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Point de presse de M. Thomas J. Mulcair, ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs et leader adjoint du gouvernement

Version finale

Le mercredi 26 octobre 2005, 15 h 37

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures trente-sept minutes)

M. Mulcair: Quelqu'un qui m'a dit qu'il voulait me parler?

M. Boivin (Mathieu): Avez-vous pris votre carte de membre du PQ, monsieur?

M. Mulcair: Non, j'ai même voté une résolution où j'exprime ma confiance que notre gouvernement, avec le gouvernement fédéral, va être capable de faire quelque chose malgré ma frustration évidente des fins de non-recevoir à répétition que j'ai reçues jusqu'à date.

M. Nadeau (Rémi): Mais pourriez-vous donner un peu plus de précisions? Vous dites que M. Dion constitue un blocus total. Il rejette complètement du revers de la main vos demandes?

M. Mulcair: Oui. C'est pour ça que je n'ai pas d'hésitation à dire que je suis confiant qu'on va arriver avec une entente d'ici le 28 novembre avec le gouvernement fédéral. Mais, malheureusement, oui, c'est un blocus assez généralisé au niveau de M. Dion pour l'instant. Mais le gouvernement fédéral, c'est une autre paire de manches, et je demeure confiant qu'on va y arriver avec...

M. Nadeau (Rémi): Avez-vous parlé à quelqu'un au-dessus de M. Dion? Je ne comprends pas comment est-ce qu'on...

M. Mulcair: Je pense qu'on va mettre en place une structure qui va nous permettre de détailler à d'autres niveaux l'ensemble de la position du Québec en matière de gaz à effet de serre. Rappelons que le Québec, les Québécois produisent en moyenne la moitié des gaz à effet de serre des autres Canadiens. Dit autrement, si vous ôtez les Québécois de l'équation, les Canadiens produisent 12 % de plus de gaz à effet de serre per capita que les Américains, que l'on pointe si souvent du doigt comme étant les pires mécréants à cet égard-là.
Québec n'est pas arrivé là par hasard. Depuis qu'on a commencé nos efforts, il y a huit ans, on a consenti des efforts importants en l'absence d'une entente, mais avec la confiance que, lorsque viendrait le temps de signer une entente avec le gouvernement fédéral, ces efforts allaient être reconnus et compensés. Et c'est là où je me bute, avec M. Dion, à une fin de non-recevoir. Son refus de reconnaître les efforts consentis par le Québec constitue pour nous un obstacle majeur. Je vous réfère à un communiqué de presse du 17 mai 2005, lors de la signature d'une entente entre M. Martin et Dalton McGuinty, le premier ministre de notre province soeur, l'Ontario, et, là-dedans, il y a 538 millions de dollars «for climate change». Alors, pour moi, c'est un bon début per capita même si l'Ontario n'est pas du tout au même niveau que nous en termes d'efforts déjà consentis.
Alors, le fédéral parle de milliards de dollars. Le paradoxe là-dedans, c'est que ce sont les contribuables québécois qui paieraient pour nettoyer l'Alberta. Si vous regardez la proportion des taxes des Québécois qui rentre là-dedans et si la part du lion s'en va vers l'Ouest pour nettoyer les provinces où on a le plus de problèmes, notamment l'Alberta et la Saskatchewan, c'est une simple règle de trois pour réaliser que nos taxes vont aller vers une province qui n'a non seulement pas de surplus, elle n'a pas de dette, grâce...

Une voix: ...pour le Québec?

M. Mulcair: Bien, la somme qui est mise sur la table par M. Dion au cours des prochaines années, c'est de l'ordre de 10 milliards de dollars - son chiffre, pas le mien. Là-dedans, il faut calculer que le quart de cet argent-là provient du Québec. S'il y a juste des miettes qui reviennent au Québec, moi, je viens et vous venez de payer pour nettoyer l'Alberta. Je ne pense pas que M. Klein est dans une position où il a besoin de l'argent des contribuables québécois pour nettoyer son industrie, je pense que le Québec est en droit de recevoir sa juste part. Mais j'insiste sur une chose, et ça, je pense qu'il faut que ce soit clair. J'ai dit tout à l'heure ce que j'avais à dire, et vous pourrez vous y référer, je le maintiens, mais ce que je peux vous dire, c'est ceci. J'ai la confiance qu'avec mes collègues, notamment avec Benoît Pelletier, on va être capables de s'asseoir avec d'autres personnes au gouvernement fédéral et arriver à une entente d'ici le 28 novembre.
Je m'excuse, j'ai votre collègue de Montréal, M. Labrecque, qui m'attend, sur l'eau. Alors, je vais switcher à l'anglais tout de suite.

M. Larocque (Paul): Mais vous permettez...

M. Mulcair: Oui.

M. Larocque (Paul): Donc, à M. Martin... à M. Martin ou à Jean Lapierre ou à quel...

M. Mulcair: Mais il va falloir qu'on... avec mes collègues ici, on trouve une oreille un peu plus ouverte que ce qu'on a connu jusqu'à date, malheureusement, dans le cas de M. Dion.

M. Deltell (Gérard): Mais, M. Mulcair, la semaine dernière, Jean Lapierre a traité le ministre Pelletier de péquiste. Avec ce que vous avez dit aujourd'hui, je ne sais pas ce qu'il va dire de vous, mais... Cela dit, quelle oreille vous entendez trouver? Vous avez deux ministres seniors du gouvernement libéral fédéral qui vous insultent à tour de bras et qui vous bloquent - si je reprends votre mot...

M. Mulcair: Oui.

M. Deltell (Gérard): ...quelle attitude... qu'est-ce que vous attendez? Quelle oreille attentive attendez-vous d'Ottawa?

M. Mulcair: Bien, moi, je veux vous dire ceci. Ce serait extrêmement difficile pour quiconque de me traiter de péquiste, et, pourtant, ma frustration est très ressentie, est très réelle. Et, bon, on est êtres humains après tout en politique, et je maintiens ce que j'ai dit en Chambre et je maintiens aussi ma confiance qu'on va arriver à une entente avec le gouvernement fédéral même si elle n'est pas possible avec un ministre en particulier.

M. Larocque (Paul): ...en ce moment? Est-ce que Stéphane Dion sert la cause du Canada en ce moment, vous pensez?

M. Mulcair: Moi, ce que je peux vous dire, c'est ceci. Moi, je suis quelqu'un qui suis dans les tranchées depuis... je suis dans ma 12e année ici. Moi, je sais de quel côté je me lâche. Alors, moi, je ne suis pas, comme on dit en anglais, un «Monday morning quarter back» lorsqu'il s'agit de la lutte pour garder le Canada uni, je ne suis pas un gérant d'estrade en matière d'unité canadienne. Moi, je suis quelqu'un qui livre cette lutte-là tous les jours parce que je crois que le Canada est un exemple extraordinaire dans le monde, d'ouverture, de richesse potentielle et de développement durable, quand on veut s'y mettre. Mais je crois aussi que le Québec doit être respecté dans ses rapports avec le Canada, ce qui n'a malheureusement pas été le cas dans le dossier dont je viens de vous parler.
A couple questions quickly in English, I really have to get across.

M. Grant (John): What's happening? This has been going on for quite some time in discussions with Ottawa. They know the issue, they know that Québec has been a better political citizen than some other provinces. What's the problem?

M. Mulcair: There can be individual issues that are obviously subjacent to what I just mentioned, but I'll go one step further. In my experience with Ottawa, I can tell you this, that I'm the Minister of Sustainable Development, Environment and Parks of Québec, I run the Ministry. It's my Ministry. I have an extraordinary Deputy Minister and she is, I believe, one of the best deputy ministers in the Government of Québec, but nobody has any doubt that I run the Ministry, I run it with her on the administrative side, but I give it it's direction. I don't think that's necessarily the case in Ottawa. I have a feeling that sometimes ministries take on lives of their own in Ottawa and that's part of the problem, the challenge that is before use in a file like this.

M. Grant (John): So, once again the Ottawa... Québec...

M. Mulcair: Well, I think that... I've dealt with them and I had to fight them back with a stick in the course of the past year as they tried to impose these national visions on this. I mean, if you would have been convinced of that, do yourself a favor, go to the June 30th, 2004 Report of the Régie de l'énergie, wonderful little paragraph in there on what they call «Le paradoxe du Suroît». They explain that the federal plan as it then was would have actually give in Québec credits to build the natural gas plant because of course natural gas puts out a lot fewer greenhouse gases that coal, but we don't burn coal in Québec. So, it's obviously a strategy that was turned to the other provinces.
If you want an even better example that everybody can understand, go to the One Ton Challenge, «Le défi d'une tonne», et regardez la liste des choses que l'on peut faire pour sauver des gaz à effet de serre, on peut éteindre une lumière. En Saskatchewan on peut sauver des gaz à effet de serre en éteignant une lumière, on brûle du charbon pour faire de l'électricité. En Alberta on peut sauver des gaz à effet de serre en éteignant une lumière parce qu'on brûle du charbon. Au Québec, est-ce que ça s'applique? Non. Ça démontre la mentalité, le «mindset» est complètement axé vers l'Ouest et l'Ontario, et le Québec est complètement laissé pour compte. Je ne dis pas que c'est un exemple important, je dis que ça témoigne d'une attitude qui est vraiment tournée vers le reste du Canada. Et c'est ce sur quoi je vais me...

M. Grant (John): Can you say that in English so I can share with...

M. Mulcair: I'm looking at you saying all this stuff in French. I mean, if you look at the One Time Challenge you're told that, by turning off the light switch, you're going to be saving greenhouse gases, that only works if you're burning coal. And a province like Québec, where we are leaders in clean and renewable energy, like hydroelectricity and wind power, it doesn't make any sense. And it's just an indication, a further indication that everything that's concocted around this issue, in Ottawa, is resolutely turned towards Ontario and the Canadian West. And I thank you, I got to go.

(Fin à 15 h 46)

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