Conférence de presse de M. Christos Sirros député de Laurier-Dorion
Attentes de l'opposition officielle à l'égard de la politique de lutte à la pauvreté promise par le gouvernement pour la fin de la présente session parlementaire
Version finale
Le jeudi 6 juin 2002, 11 h 54
Salle Evelyn-Dumas (1.30),
édifice Pamphile-Le May
(Onze heures cinquante-quatre minutes)
M. Sirros: Alors, peut-être rapidement entrer en la matière. D'abord, merci pour votre présence et votre patience. Je tenais aujourd'hui, à quelques jours de la fin de la session, à vous exposer les attentes que nous avons en tant qu'opposition officielle face à la politique nationale de lutte à la pauvreté que le gouvernement doit déposer, nous l'espérons, devrait déposer, nous l'espérons, avant la fin de la session.
Je vous rappelle que la politique avait d'abord été prévue pour dépôt au mois de janvier, après ça pour le début du printemps. On nous a dit que ce serait déposé avant la fin de la session et, comme la fin de la session approche à grands pas, nous avons jugé opportun de ne plus attendre, mais de rendre publiques nos attentes face à la politique et identifier les points que nous considérons comme des points centraux que la politique devrait adresser.
En tout premier lieu, nous estimons que la question prioritaire qui est au coeur du débat sur la pauvreté, c'est, quant à nous, la question du niveau des revenus des plus démunis, et l'éventuelle stratégie doit donc s'articuler autour de ce thème prioritaire. Il faut de plus élargir la préoccupation au-delà du strict dossier de l'aide sociale pour aborder aussi la problématique des travailleurs à faibles revenus. Les «working poors», comme on dit en anglais, ont trop souvent été laissés pour compte et, pour ce faire, de façon plus concrète, nous souhaitons voir le gouvernement s'engager sur la voie de l'instauration, tel que nous l'avons voté lors de notre dernier conseil général, d'un programme particulier pour les travailleurs à faibles revenus, qui serait un programme de soutien des revenus de travail. En fait, élargir, moderniser et rendre véritablement accessible le programme APPORT, tel que nous l'avons déjà indiqué.
Il faut aussi examiner les clientèles qui bénéficient actuellement de l'aide sociale et mieux cibler nos interventions face à ce groupe et nos efforts parce que, au-delà des personnes aptes et inaptes, on constate tous les jours – et on le voit directement sur le terrain – qu'il y a toute une catégorie de personnes qui sont dans ce qu'on a appelé une zone grise. Ils ne sont pas clairement identifiables comme des personnes inaptes, tel qu'on l'entend généralement, mais ils ne sont pas pour autant réellement aptes au travail et elles sont traitées pourtant comme si elles l'étaient.
Alors, nous nous attendons à ce que cette réalité soit abordée et nous suggérons que le gouvernement explore la possibilité d'instaurer un programme d'aide psychosociale adapté à cette clientèle. Trop souvent, ils sont traités sans une véritable approche humaine. C'est une administration bureaucratique de la loi face à ces personnes-là, et il y a lieu de voir avec, par exemple, les services sociaux ou la réorganisation des centres, comment est-ce qu'on peut véritablement cibler cette clientèle.
La politique doit clairement, quant à nous, mettre l'accent sur le marché de l'emploi comme voie de sortie de ce qu'on peut appeler la trappe de la pauvreté et doit également être entamé un réel décloisonnement entre les mesures passives, c'est-à-dire l'envoi du chèque, et les mesures actives d'insertion. Nous souhaitons voir une approche globale face à la personne en situation de difficulté, qui permette une plus grande flexibilité, qui passe nécessairement par une meilleure connaissance de la clientèle.
La politique doit donc accorder une attention particulière à la question de l'arrimage entre le profil de la clientèle et les mesures d'aide correspondantes. Et il va sans dire – et je reprends ici des débats que nous avons eus maintes fois en Chambre – il va sans dire que le gouvernement bouge aussi sur les deux items qui ont fait l'objet de multiples échanges en Chambre: rétablissement de la gratuité des médicaments pour les personnes assistées sociales et les personnes âgées bénéficiant du revenu minimum garanti dans son ensemble. Parce qu'il est inconcevable, quant à nous, de demander à des gens dont le revenu est déjà inférieur au niveau des besoins essentiels d'assumer en plus des frais des médicaments. On ne peut que le qualifier de cruel; et je choisis volontairement ce mot. Forcer les gens à choisir entre manger et se soigner n'est que cruel et c'est le seuil minimal, pour nous, afin de mesurer la crédibilité de l'effort du gouvernement dans le dossier de lutte à la pauvreté.
Deuxièmement, il faudrait aussi que le gouvernement s'engage clairement à assurer que toute coupure ou pénalité, exception faite des cas de fraudes, sur les barèmes actuels soient abolie. Les barèmes actuels sont pour nous ce qu'on peut identifier comme un barème plancher. Inutile de dire aux gens: On va vous pénaliser si vous n'acceptez pas une telle ou telle mesure. Au niveau où ils sont déjà, ça ne créera qu'une augmentation des problèmes sociaux qu'on vit et qu'on voit dans nos villes et dans nos centres, et c'est par l'approche incitative qu'il faut procéder.
Donc, ajouter des incitatifs positifs pour augmenter les revenus, oui. Entreprendre des incitatifs négatifs par la punition, non. On espère que c'est une voie que le gouvernement suivra.
Alors, en résumé, nous nous attendons à ce que la politique mette l'accent sur le travail, aborde la question de la pauvreté des personnes et des familles qui ont des revenus de travail, mais qui restent néanmoins pauvres, et articule finalement une vision d'une approche plus flexible, donc plus humaine quant à l'aide au plus démunis. Je pense qu'on vous a ou on va vous distribuer un communiqué qui résume ces points-là, puis on pourrait prendre des questions pour ne pas vous retarder indûment.
M. Delisle (Norman): Rappelez nous donc, M. Sirros, quels sont les barèmes actuels de base pour une personne seule, une mère monoparentale avec un enfant puis une mère avec deux enfants.
M. Sirros: Je peux vous donner la première de mémoire. Une personne seule, apte au travail, c'est à peu près 515. Les deux autres, il va falloir que je vous les chemine dans les plus brefs délais, là, parce que je ne les ai pas en tête.
M. Delisle (Norman): ...le minimum à...
M. Sirros: Ça, c'est le... Pour nous, les barèmes actuels, ils sont – je vous le rappelle – déjà en bas de ce qu'on estime nécessaire pour couvrir l'ensemble des besoins essentiels.
Alors, on ne voit pas comment on peut, en plus de ça, couper davantage, que ce soit pour demander aux gens de payer pour leurs médicaments... Quand on demande ça, c'est une coupure, finalement, qu'on fait sur ce qui est déjà moins que le minimum ou autre chose. Donc, ça serait pour nous le barème plancher. Après ça, il faut envisager les mesures d'incitation pour augmenter ces revenus-là et distinguer les catégories de la clientèle de l'aide sociale.
Mais je répète qu'il faut élargir la vision de la lutte à la pauvreté au-delà de la simple clientèle de l'aide sociale. Ce n'est pas vrai que... C'est vrai qu'il y a beaucoup de gens au Québec qui travaillent, qui font des efforts soutenus de travail, qui ne réussissent pas à sortir de la trappe de la pauvreté. Ces gens-là nécessitent qu'on valorise leur travail, qu'on valorise leurs efforts, suive le dicton, le vieux dicton: Mieux vaut prévenir que guérir. Avant de les laisser s'épuiser face à leurs efforts et les retrouver sur l'aide sociale, mieux vaut les soutenir dans les efforts qu'ils font.
Et ça, c'est quelque chose qu'on a mis de l'avant avec le programme APPORT, quand on était au gouvernement, et qu'on a répété à plusieurs reprises au gouvernement, qu'il devrait élargir le programme APPORT, le simplifier, le moderniser, le rendre accessible en ciblant les travailleurs à faibles revenus.
M. Plouffe (Robert): Voulez-vous nous dire c'est quoi, un revenu acceptable? Et vous êtes prêt à augmenter de combien, justement, les suppléments de revenu, là?
M. Sirros: Ça, je pense honnêtement... Il y a plusieurs mesures de pauvreté qui existent. Nous estimons qu'il faut établir cette mesure, le niveau, le seuil acceptable, disons, de cette mesure-là en consultation ouverte et directe, et publiquement. D'ailleurs, ça fait plus d'un an qu'on demande au gouvernement d'entreprendre une consultation, par le biais d'une commission parlementaire, sur cette question-là, entre autres aussi sur la pertinence de certaines propositions mises de l'avant par le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté. Ils ont toujours rejeté ça du revers de la main. Reste à voir s'ils vont se raviser à un moment donné puis entreprendre finalement une consultation parlementaire qui nous permettra, comme société, de lier le cheminement de faire la lutte à la pauvreté avec l'accroissement de notre richesse.
M. Plouffe (Robert): Donc, vous n'êtes pas en mesure de chiffrer...
M. Sirros: À ce moment-ci, non, je ne suis pas en mesure de chiffrer.
M. Plouffe (Robert): Peut-être une dernière question. Puisque vous êtes à l'approche d'une élection, enfin on est à l'approche peut-être d'une élection, ou ça va être l'an prochain, est-ce qu'il faut comprendre que ça, ce sont des engagements libéraux pour un prochain gouvernement libéral?
M. Sirros: Ce sont des attentes que nous avons face à la politique qui sortira. Le moment venu d'une élection générale – et nous espérons qu'on n'aura pas à attendre un an – il y aura des engagements clairement chiffrés, identifiables. Mais vous avez là certainement des orientations et des items qui ont déjà été discutés et sur lesquels les instances du parti travaillent en vue d'une élection générale. Ce sont là les choses qui ont été entérinées par les conseils généraux, entre autres, et d'autres instances. Ça va?
Mme Barton (Rosemary): En anglais peut-être.
M. Sirros: All right. Sure.
Mme Barton (Rosemary): To clarify, I guess, what your particular demands are and how optimistic you are about getting any of them?
M. Sirros: I do know about the optimism part of it. Many of these things we've been repeating for the last at least two years that I've been the spokesman on the question, the Government has constantly refused to reintroduce free medicine or free drugs for people on welfare.
I still think they should. It's simply cruel to force people to choose between eating or taking their medication. These are people that are unable to meet their essential needs anyway.
But what we really hope to see in the policy is that we don't just talk about welfare when we talk about poverty, that we talk also about low income workers they're working for. This is a reality that people that are making the effort, that are doing everything they can to help themselves, are still finding it impossible to get out of this poverty trap and eventually find themselves back in the welfare ranks. So we want to see a program of income supplement for the working poor that would insure that work is given the credit that it deserves.
Mme Barton (Rosemary): Do you have any indication that any of these will be included in the policy?
M. Sirros: You know, we've been waiting for this policy. It was expected in January, it was expected at the beginning of the spring, we're almost at the beginning of summer, we certainly hope that it will be tabled before the end of the session, which is next week.
And I wanted to make sure today that we put forward our expectations. That's the analysis, the grill were used if you like to analyze what we'll see, when it comes, if it comes. Whether anything will be there remains to be seen. I really don't know.
Mme Barton (Rosemary): ...insurance that it's coming?
M. Sirros: No. Oh! I have an assurance on the part of the Minister that told me that we're working on something. And politics being what it is, I suspect that it will be tabled before the end of the session which could be very likely for as soon as next week.
La Modératrice: Bien merci.
M. Sirros: Thank you very much.
(Fin à 12 h 5)