(Onze heures seize minutes)
Le Modérateur
:
Bienvenue à ce point de presse du premier ministre du Québec, M. François
Legault, et du ministre de la Justice, et Procureur général du Québec, et ministre
responsable de la Langue française, M. Simon Jolin-Barrette.
M. Jolin-Barrette a présenté aujourd'hui le projet de loi sur la langue
officielle et commune du Québec, le français. Messieurs… Et je vois que vous
êtes accompagné, je crois...
M. Jolin-Barrette : ...de
Me Juliette Champagne, sous-ministre associée au Secrétariat à la
promotion et à la valorisation de la langue française.
Le Modérateur
: Très
bien. Alors, je vous cède la parole, après quoi vous allez pouvoir répondre aux
questions des membres de la Tribune de la presse.
M. Legault : Oui, bonjour,
tout le monde. Bien, c'est une grande journée aujourd'hui. Je suis ému d'être
ici pour déposer ce projet de loi sur notre langue. On le sait, depuis des
siècles, la défense du français, c'est essentiel pour la survie puis le
développement de notre nation. Et j'aime me rappeler que le gouvernement du
Québec, c'est le seul gouvernement en Amérique du Nord qui représente une
majorité de francophones, puis ça vient avec des devoirs.
Et, personnellement, bien, j'ai grandi
dans l'Ouest-de-l'Île de Montréal. J'ai pu voir, pendant toute ma jeunesse, la
fragilité du français au Québec. Donc, comme premier ministre du Québec, ma
priorité, ma toute première priorité, c'est de protéger notre langue. En tout
cas, je le sens comme ça.
Et, quand je pense aussi à toutes les
générations qui se sont succédé à travers les années pour protéger le français
dans une mer d'anglophones, dans une Amérique du Nord massivement anglophone,
bien, je me sens aussi une responsabilité, parce que le français sera toujours vulnérable
à cause de la situation du Québec en Amérique du Nord. Et, dans ce sens-là,
chaque génération qui passe a la responsabilité de notre langue. Puis là c'est
à notre tour. C'est notre génération qui doit porter ce flambeau avec fierté.
Et Simon a déposé aujourd'hui le projet de
loi n° 96, un projet de loi solide, un projet de loi nécessaire et un projet
de loi raisonnable. Et cette loi n° 96, quand elle va
être adoptée, ça va être le geste le plus fort qui aura été posé depuis le dépôt
de la loi 101 en 1977.
Donc, 44 ans plus tard, un gouvernement
nationaliste prend le relais du gouvernement Lévesque pour présenter une
nouvelle loi 101. Puis je le dis en toute modestie. Vous savez mon
admiration pour René Lévesque. Et ce qu'on doit se dire, c'est que la
loi 101 a été un rempart, a été un levier extraordinaire pour protéger le Québec
depuis 44 ans. Mais, quand on regarde les chiffres, quand on regarde les
projections, c'est évident qu'on doit en faire plus, puis il y a une urgence
d'agir.
Vous allez le voir dans le projet de loi,
on a choisi d'utiliser tout de suite la clause dérogatoire. Pourquoi on utilise
la clause dérogatoire? Bien, pour se protéger éventuellement des contestations
devant les tribunaux, parce qu'il faut se rappeler que la charte puis la
Constitution ne comportent pas de clause sur le caractère national du Québec.
Et la clause dérogatoire, c'est un outil légitime qui vient apporter un
équilibre entre des droits individuels puis des droits collectifs. Et non
seulement on a le droit, mais on a le devoir d'utiliser cette clause
dérogatoire, surtout quand le fondement même de notre existence comme peuple
francophone en Amérique est en jeu.
Bon, il va y avoir des personnes qui vont
dire que le projet de loi ne va pas assez loin. Il y en a d'autres qui vont
dire que le projet de loi va trop loin. Je pense, ça va être la preuve, ça va
être la démonstration que notre projet de loi, il est raisonnable. Mais ce que
je souhaite, c'est ce que ce projet de loi rassemble les Québécois. On a besoin
de s'unir autour de notre langue commune. Notre histoire, c'est une belle
histoire. C'est l'histoire de plusieurs générations qui se sont battues,
souvent dans des conditions difficiles, pour protéger cette nation unique puis
protéger notre langue à travers les années.
Et je veux terminer en disant : Oui,
le gouvernement a une responsabilité, mais chaque Québécois a aussi une responsabilité
de poursuivre la grande histoire de notre peuple qui parle français en Amérique
du Nord. Et je veux lancer un appel à tous les Québécois, peu importent les
générations, peu importe de quelle région ils viennent, peu importent leurs
origines, quand ils sont arrivés ici, on doit tous s'unir ensemble autour du français
pour prendre le relais de nos ancêtres. On doit ça à nos ancêtres. Et notre
langue, bien, c'est au coeur de ce qu'on est comme nation. Donc, soyons fiers
de cette belle histoire. Soyons fiers de vivre au Québec en français. Merci.
Je vais maintenant passer la parole au ministre
responsable de la Langue française, qui va vous expliquer toutes les propositions
dans le projet de loi, donc Simon Jolin-Barrette.
M. Jolin-Barrette : Merci, M.
le premier ministre, Me Champagne. Bonjour, tout le monde.
Après plus d'un an de travail, de consultations,
de réflexions, nous y sommes. C'est avec beaucoup de fierté et un grand honneur
que nous avons déposé ce matin le projet de réforme de la Charte de la langue
française afin d'assurer la pérennité et la protection de notre langue. De
nombreux ouvrages, études et reportages ont permis d'éclairer notre regard
collectif sur l'état du français au Québec.
Le portrait qui en ressort est inquiétant
et sans équivoque. La langue française recule, et ce, dans plusieurs sphères
névralgiques de notre société. Les tendances sont lourdes. Le Québec et la langue
française sont indissociables… car notre langue perd du terrain, la nation québécoise
perd de sa force. La langue française est notre seule langue officielle et
commune. C'est en français que nous échangeons, que nous travaillons, que nous
apprenons et que nous nous affirmons. La langue française nous unit.
Notre projet de loi s'inscrit dans la
continuité d'une lutte que nous menons depuis plusieurs siècles. Le Québec
existe parce que ceux et celles qui étaient là avant nous ont su construire une
nation francophone en Amérique. Nous leur devons d'agir avec fierté et
d'assurer l'avenir de notre langue afin que les générations qui nous succèdent
puissent à leur tour contribuer en français à l'avancement de ce Québec que
nous aimons. Au déclin tranquille, nous proposons l'espoir d'un renouveau,
d'une relance linguistique.
Le premier pilier de notre réforme est
l'exemplarité de l'État. La protection et la valorisation de la langue
française doivent devenir une affaire d'État. La Charte de la langue française
n'a jamais été conçue pour laisser le bilinguisme institutionnel se
généraliser. Il est temps d'y mettre fin. L'État québécois doit également
occuper tout l'espace qui est le sien. Le français doit être la langue de
l'administration, certes, mais également de la législation et de la justice.
Si l'État est un acteur central de la
protection et de la valorisation de la langue française, il ne peut agir seul.
Nous invitons les entreprises à suivre le mouvement. Le français est l'affaire
de tous, et les entreprises doivent faire partie de la solution. Le français
est la langue du commerce et des affaires au Québec. Cette signature
francophone de Montréal à Gaspé est ce qui nous distingue. Elle doit se
manifester dans l'affichage, dans le service à la clientèle et dans les milieux
de travail. Le visage commercial du Québec doit être francophone.
Le projet de loi entend faire respecter le
droit de travailler en français. Disons-le sans nuance, au Québec, on doit
pouvoir gagner notre vie en français. Le travail constitue un environnement
déterminant pour la vitalité de notre langue. Il dicte la réussite
professionnelle, mais est aussi un des principaux vecteurs d'intégration des
personnes immigrantes à la société québécoise.
Pour permettre à tous de participer et de
s'épanouir pleinement au sein de la société québécoise, son apprentissage doit
devenir incontournable. Notre projet de loi vient reconnaître le droit à
l'apprentissage du français pour tous. Les établissements d'enseignement
doivent eux aussi faire partie de l'équation. Le français doit demeurer la
langue normale des études supérieures. Nous comptons y parvenir en proposant
une nouvelle approche, une solution équilibrée.
La langue française doit être au cœur de
nos institutions, et donc du pouvoir québécois. L'importance accordée à la
langue française ne doit plus dépendre des cycles électoraux. La pérennité du
français doit demeurer une priorité d'action permanente de l'État québécois. Ce
changement passe, d'une part, par la création d'un poste de commissaire à la
langue française, comme nous nous étions engagés à le faire dans le rapport
Samson. Permettez-moi d'ailleurs de souligner le travail remarquable de la députée
d'Iberville, Mme Claire Samson, dont les efforts ont contribué à la relance du
dossier linguistique au Québec. Un grand merci, Claire.
D'autre part, le dossier de la langue
française, un élément aussi important de notre identité nationale, doit avoir son
propre ministère. La langue française doit disposer de ressources à la hauteur
de son caractère officiel. La réforme que nous proposons cherche à redonner à
la nation québécoise la place légitime qui lui revient. Après plus de
50 ans de négociations constitutionnelles, une troisième voie s'ouvre
devant nous. Le Québec, fier de ce qu'il est et plus confiant que jamais,
inscrira dans la Constitution par lui-même son existence nationale et
l'importance fondamentale qu'il accorde à sa langue officielle et commune.
Soyons à la hauteur du meilleur de
nous-mêmes. Le Québec n'attendra plus jamais après quiconque pour définir ce
qu'il est. Aux communautés francophone et acadienne du Canada, notre espoir et nos
ambitions doivent franchir les frontières du Québec, nous leur tendons la main.
Nous souhaitons inscrire dans la Charte de la langue française cette nécessaire
solidarité. Ensemble, nous sommes plus forts.
Aux Québécois d'expression anglaise, je le
réitère, le gouvernement du Québec agira dans le respect le plus complet des
institutions de la communauté anglo-québécoise. Les mesures visant à renforcer
le statut du français comme langue commune se feront à l'avantage de toutes les
Québécoises et de tous les Québécois, sans exception.
La Charte de la langue française est un
jalon incontournable de l'affirmation de la nation québécoise. Les Laurin,
Rocher, Dumont et Lévesque, et tous ceux et celles qui ont poursuivi le
travail, ont contribué à définir les fondements de tout un peuple. Nous devons
bâtir sur cet héritage pour qu'encore demain nous puissions vivre en français
au Québec, pour que notre langue soit le moteur de notre prospérité, le symbole
de notre unité et l'expression de notre liberté. La nation québécoise s'affirme
pleinement et parle aujourd'hui d'une seule et même voix. Merci.
Le Modérateur
: Merci.
Nous allons amorcer la période des questions avec Alain Laforest de TVA.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous trois. Allons-y dans le concret, dans les exemples, là. Une personne se
présente, dans six mois, c'est possiblement votre objectif pour faire
adopter le projet de loi, ou huit mois, dans un café à Montréal et se fait
servir en anglais, vous dites que ce ne sera plus possible, quels sont ses
recours?
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans un premier temps, ce qu'on fait, c'est qu'on vient rendre exécutoires les
droits fondamentaux qui avaient été prévus par M. Laurin dans la charte.
Donc, on veut inciter et inviter les entreprises à servir… dans le fond, le
droit d'être servi et d'informer en français dans le cadre des commerces. Donc,
la personne qui se verrait refuser d'être servie en français pourrait faire une
plainte à l'OQLF ou pourrait se tourner vers un recours civil, pour une
entreprise qui a plus de cinq employés.
M. Laforest (Alain) :
M. Legault, vous venez d'ouvrir un pan de discussion avec vos collègues de
l'Ouest canadien, là. Pour peut-être prendre une expression, comme mes
collègues anglophones vont vous dire tout à l'heure, excusez l'anglais, «what
does Québec want again» en ouvrant la Constitution?
M. Legault : Oui. J'ai prévu…
Effectivement, là, je vais envoyer, je pense, aujourd'hui, c'est déjà prêt à
partir, une lettre aux premiers ministres des autres provinces puis au premier
ministre Justin Trudeau pour expliquer notre démarche. Et je pense que ça
n'enlève rien, au contraire, aux gens des autres provinces, mais c'est
important pour nous. C'est fondamental. Le français sera toujours vulnérable au
Québec, en Amérique du Nord. Puis il faut en faire plus, puis on explique
pourquoi on en fait plus. Puis je vais l'expliquer, donc, entre autres, dans
une lettre aux autres premiers ministres puis au premier ministre du Canada.
Le Modérateur
: Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui.
Bonjour à tous. J'aimerais, donc, rebondir sur la question précédente, là, pour
être sûr de bien comprendre. Là, il y a une personne qui se présente dans un
café, qui ne peut pas obtenir de service en français, vous dites qu'elle peut
faire une plainte à l'OQLF. Elle pouvait déjà en faire une, par le… Bon, elle
pouvait le faire pareil puis envoyer une lettre, là, je comprends qu'il n'y
avait pas nécessairement de pouvoir coercitif. Là, vous dites : On va
pouvoir entreprendre un recours civil. Mais est-ce que les citoyens vont se
mettre à poursuivre individuellement les entreprises?
M. Jolin-Barrette : Non, je
ne crois pas. L'idée, derrière cette proposition-là, c'est de faire en sorte de
changer, d'avoir vraiment des actions concrètes pour faire en sorte, notamment,
qu'au centre-ville de Montréal on puisse être informé et servi en français.
Voyez-vous, les droits fondamentaux qui
sont prévus à la Charte de la langue française, c'est l'équivalent des droits
fondamentaux qui sont prévus à la Charte des droits et libertés de la personne.
Ils ont le même statut. Par contre, en 1977, lorsque ça a été, ça a été déposé
et adopté, il n'y avait pas de recours associé comme les recours qui sont
prévus à la Charte des droits et libertés de la personne. Donc, on vient mettre
sur un pied d'égalité les droits linguistiques des Québécoises et des Québécois
pour être informé et servi en français. Et actuellement, à l'OQLF, il n'y avait
pas la possibilité d'avoir des recours. Désormais, on va permettre de faire une
plainte à l'OQLF, que l'OQLF puisse accompagner l'entreprise pour amener un
changement à l'intérieur de l'entreprise pour faire en sorte que, désormais, on
puisse servir et informer les consommateurs québécois en français.
M. Lavallée (Hugo) : Sur la
question des cégeps, je veux être certain de bien comprendre. Donc, la proportion
de places dans les cégeps anglophones va être limitée, et par la suite, donc,
s'il y a croissance du nombre total de places, on comprend que la croissance
dans le réseau anglophone, également, va être limitée.
Or, on est dans un contexte où, de façon
générale, on s'attend à ce qu'il y ait plus d'étudiants dans le réseau
collégial ces prochaines années. Déjà, il y a des anglophones qui peinent à
être admis dans des cégeps anglophones, dans des programmes de leur choix parce
qu'il y a une concurrence qui est féroce.
Je comprends que vous introduisez, là, un
élément voulant que les établissements doivent se doter de politiques pour
favoriser les étudiants qui ont fait leur parcours primaire et secondaire en
anglais, mais concrètement, ça va s'articuler comment? Est-ce que tous les
étudiants anglophones qui ont des droits consacrés vont se voir garantis une
place dans le cégep, le programme de leur choix, avant toute autre demande
d'admission de francophones ou d'allophones?
M. Jolin-Barrette : Bien, on
l'a prévu dans le projet de loi, et j'ai construit le projet de loi comme ça,
je vous l'avais dit au mois de novembre dernier. J'ai construit le projet de
loi pour protéger les droits de la communauté anglophone, pour protéger les
droits des nations autochtones. Alors, ce n'est pas le français en opposition à
l'anglais, c'est vraiment on valorise le français, on protège la langue
française sans enlever des droits à la communauté d'expression anglaise.
Alors, c'est pour ça que, dans le projet
de loi, on a spécifiquement prévu que les établissements d'enseignement
collégiaux vont devoir donner une priorité aux ayants droit, donc aux étudiants
anglophones qui ont fait leur parcours scolaire, au primaire et au secondaire,
en anglais, de façon à ce qu'ils puissent étudier dans leur langue de la
maternelle jusqu'à l'université, s'ils le souhaitent, dans le réseau
anglophone. Je pense qu'il y avait certaines situations qui faisaient en sorte
que certains étudiants anglophones se voyaient refusés parce que, même s'ils
avaient des bonnes notes, une bonne moyenne, ils n'étaient pas acceptés dans
leurs établissements de leur communauté. Alors, je pense, c'est important de
garantir ce droit-là aux membres de la communauté anglophone de pouvoir étudier
dans leur langue.
M. Lavallée (Hugo) : Donc, à
l'avenir, ça n'arrivera plus, là, ces situations-là où un étudiant anglophone
se voit refuser sa demande d'admission.
M. Jolin-Barrette : Avec la
disposition législative qu'on a mise, les établissements collégiaux anglophones
vont devoir prioriser les ayants droit, les étudiants qui ont étudié en anglais
et en français dans le réseau scolaire anglophone.
Le Modérateur
:
Jocelyne Richer, LaPresse canadienne.
Mme Richer (Jocelyne) :
Bonjour. M. le premier ministre, la loi 101, au Québec, a acquis une valeur de
symbole. Elle est plus grande qu'un texte législatif. J'aimerais savoir si…
Est-ce que vous souhaitez que la loi n° 96 acquière le même statut un peu
mythique, là, un statut de symbole… et si vous pensez qu'elle va vous
positionner, dans le sens de dire : Dans le passé, la défense de la
langue, c'était associé au Parti québécois, et désormais ce sera associé à la
CAQ?
M. Legault : Bien, d'abord,
moi, ce je vise, c'est de rassembler. Donc, je ne veux pas que ça soit associé
seulement à un parti politique. Je veux rassembler les Québécois derrière leur
langue. Mais c'est une loi qui est fondamentale, effectivement, puis on lui
donne des pouvoirs additionnels. On vient s'assurer, en utilisant la clause
dérogatoire, qu'elle ne pourra pas être contestée… en tout cas, qu'elle va
avoir moins de chances d'être contestée devant les tribunaux. Mais ce que je
souhaite…
Puis je pense que c'était attendu par
beaucoup de Québécois, parce qu'en 44 ans, bien, il y a deux choses. Un,
la situation du français a changé, je pense qu'on le voit, malheureusement, et
le français est quand même en danger à Montréal. Deuxièmement, la loi 101 a été
un peu charcutée par les tribunaux.
Donc, je pense que… Moi, je pense que la
majorité des Québécois, peu importe pour qui ils votent, vont appuyer cette
démarche, là, pour nous assurer de la pérennité…
Mme Richer (Jocelyne) : Dans
la mesure où la clause dérogatoire est là, pourquoi l'inscription dans la
Constitution? Est-ce que c'est ceinture et bretelles?
M. Jolin-Barrette : Non,
c'est deux choses complètement distinctes. Dans le fond, dans la Constitution,
on vient inscrire les spécificités de la nation québécoise, premièrement, que
les Québécoises et les Québécois forment une nation, et, deuxièmement, que la
langue officielle et commune du Québec, c'est le français.
Donc, on vient l'inscrire dans la
Constitution québécoise, accessoirement qui est dans la Constitution
canadienne, mais c'est pour affirmer qui nous sommes. Alors, la disposition de
dérogation couvre les recours devant les tribunaux. Mais, dans la Constitution
canadienne, on vient affirmer qui nous sommes à l'intérieur du pacte fédératif
canadien.
Le Modérateur
: Louis
Lacroix, Cogeco.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. le premier ministre, M. le ministre, madame.
Sur les municipalités qui pourraient
perdre leur statut bilingue, bon, ce que je comprends, c'est qu'on dit :
Si vous êtes en bas du seuil de 50 %, vous allez perdre ce statut-là, sauf
si vous passez une résolution qui dit : Moi, je veux conserver ce droit-là.
Alors, qu'est-ce que ça a comme effet, cette clause-là? Parce que, finalement,
on peut s'en détacher assez facilement si on veut.
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, dans un premier temps, il faut dire qu'à l'époque, en 1977, c'étaient les
municipalités qui avaient plus de 50 % de leurs citoyens qui parlaient de…
qui avaient la langue maternelle anglaise. Et, au cours des années, il y a eu
beaucoup de… en fait, la situation a changé dans les municipalités, il y a
beaucoup de municipalités qui n'atteignent plus ce 50 % là.
Alors, nous, ce qu'on souhaite faire… Les
municipalités font partie de l'État et, au niveau de l'exemplarité de l'État,
donc, ont un statut bilingue. Alors, pour celles qui n'atteignent plus le
50 %, effectivement, vous avez raison, par l'effet de la loi, le statut
leur sera retiré. Mais on prévoit tout de même, pour le conseil municipal, si
c'est le désir de la communauté, si c'est le désir des citoyens, si c'est le
désir des élus municipaux, pour des raisons qui leur appartiennent, que ce
soient des raisons historiques ou des raisons propres au conseil municipal, on
va leur permettre d'adopter une résolution, dans les 120 jours, pour conserver
leur statut de ville bilingue.
Je pense que c'est un bon compromis, de
faire en sorte de dire : Bien, écoutez, la situation a changé. Donc, vous
n'êtes plus qualifié en vertu de la loi. Cependant, si vous avez des motifs, de
la part des élus municipaux, en tout respect de l'autonomie municipale… Parce
que, vous le savez, les municipalités sont des gouvernements de proximité. Je
pense que les maires et mairesses, ainsi que les conseillers, les conseillères
municipales, prendront la décision en consultant leur population.
M. Lacroix (Louis) : Vous
avez parlé des risques, M. Legault, associés à la langue française… en fait, le
recul du français au Québec. Si on n'adopte pas ce projet de loi, si on ne fait
rien, si on garde le statu quo, avez-vous une idée de ce qui va arriver
statistiquement à la majorité francophone au Québec, pour se donner une idée,
là, de voir où on s'en va avec ça?
M. Legault : …
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, dans le fond, juste pour vous donner un exemple, là, en 1977, quand M.
Laurin a présenté la loi qui a été adoptée par l'Assemblée nationale, le taux
de transfert linguistique, donc, ça veut dire, au niveau des nouveaux arrivants
qui décident de choisir le français comme langue commune au Québec, était d'à
peu près 25 %, 26 %. En 44 ans, ce taux-là de transfert linguistique
a été monté jusqu'à… dans les dernières données, sont à 53 %. Or, pour
s'assurer qu'au Québec on puisse parler français dans le futur et assurer la
pérennité de la langue, les démographes disent qu'on devrait atteindre un
niveau de 90 %. Alors, on a beaucoup de chemin à faire entre 53 % et
90 % au niveau du taux de transfert linguistique.
Juste pour vous illustrer, dans le reste
du Canada, le taux de transfert linguistique, lorsqu'on accueille des nouveaux
arrivants au Canada, il est de 99 % vers l'anglais, et au Nouveau-Brunswick,
qui est une province bilingue, le taux de transfert linguistique, il est de
90 % vers l'anglais. Alors, pour assurer la pérennité de la langue
française, un des grands défis, c'est d'intégrer en français les personnes
immigrantes au Québec pour faire en sorte que la société québécoise puisse
demeurer francophone.
Et on met beaucoup d'efforts dans le projet
de loi. On a déployé des ressources également, au ministère de l'Immigration,
pour assurer la francisation des personnes immigrantes. C'est pour ça qu'on
crée Francisation Québec en lien avec le projet de loi, pour centraliser
l'offre de service en français, les cours de français, mais aussi pour faire
des cours de français en entreprise, donc de la francisation en entreprise.
M. Lacroix (Louis) : Êtes-vous
capable de dire, je ne sais pas, moi : Dans 50 ans, si on ne fait
rien, il n'y aura plus de français au Québec ou la majorité francophone…
l'anglais va avoir surpassé le français? Est-ce que vous avez des projections
comme ça pour être capable d'ancrer, justement, l'importance de ce projet de
loi là?
M. Jolin-Barrette : L'OQLF a
publié une étude, je crois, il y a de ça environ un mois et demi ou deux mois,
qui donnait la tendance jusque pour les 20, 25 prochaines années et
démontrait clairement un recul de l'utilisation de la langue française si rien
n'est fait. Alors, c'est pour ça qu'on agit. On veut s'assurer de faire en
sorte que le français demeure la langue commune au Québec. Je vais vous référer
à l'étude de l'OQLF, qu'on pourra vous faire parvenir après la conférence de
presse.
Le Modérateur
: Patrick
Bellerose, Le Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) : Oui,
bonjour à tous. M. Jolin-Barrette, j'aimerais vous entendre sur
l'utilisation de la clause dérogatoire. Quels éléments précisément sont visés
dans le projet de loi? Quels éléments vous craignez qui soient contestés si on
n'utilise pas la clause d'entrée de jeu?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, la disposition de dérogation est utilisée pour l'ensemble du projet de
loi. Pour nous, ce qui est important, là, c'est : le français, pour la
nation québécoise, c'est fondamental. Alors, c'est pour ça qu'on utilise la
disposition de dérogation sur l'ensemble du projet de loi pour faire en sorte
d'éviter ce qui est arrivé avec la première mouture de la Charte de la langue
française, et où il y a eu énormément de recours devant les tribunaux sur
plusieurs aspects. Alors, c'est pour couvrir tous les aspects.
M. Bellerose (Patrick) :
Justement, sur les recours qu'il y a eu, M. Legault, vous avez dit en
commission parlementaire, à l'étude des crédits : On veut revenir un petit
peu à l'esprit, là, de Camille Laurin et René Lévesque. Pourquoi, dans ce
cas-là, sur l'affichage, ne pas y aller directement sur l'affichage unilingue
français, comme c'était le cas à la base, avant d'être battu devant les
tribunaux?
M. Legault : Bien, on fait un
pas plus grand que ce qui a été fait par les Libéraux, c'est-à-dire qu'on met
«nette prédominance», ça veut dire : la majorité de ce qui est écrit doit
être en français. Je pense qu'encore là on veut être raisonnable, on veut un
compromis, et, je pense, c'est un beau compromis.
Le Modérateur
: Hugo
Pilon-Larose, LaPresse.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Bonjour à tous. Comment allez-vous mesurer les effets de la réforme que vous
proposez aujourd'hui? C'est-à-dire, dans les prochaines années, est-ce que vous
vous fixez des cibles quant aux courbes démographiques et linguistiques? Et, si
oui, quelles sont vos cibles?
M. Jolin-Barrette : Bien, je
vous dirais que l'objectif est de faire en sorte que la langue française
redevienne la langue commune au Québec, langue d'intégration, langue du
travail, langue du commerce, langue normale des études. Et c'est pour ça aussi
qu'on crée un commissaire à la langue française, pour qu'en toute indépendance
toutes les Québécoises et tous les Québécois connaissent le portrait de la
situation linguistique du Québec.
Alors, aujourd'hui, on s'assure de mettre
en place les mécanismes pour avoir des données qui vont démontrer
l'amélioration de la situation linguistique en lien avec le projet de loi qu'on
dépose. Mais on a déjà commencé au ministère de l'Immigration, nous agissons
également, avec le projet de loi aujourd'hui, d'une façon paramétrique dans
tous les secteurs de la société, vous l'avez vu : langue du travail,
langue du commerce, langue normale des études, intégration en français des
personnes immigrantes. Alors, les résultats vont certainement faire suite à
l'adoption du projet de loi.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
M. Legault, dans votre allocution, tantôt, vous avez fait appel à nos
ancêtres, à notre sens historique. Comment comptez-vous vendre cette réforme-là
aux jeunes générations? Parce que l'avenir du français leur appartient aussi.
Certains, parfois, peuvent penser que c'est un combat peut-être folklorique.
Comment, donc, voulez-vous actualiser ça auprès d'eux? Est-ce que vous pensez
faire, entre autres, comme ce matin pour les vaccins à Montréal, faire appel à
Émile Bilodeau pour leur parler de votre réforme? Comment est-ce que vous
voulez les charmer?
M. Legault : Peut-être prendre
quelqu'un qui appuie la loi n° 21, hein, pour commencer. Non,
sérieusement, écoutez, d'abord, il faut être prudent, là, quand on met dans le
même groupe tous les jeunes au Québec. Je connais beaucoup de jeunes pour qui
c'est important de protéger le français puis de s'assurer qu'on garde cette
langue au Québec dans l'avenir.
Et parfois il y a des gens qui ne sont peut-être
pas conscients de la vulnérabilité de notre langue. Puis je pense, entre autres,
dans certaines régions où il y a moins d'anglophones ou d'allophones, il y a
des gens pour qui... ils ne voient pas le danger. Donc, c'est pour ça, c'est
intéressant aussi, dans ce que Simon présente, c'est de regarder la réalité,
regarder les chiffres, regarder les projections. Il faut que les jeunes et les
moins jeunes soient conscients de la vulnérabilité. Notre langue sera toujours vulnérable.
Et, si on ne la protège pas, si on ne se donne pas des remparts, bien, il y a
un risque, puis là on ne sait pas dans combien d'années, mais effectivement que
nos enfants, nos petits-enfants ne parlent plus français.
Puis, quand on pose la question, moi, je
pense que la majorité des jeunes au Québec souhaitent qu'on continue de parler
en français. Parfois, ils ne voient pas toujours la vulnérabilité, mais c'est à
nous de l'expliquer puis c'est à nous aussi d'en faire la promotion. Il faut
que ça soit vu comme étant une belle histoire puis il faut se rappeler les
efforts qui ont été faits par nos ancêtres. Ça a été difficile à certaines
époques. Donc, c'est important que chaque génération fasse sa part pour
protéger ce qu'on est, parce que le français, là, c'est au coeur de ce qu'on
est comme nation.
Le Modérateur
:
Olivier Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) :
Bonjour à vous trois. Je vous relance là-dessus. Vous avez dit : Il y en a
qui ne voient pas la vulnérabilité. Qu'est-ce qu'il y a pour les gens qui ne
vivent pas à Montréal puis que, oui, c'est exotique de se faire répondre en
anglais dans un magasin quand on va au centre-ville, mais, sinon, dans leurs
régions, à Drummondville, à Trois-Rivières ou à Rivière-du-Loup, ils ne voient
pas que le français est en danger?
M. Legault : Oui, bien, il
faut comprendre, là, que Montréal, c'est la métropole. Il y a beaucoup de gens
qui vivent à Montréal. Donc, il faut quand même s'intéresser à ce qui se passe
à Montréal. Donc, même si on vit en région, il faut s'intéresser à ce qu'on vit
à Montréal. En plus, bien, vous le savez, on veut de plus en plus que les nouveaux
arrivants répondent aux besoins du marché du travail dans toutes les régions du
Québec, donc qu'il y en ait, toutes proportions gardées, plus qui s'installent
en région. Donc, le défi est là. Et, bien, c'est certain que la situation est
différente à Montréal que dans le reste du Québec, mais il faut que tout le
monde le comprenne. Puis, quand même, Montréal, c'est la métropole du Québec.
M. Bossé (Olivier) : M.
Jolin-Barrette, vous me corrigez si je me trompe, vous demandez un examen à la
fin du cégep même aux étudiants qui vont aller au cégep en anglais, un examen
de français, si je comprends bien. Pouvez-vous, juste, détailler ça un petit
peu?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Donc, l'épreuve uniforme de français, qui doit être réussie par tous les
étudiants au collégial en français, sera appliquée également au niveau du
réseau collégial en anglais, à l'exception des ayants droit, donc des membres
de la communauté anglophone qui ont étudié, au primaire et au secondaire, en
anglais. Eux seront exonérés de l'épreuve uniforme pour être diplômés, de
l'épreuve uniforme de français, dans le réseau anglophone. Donc, les
francophones, les allophones devront réussir cette épreuve uniforme de français
là.
Donc, on maintient le libre choix au
cégep. On permet à tous les Québécois d'aller étudier dans le réseau collégial
anglophone. Par contre, on doit réussir l'épreuve uniforme de français, à
l'exception des ayants droit.
M. Bossé (Olivier) : Ça
permet d'avoir le D.E.C.?
M. Jolin-Barrette : Ça permet
d'avoir le D.E.C. Pour pouvoir obtenir le D.E.C., au Québec, vous devez réussir
l'épreuve uniforme de français.
Le Modérateur
: Robert
Dutrisac, Le Devoir.
M. Dutrisac (Robert) :
Bonjour, M. Legault, M. Jolin-Barrette. Concernant le cégep, l'application,
certains veulent l'application de la loi 101 au cégep, vous avez décidé de ne
pas aller là. Une des préoccupations que vous avez, je crois, c'est que vous
êtes sensibles au souhait des Québécois francophones, notamment en région,
d'avoir un niveau suffisant d'anglais. Il y a plusieurs personnes qui jugent,
par exemple à Québec ou à l'extérieur de Montréal, surtout, là, et peut-être à
Montréal, qu'ils doivent parfaire leur connaissance de l'anglais. Est-ce qu'il
n'y a pas lieu de réfléchir, justement, à comment est enseigné l'anglais pour
les francophones, puisque c'est une préoccupation, je pense, vous êtes
sensibles à ça... pour les francophones, d'avoir une bonne connaissance de
l'anglais et ne pas avoir besoin ou reposer sur le fait d'aller au cégep
anglais pour apprendre la langue?
M. Legault : Oui. Bien, la
position qu'on a sur les cégeps, c'est un beau compromis, c'est quelque chose
de raisonnable, c'est qu'on dit, là : Grosso modo, il y a 17,5 % des
places actuellement dans les cégeps, qui sont dans des cégeps anglophones, puis
on a à peu près 8,7 % des Québécois qui sont des anglophones, là, avec les
droits. Donc, ça veut dire qu'il y a une marge entre 8,7 % puis
17,5 %, où là ce sont surtout des allophones puis des francophones, donc…
Puis, au fur et à mesure, là, le nombre de places va augmenter, mais de
seulement 8,7 %, au cours des prochaines années, c'est clair, là.
Puis, écoutez, quand j'étais au Parti
québécois, on a tellement souvent débattu… Il y a des francophones, entre autres
dans les régions, qui, pour perfectionner leur anglais, veulent aller au cégep
en anglais. Ça veut dire qu'on a un défi, au primaire puis au secondaire, de
mieux enseigner l'anglais. Puis, bon, il y a une méthode qui a fait ses
preuves, là, c'est l'anglais intensif en cinquième ou sixième année. Je sais
que ça s'implante de plus en plus dans les écoles, je pense qu'on est rendu à
20 %, 25 %. Bien, il faut continuer à travailler sur l'enseignement,
sur l'amélioration de l'enseignement de l'anglais au primaire et au secondaire.
Je pense que c'est important, oui.
Le Modérateur
: Pardon,
Maxime Denis, Noovo.
M. Denis (Maxime) : Bonjour à
vous trois. Justement, continuons là-dessus. Comment on pourrait mieux aider
nos jeunes à parler bien en français, à bien écrire en français aussi? Pour
avoir enseigné dans une classe en Alberta, les jeunes de quatrième année
étaient extraordinaires. Comment on peut améliorer nos petits Québécois aussi
ici?
M. Jolin-Barrette : Bien, la
qualité de la langue, c'est un défi, et on doit améliorer la qualité de la
langue qui est utilisée par tous les Québécois. Et ça revient à un sentiment de
fierté aussi, de bien parler notre langue. Donc, au niveau de la maîtrise de la
langue française, les efforts seront mis de l'avant, et notamment en termes de francisation
des personnes immigrantes. Mais, aussi, dans le projet de loi, on a mis en
place la proposition de Christopher Skeete, le député de Sainte-Rose, pour
faire en sorte d'offrir des cours de français à toute personne au Québec pour
faire en sorte d'améliorer les compétences langagières en français. Alors, ça,
je pense, c'est une avancée significative.
M. Denis (Maxime) : Justement,
l'impact sur les entreprises, quand on dit : On va donner des cours, qui
va payer pour ces cours-là? Puis, si l'OQLF débarque, s'il y a des plaintes,
quelles conséquences vont arriver pour ces entreprises-là?
M. Jolin-Barrette : Bien,
dans un premier temps, pour l'OQLF, on a ajouté des ressources au cours des deux
dernières années. Dans le budget, vous avez pu voir, on rajoute 100 millions
cette année sur cinq ans également. Alors, l'OQLF va être chargé d'accompagner
les entreprises.
Vous avez vu, dans le projet de loi, on va
désormais appliquer la disposition sur la francisation en entreprise… la
procédure de francisation en entreprise aux 25 à 49. Donc, les entreprises de
25 à 99 employés seront désormais régies par cette disposition de la Charte de
la langue française, et l'objectif est de faire en sorte de franciser, mais
aussi d'accompagner.
Alors, le rôle de l'OQLF, là, c'est
principalement d'accompagner les entreprises, de leur donner des outils pour la
généralisation de l'utilisation de la langue française en entreprise. Alors, on
est vraiment là pour accompagner. Et, pour les cours en francisation, c'est
Francisation Québec qui va en être chargé en entreprise, et il y aura les
sommes nécessaires pour offrir le soutien aux entreprises, fort probablement à
très, très faible coût ou gratuitement.
M. Denis (Maxime) : Donc,
juste pour clarifier, Québec va débourser pour les cours, mais est-ce qu'il y
a... C'est quoi, la tape sur la main, là? C'est quoi, la conséquence? Il va-tu
y avoir des amendes? Est-ce que, si une entreprise continue de servir en
anglais puis...
M. Jolin-Barrette : Bon,
l'OQLF, son premier rôle, c'est d'accompagner les entreprises, d'amener un
changement de comportement vers l'utilisation du français. Donc, l'OQLF, on lui
a donné les moyens pour faire ça. Ultimement, on va accompagner… On va faire
des rappels au niveau des entreprises. Par la suite, il y a un pouvoir
d'ordonnance, de la part de l'OQLF, de se conformer à la loi, comme ça se fait
dans toutes les lois. Et, ultimement, il y a des sanctions pénales qui peuvent
s'imposer, mais ce n'est pas l'objectif.
L'objectif principal, pour l'OQLF, et
c'est très clair, c'est de faire en sorte que l'utilisation du français dans
les entreprises soit généralisée. C'est pour ça qu'on assure le droit de
travailler en français au Québec, qu'on donne des recours aux travailleurs,
aussi, pour faire respecter leurs droits au niveau de l'embauche, au niveau de
la mutation des postes. Puis, je vous rappellerais l'étude de l'OQLF de
l'automne dernier qui disait que sur l'île de Montréal, supposons, plus de
60 % des entreprises exigeaient une autre langue que le français pour être
embauché.
Et le projet de loi n'est vraiment pas
dogmatique. On ne veut pas empêcher les entreprises d'exiger la connaissance
d'autres langues que le français à l'embauche lorsque c'est nécessaire. Vous
avez des clients à l'étranger, vous avez des fournisseurs à l'étranger, c'est
normal de pouvoir posséder une autre langue. Par contre, à l'interne, à
l'intérieur même de l'entreprise, pour parler avec vos collègues, ça doit se
passer en français sur le milieu de travail.
Le Modérateur
:
François Carabin, Métro.
M. Carabin (François) :
Bonjour à vous trois. M. Jolin-Barrette, vous avez pris la décision d'inscrire
dans le projet de loi que vous souhaitez abolir le Conseil supérieur de la
langue française. Comment vous justifiez cette décision-là?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, les rôles et les responsabilités du Conseil supérieur de la langue
française vont être transférés au commissaire à la langue française, qui va
relever de l'Assemblée nationale et qui va être désigné aux deux tiers. Alors,
à la fois les ressources, les budgets vont être transférés au commissaire.
Puis l'objectif d'avoir un commissaire à
la langue française, comme ça avait été proposé par Mme Samson, c'est d'avoir
un regard neutre et indépendant pour éviter, comme ça a été le cas au cours des
15 dernières années, avec le Parti libéral, de ne pas avoir les bons
indicateurs linguistiques, que les études ne soient pas formulées d'une façon
claire et compréhensive pour connaître la véritable situation linguistique du
Québec. Donc, ça prend quelqu'un qui va pouvoir faire la lumière sur la
situation linguistique au Québec et qui va pouvoir donner la bonne information
aux Québécois. C'est pour ça qu'on désigne un commissaire à la langue française.
M. Carabin (François) : M.
Legault, vous avez parlé d'un projet de loi raisonnable. Vous faisez… vous
faites, pardon, quand même appel à la disposition de dérogation. Qu'est-ce
qu'on doit comprendre dans cette décision-là? Est-ce que vous vous attendez,
malgré tout, à ce qu'il y ait des contestations en cour?
M. Legault : Bien d'abord,
j'ai été agréablement surpris de voir que deux mesures sont maintenant
supportées en partie, là, par le Parti libéral : les cégeps, de limiter le
nombre de places, et puis d'étendre la loi 101 aux entreprises de 25-49.
J'espère que ça va être la même chose du côté du Parti libéral du Canada.
Bon, l'utilisation de la clause
dérogatoire, je pense qu'elle est totalement justifiée pour défendre nos droits
fondamentaux, nos droits collectifs. Mais on a été raisonnable. On n'est pas
allé aussi loin, par exemple, que le Parti québécois. Le Parti québécois
dit : Dans les cégeps, on va appliquer la loi 101. Ça veut dire qu'au
lieu d'avoir 17,5 % de places ils vont réduire ça à 8,7 %. Ça veut
dire qu'on va fermer la moitié des places dans les cégeps avec le Parti
québécois. Le Parti québécois dit : Les francophones n'auront plus le
droit d'aller dans les cégeps anglophones. C'est extrémiste, à mon avis, ça.
Puis je me rappelle d'en avoir débattu quand j'étais au Parti québécois, puis
la majorité des députés, à l'époque, disaient : Non, non, non, on ne peut
pas aller aussi loin que ça.
Donc, je pense, un peu comme on l'a fait
avec la loin n° 21, on réussit à faire un compromis
raisonnable, à atteindre notre objectif, mais à aller chercher le support de la
population, le support de notre nation. Il y a un geste qui est très fort dans
ce qui est proposé, c'est le français, langue de travail. Pour moi, c'est très
important d'envoyer ce signal fort qu'au Québec, pour travailler, il faut
parler français. Je veux dire, c'est tout un incitatif. Il n'y a pas de
meilleur incitatif pour les nouveaux arrivants à apprendre le français si j'ai
besoin du français pour travailler.
Donc, je pense, c'est un beau compromis
qu'on présente. Je pense que ça va donner des résultats, puis qu'on va réussir
à inverser la tendance qu'on n'aime pas actuellement.
Le Modérateur
: Merci.
Nous allons maintenant passer aux questions en anglais avec
Philip Authier, The Gazette.
M. Authier
(Philip)
: Good
day.
M. Legault : Good day.
M. Authier (Philip)
: I wanted to ask you a little bit about… Pour le ministreSimon Jolin-Barrette. In the bill, you
say people who are not served in French in stores have a recourse, «un
recours». How do you assess that? If a person comes into a store and gets a
«Bonjour Hi!», is that a recourse that they can use? What is… Can you be more
specific on where does the line go?
M. Jolin-Barrette : Yes. First of all,
when you're welcomed with a «Bonjour Hi!», it's not covered by the bill. What
we table today, it's about the fundamental right to be served or to be informed
in French. You know, it was
already in the bill, but you cannot… it was not enforceable. So, right now,
with the bill, it will be. So, you will be able to call OQLF and say: I cannot have my right to be served in French, and the
OQLF will call the store and help the store to make changes inside the organization.
But the thing is clear… is the Quebeckers have the
right to be served and informed in French, and that's the same thing as the
fundamental right that you have already in the Charter of Rights and Freedoms.
So they are at the same level, these two rights, and that's what we are doing
in the bill.
M. Authier (Philip)
:
Good, thank you. And my second question for, I guess, for Mr. Legault or
Mr. Jolin-Barrette, you are saying that you would use the notwithstanding
clause. The Supreme Court recognizes the net predominance formula for
commercial signs already. So can you be more specific? Where will you require
to use the notwithstanding clause in this bill?
M.
Jolin-Barrette : Well, we use the notwithstanding
clause because that is a collective choice to protect French here, in Québec.
And, you know, when Mr. Laurin and the National Assembly adopted the
Bill 101, there was a lot of recourses against the Bill 101, and many
parts of the bill were invalidated by the tribunal, the courts. So we don't
want that, and we want to be sure we need to protect French, and we use that
clause because we have collective rights here. And we have a balanced bill
about individual rights and collective rights, and, for Québec, it's really
important to be sure that French will be protect over years, over decades.
M. Authier (Philip)
:
What I'm asking is what specifically needs to be protected by the clause. Which
part of the bill that you feel needs to be protected?
M.
Jolin-Barrette : Well, there is a lot of
things. I think it's not only a few ones, but it's «l'oeuvre collective.» So I
think it's important to say : It will be that that will apply, and it's
not only for one thing or another.
M. Legault :
Maybe just to be more precise about the debate we had a few years ago about the
trademarks also. At the time, the Liberal Government decided… I think they used
the words «enough French», something like that, «sufficient French.» What does
that mean? And they put that only as a rule, not in the law. What we say right
now is that is has to be in… the majority of the sign has to be French. So, if,
for example, you have «Canadian Tire», the words like «centre de rénovation»
will need to be a bit bigger than Canadian Tire. So it includes the trademark.
Le Modérateur
: Cathy Senay, CBC.
Mme Senay
(Cathy) : Good day. When I see the provision
protecting young students, English-speaking young students, and, like, making it
to anglophone CEGEPs, and when I see also services like… you have to learn
French and communicate in French as far as you're able to go, you don't want a
linguistic fight with English-speaking communities in Québec?
M.
Jolin-Barrette : Well, not at all. I table
that bill and I work on that bill based on the reflection. I don't want to
oppose one language to another. It's not about a battle between French and
English. It's about protecting, promoting French. And, as I always say, all the
rights of the English-speaking community will be respected as we did before and
it will be the same thing. So there's nothing to change about the
English-speaking community and it was really clear about that.
Mme Senay
(Cathy) : Regarding the Constitution, Premier
Legault, you're basically saying: I'll send a letter to my colleague Premiers
telling them why I am touching the Constitution. When you say that you're going
to write them a letter, basically, what you'll tell them is : I need to do
what I need to do.
M. Legault
:
OK. First, the letter I'm sending to other Premiers and the Prime Minister is
not only about the Constitution, it's about what's included in the Bill 96 in
total.
Mme Senay
(Cathy) : Why do you have to give them this
information? Why do you have to justify yourself about you protecting French in
Québec?
M. Legault
:
I think it's important to tell them exactly why do we use the notwithstanding
clause, why do we need to protect more French in Québec. I think it's good. I
did the same when we tabled the Bill 21. So I think it's important that they
understand that it's nothing against them or against English Canadians. It's
about protecting something that will always be vulnerable, which is our
language in Québec.
Le Modérateur
:
Kelly Greig, CTV.
Mme Greig
(Kelly) : Good afternoon. Mr. Legault, to
start with you, it was interesting, off the top of your speech in the
beginning, to say, growing up in the West Island, you learned about the
fragility of French. We hear from a lot of our viewers that they take the
opposite way, that, being an English Quebecker, they learned about the
fragility of English, because of measures like Bill 101. What do you say to
English Quebeckers today? Now, Mr. Jolin-Barrette said he's not trying to
pit two languages against each other, but English Quebeckers might see today's
bill as another arrow or another hit to the English community.
M. Legault : It's nothing against the English Quebeckers. It's about protecting French. And all the rights of the English Quebeckers will be protected. So they will
still have the right to receive services in education, in health care.
Even in CEGEPs and
colleges, we put a clause where we say they will have priority to make sure
that… There are about 17.5% of the places that are in anglophones colleges. But
sometimes the 8.7% of Anglophones, they say : Because of the presence of
Francophones and Allophones, sometimes, I don't have a place. So we want to
correct that.
So I think we do a lot to
protect them. Like, the cities that are bilingual, if they choose to remain,
they can do that. So I think we did a lot of compromises. But I think it's also
important that we all understand that this distinct society is a plus for Montréal, for Québec. All major cities in the United States, they try to be different. They try to have something to attract
tourism. We already are a bit of France in North
America. So it's a plus. I think that many English Quebeckers like that, like
the latin part of Québec.
Mme Greig
(Kelly) : And to pick up on that answer about
municipalities, what's the thought process behind… it's simply transferring the
responsibility to the municipality to remain bilingual. Why leave that open?
M. Legault :
It's a question of democracy. You have two choices: either the Québec
Government decides to remain… everything the way it is, that was the approach
of the Liberal Party, or, like the Parti québécois, we force all cities having
less than 50% of their citizens… they force them losing their bilingual status.
What we say is that we put that in the hands of the representatives of the
people of the city. So you cannot have something more democratic than putting
the decision in the hands of the people living in these cities.
Le Modérateur
:
Nous allons maintenant prendre une question d'une journaliste en télétravail. Raquel Fletcher, de Global.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good afternoon, Premier, and
Mr. Jolin-Barrette.
M. Legault :
Good afternoon.
Mme Fletcher
(Raquel) : Do you hear me OK?
M. Legault :
Yes.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good. My first question is for you,
Premier Legault. Did I understand correctly when you
said, in French… You were talking about a good compromise on CEGEPs and then
you mentioned that we have a challenge with teaching English at the primary and
secondary level. With tabling this bill, are you also committing to better the
English education at the primary and secondary level in francophone schools?
M. Legault :
I think it's a different subject. Today, we talk about protecting French, but
we have another challenge, which is teaching better English in primary and high
schools. So I think it's different. But I think one of the reasons why we have
17.5% of the places in colleges that are in anglophone
colleges, it's because mainly that people, some French people, for example,
they like to go to English colleges in order to have a better English. Maybe I
should have done that also.
Mme Fletcher
(Raquel) : Your English is excellent. My
second question is for both of you. Mr. Legault, you referred to Bill 96 as the
new Bill 101. And you also alluded to it, but I'm not sure if you concretely
answered the objectives of this bill. Do you have a certain number that you
want to attain, a certain percentage? Where do you see… I mean, obviously, when
you call this a new Bill 101, you're alluding to the fact that the original
Bill 101 didn't go far enough. So what are the concrete objectives that you
want to attain with this new Bill 101?
M. Legault :
The objective is clear. We want to make sure that, in the future, we still
speak French, especially in Montréal. So, right now, when you look at the
figures, we're not going in the right direction.
Mme
Fletcher (Raquel) : Mr. Simon Jolin-Barrette?
M.
Jolin-Barrette : Yes. Maybe, as I said in
French before, it's the linguistic transfer for new immigrants. It's really
important. In Québec, here, the linguistic transfer, it's 53%, and all the
«démographes» say that we need to attain 90% of linguistic transfer. For example,
in the rest of Canada, it's 99% of linguistic transfer to the English language.
So we need to improve that percentage from 53% to more and more.
Le Modérateur
:
Il reste encore trois minutes allouées à ce point de presse. François Carabin,
rapidement.
M. Carabin (François) : Vous
prenez la décision d'arrêter d'administrer les premières doses d'AstraZeneca. Quel
message est-ce que ça envoie à ceux qui sont en attente d'une deuxième dose d'AstraZeneca?
M. Legault : Bien, d'abord, on
continue de penser que les risques sont très, très faibles, mais on suit les recommandations
de la Santé publique, tout simplement.
Le Modérateur
: Alain
Laforest, rapidement.
M. Laforest (Alain) : M.
Legault, pourquoi ne pas avoir aboli le «Bonjour! Hi!»?
M. Legault : Vas-y donc.
M. Jolin-Barrette : Bien,
vous savez, c'est au niveau de l'accueil, et les droits qui sont protégés dans
la Charte des droits et libertés de la personne, c'est notamment… pardon, dans
la Charte de la langue française, c'est le droit d'être servi et informé en français.
Donc, on invite les gens, les commerçants, à dire «bonjour», mais on considère
que ce qui est vraiment important, pour les Québécois et les Québécoises, c'est
de pouvoir être servi et informé en français.
Le Modérateur
: Hugo
Pilon-Larose.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Dans
les cégeps, pourquoi est-ce que vous n'imposez pas, M. Simon Jolin-Barrette,
une épreuve uniforme de français langue seconde pour les anglophones?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, déjà, dans le réseau collégial anglophone, il me semble, et je pourrai
vous revenir après avoir vérifié avec ma collègue ministre de l'Enseignement
supérieur… c'est déjà prévu que, dans le cursus anglophone, et on me corrigera,
que les étudiants dans les collèges anglophones doivent passer l'épreuve
uniforme, mais en langue anglaise, mais, sous réserve, là, je vous dis ça,
mais…
M. Pilon-Larose (Hugo) : …une
épreuve uniforme pour leur français langue seconde parce que… pour la langue
anglaise.
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, le choix qu'on a fait, c'est vraiment de dire : Les allophones et
les francophones qui font le choix d'aller au cégep en anglais vont devoir
avoir une qualité de leur langue, une maîtrise de la langue française aussi importante
et aussi bonne que s'ils avaient été dans le réseau collégial francophone.
Le Modérateur
: Patrick
Bellerose.
M. Bellerose (Patrick) : …sur
le ministère de la Langue. Donc, je peux présumer que, M. Jolin-Barrette, vous
serez le nouveau ministre de la Langue. Et quel sera le mandat de ce ministère?
M. Jolin-Barrette : C'est la
prérogative du premier ministre. Pour ce qui…
M. Bellerose (Patrick) : M.
Jolin-Barrette sera le nouveau ministre de la Langue?
M. Legault : Il y a des bonnes
chances.
M. Jolin-Barrette : Et donc
le mandat, c'est d'agir à titre de coordonnateur de l'action gouvernementale du
gouvernement au sens de l'État. On a vu que c'était à géométrie très variable, présentement,
au sein de l'État, des ministères, des organismes, des municipalités. Alors,
c'est important d'avoir un ministère pour se donner les outils pour améliorer
la situation linguistique au Québec.
Le Modérateur
: Maxime
Denis.
M. Denis (Maxime) : À quoi on
peut s'attendre avec Ottawa pour justement ajouter, là, le critère qu'on est
une nation, qu'on a le français comme seule langue unique? Est-ce que c'est un
long processus? À quoi ça peut ressembler?
M. Jolin-Barrette : Vous
voulez dire dans la Constitution?
M. Denis (Maxime) : Oui.
M. Jolin-Barrette : Non. Dans
le fond, c'est une modification unilatérale, la Constitution. Donc, le Québec,
par lui-même, c'est dans sa propre Constitution, qui se retrouve dans la
Constitution canadienne… Donc, on l'a prévu. C'est dans la loi. À partir du
moment où on va avoir adopté la loi, on va pouvoir modifier la Loi
constitutionnelle de 1867.
Et le Québec l'a déjà fait dans le passé,
lorsqu'il a aboli le Conseil législatif. Le fédéral, lui-même, également, l'a déjà
fait lorsqu'il a modifié l'âge des sénateurs à Ottawa dans sa propre
Constitution interne. Donc, c'est le texte législatif qui nous appartient au Québec.
Alors, on vient se définir nous-mêmes qui nous sommes dans notre texte constitutionnel.
M. Legault : Même Benoît
Pelletier est d'accord.
Le Modérateur
: C'est
ce qui met fin à ce point de presse. Merci beaucoup.
(Fin à 12 h 15)