(Douze heures trente-deux minutes)
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Représentants, représentantes des médias, je tiens d'abord à vous remercier
pour votre présence. Je vous ai conviés aujourd'hui pour rendre public un
document qui servira à renforcer la compétitivité d'une industrie-phare du
secteur bioalimentaire québécois, l'industrie acéricole, le sirop d'érable.
J'ai commandé ce rapport après avoir été
informé que notre position de chef de file mondial de la filière acéricole
était en déclin. En une dizaine d'années, nous avons perdu 10 % de nos parts
de marché à l'échelle mondiale, et, si rien ne change, c'est un autre 10 %
qui sera perdu d'ici 2025. Le repositionnement de cette industrie est devenu
incontournable. En me projetant en 2025, je ne voulais pas laisser le souvenir
d'un ministre qui n'a pas posé les gestes nécessaires pour enrayer ce déclin.
Ce constat m'a motivé à avoir recours aux
services d'une personne crédible et compétente afin de réaliser une étude qui
allait donner les moyens à l'industrie acéricole non seulement de renverser cet
état de fait, mais également de trouver un nouveau souffle et de poursuivre
ainsi son évolution à un rythme à la hauteur de nos aspirations.
C'est ainsi qu'au mois de mai dernier j'ai
confié à M. Gagné, un homme reconnu pour ses services exemplaires à l'État
québécois, la tâche de mener une étude exhaustive sur le secteur acéricole et
de me faire des recommandations. Pendant près de huit mois, il a consulté tous
les organismes et associations représentatives de l'industrie, ainsi que les ministères
et institutions gouvernementales qui la régissent. Il a rencontré près de
80 personnes, qui ont exprimé des critiques et qui ont été des
observateurs privilégiés des événements ayant marqué l'évolution récente de
cette industrie au Québec.
Aujourd'hui, je dévoile le rapport de
M. Gagné. Ce document complet est assorti de 21 recommandations sérieuses
qui visent à renverser la tendance actuelle. Vous le savez, le temps des sucres
est à nos portes, et je rends donc le rapport Gagné public aujourd'hui afin qu'il
puisse susciter la réflexion chez les acteurs de cette filière et les membres
de cette industrie.
À propos du parcours de Florent Gagné, il
convient de rappeler qu'il a entrepris sa carrière de gestionnaire en 1973. Il
a occupé divers postes de sous-ministre au sein de plusieurs ministères de
l'appareil gouvernemental québécois. Il a aussi été directeur général de la
Sûreté du Québec pendant près de cinq ans. Depuis sa retraite de la fonction
publique en 2006, il a agi comme conseiller en politiques publiques auprès de
différents ministères ou organismes. Il a notamment présidé le groupe de travail
qui a produit le rapport Éthique et démocratie municipale. Il assume
toujours la présidence du conseil d'administration de l'Agence du revenu du
Québec. Il est aussi membre des conseils d'administration de l'Ordre des
urbanistes du Québec et d'Investissement Québec, en plus d'avoir rempli la
fonction de tuteur de la ville de Laval.
Je laisse maintenant à M. Gagné, le
soin de vous présenter son rapport Pour la croissance, pour l'harmonie et
pour le progrès.
M. Gagné (Florent) : Alors,
merci, M. le ministre. Mesdames et messieurs, ça me fait vraiment plaisir
d'être avec vous aujourd'hui. Je voudrais dire d'emblée que le rapport que le
ministre vient de vous présenter est le fruit d'une consultation, comme vous
l'avez mentionné, M. Paradis. Je voudrais donner crédit à tous les gens
que j'ai rencontrés, à commencer par la Fédération des producteurs acéricoles
du Québec, qui joue un rôle, évidemment, important, de même que le Conseil de
l'industrie de l'érable et d'autres associations. J'ai eu une collaboration
vraiment exemplaire et empreinte de beaucoup de courtoisie de tout ce monde-là.
Et ce qu'on trouve dans le rapport aujourd'hui n'est pas nécessairement les
idées qu'ils m'ont mises en tête, mais un compendium ou une fusion de toutes
ces idées-là, qui, je pense, sont de nature à améliorer l'industrie acéricole
au Québec.
Quand j'ai abordé ce dossier-là,
évidemment j'ai lu tout ce qui s'était écrit à peu près dans les 10 ou 15,
20 dernières années là-dessus, les lois, les règlements, etc., et ce qui
m'a frappé, je vais vous dire, d'abord, c'est quand j'ai pris note des
statistiques que le ministre a évoquées tout à l'heure, la perte des parts de
marché du Québec.
On se rend compte, au fond, quand on
regarde tout ça, que le Québec a encore une position très bien assurée dans le
marché de l'érable au Québec, mais il y a quelques nuages à l'horizon qui ne
sont pas nécessairement des nuages de beau temps. C'est surtout la production
américaine qui est le danger qui nous guette. Si on regarde au cours des
dernières années, la production américaine a augmenté de 45 % entre 2005
et 2012, donc c'est une période relativement courte de sept ans, et de sorte
que les Américains produisent maintenant 47 millions — c'est
plus que ça, ça, c'est le chiffre de 2012 — de livres. Les experts
parlent d'une augmentation de 10 % par année, minimum, alors ça ne sera
pas long que les Américains vont produire 60, 70 millions de livres. Ils
consomment eux-mêmes à peu près 70 millions de livres par année, de sorte
qu'ils s'en vont vers l'autosuffisance. Puis c'est notre principal marché
d'exploitation, alors c'est un nuage qui est gris et qu'il faut regarder avec
la plus grande attention. Ça, c'est au niveau de la production.
Maintenant, ce qui est encore plus
inquiétant, ce qui m'a frappé personnellement, c'est l'immense potentiel de
développement de l'industrie américaine. On parle qu'il y aurait
2 milliards d'érables aux États-Unis dans les quelque 15 États, là,
au sud du Québec aller jusqu'au sud des Grands Lacs. Bon, évidemment,
2 milliards d'érables, ils ne sont pas nécessairement tous exploitables,
mais les experts prévoient... identifient qu'il y en aurait 200 millions
qui seraient rapidement accessibles. Alors, c'est évident... puis il y en a
seulement 6 % de développés au moment où on se parle. Alors, ce formidable
potentiel des Américains doit aussi nous inquiéter.
Et troisièmement, au niveau de la
consommation, ce sont aussi les plus grands consommateurs de produits de l'érable,
les Américains. Et, s'ils se mettent à consommer... On sait qu'ils sont assez
patriotes en matière d'achats chez eux, alors, s'ils se mettent à consommer
leur sirop plutôt que le nôtre, bien, ça va être une difficulté.
Alors, le portrait américain en soi est
inquiétant, même si notre position sur la base purement statistique est encore
solide. Mais il faut y voir.
La deuxième chose qui m'a frappé,
personnellement, c'est de voir à quel point le régime québécois est différent
des autres régimes qui ont lieu... qui ont cours ailleurs dans le monde,
commençons par nos voisins, le Nouveau-Brunswick et l'Ontario, mais surtout aux
États-Unis. Au fond, les producteurs de ces juridictions-là sont libres de
produire comment ils veulent, la quantité qu'ils veulent, le vendre à qui ils veulent
au prix qu'ils veulent. C'est le marché ouvert et libre complètement, alors que,
nous, vous le savez — puis c'est un peu comme ça que ça fonctionne
dans le monde agricole — il y a un système qui est beaucoup plus
contraignant qui est basé sur les dispositions de la Loi sur la mise en marché
des produits agricoles et qui a amené notre fédération et le monde agricole
québécois à se donner des structures très établies — un plan de
contingentement, bon, une agence de vente unique, une mise en marché unifiée,
bon, etc. — qui a produit des résultats très positifs, mais aussi des
résultats plus difficiles, notamment toutes les relations avec les producteurs,
où on a vu, ces dernières années, malheureusement, des situations se
judiciariser très rapidement, des agences de garde dans les érablières. Il y a
eu des articles de journaux là-dessus qui n'ont pas nécessairement servi le
Québec.
Alors, il y a des dysfonctions qui se
sont... qui ont réapparu en raison d'un modèle qui est devenu trop lourd, trop
contraignant. Et c'est un petit peu l'approche du tout ou rien, et on a préféré
le tout que le rien. Alors, les règlements de la fédération sont quand même assez
encadrants. Ils prévoient à peu près tout, et évidemment ça amène des
frustrations, ça amène des difficultés.
Alors, je pense qu'il faut, sans changer
le système, sans le démolir... Parce que, dans ma consultation, j'ai entendu de
tout : il y en a qui voudraient vraiment abolir complètement tout ça, avec
une philosophie qui se défend, d'ailleurs, sur le plan des principes; il y en a
d'autres qui sont plus conservateurs, disent : Non, faisons attention. Je
pense que ce rapport-ci se situe un petit peu entre les deux, dire : Sans
démolir le système, est-ce qu'on peut l'alléger, l'oxygéner, ouvrir les fenêtres
un peu, mettre un peu de flexibilité, mettre de l'huile dans les rouages pour
qu'on ait un système qui soit vraiment plus adapté au contexte mondial dans
lequel on évolue? Le sirop d'érable, ce n'est plus l'affaire du Québec seulement
maintenant, c'est l'affaire... c'est un produit, une commodité, comme on dit en
anglais, internationale. Notre marché est international, et il faut sortir, je
pense, de règles qui ont été conçues à un moment donné pour des raisons
particulières puis qui ont amené certains résultats positifs, comme je l'ai
mentionné, mais qui ont amené également des dysfonctions.
Alors, je fais une série de recommandations
qui touchent la qualité du produit. On a mis beaucoup l'accent sur le volume au
cours des 10 dernières années, mais la qualité, on s'en est moins occupé. Il
faut s'en occuper. Puis je le dis, puis je n'innove pas en disant ça parce que
la fédération elle-même puis les gens qui sont dans l'industrie en sont
conscients, mais il faut aller plus loin de ce côté-là, également du côté
d'alléger le fardeau administratif des producteurs. J'ai été frappé de voir à
quel point le fardeau est lourd. Il faut faire... poser un certain nombre de
gestes et il y a des recommandations dans le rapport qui vont dans ce sens-là.
Il faut également que le plan conjoint, qui mérite probablement d'être maintenu — en
tout cas c'est la recommandation que je fais — soit axé vraiment sur
là où il y a un besoin de plan conjoint, c'est-à-dire pour le vrac seulement et
non pas pour les petites quantités que le producteur peut vendre à l'épicerie
du coin ou je ne sais pas. Là, l'encadrement de ça, on cherche un peu quelle
est la justification de cet encadrement-là. Ça va trop loin. Maintenons le
système pour le vrac.
Les quotas, maintenant, les
contingentements de la production, c'est peut-être la recommandation la plus
conséquente du rapport. Nous sommes dans un système de contingentement de la
production. Les producteurs doivent obtenir des contingentements de la fédération.
La notion de contingentement se conçoit dans une production où on dit :
Bien, je veux produire la partie que je consomme, simplement ce que je
consomme. Or, dans cette industrie-là, ceci ne s'applique aucunement. Ce
principe qui est à la base du contingentement ne peut pas s'appliquer parce
qu'on produit beaucoup plus que ce qu'on consomme. On est exportateur à 70 %
de notre capacité de produire, alors pourquoi se réduire ou se retenir dans une
course internationale où les autres acteurs sont en accélération et puis ils
veulent occuper le marché? Alors, je pense qu'il faut — ça fait partie
de l'oxygénation du système — aérer le système, enlever les
contingents, permettre à nos producteurs de se mesurer — et ils en
ont la capacité — aux autres producteurs, y compris les producteurs
américains.
Il y a plusieurs recommandations
aussi — vous allez le voir dans le rapport — qui touchent
du mieux-faire, comment... Sans changer dramatiquement les choses, est-ce qu'on
ne peut pas faire... avoir un certain nombre de pratiques qui sont changées? Il
y en a qui touchent la fédération, il y en a qui touchent également la Régie
des marchés agricoles du Québec. J'ai entendu des choses qui ne sont pas
nécessairement toujours fondées, je pense qu'il y a eu des exagérations dans ce
que j'ai entendu, mais il y a certainement des choses, des correctifs qui
méritent d'être apportés qui vont faire en sorte que la Régie des marchés
agricoles, qui dispose, comme vous le savez, de pouvoirs considérables, va
pouvoir fonctionner de façon plus fluide dans ce monde-là et peut-être se
départir de certaines perceptions qui sont véhiculées dans le milieu.
Même chose pour la Fédération des
producteurs acéricoles, qui a pris une approche, vous le savez, assez rigide
avec les producteurs, une approche de contrôle, une approche d'inspectorat, une
approche, vraiment, où on privilégie souvent la judiciarisation d'un dossier
plutôt que le règlement. Moi, j'aimerais mieux — un petit peu dans
l'optique que le gouvernement vient de prendre pour le nouveau Code civil québécois — qu'on
privilégie des approches qui mettent l'accent sur l'entente, sur la
conciliation plutôt que se battre devant les tribunaux. C'est important, c'est
du sirop d'érable, mais est-ce que les méthodes qui ont été privilégiées par la
fédération jusqu'à maintenant doivent être maintenues telles quelles? Je pense
qu'il y a du travail à faire aussi de ce côté-là.
De sorte que les 21 recommandations… On
dit dans la couverture : Pour la croissance, pour l'harmonie, pour le
progrès. Moi, je veux que ce soit un rapport qui soit vu comme un rapport
optimiste. Ce n'est pas un rapport pessimiste. Ça ne va pas mal dans
l'industrie; ça peut aller mal si on ne fait rien. C'est ça, au fond, le
message profond de ça.
Et vous verrez à la page… Je peux résumer
peut-être la philosophie du rapport, à la page 64, puis vous irez voir,
peut-être. On pourrait résumer très simplement la philosophie de ce rapport-là.
On dit, là : «Le modèle québécois doit évoluer s'il veut survivre.» C'est
vraiment une condition, là. S'il n'évolue pas, il risque de ne pas survivre. C'est
un modèle qui a déjà eu du succès, mais qui s'est avéré technocratique,
centralisé, rigide, contrôlant. Alors, il faut l'assouplir, le simplifier,
alléger, affranchir d'une multitude de contraintes. C'est ça, la philosophie,
vraiment.
Puis on dit un petit peu plus loin,
dernier paragraphe, à la page 64 : «Le modèle québécois doit aussi être
remodelé pour se recentrer davantage sur les règles du marché dont on ne peut
impunément s'éloigner...» Plutôt qu'un simple rapport de force entre la
fédération puis les acheteurs, il faut se coller plus sur les règles du marché.
Ça ne veut pas dire nécessairement prendre la dictée à la lettre près, mais il
faut avoir… être stratégiques. Quand on établit le prix du sirop d'érable, par
exemple, bien, me dire : Je me bats contre les Américains, il faut que mon
prix, au lieu de nourrir la bête qui va nous manger tantôt… il faut que ça soit
un prix qui est compétitif, qui nous permet de rentrer sur le marché américain.
Notre dollar nous favorise la vie, actuellement, alors je pense qu'on a une
belle fenêtre d'opportunité, là, pour...
Alors, on dit, donc, qu'il faut favoriser
le développement du marché acéricole québécois et que le repositionnement de
notre modèle — qui n'est pas à jeter aux poubelles, mais qui est à
améliorer — va nous aider à assurer l'avenir de l'industrie. Moi, je
pense que les producteurs québécois, puis j'en ai rencontrés beaucoup cet été,
sont très compétents, ils sont motivés. On a toutes les ressources qu'il faut,
il suffit simplement de regarder notre système, faire les ajustements qu'il
faut. La pire chose serait de se replier puis de dire : Bien non, tout est
correct, tout est beau dans le meilleur des mondes, les Américains, énervons-nous
pas avec ça. Si c'est ça, notre attitude, on s'en va nulle part. Mais moi, je
pense que j'ai vu beaucoup de lucidité dans les gens que j'ai rencontrés,
beaucoup de détermination à faire en sorte qu'on est capables de produire, on
est capables de se battre sur le marché international avec les accords de
libre-échange, un dollar qui nous favorise. Tous les feux sont au vert, au
fond, pour un développement accéléré de la production acéricole québécoise.
Vous en aurez beaucoup plus dans le rapport, évidemment, parce que tout ça est
documenté et développé de façon plus élaborée que je viens de le faire.
Ceci étant, je suis prêt à répondre, et...
si M. le ministre le permet.
M. Chouinard (Tommy)
:
Bien, d'abord, M. Paradis, vous engagez-vous à mettre en oeuvre les
recommandations de ce rapport-là?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
J'ai reçu le rapport il y a quelques mois. J'en ai pris connaissance, et, quand
on commande un rapport comme celui-là, c'est parce qu'il y a une problématique
qui nous incite à le faire, on y commet des fonds publics, et je n'ai pas la
réputation de tabletter des rapports.
M. Chouinard (Tommy)
:
Mais maintenant j'aimerais savoir : quand on dit qu'on mettrait fin aux
quotas, est-ce qu'on doit comprendre que le producteur... Je ne suis pas
nécessairement familier avec les technicalités, le fonctionnement de
l'industrie, mais je crois comprendre qu'un producteur doit donc donner son
sirop d'érable à la fédération, qui lui donne des paiements...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Ça, c'est l'agence de vente. Le quota, il ne faut pas le confondre. Vous avez
des systèmes de gestion de l'offre qui fonctionnent bien, pour lesquels on est
allés se battre sur l'international, où on se bat au national. Les systèmes de
contingentement, et M. Gagné y a fait allusion, qui te permet de contrôler
ton marché au Canada, ton contrôle des frontières, découle d'un plan national
et d'entente entre toutes les provinces. C'est ça dans le lait puis c'est ça
dans ce que j'appelle communément les plumes, là, les oeufs, dindes, poulets,
etc. Et ça, ça fonctionne, un système de contingentement.
Un système de contingentement sans
contrôle des frontières, vous en avez dans deux productions au Québec. Il y en
a une qu'on n'entend pas parler souvent, puis j'imagine que ce n'est pas facile
à suivre parce que ça se multiplie vite, c'est les lapins; l'autre, c'est le
sirop d'érable. Et, quand vous ne contrôlez pas vos frontières, ce que M. Gagné
dit dans son rapport, bien, à ce moment-là, vous vous menottez, vous laissez
vos concurrents profiter du prix que vous fixez à l'intérieur, vous nourrissez
la bête, pour utiliser votre expression, et vous vous développez des
concurrents. Et la position concurrentielle du Québec diminue sur le plan
international, 10 %, suivant un rapport commandé par la fédération
elle-même au cours des…
M. Chouinard (Tommy)
:
Mais donc un producteur pourrait produire la quantité de sirop qu'il souhaite.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Oui, comme le producteur américain.
M. Chouinard (Tommy)
:
O.K. Là, je crois comprendre qu'on exclut du plan... du plan conjoint, là, la
production pour les contenants de moins de 5 litres, je crois.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Oui.
M. Chouinard (Tommy)
:
Donc, il va pouvoir vendre ses produits directement par l'intermédiaire des
épiceries ou des choses comme ça, ce qui ne peut pas se faire à l'heure
actuelle parce qu'il doit remettre sa production…
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Il peut vendre à la ferme, actuellement.
M. Chouinard (Tommy)
:
C'est ça, à la ferme, localement.
M. Gagné (Florent) :
Actuellement, il y a trois catégories, là. Il y a ceux qui vendent en petits
contenants directement aux consommateurs. Ils ne sont pas dans le plan
conjoint, ceux-là. Par contre, il y a ceux qui vendent également en petits
contenants mais via un intermédiaire, qui est une épicerie, un dépanneur, etc.
Lui, il est dans le plan conjoint. Ce n'était pas le cas avant 2001. Alors, on
recommande ici de revenir à la situation qui était celle d'avant 2001, de ne
garder le plan conjoint que pour le vrac, que pour les barils, autrement dit.
Puis les petites productions, c'est des emmerdes inutiles, quand on regarde…
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Vous avez 85…
M. Gagné (Florent) : C'est
85 %.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
C'est 85 % du volume.
M. Chouinard (Tommy)
:
Juste pour que je comprenne, le plan conjoint implique un prélèvement pour
chaque litre qui est fait par…
M. Gagné (Florent) :
Absolument.
M. Chouinard (Tommy)
:
…de 0,12 $, là, je crois.
M. Gagné (Florent) : C'est
autour de 0,12 $, actuellement, oui.
M. Chouinard (Tommy)
:
O.K. Parfait.
Mme Delainey (Marie-Laurence) :
Puis juste pour mieux comprendre votre lien avec la fédération, quel pouvoir vous
avez pour faire changer ce que la fédération décide?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Les pouvoirs sont prévus par les lois qui sont adoptées par l'Assemblée
nationale du Québec. Actuellement, il y a une loi sur la mise en marché des
produits agricoles, qui est sous la gestion de la Régie des marchés agricoles,
comme tel. Et là il y a un office de producteurs, qui est la Fédération des
producteurs acéricoles du Québec, qui va chercher ses pouvoirs en fonction de
cette loi-là. À partir du moment où on reçoit des recommandations... Il y a des
recommandations qui s'adressent à la Régie des marchés agricoles, on l'a
indiqué, il y a des recommandations qui s'adressent à à peu près tous les
organismes, au ministère de l'Agriculture, au ministère des Terres et Forêts, à
La Financière agricole du Québec, et le rapport est expédié aujourd'hui même à
toutes ces instances.
M. Gagné (Florent) : Et, en
voie de complément, peut-être, à ce que vous avez demandé, madame, la dernière
recommandation, la recommandation n° 21, propose au ministre, au
gouvernement un amendement à la Loi sur la mise en marché pour permettre au
ministre d'énoncer des orientations qui seraient liantes pour les autres
parties. On a des dispositions semblables dans d'autres lois, par exemple dans
la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme : le gouvernement peut donner des
orientations que les municipalités sont tenues de respecter dans leurs plans.
Alors, on pourrait avoir la même approche ici, qui permettrait au ministre, au
fond, en plus des réponses qu'il a données, si cette recommandation-là était
reçue, de pouvoir donner, si besoin est... Parce que, si les acteurs du
système, sur une base de conciliation entre eux, décident de mettre en
application ces recommandations-là, il n'y aura pas de problème, mais, si d'aventure,
il devait y avoir des frictions qui amènent un immobilisme qui serait
intolérable pour le gouvernement, bien, je pense que le ministre aurait
toujours la possibilité de proposer au gouvernement cet amendement législatif
qui lui permettrait, dès lors, d'agir.
M. Larivière (Thierry) : M. Gagné,
lorsque vous avez rencontré les producteurs, vous avez rencontré les deux
côtés, ceux qui voulaient plus de libéralisation de marché puis ceux qui en
voulaient moins. Dans vos rencontres, la fédération, est-ce qu'elle est prête à
un vent de changement? Est-ce qu'elle vous a laissé passer ce message-là?
M. Gagné (Florent) : Bien, en
fait, le 6 octobre dernier, je crois, la fédération m'a envoyé un document...
je ne sais pas si elle l'a rendu public d'ailleurs, mais m'a fourni un document
dans lequel elle-même préconisait... Est-ce quelqu'un sait s'il a été rendu
public?
Une voix
: Oui, oui...
M. Gagné (Florent) : Oui? Bon.
Vous allez lire, dans ce document-là, qu'il y a déjà un certain nombre de
choses. On voit que la fédération est consciente du problème, notamment du problème
américain, est disposée à faire un certain nombre de choses. Maintenant, ces
choses-là, qui sont toutes bonnes, que j'appuie dans le rapport, ne vont pas
assez loin, à mon humble avis. Puis on les comprend, et c'est leur système, ils
défendent leur système.
Il faut aller beaucoup plus loin puis
toucher également aux rouages du système, ce qu'ils n'ont pas fait dans leur
brochure. Mais c'est déjà un pas, je pense, qui indique que la fédération ne
veut pas se murer dans l'immobilisme.
Journaliste
: M. Gagné,
est-ce que... ou une de vos recommandations change quelque chose au système de
contingentement demain... bien, si elle est appliquée, est-ce que ça changerait
quelque chose pour quelqu'un qui veut se développer des entailles demain matin?
M. Gagné (Florent) : Ah! bien,
ça changerait beaucoup de choses, effectivement, parce qu'actuellement
quelqu'un qui veut développer des entailles doit obtenir un contingentement de
la fédération. Et on sait qu'il y a des producteurs qui sont dans l'attente
depuis trois, quatre, cinq ans pour avoir du contingentement de la fédération.
Certains en ont, mais n'en ont pas suffisamment, voudraient développer. Alors,
c'est un système de contraintes extrêmement sévère. Et l'abandon du
contingentement permettrait à chaque producteur d'agir en homme d'affaires, de
dire : Bien, il y a un prix x qui est développé, maintenant plus
selon les conditions du marché, que je connais, est-ce que, moi, comme
investisseur, je fais les investissements qu'il faut? Est-ce que ça vaut la
peine de me lancer dans le sirop d'érable? Alors qu'actuellement, même s'il
veut faire ça, il ne peut pas en raison du contingentement. S'il n'a pas le
contingentement, il ne peut pas développer.
Journaliste
: Ce que
vous suggérez, c'est qu'il puisse agir librement et développer librement.
M. Gagné (Florent) :
Absolument, selon son appréciation du marché, sa lecture du contexte économique
dans lequel on est. Et puis on sait que c'est un marché qui est en
développement. Au niveau international, les perspectives sont excellentes.
Alors, il faut permettre à nos acériculteurs, qui sont des hommes d'affaires,
pour cette fin-là, de dire : Bien, on va participer à ce développement-là,
mais ne nous mettez pas — je vais reprendre votre
exemple — des menottes aux mains alors que mes concurrents américains
et du Nouveau-Brunswick n'en ont pas, de menottes aux mains.
Journaliste
: Est-ce
que, si on fait ça, on ne risque pas de recréer un surplus et une baisse de
prix comme en l'an 2000, par exemple?
M. Gagné (Florent) : Bien, évidemment,
selon la loi de l'offre et de la demande, il va y avoir un ajustement, c'est
évident. Puis il y a d'autres façons de le faire, moins sévères. Par exemple,
la fédération pourrait fixer, chaque année, le niveau... la quantité de sirop
d'érable qu'elle veut acquérir des producteurs. Bon, on sait que c'est autour
de 100 quelques millions de livres actuellement, un peu plus peut-être si on
veut en mettre en réserve. Alors, elle pourrait dire : Bien, je fixe un
prix x pour mes besoins et puis une fois que mon besoin est satisfait,
moi, la fédération, la quantité qui te reste, bien, tu peux faire ce que tu
veux avec, tu peux la vendre librement, tu peux l'entreposer pour la vendre
l'an prochain. Il y a toutes sortes de possibilités. Alors, c'est d'introduire
plus de flexibilité dans des mécanismes qui, autrefois ou jusqu'à maintenant,
étaient trop rigides, étaient trop des mécanismes de contrôle, des mécanismes
légaux qui amenaient, au fond, des inspecteurs sur le terrain puis des
tensions.
M. Chouinard (Tommy)
:
...donc, pour le consommateur à l'épicerie, il pourrait avoir une canne de
conserve, du sirop qui vient de la réserve, donc dont le prix est fixé par la
fédération et, à côté, une autre canne de conserve qui vient directement du
producteur via un intermédiaire pour les marchands et qui serait au prix qui
est voulu à l'origine, disons, vendu par le producteur lui-même, mais dont le prix
est fixé par quelqu'un d'autre que la fédération? C'est bien ça?
M. Gagné (Florent) : Oui, oui,
c'est bien ça. Oui, il y aurait, au fond, un marché, disons, plus, appelons ça,
normal, que la règle, actuellement, qui fixe le prix, au fond, qui détermine un
prix qui est plus un rapport de force entre deux entités qu'un reflet des
conditions du marché, qu'un reflet de l'offre et de la demande. Et c'est vers
ça qu'il faut évoluer. Comment le faire? On peut y arriver de façon
progressive, mais je pense qu'il faut aller là parce que, sans ça, on maintient
artificiellement un prix élevé, au Québec, qui nourrit la bête américaine, qui
fait le développement aux États-Unis.
M. Chouinard (Tommy)
:
Donc, la réserve... qui a fait les manchettes, bien, à cause du vol, là, il y a
quelque temps de ça, mais... Donc, la réserve, elle, demeure. Mais ce que je
comprends, c'est que les conditions que vous amenez font en sorte que la
gestion de cette réserve-là puis les prix qui pourraient être fixés par la
fédération, ça va considérablement changer, puisque les producteurs eux-mêmes...
M. Gagné (Florent) : Bien, ça
va évoluer. Je pense que la réserve doit demeurer. Moi, je trouve que, dans
toute l'étude que j'ai faite, la plus belle réalisation de la fédération, c'est
la réserve. C'est vraiment quelque chose d'intéressant qui a été fait. On sait
que c'est un produit qui varie selon les caprices de la nature, et donc le fait
d'avoir une réserve, je pense, est un geste très, très positif et à maintenir.
Je recommande également qu'il y ait des mesures pour favoriser le financement
de la réserve.
Bon, la réserve va demeurer, maintenant il
faut en faire une gestion plus dynamique. Il y a quelqu'un qui me disait dans
les consultations, dans le cours de commerce 101, quelqu'un qui vend un
produit doit normalement vendre ce que le consommateur veut, ce que l'acheteur
veut et non pas forcer la vente de ce que j'ai. Actuellement, on a plutôt dit :
Bien, en réserve, j'ai tant de sirop, je vends ça aux producteurs avec des
quantums déterminés dans chaque catégorie. Autrement dit, on force l'acheteur à
acheter un lot de produits qu'il ne veut pas nécessairement. Ça va à l'encontre
des règles habituelles. Alors, quand on dit une gestion plus dynamique de la
réserve qu'il faut maintenir, c'est ça que ça veut dire aussi, pas juste le
prix. Mais le produit que je veux vendre... Là, on a développé un produit
standardisé en matière de sirop d'érable par des mélanges de toutes sortes, qui
est quand même correct, je pense, pour le marché... pour les plus grands
besoins du marché, mais le consommateur veut de plus en plus un produit qui est
plus raffiné, plus sophistiqué, différencié selon les régions. Le consommateur
est plus exigeant, alors il va falloir penser à tout ça aussi, évoluer, sortir
de juste le volume pour évoluer vers un produit qui est plus «label» Québec,
l'image de marque, l'authenticité. Et c'est tout ça quand on dit «gestion plus
dynamique de la réserve», ce n'est pas juste d'ajuster le prix pour être plus
compétitifs, mais également de travailler sur la qualité du produit.
M. Larivière (Thierry) : M. Paradis,
là, je sais que vous avez dit tout à l'heure que vous n'étiez pas du style à
tabletter les rapports, même si les gouvernements, dans le passé, nous ont un
peu habitués à ça — je pense qu'il y a un rapport Bolduc de 2004 qui
traîne quelque part — mais est-ce que vous, vous vous engagez vraiment...
parce qu'il y a des producteurs, nous, qui nous appellent. Vous savez,
M. Gaudreault, M. Côté, il y a des gens qui sont rendus à des étapes
assez loin dans leur processus, qui sont très inquiets de ce qui va leur
arriver. Est-ce que toutes ces recommandations-là, elles vont voir le jour dans
les prochains mois?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
L'application des délais peut varier d'un organisme à l'autre. Il y a des recommandations
qui ont été faites au ministre, il y en a d'autres, à d'autres ministres, etc. — il
faut que je consulte mes collègues, là, quand c'est d'autres ministres — à
des organismes dont je dois répondre devant l'Assemblée nationale du Québec. On
n'a pas l'intention, là, de laisser traîner les choses, le marché nous oblige.
On a perdu 10 % au cours des 10 dernières années, puis le rapport
commandé par la fédération nous dit qu'on va perdre un autre 10 % si on ne
change rien. Ça fait qu'à chaque année qui va passer, si on ne bouge pas, on va
continuer à décroître. C'est pour ça qu'on a commandé le rapport, c'est pour
avoir des perspectives d'avenir. Et, comme l'a mentionné M. Gagné, on a
des accords de principe, sur le plan international, qui sont alléchants pour
les gens du sirop d'érable. L'entente avec l'Union européenne, lorsqu'elle va
entrer en vigueur, va permettre un accès à un marché de 500 millions de
consommateurs additionnels. L'entente avec l'Asie pacifique, lorsqu'elle
entrera en vigueur, va permettre à 800 millions de consommateurs
additionnels, et la Chine n'en fait même pas partie encore. Ça fait que les
possibilités de croissance sont là, les Américains en sont conscients, il faut
que les Québécois en deviennent conscients.
Journaliste : S'il y a plus
d'entailles, M. le ministre, suite à ces recommandations-là, à l'application de
ces recommandations-là, beaucoup plus d'entailles, éventuellement, est-ce qu'on
ne risque pas de se retrouver avec un volume qui serait plus grand que la
croissance de la demande? Parce qu'il y a quand même une croissance de la
demande en ce moment. Est-ce que le fait de rajouter des entailles va
nécessairement faire croître cette demande-là plus vite?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
C'est-à-dire que, si on ne saisit pas l'occasion, les Américains le font. On
n'a aucun contrôle sur l'augmentation du marché américain. On a parlé du
potentiel de croissance américain, là, bien, il n'y a que les... On n'est pas
dans un marché québécois. Le prix, il n'est pas québécois, comme tel, là. Le
prix, il est mondial.
Si les Américains décident de passer à
l'attaque... puis actuellement vous pouvez parler à des fournisseurs
d'équipement québécois, à quel endroit ils trouvent leur marché, ils le
trouvent de l'autre côté de la frontière. Ça fait qu'il faudrait en trouver de
ce côté-ci. Si on veut repositionner notre place concurrentielle sur la planète
Terre, là... On était à 80 % du marché, on est tombés à 70 % puis on
s'en va vers 60 %. Est-ce que c'est la direction qu'on veut prendre? Je ne
pense pas.
Journaliste
: Est-ce
que ça risque quand même de faire baisser le prix?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
C'est-à-dire que, si vous n'augmentez pas votre consommation... C'est l'offre
et la demande. Si vous n'augmentez pas votre consommation, si vous ne
développez pas des produits de niche, comme qu'il a mentionné, si vous n'allez
pas sur les marchés extérieurs puis vous produisez davantage, c'est certain que
ça va affecter votre prix.
Si la demande mondiale augmente plus vite
que vous le faites, votre prix, il va augmenter aussi. Et la réserve joue un
rôle important là-dedans aussi parce que ça rend le produit disponible à
l'année, ça fait en sorte que le produit n'arrive pas sur le marché tout en
même temps. Donc, si les Américains sont capables de garder le prix en copiant
celui du Québec, le Québec va être capable de garder son prix.
M. Gagné (Florent) : Et, à
votre question, moi, j'ajouterais, si vous permettez, M. le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Oui, oui, allez-y.
M. Gagné (Florent) : ...que ce
qui est suggéré dans le rapport, c'est que le plan de contingentement soit aboli
pour le remplacer par un plan de développement. Parce que, moi, il y a beaucoup
de gens qui mont dit : M. Gagné, on est en pénurie de sirop d'érable
au Québec parce que le marché... on a juste ce qu'il faut pour fournir à la
demande actuellement. Et puis les perspectives sur le marché international sont
très bonnes, alors il y a quelqu'un qui va le prendre; soit qu'on laisse les
copains américains le prendre, ou nous autres on roule nos manches jusque-là,
on lâche le contingentement, on se fait un plan de développement puis on fonce.
Alors, il y en a beaucoup qui m'ont dit :
On aimerait, M. Gagné, que votre rapport aille dans cette direction-là, la
direction du développement de l'industrie acéricole, de l'opportunité vis-à-vis
le marché international qui se développe.
Les questions que vous posez sont
légitimes, par ailleurs : Est-ce que la demande va faire chuter le prix?
Il pourrait y avoir, effectivement, une correction — appelons ça une
correction plutôt qu'une chute — qui serait bénéfique pour nous, qui
serait bénéfique pour l'industrie. Alors, il ne faut pas paniquer s'il y avait
une baisse du prix. Je ne crois pas que ça arrive, mais ça pourrait arriver,
théoriquement.
Mais beaucoup m'ont dit... Puis vous avez
parlé des équipementiers qui sont très présents sur la scène américaine.
Beaucoup d'équipementiers québécois m'ont dit : M. Gagné, il faut
lâcher la pédale de frein à notre industrie acéricole, puis il faut le mettre
le pied sur la petite pédale à côté. Parce que le marché international est là,
puis, si on ne le prend pas, c'est d'autres qui vont le prendre. Alors, je
pense que c'est comme ça qu'il faut le voir.
M. Chouinard (Tommy)
:
M. Paradis, si vous dites que vous n'avez pas pour habitude de
tabletter... ce n'est pas dans votre genre de tabletter un rapport, donc je
comprends que, si on regarde ça un peu, votre objectif, c'est de desserrer
l'emprise un peu de la fédération sur l'industrie. C'est bien ça?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
C'est-à-dire d'avoir un système où le Québec cesse de perdre ses parts de
marché à l'international. M. Gagné vient de le répéter, c'est un marché, à
l'international, qui est en croissance. Les Américains s'en vont vers
l'autosuffisance. C'est notre principal marché d'exportation. Présentement, là,
on assiste avec une paire de menottes à un compétiteur qui prend des parts de
marché international pendant que nous autres, on se refuse nous-mêmes de le
faire. On ne peut pas faire ça éternellement. C'est quoi, le meilleur timing — si
vous me passez l'expression — pour intervenir? Moi, je vous
soumettrai qu'avec un dollar où il se trouve présentement, ce n'est pas un
mauvais timing.
Mme Johnson
(Maya) : Mr. Paradis, a couple of questions in English. First of all, can you
just explain why such a report was necessary in the first place?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : The report was necessary
basically because Québec is the
world leader in the production of maple syrup, but its strategic position
decreased by 10% during the last 10 years. And the
experts of the market tell us that, if we don't do anything, we're going to
lose another 10% in the next 10 years. So, I cannot look at that
situation, be aware of that information and not do anything about it. So, I
hired an expert, Mr. Gagné, to go around, consult with the industry, with
the producers, with everybody involved, with the government agencies to make
recommendations. He made 21 recommendations so Québec could remain the leader
at the percentage it was before.
Mme Johnson (Maya) : But can American production of maple syrup, for example, compare to
Québec production in regards to quality?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : I always believe Québec quality is better. Can we
do better quality? The answer is yes. We have been producing quality volume
during the past years. Now, we can increase in what we call «les produits de niche».
We can make maple syrup — how would I put it? — a symbol of
the quality of agri-food we can produce in Québec and export it in the world.
Mme Johnson (Maya) : So 21 recommendations — I'm not sure if you want to
answer this of if, Mr. Gagné, you would like to — but, of those
recommendations, is there one in particular that is an absolute priority?
M. Gagné (Florent) : I wouldn't be able to tell the priority in place of the Minister,
but many of them…
Mme Johnson (Maya) : Can you just stand in front of the mike, please, so we can fully
pick up the audio? Thank you.
M. Gagné (Florent) : Yes. I wouldn't be able to pick one recommendation in particular,
but the basic idea of this report is to make the Québec producers in a position to be able to competition with their
counterparts in the United States, and I think all the recommendations are towards this objective that we are pursuing all together.
That's really the basis, the basic philosophy of this report. So let's open our
arms, let's oxygenate, let's open the windows to let
the oxygen come in the system in Québec. It's too tight at the present time,
it's too… there are many constrains, and everything, you know. So, we've got to
get rid of that in order to be able to competition on the international market.
That's the basic idea of the report.
(Fin à 13 h 6)