(Treize heures
trente-trois minutes)
M.
Bédard
: Merci. Merci, Antonine. Merci à vous, donc, en cette fin
de session qui n'est pas tout à fait une fin de session, il faut bien le dire, parce que nous allons nous
revoir lors des crédits. Donc, je suis très heureux de tracer un bilan de notre
équipe et je ne vous cacherai que je suis particulièrement fier du travail qu'on a fait comme opposition officielle. Je
pense humblement qu'on a même surpris à certains égards. Moi, je ne doutais pas
de la qualité de notre équipe, mais ce qu'on a démontré, c'est une compétence
et le fait qu'on s'est ressaisis rapidement de la dernière élection pour montrer aux Québécois qu'on était bien
en poste et qu'on veille au grain.
Les Québécois ont confié une
lourde responsabilité à l'opposition officielle
dans un contexte, vous le savez, qui n'est pas évident, que le gouvernement a
choisi lui-même de créer, soit l'austérité, la crainte et l'inquiétude et il
faut que le gouvernement rende des comptes. Il rende des comptes par rapport à
ses actions, mais aussi par rapport aux promesses qu'il avait prises en
campagne électorale et qui, malheureusement, n'ont pas été rencontrées et… Les
Québécois s'attendent à ce que les élus soient constructifs et collaborent et
on l'a montré aussi. Je m'étais engagé à ça avec l'équipe, et nous avons livré.
Nous sommes une opposition constructive, vigilante et intraitable sur certains
points. Il est évident qu'on ne laissera pas les institutions être fragilisées.
Je pense que les événements de cette semaine le démontrent encore une fois,
qu'on ne laissera pas les familles du Québec être victimes d'une politique
d'austérité à leur égard, puis aussi de faire entendre une voix qui est
importante et qu'on n'a pas vue dans le budget, c'est celle des régions du
Québec et des plus démunis.
À tous les
Québécois qui nous regardent, sachez que vous pouvez compter sur l'équipe solide
du Parti québécois, car actuellement on fait face à un gouvernement, vous le
voyez, qui est hésitant et qui est plutôt insensible face aux besoins de la
population. C'est un gouvernement aussi qui a agi dans la confusion.
Évidemment,
l'élément… l'événement incontournable, c'est celui qui s'est passé à
Orsainville, un événement malheureux et dont on n'a pas l'aboutissement encore
par rapport aux trois prévenus, aux trois évadés, et ça, c'est quand même
inquiétant pour la population. Mais ce qui est encore plus inquiétant, le
gouvernement a contribué à cette inquiétude, d'abord en gérant cette crise avec
un amateurisme, moi, que j'ai rarement vu. Les déclarations de la ministre
conduisent directement au climat de méfiance qui s'est installé envers nos
institutions. Imaginez-vous, actuellement, ceux et celles qui sont appelés à
coordonner les recherches, quel est l'état de leur esprit quand la ministre a
dit ouvertement qu'ils avaient menti. C'est sûr qu'elle a mis en cause, tour à
tour, les forces policières, le système carcéral et le système de justice, même dans son refus de parler, par
la suite, en disant qu'il y avait une
ordonnance de publication. Imaginez, elle a forcé un juge à sortir de sa
réserve et dire qu'il n'y avait pas eu de jugement à
cet égard le vendredi précédant les événements. C'est du jamais vu.
Honnêtement, la farce a assez duré, le premier ministre doit confier le
ministère de la Sécurité publique à quelqu'un d'autre. Je comprends que son
choix est tout récent, mais la ministre n'a pas été à la hauteur, et il doit
maintenant corriger le tir rapidement.
Quand au budget
Leitão, vous avez vu, rapidement, c'est un budget… on le qualifie de
libéralocaquiste, ce n'est pas hasard, là, c'est parce qu'on y retrouve
beaucoup d'engagements, effectivement, de la CAQ. C'est un jugement où on ne
voit pas de traces, d'ailleurs, des engagements libéraux de la dernière
campagne, et c'est pour ça que, sans hésitation, on l'appelle le budget des
promesses brisées.
Il y a plusieurs
façons qui peuvent l'illustrer, mais deux qui nous touchent particulièrement.
On avait dit : Pas de hausses de taxes et d'impôt. Or, les taxes ont
augmenté, on parle pour la bière, entre autres. C'est quand même une hausse
importante de taxes pour les citoyens du Québec, mais l'autre, c'est sur
l'impôt. Ça a presque passé inaperçu. C'est assez incroyable de déclarer une
hausse d'impôts pour les gens de 60 ans et plus. Moi, je n'avais vu ça
nulle part dans le programme libéral, et le ministre nous a dit, le ministre des
Finances, que c'était leur façon de contribuer à l'atteinte de l'équilibre
budgétaire. Il me semble que ça aurait été bien de l'entendre lors de la
dernière campagne électorale.
La rigueur,
c'est bien. Vous le savez, je pense qu'on l'a incarnée lorsqu'on était au
gouvernement par rapport aux objectifs budgétaires. Mais l'austérité, ce n'est
pas la bonne voie, et il manque cruellement, actuellement, de mesures
structurantes pour la création d'emplois. Nous avions un plan très clair. Eux,
pendant la campagne, souvenez-vous, avaient parlé de la création de
250 000 emplois. Alors, l'effet libéral jusqu'à maintenant, c'est la
diminution de 50 000 emplois. Mais ce qu'on voit, c'est qu'on n'a pas de
plan pour la suite des choses. Le plan, lui, il portait sur de l'asphaltage, et
l'asphaltage, par rapport à l'endettement du Québec, c'était impossible d'aller
plus loin dans cet asphaltage. Le problème, c'est qu'on n'a pas d'autre plan.
Nous, on avait
proposé des mesures concrètes. Au niveau de la création d'emplois, il y avait
une politique économique, on l'a mise de côté tout simplement. On avait une
politique de recherche, on l'a mise de côté, on ne l'a remplacée par rien. On
avait un engagement clair au niveau du programme des gazelles. Je comprends que
c'est le Parti québécois qui avait fait ça avec Élaine Zakaïb, mais ça
répondait à un besoin des PME du Québec. On a tassé cet engagement, 500
entreprises étaient prêtes à aller de l'avant,
et on ne l'a remplacé par rien. Actuellement, on est en attente.
Ce qu'on voit
aussi pour les régions, c'est dramatique. La baisse des crédits d'impôtde façon aveugle va avoir
une… je vous dirais, un effet déstructurant pour les PME. Dans nos régions au Québec, ils ont besoin de
cette aide. Même chose pour le secteur de la culture. On a vu la ministre de la Culture de
dire : Écoutez,
moi, je ne me suis pas battue, alors battez-vous maintenant. Battez-vous pour faire en
sorte que cette culture-là puisse rayonner partout au Québec, et je pense qu'une
coupure aveugle comme on a vu inquiète les milieux, mais va avoir un effet
direct sur notre capacité de produire en français, dans notre langue, des
produits qui sont consommés, qui sont aimés par les Québécois, et je pense que
c'est très grave.
On a vu aussi le
gouvernement
revenir… ramener des dossiers dont il n'était pas fait mention lors de la
dernière campagne. D'abord, la filière du gaz
de schiste. Qui, au Québec, avait décidé de
ramener ce débat inutile? On aurait dû maintenir le moratoire, comme nous le
souhaitions. Le SLR, on est revenus en arrière, on n'a pas d'autres solutions. On
est à la veille de construire un pont puis on a un ministre qui pose encore
la question : Qu'est-ce qu'on doit faire?, alors que c'était un consensus. Et les
minicentrales, qui ne correspondent à aucun des débats que j'ai vus pendant la
campagne, j'aurais bien aimé entendre le premier
ministre en faire mention. C'est un débat
d'arrière-garde. Les régions ont besoin de soutien, mais ce n'est sûrement pas en divisant
les Québécois
autour de cette question qu'on va aider les régions.
Donc, nous
serons… Grâce à notre travail, le gouvernement, vous avez vu, a dû reculer et entendre raison sur des
questions importantes. La liste est très longue, mais abandon du plan de 15 milliards, qui était
irresponsable, sur l'asphaltage, recul sur la vente partielle d'Hydro-Québec. C'était quand même un des éléments
du rapport Montmarquette et ils ont reculé, je pense que c'est une bonne chose.
Les services de garde, on a, au niveau partiel, on était prêts, même, à garder des immeubles
vides pour les parents du Québec, sans y mettre d'enfants — c'est incroyable, là! — alors que les besoins étaient évidents. Et je ne vous
cacherai pas que, concernant la lutte à l'itinérance et les groupes
communautaires, je suis très inquiet. Le gouvernement avait les moyens de soutenir ces gens dans le contexte
qu'on connaît. C'était la moindre des choses. Ils s'étaient engagés dans le
cadre d'une motion, ils ont reculé.
Sur l'aspect
constructif, on est très fiers du projet de
loi Mourir dans la dignité — c'est l'événement marquant de la
présente session — un travail formidable, mené de main de maître par Véronique Hivon, qui a
reçu, je pense, tous les éloges qu'elle mérite. Elle l'a fait dignement, et ça
a fait en sorte que le Québec,maintenant, est un exemple par
rapport aux soins de vie et, en même temps,
s'est engagé dans la voie de l'investissement sur les services palliatifs. Donc, on voit à quel point…
agit avec vision et, en même temps, en consultant les gens, en les respectant,
bien, on est capables d'arriver à des bons résultats.
Donc, ce que
nous souhaitons maintenant, c'est s'assurer que le gouvernement nous entende, parce que M. Couillard avait dit qu'on allait être préoccupés
des consensus.
On a parlé de Mourir dans la dignité, mais, dans le cadre du budget, on n'a pas
agi par consensus, on a agi à l'aveuglette, très clairement. Des coupures,
je vous dirais, de 20 % de façon… en
l'appliquant à tout le monde, sans regarder…
Une voix
: …
M.
Bédard
: …paramétriques, effectivement, ce qui… Ce qu'on aurait dû faire, c'est regarder les
crédits d'impôt, comme on l'avait fait, d'ailleurs, sur la protection du milieu
pharmaceutique. Souvenez-vous, on les avait consultés, on avait dit : On
va diminuer la protection sur les brevets, mais on va arriver avec une
politique de développement économique, au niveau du secteur pharmaceutique, qui
va être adaptée. On ne l'a pas fait.
Donc, je suis
inquiet. J'espère que M. Couillard va passer du geste à la parole, parce
que je crois, moi… les gens, je crois leurs gestes. Leurs paroles, je vous
avouerais que, depuis 15 ans ici, j'ai beaucoup de doute par rapport aux paroles. Donc, je souhaite qu'il
passe de ce geste… de cette parole aux gestes.
Quant à la
complaisance de la CAQ, vous l'avez vue. Lors du discours du budget, on a vu la
CAQ approuver le budget; là, maintenant, ils sont comme entre deux eaux. Ce qu'on veut rassurer
les Québécois,
c'est que nous serons à la défense des travailleurs, des régions, des plus
démunis, de la création d'emplois et des familles. Et ce qui a fait cruellement
défaut, c'est des mesures de création d'emplois. Je pense qu'on risque d'avoir
des conséquences dans les prochains jours, les prochaines semaines, les
prochains mois. Et ça fera partie de notre travail, au niveau constructif et de
vigilance, que le gouvernement reprenne des propositions qu'on avait faites. Je vous
parlais des gazelles, mais notre politique économique pour la création
d'emplois, il faut absolument que le gouvernement soit, comme l'était l'ancien, obsédé par la création d'emplois
plutôt que l'austérité et l'idéologie, comme je vois actuellement. Merci.
La
Modératrice
: Donc, pour la
période de questions…
M.
Bédard
: Et en terminant…
La
Modératrice
: Pardon, pardon.
M.
Bédard
: …seulement… Antonine, tu me permettras… mais j'ai avec moi la leader et le leader
adjoint, je les remercie parce que, pour eux, c'étaient des nouvelles
fonctions, un nouveau travail qui est important à réaliser, et je tiens à vous
dire qu'ils ont… en tout cas, vous aurez peut-être votre appréciation, mais ils ont été à la hauteur du défi
qui était devant nous, ce qui nous a permis d'être la seule véritable
opposition au gouvernement libéralocaquiste qu'on a actuellement au Parlement à Québec. Voilà.
La
Modératrice
: Donc, je
recommence. Pour la période de questions, c'est au micro, une question, une
sous-question. Je vais commencer avec le micro de gauche. Marc-André Gagnon, Journal
de Québec.
M. Gagnon
(Marc-André) : Oui. Bien, vous avez
parlé abondamment d'Orsainville dans votre bilan. La CAQ n'a pas tellement
moins de députés que vous en avez en ce moment, en nombre. Est-ce que la crise
d'Orsainville n'a pas aidé le Parti québécois à se réaffirmer davantage en tant qu'opposition
officielle?
M.
Bédard
: Bien, on voit une complaisance des caquistes, c'est
évident. Mais, vous avez vu, Hydro-Québec… personne de la CAQ ne s'est levé sur… pour défendre Hydro-Québec. Ça a été le Parti québécois qui s'est
levé pour dire : Écoutez, on ne peut pas vendre des revenus à long terme pour faire
face à une situation budgétaire à court terme, c'est complètement fou. Alors,
dès le départ, on a vu une différence dans l'approche. Donc, bien avant ça, on
a marqué… Les garderies, c'est incroyable, là. La CAQ non plus ne s'est pas
levée. On a été les seuls à défendre les familles du Québec. On a dit : On
ne peut pas avoir des immeubles avec pas d'enfants, ça ne fonctionne pas, ça ne marche pas. Donc… Et on voit les
caquistes très peu critiquer l'approche par rapport aux médecins, actuellement.
Je vous rappellerai qu'on n'a pas d'entente au moment où on se parle, alors
qu'il y a trois… deux semaines c'était une question d'heures, là. Qui peut
prendre au sérieux quelqu'un qui avait fixé un échéancier qu'il ne respecte
pas?
M. Gagnon (Marc-André) : Il a aussi été question, en fin de session — bien, en fait, à partir d'hier — du nouveau projet de loi sur les régimes de retraite. Comme
Mme Maltais est là et qu'elle a porté le dossier — il en a été question abondamment, dans la région de Québec — Mme Maltais, comment vous voyez un peu les
modifications, la différence entre les… votre projet de loi et celui qu'on a vu
hier?
Mme
Maltais
:
Écoutez, il va y avoir une commission parlementaire, il va y avoir des gens qui
vont venir étudier le projet de loi. Il est clair que, quand j'ai quitté, il y
avait un consensus, et le projet de loi qui est déposé ne semble plus faire
consensus. Et j'ai lu aujourd'hui la nouvelle inquiétante à l'effet qu'il y
avait des pompiers qui étaient en train de démissionner en masse. C'est
exactement le genre de mouvement de panique que j'essayais d'éviter. Je trouve
ça dommage. Maintenant, nos critiques viendront à la suite de l'étude article
par article.
La
Modératrice
: Merci. Jean-Marc Salvet, Le Soleil.
M. Salvet
(Jean-Marc)
: Peut-être juste en sous-question de celle de mon
collègue : Est-ce que ça veut dire que vous allez voter contre ce projet
de loi?
Mme
Maltais
:
On va…
M.
Bédard
:
Nous aurons des consultations, c'est ce que disait Agnès, mais il est évident
qu'on avait présenté un point de vue équilibré, un projet de loi qui faisait en
sorte que tout le monde y trouvait son compte. Cet équilibre, actuellement, est
rompu, il va y avoir des conséquences. Mais, dans le cadre des consultations,
on va entendre les gens pour bien comprendre et, après ça, on vous annoncera.
Mme
Maltais
:
…amendements. Y aura-t-il des amendements?
M.
Bédard
:
Nous aurons peut-être la possibilité, si on nous dit qu'il y a une main tendue,
bien, de proposer des façons de rétablir cet équilibre.
M. Salvet
(Jean-Marc)
: Sur les deux commissions spéciales, celle sur la
fiscalité et celle sur la révision des programmes, est-ce qu'il n'était pas le
temps de procéder ainsi pour tenter de faire les choses autrement?
M.
Bédard
:
Moi, des fois, M. Salvet, je me demande pourquoi on est élus, hein? C'est
quand même assez incroyable qu'on sous-traite une responsabilité aussi
importante. Qui… Est-ce que vous pensez que c'est un comité qui va dire, par
exemple, selon ce que j'ai entendu de M. Leitão ou de monsieur… du
président du Conseil du trésor, par exemple, sur l'assurance médicaments? Lui,
peut-être qu'il trouve que ça serait une mesure d'économie de ne plus avoir
d'assurance médicaments. L'assurance médicaments, est-ce que vous pensez
réellement qu'on va confier ça en sous-traitance à un comité?
M. Salvet
(Jean-Marc)
: Mais c'est le gouvernement qui va trancher en
bout de ligne.
M.
Bédard
:
Bien oui, mais alors elle est où, l'utilité? Vous auriez siégé une seule
journée au Conseil du trésor, à une seule séance… le Conseil du trésor a le
mandat de réviser chacun des programmes de façon… à toutes les séances, de
façon annuelle, biennale et parfois sur deux ans ou sur trois ans,
tout dépendant des programmes. C'est exactement la responsabilité d'un élu.
Qu'il ne soit pas capable de le faire, c'est une chose, qu'il confie en
sous-traitance, moi, ce que ça annonce, je vais vous le dire, c'est de
l'indécision. Ce qu'on voit, c'est un gouvernement qui ne sait pas où est-ce
qu'il s'en va. Alors, quand tu ne sais pas où est-ce que tu t'en vas, qu'est-ce
que vous pensez qu'on fait? On confie ça à un comité de non-élus qui va faire
un rapport. On va parler du rapport. Puis, pendant ce temps-là, est-ce que vous
pensez réellement que les bonnes décisions
vont se prendre pendant qu'on fait ces débats-là? On est le premier gouvernement en 15 ans
qui est arrivé sur ses cibles budgétaires justementparce qu'on n'est pas entrés dans cette façon de faire là.
M. Salvet (Jean-Marc)
: En complément, peut-être… moins d'impôt sur le revenu et plus de taxes à la
consommation, laisse entendre M. Leitão. Est-ce que c'est quelque chose que vous voyez d'un oeil favorable si c'est à coût nul, au
total?
M.
Bédard
: Oui, je pense que les Québécois ont d'affaire aussi à être vigilants. Le gouvernement libéral a
augmenté les taxes la dernière fois. Avez-vous vu des baisses d'impôt dans les
deux dernières années de règne? Non, mais on a augmenté deux points de TVQ. Là,
ce qu'on leur dit, c'est que les tarifs d'électricité vont continuer à
augmenter, puis, un jour, il y aura des baisses d'impôt. Je suis plutôt inquiet. C'est rare
qu'un exercice de révision de la fiscalité va amener un abaissement, surtout
dans les circonstances où le gouvernement est en perte de revenus. Qu'est-ce
que ça annonce? C'est une hausse généralisée
de taxes. C'est sûr qu'on va défendre, nous, la classe moyenne et les familles
du Québec,
c'est évident.
La
Modératrice
: Véronique
Prince, TVA.
Mme Prince
(Véronique)
: Oui, j'aimerais
revenir sur les 150 pompiers de Montréal qui prennent leur retraite en bloc, parce que Mme Maltais
l'a commenté brièvement, mais je voudrais vous entendre davantagelà-dessus, là, ce n'est quand même pas rien, là,
ça risque d'affecter les services.
M.
Bédard
: On a une inquiétude, évidemment, on n'a pas pu poser la question à la ministre. Si elle a de la misère à gérer et à donner la bonne information, je ne vois
pas comment elle pourrait s'occuper d'un dossier d'une telle importance. Donc, je pense que le ministre du Travail a un
gros travail à faire pour ramener les gens puis leur dire : Écoutez, je
vais être à l'écoute. Ce qu'on sent, actuellement, c'est un gouvernement qui est fermé. Donc, quand on brise des équilibres, il
peut y avoir des conséquences. Moi, ce que je souhaite, évidemment, pour la
sécurité de la population, c'est que tout le monde rencontrent leurs responsabilités, les pompiers en font partie, les autres corps, donc, ils
doivent se faire entendre d'une façon qui ne mettra pas en péril la sécurité de
la population.
Mais je suis déçu avec la légèreté dont le gouvernement a abordé ce dossier-là. Je
pense… et maintenant, c'est ouvrir la porte puis dire : On est prêts à
entendre tout le monde. Et ça, nous, on va être entendus, et il faut rétablir…
s'assurer qu'on a un équilibre dans cette approche.
Mme Prince
(Véronique)
: Puis il y aplusieurs députés dans
votre formation
qui ont dit qu'ils n'étaient pas nécessairement pressés à avoir une course à la direction au Parti québécois, que tout le monde voulait
prendre son temps. À la lumière de la session écourtée que vous avez eue là, est-ce que vous vous
sentez assez solides pour passer une autre session parlementaire à l'automne
sans chef, sans rien vous enlever à vos capacités, là?
M.
Bédard
: Bien, je pense que vous avez un gros jugement de valeur, hein? On a
montré qu'on était l'opposition officielle, c'est quand même… et on l'a montré à tous égards, et on est responsables
des reculs du gouvernement qui auraient eu un impact, donc, le reste, ça appartient
au parti, ça sera au parti à déterminer quelles seront les conditions de cette
course. Mais, ce qu'on a vu… on s'était donné un objectif, c'est que la population soit fière de l'opposition, et de
montrer que, oui, on peut être constructifs, vigilants et intraitables. On l'a
bien démontré, donc, on va continuer à le faire.
La
Modératrice
: Julien Lafille,
Radio-Canada
M. Lafille
(Julien)
: Oui, bonjour. Je
voudrais revenir sur les circonstances entourant l'évasion du centre de
détention de Québec. L'enquête administrative pourrait très bien démontrer que la
ministre a
agi de bonne foi selon les informations dont elle disposait. Pourquoi alors vous acharner sur elle plutôt que d'attendre, justement, les conclusions,
qui vont venir quand même assez vite?
M.
Bédard
: Quel est le rôle d'un ministre? Quand il y a une crise, là, est-ce que vous pensez qu'un ministre doit déléguer sa responsabilité? Savoir la raison pourquoi on a baissé la cote de sécurité, c'était la responsabilité de la ministre. Elle est
incapable de le faire. Son problème, c'est de ne pas avoir été briefée puis, quand elle l'a
été, de ne pas poser de questions. Après ça, ça a été de donner des fausses informations,
littéralement, qui ont attaqué la justice, qui ont attaqué la confiance du ministère.
Mais, après ça,
pour être sûre de ne rien dire, elle a dit : Il y a une entente de
non... il y a
une ordonnance de non-publication qui m'empêche de parler. Or, c'était faux. Le
juge a... Elle a forcé le juge à sortir pour dire : Écoutez, ce n'est pas
vrai, il n'y a
pas eu de jugement le vendredi précédent. Et ce n'était pas... ça ne visait pas
la situation
des trois prévenus. Alors, vous voyez?
L'enquête
administrative... Est-ce quequelqu'un pense ici au Québecqu'il n'y aurait pas eu d'enquête administrative? Y a-tu quelqu'un qui pense ça? Le problème, c'est que,
pendant ce temps-là, on ne l'a pas, l'information. Alors, pour un gouvernement
qui avait dit qu'il allait être transparent, ce qu'on a, dans les faits, de
facto, c'est une ministre qui n'est plus en poste, elle n'a plus la faculté de
gérer ce dossier-là, qui est un des plus importants. Alors, on demandait...
Ce n'est pas
s'acharner que de demander au premier ministre, de dire : Écoutez,
l'intérêt public commande que, pour coordonner les recherches, ramener la
confiance puis arrêter de mettre la faute sur tout le monde, ça prend quelqu'un
de nouveau. S'il veut la nommer ailleurs, ça sera son choix, mais je pense que
ça aurait commandé une action rapide. Et souvenez-vous, à l'époque, on a
demandé la démission d'un certain ministre de l'Environnement pour à peu près
cinq fois moins, là. Là, on est intervenu directement dans le judiciaire :
forcer un juge à sortir pour s'expliquer, de ma carrière juridique, je n'avais
jamais vu cela.
M. Lafille (Julien)
: Donc, vous lui reprochez, essentiellement, qu'elle ne
prend pas ses responsabilités? Est-ce que vous acceptez une part de
responsabilité, étant donné que vous étiez au gouvernement lorsqu'il y a eu
l'évasion de Saint-Jérôme en mars 2013?
M.
Bédard
:
La question, c'est de savoir comment se sont évadés les gens. La question,
c'est de savoir : Est-ce que c'est par hélicoptère? Est-ce que c'est en se
déguisant ou s'en allant dans la malle à linge? L'idée, c'est qu'à la base, ces
gens-là avaient un code de sécurité particulier, parce que, justement, il y
avait un risque d'évasion qui était connu par le ministère. Alors, si on n'agit
pas en fonction du risque, c'est là qu'on a un problème, là.
Avoir été
ministre de la Sécurité publique, Stéphane l'aurait fait. La première question
que j'aurais posée dimanche matin en me levant : Pourquoi on a abaissé la
cote de sécurité? Et je vous aurais donné la réponse, pas pour accabler
quelqu'un, mais pour vous dire : Voici la cause, on a baissé la cote de
sécurité, et après ça de comprendre pourquoi on l'avait baissée. C'est évident,
dans le contexte actuel, qu'il est très difficile de justifier, avec les
informations que détenait le ministère, qu'on ait pu baisser cette cote, voilà.
Quant à nos responsabilités, on les a prises à l'époque.
M. Lafille (Julien)
: Est-ce que ça serait possible d'entendre le leader adjoint
là-dessus, s'il vous plaît?
M.
Bédard
:
Oui, oui, bien, Stéphane a fait ses commentaires, effectivement, là-dessus.
La
Modératrice
: Parfait. Kevin Dougherty.
M.
Bédard
:
Mais c'est qu'on a un porte-parole, et Stéphane va être très disponible. Il l'a
été, d'ailleurs.
Mme
Maltais
:
Pascal.
La
Modératrice
: On va terminer en français.
M.
Bédard
:
Pascal Bérubé est le porte-parole en cette matière. Et on a assumé nos
responsabilités, Stéphane l'incarne très bien.
La
Modératrice
: Kevin Dougherty, La Gazette.
M. Dougherty
(Kevin)
: Yes… Pardon, je ne veux pas passer...
M.
Bédard
:
C'est votre dernière conférence de presse, Kevin? Ah oui?
M. Dougherty
(Kevin)
: Une dernière fois, oui. Alors là, on a commencé la
session avec des belles intentions, on a parlé d'ouverture, transparence. Vous
voulez changer l'atmosphère de l'Assemblée, vous avez parlé de la loi
n° 52. Mais là avec certains événements — il y a Orsainville, il
y a la loi sur les régimes de retraite — qu'est-ce que vous attendez
pour l'automne par rapport à cette ouverture d'esprit qu'on a vue, déjà?
M.
Bédard
:
Vous avez vu, on l'a fait, ça a été un choix. Nous, notre objectif, c'est
ramener la confiance des gens, je vous l'avais dit au départ, et on l'a
réalisé. Le ton avec lequel on aborde… Moi, j'avais trouvé, à l'époque, que
l'agressivité à l'égard de Mme Marois, dans un contexte qui ne le
justifiait pas, n'était pas la bonne chose à faire. Par contre, ça ne nous
empêche pas, je vous dirais, d'être à la hauteur de nos responsabilités. C'est
pour ça qu'on a demandé la démission de la ministre.
Quant à cet automne,
c'est sûr que le gouvernement, au-delà des mots, devra agir dans la
transparence, rendre compte par rapport à ses engagements. Une campagne
électorale, c'est un moment qui est important, là, dans une vie démocratique.
Comment on peut reculer sur autant d'engagements sans donner des
justifications? Et on va le faire, mais, je pense, avec le bon ton, en étant
respectueux de la population et des institutions — c'est ce qu'on souhaite faire — et en apportant des solutions quand c'est le cas.
D'ailleurs, en matière économique, création d'emplois, c'est sûr qu'on va avoir
des bonnes propositions. Ils ont décidé de mettre de côté le budget, les
éléments qu'il y avait au niveau des mesures de création d'emplois. Il va
falloir revenir à la charge, mais on va le faire dans le bon ton, là.
M. Dougherty
(Kevin)
: …pas des conflits, tu sais, avec les manifs, et tout
ça, ça va être un peu comme dans le temps de Charest, non? Au début.
M.
Bédard
:
On est arrivés au gouvernement où la paix sociale au Québec était rompue.
Personne ne peut souhaiter, au Québec, qu'on revive des situations où,
justement, les gens sont en situation soit d'insécurité ou d'instabilité par
rapport à cette paix sociale. Donc, notre objectif, nous, ça va être de
préserver cette paix sociale, et j'invite le gouvernement à ouvrir les
oreilles, là; pas seulement d'ouvrir la bouche, d'aller rencontrer les gens.
Quand on coupe des crédits d'impôt, bien, on rencontre les gens. Quand on
adopte des lois qui ont des impacts sur la vie de tous les jours des gens, il
faut aller leur parler, et actuellement le gouvernement, il est en vase clos,
là. On dirait qu'ils sont tous seuls dans leur bulle et ils adoptent des
politiques à partir d'une colonne de chiffres. Ce n'est pas suffisant.
La
Modératrice
: Philippe
Teisceira-Lessard, à LaPresse.
M.
Teisceira-Lessard (Philippe) :
Bonjour, M. Bédard. Vous dites : C'est évident qu'il y aurait eu une
enquête administrative sur la situation, même
si... bon, même s'il n'y avait pas eu une enquête administrative annoncée
publiquement puis en grande pompe, tout ça. Est-ce qu'il y en a eu une en 2013
sur l'évasion de Saint-Jérôme? Et, si oui, à quoi ressemblaient les conclusions
de cette enquête administrative là?
M.
Bédard
:
Ce qu'on avait en 2013, versus ce qui s'est passé... Dans ce cas-ci, ce qu'on
a, c'est une norme de... Maintenant, on le sait, la raison, il y a eu une baisse
de la norme de sécurité, c'est ce qui a entraîné l'évasion. Et cette décision
est prise de façon administrative, ce n'est pas un juge qui l'a prise, et
maintenant on le sait aussi. Donc, il y aurait eu, effectivement, une enquête
administrative, il y aurait eu des gens qui auraient posé la question :
Pourquoi les normes administratives ont été baissées? À l'époque, vous le
savez, quand sont arrivées les évasions par hélicoptère, on a demandé des
mesures additionnelles au fédéral.
Mais, entre vous
et moi, on ne transformera pas les prisons du Québec à haute sécurité comme au
fédéral. Je vais tenter très brièvement, là, de vous expliquer qu'une prison au
Québec — Stéphane le pourrait aussi bien que moi — c'est
pour l'incarcération des gens de deux ans moins un jour. En général, les gens
ont moins d'intérêt à vouloir s'évader, ils vont quitter plutôt rapidement. Au
fédéral, c'est les lourdes peines. C'est pour ça qu'on a des cotes de sécurité
pour les prévenus qui sont en attente de procès, qui peuvent, eux, représenter
un risque à la sécurité.
Donc, ce qui est
triste dans tout cet épisode, c'est le fait qu'on n'ait pas retrouvé les gens,
mais qu'en même temps on ait créé une crise de confiance dans le ministère. Et
M. Bouchard, moi, vous savez, il a tout mon respect. Il a travaillé à
l'époque de mon père, c'est juste si ce n'est pas lui qui l'a nommé, Michel
Bouchard, qui est un homme très respecté. Mais vous voyez à quel point la
ministre n'est plus en contrôle? On a besoin d'aller chercher quelqu'un à la
retraite parce qu'elle n'est plus capable d'assumer cette responsabilité.
M.
Teisceira-Lessard (Philippe) : Une deuxième... ou une sous-question, peu importe comment on le voit, en deux points. M. Legault,
ce matin, a eu l'audace de donner une note sur 10 au gouvernement. Je me demandais
si vous feriez de même. Et par ailleurs l'autre volet de la question : Sans vous donner une
note à vous-même, comment est-ce que, comme chef, vous voyez votre performance individuelle?
M.
Bédard
: Je pense que les notes, je vais laisser ça à tous les
commentateurs. Je trouve ça toujours bien, là, d'entendre des gens là-dessus, et c'est... Si vous les notez, je
pense que c'est... Il y a plus que ça, là. Actuellement, promesses brisées, moi, c'est
ça que je retiens de l'action gouvernementale, et beaucoup d'inquiétude pour
les familles et les travailleurs actuellement, puis, pour l'emploi, bien, pas de mesures concrètes.
Donc, ça sera à la population à donner son bulletin, pas à moi.
M.
Teisceira-Lessard (Philippe) : Vous? Votre
performance individuelle?
M.
Bédard
: Très heureux. Je vous l'ai dit, les gens ont fait leur
travail, on s'est retournés... Beaucoup auraient souhaité qu'on fasse un exercice de contrition
sans fin. Au contraire, on a bien analysé les résultats, on les a bien compris, on a compris le message de la
population. Maintenant, la population, ce qu'elle veut, c'est une opposition qui
est solide. C'est ce qu'on a démontré, je pense, sans le moindre doute.
Journaliste
: Bonjour. Est-ce que je peux demander quelques questions en
anglais à M. Bergeron?
M.
Bédard
: Oui, oui, oui. Avec grand plaisir.
Journaliste
:
M. Bergeron, I wonder if you could tell me… if you could sum up what is
your biggest concern about the direction of the Government
right now.
M.
Bergeron
: We
are a bit concerned about the fact that this Government
broke a lot of his promises, the promises that he made during the last
election. There are some backwards… some back forward, back…
Une
voix
:
Backtracking?
M.
Bergeron
: …backtracking,
backtracking during this short session, we saw it in the speech, the inaugural
speech and the speech on the budget, and this is our main preoccupation for the
families, for the middle-class workers and…
Journaliste
: M. Bédard touched on pensions and said
that the consensus that was in the previous bill has been lost. Can you expand
on that a little? Why do you think that this bill is getting the kind of
declaration of war statements from the unions?
M.
Bergeron
: This
is probably a question you should address to the unions, but, from
what we can see right now, is that we had this… équilibre?
Une
voix
: Consensus?
Compromise?
M.
Bédard
:
Consensus, on avait un consensus.
Une
voix
: A balance.
M.
Bergeron
:
Balance, yes. It was a balanced bill, and I'm… The way I see it, the unions are
quite preoccupied by the fact that only the point of view
of the municipalities has been taken in consideration, and that they will loose
a lot in this bill.
So,
it is impossible for us to tell right now what will be our position, because we
don't know if the Government is open to any amendment, and
we'll have to listen to the representations that will be made in a
parliamentary commission. So… But we'll work, as our leader told us… told you,
we want to work in collaboration with the Government and
we hope that the Government is in the same mood, to… with this bill.
Journaliste
: And, on Mme Thériault, do you think it's
premature… do you not think it's premature to call for her resignation already,
before we know exactly what happened? There's been a lot of confusion this
week.
M.
Bergeron
: You
just tell it… you just told it. There was a lot of confusion this week. The
main mission of a Public Security Minister is, when those kinds of situations occur, to reassure the population. And
we had a minister this week that was not in a position to reassure the population. In fact, if I can say it bluntly, I think there were most
concerns after every declaration she made than before. And, I think, only for
this reason, for the confusion, for the wrong accusation that she made on a
judge, for not telling the truth to the Parliament, I
think this resignation is more than… is the situation that
should happen.
La
Modératrice
: Tom.
M. Daigle
(Thomas) : Bonjour. Just
to follow up on what my colleague was asking about, if you were still Public
Security Minister, what would you
have done differently?
M.
Bergeron
: Ah! I'm not.
M.
Bédard
: Ha! Ha! Ha! Good try! Thank you.
La
Modératrice
: Merci beaucoup.
(Fin à
14 h 5)