Point de presse de M. Jonathan Valois
Version finale
Le mardi 4 avril 2006, 16 h 49
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Seize heures quarante-neuf minutes)
M. Valois: Alors, bonjour. Bonjour, tout le monde. C'est donc mon tour de réagir sur le discours du trône que nous avons entendu.
Alors, il semble que, pour nous, ce discours du trône là qui de toute façon était très court... Alors, vous comprendrez que j'espère avoir un point de presse qui va être un petit peu plus court que le discours du trône, ne serait-ce que pour ça. Je vous donne là, là, mes désirs; vous ferez bien ce que vous voudrez avec.
Mais, au-delà de ça, c'était un discours très court. Avec ce discours-là, bien c'est certain que, pour ce qui est du positionnement des idées, bien ce n'est pas perdu dans un ensemble de discours à l'intérieur desquels on pourrait se perdre, un peu comme le discours qu'on a eu ici, mais en même temps ça vient avec une série de faiblesses. Et la série de faiblesses, c'est qu'est-ce qu'on a à dire sur ces idées-là.
Alors, en ce sens-là... Regardez, moi, j'ai suivi un discours du trône où est-ce qu'on nous parlé de la place unique du Québec en même temps qu'on nous parlait du Canada uni. Alors, c'est quoi, le partage qu'on doit faire entre ces deux affirmations-là?
Un discours du trône à l'intérieur duquel on nous parlait d'une aide directement aux familles, mais qu'on nous parlait aussi, de l'autre côté, déjà de ce qui existait chez les gouvernements et ce qui se faisait avec les OSBL. Encore une fois, qu'est-ce que ça veut dire pour l'entente sur les services de garde? Le débat reste à faire.
Un discours du trône où est-ce qu'on nous parle de la place à l'UNESCO, pour le Québec, mais qu'on nous parle aussi qu'il est bien de voir le Canada parler d'une seule voix sur la scène internationale. Alors, encore une fois, on en prend, on en donne. Ça reste très, très flou.
C'est bien des fois de mettre des sujets très, très clairement sur la table, mais encore faut-il savoir quelle orientation on va voir venir avec ces sujets-là.
On nous parle et on met le mot «déséquilibre fiscal», mais, d'un autre côté, alors qu'on apprend qu'il y a des milliards et des milliards, une dizaine de milliards de surplus, on ne chiffre pas ce déséquilibre fiscal là puis on ne dit pas non plus comment on va le régler. Alors, en ce sens-là, on reste, il me semble, pour ce qui est des priorités du gouvernement de M. Charest puis même de l'Assemblée nationale, ici, on reste encore très flou.
Mais, en même temps, lorsqu'on parle d'autres thèmes, lorsqu'on a parlé de la gouvernance, de la transparence, on était beaucoup plus précis. On nous parlait du financement des entreprises qu'on allait réduire, sinon annuler, de ce tremplin-là entre le public et le privé qu'on voulait contrôler, de toute cette logique-là du «whistle blowing». Lorsqu'on nous parlait de la lutte envers le crime, on était aussi très précis en termes de nombre de policiers, de peines plus lourdes, d'interventions préventives auprès des jeunes. Lorsqu'on nous parlait même de la santé, lorsqu'on parlait de la sécurité nationale, on nous donnait les idées des cibles où on voulait aller. Alors, sur tous points de vue qui étaient, il me semble, un peu plus canadiens, on était très précis, mais sur les demandes de l'Assemblée nationale et du gouvernement du Québec, il me semble qu'on reste d'un flou artistique monumental à l'intérieur duquel tout ce que le discours du trône a fait finalement, c'est de dire: Regardez les prochains mois, voici les enjeux à débattre.
Alors, est-ce qu'on est pour ou contre ces enjeux à débattre là?
Bien, regardez, on les passera. Est-ce que ce discours du trône là peut faire en sorte que, chez certains, on va crier victoire, crier défaite? Tout ce qui est là, c'est que je vois que le gouvernement du Québec n'a fait aucun gain, si ce n'est que de s'assurer que, dans les prochains mois, on reverra ces points-là pour en discuter, pour en débattre.
M. Ouellet (Martin): M. Valois, Est-ce que sur le plan des symboles... Tout de même, je vois que vous cherchez... Ce n'est pas facile, là, de trouver des arguments pour s'y opposer parce qu'il y a déjà le déséquilibre fiscal qui a été nommé, pointé du doigt pour la première fois dans un discours du trône. On dit quand même que le Québec aura une place à l'UNESCO. Est-ce qu'il n'y a pas là quand même des gains pour le Québec? Sur le plan des symboles, c'était très précis, non?
M. Valois: Bien, exactement, sur le plan des symboles, si vous voulez, avoir assisté à un discours qui était essentiellement symbolique, vous en avez eu à boire et à manger, du sens où est-ce qu'on va vous parler de déséquilibre fiscal, mais la négociation sur le déséquilibre fiscal, et comment on va le régler puis combien aura le Québec, ça, on n'en parle pas. Sur la place à l'international, on nous dit: Bien oui, l'UNESCO, mais le Canada parlera d'une seule voix, puis, écoutez, toutes les provinces, le Québec en même temps que la Saskatchewan, pourront venir discuter avec le gouvernement fédéral pour étoffer une position sur la scène internationale.
Écoutez, le discours du trône a commencé comme n'importe quel discours du trône de M. Pierre Elliott Trudeau et depuis ce temps-là, aurait pu commencer, c'est-à-dire dualité linguistique, diversité culturelle. C'est les deux éléments avec lesquels, il me semble, depuis les années soixante, on détricote la nation québécoise en disant qu'au Canada il y a une dualité linguistique qui vit dans tout le Canada, mais qu'il y a aussi une diversité culturelle. C'est la meilleure façon... ça a été les deux arguments de base pour, à chaque fois, renier le fait qu'il existait, ici, la nation québécoise.
On a parlé du Québec, c'est un fait, dans ce discours du trône là, notamment... notamment pour ce qui est de l'UNESCO. Maintenant, tout ce que j'ai vu dans ce discours du trône là, ça a été de nommer des enjeux qui étaient importants, mais la marche à suivre pour se rendre là puis comment on allait le régler était beaucoup moins clair que lorsqu'on nous parlait justement de lutte au crime ou lorsqu'on nous parlait de gouvernance ou d'autres enjeux qui intéressaient certainement d'autres provinces canadiennes.
M. Chartrand (Yves): ...d'une entente, on se ramasserait avec un déséquilibre fiscal avec un montant, et tout ça, c'est le discours du trône quand même.
M. Valois: Bien, avec le type de discours qu'on avait eu ici, on pouvait se dire jusqu'où dans, justement, la précision de ce discours-là, on va aller. Et, moi, ce qui... et c'est pour ça que non seulement je compare le discours du trône avec le discours inaugural d'ici, mais je compare aussi les éléments du discours du trône, qui sont les demandes du Québec, avec les autres éléments du discours du trône qui n'étaient pas réellement des choses que le Québec avait mises sur la table, ou réaliser que, lorsque ce sont des enjeux qui touchent autre chose, on semble beaucoup plus précis, puis on semble vouloir aller de l'avant avec, et on va beaucoup plus loin. Et lorsque c'est des choses qui sont des demandes du Québec, bien là, on reste mais vraiment, vraiment dans quelque chose de très large où on fait vivre ensemble, comme je vous disais tout à l'heure, place unique du Québec avec Canada uni, puis bon, place à l'international avec voix... une seule voix pour le Canada.
Alors, tout ce que j'ai vu dans ce discours du trône là, c'est: Bien, voici les enjeux sur lesquels on va débattre pour les prochains mois. Alors, en ce sens-là, pour ceux qui se réjouissent, comme pour ceux qui déchirent leur chemise aujourd'hui en disant qu'il n'est pas bon ou qu'il est trop bon, je veux dire, attention, tout ce qu'on a vu là, c'est le plan de match des débats qu'on va avoir. Et, en ce sens-là, je ne vois pas en quoi le gouvernement du Québec peut nous dire: Victoire aujourd'hui, j'ai du des gains, si ce n'est que de savoir qu'ils vont débattre encore une fois de ces sujets-là dans la suite des choses.
M. Bouillon (Pierre): Sur un autre sujet. Est-ce que vous êtes d'accord, vous, avec l'idée que le Québec occupe, là, un point qui serait libéré sur la TPS? Quelle est votre opinion là-dessus?
M. Valois: Moi, je pense qu'on a aujourd'hui beaucoup, beaucoup beaucoup de réflexion à avoir par rapport notamment au déséquilibre fiscal, qui sont des points qui sont très importants, qui ne sont toujours pas réglés. Puis encore, malgré les 10 milliards, comme je vous disais tantôt, rien de chiffré, aucune marche à suivre par rapport à comment on veut le régler dans un premier temps. On a un gouvernement du Québec ici, de Jean Charest, qui n'a pas été capable de baisser les impôts à la hauteur où il voulait le faire, alors on se retrouve ici avec un gouvernement du Québec à l'Assemblée nationale incapable de baisser les impôts, un autre gouvernement, celui du fédéral, qui nage dans les surplus et qui essaie, d'une façon ou d'une autre, bien, de justement de redonner ces surplus-là aux citoyens de Québec. Il y a un débat à faire.
Et quand je vois M. Legault, quand je vois M. Landry, quand j'écoute les gens de mon parti dire de ce débat-là, sur une nécessaire baisse d'impôt, mais de ce débat-là aussi sur le déséquilibre fiscal, sur le fait qu'il y a justement un débalancement entre là où les Québécois paient les impôts et là où ils reçoivent les services, bien, de ces débats-là, il y a des gens qui y pensent un peu plus, et moi, je veux avoir tous ces éléments-là pour évidemment arriver avec une position qui est la plus sensée.
M. Bouillon (Pierre): Mais oui, mais c'est quoi, votre opinion, là-dessus? Spontanément, vous pensez quoi de cette idée-là, M. Valois?
M. Valois: De la baisse d'impôt...
M. Bouillon (Pierre): D'un point de la TPS qui serait libéré?
M. Valois: Bien, écoutez, ça, il me semble encore une fois, ça vient du gouvernement, ça vient d'une campagne fédérale, d'un parti fédéral qui, encore une fois, il me semble... ça ne vient pas de la suite d'un large consensus qui aurait pu venir du Québec, des provinces sur comment est-ce qu'on veut revoir justement le déséquilibre fiscal. Il y en a un qui arrive avec sa solution, il y en a un qui... puis, par rapport aux impôts que les citoyens paient, que ce soient les citoyens du Québec que ce soient les autres citoyens, on a un gouvernement fédéral qui arrive avec une solution comme ça mur à mur un peu partout, on a des provinces qui vivent des choses, on a des citoyens d'un peu partout qui auraient pu étoffer quelque chose de commun pour justement offrir ça au gouvernement fédéral qui, lui, se serait plié à ça, bien non, on arrive avec une réponse comme ça. Nous autres, là, on va arriver avec la baisse de 1 %, peut-être que ça aurait été ça la solution conjointe des provinces en disant: Libérer un champ fiscal, faites quelque chose. Mais là, ce qu'on doit venir encore à conclure, c'est qu'à chaque fois que le gouvernement fédéral décide d'en retourner dans les poches des contribuables, à chaque fois que le gouvernement fédéral décide de baisser des points d'impôt ou de faire ça de façon unilatérale, encore une fois, il y a des priorités qui se prennent à Ottawa qui ne tiennent pas compte des réalités et des demandes et des choses qui sont très criantes par rapport, bien souvent, aux provinces et notamment au Québec, dans le cadre de son déséquilibre fiscal qui vit avec le gouvernement canadien. Alors, ce n'est pas tant la mesure du... encore une fois comment, de façon unilatérale, ce gouvernement-là semble donner des solutions à l'ensemble des Canadiens et qui ne tient pas compte des débats qu'on a ici au Québec. Alors, moi, là-dessus, je ne suis vraiment pas impressionné.
Mme Rich (Kristy): Mr. Valois, in English, if you could quickly. Basically there are lot of mentions of concerns related to Quebec but you're saying that there's not enough detail?
M. Valois: Yes. When we hear - I don't know how you call that - Throne Speech? When we hear that, we see that, in many aspects like the place for Quebec in the UNESCO or the voice he should have or would have in the international affairs, the idea it's not very clear because, at the same time, the say: Quebec must have his voice and a unique voice for Canada is the best thing. And we say of our fiscal imbalance, we say that it's a problem, it's something we have to work on but they don't give any numbers, they don't give any plan for... to reach in solving that problem for the... They're talking at the same time that Quebec should have a unique place in Canada but remember that we want a united Canada. So, each time they talk about what Quebec wants, and there's not so much of details but, when they talk about governance or transparency, they're much more precise, when they talk about criminality, they're much more precise. When they talk about health or national security, they are much more precise. But when they talk about things that this National Assembly and the «gouvernement de» Mr. Charest which have saw Mr. Harper three times, I think, and for three times, three meetings of those two prime ministers, and all we have is - I'm going to mention it: But what we're going to do about that? Don't think about it, it's going to be a future debate, so...
Mme Rich (Kristy): ...about their attitude towards Québec? Mr. Harper's attitude?
M. Valois: The attitude is... I think it's the attitude of a Prime Minister which is minoritary here needs Québec to have its majority and talking to the House of Commons and saying: Well, you can vote on that because it's debates that we're going to have on the future months, but you can vote on that because for Québec I'm not saying what they're are going to really get from those debates. And for Québec, he just says: Look, we're going to assure you that we're going to have those debates. But nothing is concrete, so no gain for Québec in that speech for now. Thank you.
(Fin à 17 h 1)