Conférence de presse de M. Daniel Johnson, chef de l'opposition officielle, et de M. Russell Williams, député de Nelligan
Dossier des victimes du sang contaminé
Version finale
Le mercredi 29 avril 1998, 11 h 02
Salle Evelyn-Dumas (1.30),
édifice Pamphile-Le May
(Onze heures deux minutes)
M. Johnson: Alors, mesdames et messieurs, dans le dossier des victimes du sang contaminé et de ses produits dérivés, je vous rappelle qu'en décembre dernier, l'opposition officielle – c'est moi qui avais présenté la motion – avait exhorté les gouvernements à regarder de façon très, très attentive un programme d'indemnisation qui s'appliquerait à toutes les victimes.
On a vu depuis une entente qui lie les ministères de la Santé de toutes les provinces canadiennes de même que le gouvernement canadien, qui a fait des oubliés très, très nombreux qui vivent aussi, ces victimes, des conséquences de transfusions sanguines, pour une raison ou pour une autre, qui ont laissé des séquelles extrêmement sérieuses dans beaucoup de cas; dans d'autres cas, non. Alors, il y a toute une gamme de symptômes, une gamme de maladies, une gamme, je dirais, de détérioration de la qualité de vie de dizaine de milliers de nos concitoyens, lorsqu'on envisage toutes leurs familles, leurs proches qui attendaient depuis des mois, pour ne pas dire des années, l'exercice d'un sens de responsabilité, d'un sens éthique développé de tous les niveaux de gouvernement.
Nous avons, à la défense de ces victimes, exprimé nous-mêmes, depuis quelque temps, notre déception, d'une part, notre impatience aussi devant l'immobilisme des gouvernements à l'endroit des victimes oubliées des programmes d'indemnisation qui ont été mis sur pied. Ce matin, je voulais ici réitérer l'engagement de l'opposition officielle, ici à l'Assemblée nationale, engagement que nous avons exprimé en décembre dernier, que j'ai réitéré en mars lors d'une période de questions, que j'ai réitéré hier encore face au premier ministre quant à des gestes additionnels qui doivent être posés par tous les niveaux de gouvernement, indépendamment des résultats du vote à la Chambre des communes hier; ce n'est pas une raison pour abandonner le dossier, à mon sens.
Je voudrais donc demander tout de suite à Russell Williams, notre collègue de Nelligan, qui est responsable de ce dossier, de prendre la parole quelques instants, de vous présenter les gens qui nous accompagnent et qui aimeraient eux aussi témoigner de leur expérience, qu'il s'agisse, en l'occurrence, de victimes d'avant 1986 comme d'après la date limite qui a été fixée en 1990.
M. Williams: Merci beaucoup, M. Johnson, et merci beaucoup pour votre appui dans ce dossier du sang contaminé, des victimes du sang contaminé. Avant de dire quelques mots, je voudrais présenter les autres membres du panel ce matin. Il y a M. Pierre Desmarais, à la gauche de M. Johnson, qui est le directeur de la Société d'hémophilie de Québec; à sa gauche, il y a Sylvie Surprenant, une victime qui va témoigner un peu plus tard; à ma droite, Rodolphe Proulx, aussi une victime du sang contaminé après le 30 juin 1990. Dans la salle, nous avons aussi Éric Leroux(?) et David Page qui sont impliqués dans la Société québécoise.
Je suis tellement déçu que nous n'ayons pas avancé le dossier partout au Canada plus que nous avons vu jusqu'à maintenant. Mais ce n'est pas une raison, comme M. Johnson a déjà dit, ce n'est pas une raison pour abandonner les victimes. Maintenant, nous aurons besoin de recommencer la bataille, le débat, ici au Québec. Parce que, selon moi, rien n'empêche le Québec d'aller plus loin que le reste des provinces et Ottawa. S'il veut jouer un rôle de leadership, il peut prononcer aujourd'hui qu'il est prêt à offrir un programme d'indemnisation pour toutes les victimes et d'ici ce temps-là il peut prendre le leadership, il peut être le chef de file et encourager les autres provinces et le gouvernement fédéral à aller plus loin. Je n'accepterai pas que cette déclaration soit basée sur un surplus ou non. On discute un programme de compensation, d'indemnisation pour toutes les victimes. On ne peut pas se cacher derrière les chiffres ni les avis juridiques. Il me semble qu'on doit maintenant fermer le chapitre sur une tragédie pancanadienne. Et je suis tellement déçu que Québec ait manqué le leadership que nous avons donné le 2 décembre avec la motion de M. Johnson qui a été votée unanimement à l'Assemblée nationale.
C'est pourquoi je demande que M. Rochon annonce aujourd'hui, avec une déclaration ministérielle, qu'il est prêt à offrir un programme d'indemnisation pour toutes les victimes. Je pense que c'est la seule façon qu'il peut regagner un petit morceau de crédibilité. Je trouve ça inacceptable qu'il se soit caché en arrière de tous les autres. Le gouvernement a même décidé de créer sa propre agence sanguine. Il dépense de l'argent avec cette agence. Avec ça, c'est une question de jugement. C'est une question de politique, ils ont décidé de ne pas indemniser toutes les victimes. C'est pourquoi je pense maintenant qu'on doit certainement avoir un gouvernement, ici au Québec, qui reprend le leadership et prononce aujourd'hui qu'il offre un programme pour toutes les victimes.
Pour les autres dossiers, souvent, on discute de partenariat, on partage les frais. Mais, pour ce cas-là, M. Bouchard a décidé que c'est sur le dos d'Ottawa. Je n'accepte pas ça. C'est la responsabilité de tous les gouvernements. Et c'est ça, aujourd'hui, comme Québécois, que je demande: que le gouvernement prenne le leadership et respecte sa parole parce que nous avons eu un vote unanime à l'Assemblée nationale, qu'il respecte sa parole et se prononce aujourd'hui pour un programme d'indemnisation pour toutes les victimes. Rien n'empêche le gouvernement du Québec d'aller plus loin.
Merci beaucoup et je pense que ça va être la chose la plus importante pour vous comme représentants du milieu d'écouter ceux et celles qui sont directement touchés par cette maladie et je passe la parole à M. Pierre Desmarais.
M. Desmarais (Pierre): Merci, M. Williams. La Société canadienne d'hémophilie section Québec a décidé de faire une conférence de presse avec M. Johnson et M. Williams aujourd'hui parce que nous avons les mêmes positions donc, effectivement, d'indemniser toutes les victimes du sang contaminé. M. Rock et M. Rochon ont décidé de n'indemniser que les personnes entre 1986 et 1990 parce que, au Canada, la Société canadienne de la Croix-Rouge n'a pas utilisé des tests alternatifs. Ils ont respecté, ils ont entendu que c'était leur responsabilité pour ces années-là, pour cette erreur-là.
Par contre, M. Krever a dénombré dans les années soixante-dix et début des années quatre-vingt de nombreuses séries d'erreurs, dont l'utilisation de produits sanguins venant des prisons, dont manque de notification des médecins et des donneurs lorsqu'on pensait qu'un donneur était à risque pour le receveur. Donc, finalement, c'est pour ça que M. Krever en a fait sa première recommandation parce qu'il a vu cette série de dommages-là qui a été fait. C'est pour ça qu'on demande que toutes les victimes, finalement, soient indemnisées.
Le gouvernement a pour but, finalement, de protéger tous ses concitoyens et ce n'est pas du tout ce qui a été fait en fonction de cette contamination de toutes les victimes du sang contaminé. On a aussi une argumentation de M. Rochon qui dit: Écoutez, si on indemnise les gens avant 1986, c'est comme indemniser tout le monde qui ont eu des mauvais traitements dans les hôpitaux. Et pourtant, la population voit, dans le fond, un discernement très bien entre si on prend l'indemnisation qu'on a vue hier, c'est entre 1979 et 1990, il n'y a pas eu une ruée vers des demandes de compensation, loin de là. Les gens ont bien fait. Écoutez, c'est un gros scandale qui s'est déroulé dans le système sanguin. Bon, ça pourrait aussi être la même chose, finalement, pour ce qui est de l'hépatite C.
Donc, on va définitivement continuer à accentuer les pressions auprès du gouvernement du Québec. Il y en a énormément et j'applaudis les députés de l'opposition à Ottawa qui continuent de faire des pressions. Maintenant, c'est ici au Québec pour lequel on va continuer les pressions auprès du Parti québécois. Je vais passer la parole à Sylvie.
Mme Surprenant (Sylvie): D'accord. Comme on le disait un petit peu tout à l'heure, comme M. Russell l'a dit, moi, j'ai été infectée un mois et demi avant la date des compensations, des indemnisations qui sont offertes. Est-ce qu'on peut penser que, moi, un mois et demi et monsieur, quelques mois après les dates aussi, comment peut-on penser qu'un gouvernement peut dire: Toi, tu es intéressante, toi, tu es une personne qu'on va aider et de l'autre côté, toi, tu ne l'es pas? Pourtant, quand on a eu une inondation ou le verglas, tout le monde l'a été. Ce n'était pas un côté de la rue qui était indemnisé et l'autre côté ne l'était pas parce que lui, pour les inondations, était plus proche de la rivière et l'autre ne l'était pas. Tout le monde était pris dans les inondations, dans le verglas ou dans toute autre catastrophe. À mon avis, le sang est une catastrophe peut-être encore un peu plus grosse qu'une inondation. C'est triste, une inondation, on perd la maison, on perd des meubles mais, nous autres, on perd notre vie, en attendant, et on n'a pas de médicaments, on n'a rien.
C'est certain que, par rapport à l'hépatite, 80 % des gens n'auront pas ou peu de symptômes. Mais les gens qui ont des symptômes, le 20 %, c'est assez pénible à vivre. À 40 ans, je me retrouve un peu comme une dame de 75 ans peut-être. Je n'ai plus d'énergie. Je dors et je dors. Je ne mange plus. De toute façon, on peut le voir un peu par ma grosseur. Je ne suis pas friande de nourriture parce que ça n'entre plus. J'ai des maux de coeur qui m'empêchent de manger. Donc, je me demande à quoi se résume ma vie. Si je regarde d'après les statistiques médicales, je m'en vais vers une cirrhose du foie. Ça ne m'intéresse pas non plus. Je n'aurais jamais voulu avoir ça. De toute façon, je ne bois à peu près pas. Donc, je n'ai jamais été une candidate pour les maladies du foie. Mais, maintenant, je me retrouve avec un avenir très hypothéqué.
Ça fait depuis 1992 que je ne peux plus travailler. J'ai perdu mes assurances et je me retrouve maintenant heureuse prestataire de l'aide sociale. Donc, je ne comprends pas comment ça se fait qu'un système sanguin ou un système hospitalier puisse décider que telle personne ou telle autre personne ne vaut plus la peine et on la met au rancart immédiatement, comme un vieux cheval. Je ne peux pas le comprendre et je ne l'accepterai jamais. Et je n'accepterai jamais non plus qu'on fasse, selon les propos qu'on entendait en Chambre des communes. On veut nous faire passer le blâme en disant: Si on indemnise tout le monde, les gens, M. et Mme Tout-le-Monde vont manquer de soins dans les hôpitaux parce qu'on n'aura pas d'argent. Je trouve que c'est très dégueulasse, c'est très bas de nous faire porter aussi une chose comme ça. Ce n'est pas notre faute. On n'a jamais demandé à recevoir des transfusions sanguines. On n'avait pas le choix. On les a reçues.
Moi, en étant hémophile, je ne pouvais pas dire, dans ce temps-là: Oui, je la veux ou non, je ne la veux pas. Je n'avais pas le choix. Donc, je ne comprends pas pourquoi le gouvernement, lui, peut avoir le choix de dire: Toi, on te met au rancart ou on ne te met pas au rancart. Et si on indemnise tout le monde, c'est dommage, c'est les gens en général, la population en général qui va manquer de soins. Je m'excuse. J'ai le dos large, mais de là à prendre les problèmes qu'il y a dans les hôpitaux présentement, je me rends compte que tout le monde est quand même parqué dans une salle d'urgence.
Et aussi, quand on dit que les provinces vont nous donner les services médicaux gratuits, en tout cas, à aller jusqu'à maintenant, je les ai encore puis je pense bien que demain, je vais les avoir. J'espère bien. À moins que... Peut-être que les services d'indemnisation voudraient dire qu'on nous enverrait dans des hôpitaux privés. Peut-être. Ça serait peut-être un avantage, on va attendre un peu moins longtemps parqué.
Mais je trouve injustifiable et insensé de nous faire porter un lot comme ça. J'ai déjà assez de ma maladie. Je ne prendrai pas les problèmes qui ne vont pas avec. Merci.
M. Williams: Merci. M. Proulx. M. Proulx (Rodolphe): Moi, en octobre 1994, j'ai contracté l'hépatite C, mais je l'ai su six ans et demi après, parce qu'ils ont omis de me le dire.
C'est suite à un accident de travail. Je suis rentré, ils m'ont fait des greffes puis ils m'ont fait des transfusions le 8 octobre. Puis après ça, j'ai contracté l'hépatite B et la C. Mes anticorps ont combattu la B, mais je suis resté avec la C. Puis là, je suis suivi par un spécialiste à tous les trois mois pour vérifier si les ALT de mon foie ne changent pas.
Puis ça, ça a changé toute ma vie. Aujourd'hui, j'ai cinq petits-enfants. Si je veux les prendre, il faut que je regarde si je ne saigne pas pour ne pas les contaminer. Ce n'est pas une vie.
Puis ce n'est pas une question d'argent. C'est une question d'une responsabilité du gouvernement. C'est tout, pour moi.
M. Williams: Merci beaucoup, M. Proulx, M. Desmarais et Mme Surprenant.
C'est clair. Dans mon opinion, les chiffres qui ont été publiés sont inexacts. Nous avons toujours parlé d'un programme d'indemnisation selon la maladie. Et vous avez compris aujourd'hui ce n'est pas chaque victime qui est touchée aujourd'hui.
Avec ça, ce n'est pas le même type de programme d'indemnisation qu'on cherche comme c'était offert pour les programmes du sida. C'est une autre affaire. C'est pourquoi je pense qu'on doit réétudier le dossier. Ce n'est pas toutes les victimes qui doivent avoir le programme au moment où on se parle. Je pense que c'est important de souligner ça.
L'autre chose que je pense qu'il est important de mentionner, c'est que M. Rochon, malgré la motion unanime, unanime de l'Assemblée nationale, n'a pas joué son rôle avec les autres provinces. Et maintenant, on demande qu'il se prononce aujourd'hui que nous allons donner un programme de compensation pour toutes les victimes.
Et pas avec des dates artificielles. Je trouve ça complètement inhumain que le Québec ait décidé d'avoir une date, le 1er janvier 1986, et une autre date le 30 juin, minuit, 1990. Mais ils ont les victimes avant, pendant, certainement, et après.
C'est pourquoi nous allons déposer aujourd'hui une motion à l'Assemblée nationale, une motion sans préavis – mais avec vous, une motion avec avis – parce qu'on doit aujourd'hui, particulièrement avec l'impatience et le temps qui a passé depuis le début de ce débat, on doit aujourd'hui prononcer que le Québec est favorable à une compensation à 100 % pour toutes les victimes. M. Johnson, voulez-vous terminer?
M. Johnson: Simplement, en terminant, avant la période de questions, le cas échéant, vous avez vu par les témoignages, il n'y a personne ici qui demande une rente déraisonnable à vie à partir de tout de suite, ce n'est pas ça qui est en cause.
Les victimes, qu'il s'agisse de Mme Surprenant ou de M. Proulx, c'est de retrouver cette qualité de vie que ces hommes et ces femmes avaient avant que cet accident, qui est devenu une tragédie, ne les touche, c'est ça qui est en cause.
Madame était une travailleuse dans le domaine de la santé, son état physique ne lui permet plus de travailler, ne lui permet plus de bénéficier de programmes de soutien de revenus normaux lorsqu'on est dans une entreprise et qu'on souscrit à une police d'assurance, etc., que l'employeur le fait, tout ça est disparu.
Personne ici ne demande de gagner le gros lot de la loto tout d'un coup, ce n'est pas ça qui est en cause. C'est qu'on reconnaisse quels sont les besoins individuels de ces victimes, c'est qu'on s'assure que le gouvernement manifeste toute sa compréhension devant cette situation-là et accompagne cette compréhension, cette sensibilité, de programmes d'indemnisation qui permettent de retrouver la qualité de vie qui a été perdue en raison de ce qui est maintenant une maladie dont nos concitoyens et concitoyennes souffrent dans de trop nombreux cas, c'est ça qui est en cause.
Et je fais appel à M. Bouchard pour qu'il cesse de se faire l'avocat du Conseil du trésor. Je n'ai jamais vu une transformation comme celle-là, d'une ouverture que le premier ministre a manifestée en décembre dernier – comme tout le monde, tout à fait normale, naturelle – s'est transformée tout d'un coup en une espèce de plaidoyer incessant sur la comptabilité des finances publiques.
Personne ne s'imagine un instant, d'une part, que ce programme va mettre qui que ce soit en faillite au niveau des organismes publics et, deuxièmement, est-ce qu'on fait valoir du côté de M. Bouchard – et c'est ça, moi, qui m'enrage le plus – c'est cette prétention que ça ouvre un champ infini de réclamations, de demandes d'indemnisation de 30 000 000 de citoyens canadiens à l'endroit de leur gouvernement pour un manque quelconque à rencontrer une obligation de résultats dans la prestation d'un service public.
C'est une phrase bureaucratique, là, mais ça veut dire que M. Bouchard dit: Oui, mais, comme gouvernement, on rend des services à nos concitoyens, puis d'un coup qu'il y en a qui ne sont pas contents de la qualité du service ou qu'il y a un effet incident, enfin inconnu, imprévisible; ils vont nous poursuivre. Imaginez-vous, si le monde commence à faire ça, dans les services publics mur à mur.
Ce n'est pas ça. Ce n'est pas de cela qu'on parle, là. Moi, je parle de quelque chose qui est incomparable, sans comparaison possible. Celui du don de vie, transfusion de sang qui, même à l'égard des autres procédures, je dirais médicales, chirurgicales, médicamenteuses ou quoi que ce soit, il n'y a pas d'équivalent, ça n'a pas d'équivalent. C'est un cas qui se tient seul.
Et si on ne veut pas faire du juridisme puis du légalisme avec ça, qu'on fasse appel au sens éthique, au sens responsabilité humaine que les gouvernements doivent avoir à l'endroit de tous les citoyens. C'est à cet égard-là qu'on fait appel à tous les gouvernements et qu'on demande au gouvernement du Québec de reprendre un bâton de pèlerin, de faire preuve du leadership dont il a fait preuve – il a fallu le pousser un peu, là. En décembre dernier, il a fait preuve de leadership dans ce dossier-là. Qu'il recommence. Ce n'est pas parce que ça a fini comme ça pour le moment qu'il faut dire que c'est fini pour tout le temps. Alors, qu'il s'en occupe.
Mme Gagnon (Katia): M. Johnson, comment vous qualifiez l'attitude de M. Chrétien dans ce dossier?
M. Johnson: Bien, de la même façon. Tous les gouvernements, actuellement, se sont entendus, les 10 provinces et le gouvernement fédéral, qu'il s'agisse de M. Rock, qu'il s'agisse du cabinet fédéral, qu'il s'agisse du cabinet albertain, qu'il s'agisse du cabinet de la Nouvelle-Écosse. Ils ont comme décidé qu'il y avait un gros, gros problème juridique éventuel à permettre une indemnisation dans un cas comme celui-ci, que ça donnerait ouverture à une pléthore, à une ruée de gens qui disent: Bien, moi aussi, je vais prendre mon billet, là, ça a l'air qu'on peut être indemnisés.
Ce n'est pas ça. Moi, je suis profondément convaincu que ça ne crée pas un précédent de reconnaître la situation tout à fait spécifique des victimes du sang contaminé par rapport aux autres aléas de la vie en société, que ça soit pour des raisons de technologie moins bien connue, des médicaments qui ont des effets secondaires tout à fait imprévisibles. Ça, c'est tout un autre champ, là, de responsabilité, le cas échéant, ou de la vie en société, des risques inhérents évidemment à la pratique, que ça soit de la médecine ou d'autres responsabilités.
Mais, là, on parle de victimes de sang contaminé. Moi, là, ça fait 30 ans que je donne du sang et en bonne santé, j'ai la satisfaction de savoir que le don de vie a servi à des gens à droite et à gauche, depuis 30 ans, ceux que j'ai faits puis que des millions d'autres Canadiens ont faits. Il y a eu des manques dans quelque chose qui est absolument exceptionnel, on demande juste au gouvernement de se rendre compte que c'est une situation exceptionnelle. C'est à M. Bouchard et au gouvernement du Québec de le faire valoir et de demander à leurs homologues – c'est là que ça commence – de regarder ça à nouveau, d'envisager un partage financier qui ne mettra personne en faillite. Ce n'est pas parce que, je dirais, la transaction qui a eu lieu entre les gouvernements est ce qu'elle est aujourd'hui qu'il faut nécessairement que ça reste comme ça, hein, que, tout d'un coup, là, c'est fini, on n'en parlera plus. Il en a oublié un gros morceau.
M. Brunet (Claude): Donc, M. Johnson, si je comprends bien, vous condamnez la politique de Jean Chrétien, comme vous le faites aujourd'hui, à l'égard de Lucien Bouchard?
M. Johnson: Moi, je souligne que tous les gouvernements, tous les ministres de la Santé, quand ils se sont réunis, ont mis sur pied un programme qui a fait des oubliés; il y a des grands oubliés, ils sont nombreux. Ils ne sont pas tous malades, ils ne vivent pas tous les symptômes de la maladie aujourd'hui, mais ils ont tous le risque de vivre tout ce que ça signifie. Alors, l'ensemble des gouvernements doit répondre adéquatement à ces demandes-là, qu'il s'agisse du gouvernement du Québec, d'Alberta, Nouvelle-Écosse, je le répète, le gouvernement fédéral aussi, tout le monde; on n'est pas ici pour casser du sucre sur le dos de personne. Moi, je suis à l'Assemblée nationale, chef de l'opposition, puis je dis au premier ministre puis au gouvernement du Québec: Recommencez, ouvrez le dossier encore, ça vaut la peine puis, plus que ça, c'est essentiel. C'est ça que je leur demande.
M. Plante (Bernard): Est-ce que le vote, hier, aux Communes, M. Johnson, n'est pas un frein un peu irrémédiable à une indemnisation?
M. Johnson: Ça ne devrait pas, il n'y a pas de raison. On a le droit de changer d'idée, les gens ont le droit de regarder à nouveau les effets réels.
M. Williams: Si je peux ajouter, dans le programme annoncé, le 1 100 000 000 $, 800 000 000 $ vient du fédéral, 300 000 000 $ vient des provinces. Si vous prenez 25 % de ça, c'est 75 000 000 $ qui vient de Québec, 75 000 000 $ de tout ce programme vient du gouvernement du Québec. Il me semble que Québec peut certainement aller plus loin que ça et peut offrir un programme pour toutes les victimes.
Mme Gagnon (Katia): Mais c'est M. Bouchard, hier, qui faisait valoir que le gouvernement fédéral était en bien meilleure posture financière pour assumer des compensations comme ça. Qu'est-ce que vous pensez de cet argument-là?
M. Johnson: Bien, moi, je dirais que, à sa face même, il est possible qu'il y ait une meilleure possibilité, pour un niveau de gouvernement plutôt qu'un autre, de mettre l'argent de côté à cet effet-là. Je pense qu'il est important que les gouvernements de toutes les provinces canadiennes, le gouvernement du Québec dans le cas qui nous concerne, signalent concrètement qu'ils veulent faire quelque chose. On dit, en anglais: Put your money where your mouth is, éventuellement.
Personne ne demande de quadrupler le programme canadien, on dit: Compte tenu des moyens respectifs, une fois que la transaction qui est intervenue est là où elle est, parce qu'on ne peut pas envisager de supplémenter, complémenter ça, et si oui, sur quelle échelle ça va se faire? Puis qui va faire quoi? Pour moi, ce n'est pas écrit, ce n'est pas dans le béton que le ratio doit être ce qu'il est, 800 000 000 $ au fédéral, 300 000 000 $, les provinces. Ça peut être différent.
Si on parle d'un programme complémentaire, à la limite, il faut que tout le monde soit un joueur là-dedans. Il faut que nos concitoyens sentent que tous leurs gouvernements sont en train de tenir compte de la situation que nos concitoyens vivent.
Mme Bertrand (Maxime): M. Johnson où suggérez-vous à M. Rochon de trouver l'argent? Où suggérez-vous au ministre de trouver l'argent pour la compensation?
M. Johnson: Ça, c'est une décision du gouvernement. Moi, je regarde, on a évoqué ici que le gouvernement a mis sur pied Héma- Québec, bon, combien ça a coûté ? Pourquoi? Lorsqu'on lit ce que Mme Décarie a à dire de tout ça, est-ce que c'était nécessaire ? Est-ce que c'était utile? Est-ce que c'était essentiel? Bon. Et on peut prendre là dans les 35 000 000 000 $, ou à peu près, de dépenses du gouvernement du Québec cette année, tout le monde a sa petite liste de ce qu'on pourrait faire pour les victimes de sang contaminé plutôt que de faire autres choses.
Une voix: Quelle somme le gouvernement...
M. Johnson: Alors, vous connaissez la liste qu'on a à l'endroit de M. Rochon. On lui a fait valoir une liste déjà, à l'Assemblée, sur ses programmes de publicité, par exemple, au ministère de la Santé. Tout le monde a sa liste. Ce que je dis, moi, je ne peux pas croire que c'est un effort surhumain et déraisonnable, inconcevable de manifester concrètement avec les autres gouvernements des autres provinces et le gouvernement fédéral. Tout le monde a des moyens différents de dire: On va s'occuper de toutes les victimes. Pas simplement celles que le calendrier nous dicte d'aider, juste ça.
M. Théberge (Sylvain): M. Desmarais, quelle est votre évaluation, vous, du montant que Québec pourrait envisager comme contribution?
M. Desmarais (Pierre): On n'a même pas, en ce moment, le nom de personnes transfusées qui auraient pu avoir l'hépatite C. On parle entre 20 000 et 60 000. Ça peut être des montants très gonflés pour, justement, justifier qu'on n'indemnise pas tout le monde. Là, on voit que pour l'indemnisation de 1986-1990, tout le monde doit être regroupé en recours collectif et représenté par des avocats. Ces frais d'avocats là vont être payés du 1 100 000 000 $ qui est annoncé en ce moment. Je veux dire, on ne sait même pas, de cette compensation-là, combien les victimes, vraiment, vont recevoir d'argent au bout de la ligne.
Mme Gagnon (Katia): Combien ils devraient donner aux victimes s'ils donnaient quelque chose aux victimes d'avant 1986? Combien ça devrait être?
M. Desmarais (Pierre): Bien, encore là, si on évalue à 30 000 multiplié par 20 000 personnes de plus, ça serait un 2 000 000 000 $ de plus pour tout le Canada et toutes les provinces. Mais là, on va vraiment dans la théorie parce qu'on ne sait même pas combien il y a de personnes transfusées. On ne sait même pas combien les gens vont recevoir. Si on pense à 30 000 $ multiplié par 20 000 personnes supplémentaires, c'est pas loin de 2 000 000 000 $.
M. Plante (Bernard): Il s'agit peut-être de l'une de vos dernières conférences de presse à titre de chef de parti, chef parlementaire est-ce que...
M. Johnson: Ça, c'est pas mal sûr.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Plante (Bernard): Est-ce que vous avez l'intention de soutenir cette cause-là après votre retrait de la politique active?
M. Johnson: Ah, écoutez, on anticipe, je pense, moi, je voulais vraiment... C'est bien posé comme question. Il n'était pas question de déborder, mais ça ne déborde pas vraiment.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: Avant de faire de la politique, je me suis impliqué bénévolement dans le domaine de la santé sur des conseils d'administration d'un Institut de cardiologie de conseil régionaux de la santé, comme ça s'appelait autrefois, c'est CRSSSMM en l'occurrence, celui de Montréal. Moi, j'ai toujours considéré, en tout cas, j'ai toujours aimé et souhaité donner de mon temps à moi à des causes comme bénévole puis je ne vois pas que j'arrêterais de le faire.
J'ai été sensibilisé d'une façon tout à fait particulière par cet enjeu-là l'an dernier lorsque ça a commencé à circuler et c'est relativement exceptionnel, je pense, comme chef de l'opposition, d'avoir fait et cause pour cette situation-là, pour les victimes de sang contaminé avec mon collègue qui menait le dossier. Il n'a pas été obligé de me convaincre bien longtemps que je m'implique.
Je regarde ça de proche et je vois vraiment que c'est un problème... on est à la frontière de ce qu'un gouvernement peut faire, de ce qu'un gouvernement doit faire. Et clairement, c'est la frontière entre le juridique, l'administratif, le technocratique, le bureaucratique, d'une part et ce que, comme être humain, quand on exerce le pouvoir, on doit avoir à l'esprit également l'entraide de nos concitoyens. Et là, à mon sens, le pas a été franchi du bureaucratique-technocratique vers l'humain et le côté compassion qu'on doit toujours toujours démontrer à l'endroit de nos concitoyens. Et ça, personne n'est insensible à ça, je crois, qu'on soit en politique ou qu'on ne le soit pas.
Et ce que je déplore, c'est que du côté du gouvernement, on semble devenu insensible à ça pour des raisons technocratiques et bureaucratiques. Une vision un peu trop étroite et compartimentée, je dirais, des choses. Alors, je souhaite au gouvernement qu'il manifeste davantage de sensibilité à tout ça. Moi, je vais continuer à suivre ça de proche, quelles que soient les occupations que j'aurai dans les mois et les années qui viennent.
Une voix: On en prend bonne note.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: Je le dis parce que je le pense.
Mme Thompson (Elizabeth): M. Johnson, on a vu souvent le gouvernement du Québec, quand il y a un programme qui est à travers le Canada, il aime dire: On veut avoir notre partie. On va l'utiliser pour les fins qu'on veut pour avoir notre propre programme.
Pensez-vous qu'il peut faire la même chose dans ce cas-ci et dire au fédéral: Oui, vous avez tel montant d'argent. Donnez-nous notre part. On va mettre notre propre argent puis avoir un programme plus élargi?
M. Johnson: Moi, je vous dis, je ne crois pas au caractère distinct et unique des victimes québécoises du sang contaminé. Les espèces d'êtres humains qui sont des concitoyens d'un pays où il y a un gouvernement fédéral, les gouvernements des 10 provinces qui ont décidé qu'ils se préoccupaient tous ensemble du sort de ces victimes. On l'a fait de cette façon-là jusqu'à ce jour.
Moi, je dis qu'on devrait continuer à le faire pour les oubliés, pour les victimes oubliées. Alors, c'est ma réponse. Ça va?
La Modératrice: Questions en anglais.
M. Grant (John): ...it's possible for Québec to compensate everybody, given the attitude of the federal government and the other provinces without giving itself open to all kinds of other...
M. Johnson: Is it possible? Is it possible? The issue of the question, whether if it is possible for the Québec government?
M. Grant (John): Yes. Financially.
M. Johnson: There again, it depends what the program is, what sort of level of compensation beyond medical care obviously, health care that we are talking about. However I would caution the government and we have discussed this, that what is going to happen in practice, if only one or another two, three, four provinces start putting up this program, who's a Québec resident on a relevant date? We should start looking into how people travel across Canada, where they lived on such and such a date, and so forth. People do move around in this country, which is why it has to be, in my view, a Canada wide program, and while we might supplement whatever Québec residents – you know, we are thinking out loud here – might require. And the government would say: O.K. Out of our own fund, we would like to do a little more for our Québec residents.
What we are looking for here, is a show of leadership by the Québec government on a Canadian scene so that we address the problems of all our fellow citizens who have been neglected and forgotten in a deal as it has been reached recently.
M. Grant (John): So, there is no other way to show that leadership but to put up the money, right?
M. Johnson: Yes. Absolutely! And again, it's a matter of putting some of the money where most of your mouth at least. If the government is intent on doing something. If it is not intent on doing nothing, of course, we will never see the color of that money.
So, what we are asking the government is just to get moving and maybe a lead by example, saying: O.K., you know, we're putting a little more in the credits and just get it going.
M. Williams: John, we don't expect an announcement today of an amount of money but we what we had hoped for today is the Government of Québec state that it's prepared to support a program of full compensation for victims of contaminated blood. They make that statement and make the statement also that they will sit down with their other canadian partners, well, then I think we can have progress that's what we're looking for is that we can revisit this, reopen the file, go back to the drawing board and rethink this dossier because clearly we don't believe it's an acceptable package.
M. Myers (Bruce): The biggest player on this, the federal Government, is saying: The door is absolutely closed we are not going to revisit this, then what good does it do to have the health minister stand up in the House today and say: We're prepared to revisit it ourselves?
M. Williams: Things have a way of changing, politics is politics, many times many governments have said this is completely... in concrete we will not change and on the whole they've changed. So I don't think we should sit on our hands today, that's why we've come together today to say: In Québec the debate continues.
Une voix: He also said in the Chamber that it's a deal with all the ministers of Health so if one minister of Health takes the leadership in saying: Yes we're ready to reopen, then he's probably going to revisit the deal?
M. Johnson: When Governments can't change their minds, we can also change the Government, that's another way of doing...
Mme Thompson (Elizabeth): Just to make sure I understand here if the Federal Government says: No way the package is the package, we're not gonna touch it, should the Québec Government say: O.K. well, we feel that this is the fair thing to do, we'll top up the program and we'll compensate the people who have been forgotten or should he just sit and do nothing and say: Well, we couldn't convince the Federal Government so that's the end of it?
M. Johnson: No, I think I've intimated that if the Québec Government is intended on showing leadership here the best way to do this is surely by example and announce up front that you're willing to do something financially, ultimately, otherwise it's meaningless. So, yes but it's a matter now again we can argue all day on the amount of money but it's gotta start somewhere.
Une voix: How much should they start with?
M. Johnson: Again it's a matter of fact and it's a matter of timing and see who can be brought in but maybe M. Desmarais have another view on this or Russell but...
M. Williams: The first place to start I think would be getting rid of the dates, artificially dates that have been I think determined by lawyers, is that you get rid of artificial deadlines and say: The program, whatever we do will be for all victims, that's the first place. And then after that as in a motion of december 2nd, we didn't pretend to be the experts of what is absolutely workable. We said that that program should be done in negotiations with the various other victim groups, because they have the best answer to that.
But the first gesture that could be is a statement for full compensation for all victims and get rid of artificial irrelevant dates. Then, I think we could have people going back to the drawing board. I believe that there is a lot of people wanting this issue to be revisited by their provincial governments and I think we should start here in Québec because, as of December 2nd, when Mr. Johnson tabled the motion and was voted unanimously, we could have taken a lead throughout this country for the victims of contaminated blood.
Mr. Bouchard and Mr. Rochon lost that lead because they did nothing about it. They hid behind their other partners.
M. Grant (John): The motion itself says that the governments of Québec and Canada examine in the best delays the putting in place a plan but the governments, it seems to me, are saying now, we've examined it and we're not going to do it.
M. Johnson: We are saying: You're wrong, you should examine it the other way, examine it in terms of compensating everybody, not only people who happen to be contaminated from January 1, 1986 to June 30, 1990.
M. Greer (Stuart): Mr. Johnson, Mr. Charest will be taking over probably the leadership of the party tomorrow. You were saying goodbye to some people in the last few days, can you give us an idea of what the last few days are like right now?
M. Johnson: Later. I'll tell you in the last few days.
M. Kennedy (Tom): You said, just a moment ago...
M. Johnson: On the podiatrist(?).
M. Kennedy (Tom): Yes. You said, just a moment ago, that if governments don't change their minds and governments can be changed, which governments are you referring to?
M. Johnson: We're dealing here with the Québec government. This is what we're dealing with here. We're calling on the Bouchard government to do something about it and show leadership. If they fail to do so, the Québec government should do it.
M. Myers (Bruce): ...number of questions. I know that the numbers are still unclear in term of victims. Is there any ballpark figure for the number of pre-1996 victims in Québec, specifically?
M. Desmarais (Pierre): If we're referring to Health Canada numbers, they're talking about 40 000 in total, in Canada. Between 1986 and 1990, we're looking at 20 000 roughly, so we would be looking prior to 1986 and after 1990 to close to 20 000. But we think it's grosly a figure.
M. Myers (Bruce): You think it's over-inflated.
M. Desmarais (Pierre): It's over-inflated, yes. M. Grant (John): So, there are many fewer than that?
M. Desmarais (Pierre): We think it is not that much. We think it is much less and it is a tactic, probably, of the Government to make sure that the public opinion is against the compensation of all these people because it is going to be too much to compensate, anyway.
Mme Thompson (Elizabeth): ...
M. Desmarais (Pierre): I we take 25 %, you are going to have the rough number.
Mme Thompson (Elizabeth): So the problem was not perhaps more widespread in one part of the country than another. It was uniform throughout.
M. Desmarais (Pierre): Not with the blood. Thanks.
(Fin à 11 h 42)