Point de presse de M. Bernard Drainville, ministre responsable des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne, et de M. Léo Bureau-Blouin, adjoint parlementaire à la première ministre (volet jeunesse)
Version finale
Le mardi 23 avril 2013, 15 h 27
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Quinze heures vingt-sept minutes)
M. Drainville: Alors, bonjour, tout le monde. Alors, aujourd'hui, le Parti québécois respecte un autre engagement avec l'adoption par l'Assemblée nationale, et ce, à l'unanimité, du projet de loi n° 13 qui va permettre à près de 450 000 jeunes de voter dans leurs établissements d'enseignement. C'est une autre mesure d'intégrité démocratique qui s'ajoute à la nouvelle loi sur le financement des partis politiques également adoptée à l'unanimité, qui s'ajoute également au projet de loi sur les élections à date fixe ainsi qu'au projet de loi qui abolit les primes pour les députés qui démissionnent en cours de mandat.
La participation des jeunes électeurs est essentielle à la santé démocratique du Québec, et nous, comme démocrates, nous avons la responsabilité d'agir pour faire en sorte que les Québécois de toutes les générations participent aux élections, aillent voter, s'expriment, fassent valoir leurs idées, leurs rêves, leurs aspirations. L'adoption du projet de loi n° 13 va permettre aux étudiants de voter dans les centres de formation professionnelle ainsi que dans les établissements d'enseignement collégial et d'enseignement universitaire. Ils vont pouvoir voter sur place pendant une période de quatre jours.
Et un des... je dirais, une des nouveautés qui nous rend très, très fiers, c'est le fait que, non seulement ils vont pouvoir voter sur leurs lieux d'étude, mais ils vont pouvoir voter également pour des candidats ou des candidates dans leurs comtés d'origine. Donc, les jeunes qui doivent quitter leurs patelins d'origine, qui doivent quitter leur coin de pays pour aller étudier à l'extérieur vont garder un lien. Ceux qui sont attachés à leur coin de pays vont pouvoir voter pour des candidats de leur coin, qui sont évidemment des candidats qui, dans certains cas, vont être des figures connues, des gens qu'ils auront côtoyés. Donc, ils vont les connaître. Et puis c'est une façon également de garder, je dirais, le lien d'attachement entre les jeunes et puis leurs communautés d'origine.
En faisant voter le projet de loi n° 13, en le faisant adopter à l'unanimité, ce que l'on dit aux jeunes, c'est que vous faites partie de notre démocratie, vous êtes une partie essentielle de notre démocratie, et là ce qu'on fait, c'est qu'on approche le bureau de scrutin de vous pour que vous puissiez vous rapprocher de votre démocratie, pour que vous puissiez donc vous exprimer en très grand nombre, on l'espère, lors des scrutins à venir. Et, vous le savez, le député qui est juste à ma gauche a travaillé aussi avec beaucoup d'ardeur puis de constance sur ce projet de loi là. Et je vous cède la parole, mon cher Léo, sans plus tarder.
M. Bureau-Blouin: Merci beaucoup, M. Drainville. Donc, une des motivations de mon engagement politique était de rapprocher les jeunes de la politique québécoise, parce que je me suis rendu compte qu'un fossé important s'est creusé entre notre génération, et les gouvernants, et l'administration gouvernementale en général. Et certes, le projet de loi n° 13 ne permettra pas de régler l'ensemble de cette problématique, mais il s'agit, je pense, d'une première pelletée de terre qui permettra de remplir ce fossé qui sépare une partie de la jeunesse québécoise du gouvernement du Québec et de l'exercice démocratique.
On a constaté, lors de l'élection électorale de 2008, un phénomène inquiétant de décrochage démocratique chez les jeunes, où le taux de participation est allé à un bas historique de près de 36 %. Ce taux a grandement augmenté lors de l'élection de 2012, à 60 %, et je suis convaincu que ce projet de loi n° 13, qui vise à instaurer des bureaux de scrutin dans les maisons d'enseignement que sont les cégeps, les universités et les centres de formation professionnelle, permettra de pérenniser et même d'augmenter ce taux de participation chez les jeunes. Donc, je pense qu'avec ce projet de loi qui vient d'être adopté à l'unanimité par l'Assemblée nationale on a mis à la disposition des jeunes l'ensemble des outils dont ils ont besoin pour exercer de manière facile leur droit de vote.
Maintenant, la balle est également dans le camp des partis politiques. Nous devons nous assurer de prendre des engagements, de mener des campagnes électorales qui vont susciter l'intérêt et qui vont susciter la participation des jeunes, mais je suis très fier d'avoir participé à ce premier exercice parlementaire complet, pour ma part, et j'espère que ce sera le début, bien sûr, d'une suite de projets qui permettront véritablement de souder, peut-être, ce lien qui a été brisé entre les générations.
M. Drainville: Cela étant dit, alors on se félicite du fait que tous les partis politiques aient voté pour le projet de loi n° 13. Cela étant dit, il faut maintenant aussi se tourner vers les autres projets de loi d'intégrité démocratique qu'on a déposés. Et je veux attirer votre... je veux attirer, dis-je bien, votre attention sur le projet de loi n° 33. Les libéraux, jusqu'à maintenant, refusent de l'appuyer. Je vous parle, bien entendu, du projet de loi qui abolit les primes pour les députés qui quittent avant la fin de leur mandat. Jusqu'à maintenant, les libéraux ne jouent pas franc jeu, ils refusent d'appuyer le projet de loi. En fait, leur position, jusqu'à maintenant, c'est que ce projet de loi n° 33 est inacceptable.
Nous, on trouve ça extrêmement dommageable et, je dirais, assez... D'abord, c'est dommageable pour le lien de confiance, parce que nous, on essaie, par ce projet de loi là comme par d'autres projets de loi, on essaie de rétablir le lien de confiance entre les électeurs puis les partis politiques, et les libéraux ont beaucoup fait pour, je dirais, nuire ou fragiliser le lien de confiance entre les électeurs puis la classe politique. Ils ont beaucoup contribué au cynisme, ils ont beaucoup contribué à créer énormément de suspicion puis de...
Regardez tous les scandales auxquels ils ont été associés ces dernières années. Il me semble que la moindre des choses, ce serait que les libéraux s'associent au projet de loi sur les primes pour contribuer à rétablir le lien de confiance parce qu'ils ont beaucoup contribué à le détruire. Ils ont beaucoup contribué à détruire le lien de confiance entre les électeurs puis la classe politique. Il me semble que la moindre des choses, ce serait qu'ils montrent patte blanche puis qu'ils disent, sur la question des primes: On va appuyer le gouvernement puis on va appuyer, donc, cette mesure d'intégrité qui vise à redonner confiance dans la classe politique.
Et, pour le moment, les libéraux sont contre, et on trouve ça extrêmement étonnant que Philippe Couillard, qui vient d'arriver, ne donne pas un mot d'ordre à son aile parlementaire pour dire: Il faut appuyer le projet de loi sur l'abolition des primes parce que c'est ça que les Québécois demandent en très grand nombre.
Je vous l'ai déjà dit, quand on a confirmé qu'on allait aller de l'avant avec ce projet de loi là qui abolissait les primes de départ pour les députés démissionnaires, j'ai reçu, dans mon comté de Longueuil, plus d'appels que je n'en jamais reçus sur aucun autre enjeu. Les gens, c'est devenu symbolique de quelque chose, ce projet de loi là. C'est devenu... Pour beaucoup de citoyens, c'est un projet de loi qui est nécessaire, qu'ils attendent, parce qu'ils ont l'impression qu'à travers ça on donne l'exemple puis qu'on envoie un signal clair, là, qu'on veut respecter le lien de confiance, qu'on veut respecter le contrat moral, qu'on s'engage, qu'on signe, dans le fond, avec les électeurs quand on se présente devant eux.
Alors, les libéraux, en tout cas jusqu'à maintenant, sont contre le projet de loi n° 33. La CAQ dit qu'elle est pour, mais, attention, elle dit: On est pour, mais en autant que ça s'applique seulement au prochain parlement. Donc, ils veulent être pour, mais, en même temps, ils veulent se donner un passe-droit pour les députés qui siègent présentement au Parlement.
M. Robitaille (Antoine): Une clause orphelin.
M. Drainville: Appelez ça comme vous voudrez. Alors, les libéraux sont contre, les caquistes disent qu'ils sont pour, mais, dans le fond, ils disent: Oui, mais pour les prochains, pas pour nous. Alors que nous, au Parti québécois, c'est un engagement ferme qu'on a pris. On veut que les primes soient abolies le plus rapidement possible puis on veut qu'un député qui quitte sans raison valable ne puisse toucher sa prime.
Donc, je termine là-dessus, moi, j'aimerais ça que les électeurs qui nous écoutent et qui veulent l'abolition de ces primes de départ pour les députés démissionnaires prennent le téléphone puis qu'ils s'adressent à leurs députés caquistes et libéraux et qu'ils leur demandent de voter pour le projet de loi n° 33, qu'ils fassent pression sur leurs députés pour dire: Appuyez le gouvernement du Parti québécois là-dessus. C'est une bonne mesure, on veut ça, vous donnez l'exemple, les élus, à travers ça. Puis, si vous votez contre le 33, vous faites... vous brisez le contrat moral que vous vous étiez engagés à respecter quand vous vous êtes présentés devant nous. Vous avez dit que vous alliez servir pendant quatre ans. Si vous partez après deux ou après trois, vous ne devriez pas être récompensés pour ça. Et j'espère qu'à travers vous cet appel sera entendu. Merci.
M. Dutrisac (Robert): Il n'en demeure pas moins que le projet de loi n° 33 pourrait être adopté avec les conditions de la CAQ, parce que, bon, c'est temporaire, là, finalement, là. C'est jusqu'aux prochaines élections, si je comprends bien, là.
M. Drainville: Nous, on propose que les primes soient abolies dès maintenant. On propose que dès le... dès que le projet de loi est voté, les primes de départ pour les députés démissionnaires, ceux qui quittent sans raison valable, on propose que ce soit terminé, ça, là, là.
M. Dutrisac (Robert): Mais, à partir de la prochaine élection, ce serait terminé, selon la CAQ.
M. Drainville: Pour ce qui est des caquistes, mais encore faut-il que les libéraux laissent sortir le projet de loi de la Chambre. Encore faut-il que les libéraux acceptent de nous laisser voter sur le principe.
Or, ce qu'ils ont fait jusqu'à maintenant et ce qu'ils se proposent de faire selon toute vraisemblance, c'est de parler, parler, parler et de ne pas permettre que le projet de loi sorte du Parlement pour aller en commission parlementaire. Ils filibustent. Vous connaissez la stratégie. Les libéraux, actuellement, non seulement ils sont contre, mais ils nous empêchent d'aller de l'avant avec le projet de loi. Ils pourraient au moins nous permettre de le sortir du Parlement. On pourrait voter le principe, effectivement, avec la CAQ puis après ça, bien, on discutera en commission parlementaire.
Moi, je continue de penser que la position de la CAQ n'est pas défendable. Je pense que François Legault aurait intérêt à réviser sa position là-dessus, lui, le grand défenseur de l'intérêt des contribuables, là. Où est-ce qu'il est, là, le grand défenseur de l'intérêt des contribuables quand c'est le temps de mettre fin à des primes qui ne sont pas raisonnables puis auxquelles on ne devrait plus avoir droit? Il est où, Legault, là-dessus? Puis Couillard, même affaire.
Moi, quand j'entends dire, là: Ah! C'est parce qu'ils pourraient avoir besoin d'un député qui cède sa place pour que, lui, il rentre au Parlement puis là il n'y aura pas de député qui va céder sa place parce qu'il n'aura pas sa prime. Aïe! Ils ont collecté comme des malades, les libéraux, là. S'ils n'ont pas les moyens de s'organiser pour gérer cette situation-là à même leurs finances de parti... je veux dire, ils ont les moyens de garder Couillard comme chef à l'extérieur du Parlement, ils doivent avoir les moyens de le faire rentrer au Parlement.
Alors, là-dessus, moi, je vous le dis, les Québécois vont être intraitables. Je suis convaincu de ça. On a la population avec nous là-dessus. Et moi, ce que je dis aux libéraux, c'est que si vous êtes contre, permettez au moins au projet de loi d'avancer plutôt que de le filibuster, de le retarder comme vous le faites présentement. Et j'invite la CAQ à revoir sa position parce que je ne crois pas qu'elle est acceptable.
M. Lavallée (Hugo): Est-ce qu'il n'y a pas un peu de vérité quand même dans la position de la CAQ qui dit: Bien, on ne peut modifier en cours de route le contrat, entre guillemets, des députés, leurs conditions de travail. Ceux qui se sont lancés en politique lors des dernières élections l'ont fait parce qu'ils avaient certaines conditions qui étaient rattachées à ça. Là, on ne peut pas modifier, en cours de route, le contrat de travail. Mieux vaut patienter jusqu'à la prochaine élection.
M. Drainville: Non. Bien, c'est une bonne question, là.
M. Lavallée (Hugo): Est-ce que c'est urgence à point-là d'adopter...
M. Drainville: Oui. Oui, c'est urgent à ce point-là. Oui, c'est urgent à ce point-là. C'est le genre de mesure qui énerve le monde. Ils sont tannés de ça. Ils sont tannés. Ils ont l'impression qu'on se donne des conditions qui n'ont pas de bon sens. Et ce qu'on dit, nous, c'est qu'il faut donner l'exemple. Et celui ou celle qui se présente devant l'électorat et qui dit: Je vais te servir pendant quatre ans, doit respecter le contrat. Puis, si tu ne respectes pas le contrat de rester là pendant quatre ans, tu ne devrais pas être récompensé si tu quittes sans raison valable, tu ne devrais pas avoir droit à un chèque, à une récompense monétaire quand tu ne respectes pas le contrat que tu as avec les électeurs.
Puis les gens nous demandent de poser des gestes d'intégrité qui vont leur permettre de croire en nous, qui vont leur permettre d'avoir confiance en nous, puis ils veulent qu'on donne l'exemple sur la gestion des fonds publics. On demande des sacrifices présentement parce qu'ils ont laissé une maison en désordre. Je pèse mes mots. J'aurais le goût d'utiliser d'autres termes. Mais, oui, ça va faire une... C'était le bordel. C'était le bordel. Les libéraux nous ont laissé une maison... C'était le foutoir total. Les comptes s'empilaient dans la boîte à malle, ça débordait jusqu'en bas. On est rentrés dans la maison, le toit coulait, il y avait de la moisissure, même s'ils avaient essayé de repeinturer un peu par-dessus. Le toit coule, l'évier fuit, c'est l'enfer. Alors, les entendre, là... d'entendre le chef de l'opposition venir nous faire la morale...
Une voix: ...
M. Drainville: D'entendre le chef de l'opposition venir nous faire la morale sur la gestion des fonds publics, ils sont culottés quelque chose de rare. Ils ont augmenté la dette de 60 milliards. Au cours des quatre dernières années où ils ont été au pouvoir, ils nous ont... ils se sont tapés des déficits totalisant 10 milliards. Les intérêts sur la dette sont autour de 10 milliards, c'est le troisième poste budgétaire le plus important. Puis ils viennent nous faire la morale sur la gestion des fonds publics? Les libéraux? Ils ont géré comme des pieds. C'est supposé être leur grande spécialité, l'économie puis les finances. C'est des... Ils sont nuls pour ce qui est de la gestion. Ils nous ont laissé un foutoir, puis là on essaie de retaper la maison, tranquillement pas vite, avec les moyens qu'on a, avec l'argent qui arrive, puis, au fur et à mesure où l'argent rentre, on essaie de réparer les pots cassés. C'est ça qu'on fait actuellement. Alors... C'était quoi la question, là?
M. Lavallée (Hugo): Justement, je vous ramène à ma question parce que vous dites: Les députés qui quittent avant la fin de leur mandat, ils ne respectent pas le contrat qu'ils ont passé avec leurs électeurs. La CAQ dit: Bien, c'est que l'Assemblée nationale ne respecterait pas son contrat envers les députés.
M. Drainville: Vous les croyez, vous?
M. Lavallée (Hugo): Je vous pose la question: Est-ce qu'il n'y a pas un peu de...
M. Drainville: Moi, ce que je vous dis, c'est qu'ils essaient de se défiler. Ils essaient de se défiler. Ils essaient de se défiler. D'ailleurs, pour ce qui est des libéraux, il faudrait leur poser la question. La raison pour laquelle ils s'opposent, là, est-ce que c'est parce qu'ils anticipent des démissions de députés de leur caucus avant les prochaines élections, genre les députés qui auraient appuyé le mauvais cheval lors de la campagne à la chefferie puis qui ont peur pour leur avenir personnel? C'est-u pour ça que les libéraux sont aussi hésitants à appuyer 33?
M. Lavallée (Hugo): Moi, je vous parle de la CAQ.
M. Drainville: Oui, mais moi, je vous parle des libéraux. Alors, pour ce qui est de la CAQ, je vous le dis qu'ils se défilent. Ils se défilent. Si tu es favorable, sur le fond, à la mesure, puis ils disent qu'ils le sont, pourquoi est-ce qu'ils ne l'appuieraient pas dès maintenant? Le fond n'est pas différent après qu'avant. Le fond est bon maintenant, on le vote maintenant, puis on met le projet de loi en vigueur maintenant, puis on coupe les primes maintenant. C'est maintenant pour arrêter de... C'est maintenant. Les gens, là, ils veulent ce genre de mesure là maintenant, pas dans un an, pas dans deux ans, pas dans trois ans. Maintenant.
M. Robillard (Alexandre): M. Drainville, les libéraux, ce qu'ils disent, c'est qu'il faudrait que ça soit quelqu'un de neutre qui détermine les conditions des parlementaires. Est-ce qu'ils n'ont pas un point, là?
M. Drainville: L'un n'empêche pas l'autre.
M. Robillard (Alexandre): Les juges, par exemple...
M. Drainville: Les whips sont en discussion présentement pour créer un comité indépendant sur la rémunération, comme il y en a eu déjà à trois reprises par le passé. Alors, les whips se parlent pour créer un comité indépendant sur la rémunération, mais ce que je vous dis, sur la question des primes de départ, nous, on a pris un engagement puis on a l'intention de le respecter. Puis on peut très bien, si les députés s'entendent entre eux, les formations politiques s'entendent entre eux pour créer un comité indépendant sur la rémunération, ça peut très bien se faire, comme ça s'est fait par le passé. Mais on vous dit que, sur l'abolition des primes de départ pour les députés démissionnaires, on a pris un engagement puis on a l'intention de le respecter, et il n'y a pas une bonne raison pour être contre ça. Il n'y en a pas.
M. Lavoie (Gilbert): Est-ce que ça remonte à toujours, ces compensations-là? Est-ce que, dans votre préparation, vous avez vu à quel moment ça a été mis en place et pourquoi?
M. Drainville: On pourra vous revenir avec ça?
M. Lavoie (Gilbert): On peut faire la recherche nous-mêmes.
M. Drainville: Non, non, mais je... M. Lavoie, je... la réponse courte à votre... la réponse courte, c'est que je ne le sais pas, là, mais je peux vous revenir avec ça, si vous le souhaitez.
M. Robillard (Alexandre): M. Drainville, vous avez dit tout à l'heure que les gens vous téléphonaient pour vous dire...
M. Drainville: Bravo!
M. Robillard (Alexandre): ...pour vous dire bravo, bon, au sujet de ce projet de loi là. Est-ce que vous avez des échos semblables concernant la nomination de M. Péladeau à Hydro-Québec?
M. Drainville: Ah! Vous faites tout un lien, là, vous.
Une voix: ...
M. Drainville: Non, je n'ai pas eu d'appel sur la nomination de Pierre Karl Péladeau.
M. Robillard (Alexandre): Puis, du point de vue des institutions démocratiques, là, on a entendu les libéraux et tout ça. Est-ce que vous pensez qu'il devrait y avoir des règles particulières qui encadreraient les activités du premier patron de média...
M. Drainville: Bien, il s'est engagé à respecter...
M. Robillard (Alexandre): ...au Québec à la tête de la plus importante société d'État?
M. Drainville: Oui, mais M. Péladeau s'est engagé à respecter le code d'éthique d'Hydro-Québec. Il s'est engagé à se retirer lorsqu'il y aura des discussions qui concernent les intérêts de Québecor. Alors, ça nous satisfait, ça.
Par ailleurs, j'ai entendu des questions, là, sur la couverture éventuelle, que ça pourrait affecter la couverture éventuelle des journalistes de QMI. Bien, écoutez, je ne suis pas sûr, là. J'aimerais ça poser la question aux journalistes de QMI, s'ils vont se... s'ils vont modérer leurs transports sur certains enjeux parce que PKP est rendu président du conseil d'Hydro-Québec. Je ne penserais pas. En général, les journalistes de QMI, comme pas mal tous les journalistes, font une job tout à fait correcte...
M. Lacroix (Louis): Pas plus?
M. Drainville: Bien, moi, je trouve tout à fait correcte, là. C'est...
Des voix: ...
M. Drainville: Et je... Bien là, peut-être que les journalistes de QMI souhaiteraient que j'en mette encore davantage, mais je trouve que, de façon générale, vous faites bien votre travail puis je ne pense pas que les journalistes de QMI vont changer leur façon de travailler parce que le patron est rendu président du conseil d'Hydro.
M. Lavoie (Gilbert): M. Drainville, vous aviez critiqué, dans le temps, la nomination de M. Sabia, soit une nomination du premier ministre sans chercher ailleurs. Il n'y a pas grand différence avec la nomination de M. Péladeau, c'est la nomination de la première ministre. La seule différence, c'est qu'il est président du conseil au lieu de P.D.G. Mais, pour le reste, le processus est exactement le même.
M. Drainville: Non, mais, écoutez, là...
M. Lavoie (Gilbert): C'est le beau YouTube qui vous fait parler là-dessus.
M. Drainville: Oui, mais moi, je vais vous dire, là, puis je vous le dis sincèrement, là, moi, je trouve que les entrepreneurs, au Québec, devraient être pas mal plus valorisés qu'ils ne le sont présentement. Moi, je pense que la valeur entrepreneuriale, c'est une valeur qu'on devrait chérir puis qu'on devrait renforcer. Et Péladeau incarne ça, il incarne l'entrepreneuriat, avec ses défauts et ses qualités, mais il incarne l'entrepreneuriat. Et moi, savez-vous quoi? Je n'ai pas le goût de m'excuser d'injecter un petit peu de culture entrepreneuriale dans notre gestion publique. Moi, je pense que c'est une excellente chose...
Une voix: ...
M. Drainville: ...une excellente chose. Et puis, regardez, il va être sous haute surveillance, hein? Vous allez vous en assurez. Je pense qu'il en est conscient.
Et, par ailleurs, je veux juste attirer votre attention, là, parce que ça m'est arrivé il y a quelques minutes, là, Michel Plessis-Bélair, là, qui est vice-président du conseil de Power Corp, là, bien, il est vice-président du conseil d'administration d'Hydro-Québec. Bon. Alors, est-ce que le fait, là, qu'il y ait un «big boss» de Power Corp qui siège sur le conseil d'administration d'Hydro rend suspects les journalistes de Gesca à partir de maintenant ou à partir du moment où il a été nommé? Poser la question, c'est y répondre.
Journaliste: Il faut que ça soit paritaire...
M. Drainville: Poser la question, c'est y répondre. Non, il n'est pas question de parité là-dedans.
Mme Biron (Martine): J'aurais une dernière question sur 33.
M. Drainville: Oui, oui, il ne faudrait pas le perdre de vue, 33, oui.
Mme Biron (Martine): C'est parce que vous avez dit: C'est urgent. Vous avez dit: C'est urgent, maintenant, maintenant, maintenant. Qu'est-ce qui est le mieux? Est-ce que ça veut dire que, si ce n'est pas maintenant, ça va mourir au feuilleton?
M. Drainville: Bien, c'est le risque... Si les libéraux décident de retarder, puis retarder, puis retarder, il pourrait effectivement mourir au feuilleton. On pourrait effectivement être empêchés d'abolir les primes pour les députés qui s'en vont. Alors, les libéraux, ils ont à répondre de ça, effectivement.
Mme Biron (Martine): Est-ce que ce n'est pas mieux de reporter, finalement, à la prochaine élection, si... Au moins, vous l'auriez adopté.
M. Drainville: Ah! Bien là, Mme Biron, là, regardez, on est au gouvernement, là, on veut changer les choses, puis c'est un changement important qu'on veut faire. C'est... Vous allez me dire: Ce n'est pas un gros montant d'argent. Vous avez raison, mais c'est très, très, très symbolique pour beaucoup, beaucoup de gens, et on y tient et on pense que c'est le genre de gestes qu'il faut poser si on veut ramener de l'intégrité puis de la confiance puis si on veut donner l'exemple. Et les libéraux sont les premiers à être responsables du climat de cynisme puis de... espèce de climat de morosité, là, puis de méfiance, là, que beaucoup de gens ont envers les politiciens. Il me semble que la moindre des choses, ce soit qu'ils donnent l'exemple à leur tour, là, qu'ils fassent un peu amende honorable, puis, quand ils ont la chance... hein?
Mme Biron (Martine): Votre point de vue, il est clair, là, il est bien exprimé. Mais, dans la situation actuelle, là, est-ce que c'est maintenant ou jamais? Est-ce qu'il y a une ouverture à...
M. Drainville: Bien, Mme Biron, je ne peux pas prévoir l'avenir, O.K., mais ce que je peux vous dire, c'est que vous avez actuellement, au gouvernement, un parti qui veut changer ça, qui a, à mon sens à moi, un appui très important dans la population puis une très grande résonance, pour toutes les raisons que je vous ai déjà données. Si les libéraux nous empêchent de l'adopter, je trouve ça grave. Je trouve ça grave. Après le passé, là, qu'ils traînent avec eux, là, qu'ils ne veuillent pas nous appuyer sur une mesure comme celle-là, je trouve que c'est la preuve qu'ils n'ont rien compris des dernières élections, puis leur sens de l'éthique et de l'intégrité est encore douteux. Moi, c'est ça que je pense, parce que sincèrement, là, s'ils sont sérieux puis s'ils veulent vraiment poser des gestes, là, pour réparer le lien de confiance puis faire un peu... nettoyer un peu leur héritage, là, des dernières années, c'est le genre de geste, je pense, qu'ils doivent poser et que les Québécois attendent d'eux.
Mme Lajoie (Geneviève): Mais il reste que vous êtes minoritaire, M. Drainville, il va falloir un appui de quelqu'un. Est-ce que vous êtes prêt, est-ce que vous êtes ouvert à ce que demande la CAQ, c'est-à-dire de l'appliquer seulement qu'à partir des prochaines élections?
M. Drainville: A priori, je ne suis pas ouvert à ça. Je pense que ça devrait être applicable dès maintenant et je ne perds pas espoir que François Legault va changer d'idée là-dessus.
Mais, pour qu'on ait cette discussion-là... Ceci dit, si vous me demandez: Êtes-vous ouverts à vous asseoir avec la CAQ puis discuter? Bien oui, moi, je suis ouvert à discuter, je suis un gars parlable. Mais, pour pouvoir discuter, il faut aller en commission parlementaire. Pour aller en commission parlementaire, il faut que les libéraux acceptent de le laisser sortir de l'Assemblée, et là ce qu'ils font présentement, c'est qu'ils alignent les députés qui font du temps, et du temps, et du temps... Et là regardez-les aller après-midi, parce que je pense qu'on va revenir sur 33, là, mais regardez-les aller encore une fois les libéraux, là. J'ai hâte de voir quelle attitude ils vont adopter, mais, selon toute vraisemblance, ils vont continuer à faire du temps pour nous empêcher de sortir le projet de loi pour qu'il devienne éventuellement une loi.
Puis c'est pour ça que je dis que ça leur ferait du bien de recevoir une coupe d'appels de leurs commettants, de leurs électeurs qui leur disent: Aïe! Tu es mon député, j'ai voté pour toi puis, sur cette mesure-là, je te demande de changer d'idée ou de convaincre ton chef d'appuyer le 33, parce que là-dessus, comme sur bien d'autres choses, le gouvernement a du bon sens.
M. Robitaille (Antoine): ...juste une dernière. Avez-vous renoncé au vote à 16 ans, à abaisser le droit de vote à 16 ans?
M. Drainville: Ça ne fait pas partie de... Ce n'est pas dans nos cartons. O.K.? Merci beaucoup.
(Fin à 15 h 51)