(Onze heures douze minutes)
M.
Bédard
:
Alors, bien, aujourd'hui, on a une dérive, et j'appellerais ça la grande
renonciation, là. C'est la première fois de l'histoire moderne du Québec qu'un premier
ministre renonce à sa responsabilité première d'être le porte-parole du peuple québécois,
de la société québécoise, dans un cas particulier, que vous avez vu, qui
concerne des emplois directs au Québec, des mesures fédérales qui vont toucher
le Québec.
Et ce qu'on a compris, bon, une première
chose, c'est que le premier ministre, malgré qu'il est au courant de cette
mesure depuis un an, le premier ministre et sa ministre n'ont pas eu aucun
contact direct avec leurs homologues à Ottawa, ce qui est assez incroyable en
soi. Mais on va plus loin, on nous dit même que, maintenant, c'est la responsabilité
des députés fédéraux de faire des représentations auprès du gouvernement et que
le premier ministre lui-même n'a plus cette responsabilité. Moi, je n'avais
jamais vu ça. C'est comme si, à l'époque du rapatriement de la Constitution, en
1981, M. Claude Ryan aurait dit : Écoutez, les députés fédéraux ont
voté pour le rapatriement, moi, c'est une question qui ne me regarde pas.
Je ne sais pas à quel point on peut se
rendre compte que c'est un recul historique du Québec, mais en même temps c'est
que ça a des conséquences. Là, dans ce cas-ci, c'est qu'on va avoir des conséquences
sur les pertes d'emploi au Québec, littéralement, pour les entreprises. Il y a
un consensus, le gouvernement n'a rien fait, puis on se présente en conférence
de presse avec des faces d'enterrement parce qu'on a une pression des chambres
de commerce pour sortir, mais, dans les faits, on ne fait rien que des
conférences de presse, là. Les gens, ils sont venus tantôt, là, devant votre
face, venir dire : Eh, qu'on n'est pas contents!, et ils n'ont fait aucune
démarche. C'est assez incroyable. Moi, ça me dépasse. C'est la première que je
vois ça.
Puis, quand il l'a dit… Alors, ça veut
dire que… Dans les armes à feu, je lui avais dit : On est prêts, nous, à
aller à Ottawa avec vous. Il refuse de le faire parce qu'il pense sincèrement
que c'est une compétence fédérale. Le péage du pont Champlain, on comprend
maintenant que pourquoi il est écrasé, là, c'est la renonciation. On comprend
aussi que, dans les transferts en santé, on ne fait plus de représentations,
c'est une compétence fédérale. Et évidemment l'itinérance, encore là, on voit
que c'est lui… ça a été dicté d'en haut, c'est l'argent du fédéral, ce n'est
pas l'argent des Québécois, évidemment, qu'on envoie, donc on s'écrase, on
renonce.
Donc, au-delà de la déception, c'est que
ce refus d'agir a des conséquences pour les Québécois. Et l'autre exemple qu'on
a vu, je lui ai parlé, évidemment, des mesures fédérales sur les FERR que le
fédéral a annoncées sans la demande du Québec. On a la confirmation du
ministère des Finances qu'on évalue à 100 millions de dollars l'impact sur
les finances publiques du Québec. Ça veut dire que, l'an prochain, j'annonce
aux Québécois qu'ils ont 100 millions de plus de compressions en éducation
et en santé parce que le fédéral a décidé une mesure unilatérale qui n'était
pas à la demande du Québec puis qui avantage quelques citoyens. C'est une
renonciation totale.
Donc, moi, ce que je demande aux Québécois
puis aux gens, c'est de réveiller le premier ministre, de dire : Quand il
a accepté le poste de premier ministre, c'était parce qu'il voulait être le
porte-parole de tous les Québécois et pas simplement d'un gouvernement purement
provincial. C'est la responsabilité historique du Québec, d'un premier
ministre, et malheureusement il y renonce aujourd'hui de façon claire. Et je
peux au moins lui donner ça, c'est que ça a été clair et limpide, il a dit :
Appelez votre député fédéral maintenant pour ces questions-là, même si elles
ont un impact sur tous les Québécois et le gouvernement du Québec. Voilà.
Merci, tout le monde. Questions?
(Fin à 11 h 15)