Conférence de presse de M. Daniel Johnson, chef de l'opposition
Son retrait de la vie publique
Version finale
Le lundi 2 mars 1998, 15 h
Salle Evelyn-Dumas (1.30),
édifice Pamphile-Le May
(Quinze heures)
M. Johnson: Mesdames, messieurs, j'ai demandé, ce matin, au président du Parti libéral du Québec de mettre en marche le processus de désignation d'un nouveau chef de notre formation politique. Je précise par ailleurs que je ne serai pas candidat dans le comté de Vaudreuil aux élections générales. This morning, I have asked the president of the Québec Liberal Party to initiate the process leading to the election of a new party leader. I've also indicated that I will not be a candidate in the next general elections in Vaudreuil.
Je suis membre du Parti libéral du Québec depuis plus de 20 ans, soit depuis l'automne 1977. Tout au long de cet engagement politique, j'ai exercé la plupart des tâches d'un militant très actif. J'ai consacré mes premiers moments à participer à des activités de sollicitation, de porte-à-porte dans le comté où j'habitais, je me suis impliqué très modestement dans le congrès à la direction de 1978, j'ai fait partie des groupes de discussion et d'animation autour du programme constitutionnel dont le parti s'est alors doté avant le référendum de 1980, j'ai été choisi candidat officiel lors d'une convention dans le comté de Vaudreuil, que j'ai l'honneur de représenter à l'Assemblée nationale depuis près de 17 ans, j'ai siégé comme député dans l'opposition, je me suis porté candidat à la direction de mon parti en 1983, j'ai occupé des responsabilités ministérielles durant deux mandats et, enfin, j'ai assumé la direction de mon parti et la gouverne du Québec comme premier ministre avant de devenir chef de l'opposition.
J'ajoute qu'outre les quatre dernières campagnes électorales au Québec, j'ai été un militant de la campagne référendaire de 1980, comme animateur et orateur, et chef des Québécois et Québécoises pour le Non en 1995. L'an dernier, plus de 80 % de mes militants réunis en congrès m'ont renouvelé leur confiance.
Malgré ces états de service, il a toujours été clair pour mes proches et pour moi-même que je retournerais éventuellement à la vie privée. Il n'y a cependant jamais de moment parfait pour partir. Les tâches et les combats inachevés nous retiennent souvent, la conviction de pouvoir encore servir utilement aussi. Mais un leader doit néanmoins savoir partir, et quand partir. Sur le plan personnel, je désirais, depuis un certain temps mettre fin à mon engagement public; ma responsabilité était de le faire au moment le plus opportun pour mon parti et pour le Québec.
J'ai contracté mon engagement politique alors que le sort du Québec et du Canada se jouait et j'ai eu l'occasion de contribuer, à la mesure de mes moyens, à la victoire de l'option que je défends toujours: l'appartenance du Québec au Canada et l'amélioration de notre pays.
Aujourd'hui, alors que se dessinent les enjeux de la prochaine campagne électorale, je crois le moment venu d'annoncer que je quitterai la vie publique. Ces élections générales seront d'une importance capitale pour tous nos concitoyens et concitoyennes du Québec et je suis convaincu que le Parti libéral du Québec doit remporter la victoire.
Il est de mon devoir, comme chef, de réunir toutes les conditions qui facilitent cette victoire éventuelle de mon parti. Ainsi, les propositions constitutionnelles du Parti libéral du Québec correspondent aux aspirations de l'immense majorité des Québécois qui veulent demeurer Québécois et Canadiens; ces propositions ont reçu des échos favorables de nos compatriotes des autres provinces canadiennes.
Par ailleurs, notre programme politique, qui sera enrichi d'engagements électoraux précis, comporte des orientations et des solutions qui répondent aux inquiétudes de tous les citoyens du Québec.
Enfin, la qualité des candidats et des candidates qui se manifestent déjà démontre l'attrait que le Parti libéral du Québec exerce toujours auprès des meilleurs éléments de notre société et sa capacité à rassembler des hommes et des femmes de tous les milieux, unis dans leur désir de contribuer à l'essor économique, social et culturel du Québec, à l'intérieur du Canada.
Il reste maintenant, selon moi, à donner un souffle nouveau à mon parti et un nouveau chef peut garantir ce nouvel élan. Les dirigeants péquistes s'apprêtent encore à s'engager dans un combat qu'ils prétendent mener en notre nom à tous et sont plus enclins que jamais à enflammer les passions et diriger notre société, pour ramener leur projet déjà rejeté deux fois en moins d'une demi-génération. Il est primordial de leur faire échec, de les empêcher d'appauvrir et d'affaiblir davantage notre société.
Et au moment où j'annonce mon départ, je voudrais parler à mes compatriotes du fond du coeur. D'abord, je veux leur rappeler ce que nous savons tous, au fond, depuis longtemps, chaque fois que la question sur notre avenir est claire, la réponse l'est aussi. La grande majorité des Québécois ne veulent pas d'un Québec séparé, isolé en Amérique du Nord, ne faisant plus partie d'un grand pays qui a la dimension d'un continent.
Ensuite, je veux leur dire que le prix que nous payons pour ces querelles politiques est énorme. Une croissance économique tellement faible depuis longtemps qu'il en résulte une augmentation sans fin des taxes et des impôts et une détérioration constante de la qualité des services publics.
Enfin, à mes compatriotes du Canada, je réitère qu'il y a une tâche à accomplir, à compléter. Il faut s'y adonner pour permettre à la grande majorité des Québécois de bonne volonté de se joindre aux autres Canadiens pour continuer à bâtir un pays qui assure notre liberté et notre prospérité.
As I take my leave, I would like to speak to my fellow citizens, from the bottom of my heart. Fist, I would like to remind them of something that we have in fact known for a very long time, each time we are asked a clear question on how we see our future, our answer is equally clear. The vast majority of Quebeckers do not want a separate Québec, isolated in North America, standing apart from a great country that is as large as a continent.
Then, I would like to say to them that the price of these political quarrels is enormous. An economic growth so sluggish for so long that is has resulted in an ever increasing tax burden matched by an ever decreasing quality in our public services.
Finally, to my fellow Canadians, I repeat that there is still work to be done. We have to devote ourselves to it to enable this large majority of Quebeckers of good will to join other Canadians in continuing to build a country where we can find freedom and prosperity.
J'estime qu'une nouvelle approche, un nouveau discours, un nouveau ton, qu'un nouveau chef fera la différence. À tous ceux et celles qui nous accordent déjà leur appui, à mes collègues et militants qui n'ont jamais cessé de me seconder dans ma tâche, je dis merci et vous exhorte à mettre vos forces au service d'un nouveau chef.
Le Parti libéral du Québec est l'alternative et la majorité des Québécois lui feront confiance s'ils sentent que les choses peuvent changer et que leur avenir en sera ainsi mieux assuré.
Je remercie ma famille et mes proches, mes collaborateurs et collaboratrices, surtout mon épouse Suzanne et mes enfants, pour leur appui de tous les instants, leur loyauté, leur patience, leur compréhension et leur force dans les moments difficiles qu'ils ont subis et pour leurs conseils et suggestions. Si je compte bien demeurer membre de mon parti et appuyer mon nouveau chef et ses candidats et les assurer de ma disponibilité, elle sera désormais partagée d'abord avec ceux et celles dont la vie politique m'a trop souvent privé.
(Fin à 15 h 11)