens.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Plante, The Gazette.
Mme Plante (Caroline) : Good morning, Mr. Péladeau. What are the most important recommendations from the
Charbonneau report you think the Liberals should put in
place?
M. Péladeau :
Well, we'll find out. I should understand that there will be a press conference
later, in a few minutes, I guess, and we'll be able to come back with that. I
think that we should wait what the Government will say.
Mme Plante (Caroline) : But what do you think should be done? You've probably read the
Charbonneau report. What do you think are the most important recommendations?
What do you think should be done?
M. Péladeau :
Well, I guess that, as a general statement, as I said earlier, I think that
it's very important regarding, you know, what also «le commissaire Lafrenière»
said regarding the systemic nature of the financing of the Parti libéral du
Québec, that we should have a complete examination and a complete explanation
from the Premier about what were the practices there. I guess that we should
say that, you know, what we're seeing today… you know, there was a Léger poll
in the paper saying that there's a distance now, a greater distance between the
citizens and politics. If we want to live, and I guess that it's the most
important thing, in a very strong and kicking democracy, then it's, for me, the
responsibility of the Premier to make sure that he will fight in this
direction, and I guess that his responsibility is to explain what was done
previously under the…
Mme Plante (Caroline) : So you don't have any specific expectations?
M. Péladeau :
Well, you know, we'll find out. I think it's important and I guess that, you
know, it's early or premature, you know, to mention something before what we
will hear from the Government.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 56)