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Point de presse de M. Yves Bolduc, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé

Version finale

Le mercredi 15 janvier 2014, 13 h 50

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures quarante-neuf minutes)

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, écoutez, on va a convoqués aujourd'hui parce que, comme à l'habitude, avec ce gouvernement, on a plusieurs inquiétudes par rapport à la gestion du réseau de la santé. La première, ce qui est inacceptable pour nous, c'est mettre fin à la gratuité des lits d'hospitalisation. Hier, l'annonce nous a beaucoup surpris, puis je trouve ça, encore là, que je vous répète, inacceptable qu'on puisse même penser à faire payer des patients qui sont très malades pour des lits d'hospitalisation.

Actuellement, la règle, c'est gratuit, sauf les gens qui veulent payer une chambre privée ou semi-privée. Mais, à partir du moment qu'il n'existe que des chambres privées comme au CUSM et au CHUM, c'est certain que le patient ne peut pas assumer les coûts d'hospitalisation. Et puis de penser que, par la suite, ça va rester seulement qu'au CHUM puis au CUSM, on sait que la pensée du ministre, c'est vraiment de taxer, probablement qu'il va y avoir une extension pour les autres établissements de santé dans un souci d'équité, une équité qui crée une grande injustice.

Pourquoi nous avons mis en place des chambres à lit unique ou à double lit? C'est tout simplement pour la prévention des infections, éviter les infections style Clostridium difficile et, de plus, c'est une question de sécurité et de qualité. Donc, pour le bien-être du patient, nous avons favorisé, au cours des dernières années, de n'avoir que des chambres simples ou doubles dans nos établissements de santé et, au fur et à mesure qu'on construit des établissements ou qu'on rénove des établissements, on essaie d'éliminer les chambres à trois lits et à quatre lits. C'est une question de qualité des soins.

Donc, d'aller mettre une nouvelle taxe, parce qu'il faut l'appeler comme ça, c'est une nouvelle taxe, en demandant aux patients de payer. En plus, je trouve ça ironique. Vous allez avoir votre dossier médical, puis maintenant ça va prendre votre rapport d'impôt lorsque vous allez rentrer à l'hôpital, même pour une hospitalisation de 24 heures.

Notre deuxième grande inquiétude, c'est la question de la gestion des urgences. Auparavant, à cette période-ci de l'année — on a fait une révision de la presse — c'est qu'on ouvrait des cliniques de grippe, on faisait… on avait un plan pour sortir les patients en attente d'hébergement, parce qu'on sait que c'est une période qui est très achalandée. Excepté un court message du ministre pour dire de se faire vacciner, le ministre est absent sur toutes les tribunes. On n'a pas l'impression qu'il y a quelqu'un qui est à la direction du ministère de la Santé, et c'est au ministre de donner les orientations pour sortir les patients en attente d'hébergement.

Inutile de vous rappeler que, s'il y avait eu une entente avec les pharmaciens, à ce moment-ci, les patients qui attendent pour une petite infection des urines ou encore des problèmes bénins pourraient être vus par leur pharmacien puis recevoir le médicament approprié, plutôt que d'attendre des heures dans les urgences et occuper le temps du médecin qui, lui, pourrait être utilisé à meilleur escient.

Donc, à ce moment-ci, on pense qu'il y a une déficience au niveau de la gestion du réseau de la santé. On commence à voir des reportages, justement, avec un taux d'occupation de 300 % à l'Hôpital du Suroît. Ici même, à Québec, les hôpitaux débordent. Et ce n'est pas juste une question de température, c'est la même chose à chaque année. Donc, des mesures doivent être prises pour corriger la situation puis essayer d'améliorer notre système de santé.

Donc, le ministre est absent, et on lui demande de prendre en charge les différentes problématiques du réseau. Et plutôt que de penser que l'assurance autonomie, qui va se mettre en vigueur sur plusieurs années si le projet de loi passe, il faut plutôt penser qu'aujourd'hui les patients en ont besoin, ont besoin de soins et ont besoin de quelqu'un qui soit à la commande du réseau de la santé pour pouvoir donner une meilleure accessibilité puis une meilleure qualité des soins.

M. Laforest (Alain) : Quand vous avez lancé les PPP CHUM, CUSM, qu'est-ce que vous aviez prévu, justement, pour faire en sorte que le contexte allait changer, là, qu'il n'y en aurait plus, de chambres à quatre…

M. Bolduc (Jean-Talon) : À l'époque, là, la position, quant à moi, elle était assez claire. C'est qu'en ayant des chambres privées uniques, à ce moment-là, les chambres, à ce moment-là, deviendraient gratuites. Sauf que, comme de fait, les patients qui ont peut-être des assurances, à ce moment-là, on pourrait avoir un certain montant au niveau des assurances. Mais il n'y avait pas question de charger directement au patient en fonction des revenus et il n'était certainement pas question d'avoir une nouvelle façon d'aller chercher des revenus supplémentaires au niveau du CHUM et du CUSM.

M. Chouinard (Tommy) : Mais le montant refilé à l'assureur, ça avait pour effet de faire augmenter la prime du patient.

M. Bolduc (Jean-Talon) : Oui. Oui, excepté qu'on sait que l'orientation future du ministre… du ministère de la Santé, notre orientation, c'était qu'on s'en allait de plus en plus vers des chambres simples et des chambres doubles, donc on aurait de moins en moins besoin, dans certains établissements, d'utiliser, justement, la formule des assurances. Parce que vous savez que, lorsque c'est médicalement indiqué, théoriquement, la chambre devrait être gratuite, et, pour le patient qui n'a pas d'assurance, il n'a pas à payer sa chambre d'hospitalisation.

M. Laforest (Alain) : Le 60 millions que le ministère de la Santé va chercher, là, en frais d'hospitalisation, vous seriez allé le chercher où? Les finances publiques craquent de partout, là.

M. Bolduc (Jean-Talon) : Oui, c'est ça, mais il faut… c'est l'amélioration de la performance. Il y a encore beaucoup de travail à faire au niveau de l'amélioration de la performance. Il y a des projets également, vous avez vu, pour améliorer la productivité du réseau de la santé, il y a des grandes orientations qui ont été prises également pour essayer de dégager des nouveaux revenus. Mais ce n'est certainement pas en ayant une nouvelle taxation, c'est-à-dire en chargeant plus au patient… Et dans le système, ce n'est pas seulement que ceux qui avaient des… qui auraient des assurances qui seraient taxés, ce serait également le simple citoyen qui n'a pas d'assurance, et qui a un emploi, et qui, lui, serait appelé à cotiser selon son revenu. De plus, toutes les tracasseries administratives…

L'autre inquiétude que les gens n'ont pas beaucoup mentionnée, ça, ça voudrait dire qu'il faudrait pratiquement que vous donniez votre rapport d'impôt à l'hôpital pour qu'il soit en mesure d'évaluer si, oui ou non, vous avez la capacité de payer pour une chambre d'hospitalisation. Et la majorité des patients ne restent seulement que deux, trois ou quatre jours, donc ça va être un grand problème administratif.

M. Chouinard (Tommy) : L'hypothèse qui est examinée, l'une des hypothèses, un des scénarios examinés actuellement, c'est justement... c'est de faire payer ceux qui ont une assurance privée. Donc, je comprends que, même à l'époque, c'était discuté et que vous êtes favorable à cette mesure-là.

M. Bolduc (Jean-Talon) : C'est que, si c'était seulement que… on allait chercher seulement que l'assurance, comme c'est dans tous les autres établissements, ça pourrait être regardé. Mais l'hypothèse que nous avons entendu parler, sur la table, ce n'était pas celle-là, c'était vraiment en fonction des revenus, et c'est tous les citoyens, indépendamment s'ils ont ou pas des assurances, qui pourraient être appelés à payer.

Et, je le rappelle, l'importance d'avoir des lits simples ou des lits doubles dans des chambres d'hôpital, c'est une question de prévention des infections, de sécurité et de qualité, et il ne faut pas remettre ça en question, mais plutôt il faut voir comment on peut continuer, justement, à pouvoir rénover notre réseau de la santé et offrir de plus en plus ce type de lits parce que c'est ça qui est le plus sécuritaire.

M. Laforest (Alain) : Si ma mémoire est bonne, en 2003, M. Bolduc, sur votre autre sujet, le thème de la campagne électorale de Jean Charest, ce n'était pas de régler le problème des engorgements dans les urgences?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Puis il y a eu beaucoup de choses de faites. Vous avez vu le nombre de groupes de médecine de famille, de cliniques-réseaux, et également on essaie le plus possible de trouver des places pour des patients en attente d'hébergement. C'est un dossier qui continue à préoccuper les Québécois, qui est toujours présent.

M. Laforest (Alain) : C'est parce que vous accusez le ministre de ne pas être là…

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, le ministre n'est pas là pour…

M. Laforest (Alain) : …dans l'engorgement, mais c'est parce que ça n'a pas changé depuis 10 ans.

M. Bolduc (Jean-Talon) : Oui, mais le ministre n'est pas là pour la gestion au quotidien. Si vous regardez par contre, dans les 10 dernières années, on était très présents. Lorsqu'il arrivait des crises dans les urgences, on s'occupait, on sortait, on faisait des communications au niveau de la population. On ouvrait des lits de débordement. Et puis, au cours des dernières années, il y a également eu des cliniques de grippe qui ont été mises en place, mais l'arrivée des groupes de médecine de famille, des cliniques-réseaux a beaucoup apporté parce que ça a permis d'ouvrir des plages horaires pour les médecins les fins de semaine et le soir. Il y a eu du travail de fait, mais je reconnais, il y en a encore à faire.

M. Bovet (Sébastien) : Bien, juste — j'ai manqué un bout — sur le principe de faire payer, selon les revenus, les gens pour des chambres à l'hôpital, est-ce que vous êtes d'accord?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Ah! C'est inacceptable. Moi, je pense que c'est une question d'inéquité. Ça va à l'encontre de l'universalité des soins et, de plus, ça va être des tracasseries administratives. Puis je ne comprends pas que, si on y va en fonction des revenus, pour une hospitalisation de deux, trois jours pour une gastroentérite qui peut demander à ce qu'on reste à l'hôpital, on va charger au patient puis on va lui demander de nous prouver c'est quoi, ses revenus, puis d'avoir son rapport d'impôt.

Honnêtement, là, ça n'a pas de bon sens, puis je ne pense que… c'est dommage que le ministre n'est pas sorti pour dire qu'il était contre ça, puis je trouve que c'est une idée qui doit être évacuée immédiatement.

M. Bovet (Sébastien) : Mais, de façon pratico-pratique, est-ce que ça voudrait dire que, dans les hôpitaux, dorénavant, les chambres à deux et seules seront automatiquement gratuites?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Ça pourrait être ça, parce que vous savez que ça représente environ 60 millions de dollars de revenus sur un budget de 30 milliards. Donc, ce n'est quand même pas un gros montant par rapport à l'ensemble du budget du réseau de la santé. Et l'avenir va justement être, peut-être, d'offrir des soins gratuits en hospitalisation, comme c'est prévu. Et même les... on parlait tantôt des assurances, à partir du moment que vous avez seulement des chambres uniques, le plus important, c'est que vous allez également sauver au niveau de la qualité des soins.

Vous savez qu'un patient qui a le Clostridium difficile va rester plusieurs jours en hospitalisation, et ça va entraîner des coûts supplémentaires. Donc, il va y avoir une économie également de faite par le fait qu'il va y avoir moins d'infections et moins de complications.

M. Bovet (Sébastien) : À votre connaissance, est-ce que ça a été chiffré, ce gain de santé, de passer de chambres de trois à quatre à des chambres de un à deux?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Non. Ça n'a pas été chiffré, puis, à ma connaissance, même le ministre actuel n'a pas les chiffres. Mais on peut estimer que, si vous diminuez votre nombre d'infections, vous diminuez vos complications parce que les patients sont mieux pris en charge, et il y a une amélioration au niveau de la qualité. À ce moment-là, il va y avoir une certaine économie. Mais l'objectif final, c'est certainement d'avoir une universalité au niveau des soins en termes d'accessibilité.

Le Modérateur : Ça répond? Merci.

M. Bolduc (Jean-Talon) : Merci beaucoup.

(Fin à 13 h 58)

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