(Treize heures quatre minutes)
M. Péladeau : Merci beaucoup,
à vous tous et à vous toutes, donc, de vous joindre à nous, donc, à l'aube de
ce troisième budget du gouvernement libéral, ce troisième budget du ministre
des Finances Leitão. Nous sommes obligés de constater que la situation
économique est très préoccupante, très préoccupante pour les Québécois et les
Québécoises.
Je pense qu'il est utile de vous rappeler
que, depuis 10 mois, il n'y a aucun emploi qui a été créé ici, au Québec. Et
il est utile aussi, donc, de nous rafraîchir la mémoire, de nous rafraîchir la
mémoire sur les différents projets d'investissement qui ont été soit abandonnés,
soit suspendus. La liste est longue : IFFCO, Stolt, Mine Arnaud,
FerroAtlantica, projets de développement dans le domaine de l'aluminium avec
Rio Tinto Alcan puis le projet Century Aluminium.
Est-il également nécessaire de vous
rappeler la perte et la fuite de nos sièges sociaux? La transaction RONA qui va
avoir comme conséquence de le perdre puisqu'il n'y a aucune garantie; le Cirque
du Soleil, qui a également, à la suite de la vente, vu son pouvoir décisionnel
décentré; Rio Tinto, qui, depuis de nombreuses années, a diminué de façon
significative les emplois rémunérateurs dans ce pouvoir décisionnel qui
appartient au siège social; Astral.
Est-il utile également de constater que
nos régions se vident? Nous avons eu de nombreuses occasions pour les
illustrer, que ce soit en matière de transport, que ce soit en matière de
projets de développement économique. Il n'y a aucune revendication, sérieuse
revendication, de la part du premier ministre pour que nous puissions avoir le
retour sur investissement de l'argent que les Québécois et les Québécoises
investissent à Ottawa.
Bombardier, on n'est plus certains, et les
dernières informations nous amènent à penser que peut-être que cet investissement
ne se fera pas. Il y a les chantiers maritimes. Nous en avons un important ici,
au Québec et à Québec. Alors, comment se fait-il que celui de la Colombie-Britannique,
Seaspan, comment se fait-il que celui du Nouveau-Brunswick, Irving, ne
fournissent même pas et qu'en contrepartie nous n'avons aucun ouvrage sérieux à
pouvoir proposer à nos chantiers maritimes?
Alors, avec un tel portrait, nous
attendons un budget résolument économique pour relancer la croissance. Ça fait
deux ans, deux ans qu'il n'y a pas de politique économique. Et donc, la
première chose que nous souhaitons, c'est d'en avoir véritablement une. Nous
souhaitons aussi, et nous l'avons répété à plusieurs reprises, il a toujours
été décalé, le plan stratégique et la politique de placement de cet important
outil que constitue Investissement Québec. On ne souhaite pas qu'Investissement
Québec vende ses actions dans RONA comme ils l'ont fait, et ce qui m'amène
également à dire que ça nous prend une véritable politique de maintien de nos
sièges sociaux ici, au Québec.
Mon collègue le député de Rousseau en
avait proposé une en étroite collaboration avec le milieu des affaires. Ce que
nous souhaitons, c'est qu'il y en ait une, justement, pour faire en sorte, à
l'instar des autres pays occidentaux qui reconnaissent l'importance des sièges
sociaux, bien, que nous ayons une politique de maintien d'entre eux.
Ce qu'on souhaite également, c'est une
véritable stratégie numérique. Là aussi, tous les pays occidentaux s'en sont
dotés d'une. Ce que nous souhaitons aussi, c'est une politique d'innovation et
de recherche, pas trois phrases creuses dans un discours de la Chambre de
commerce du Montréal, comme le premier ministre l'a fait vendredi dernier.
Et ce que nous souhaitons, c'est le
rétablissement des outils de développement économique au niveau régional, qui
ont fait leur preuve dans le passé, et nous pensons évidemment particulièrement
aux centres locaux de développement et aux CRE.
Alors, concluons, là, qu'il est utile de
rappeler qu'en termes de richesse le Québec a reculé par rapport à l'Ontario. Il
a reculé en 2014, il a reculé en 2015, alors qu'il y avait eu plutôt un
rattrapage depuis 2000.
En terminant, je souhaite vous dire... vous
connaissez nos préoccupations, dans notre formation politique, concernant
l'éducation. L'éducation est le véhicule le plus important pour
l'épanouissement personnel, mais l'épanouissement économique d'une nation. Et je
vais laisser le soin à mon collègue Alexandre Cloutier de vous faire part de
nos attentes en cette matière.
M. Cloutier : Alors,
souvenez-vous, Philippe Couillard, en campagne électorale, il avait dit aux
Québécois qu'il ferait de l'éducation une grande priorité nationale. Or, vous
savez ce qui est arrivé, le gouvernement libéral a coupé des centaines de
millions dans le réseau universitaire, dans le réseau collégial, mais également
dans le réseau primaire et secondaire.
Simplement rappeler les chiffres. La
moyenne d'investissement en éducation, entre 2004 et 2014, se chiffre de
l'ordre de 3,6 %. Or, la croissance du gouvernement libéral, les dépenses
qu'ils ont décidé de faire en éducation dans le dernier budget sont moins de
1 % et se chiffrent à 0,9 %. C'est pour ça que ça s'est traduit par
des pertes de postes de professionnels, d'orthopédagogues, psychoéducateurs. C'est
pour ça qu'il y a eu des coupures dans nos cégeps, dans nos universités.
Les libéraux, depuis leur arrivée au
pouvoir, ont mis à mal l'ensemble du réseau de l'éducation. Si le gouvernement
avait maintenu ce qu'on a toujours fait au Québec dans les 10 dernières années,
entre 2004 et 2014, il y aurait eu des investissements de 3,6 %. Or, le
fait qu'ils ont coupé dans les investissements, ça se traduit par un manque à
gagner de 1,4 milliard de dollars. Je répète. Si le gouvernement libéral
avait maintenu ce qu'on a toujours fait au Québec, il y aurait
1,4 milliard de plus dans le réseau de l'éducation au Québec.
Alors, vous aurez compris que le
gouvernement libéral vient de couper les deux jambes au réseau de l'éducation,
et là ils demandent aux Québécois de les excuser en leur offrant une paire de
chaussures. Vous aurez compris que ça n'a aucun bon sens. Alors, si le
gouvernement veut envoyer un signal fort en matière d'investissement, il devra
nous faire la preuve qu'il y a le rattrapage de 1,4 milliard, en plus
évidemment des investissements prévus normalement pour l'année à venir.
Je veux également vous rappeler que notre
formation politique réclamons, depuis des mois maintenant, un plan québécois
d'infrastructures. Le gouvernement libéral a coupé de 30 % l'enveloppe qui
était dédiée aux écoles les plus mal en point au Québec. Je répète. Dans la
dernière année, le gouvernement libéral a coupé de 30 % l'enveloppe pour
l'immobilisation pour nos écoles qui en avaient le plus de besoin. Or, les
besoins explosent. 3 milliards, le déficit d'entretien pour l'ensemble du Québec,
puis, si on prend juste la commission scolaire de Montréal, ça représenterait
des investissements de 1 milliard de dollars. Alors, on veut donc que le gouvernement
du Québec nous dépose son Plan québécois d'infrastructures pour répondre à la problématique
des écoles qui sont vétustes.
Je termine en citant l'Institut Fraser
qui... dans lequel ils réclament des investissements de 2 milliards de
dollars pour simplement rattraper la moyenne canadienne; et une étude du HEC Montréal,
les chercheurs recommandaient récemment un investissement de 1,6 milliard
simplement pour combler les coupures qu'a fait le gouvernement du Québec dans
les dernières années. Et, sur ce, je cède la parole à mon collègue Nicolas
Marceau.
M. Péladeau : Le député de
Rousseau.
M. Marceau
: Voilà.
Merci. Merci, Alex. L'éducation, Alexandre en parlait, c'est au coeur des
préoccupations des familles, et moi, je veux vous parler des familles. Bon,
vous savez, la croissance économique, elle est faible. Selon la Banque
Nationale, elle devrait être sous les 1 % pour 2015, ce qui est du jamais-vu
depuis 2009. Et cette croissance faible, évidemment, elle découle, en partie
certainement en tout cas, des choix du gouvernement libéral, de l'austérité, de
la hausse du fardeau fiscal, des coupes trop sévères dans les dépenses.
D'ailleurs, vous le savez, Pierre Fortin a
évalué que l'action gouvernementale a soustrait 1 % au PIB du Québec. Et
en l'absence croissance économique, en l'absence d'un plan pour stimuler
l'économie du Québec, le gouvernement libéral s'est tourné vers les poches des
familles québécoises et il a augmenté leur fardeau fiscal de 1 500 $.
1 500 $, cela n'inclut pas les 50 millions de frais accessoires
qui ont été instaurés par Gaétan Barrette. Ça n'inclut pas non plus les
65 millions de hausses de tarifs d'électricité qui ont été annoncées ces
derniers jours.
Et ça n'inclut pas non plus ce dont a
parlé ce matin ma collègue Véronique Hivon, c'est-à-dire cette augmentation des
amendes qui ont été incorporées, donc, dans les contraventions, qui génèrent
des revenus et qui, plutôt que d'être utilisées aux fins prévues, c'est-à-dire
d'aider les victimes d'actes criminels, ces fonds-là dorment dans les coffres
du ministère de la Justice. Donc, ça n'inclut pas non plus les 30 millions
qui dorment au ministère de la Justice.
Et tout ça, donc ce 1 500 $ plus
les autres sommes, dans un contexte où nos familles en arrachent, on le sait, doivent
composer avec des prix à l'épicerie qui ont augmenté de façon importante,
doivent aussi composer avec des prix de l'essence qui ne diminuent pas autant
qu'ils le devraient, en tout cas quand on regarde le prix du baril de pétrole.
Et puis, en passant, il n'y a pas seulement les familles qui en arrachent ou,
en tout cas, qui sont inquiètes, au plan du fardeau fiscal, vous le savez, il y
a aussi les petites entreprises, les PME de moins de trois employés, qui vont,
en janvier prochain, voir leur fardeau fiscal augmenter. Il y aura une hausse
du taux d'imposition de près de 50 %, de 8 % à 11,9 %.
Évidemment, ce n'est rien pour aider à la création d'emplois, ce n'est rien
pour aider à la création d'entreprises, ce n'est rien pour aider à
l'entrepreneuriat.
Maintenant, revenons aux familles et
parlons de la taxe santé, si vous voulez bien. Alors, on a appris que le
gouvernement libéral voulait commencer à abolir cette taxe cette année. Bien, il
faut quand même rappeler, au départ, que ce sont les libéraux qui l'ont mise en
place en 2010 et ce sont donc eux qui ont creusé le trou et qui commencent à le
remplir, puis ils voudraient qu'on les applaudisse. Alors, évidemment, ça
n'arrivera pas.
Par ailleurs, si la taxe santé de
1 500 $... pardon, si la taxe santé est éliminée, il faut quand même
se rappeler que les familles paient 1 500 $. Dans le cas de notre
famille qui paie 1 500 $ de plus, elle va économiser 400 $,
c'est-à-dire deux fois 200 $. Il restera tout de même 1 100 $ de
plus à payer pour nos familles sous le régime libéral. Et donc l'abolition de
la taxe santé, c'est un remboursement incomplet de la hausse du fardeau fiscal
auquel nos familles ont été assujetties.
Autre point peut-être sur la taxe santé,
vous savez que cette taxe santé est versée au Fonds de financement des établissements
de santé et de services sociaux, ce qu'on appelle le FINESSS, et toute
réduction de la taxe santé doit s'accompagner d'une augmentation des crédits au
ministère de la Santé. Autrement, ce sont les patients du Québec qui vont en
pâtir, c'est eux qui vont en faire les frais.
Et ça me permet de terminer avec la taxe
famille, la fameuse ligne 434. On sait désormais que la facture est tellement
élevée que nos familles vont désormais se tourner vers des institutions
financières, vers la caisse populaire, par exemple, pour obtenir un prêt leur
permettant d'acquitter leur taxe famille. Alors, les frais de garde de nos
enfants vont désormais être financés par des prêts à 16 % d'intérêt. C'est
ça, là, la taxe famille. Alors, c'est une très grave erreur du gouvernement
libéral. Là-dessus, je cède la parole à mon chef.
M. Péladeau : Merci, mon cher
Nicolas. Merci, Alexandre. Alors, vous aurez compris évidemment que ce que nous
souhaitons, c'est l'abolition, l'abolition pure et simple de la ligne 434,
c'est l'abolition de gestes posés pour alourdir le fardeau fiscal des familles
au Québec. Le premier ministre, ce matin, parlait de catastrophe, alors
j'aimerais quand même lui rafraîchir la mémoire au premier ministre. Il a fait
partie d'un gouvernement, de 2003 à 2008, qui a augmenté la dette du Québec de
l'ordre de 60 milliards. Alors, au lieu d'accuser qui que ce soit, il
devrait regarder dans sa propre cour et constater que, s'il y a eu une
détérioration significative des finances publiques du Québec, bien, l'entière
responsabilité doit être assumée par le Parti libéral du Québec.
Et je termine en souhaitant la bienvenue à
notre candidate dans la partielle de Chicoutimi, Mme Mireille Jean. Merci,
Mireille, d'être avec nous, ce midi. Nous avons bien hâte de t'accueillir au
caucus.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, messieurs. On va y aller avec les questions. Micro de droite, Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, messieurs. Le premier ministre, vous en avez fait référence, M.
Péladeau, a dit ce matin que le Québec était en train de couler. Alors, on le
laissait couler ou on le sortait de l'eau?
M. Péladeau : Bien, je viens
de vous répondre, M. Laforest. Je peux répéter. C'est le gouvernement de M.
Charest, dans lequel le ministre de la Santé a participé de 2003 à 2008, qui a
augmenté la dette de 60 milliards de dollars. Alors, c'est toujours facile
de blâmer un gouvernement qui a été au pouvoir pendant 18 mois. S'il y a
quelque chose qui coule, bien, il doit en assumer l'entière responsabilité,
parce que la solidarité ministérielle a fait en sorte que c'est eux qui nous
ont engagés dans cette direction. C'est trop facile de botter en touche, M.
Laforest, et d'accuser des gens qui n'ont pas eu la capacité, justement, de
retourner le paquebot de bord.
M. Laforest (Alain) : Sauf
que, si rien n'avait été fait, est-ce que la situation ne serait pas pire?
M. Péladeau : Bien, tu sais, vous
savez, il y a une formule en droit, M. Laforest. Elle s'appelle : Nul ne
peut invoquer sa propre turpitude, et c'est malheureusement ce que le premier
ministre Couillard fait de façon systématique.
M. Laforest (Alain) : Oui,
mais si vous aviez été au pouvoir, M. Péladeau... M. Marceau, lorsqu'il était
ministre des Finances, disait qu'il allait atteindre l'équilibre budgétaire. Est-ce
que vous auriez agi de la même façon? Est-ce que l'objectif de l'équilibre budgétaire
était un incontournable ou vous auriez remis de l'argent dans la dette?
M. Péladeau : Nous avons
toujours été préoccupés des finances publiques, mais je l'ai répété à plusieurs
reprises, M. Laforest, et cette obsession du gouvernement de Philippe Couillard
sur les dépenses a entraîné des causes et des impacts majeurs pour les
familles, et c'est sans compter le fardeau qui leur a été imposé. Vous avez
certainement participé à la période de questions ce matin, mais nous sommes
tombés dans le régime, malheureusement, de l'indignité. Nous serons dorénavant
obligés d'avoir recours à sa carte de crédit pour financer les frais de garde
au Québec. C'est du jamais-vu, M. Laforest.
Et je termine en insistant sur le fait
qu'il n'y a pas de stratégie industrielle, il n'y a pas de politique
économique. Ça fait plus d'un an et même davantage, lorsque j'étais porte-parole
de l'économie, que nous interpellions le ministre de l'Économie pour avoir le
plan stratégique et la politique de placement d'Investissement Québec. Bien, il
n'y a toujours rien à l'horizon, M. Laforest. Est-ce que c'est normal qu'un
gouvernement qui a des leviers qui sont ceux auxquels je viens de faire
référence ne les utilise pas pour relancer nos entreprises et relancer nos
emplois et qu'il est fasciné par cette obsession du régime de l'austérité en ne
travaillant que sur la réduction des dépenses? Notre réponse est claire, nette
et précise, c'est non.
Le Modérateur
: Merci.
M. Gagnon, Journal de Québec.
M. Gagnon (Marc-André) :
Bonjour, messieurs. On sait que la Coalition avenir Québec réclame, bon, une
baisse d'impôt de 500 $. Pour les libéraux, on semble plutôt privilégier,
donc, comme vous l'avez dit, l'abolition progressive de la taxe santé pour
réduire le fardeau fiscal des Québécois. Vous avez vous-même fait référence aux
hausses de tarifs qu'ont subies les contribuables dans les derniers mois.
Est-ce qu'il n'est pas temps de leur donner, justement, un peu de répit? Est-ce
que le Parti québécois serait favorable à des baisses d'impôt ou vous continuez
de dire qu'on n'a pas les moyens?
M. Péladeau : Bien, moi, je
pense que tout le monde est favorable aux baisses d'impôt, mais encore faut-il
avoir un plan pour pouvoir justement le détailler. Et il y a deux colonnes à
l'intérieur d'un compte d'exploitation : il y a les revenus et il y a les
dépenses. Vous pouvez augmenter les revenus en augmentant les taxes et les
tarifs, comme l'a fait le gouvernement libéral, ou vous pouvez les augmenter en
faisant en sorte de créer des nouvelles entreprises, de stimuler l'économie,
d'utiliser les leviers qui sont à la disposition de l'État pour justement nous
donner une perspective qui va les créer, ces entreprises, et les emplois.
Lorsque vous créez des emplois, évidemment, vous créez des revenus, vous allez
payer des impôts, et c'est ce que nous souhaitons.
Mais le gouvernement de Philippe Couillard
nous dit qu'il ne souhaite pas... ou il nous accuse de vouloir mettre un mur
autour du Québec puis il laisse partir RONA. Bien, quand on laisse partir RONA,
quand on laisse partir nos sièges sociaux, nous laissons partir également les
emplois qui sont hautement rémunérateurs. Un, d'une part, il ne crée pas
d'emploi, il ne stimule pas les entreprises et il n'est même pas capable de
protéger celles que nous avons, alors que mon collègue Nicolas Marceau, précédé
du ministre des Finances de l'époque, Raymond Bachand, avait mis en place déjà
une stratégie pour maintenir le siège social de RONA. Il avait pris une participation
de 10 %, la Caisse de dépôt a suivi avec une participation de 17 %.
Le capital était presque verrouillé.
Qu'est-ce qu'a fait le gouvernement de
Philippe Couillard? Il a vendu le 10 % de RONA qui nous permettait
justement de mettre en place les outils pour garder un siège social aussi
important que RONA.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
dites, bon : Des baisses d'impôt, on pourrait toujours en souhaiter. Mais,
si vous étiez au pouvoir, est-ce que le Parti québécois, donc, proposerait des
baisses d'impôt aux contribuables? Est-ce qu'on a les moyens?
M. Péladeau : Ce que nous
souhaiterions et ce que nous ferions, c'est relancer l'économie.
M. Gagnon (Marc-André) : Et
sur les baisses d'impôt, c'est que...
M. Péladeau : Et, vous savez,
le gouvernement de Mme Marois, auquel participaient mes deux collègues avait
des chantiers qui étaient extrêmement porteurs.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
ne répondez pas. Est-ce que des baisses d'impôt sont souhaitables?
M. Péladeau : Il y avait
l'électrification des transports... Pardon?
M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce
que des baisses d'impôt sont souhaitables? C'est ça, ma question.
M. Péladeau : Mais oui, en
soi, mais c'est trop simple que de dire qu'on veut des baisses d'impôt. Encore
faut-il s'engager dans la stimulation des revenus, parce que ce n'est pas vrai
qu'on va purement et simplement faire face à un manque à gagner si on n'a pas
cette stimulation adéquate.
Le Modérateur
: Merci.
M. Marceau.
M. Péladeau : Il y a Nicolas
qui aimerait...
M. Marceau
: Oui, juste
vous rajouter un petit bout en deux secondes. Pierre Karl, donc, vous dit :
Il faut que ça soit financé, là, essentiellement, et le financement proposé par
la CAQ, c'est essentiellement de financer des baisses d'impôt pour les
contribuables d'aujourd'hui en envoyant la facture à nos enfants, hein, parce
que ça va créer un endettement supplémentaire pour le Québec que de faire ce
que la CAQ propose. Évidemment, on ne peut pas être à l'aise avec ça. On est
d'accord avec des baisses d'impôt, mais pas en finançant ça en envoyant la
facture à nos enfants. Voilà.
Le Modérateur
: Merci.
M. Salvet, micro de droite, Le Soleil.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Bonjour à vous trois. La question s'adresserait peut-être davantage à M.
Marceau, si vous permettez.
M. Péladeau : Avec plaisir, M.
Salvet.
M. Salvet (Jean-Marc) : M.
Marceau, au tournant de 2014‑2015, le gouvernement de M. Couillard, M.
Couillard lui-même, avait déclaré que 81 % de l'effort pour atteindre le
déficit zéro en 2015‑2016 allait être réalisé par le gouvernement, 81 %,
et donc 11 % allait être fait par les entreprises et 8 % à la charge
des contribuables pour atteindre le déficit zéro en 2015‑2016.
M. Marceau
: Ça, c'est
ce que M. Couillard disait.
M. Salvet (Jean-Marc) : Au
tournant 2014‑2015, effectivement, c'était son engagement pour, donc, le
déficit zéro. Je sais que vous martelez le 1 500 $ de hausse de
fardeau fiscal. Est-ce que, tout de même, la proportion, ce que vous pouvez
observer et celle-là... et en avez-vous une autre? Mais je comprends que...
M. Marceau
: Non. Écoutez,
j'aimerais bien vous dire que j'ai fait les calculs. Je peux vous dire que les entreprises
passent à la caisse. Page B.41 du budget de l'année dernière — je la
connais par coeur — il y en a pour 2,5 milliards pour cinq ans
pour les entreprises. Pour nos familles, encore une fois, c'est
1 500 $ par famille. Mais les proportions, il faudrait que j'y
travaille. Je suis désolé, je n'ai pas fait... C'est une arithmétique, en
passant, qui est malléable, je suis certain.
M. Salvet (Jean-Marc) : Oui,
vous pensez?
M. Marceau
: Ah! pas
mal certain.
M. Salvet (Jean-Marc) : Bon.
Est-ce que vous seriez favorable à des mesures d'écofiscalité?
M. Marceau
: Écoutez,
question un peu hypothétique, on verra. On verra ce qu'il y aura...
M. Salvet (Jean-Marc) : Mais
l'idée de mesures...
M. Marceau
: Les
principes auxquels... évidemment, nous, on est favorables à ce que les
Québécois adoptent des comportements favorables à l'environnement, cela va de
soi. Cela étant, on a une préoccupation très forte pour le fardeau fiscal des
familles, et je ne voudrais pas que ce soit un prétexte, là, que l'écofiscalité
pour arriver à alourdir le fardeau fiscal. Alors, on verra au cas par cas, on
verra ce qu'il y aura dans le budget, s'il y a des choses comme celles-là.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Merci.
Le Modérateur
: Merci,
M. Salvet. M. Péladeau.
M. Péladeau : ...vous me
permettez, M. Salvet. J'ai mon collègue Sylvain Gaudreault... mais, même avant
que Sylvain arrive.... et je tiens à le dire, c'est que, là, on doit faire
preuve, lorsqu'on parle d'écofiscalité, aussi de progressisme et d'imagination.
Alors, ce que nous souhaitons, au Parti
québécois, c'est de mettre en place des mesures au niveau des appels d'offres.
Que ce ne soit pas uniquement au plus offrant, mais que nous établissions des
critères, des critères à l'intérieur desquels on va favoriser nos entreprises,
on va favoriser, justement, ce qu'on pourrait considérer être une empreinte
carbone des produits que l'État est appelé à acheter dans sa mission. Or, il se
trouve que, d'aucune façon, nous ne retrouvons cette mesure progressiste. Et
mon collègue Sylvain en a même fait un projet de loi. Voilà.
Le Modérateur
: Merci.
M. Vigneault, Radio-Canada.
M. Péladeau : Tu ne t'attendais
pas à ça, Sylvain, hein?
M. Vigneault (Nicolas) : M.
Péladeau, je comprends votre idée de relancer l'économie et tout ça, mais
est-ce que cette solution-là n'est pas plus incertaine? Les marchés peuvent
fluctuer, il y a une foule de choses qui peuvent influencer la colonne des
revenus, alors que si, par exemple, on donne du répit directement aux citoyens,
qu'il soit par baisse d'impôt ou baisse de certains frais, que ce soit les
frais de garde et tout ça, l'assurance médicaments, est-ce que, ça, ce ne sont
pas des mesures un peu plus certaines que ce que vous proposez?
M. Péladeau : Oui, bien, elles
sont probablement peut-être plus certaines, mais elles sont certainement
néfastes pour la collectivité et, par définition, elles manquent d'audace et
d'ambition.
M. Vigneault (Nicolas) : Dans
quel sens?
M. Péladeau : Moi, ce n'est
pas comme ça que j'ai engagé mon parcours professionnel antérieur, parce que la
chose la plus facile à faire… Le gestionnaire qui n'a pas d'imagination,
justement, il s'attaque aux dépenses. Ça ne veut pas dire qu'on ne doit pas
être attentifs aux dépenses, mais nous devons aussi et surtout être attentifs à
la création de nouveaux revenus. Si j'avais, donc, suivi la grande philosophie
de gestion du Parti libéral du Québec, là, avec la stratégie économique, ou son
absence, du gouvernement de Philippe Couillard, bien, je suis désolé, je
n'aurais pas fait ma job.
M. Vigneault (Nicolas) : Vous
dites : Faisons disparaître la ligne 434 et... En fait, vous la remplacez
par quoi? Parce que le premier ministre, ce matin, il vous a dit : Bien,
notre politique est quand même plus équitable que ce que le Parti québécois
avait proposé avec une hausse généralisée à 9 $ pour les tarifs de garde à
l'échelle du Québec. Est-ce qu'on revient avec le 9 $ pour tous?
M. Péladeau : Bien, ce que
nous souhaitons et ce qui nous apparaît vraiment essentiel… parce que le CPE,
c'est une institution originale. C'est une institution qui est enviée par de
très nombreuses autres régions en Amérique du Nord. C'est une institution qui
participe au continuum de l'éducation. C'est une institution qui fait en sorte
de pouvoir procurer des opportunités aux femmes de retrouver le marché du
travail, de retrouver les études. C'est une institution, également, qui permet
une socialisation de nos enfants, qui permet aussi un signalement dans des
milieux moins favorisés.
Alors, ce que nous souhaitons, au Parti
québécois, là, c'est un rétablissement d'une véritable stratégie de protection
de nos CPE. Ce n'est pas son abolition. Et là on est dans une espèce de régime
d'une complexité… Il y a les CPE, il y a les garderies privées subventionnées,
les garderies non subventionnées, les garderies en milieu familial. On peut
discuter longuement sur les seuils, mais les seuils, ils sont très bas, M.
Vigneault. Et c'est pour ça que les institutions financières… Et c'est là la question
que j'ai posée ce matin au premier ministre, qui, une fois de plus, n'a pas été
capable de répondre…
M. Vigneault (Nicolas) : Mais
est-ce qu'on revient au 9 $?
M. Péladeau : Mais lorsque
vous voyez les institutions financières proposer des produits pour financer les
frais de garderie, bien là, là, il me semble qu'on a atteint une étape, là,
qu'on n'aura jamais vue dans le passé.
M. Vigneault (Nicolas) : Est-ce
qu'on revient au 9 $ pour tous? C'était l'objet…
M. Péladeau : Ce qu'on
souhaite, et c'est ce qui était effectivement… ce qui avait été proposé par Mme
Marois, c'est un tarif universel.
Le Modérateur
: Merci.
M. Croteau, LaPresse, micro de droite.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour, messieurs. Bonjour, M. Péladeau. Vous avez énuméré plusieurs
priorités, là, ou, en tout cas, plusieurs mesures que vous aimeriez voir dans
le budget : abolition de la ligne 434, stratégie de développement
économique, investissements en éducation. S'il y avait une priorité qui vous
semble particulièrement importante, là, quelle serait-elle, à vos yeux?
M. Péladeau : Bien, je pense
qu'il faut quand même avoir, je dirais, une appréciation générale. Il ne faut
pas, malheureusement, être obsédé, comme le Parti libéral au Québec, puis se
dire qu'il y a juste une colonne, là, qui existe dans un état financier,
c'est-à-dire les dépenses. Alors, nous persistons à penser et nous le
réitérerons toujours que l'éducation est la voie royale pour notre
développement économique et notre développement social. Nous allons persister à
répéter que la croissance économique doit se faire avec la stimulation
économique de nos entreprises et nous allons répéter que nous ne pouvons pas
utiliser le fardeau fiscal des familles pour faire l'équilibre budgétaire.
M. Croteau (Martin) : Est-ce
que vous attendez des mesures concrètes en matière d'éducation? On parlait de
réinjection, là. Tu sais, y a-t-il peut-être une ou deux mesures, là, que vous
allez chercher en particulier, qui vous donneraient un indice de la sensibilité
du gouvernement dans ce domaine?
M. Péladeau : Bien, Alexandre
en a parlé, mais nous souhaiterions, là, une véritable politique, pas, tu sais,
comme disait, donc, une de vos collègues anglophones, hier, du «window dressing»,
comme le ministre des Finances a fait lors de la mise à jour économique. Il a
dit qu'il allait réinvestir, dans l'éducation, 20 millions. Savez-vous
combien ça représente, 20 millions, dans le réinvestissement dans le
réseau de l'éducation? C'est 1/2 de 1 %. Et là il s'est pété les bretelles
en disant qu'il s'agissait d'un réinvestissement.
Alors, nous allons attendre et nous allons
être assis très assidûment pour voir les chiffres, parce que la stratégie ou
les stratégies de relations publiques du gouvernement de Philippe Couillard,
là, je pense qu'il n'y a plus personne qui tombe dans le panneau. Et soyez
assurés que le Parti québécois va être là pour le mettre en valeur.
Le Modérateur
: Merci.
On y va en anglais, Mme Fletcher, Global. Ah! M. Cloutier, ensuite on va en
anglais.
M. Cloutier : M. Croteau, si
vous permettez, juste de compléter sur… vous avez demandé le concret, mais tout
à l'heure on a fait appel à un plan québécois pour la rénovation de nos infrastructures
scolaires. Ça fait des mois qu'on réclame une politique nationale sur la
persévérance scolaire pour aider nos jeunes qui sont plus susceptibles au
décrochage scolaire. On a fait référence au bilan, au manque à gagner de
1,4 milliard des deux dernières années, aux coupures qui ont été faites,
psychoéducateurs, orthophonistes.
Alors, vous aurez compris qu'on veut une
vision d'ensemble du développement de l'éducation parce que tout le réseau, de
la petite enfance jusqu'à l'université, a été touché.
Le Modérateur
: Merci.
En anglais, Mme Fletcher. Global.
M. Péladeau :
There you go.
Mme Fletcher (Raquel) : Thank you. The Bill 86 hearings are continuing today with more
presentations from representatives from the Anglophone school system. Last
week, both of you gave a… alongside representatives from English school boards,
saying : Yes, there is a major problem with Bill 86 and supporting them when
they call to scrap the bill.
What are you hoping now
this week for continuing with these hearings? But the Government hasn't really
said anything about whether there are going to accommodate English school
boards. What would you like to hear from them?
M. Péladeau : Well, you know, certainly, we are going to wait, but I guess, and I
hope, and we hope that the Government will listen. And what you said is completely right and, you know,
what I learned… or if we were to use a formula, you know, regarding… and the
numbers are there, really, you know, to show up that, if it's not broken, don't
fix it. And this is what the Anglophone system is all about, and they will be
forced to listen. And if they don't, well, I guess that they will face the
music.
Mme Fletcher (Raquel) : M. Cloutier, could you also give your side of things as well as
being a member of that committee?
M. Cloutier : Yes, of course. What Mr. Péladeau has just said, I mean, that's
totally our position. We totally support the English community. We do agree
that they have a constitutional right, a right to be represented, a right to
decide in their own community. But in the same time, I also agree with you when
you say that the Government
hasn't given any sign. You want to know what I think? They have no idea where
they are going. I'm totally honest with you, I mean, we have a new minister, he
just came out in this subject. He's now trying to put in place a new reform of
the education system, and himself has no idea what should be put in place. So
I'm not surprised that you are under the impression that they have no idea
where they are going with… we will come back with our final position on the
project of law.
But so far, from what
we've been hearing, I mean, nine groups out of 10 are against the project. I
mean, at the end, we're asking the Government to hear all the education professionals that have been part in the commission.
Mme Fletcher (Raquel) : Thank you.
M. Péladeau : In fact, you know, what
we should say, we should call it… it's a hot potato for them, and they don't
know what to do with it.
Le Modérateur
: Dernière question,
M. Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip) : Mr. Péladeau, just... the big ticket item in the budget tomorrow is probably going to be the
reduction of the health services tax. Would you not cut the health services tax
and would you go back to the old PQ formula on that or… What's your proposal on
that? Because it seems to be the only tax relief of a sort that will be in the budget.
M. Péladeau : Well, again, you know, I would be forced to mention again, you
know, that what we're facing basically, it's always a PR kind of strategy by the Liberal Government. I guess that you should
remember what Nicolas said. This tax was implemented by the previous Liberal
Government, and what we're seeing… and I would ask Nicolas to give you more
details, because specifically, you know, we'll find out what will be the
measures, but we should not, you know, be flabbergasted because of was they
will announce. They were the ones that introduced that tax, and we'll find out
the way that they will deal with it.
Nicolas, as-tu d'autres
choses à ajouter?
M. Marceau
:
Well, maybe just to add the fact that, as I have mentioned earlier, the tax
bill of the average Québec family has increased by $1,500. Now, if indeed the
health tax is abolished, it will represent two times $200 for this average
family, which is $400, and we're left with a tax bill that has increased by $1,100.
So when they say we should be pleased with the fact that they are going ahead
with the abolition of the health tax, what I'm saying is that we're still left
with $1,100 of extra tax bills for our families and I will certainly never
applaud that.
M. Péladeau :
Let's call it what it is : window dressing.
Une voix
:
I'll give you that.
M. Péladeau :
I will remember, I like this…
Le Modérateur
:
Merci beaucoup, mesdames et messieurs.
(Fin à 13 h 38)