Définition
Édifice construit à l'époque de la Nouvelle-France pour l'évêque de Québec dont la chapelle abrite les parlementaires du Bas-Canada du 17 décembre 1792 au 3 avril 1833.
Historique
Le palais épiscopal demeure inoccupé après les bombardements de 1759. Le 1er août 1777, le gouvernement britannique signe un bail de 9 ans pour y installer le Conseil législatif, qui a besoin de bureaux et d'une salle pour réunir ses membres. Ce n'est cependant que le 17 janvier 1781 que les conseillers législatifs s'y réunissent pour la première fois1.
En 1790, Nicolas-Gaspard Boisseau décrit cet édifice en ces termes dans ses mémoires :
Le palais épiscopal est sur la côte. C'est un grand bâtiment de pierres de taille, dont le principal corps de logis avec la chapelle qui le termine, regarde le canal. Il est accompagné d'une aile qui a 72 pieds de longueur, avec un pavillon au bout, formant un avant-corps du côté de l'est, et dans l'angle que fait le corps de logis avec cette aile, est un pavillon de même hauteur, couvert en forme d'impériale, dans lequel est le grand escalier. Le rez-de-chaussée de la principale cour étant plus élevé que les autres cours et le jardin fait que dans cette aile, le réfectoire, les offices et les cuisines sont en partie sous terre, tous voûtés de briques, et ne prennent jour que du côté de l'est.
La chapelle est de 60 pieds de longueur. Son portail de l'ordre composite est bâti en belles pierres de taille ; ses dedans étaient magnifiques par leur retable d'autel dont les ornements étaient un raccourci de celui du Val-de-Grâce. Le palais a bien perdu de sa beauté, l'évêque (qui fait à présent sa résidence au Séminaire) ayant été obligé de le louer au gouvernement, pour augmenter ses revenus qui sont très médiocres, quoique ce soit le plus grand diocèse du monde. Tous les curés de la campagne qui avaient des affaires à la ville trouvaient leur chambre dans ce palais, mais à présent ils vont tous au Séminaire et mangent ordinairement avec l'évêque2.
Le 17 décembre 1792, les parlementaires du Bas-Canada se réunissent pour la première fois dans la chapelle de cet édifice. Très vite, on constate que l'ensemble, plus que centenaire, répond mal aux besoins de sa nouvelle fonction et nécessite de constantes réparations. En 1815, l'arpenteur Joseph Bouchette signale que les murs sont mauvais jusqu'à leur fondation et que l'édifice « menace d'une ruine prochaine »3.
En 1831, on lance la construction d'un nouvel édifice destiné à remplacer le vieux palais épiscopal et sa chapelle, où les députés siègent pour la dernière fois le 3 avril 1833. La démolition de ces deux bâtiments vétustes commence le 11 avril suivant.
Le nouveau parlement comptera trois ailes une fois terminé. La première abrite les députés pour la première fois le 7 janvier 1834 dans des locaux temporaires prévus pour abriter la bibliothèque. Le corps central de l'édifice accueille ensuite les députés le 21 février 1835. Ils vont y délibérer jusqu'au 26 août 1837, soit quelques semaines avant le début de la rébellions des patriotes.
À ce moment, deux des trois ailes du nouvel édifice sont complétées.
1
Christian Blais, Gilles Gallichan, Frédéric Lemieux et Jocelyn Saint-Pierre, Québec : quatre siècles d'une capitale, Québec, Publications du Québec, 2008, p. 176; Registre du Conseil législatif de la Province de Québec, Bibliothèque et Archives Canada, RG1 E1, v. 1, fo. 104.
2
Nicolas-Gaspard Boisseau, Mémoires de Nicolas-Gaspard Boisseau, Lévis, [s. n.], 1907, p. 5-6.
3
Michel Desgagnés, Les édifices parlementaires depuis 1792, Québec, Assemblée nationale, 1978, p. 18. (Vie parlementaire; 18)