Conférence de presse de M. Jean-Marc Fournier, ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport
Dépôt à l'Assemblée nationale du projet de loi instituant le Fonds pour le développement du sport et de l'activité physique
Version finale
Le mercredi 10 mai 2006, 15 h 29
Salle Evelyn-Dumas (1.30),
édifice Pamphile-Le May
(Quinze heures vingt-neuf minutes)
Mme Légaré (Lyne): Bonjour à tous. Mon nom est Lyne Légaré. Je suis de la Direction des communications au ministère de l'Éducation, Loisir et Sport. Merci de vous être déplacés, et laissez-moi vous souhaiter la bienvenue en ce lieu propice à la pratique d'activités physiques, à cette conférence de presse annonçant le dépôt à l'Assemblée nationale du projet de loi instituant le Fonds pour le développement du sport et de l'activité physique.
Je vous présente immédiatement les intervenants à cette rencontre. Le ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, M. Jean-Marc Fournier, Mme Chantal Lachance, vice-présidente directrice des opérations de GESTEV et présidente du groupe de travail sur l'accueil d'événements sportifs internationaux du Québec. Rappelons quelques mots sur Gestion d'événements GESTEV a notamment organisé plus de 45 coupes du monde Union cycliste internationale de vélo de montagne, neuf coupes du monde de surf des neiges, ainsi que plusieurs championnats du monde. Prendra également la parole M. Jean-Philippe Le Guellec, athlète olympique en biathlon.
Je souligne également la présence Mme Dominique Maltais, médaillée de bronze en surf des neiges aux Jeux de Turin; les entraîneurs M. Francis Paradis en cyclisme route et piste, Daniel Lefebvre en biathlon, Robert Tremblay en patinage de vitesse longue piste; M. Denis Servais, président de l'Association québécoise du loisir municipal; M. Jean Perrault, président de l'Union des municipalités du Québec; M. André Caron, président de la Fédération des commissions scolaires du Québec, M. David Birnbaum, directeur général de l'Association des commissions scolaires anglophones; ainsi que deux membres du groupe de travail sur l'accueil d'événements sportifs internationaux, M. Raymond Côté, président de Sports-Québec, et M. Jean-Guy Ouellette, président du conseil d'administration d'Athlétisme Canada.
Avant de commencer, représentants des médias, je vous rappelle que M. Fournier sera disponible pour une période de questions, ainsi que tous les invités et M. Fournier pour des entrevues individuelles à la demande des journalistes, bien entendu. Sans plus tarder, je cède la parole au ministre de l'Éducation, M. Jean-Marc Fournier, et du Sport et du Loisir.
M. Fournier: Merci beaucoup. Ça commence à être une habitude, le président de l'Assemblée me limitait mon mandat tantôt. Mesdames, messieurs, merci d'être avec nous et les représentants des fédérations sportives, les athlètes, les entraîneurs, les gens du milieu qui font le sport à ses débuts, et les gens des commissions scolaires, du monde municipal. C'est un grand plaisir pour moi aujourd'hui, je dois vous l'avouer, et je sais que même que les journalistes qui sont ici m'ont déjà entendu parler, pendant les trois dernières années, autant de contributions provenant de boissons gazeuses ou provenant de la loterie, ils m'ont entendu toucher à plusieurs éléments, et aujourd'hui, ils doivent se dire: Bon, il est peut-être arrivé au bout du chemin qu'il voulait aller? La réponse, c'est oui.
J'ai le grand plaisir de vous annoncer que je viens tout juste, donc, de déposer, à l'Assemblée nationale, le projet de loi instituant le Fonds pour le développement du sport et de l'activité physique. Si l'Assemblée nationale y consent, l'adoption de ce projet de loi confirmera qu'une somme de 30 millions par année devra être versée dans le fonds aux dates et selon les modalités déterminées par le gouvernement. Le fonds permettra de fournir aux athlètes, aux jeunes sportifs de la relève et à la population en général des installations modernes et sécuritaires en plus grand nombre et adaptées à la pratique de disciplines qui se sont développées au cours des dernières années.
Ainsi, en ce qui concerne les modalités du nouveau programme, nous envisageons que les projets admissibles puissent comprendre, par exemple, la construction ou la rénovation et la mise aux normes d'installations comme les terrains de soccer et de football, les piscines, les gymnases, les pistes de patinage de vitesse, soient-elles de longue ou de courte piste, ainsi que d'installations plus spécialisées, comme un centre intérieur de volley-ball ou un vélodrome, à titre d'exemple.
En outre, nous envisageons que les projets puissent nous être soumis par les établissements d'enseignement, les municipalités, les organismes à but non lucratif ainsi que le regroupement de ceux-ci. La participation financière du gouvernement du Québec pourra atteindre 50 % des dépenses admissibles. La contribution des partenaires sera ainsi appelée à combler la différence. Les projets qui verront les partenariats investir une proportion plus élevée recevront évidemment une attention particulière. En effet, leur engagement témoignera de l'intérêt véritable à la réalisation du projet qu'ils mettront de l'avant.
Lorsque l'Assemblée nationale aura adopté ce projet de loi, ce qui pourrait se concrétiser, nous l'espérons, dès ce printemps, je m'engage à ce que les modalités des programmes ainsi que les décrets nécessaires pour la mise en oeuvre du fonds soient approuvés le plus tôt possible. Nous souhaitons donc être capables de traiter les premières demandes vers la fin de l'été. Ainsi, l'appui financier du gouvernement du Québec à de nouveaux projets d'infrastructures sportives pourrait se concrétiser dès l'automne 2006.
La création de ce fonds répondra donc à deux préoccupations principales en matière de développement du loisir et du sport, soient la qualité, la diversité et la sécurité des installations sportives ainsi que l'accueil d'événements de calibre international. La création du fonds pour le développement du sport et de l'activité physique et les deux programmes qui y seront associés illustrent la volonté du gouvernement de promouvoir la culture sportive au sein de la population. 30 ans après les Jeux olympiques de Montréal, le Québec vient de se donner un premier véritable héritage olympique.
Tel que le demandait le rapport du comité des grands événements, deux programmes seront mis en place, soit le Programme de soutien aux installations sportives et récréatives et le Programme de soutien aux événements sportifs. Le fonds, qui sera doté d'une enveloppe budgétaire de 30 millions de dollars par année, sera financé par une partie des revenus de la taxe sur le tabac actuellement versés au Fonds spécial olympique. Ainsi, un montant de 24 millions de dollars sera affecté à la construction, à la rénovation, à l'aménagement et à la mise aux normes d'installations sportives et récréatives. Cet investissement est majeur, d'autant plus qu'il aura un effet de levier évidemment avec les partenaires municipaux, les commissions scolaires et qu'il pourrait générer, et il pourra en fait générer des investissements additionnels de l'ordre de 500 millions de dollars, et peut-être même plus, si le gouvernement fédéral y apporte sa participation.
D'ailleurs, lors de la Conférence des ministres du Sport au mois d'août dernier, les ministres des provinces, des territoires et du gouvernement fédéral se sont entendus pour fixer les paramètres d'un futur programme d'infrastructures. En juin prochain, lors de la prochaine Conférence des ministres, nous souhaitons en venir à une entente finale sur ces paramètres. Dans la suite de cette entente, nous soutiendrons le ministre fédéral du Sport pour qu'il obtienne de son gouvernement les sommes d'argent nécessaires à sa contribution.
Par ailleurs, une somme de 6 millions - 30 millions, il y en a 24 pour les installations - une somme de 6 millions de dollars sera consacrée à l'organisation d'événements sportifs internationaux ou pancanadiens non récurrents et aux mises en candidatures requises à cette fin. Nous avons jugé que l'obtention d'événements sportifs, ayant des retombées structurantes, doit être mieux encadrée si l'on veut vraiment que cela favorise l'émergence d'une culture sportive. En n'en pas douter, il nous faut nous donner un plan de match et insister pour une meilleure concertation entre les partenaires.
Ce fonds rendra donc également possible l'élaboration, avec nos partenaires, notamment les fédérations sportives, d'une stratégie et d'un plan d'action à long terme dans le soutien d'événements sportifs d'envergure au cours des 25 prochaines années. Les comités organisateurs seront désormais avant le début des candidatures et devront donc, avant le début des candidatures, montrer leur crédibilité et leurs compétences en s'associant avec les entreprises privées et en se donnant un plan d'affaires et de marketing sérieux et rigoureux.
Lors du dévoilement du rapport du comité des grands événements, je soulignais que nous avions entre les mains les idées pour développer une culture sportive; aujourd'hui, nous avons les outils. Il faut bien s'en servir, et nous devons être nombreux à s'en servir. Les gens d'affaires, les professeurs d'éducation physique de nos écoles et collèges, les animateurs de loisirs de nos quartiers et villages peuvent s'y associer. Une culture sportive doit frapper à la porte de chacune de nos résidences. Le cercle des initiés des grands événements doit s'étendre à nos municipalités, à nos écoles et nos chambres de commerce.
Imaginons un instant qu'en 1995 on ait déjà ciblé une FINA pour 2005; que l'on en ait fait la promotion dans nos sites aquatiques avant même son obtention; que certains partenaires commerciaux aient déjà signifié leur participation dès le lancement des démarches en vue de l'obtention de la compétition; que l'on ait sensibilisé nos jeunes dans nos écoles et incité les sorties à la piscine locale; pour certains, cela aura été une découverte: il y a une piscine locale; pour d'autres, une interrogation: à quand une piscine dans mon quartier? Si, pour développer une culture sportive, il nous tenir des grands événements sportifs, ceux-ci à eux seuls ne suffisent pas. Il faut les préparer, les souhaiter, les attendre. Et, quand un jeune de cette même piscine locale monte dix ans plus tard sur le podium du monde, alors, on sait qu'une culture est en voie de l'être.
Le projet de loi d'aujourd'hui vient compléter un tour de piste entrepris en 2003 par l'instauration du programme Équipe Québec suivi de la campagne des saines habitudes de vie, de la Journée nationale du sport et de l'activité physique et de l'augmentation à deux heures d'éducation physique dans nos écoles primaires. Nous avons lancé le mouvement pour le développement d'une culture sportive au Québec.
En terminant, je désire remercier ceux et celles qui, au cours des dernières années, nous ont appuyés dans cette démarche. Votre apport et votre dévouement à cette cause ont permis l'aboutissement de ce beau projet. Je vous lance maintenant le défi d'être les ambassadeurs de la culture sportive du Québec. Merci beaucoup.
Mme Légaré (Lyne): Merci, M. Fournier. J'invite maintenant Mme Chantal Lachance, vice-présidente exécutive de GESTEV et présidente du groupe de travail sur l'accueil d'événements sportifs internationaux-Québec.
Mme Lachance (Chantal): Bonjour à tous. Premièrement, j'aimerais faire juste un petit bémol. Je n'étais pas présidente du comité. On était cinq sur ce comité-là, et j'y ai siégé. Je ne sais... Je pense que c'est M. Côté qui était président.
Une voix: ...
Mme Lachance (Chantal): Non. Je ne me souviens plus des titres parce que, pour moi, les titres, ce n'est pas très important.
Une voix: ...
Mme Lachance (Chantal): C'est ça. On était cinq coprésidents. Exactement. Donc, bref, ce fonds de développement-là, c'est certain que, pour nous, c'est une excellente nouvelle. Quand je dis nous, je parle des gestionnaires d'événements, mais je parle d'abord et avant tout pour tous ceux qui poussent derrière nous, les athlètes, que ce soit les athlètes d'élite ou les jeunes en devenir. Quelle belle nouvelle d'avoir ce fonds-là maintenant!
Pour ceux qui ne le savez pas, l'année dernière, on a perdu une étape de la Coupe du monde de surf des neiges ici dans la discipline de halfpipe au profit de Whistler. La raison était fort simple. C'est qu'on avait une déficience d'infrastructures dans la région dans ce domaine-là. J'ai trouvé ça fort dommage, mais maintenant c'est le fun de savoir qu'on va peut-être pouvoir la réaccueillir. D'ailleurs, à cet effet-là, vous recevrez un dossier prochainement quand la porte sera officiellement ouverte.
C'est certain que, lorsque ce sera ouvert, bien, on va pouvoir peut-être réaccuillir ces événements-là. D'ailleurs, pourquoi n'en accueillerions-nous pas une Coupe du monde de snowboard cross, dans laquelle Dominique a si bien excellé aux dernières Olympiques, Dominique Maltais. Alors, pourquoi pas?
Bref, je pourrais faire une liste très, très longue des événements qu'on a perdus, soit par manque de financement ou par manque d'infrastructures. Ça fait toujours très mal, tout ça, mais là, bon, il y a des cieux meilleurs qui s'en viennent vers nous, puis c'est extraordinaire.
En route vers 2010, parce que, même s'il a lieu dans l'Ouest, peut-être qu'un jour dans le fond on en aura une dans la ville de Québec, une olympique qui reviendra. Je me considère assez jeune pour y rêver, alors peut-être que ça viendra, qui sait? Il est important pour nos athlètes de la région de pouvoir compter sur des infrastructures et sur des événements pour pouvoir compétitionner chez eux. Quelle belle image ce sont, ces athlètes-là, ça devient des idoles pour nos jeunes, ça devient des modèles pour tout le monde, pour les gens de sortir de leur salon, aller faire du sport. On parle de culture sportive, c'est tellement nécessaire les événements et les infrastructures. Je vous donne l'exemple de Marie-Hélène Prémont, je ne sais pas si vous êtes tous au courant qu'elle a commencé sa carrière en vélo de montagne comme bénévole à la Coupe du monde de vélo ode montagne. Donc, elle n'était pas une athlète d'élite, donc c'est un événement qui a fait qu'elle est devenue une athlète. Maintenant, c'est le phénomène de la poule et l'oeuf, hein? Est-ce que ce sont les événements, les infrastructures? On a-tu besoin d'infrastructures pour avoir des événements? On a-tu besoin des événements pour avoir des infrastructures? Il n'y a pas vraiment de bonne réponse, ça dépend des fois. Mais, chose certaine, c'est que nos athlètes d'élite ont définitivement besoin des deux pour se développer d'une manière encore plus grande. Et puis, chose certaine, c'est que, si ces événements-là, encore-là, ces idoles-là, ces jeunes, qui font que tout le monde va bouger, tout le monde va avoir envie de faire du sport. Je ne sais pas si c'est la même chose pour vous, mais, quand on va voir un grand événement, on est sur le bord des pistes que ce soit en ski, en vélo, en n'importe quoi, puis c'est drôle, tout d'un coup, on a le goût de s'acheter des skis, on a le goût de s'acheter un vélo. Ça fait que définitivement, ça donne le goût.
Donc, en terminant, moi, c'est mon petit témoignage d'organisatrice de l'événement, j'étais très contente. M. Fournier, merci d'y avoir cru, d'y avoir cru, comme nous, depuis longtemps, mais d'avoir fait tout le travail de labourage que ça a pris. Ça a été vraiment pour moi... Quand on m'a demandé de siéger sur le comité, j'ai accepté avec emblée, avec enthousiasme, parce que je crois que le sport, ça peut changer quelque chose dans une communauté, j'y crois fermement. Donc, je me suis investie dans ce comité-là, mais jamais, au grand jamais, je n'aurais pensé qu'un fonds aurait abouti aussi rapidement que ça. Alors, chapeau, M. Fournier, puis chapeau à tout le monde qui croit que le sport peut changer quelque chose. Et puis, bonne chance à tous nos athlètes, puis bonne chance à tous nos projets! Merci.
Mme Légaré (Lyne): Merci, Mme Lachance. Et maintenant, j'invite Jean-Philippe Le Guellec, athlète olympique en biathlon.
M. Le Guellec (Jean-Philippe): Bonjour à tous. Écoutez, pour commencer, j'étais originalement de Montréal, et c'est là que j'ai commencé en fait le biathlon. Mais, si on retourne un peu plus dans le passé, j'ai toujours été quelqu'un qui était très sportif, j'ai fait du soccer, de la natation du karaté, on en passe.
Alors, évidemment, ce qui m'a amené à Québec, bien, c'est les infrastructures de biathlon parce que c'est impossible de pratiquer au niveau où je suis présentement dans les régions de Montréal. Centre qui date maintenant d'une bonne couple d'années et qui aurait aussi besoin d'un petit coup de pouce pour un rehaussement d'infrastructures, mais autrement, là, j'aimerais vraiment remercier, M. le ministre, dans le fond, pour tout ce qu'il fait pour le sport et le loisir, toute la promotion et les coups de pouce qu'il donne justement au niveau financier pour que ce soient les installations du sport amateur ou même les terrains de soccer qui sont dans les cours d'école. Alors, merci et bonne journée à tous.
Mme Légaré (Lyne): Merci, Jean-Philippe. J'invite maintenant M. Fournier... si les représentants des médias ont des questions sur les sujets du jour, bien entendu.
M. Thivierge (Jean): M. Fournier, juste une précision quant à l'effet de levier. Vous dites: Bon, ça pourrait générer 500 millions d'investissements supplémentaires des partenaires privés. Vous êtes sur un horizon de quoi, de combien d'années, là, quand vous parlez de 500 millions?
M. Fournier: D'abord, dans le discours, c'était au conditionnel. Ce n'est pas au conditionnel; ça va le faire. C'est 500 millions. Ce n'est pas sous forme de PTI, c'est sous forme donc d'engagements qui peuvent être pris au cours des cinq prochaines années, peut-être même plus rapidement, qui vont s'échelonner dans des versements d'amortissement jusqu'en 2020, je pense, quelque chose comme ça, là, d'amortissement donc à partir de la taxe sur le tabac, si vous voulez.
Mais on n'attendra pas 2020 pour arriver au 500e million d'infrastructure. Il y a eu juste deux intervenants qui sont venus au micro, et ils avaient déjà, dans leurs propres secteurs, des projets, et ça, ce n'est qu'une pointe de l'iceberg parce que j'ai des représentants des municipalités et des commissions scolaires qui sont là, qui en ont eux aussi beaucoup, ce qui témoigne d'ailleurs... Ça fait 30 ans qu'on attend un projet, un programme comme celui-là, les besoins sont très, très grands, et donc j'en suis très heureux.
M. Thivierge (Jean): Et justement, sur le... Juste pour bien comprendre la mécanique, vous créez ce fonds...
M. Fournier: Oui.
M. Thivierge (Jean): ...vous avez de l'argent dédié à une fonction précise, mais vous aviez quand même, auparavant, des budgets récurrents qui assuraient une partie des finalités qu'on retrouve au fonds, maintenant. Est-ce que ça, ça va demeurer un, en sus, il y aura le fonds?
M. Fournier: Bien, écoutez, pour être très franc, il n'y avait pratiquement rien, hein, pour être très franc. D'abord, dans... Pratiquement rien. C'est pour ça d'ailleurs que les besoins sont si grands.
Dans le budget, par exemple, pour l'organisation des Jeux du Québec, il y a là-dedans des sommes réservées au titre d'infrastructures pour les Jeux du Québec. Donc, on pouvait en faire un tout petit peu à gauche, à droite. Parfois, avec le programme d'infrastructures, le volet 3, on pouvait en faire quelques-uns. Mais le problème avec ça, c'est que vous n'avez aucune planification là-dedans parce qu'il n'y a pas... ce n'est pas un programme dédié à la chose.
Et je tiens à le dire et à remercier les gens du comité des grands événements et saluer les autres qui ne sont pas avec nous aujourd'hui. L'intérêt que souligne ce rapport sur les grands événements, c'est qu'on ne doit pas voir deux choses, ce n'est pas deux choses différentes. On doit faire des infrastructures pour la masse. On ne parle pas de grands événements, là, quand on parle de la masse en général. Mais la pyramide du sport fait que, pour avoir une élite, ça en prend beaucoup à la base. Donc, ça nous prend partout, de Chandler à Amos, ça nous prend des installations.
Cela étant dit, quand on envisage une planification d'événements, disons, pour les 20 prochaines années, 20, 25 prochaines années, puis on dit: Bien, on pourrait avoir des candidatures dans cette compétition-là, cette compétition-là, puis on laisse les gens sur le terrain dire: Oui, ça nous intéresse, ou: Non, pas celle-là, là, on se dit: Si on est pour, dans 15 ans, envisager cette compétition-là, pourquoi est-ce qu'on ne se donne pas une installation d'entraînement pour les athlètes d'aujourd'hui, qui va nous servir pour cet événement-là? La problématique que nous avions c'est qu'en ce moment, on est en train de faire des équipements pour des événements de deux semaines. Et moi, je me suis toujours dit: Pourquoi faut-il attendre l'événement pour que nos athlètes arrivent à l'événement sans jamais avoir pu avoir le centre d'entraînement? Si on se donne un centre d'entraînement qui puisse servir à recevoir des événements, ils sont encore plus performants, on peut y tenir des compétitions, je dirais, d'ordre un peu moins grand, attirer plus de monde, il y a du monde qui regarde ça, qui s'inscrivent dans des clubs et là, ils disent aux municipalités, aux commissions scolaires, je peux-tu en faire à quelque part et c'est comme ça qu'on développe une culture sportive par une approche intégrée.
M. Tremblay (Félix): Est-ce que ça s'adresse à l'élite ou est-ce que ça s'adresse à la base sportive?
M. Fournier: Ça s'adresse à la pyramide sportive. Donc, évidemment, ça s'adresse, d'une part, à la population, comme je le disais dans l'allocution, la population en général. J'ai avec moi un gilet de soccer, on avait demandé la Fédération de soccer, parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de besoins, on en entendait de la part des ville puis tout ça, mais on a demandé à la fédération faites-nous donc un relevé, c'est quoi la situation? Ils nous ont fait un relevé, c'est 600 terrains de soccer qui manquent au Québec, 600. Et là, je n'entrerai pas dans la catégorie naturel extérieur, artificiel extérieur, artificiel intérieur. Là, on en a pour tous les genres, tous les goûts et pas au même prix. Mais ça c'est beaucoup pour la population en général, c'est pour nos jeunes qui bougent parce que, dans la situation actuelle, il ne faut oublier - tout n'est jamais ni noir ni blanc, il y a un peu de gris - il y a beaucoup de nos jeunes qui ne bougent pas, ne bougent pas assez.
Mais, il y a aussi des jeunes qui bougent et il faut leur donner les moyens de continuer de bouger donc il faut répondre à ça, la population en général, jeunes et moins jeunes. C'est couvert par... ce programme-là va permettre de le faire mais va permettre aussi de répondre à besoins de centres d'entraînement. Je donne exemple. La rampe d'eau qui a été, ici, bâtie à Québec, que nous avons lancée en 2003... autorisé le financement, en 2003, de la rampe d'eau, évidemment, il y a même l'équipe du Japon qui vient s'entraîner à la rampe d'eau c'est pour vous dire combien on a l'élite internationale qui vient mais elle est aussi accessible à la population en général. Donc, il est possible de développer des plages horaires pour ce genre de partage entre la masse et l'élite et de voir tous les jeunes, vous savez, qui viennent dans un site où il y a déjà des athlètes de pointe, des Le Guellec et Dominique qui rencontrent en faisant des... ça les incite, ça leur donne le goût d'aller plus loin, il y a même des parents qui sont incités par ça puis qui veulent l'essayer aussi. Alors, c'est ça l'approche intégrée, dans le fond.
M. Nadeau (Rémi): La part du fédéral, vous comptez donc sur le renouvellement du programme des infrastructures. C'est où présentement?
M. Fournier: C'est un peu plus compliqué que ça parce qu'avec le fédéral le programme d'infrastructure sportif du fédéral, ils n'existe que pour les très grands événements. Donc, il va s'impliquer à FINA, à Montréal, l'année passée, ou les Jeux olympiques. O.K.? Encore une fois, je vous ramène mon problème que je voyais toujours, pourquoi attendre les grands événements? Pourquoi ne pas se donner des centres d'entraînement? Pourquoi ne pas se donner des infrastructures pour tout le monde? Parce qu'à partir du moment où vous avez un athlète qui performe... je vais prendre un exemple, le patinage longue piste. À partir du moment où on a un athlète qui performe en longue...
Je vais prendre un exemple: le patinage longue piste. À partir du moment où on a un athlète qui performe en longue piste à Québec, ici, à Québec, puis qu'on voit ça à la télévision, le monde à Valleyfield puis à Gaspé, autour de chez eux, peuvent-u en faire? Ils peuvent faire du courte piste peut-être, mais la longue piste, peut-être pas. Donc, il faut prévoir qu'il y en ait un peu partout. Donc, c'est tout ça qu'il faut envisager.
Le fédéral ne fait que les grands événements. Depuis trois ans que j'occupe la fonction que j'occupe, à chaque année on a ces rencontres provinciales-territoriales auxquelles le fédéral se joint, et éventuellement, à la dernière journée de la réunion, puis on dit: Vous devez revoir votre programme d'infrastructures. Le sport, ce n'est pas juste les grands événements. Le sport, ça commence pour tout le monde: on y découvre des gens qui ont du talent, on les entraîne, ils nous représentent à l'étranger, on les reçoit ici, les étrangers, pour qu'ils voient les atouts et qu'ils donnent le goût à nos jeunes d'aller encore plus loin; c'est tout ça, le sport.
Finalement, j'étais très heureux au mois d'août dernier, le fédéral a dit: On va étudier des paramètres pour qu'on puisse faire ça ensemble; et, honnêtement, ça a beaucoup avancé: en juin prochain, on s'attend à ce que nous nous entendions sur les paramètres d'un nouveau programme. Évidemment, le ministre fédéral me dit: Il va falloir que je trouve l'argent; puis, moi, je lui ai dit: Bien, on va t'aider. D'ailleurs, nous, au Québec, en ce moment, on est assez bien placés pour l'aider parce que, les autres années, on disait: Il faudrait que tu nous trouves l'argent pour ça; puis il disait: Puis toi? Mais là, nous, on est capables de lui dire: Bien, nous, on est prêts. Nous, on est là; nous, on va de l'avant. Maintenant, vous, qu'est-ce que vous allez faire pour le sport? Parce que le sport, c'est aussi et beaucoup la qualité de vie de nos concitoyens, c'est des aspects de prévention et de santé. Alors, il y a donc tout là un volet dans lequel il devrait nous aider à avoir une population encore plus en santé.
Mme Thibeault (Josée): M. Fournier, sur quels critères on va se baser pour choisir tel ou tel programme, quand on a déjà 600 terrains de soccer en demande et, j'imagine, des piscines, des pistes, toutes sortes de choses comme ça?
M. Fournier: Écoutez, comme vous le savez, les demandes sont excessivement grandes. D'abord, commençons par dire ceci, puis ce ne sera pas une absolue, là, mais, dans la mesure du possible, on veut que la planification... tantôt, je vous parlais d'une planification d'événements sur les 20, 25 prochaines années; cette planification-là est à bâtir, évidemment.
Et ça rejoint un peu comment le fédéral fait son approche présentement, hein? Il a établi sur une période de temps assez longue les types d'activités des grands événements qu'il est prêt à appuyer. Ça va changer complètement l'approche, hein? En ce moment, il y a des démarcheurs qui vont chercher des événements, ils viennent voir le gouvernement après, puis ils disent: J'ai gagné ma candidature; maintenant, tu paies. Et là sans aucune planification.
Alors, nous, ce qu'on fait, c'est une planification à long terme. On met les événements là-dedans, et là on se dit: Bien, si on est pour aller chercher ces événements-là, il faudrait déjà qu'on pense, dans l'ensemble des demandes que nous avons - puis même si les formulaires ne sont pas prêts, on en a déjà - s'assurer qu'elles vont pouvoir s'inscrire dans la même direction que cette planification des grands événements. Voilà d'ailleurs déjà un guide. Pour le reste, bien, évidemment, ce ne sera pas un absolu, mais, pour le reste, on va tenter de répondre aux besoins, notamment dans les différentes régions du Québec, pour qu'il y ait des possibilités de bénéficier de l'effet des athlètes.
Lorsqu'on met l'emphase, puis nous on a commencé avec Équipe Québec, parce qu'en mettant l'emphase sur les athlètes on montre le sport et le plaisir du sport. Mais ce n'est pas juste pour ça, c'est parce qu'on sait que tout de suite après que l'événement se tient, il y a des jeunes qui s'inscrivent dans des clubs. Alors, il faut être capables de se donner les moyens pour les recevoir ces clubs-là pour qu'il y ait des endroits pour qu'ils puissent le faire. Donc, dans les régions du Québec, ça va être aussi un guide qui va nous permettre de dire: Bon, bien, là, il faut répondre à telle ou telle demande.
Mme Thibeault (Josée): En fait, est-ce que vous n'allez pas risquer de privilégier la quantité au lieu de la qualité? Quand on sait que faire un terrain de soccer c'est beaucoup moins cher que de construire une piscine semi-olympique.
M. Fournier: Écoutez, on va essayer d'être... comme vous le voyez, la pyramide va nous guider, il va falloir qu'on se fasse des équipements populationnels de base, pas simplement des terrains de soccer. Évidemment, la demande est très, très grande là, et on va en faire c'est évident, mais il y a plusieurs secteurs au niveau de la base qui a un intérêt très marqué, les piscines en est un là, notamment, et il y en a d'autres. J'ai certains faibles, mais ce n'est pas mes faibles qui vont guider.
Il faut répondre aux besoins qui sont sur le terrain les plus diversifiés possible, et diversifiés dans le style ou dans le type d'infrastructure et dans l'endroit où ils vont se retrouver. Pourquoi je dis diversifié? C'est parce qu'il y a une chose à laquelle je crois profondément. Et M. Le Guellec vient de vous parler tantôt, et il vous a dit, lui, il a commencé, il a fait du judo, je ne sais pas quels étaient les autres sports qu'il avait identifiés, la natation, il en a fait plusieurs. Il a magasiné son sport, puis il est tombé sur un qui est devenu son sport de prédilection, et il est devenu évidemment, pour nous, un représentant à l'extérieur, mais il est devenu, pour nos gens et la population, un représentant à l'intérieur, qui disent: Bien, moi aussi je voudrais faire ça. Alors, il faut pouvoir offrir cette diversité pour que les gens magasinent leur sport.
Nicolas Fontaine - je m'excuse toujours de raconter cette anecdote - a déjà raconté dans une entrevue qu'il n'était peut-être pas trop performant en éducation physique. Il est champion du monde en ski acrobatique. Comment ça se fait? Bien, lui, il cherchait plus une activité en solo, et les activités en groupe c'était moins ça, il a magasiné son sport.
Bien, il y a plein de nos concitoyens qui peut-être n'ont pas encore trouvé l'activité physique qui va les rendre heureux, qui va rendre le sport et bouger accessible pour eux. Il faut, si on veut amener les gens à redécouvrir le plaisir de bouger, il faut leur donner les opportunités qui correspondent à ça. Alors, c'est cette idée de diversité et de pyramide, donc, du sport qui va guider l'attribution des infrastructures.
M. Nadeau (Rémi): Est-ce que Vasy est devenu joueur autonome? Il n'est pas ici. D'habitude, il vous accompagnait dans vos conférences sur le sport.
M. Fournier: Vasy est une des mascottes les plus en demande, c'est assez surprenant, mais il est en tournée constante. Et je ne sais pas, personne a pensé de l'inviter aujourd'hui, peut-être qu'on aurait pu le mettre sur un des appareils. Mais il est très en demande, et, soit dit en passant, on m'a raconté que... il existe toujours, et les vérifications ont été faites, il livre la marchandise. Les gens veulent qu'il soit là parce qu'il signifie les saines habitudes de vie. Les gens ont décodé que Vasy, ça voulait dire: Mangeons bien, bougeons, c'est juste bon pour nous. Et puis, dans le fond, c'est probablement une des mascottes les plus significatives du Québec, et je le dis en badinant un peu, j'en suis obligatoirement le père spirituel, et je ne renie pas mon fils.
Mme Rich (Kristy): Mr. Fournier, can you talk a bit about the connection between the need to improve the infrastructure and this committee that you've created to study the possibility of big events?
M. Fournier: Well, in fact, the conclusion of the committee was the fact that it is important to have a good «planification» for those events. But, if you want to have events, of course you will have to have places to have these events, you will need infrastructure for that. And when you think about that, you go to the conclusion that, if you have to have athletes at an event, they've got to prepare themselves. They need a place to prepare, they need infrastructure to do that. If you have an event, do you have an event just for having the event or for the meaning of the event for the population? When you had FINA, last year, and when you have Despatie or others making their sports, the effect on the youngsters is to inscribe themselves in clubs.
So, the reason why there's an event is not just because you're happy because you've got tourism in your place. For a Sports Minister, the main effect of that event is the impact on our population to move more. So, for that, you need to have infrastructure to prepare for the events and to receive the population, who will be moved by what they have seen, and they will wish for themselves to be in action. So, the event is, I would say, a «pivot» - I don't know how to... Pivot? - another starting point, it's a middle point, if I can say that, because it's... before going to the event, you need places, you need many people doing a sport, and from that number having some who are the elite, and they need to have a training center very good. You go to the event, and because the population sees that event, because of the media who talk about that, you've got new people going in the clubs, and moving by themselves, and probably preparing themselves for another event.
So, events are important in the, I would say, the run, on the long run of having our population moving more, and, for a Sports Minister, that's my mandate. When I arrived in my position, I said: What I've got to do? Well, the tendency of «sédentarité» has to be change. We will not do that in just one day, but we've got to take action going in that direction. That is what we begun with Équipe Québec in 2003; our campaign «des saines habitudes de vie»; the «Journée nationale du sport, activité physique»; two hours of «éducation physique» in schools and now that program.
Mme Rich (Kristy): ...but you mentioned an incredible number of soccer fields that are needed.
M. Fournier: 600.
Mme Rich (Kristy): But, over all, what else is needed, here, in Québec? It is an astonishing number.
M. Fournier: We know about the soccer field because we've asked the federation to talk to us about that because the demands were coming from everywhere. But, pools, arenas, you've got velodrome, you've got «gymnases», «pistes d'athétisme». Think about where a sport is practice and you will see that a need is there. We were waiting for 30 years. In fact, the story of that fund that we've got today is that, since the last Olympics, we are waiting for money to have infrastructures, that's what I was saying. That is the first heritage since the last Olympics.
Mme Rich (Kristy): Then, you've explained also the connection you've made by putting money from the tobacco taxes into this fund.
M. Fournier: Yes. What's the question?
Mme Rich (Kristy): I mean, you're taking money from smokers and putting it into...
M. Fournier: Well, the smokers were paying for the Stadium and, now, the Stadium is almost paid. So, the question is and was, some journalists asked us, «How are we going to take the tax down for the tobacco tax? » The answer is no. And we will use a part of it, $30 millions a year. It was around $80 millions, I think, for the payment for the Stadium each year, so $30 millions will be taken for that infrastructure fund and the fund for the events. Merci beaucoup.
(Fin à 16 h 2)