(Neuf heures trente-huit minutes)
M.
Gendron
:
Alors, merci. Très simplement, je suis très, très heureux d'accueillir quatre
représentants importants de l'Abitibi-Témiscamingue, qui sont ici ce matin à
l'Assemblée nationale pour nous présenter leur manifeste concernant Touche pas
à ma région!, toute la problématique des mesures d'austérité de ce
gouvernement-là. Et je tiens à vous dire très rapidement, être heureux de les
accueillir, c'est une chose, mais ces gens-là ont un mandat de leurs
représentants, on va expliquera ça plus en détail, et ce qui est important,
c'est de convenir aujourd'hui que le manifeste, essentiellement, c'est une
réaction étoffée sur les conséquences de ces mesures d'austérité là.
Ce manifeste a été signé par plus de
6 000 personnes, alors 6 000 personnes, dans un temps assez rapide,
en Abitibi-Témiscamingue, qui ont manifesté, par leur signature, un engagement
solennel envers certains principes qui sont les nôtres depuis plusieurs années.
Alors, ils vont vous en parler. Moi, je ne veux pas prendre leur place, mais je
suis très heureux de les accueillir et je les félicite de leur action parce que
c'est une action très mobilisante, qui a regroupé toutes sortes d'intervenants
de l'ensemble de l'Abitibi. Il n'y a pas de politique là-dedans, il n'y a que
des gens déterminés, et je leur laisse la parole. Merci.
La Modératrice
: Merci,
M. Gendron. Maintenant prendra la parole, de la coalition Touche pas à ma
région!, M. Émilien Larochelle.
M. Larochelle (Émilien)
:
Bonjour. Aujourd'hui, on vient présenter, comme M. François Gendron vient de le
mentionner, une pétition, là, de 6 000 personnes, et nous avons reçu le
mandat de venir ici présenter les difficultés que nous avons rencontrées suite
aux mesures d'austérité qui ont été mises en place, là, par le gouvernement
actuellement.
Et, vous savez, en Abitibi-Témiscamingue,
on a pris l'habitude, au fil des ans, de travailler en concertation. Avec les
annonces qui ont été faites dernièrement, avec l'abolition des CRE, on perdait
notre instance de concertation. Et, pour nous, c'est une chose qui est très
importante. C'est parce qu'on est habitués de travailler en collégialité, donc
travailler autant avec les élus que les instances civiles. Et la société civile,
en Abitibi-Témiscamingue, c'est un élément important de notre fonctionnement et
c'est pour cette raison-là qu'aujourd'hui on vient annoncer qu'on a 6 000
personnes qui ont signé. Vous savez, 6 000 personnes qui signent un
manifeste en Abitibi-Témiscamingue, ça représente beaucoup de personnes, et, de
plus en plus, les gens sont mobilisés et veulent signifier à ce gouvernement-là
qu'on veut changer.
Mais il n'y a pas rien que des mauvaises
nouvelles. La bonne nouvelle, c'est que, le 5 février dernier, on a eu une
rencontre avec notre premier ministre, qui nous a signifié qu'il était ouvert à
ce qu'on ait notre… qu'on recrée un organisme de concertation régional. Et ça,
pour nous, c'était une nouvelle qui était bien, bien importante.
Bon, maintenant, quand on regarde dans le
projet de loi qui a été avancé puis on regarde les déclarations que le ministre
Moreau effectue, bien, on ne voit pas de lien de cause à effet. Donc, pour dire
comme on a l'habitude de dire chez nous, on voudrait que les bottines suivent
les babines. Autrement dit, notre premier ministre nous a indiqué qu'il avait
une ouverture à ce qu'on ait un organe de concertation et qu'il était prêt à le
reconnaître. Donc, pour nous, ça, c'est la première chose qui est la plus importante.
Bon. Deuxièmement, bien là, pour calmer l'inquiétude des gens qui nous ont
mandatés ici ce matin, bien, on aimerait bien avoir une réponse positive
gouvernementale dans le projet de loi, qu'il y ait des amendements qui soient
apportés ou autre chose. Donc, pour nous, ça, c'est l'objet principal de notre
présence ici ce matin.
Et au niveau des coupures de service,
bien, écoutez, on ne peut pas dire que c'est juste des coupures qui viennent
enlever le gras, parce que, là, le gras, il a été enlevé. On est rendu à l'os.
Et, si on regarde, il y a certaines coupures, là, qu'on se pose la question
pour quelle raison que ça a été fait. Si on regarde, par exemple, Place aux
jeunes, qui travaille pour ramener des jeunes en région, bon, à Rouyn-Noranda,
là, on a annoncé que c'était pour être coupé; à Val-d'Or, c'est déjà fait.
Donc, il reste trois autres territoires, là, à définir.
Pour quelle raison qu'ils sont coupés?
Parce qu'apparemment qu'ils ont fait du très bon travail et qu'ils ont réussi à
attirer plein de jeunes et d'immigrants dans notre région, et apparemment, là,
que ce n'est pas suffisant pour conserver, là, ces services-là. Et on ne parle
pas de Valorisation Abitibi-Témiscamingue, qui est un organisme qui a été créé
en 2006, justement, pour mettre un peu de fierté puis travailler sur la
dévitalisation, bien, des villages.
Donc, je finirais là-dessus. Je vous
remercie de votre attention.
La Modératrice
: Merci
beaucoup, M. Larochelle. Prendra maintenant la parole M. Paul-Émile
Barbeau, de la coalition Touche pas à ma région! également.
M. Barbeau (Paul-Émile) : Mon
engagement s'est fait à titre de citoyen. Ce qui frappe dans cette démarche-là,
c'est le manque de cohésion qu'il y a dans toutes les mesures, de la façon avec
laquelle elles sont prises.
Nous avons, dans un très court laps de
temps, réussi, à partir de 40 personnes pour meubler et, très rapidement,
rassembler 300 autres, pour monter jusqu'à être 500 000…
5 000 — 500 000, excusez-moi — 5 000 dans la
rue pour manifester. Non pas que l'on ne comprend pas que l'on doive être
sérieux au point de vue des finances publiques, mais plutôt de manifester notre
désir de participer. Nous avons le droit de participer aux décisions chez nous.
Actuellement, de la façon avec laquelle
les choses sont faites, on nous enlève nos outils, on les répartit d'une façon
qui est tout à fait aléatoire. Par exemple, au Témiscamingue, on sait que l'agriculture
est un phénomène très important. C'est la base de notre économie. Les bureaux
sont rendus, en Abitibi, à Rouyn. Alors, j'ai bien hâte de voir les bureaux
pour les mines arriver au Témiscamingue, où on n'a pas d'expertise.
Donc, nous voulons garder nos outils. On
nous dit : Oui, bâtissez votre maison, mais on nous enlève nos marteaux.
On a un engagement moral du premier ministre, on attend maintenant du concret. Merci
beaucoup.
La Modératrice
: Merci
beaucoup, M. Barbeau. Maintenant prendra la parole M. Gilles Chapadeau, également
de Touche pas à ma région!
M. Chapadeau (Gilles) :
Alors, merci. Écoutez, je suis très fier d'être ici ce matin au nom des 6 000
signataires, mais au nom de tous ces gens-là qui se sont mobilisés en
Abitibi-Témiscamingue. Effectivement, François en a parlé, Paul-Émile en a
parlé, on a une histoire. On a 50 ans d'histoire.
L'Abitibi-Témiscamingue s'est bâtie avec
la concertation, que ce soit à travers du Conseil économique régional du
Nord-Ouest québécois; par la suite, il y a eu le Conseil régional de
développement de l'Abitibi-Témiscamingue et la CRE. Dans toutes ces
instances-là, l'Abitibi-Témiscamingue a toujours choisi de travailler de
concert avec les élus et les acteurs en développement. Ça a toujours été le
choix de l'Abitibi-Témiscamingue. On a 50 ans d'histoire de concertation, et
c'est comme ça que la région s'est développée.
Ce qu'on ne veut pas aujourd'hui, c'est se
faire imposer un modèle qui ne nous ressemble pas. Ce qui nous ressemble, c'est
ce qu'on a dit dans notre manifeste. On veut travailler de concert, ensemble,
tant les élus que la société civile, et ne surtout pas se faire imposer un
modèle.
Maintenant, Émilien en a parlé, le premier
ministre s'est engagé. Maintenant, il y a des messages, qui ne sont pas tout à
fait cohérents, qui viennent de la part du gouvernement. M. Moreau dit quelque
chose, dit qu'on ne comprend pas, les régions ne comprennent pas, l'Abitibi-Témiscamingue
ne comprend pas, donc... et le premier ministre semble, lui, comprendre qu'on
comprend bien. Donc, il serait intéressant qu'ils puissent se concerter eux et
qu'on puisse avoir un message cohérent. C'est que les gens de ma région
attendent.
La Modératrice
: Merci,
M. Chapadeau. Maintenant, pour conclure, M. Gaétan Lelièvre, député de Gaspé et
porte-parole en matière de régions.
M. Lelièvre
: Bonjour.
Écoutez, ça me fait plaisir d'être ici ce matin à titre de porte-parole de l'opposition
officielle pour le dossier des régions et des affaires municipales.
Je pense que tout a été dit. Moi, je
considère que c'est très important qu'on soit ici ce matin, comme opposition,
pour appuyer les gens de l'Abitibi-Témiscamingue qui viennent, dans le fond,
livrer un témoignage de ce qu'ils vivent chez eux. C'est le message qu'on
entend dans l'ensemble du Québec, mais je vous dirais qu'en Abitibi-Témiscamingue,
ces gens-là, la population a été, jusqu'à aujourd'hui, parmi les pionniers à
s'être levé debout pour dire haut et fort que l'action gouvernementale
présentement, dans les régions, est dévastatrice. Et ces gens-là nous ont
exprimé chacun, avec des exemples concrets, comment s'appliquaient, dans le
fond, ces mesures de démolition des régions carrément chez eux. 5 000
personnes qui ont signé une pétition, tout près de 6 000, c'est quand même
beaucoup de monde. Si on mettait ça à l'échelle de Montréal, au-delà de
100 000 signatures.
Donc, c'est un cri du coeur, c'est un cri
important que l'Abitibi-Témiscamingue lance au gouvernement. Et vous avez
entendu, parmi les témoignages, on parle d'impact dans le tourisme, on parle
d'impact dans l'occupation du territoire et surtout ne pas oublier que la
société civile veut être impliquée en Abitibi-Témiscamingue dans le modèle de
concertation régionale, et le gouvernement doit écouter cette demande-là.
Vous savez, ce qu'on... dans le fond, ce
qu'on a ce matin comme cri du coeur, c'est une demande d'ouverture, d'écoute de
la part du gouvernement pour respecter le modèle de concertation, le modèle
d'intersectorialité, le modèle de prise en main d'une région depuis plus de
50 ans. Et le gouvernement a l'obligation d'écouter ses partenaires de
tous les secteurs d'activité. Merci.
La Modératrice
: Merci,
M. Lelièvre. En fait, il me reste quelqu'un pour terminer. Il s'agit du maire
de Malartic, M. Martin Ferron.
M. Ferron (Martin) : Eh bien,
merci. Je représente ici ce matin, bien sûr, la coalition Touche pas à ma
région!, mais également les élus qui sont sur la table de la CRE.
Les élus m'ont demandé de les représenter
aujourd'hui pour passer le message suivant. Les élus de
l'Abitibi-Témiscamingue, les maires, les mairesses qui sont en place dans le
milieu travaillent ensemble, travaillent en développement régional, travaillent
au niveau de notre économie. Couper les liens, de ne plus pouvoir travailler
ensemble au développement régional, dans une concertation régionale, va
ralentir notre développement économique, va ralentir toutes les facettes du
développement régional. C'est pour ça que l'enjeu est tellement important, de
garder une organisation structurée pour pouvoir parler au nom de tout
l'ensemble des maires d'une seule voix et non de travailler de façon séparée,
en silo. Ce qui est important, c'est de s'unir pour pouvoir avancer dans notre développement
économique.
Le message est le suivant, c'est garder
une entité régionale de développement via un regroupement de la société civile,
que ce soit au niveau de la santé, de l'éducation... Toutes les facettes
demandent cette concertation régionale là. Alors, le message est le suivant,
c'est : Donner les moyens et reconnaître une telle organisation en
Abitibi-Témiscamingue et dans les autres régions également du Québec, c'est la
seule façon qu'on peut aller de l'avant dans notre développement. Merci.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 49)