(Treize heures trente-cinq minutes)
La Modératrice
:
Bonjour. Bienvenue à ce point de presse de Mme Françoise David et
Mme Manon Massé de Québec solidaire sur les attentes du parti concernant
le budget 2015.
Mme David (Gouin) : Alors,
bonjour, on va faire ça rapidement. Nous avons rencontré M. Leitão il y a
déjà plusieurs semaines pour lui faire part de nos demandes en rapport avec le
budget, ma collègue Manon Massé va vous en parler de façon plus précise.
Évidemment, on ne s'attend pas vraiment, hein, à ce qu'entre le moment de notre
rencontre et aujourd'hui M. Leitão soit devenu un vrai solidaire, mais on
l'invite quand même à quitter, en quelque sorte, son habit de banquier pour se
transformer en ministre des Finances travaillant avec un gouvernement dans le
sens de l'intérêt collectif, dans le sens du bien commun et, je dirais, avec un
objectif clair dont on n'entend jamais parler ni au gouvernement ni dans les
autres partis politiques, mais qui nous est cher, à Québec solidaire, c'est la
question de la réduction des inégalités économiques et sociales. Le rapport
Godbout n'en parle pas, M. Leitão n'en parle jamais, le gouvernement n'en
parle jamais, M. Coiteux n'en parle jamais, et pourtant les inégalités
sociales, quoique moins importantes au Québec que dans beaucoup de pays du monde,
sont là, demeurent, s'agrandissent, des inégalités entre les hommes et les
femmes, des inégalités entre les riches, la classe moyenne et les pauvres, des
inégalités dans la réception des services publics. Plus on est riche, plus on a
les moyens de se payer le privé; plus on est pauvre, plus on a des services
pour lesquels on attend très longtemps. Ça, on n'en entend pas parler, et
j'essaie d'espérer encore que le ministre des Finances aura une pensée, jeudi,
pour les populations vulnérables de notre société.
Je voudrais rappeler aussi que M. Leitão,
bien sûr, jeudi, va se targuer qu'au terme de l'exercice 2015‑2016 le déficit
aura été résorbé. Je lui rappelle qu'il l'est déjà. Le déficit budgétaire du
Québec est déjà résorbé. La raison pour laquelle M. Leitão nous dit :
Non, il faut faire encore des efforts, c'est qu'il met 1,6 milliard dans
le Fonds des générations pour payer une partie des intérêts sur la dette. C'est
un choix, c'est son choix, ce n'est pas celui de Québec solidaire parce que ce
choix-là se fait au détriment, je le répète, la plupart du temps, des familles
de travailleuses et de travailleurs, au détriment aussi et beaucoup des
populations les plus pauvres du Québec.
Maintenant, ma collègue Manon Massé va
vous parler des trois priorités de Québec solidaire en rapport avec le budget.
Mme Massé : Bonjour, tout le
monde. Alors, effectivement, si Québec solidaire était au pouvoir, il y aurait
d'autres choix qui se feraient, notamment, par exemple, comme premier choix,
toute la question des médicaments. C'est 1,5 milliard qu'annuellement on
verse directement, collectivement, dans la poche des pharmaceutiques parce que
notre gouvernement ou nos gouvernements successifs se sont refusé de négocier
le prix des médicaments. À Québec solidaire, ça, c'est le genre de choix qui
nous éviterait de faire des coupes dans le système public et auprès de la
population, les plus vulnérables.
Le deuxième choix qu'on ferait si on
était… et qu'on espère que M. Leitão fera, puisque ce n'était pas une très
grande suggestion, mais, quand même, qui nous permettrait, collectivement, de
récupérer 800 millions de dollars annuellement, c'est la taxe sur le
capital des institutions financières et des banques. Là, il y a quelque chose
qui est totalement indécent, de laisser, annuellement, 800 millions de
dollars, une taxe qui existait jusqu'en 2011, laisser ce 800 millions de
dollars là retourner dans les poches de banquiers, j'insiste, ou des banques, plutôt,
et de faire en sorte, donc, qu'encore là on doit priver la population du Québec
du filet social qu'on s'est donné à travers les années. Alors, ça, c'est des
choix politiques qui font en sorte que, pour nous, à Québec solidaire, le gouvernement,
sous le ministre Leitão, doit se réajuster.
Et là on l'invite, parce qu'il a été
sensible — et c'est notre troisième priorité — à cesser de
calculer les pensions alimentaires pour enfants auprès des personnes à l'aide
sociale, à l'aide juridique, à l'aide financière et le calcul en logements
sociaux. Les enfants... Ce 40, 50 millions-là qui est, année après année,
pris dans les poches, seulement à l'aide sociale, des personnes les plus
pauvres nous apparaît, à Québec solidaire, complètement indécent.
Alors, dans ce sens, il est clair qu'il y
a du gaspillage au Québec, on en convient, mais c'est fou comment on ne le voit
pas à la même place que M. Leitão et les gens qui travaillent avec lui.
Alors donc, aller vers les médicaments, négocier le prix, mettre un gain... une
taxe sur le capital des banques et des institutions financières, et bien sûr
l'austérité, ça fait mal, l'austérité ça fait mal à l'économie, et ça, il me
semble que le ministre devrait en être sensible.
La Modératrice
: Je
vous invite à avancer. Pour la période des questions, je vous invite à vous
présenter. On va commencer par le micro à ma gauche, ici… à ma droite.
Journaliste
: Bonjour,
Mme David, Mme Massé. Le gouvernement veut comprimer l'augmentation
des dépenses à 0,7 % dans son prochain budget. Quel effet pensez-vous que
ça va avoir sur les services et sur l'économie?
Mme David (Gouin) : Sur les
services qui composent... en fait, hein, services publics et privés, c'est
75 % de notre économie, il faut savoir ça, là, donc ça va avoir des effets
directs. Moi, je vais vous parler davantage de services publics. Quand des
groupes représentant des personnes handicapées viennent à mon bureau pour
m'expliquer que, désormais, ce qui est offert à des personnes handicapées
vivant à domicile, c'est un bain par semaine au lieu des trois bains que les
personnes avaient avant parce qu'il y a des coupes dans les services de santé
et les services sociaux, bien, vous avez là un effet direct qui touche une
catégorie de gens parmi les plus vulnérables, les plus invisibles, peut-être,
mais, franchement, dont on devrait se préoccuper, comme société. Et moi, je
suis certaine qu'à peu près tout le monde au Québec considère qu'on devrait
s'occuper des gens les plus mal pris. Je ne connais pas grand monde, moi, qui
pense le contraire. Mais c'est ça que ça a comme effet, l'austérité.
L'autre effet, on l'a vu dans les derniers
mois, quand on abolit des structures, les CLE, je pense aux CLE, je pense aux
CLD… aux CLD, pardon, et aux CRE, aux conférences régionales des élus, ces
organismes qui s'occupaient de développement économique, social, culturel local
et régional, on coupe tout ça, on coupe dans les forces vives des milieux, on
leur coupe les ailes, on leur dit : Organisez-vous si vous voulez, mais
vous n'aurez pas l'argent pour le faire, mais là ce qu'on fait, c'est que, premièrement,
on coupe de vrais emplois. On parle de 1 200 emplois qui disparaissent,
au Québec, dans toutes les régions, mais deuxièmement on coupe dans la capacité
des milieux à se prendre en main et à mettre en place des projets économiques.
En fait, c'est l'envers du bon sens.
Journaliste
: Bonjour. Dans
le prochain budget, est-ce qu'il y a des mesures rapidement concrètes qui
pourraient être mises de l'avant, justement, pour réduire les inégalités
sociales, puisque c'est ce que vous souhaitez?
Mme David (Gouin) : Ce qu'on
tente de dire, c'est qu'en allant chercher 1 milliard, 1,5 milliard
au niveau du gaspillage qui est fait pour les médicaments, en allant chercher
800 millions dans la taxation des banques et institutions financières, on
en ramasse, de l'argent, et avec ça, là, bien évidemment qu'on peut améliorer
les services. On peut augmenter, par exemple, le nombre de professionnels, dans
les écoles, qui aident les enseignantes et enseignants à s'occuper de classes
où il y a beaucoup d'enfants en difficulté.
On devrait augmenter très sérieusement le maintien
à domicile, le budget pour le maintien à domicile de façon à ce que les
personnes qui veulent être le plus autonomes possible, qui veulent rester chez
elles le plus longtemps possible puissent le faire parce que, là, on a un
objectif qui est le maintien à domicile, mais on ne se donne pas les moyens de
nos ambitions.
Alors, ce sont des choses qu'on pourrait
faire et, bien sûr, abolir cette discrimination flagrante, reconnue, d'ailleurs,
par tous les partis politiques ici à l'Assemblée nationale, qui est d'aller
couper les prestations de l'aide sociale aux mères monoparentales qui reçoivent
une pension alimentaire pour leurs enfants. Ça, c'est une pure discrimination,
et on devrait franchement la régler. Ça fait des années qu'on le demande, à Québec
solidaire, et en fait les autres partis, d'un air un peu gêné, nous disent que,
sur le fond, ils sont d'accord, mais qu'on n'en a pas les moyens. Oui, on en a
les moyens.
La Modératrice
:
M. Lavallée.
M. Lavallée (Hugo)
:
Bonjour, Mme David. En ce qui concerne le rapport Godbout, je pense que
vous avez émis une réaction préliminaire, là, la semaine dernière. Il y a des
mesures qui trouvent grâce à vos yeux, là, dans ce rapport, j'imagine,
notamment en ce qui concerne la lutte à l'évasion fiscale. M. Godbout, par
contre, nous dit : Il faut prendre le rapport comme un tout, là, on ne
peut pas juste sélectionner des mesures ici et là parce que c'est un bloc, tout
ça, il y a une certaine cohérence. Mais, sur le fond, lorsqu'on parle, par
exemple, d'augmenter la TVQ et de baisser les impôts, j'imagine que vous avez
des réserves. Donc, est-ce qu'à ce jeu-là, là, où il faut tout prendre ou tout
laisser, vous préférez complètement écarter et remiser ce rapport-là?
Mme David (Gouin) : Deux
choses, là-dessus, assez simples et rapides. La première, c'est que, je l'ai
dit tout à l'heure, je le répète, le rapport Godbout ne se préoccupe pas vraiment
de la question des inégalités sociales grandissantes au Québec, et moi, je
trouve qu'il y a là un problème majeur. Ça aurait été, en tout cas, en ce qui
concerne Québec solidaire, notre tout premier angle de prise.
Deuxième considération, justement parce
qu'il faut prendre le rapport comme un tout — là-dessus, je suis assez
d'accord avec M. Godbout — nous allons prendre le temps de
l'analyser très, très sérieusement, et je ne ferai pas d'autre commentaire, à
ce stade-ci, sur le rapport Godbout outre ce que nous avons dit en réaction
préliminaire.
M. Lavallée (Hugo)
: En
ce qui concerne le droit de grève des étudiants, le Parti québécois a dit un
peu plus tôt : Ce serait peut-être le temps de poser certaines balises
parce qu'à chaque fois qu'il y a un mouvement de protestation il y a des
personnes dissidentes qui disent que ce droit-là n'existe pas, on assiste à des
débordements, il y a de la violence. Pour tout le monde, autant ceux qui sont
pour que contre ces mouvements-là, il faudrait, une fois pour toutes, clarifier
un peu le cadre dans lequel la démocratie étudiante s'exerce. Est-ce que vous
partagez cet avis-là?
Mme David (Gouin) : Encore,
là-dessus, une couple de choses. La première, c'est qu'on a la mémoire courte,
hein? Ça fait 50 ans que les associations étudiantes existent, que les
étudiants s'organisent. On n'en est quand même pas à nos premières
mobilisations — en tout cas, pour les gens qui ont un certain âge, y
compris le ministre de l'Éducation — donc il faudrait se rappeler que
c'est normal, c'est dans notre culture, c'est inscrit dans nos gênes, au Québec,
je pense. Oui, la jeunesse se mobilise, et c'est une bonne chose.
Maintenant, est-ce que les associations
étudiantes voudront, voudraient elles-mêmes — et certaines le
font — baliser davantage leurs exercices démocratiques? Ça leur
appartient. Ça n'appartient pas, je pense, à la classe politique, ça
n'appartient surtout pas au ministre de l'Éducation, qui dit que, quant à lui,
il ne devrait pas y avoir de grève étudiante. Je pense que M. Blais est
bien loin de sa jeunesse quand il dit ça, de la sienne et de celle qu'il a
devant les yeux. Donc, je pense que les jeunes sont capables de trouver par
elles-mêmes et par eux-mêmes les meilleures façons de s'organiser.
Je pense aussi que, comme adultes ayant un
certain âge, en tout cas, le mien, il faut être content quand des jeunes se
mobilisent et surtout quand elles et ils le font sur un enjeu comme
l'austérité, hein? On reproche souvent aux mouvements sociaux d'être centrés
sur eux-mêmes, sur ce qu'on appelle souvent leurs intérêts corporatistes. Et là
on a des jeunes qui disent : Nous, là, au-delà des problèmes qu'on vit en
éducation, on se sent concernés par, mettons, les problèmes des malades, des
gens qui vivent dans la pauvreté, des familles, etc. Bien, bravo! Bravo!
M. Lavallée (Hugo)
:
Mais est-ce à dire que vous voyez une contradiction entre, justement, le fait
que les jeunes veuillent s'exprimer, se mobiliser et tout encadrement? Parce
que ce n'est pas nécessairement incompatible.
Mme David (Gouin) : Ce n'est
pas du tout ce que je dis. Je vous rappellerai que plusieurs associations — j'en
connais quelques-unes — se sont donné des règles, même, dans certains
cas, extrêmement strictes, extrêmement sévères. Il y en a qui fonctionnent par référendum,
il y en a qui fonctionnent par vote électronique, il y en a qui fonctionnement
par scrutin secret. Alors, ce que je dis, tout simplement, c'est qu'il leur
appartient de se donner les règles qu'ils et elles jugent nécessaires.
Journaliste
: Bonjour.
Pouvez-vous développer là-dessus? Pourquoi est-ce que les politiciens n'ont pas
la légitimité d'intervenir dans cette question, à vos yeux?
Mme David (Gouin) : Je ne dis
pas que les politiciens n'ont pas de légitimité. Quand il s'agit de discuter de
façon générale du vivre-ensemble et de comment on s'organise en société, c'est
évident que nous faisons partie de la discussion. Mais ce qui m'embête, c'est
que je sens, en ce moment, vraiment, après deux petites journées de grève, une
sorte d'appétit chez plusieurs politiciens, là, de vouloir tout encadrer, tout
diriger. Ce que je leur dis, c'est : Regardez, est-ce qu'on pourrait
commencer par écouter cette jeunesse, par comprendre comment elle fonctionne,
juste… Éventuellement, oui, on pourrait s'asseoir avec les associations étudiantes,
là; pas maintenant, là, ce n'est pas le temps de faire ça. Là, les associations
étudiantes, en ce moment, se sont donné des règles, se sont donné des méthodes de
fonctionnement, ont pris des décisions. Ce n'est pas le moment, là, là, de leur
dire : Savez-vous quoi? Ce n'était pas bon, on recommence tout. Non, non,
non.
Laissons aller les choses en autant que,
tu sais, tout se passe bien, que la police ne soit pas aussi nombreuse que les
manifestants — ça, ce serait déjà une bonne chose — tu
sais, que tout fonctionne correctement. Laissons la jeunesse s'exprimer. Est-ce
que, par après, il y aurait lieu d'avoir un débat social, un débat collectif
qui pourrait toucher les jeunes, les moins jeunes, sur les façons de
s'organiser collectivement? Moi, je ne dis pas que je suis contre, là, mais là le
jupon dépasse cette semaine.
Journaliste
: Sur un
autre sujet, si vous permettez. Où logez-vous sur la question de la prolongation
de la mission militaire du Canada en Irak et son expansion en Syrie?
Mme David (Gouin) : On loge dans
un endroit qui n'est pas du tout celui de M. Harper. Il n'y a rien de
clair dans tout ça. On nous dit : Non, non, nous ne sommes pas au combat,
mais il y a des soldats canadiens qui meurent : aberrant. Tout ça se fait
sans objectif clair. Et ne voyez pas en moi, évidemment, une défenseure ni
d'al-Qaida ni du groupe État islamique, là. Je pense que je n'ai même pas
besoin de le dire, c'est assez évident. Je pense que… qu'il y ait une aide
canadienne aux sociétés qui tentent d'instaurer la démocratie, oui, mais, en
Syrie, je vous ferai remarquer que ce n'est pas le cas du gouvernement actuel
de Bachar al-Asad. On n'est pas du tout devant un gouvernement démocratique.
Donc, la question que je pose à M. Harper, c'est : Au juste, qu'est-ce
qu'on fait là? Et je pense que le grave problème qui sévit au niveau du gouvernement
fédéral, c'est que M. Harper n'a pas la moindre intention d'en discuter
vraiment avec le Parlement. Ça, c'est absolument dramatique. C'est trop grave,
là, comme situation.
Journaliste
: Lorsque
la mission a débuté, M. Couillard, ici, s'était montré favorable à cette
mission. Quelle attitude attendez-vous du premier ministre face à la
prolongation et à l'expansion de la mission?
Mme David (Gouin) : Moi, je
voudrais que M. Couillard pose de vraies questions à M. Harper. Je
voudrais qu'on sache clairement qu'est-ce qu'on fait là, pourquoi on est là,
combien de temps on est là, avec combien de gens on est là, est-ce qu'on est au
combat, est-ce qu'on n'y est pas, et quels sont nos objectifs. Puis je voudrais
qu'il y ait un véritable débat large là-dessus, puis c'est ça que M. Couillard
devrait demander. Les Québécois, en général, ne sont pas très, très
militaristes, hein, et M. Couillard est sensé représenter les Québécoises
et les Québécois.
Journaliste
: Bonjour,
mesdames. Concernant le groupe PEGIDA, qui projette tenir une manifestation à
Montréal en fin de semaine, je sais que vous allez présenter une motion à ce
sujet-là, mais, au-delà de dénoncer les positions de ce groupe-là, est-ce qu'on
doit l'empêcher de sévir au Québec?
Mme David (Gouin) : La grande
question! Vous savez, c'est toujours compliqué, ces questions-là parce qu'on
parle ici de liberté d'expression. Donc, malheureusement, peut-être, pour vous
et pour les gens qui nous lisent ou qui nous écoutent, ma réponse ne sera pas
très simple.
D'un côté, on a eu, on a encore des
extrémistes religieux, et, dans certains cas, je pense à l'imam Chaoui, on l'a
empêché d'ouvrir un local de prêche et de prière. D'un autre côté, on a un
autre groupe que moi, j'appelle d'extrémistes, d'extrême droite, petit frère de
PEGIDA Allemagne, qui sévit là-bas et mobilise des dizaines de milliers de
personnes contre les musulmans, tous musulmans confondus. Et là on se dit :
Qu'est-ce qu'on fait? Les empêcher de parler? C'est probablement un peu inutile
et, de toute façon, contraire à nos chartes. Mais je pense que ce qu'il faut
faire, par contre — et c'est pour ça qu'on présente une motion cet
après-midi — c'est que toute la classe politique, à tous les
niveaux — municipal, provincial, fédéral — soit extrêmement
claire sur le rejet sans ambages de toutes les positions d'extrême droite
antisémites, islamophobes, contre les minorités religieuses et culturelles.
C'est un travail d'éducation qu'on doit
faire, puis c'est un travail de dénonciation extrêmement clair. Il faut que ce
petit groupe — pour le moment, on parle d'un petit groupe — il
faut qu'il sache que le Québec n'en veut pas. C'est probablement la meilleure
façon de l'empêcher de se développer. J'irais plus loin : Si ce groupe,
comme d'autres, franchissait la ligne de l'incitation à la haine et à la
violence, interdite par le Code criminel canadien, à ce moment-là, bien sûr, il
faudrait l'interdire.
Journaliste
: La CAQ…
M. Legault a dit qu'il allait appuyer votre motion, mais il dit cependant
qu'avec ce que lui propose, c'est-à-dire cette espèce de disposition sur le
déni des valeurs québécoises, un tel groupe ne pourrait pas sévir au Québec.
Mme David (Gouin) : Bien, j'ai
bien peur pour… Je comprends l'intention de M. Legault, mais j'ai bien
peur qu'il se trompe. C'est tellement facile pour un groupe d'exister, ne
serait-ce que sur Facebook. Même si M. Legault dit… Si je comprends
bien, il fait référence. Puis je ne le sais pas, là, est-ce qu'il fait
référence au fait qu'il veut faire passer des tests aux immigrants au bout de
trois ans? Non?
Journaliste
: Non, il
fait référence surtout à sa proposition d'interdire les prêches ou la
propagande qui touchent le déni des valeurs québécoises.
Mme David (Gouin) : Oui, mais
attendez. O.K. Alors, je me rappelle bien de sa proposition, mais, dans sa
proposition, on parle de lieux de culte. Alors, il dit : Bien il faudrait
que, dans les lieux de culte où il se tient des propos haineux, intolérants,
etc., on ne donne plus d'avantages fiscaux. Bon, je veux bien, mais d'abord il
va falloir déterminer qu'est-ce que sont des propos haineux, et, je pense,
c'est ça tout le débat qu'on doit faire, là. On doit vraiment se pencher
là-dessus, la classe politique. Mais deuxièmement qu'est-ce que vous faites de Facebook,
d'Internet, du Web? Alors, vous comprenez qu'il n'y a pas que les lieux de
culte, là. Ça, c'est vraiment réducteur. PEGIDA , ce n'est pas un groupe
religieux, là.
Journaliste
: …question on the budget in English. Earlier… or
Mme Massé.
Mme Massé : I
think it's going to be me.
Journaliste
:
Earlier, the CAQ was saying Québec should compare itself to Ontario and create
wealth like Ontario is creating jobs and wealth, etc. But am I understanding that
you're saying : No, Québec is really quite unique and has unique social
programs that we need to keep.
Mme Massé :
Yes. But I think the point is that austerity, it's not good for health, it's
not good for all our social «filet» and what it's… and maybe what we want,
really, to say to Mr. Leitão : You can go and get money and that's
how we're going to keep track on the way that we can fight the inequalities. So,
that's what we said. Go and get the money, let's say by negotiate… «médicaments»…
«médicaments»?
Journaliste
: Drugs.
Mme Massé : Drugs? Oh, thank
you! Merci. So, to negotiate drugs, you know, we can save
$1 billion on that one. This is very important. And with this money, if you put this money in the public services,
that's how we're going to still create prosperity, and that's what we want.
Journaliste
: The students are taking to the streets this week, but, apart from
the students, do you really feel that there's a movement that is… you know, an
anti-austerity movement that is really growing and that the majority of
Quebeckers are against austerity? Would you say that? Do you feel that?
Mme Massé : Yes. I think students are in the streets to say that, but,
remember, there's only… there are not only students. We have unions, a few
weeks ago, we had social workers, people who work in day care and parents, so
there's a lot of people who begin to understand what happens. When you cut in
public services, there is a specific impact for everyone, for… especially for
the poor people and middle class people, and, I think, with students, people
are going to be outside to tell our Government that there's a way to not use
austerity measurements, and that way, it's… and this is exactly what Québec solidaire said, it's called : Go
and get money where it is.
Journaliste
: You're right, we've seen many groups protesting here and there, but
is there really a concerted effort, do you think, to defend these social
programs that we have in Québec?
Mme Massé : So, we'll see, because, you know, what we saw, it's… Let's say, in
a few weeks, it's a big demonstration called all around Québec, so we're going to see. But, for us,
it's very important that, if
people, as us, understand what happens now, they have to go out and say
something. They are «légitimes» to go out and say something. Merci.
Journaliste
:
Merci.
(Fin à 13 h 59)