(Treize heures cinq minutes)
Le Modérateur
: Bonjour
à toutes et à tous. Bienvenue à ce point de presse du premier ministre du
Québec, François Legault; du ministre de la Santé et des Services sociaux,
Christian Dubé; et du directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda. M.
le premier ministre, je vous cède la parole.
M. Legault : Oui. Bonjour,
tout le monde. Bien, écoutez, d'abord, je veux revenir sur la situation de la
deuxième vague de la pandémie. On le sait, on a eu une deuxième vague qui a
commencé en septembre, surtout, et on a atteint assez rapidement, là, un
1 000 cas à peu près par jour. On a mis en place des mesures dans les
zones rouges. On a réussi, pendant un certain temps, à stabiliser autour de
1 000, même il y a des journées où on était en bas de 1 000. Donc, on
avait vraiment l'espoir que ça allait continuer de descendre. Malheureusement,
en novembre, on a eu une deuxième montée de la deuxième vague et on s'est rapidement
retrouvé, pendant quelques jours, à à peu près 1 300 cas par jour.
Puis là hier, aujourd'hui, tout près de 1 500 cas.
Évidemment, comme on l'a déjà expliqué, il y
a comme trois étapes. Il y a des cas, après il y a les hospitalisations,
quelques semaines après, puis ensuite il y a les décès. Si on regarde les
hospitalisations, le 1er octobre, on avait 285 personnes qui étaient
hospitalisées, le 1er novembre, on était rendu à 499, puis, aujourd'hui,
on est rendu à 737. Donc, on peut penser qu'avec la récente hausse des cas, les
hospitalisations vont continuer d'augmenter.
On vous l'a déjà dit, la situation dans
certains hôpitaux est fragile, on atteint presque la limite de ce qu'on est
capable de faire. Donc, la capacité n'est pas infinie. Puis, évidemment, là où
on a le plus grand défi dans les hôpitaux, c'est le personnel. Les infirmières,
les infirmières auxiliaires, on aura beau rendre le nombre de lits qu'on a
besoin, l'augmenter un peu partout, il reste qu'on n'a pas un personnel, là,
qui est à l'infini. Donc, en plus, la pandémie est là depuis neuf mois, donc on
a du personnel qui est fatigué, je dirais même très fatigué, on est même rendu
à 6 600 employés qui sont soit en congé de maladie soit en retrait
préventif. 6 600, c'est moins que la première vague, mais c'est quand même
beaucoup.
Quand on regarde les décès, bien, on a eu
à peu près la même progression. Le 1er octobre, on avait neuf décès en moyenne
par jour, le 1er novembre, on était rendu à 20 décès par jour, puis
là, bien, aujourd'hui, on a 30 décès. Il faut relativiser, là, c'est
80 % moins que ce qu'on avait au moment du «peak» de la première vague,
là, puis c'est surtout... Il y a une baisse d'à peu près 80 %. Même dans
les CHSLD, c'est 90 % de baisse des décès. Mais on va tous convenir que
30 décès, c'est 30 personnes qu'on a perdues, là. C'est quand même
grave.
Évidemment, la seule consolation qu'on
peut peut-être avoir, c'est quand on regarde ce qui se passe ailleurs. Bon,
hier, on a continué de battre des records : d'abord, dans le monde,
635 000 nouveaux cas, 12 300 nouveaux décès; aux
États-Unis, plus de 200 000 nouveaux cas, 2 800 nouveaux décès.
Ça, si on fait une règle de trois, là, toutes proportions gardées, c'est plus
du double de ce qu'on vit ici au Québec. Donc, quand même, le bon côté des
choses, c'est que les efforts qu'on a faits ici au Québec nous ont permis de ne
pas aller... voir une augmentation aussi exponentielle que ce qu'on voit, par
exemple, aux États-Unis. Donc, là-dessus, moi, je veux remercier les Québécois
et vous dire : Vos efforts ont quand même donné des résultats.
Donc, quand on regarde la situation, bien,
on est obligés de se rendre à l'évidence, ce n'est pas réaliste de penser qu'on
va réussir à réduire la progression du virus de façon satisfaisante d'ici Noël.
Ce n'est pas réaliste. Et, je le répète, on doit, quand on prend notre décision
pour Noël, d'abord penser aux infirmières, penser au personnel qui est déjà
fatigué. Il faut penser aussi à nos parents, nos grands-parents qu'on aimerait
rencontrer à Noël. Il n'y a personne, je suis certain, au Québec qui veut
regretter un peu toute sa vie d'avoir contaminé sa mère, son grand-père, avec
les conséquences possibles qu'on connaît.
Donc, je vous annonce aujourd'hui que les
deux journées de rassemblement qui étaient prévues à Noël vont être annulées.
Donc, ça veut dire que, dans les zones rouges, ça ne sera pas permis d'avoir
des rassemblements de plus que les gens qui sont à la même adresse. Je vous
rappelle, par contre, que, déjà, c'est permis pour une personne d'aller visiter
une personne seule.
Donc, si on pense à sa mère, à son
grand-père, les Québécois ont le droit d'aller visiter seuls. Donc, il faut que
le visiteur soit seul, ou la visiteuse. Ils ont le droit d'aller voir... Puis,
même, j'encourage, je demande à tous les Québécois d'aller visiter les
personnes qui sont seules. C'est dur, la pandémie. C'est encore plus dur, dans
le temps des fêtes, d'être seul. Donc, allez, une personne à la fois, visiter
les personnes seules. Évidemment, faites attention. Ça veut dire quoi? Bien,
portez un masque, restez à deux mètres puis, idéalement, ne restez pas trop
longtemps.
Je veux aussi préciser que la décision
aujourd'hui, c'est une décision gouvernementale, ce n'est pas une demande de la
Santé publique. C'est nous, hier soir, qui avons pris cette décision en se disant :
Il faut être réalistes, il faut protéger notre personnel. Évidemment, étant
donné que c'est une mesure qui est plus restrictive, la Santé publique est quand
même d'accord avec cette proposition-là.
Bon, je comprends qu'il y a beaucoup de Québécois,
Québécoises qui doivent être déçus de l'annonce, des gens qui voulaient voir
leur famille, ils voulaient voir leurs amis. Honnêtement, là, ce n'est pas une
bonne idée. Ce qu'on voit, là, c'est que le virus, il est pas mal présent dans
toutes les régions du Québec, il est en forte hausse et il est dangereux, il y
a des conséquences qui sont graves.
Bon, l'autre chose que je veux dire, je
réalise très bien que la décision qu'on prend aujourd'hui, c'est une décision
qui est différente de ce qu'on vous a dit il y a deux semaines. Je comprends
ça, là. Et c'est un peu comme ça depuis le début de la pandémie : les informations
évoluent, puis on essaie de s'ajuster en prenant les meilleures décisions.
D'ailleurs, je veux en profiter pour
prendre une minute pour revenir sur les commentaires de certaines personnes de l'opposition,
aujourd'hui, de dire que je me donne une note parfaite, là, pour la gestion de
la crise. Je ne me donne pas une note parfaite pour la gestion de la crise. Ce
qui est arrivé... Puis j'aurais pu... j'aurais peut-être dû avoir plus d'expérience.
Je vois des journalistes ici. C'est vrai que la question revient souvent dans
les entrevues : C'est quoi, votre bon coup, c'est quoi, votre mauvais
coup? J'aurais dû me préparer une réponse pour le mauvais coup. Bon, bien là je
pourrais vous dire que, si c'était à refaire, bien, je n'ouvrirais pas la porte
à deux jours de rassemblements à Noël. Mais en même temps, bon, à l'époque,
quand on a pris cette décision-là, on pensait sincèrement que c'était possible
que la situation s'améliore. Donc, ça évolue très rapidement.
Mais je veux juste vous dire, là, je ne
suis pas le genre de gars à penser qu'il est parfait, là, comme on disait dans
le temps, les plus vieux vont s'en rappeler, comme Réal Giguère. Mais je me remets
en question. À peu près à chaque nuit, je me demande : Est-ce que j'ai
pris les bonnes décisions? Puis j'en parle avec Christian, avec la Santé
publique, avec les gens qui sont autour de moi, là. Ce n'est pas une science
exacte. Puis je veux rassurer tout le monde, là, je ne considère pas que je
suis parfait, là, loin de là. Mon épouse pourrait vous en ajouter là-dessus.
Donc, ce que ça veut dire, c'est que cette
année on va avoir un Noël qui est tranquille, qui va être tranquille. Il faut
essayer de prendre le bon côté des choses. On n'aura pas de visites dans nos
maisons. Donc, quand on a une couple d'années de plus, ça veut dire qu'on va
pouvoir faire des petites siestes, des sommes, comme on dit, dans l'après-midi,
après le repas, lire des livres, toutes sortes de livres, et faire des Zoom,
des Teams, s'appeler au téléphone, mais ça va être un Noël tranquille, et je
pense, c'est important de le garder comme ça.
Pour ce qui est des demandes que j'avais
faites, il y a deux semaines, aux entreprises puis aux écoles, de dire :
Bien, une semaine avant, une semaine après Noël, donc du 17 décembre au
4 janvier, est-ce que c'est possible d'avoir moins d'activités, du
télétravail, de l'enseignement à distance?, on va garder ces mesures-là. Je
pense que l'idée, c'est d'arriver au mois de janvier dans le meilleur état
possible, donc de tout faire pour casser la vague. Donc, on ne changera pas ces
mesures-là.
En terminant, je veux dire un mot sur un
travail exceptionnel qui a été fait par des représentants de tous les partis
politiques sur une commission sur l'exploitation sexuelle des mineurs. Bon, c'est
une idée qui avait été portée depuis plusieurs années par Lise Lavallée, la
députée de Repentigny. Lise est allée sur la commission Laurent, on l'a
remplacée par Ian Lafrenière qui, quand il est devenu ministre, on a remplacé
par Lucie Lecours, mais il y avait des représentants, là, puis vous avez
peut-être entendu les discours de tout le monde ce matin. Moi, je trouvais ça
très touchant, parce que c'est un sujet où les gens ont travaillé de façon non
partisane, de façon constructive, et puis maintenant, bien, ça va être le rôle
de Geneviève Guilbault de mettre en application les recommandations de cette
commission. Donc, je veux assurer tous ceux qui ont participé à cette
commission-là, ce ne sera pas tabletté, il va y avoir des actions, puis c'est
Geneviève Guilbault qui va être en charge de ça.
Par ailleurs, il va y avoir aussi, cet
après-midi... vous vous rappellerez, j'avais demandé à Isabelle Charest de mettre
en place un certain nombre d'actions pour protéger les femmes qui sont
violentées. Donc, cet après-midi, Isabelle avec Geneviève vont faire une
annonce importante, là, de mesures qu'on va mettre en place.
Donc, je termine en revenant sur la
pandémie. Je prends une image de Christian, qu'il m'a suggérée. C'est comme un
marathon, hein? Vous savez, ceux qui ont déjà essayé le marathon, ce n'est pas
les premiers kilomètres qui sont difficiles, c'est les derniers kilomètres.
Puis là, bien, ça fait neuf mois que les Québécois font des efforts, mais les
plus difficiles, ça va être les trois, quatre prochains mois. Donc, il faut
continuer les efforts, ne pas se décourager, se dire que le vaccin s'en vient,
puis on veut être le plus possible à la ligne d'arrivée. Donc, soyons prudents
puis prenons soin les uns des autres. Merci.
Good afternoon, everyone.
We've been fighting this second wave for three months now. Our measures in red
zones have helped to slow the contagion. We were able to stabilize the number
of new cases after a first increase in September, but now it has increased
again. And new cases lead to more hospitalizations, and, if we continue in this
direction, hospitals will start to overflow. So we have a limited number of
nurses, and our nurses are very tired.
That being said, I would
like to thank Quebeckers for
all their efforts. We were able to avoid the situation we see in Europe and in the United States, so our efforts have paid off.
But, with the number we
have, it's unrealistic to think that we'll be able to change the situation in time for Christmas. We need to
protect our nurses and our elderly. I'm announcing that gatherings in red zones
won't be allowed for Christmas. It will still be allowed to visit a person
living alone such as our parent or grandparent, if they live alone. We can and
we must visit them. They need us more than ever. Of course, we have to keep our
distances and wear a mask. We'll keep the same plan for our schools and our
businesses. This will give us a chance to decrease contagion during the
holidays.
I know we would all like
to see our family, but it's not a good idea. The virus is very dangerous. We
need to stay home, and get some rest, and we have to take care of one another. Thank
you.
Le Modérateur
: Merci,
M. le premier ministre. Nous allons amorcer la période des questions avec Alain
Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) : M. le
premier ministre, M. le ministre de la Santé, M. le directeur national de la
santé publique. M. Legault, c'est une décision difficile que vous venez de
prendre aujourd'hui, mais le plus grand danger, c'est comment vous allez faire
pour rentrer la pâte à dents dans le tube, parce que les gens vont se
rassembler quand même.
M. Legault : Bien, moi, je fais
confiance au sens des responsabilités de la grande, grande, grande majorité des
Québécois. Comme je le disais tantôt, je ne pense pas qu'il n'y a personne au Québec
qui a le goût d'avoir dans sa tête pendant tout le reste de sa vie qu'il a
infecté quelqu'un de sa famille, un de ses amis, et puis avec les conséquences
possibles, telles… aussi graves que cette personne pourrait mourir. Donc, moi,
je fais confiance au sens des responsabilités des Québécois.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
qu'il y aura des mesures qui seront prises? Est-ce que vous allez renforcer... Est-ce
que vous demandez aux Québécois... parce qu'évidemment tout ça aura une
conséquence sur le réseau de la santé. Vous l'avez dit, là, il y a des médecins
qui le disent depuis des années... des semaines, que le réseau est à bout de
souffle. Est-ce qu'il y a des mesures que vous prenez? Est-ce qu'il y aura des
amendes qui seront émises pour ceux qui tiendront des rassemblements quand
même?
M. Legault : Absolument,
mais je dois compter d'abord sur le sens des responsabilités des Québécois. On
ne peut pas avoir un policier dans chaque maison, mais il y aura effectivement
des amendes qui vont pouvoir être données. Puis on est en discussion avec les
corps policiers pour voir comment on peut y travailler pendant le temps des
fêtes.
Le Modérateur
:
Véronique Prince, Radio-Canada.
Mme Prince (Véronique) :
Lorsque vous avez annoncé que les quatre jours étaient permis, là, pour des
rassemblements, vous aviez dit : Je veux un plan que est mur à mur, que ce
ne soit pas compliqué, donc c'était pour tout le Québec. Là, si je ne me trompe
pas, je vous ai entendu dire que c'était seulement en zone rouge que les
rassemblements sont annulés. Donc, en zone orange, les gens peuvent continuer
de le faire?
M. Legault : Bon, quand
j'ai annoncé les mesures il y a deux semaines, ce qu'on a dit, c'est : la
semaine où on demandait aux gens de faire attention avant et après Noël, ça
s'appliquait à la grandeur du Québec. Quand on regarde les rassemblements actuellement,
bon, puis il n'y en a pas beaucoup, là, mais les gens qui sont dans les zones
jaunes ont le droit déjà à 10 personnes puis les gens qui sont dans les
zones orange ont déjà le droit à six personnes. Donc, ça, ce n'est pas changé.
Mais, pour ce qui est du reste, là, bien,
pour ce qui est des zones rouges… Parce que, dans le fond, là, à part le Nord-du-Québec,
incluant l'Abitibi-Témiscamingue, puis le Bas-Saint-Laurent—Gaspésie, puis
quelques sous-régions dans les Laurentides puis l'Outaouais, tout le monde est
en zone rouge, là. Donc, la grande majorité des Québécois sont en zone rouge.
Mais ceux qui sont en zone jaune ou orange peuvent continuer à avoir des petits
rassemblements, et, bien, les restaurants continuent à être ouverts dans ces
zones-là.
Mme Prince (Véronique) :
Vous aviez dit aussi — je pense, c'est M. Dubé qui avait dit ça — que,
cette semaine, on aurait des directives concernant les résidences privées pour
aînés puis les CHSLD pour que ces gens-là puissent quand même avoir des visites
dans le temps des fêtes. Est-ce qu'on comprend que finalement on va garder les
mêmes mesures concernant les proches aidants, puis il n'y aura pas davantage de
visites ou de permissions pour les temps des fêtes?
M. Dubé : Exactement. Et
c'est pour ça que c'est un des éléments qui nous a fait accélérer notre
décision, parce qu'on connaît tous la situation en ce moment dans les CHSLD et
les RPA, qui est fragile. Alors, c'est pour ça qu'on a décidé de ne pas émettre
des directives pour le temps des fêtes qui seraient a contrario avec ce qu'on
vient d'annoncer aujourd'hui.
Mme Prince (Véronique) :
Donc, ça, ça ne change pas, là, il n'y a pas de visites?
M. Dubé : Il n'y aura pas
de visites. On va être dans le même scénario qu'on est en zones rouges en ce
moment.
Le Modérateur
: Nous
poursuivons avec Louis Lacroix, de Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : M.
le premier ministre, M. le ministre de la Santé, Dr Arruda, donc, si je
comprends bien, il n'y aura pas de mesures alternatives. Vous n'offrez pas, à
part les rassemblements... En fait, une personne seule peut recevoir une autre
personne. C'est tout, là. Il n'y a aucun rassemblement qui est permis, qui va
être autorisé, et ça va être surveillé de façon... ça va être bien encadré.
C'est ça?
M. Legault
: Oui,
absolument. Vous avez bien compris.
M. Lacroix (Louis) :
Bon, alors comment vous allez faire pour vous assurer que les Québécois ne
fassent pas ce que vous ne voulez pas qu'ils fassent? Dans le fond,
M. Laforest en parlait tout à l'heure, il y a des gens qui... Une fois que
vous avez semé la graine, là, que vous avez dit aux gens : Vous pouvez
vous rassembler, puis tout ça, et que vous enlevez le nanan au bout de la
ligne, comment vous allez vous assurer que les gens ne le feront pas? Vous
dites : On ne va pas mettre un policier en arrière de chaque personne.
Mais comment vous pouvez vous assurer que ça ne se fera pas?
M. Legault
: Bon,
d'abord, je pense que, bon, sans le vouloir, on a fait comme une annonce qui
est progressive. Les gens ont compris que ce n'était pas une bonne idée de se
réunir au jour de l'An. Les gens ont compris que c'était important, avant de
rencontrer une autre personne, de prendre ses précautions dans la semaine avant
la rencontre. Puis là on dit : Bien, pour Noël, ça va être comme pour le
jour de l'An. D'ailleurs, en passant, c'est à peu près ça qu'on a dans toutes
les provinces canadiennes. Donc, on n'est pas différents des autres provinces.
Maintenant, je pense que les gens... Quand
je voyais un sondage, même quand on permettait les deux jours à Noël, je ne me
souviens plus c'était quoi, le résultat, là, mais il y avait quand même un
pourcentage important des Québécois qui disaient : Moi, je ne veux pas
prendre de chance avec ma mère ou avec une personne qui est vulnérable dans ma
famille. Donc, il y avait déjà un pourcentage de Québécois qui disaient :
Même si c'est permis, moi, je n'ai pas l'intention de me réunir. Donc là, on
fait un tour de plus, puis je pense que c'est le gros bon sens. Les Québécois,
là, ils ont du gros bon sens, ils ne veulent pas mettre à risque des gens de
leur famille.
M. Lacroix (Louis) :
Juste... Parce qu'on vient d'apprendre qu'André Gagnon, le pianiste, est
décédé.
M. Legault
: Ah
oui?
M. Lacroix (Louis) :
Avez-vous une réaction à...
M. Legault
: Bien,
écoutez, c'était un grand pianiste, André Gagnon, qui a des compositions, là,
qu'on connaît tous, les Québécois. C'était quelqu'un qui avait beaucoup de
talent, qui a rendu son art, aussi, accessible. Donc, bien, je l'apprends, là.
C'est une perte importante, là. Je suis triste d'apprendre ça.
Le Modérateur
: Tommy
Chouinard.
M. Legault : Quel âge
avait-il, M. Lacroix? Il ne devait pas être très vieux, hein?
M. Lacroix (Louis) : Écoutez,
je peux vous faire une recherche, là, mais je mets le département de recherche là-dessus.
M. Legault : Merci. O.K.
Le Modérateur
:
Il est né en 1936. On va poursuivre...
M. Legault : 1936? Ah! C'est
jeune.
Le Modérateur
: Donc, on
va poursuivre maintenant avec Tommy Chouinard, de LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) : Oui,
bonjour. D'abord, une question au Dr Arruda. Je reviens sur l'enjeu de la
surmortalité. Il est clair, en fonction des plus récentes données, que le
nombre de... l'augmentation des décès au Québec en ce moment est supérieure au
nombre de décès liés à la COVID-19. On me dit qu'il y a un feu jaune qui est
allumé à la Santé à ce sujet-là, que c'est source de préoccupation. Comment
vous expliquez cette situation-là?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, il faudrait que je pousse des analyses encore plus importantes avec
d'autres pour identifier les causes potentielles. Est-ce qu'il y a des gens qui
se présentent moins aux urgences par peur, là? Il faudrait que je vérifie. Moi,
je n'ai pas l'information, là.
M. Chouinard (Tommy) : Bien,
ça fait trois semaines que ça a été soulevé, Dr Arruda, si je peux me
permettre, donc ça fait un petit moment, puis on me dit que c'est source de
préoccupation en ce moment à la Santé.
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, c'est ce que je peux vous répondre maintenant, je suis désolé, mais c'est
ce que je peux vous répondre. Je vais aller faire les vérifications, là, avec
nos experts. Parce que des données de surmortalité, là, ça ne s'analyse pas...
il y a des hypothèses qui peuvent être faites, mais ça prend des validations.
M. Chouinard (Tommy) : M. le
premier ministre...
M. Arruda (Horacio)
:
Puis, si vous me permettez, je vais en profiter, j'ai la parole, pour dire aux
gens... Là, on focalise beaucoup sur Noël ou le rassemblement, mais moi, je
pense qu'il faut qu'on pense dès maintenant à ce qui se passe. Je ne voudrais
pas que les gens interprètent, là... Les chiffres sont assez alarmants pour
que, dès maintenant, on applique les consignes qui sont là, là. Parce que les
gens... si on attend à Noël pour le confinement, avant et après, là, on ne fera
pas les gains qu'on doit avoir. Parce que, si on veut vraiment épargner notre
système de santé, il faut que les cas baissent au maximum. Puis je m'engage à
vous revenir personnellement sur les données de surmortalité.
M. Chouinard (Tommy) : Très
bien. M. le premier ministre, j'aimerais bien comprendre pourquoi est-ce que,
donc, on maintient les règles qui avaient été annoncées pour les écoles et les
entreprises pour la période des fêtes, j'aimerais bien savoir quel est...
Est-ce que ces mesures-là avaient été faites... On fermait ces valves-là pour
permettre d'ouvrir la valve, là, des rassemblements de Noël? Est-ce que vous
comptez sur cette... avez-vous des attentes par rapport aux effets de ces
mesures-là pendant la période des fêtes?
M. Legault : Oui. Bon,
d'abord, comme je le disais, ça va nous aider, en ajoutant ces mesures-là,
d'avoir une période, là, pour casser encore davantage la deuxième vague.
Deuxièmement, bien, il y a des écoles, des centres de services qui avaient
commencé à ajuster leur calendrier, le travail qui va être fait par les
enseignants à la maison. Même chose dans les entreprises, il y a des
entreprises qui avaient commencé à donner des congés à leurs employés. Ils
avaient commencé à leur demander de faire plus de télétravail pendant cette
période-là.
Donc, je pense que, dans le contexte, là,
où on voit une explosion du nombre de cas dans le monde, là, qu'on est vraiment
au «peak», là... Actuellement, on est au pire moment de la pandémie, le pire
moment des neuf derniers mois. Donc, d'ajouter ces mesures-là, je pense que ça
peut aider.
Le Modérateur
:
Geneviève Lajoie, Le Journal de Québec.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour à vous trois. Tout à l'heure, M. Legault, vous avez dit que
c'était aujourd'hui une décision gouvernementale, donc, que ce n'était pas une
décision de la Santé publique. Donc, je voudrais savoir : Quelle était la
recommandation de la Santé publique dans ce cas-là?
M. Legault : Bien, la
recommandation de la Santé publique, c'était de dire : On va attendre le
11 décembre puis on va prendre une décision le 11 décembre. Donc,
moi, ce que j'ai décidé... ou qu'on a décidé, c'est de donner la décision tout
de suite parce que je pense ce n'était pas réaliste de laisser encore de l'espoir,
puis en même temps se donner aussi du temps pour convaincre les Québécois,
puis, comme vient de le dire le Dr Arruda, même de commencer à faire des
efforts maintenant. Je pense qu'il y a une question, là, qui est claire, là.
Quand on regarde la hausse du nombre de cas un peu partout dans le monde, bien
là, on doit avoir un message clair : soyons prudents, soyons prudents,
soyons prudents.
Mme Lajoie (Geneviève) : Tout
à l'heure, en Chambre, M. Legault, vous avez dit... aux questions de
M. Bérubé, vous avez dit que, par exemple, la question de la ventilation
puis aussi le délai dans l'imposition du masque dans les lieux publics, c'était
la Santé publique qui avait décidé ça. M. Arruda, la semaine dernière, en
entrevue à la radio, a dit que, par exemple, pour les restaurants, la décision,
c'était le gouvernement qui l'avait prise. Est-ce que vous pouvez m'expliquer?
M. Legault : Bien, les deux
exemples qui étaient donnés par M. Bérubé, c'était la ventilation dans les
écoles. Puis je pense que j'ai posé la question plusieurs fois à peu près à
chaque semaine : Est-ce qu'on pense que la ventilation dans les écoles,
c'est une cause significative de transmission?, puis à chaque fois la répondre
du Dr Arruda c'était non. Donc, ça, c'est très clair.
Pour ce qui est du masque, bien, encore
là, au printemps, pour toutes sortes de raisons, bien, d'abord, le monde était
chez eux, là, on pensait... Puis Dr Arruda nous disait : Très
important que les gens comprennent d'abord la distanciation de deux mètres.
Donc, nous, on a écouté le Dr Arruda. Donc, c'est ce que j'ai dit à
M. Bérubé.
Le Modérateur
: Olivier
Bossé...
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, le Dr Arruda, c'est aussi toute une série d'experts derrière lui, là. Je
voulais juste que vous compreniez que... Non, mais c'est parce que dans les
faits, moi, je me fie sur ce que... les recommandations de santé publique qui
sont données. J'ai mon comité d'experts, puis etc., puis la science. Et j'ai
dit, au premier point de presse, que ce que je dirais allait évoluer dans le
temps parce que les connaissances allaient être faites. Puis, comme l'a dit le
premier ministre, il faut apprendre à marcher avant de courir. Et je demeure
convaincu que, si on... Déjà, quand les gens ont des masques, ils ont tendance
à diminuer de deux mètres, alors que la notion de deux mètres, d'hygiène, c'est
la priorité.
Le Modérateur
: Olivier
Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour
à vous trois. Vous disiez, M. Legault, c'est le pire moment des neuf
derniers mois. Donc là, est-ce que c'est l'inquiétude qui est au niveau le plus
élevé des neuf derniers mois, pour vous, puis peut-être pour la Santé publique
aussi?
M. Legault : Bien, quand on
regarde le nombre de cas, le nombre de nouveaux cas à chaque jour, on est effectivement
dans le «peak» aux États-Unis, en Europe et chez nous. Heureusement, grâce aux
mesures qui ont été mises en place dans les CHSLD puis, en général, dans notre
société, bien, les conséquences, le nombre de décès est 80 % moins élevé
qu'au moment où on avait ce nombre de cas là au printemps. Bon, il y a d'autres
raisons aussi. En moyenne, les gens sont plus jeunes, c'est plus réparti dans
toutes les régions du Québec, etc. Mais c'est certain qu'actuellement, bon,
quand on regarde, entre autres, tout ce qui se passe aux États-Unis, là, ce
qu'on nous dit, c'est que les trois prochains mois vont être les pires de la
pandémie. Donc, il faut quand même digérer ça, là. C'est une nouvelle
évaluation de la situation qui est faite aux États-Unis, puis on n'est pas très
loin des États-Unis. Donc, on ne peut pas penser qu'on est sur une planète
différente.
M. Bossé (Olivier) : Mon
autre question était sur les voyageurs étrangers, la ministre Joly qui a dit :
On est prêts à les recevoir s'ils sont vaccinés. Est-ce que c'est votre point
de vue aussi?
M. Legault : Bien, à chaque
semaine, là, j'en parle avec M. Trudeau. Là, on a reporté l'ouverture des
frontières au 21 janvier. Les mesures doivent être prises et suivies de
façon très sérieuse, là, pour la quarantaine. Maintenant, le vaccin, on est
tous en train d'apprendre un peu à jouer avec ça, là, le vaccin. Est-ce qu'il y
aura des carnets de vaccins puis tout ça, là? Ça fait partie des discussions
qu'on a. Mais, honnêtement, là, on n'a pas encore pris de position là-dessus,
sur savoir est-ce qu'on va traiter les gens qui arrivent de l'étranger
différemment s'ils ont un carnet de vaccins prouvant qu'ils ont été vaccinés.
On est là-dedans.
Le Modérateur
:
François Carabin, Métro.
M. Carabin (François) :
Bonjour, messieurs. J'aimerais revenir sur ce que vous avez dit,
M. Legault... Dr Arruda... En fait, la question s'adresse au Dr Arruda.
Bon, M. Legault a dit, donc, que vous étiez prêts à attendre jusqu'au 11
pour émettre une recommandation officielle. Qu'est-ce qui vous fait croire…
M. Arruda (Horacio)
:
Mais la nuance, si vous me permettez, là… Moi, ce que je trouve qui est important
de comprendre, même si on parle de Noël, O.K., c'est qu'on a un problème,
actuellement. On a un profil d'épidémie qui est très différent du printemps. Au
printemps, il n'y avait pas de transmission communautaire autant, c'est rentré
dans les milieux de soins, puis ça a été un drame dans les CHSLD. Cette
fois-ci, le virus, il est partout à côté de vous, O.K., il est là, O.K.? Donc,
il y a un potentiel de transmission communautaire qui est très élevé, beaucoup
d'éclosions un peu partout. Puis si on veut réduire l'impact sur la santé,
parce que ça finit par retoucher nos personnes âgées dans les résidences pour
personnes âgées, puis, etc., c'est maintenant qu'il faut agir.
Ça fait que le Noël, là, ou pas Noël, le
gouvernement a décidé de l'annoncer dès maintenant pour être au clair avec la
chose. Mais si vous me permettez, moi, ce que je veux passer comme message,
c'est que si on n'avait pas parlé de Noël, aujourd'hui, là, j'aurais eu le même
ton par rapport à ce qui se passe. C'est que c'est très sérieux, ce qui se
passe, actuellement. Puis, je veux dire, on a réussi à ne pas avoir une
deuxième vague exponentielle, on est monté, on le maintient, mais là c'est en
hausse continue, puis on a un système de soins qui est fragile. Ça fait que la
décision qui est prise, sur la base de ça, dans les faits, aussi… parce qu'il y
a moins de mortalité, puis tant mieux, parce que ce n'est pas les mêmes groupes
qui sont touchés, mais il y a une très grande transmission communautaire. Et
ça, là, plus les gens ont des contacts, plus ça se multiplie, plus le virus est
présent partout, plus c'est à risque que ça explose un peu partout.
Puis il y a des systèmes de santé,
notamment certaines régions, là, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, là, ça rebaisse,
ça va mieux, mais le système a été en péril. Puis si vous voulez continuer à
vous faire traiter pour un infarctus ou pour des choses importantes, pour avoir
accès à de la chirurgie, bien, je veux dire, c'est ça, puis ce n'est pas rien
que… si vous n'êtes pas à risque, vous pouvez avoir besoin de soins après un
accident puis qu'il y ait des lits… hospitalisé aux soins intensifs.
Ça fait que moi, mon message, aujourd'hui,
ce n'est pas que j'aurais attendu le 11, ou le 10, ou, etc., c'est : Aïe!
Il se passe quelque chose de grave, actuellement, puis si on ne veut pas se
retrouver comme aux États-Unis, là, bien, là, maintenant, ce qu'on se dit,
c'est que… De toute façon, on l'avait dit, hein, le rassemblement des quatre
jours, c'était conditionnel, «si». Il y avait beaucoup de «si». Là, il y a un
«si» qui vient de faire sauter l'autre partie.
Mais n'attendez pas à Noël, au
17 décembre, pour vous isoler, pour diminuer vos
contacts — c'est majeur, actuellement — pour ne pas qu'on
se retrouve dans un temps des fêtes où les gens ont besoin de se reposer puis
qu'on se retrouve en janvier, février, incapables de traiter du monde parce que
nos systèmes aient complètement explosé.
M. Carabin (François) :
Merci. M. Legault, vous vouliez offrir aux Québécois un break, en bon
français. Ça n'aura pas lieu à Noël. Là, le prochain allégement prévu,
peut-être, des mesures est le 11 janvier, là, c'est la date que vous aviez
fixée. Qu'est-ce que vous pouvez offrir aujourd'hui aux Québécois pour leur
donner ce break tant attendu, pour leur santé mentale aussi?
M. Legault
: Bien,
écoutez, ce que je leur dis, d'abord, c'est que les personnes qui vivent avec
d'autres personnes vont évidemment pouvoir continuer à se faire des petits
partys entre eux autres. Ce que je dis, c'est, les personnes qui sont seules,
qu'il faut aller les visiter régulièrement. Je suis en train de penser à ma
mère qui doit dire : Ah oui! quand est-ce que tu arrives? Mais, malheureusement,
on ne peut pas aller plus loin que ça. J'aimerais ça en faire plus, mais on ne
peut pas aller plus loin que ça.
Le Modérateur
: Patrice
Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous trois. Est-ce qu'il n'y a pas un risque que, durant cette
période où les rassemblements sont interdits, les gens partent de la zone
rouge, pendant le temps des fêtes, se rendent en zone jaune, où est-ce que, là,
ça peut être permis de se rassembler en groupe, zone orange, zone jaune?
M. Legault : Bien, ce
n'est pas permis, on ne peut pas... Les restrictions qu'on a dans une zone
rouge, là, s'appliquent si on s'en va dans une zone orange à ces personnes-là
qui habitent dans des zones rouges. Donc, ce n'est pas permis. Est-ce qu'il y a
des gens qui vont ne pas respecter les restrictions? On espère qu'il y en aura
le moins possible. Puis, bien, là, le message qu'on dit, là, c'est que c'est
dangereux. Regardez ça, le nombre de morts qu'il y a, dans les derniers jours,
partout dans le monde, là. Donc, c'est sérieux, là.
M. Bergeron (Patrice) :
Et par ailleurs — c'est un peu pour clarifier les règles — donc,
vous invitez les gens à visiter les personnes seules dans le temps des fêtes,
mais il y a aussi des gens qui sont des parents âgés qui habitent dans une RPA,
par exemple. Puis quelqu'un qui respecterait les 14 jours que, les
quarantaines que vous imposiez auparavant, voudrait aller visiter ses parents
dans le temps des fêtes, ça, ce n'est pas permis par rapport à une personne
seule, ça?
M. Legault : Bien, c'est
permis d'y aller, une personne, visiter une personne. Mais non, on ne veut pas
commencer à mettre des règles autres que de dire : une personne.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Marco Bélair-Cirino du Devoir. M. le premier ministre, regrettez-vous
d'avoir proposé votre contrat moral aux Québécois le 19 novembre dernier?
Regrettez-vous d'avoir, dans le fond, donné espoir aux Québécois de tenir des
rassemblements pendant les fêtes?
M. Legault : Bien,
écoutez, comme je le disais tantôt, je ne suis pas parfait puis je n'ai pas de
boule de cristal. Puis, au moment où j'ai proposé ce contrat moral là, j'étais
sincèrement convaincu que c'était possible. On avait mis un si, on avait dit :
Si la situation ne se détériore pas. Malheureusement, la situation s'est
détériorée. Bon, c'est sûr que, si c'était à refaire, je ne l'aurais pas fait.
Mais à l'époque je pense que c'était la bonne décision pour que les gens
puissent planifier, pour que les gens aient de l'espoir, pour que ça aide à
peut-être régler certains problèmes de santé mentale. Parce qu'on reste avec
ces problèmes-là actuellement. On a des gens qui sont tannés, des gens qui sont
angoissés, qui aimeraient voir d'autres personnes. Donc, ce n'est pas idéal.
Mais, dans la balance des inconvénients, aujourd'hui, avec les informations que
j'ai aujourd'hui, je pense, ce n'est pas une bonne idée que les gens se
rencontrent à Noël.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
On a parlé au cours de l'automne, du défi 28 jours, ensuite du défi
56 jours. Aujourd'hui, vous nous dites, comme les experts en santé
publique aux États-Unis, que les trois, quatre prochains mois seront particulièrement
difficiles. Est-ce qu'on parle aujourd'hui du défi 120 jours,
150 jours? Est-ce que les règles qui sont en vigueur actuellement le
seront pour les quatre prochains mois?
M. Legault : Bien, écoutez,
là, je ne fais pas un point de presse une fois par mois, là. J'en fais à tous
les deux jours. On suit les informations, et puis on va regarder l'évolution
des cas, des hospitalisations, et puis on va vous tenir au courant. Mais, pour
l'instant, quand on regarde l'augmentation des cas des derniers jours, bien, ça
laisse prévoir une augmentation des hospitalisations dans les prochaines
semaines. Donc là, ce qu'on dit, c'est : Il n'y aura pas de changement
d'ici le 11 janvier. D'ici le 11 janvier, on va avoir beaucoup
d'occasions de se parler, puis je vais répondre à vos questions. Les journées
que je ne suis pas là, Christian va le faire, et puis on va vous tenir au
courant.
M. Dubé : Nos travailleurs de
la santé… parce que je pense que, derrière les statistiques, là, des fois, il
faut prendre un petit peu de recul puis… Pour aider à comprendre les décisions
difficiles qu'on prend aujourd'hui, je vous donne juste l'exemple des
hospitalisations parce qu'on le voit, à chaque jour, on dit : C'est cinq
ou 10 hospitalisations de plus, hein? Mais la réalité, là, c'est qu'il y a
80 personnes qui sont rentrées dans l'hôpital puis il y en a 70 qui sont
sorties. Ça, là, ça veut dire qu'à chaque jour il rentre 60, 70, 80 personnes
dans nos hôpitaux pour soigner la COVID. Ça, ça veut dire qu'à chaque jour nos
travailleurs de la santé s'occupent de 80 nouvelles personnes.
Alors là, on est en train de dire :
Ce n'est pas juste d'en ajouter 10 au net, là. Ce n'est pas du net puis du
brut, là. Ce que je dis, c'est qu'en ce moment on fait ça aussi pour nos
travailleurs de la santé. Puis, comme le premier ministre l'a dit, ça fait neuf
mois qu'ils mènent cette bataille-là. Alors, quand on a regardé ça avec du
recul puis on a dit : Bien, je pense qu'on doit leur donner cette
nouvelle-là 10 jours plus tôt, c'est exactement ça, le raisonnement, parce
qu'on le fait pour nos travailleurs de la santé. Puis je pense que c'est eux
autres qui ont tenu le Québec à bout de bras depuis neuf mois.
Alors, je pense que, quand on comprend ça
puis on voit comment ça va être difficile... Puis je reviens sur le mois de
janvier, là. Si on pouvait rendre service à nos travailleurs de la santé, le
plus beau cadeau de Noël qu'on peut leur donner, c'est, dans le prochain mois,
de faire cet effort-là pour être sûrs qu'on arrive au meilleur taux au retour
de janvier. Puis c'est pour ça qu'on regarde l'effort sur les écoles, l'effort
sur le travail à la maison, pour qu'on puisse dire à nos travailleurs de la
santé : Merci beaucoup. Puis on va essayer d'être dans la meilleure
position possible au retour en janvier.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Une précision. Dr Arruda, le premier ministre a expliqué que c'était une
décision gouvernementale. D'un point de vue strictement santé publique, il
était impossible aussi, selon vous, de redresser la situation épidémiologique
avant la période des fêtes?
M. Arruda (Horacio)
:
Ça prendrait des efforts monumentaux. Puis, quand on regarde la tendance... Je
ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire. Ça fait quand même un bout
qu'on... Ça fait un certain moment, depuis deux fois 28 jours, qu'on passe les
mêmes consignes, etc. Ça fait que c'est clair que la probabilité est de plus en
plus faible. Rien n'est impossible des fois, mais, si on regarde le
comportement des gens... Quand on regarde aussi que les cas actuels qu'on a actuellement
en augmentation vont se répertorier dans trois semaines à peu près, bien, ça
devient compliqué.
Le Modérateur
: Merci.
Nous allons maintenant passer aux questions en anglais avec Philip Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
: Good afternoon. Good day. I
wanted to pursue on… In the first wave, we saw a lot of the calamity in the
CHSLDs. And now we're seeing a lot more cases in private residences, I don't
know, the Château Westmount in Montréal, the Brigid's Home. Various homes have been hit by the virus. And
yesterday we saw in Alberta Mr. Kenney thinking about asking for the Army and
the Red Cross to come back in. Is there any thought of that in this situation, the Army or Red Cross?
M. Legault
: First, I would like to give you a figure. When you look in CHSLDs,
compare all with spring, there's a decrease of 90%, alright, of the number of
deaths. If you take all residences, houses, all other places, except the
CHSLDs, there's a decrease in the number of deaths of 40% when you compare fall
with spring. So both places, CHSLDs and other places, we see a decrease. So the
situation is better. Why is
that? Many reasons. We have younger people involved. Second, people are more
careful. They know more about the two meters of distanciation than they knew
last spring. But it's not true to say that the situation is worse in normal
houses. It's better. The improvement is not as great as in CHSLDs, but there's
an improvement also.
M. Authier
(Philip)
: OK. And there was a certain political
risk in allowing… in promising Quebeckers, even though you had the big «if», about Christmas. And today, you
have to backtrack. Is that a difficult thing to do? And there was a poll that
showed many Quebeckers didn't
actually believe that they would be allowed to have gatherings at Christmas.
So, is there a price to pay for that, for you, politically?
M. Legault : What I'm trying to do is to protect, as much as I can, the
population. And, yes, there are some health… physical health issues, but we
have also mental health issues. And I'm trying to do my best. Like I said in
French, I'm not perfect, I'm trying to do my best. And sincerely, when we
proposed the two days two weeks ago, I thought at the time that we would be
able to decrease the number of cases. But it's increasing. But it's also, I
have to say, increasing a lot more in other countries, like United States and Europe. So we're all
fighting the same virus, we're doing better, for the second wave, than in United States and Europe, but still it's
increasing, unfortunately.
M. Authier (Philip)
: Thank you, sir.
Le Modérateur
:
Nous allons passer à Kelly Greig, CTV.
Mme Greig
(Kelly) : Good afternoon. Mr. Legault, you
have said repeatedly that you always follow the Public Health recommendations, and it seems this time is a
little different with… You said, you know... Public Health said : You can
wait till December 11th and then make the decision. Why is this time
different? Why are you taking the decision today?
M. Legault :OK. First, what I said is that, since nine
months, I'm doing as much as what the Public Health is asking me. Sometimes, I
did more, closing stores and… In some different situations, I did more. I just
wanted to clarify that I didn't have a phone call from Dr. Arruda, last night,
it's the opposite. And I think, right now, there are many reasons for that. I think
that I'm responsible for the message, and I want the message to be very clear.
Right now, the situation doesn't look good, and it's not realistic that we'll
have those two days at Christmas.
Mme Greig (Kelly) : I also wanted to ask you about that interview, and the perfect
score, and if that was going to be an insult to people who died in the first
wave, that might have been preventable because of certain measures. But
since that is not the case, and you said : I maybe didn't
think well enough, I will ask you now : How do you think you've handled
this pandemic, and do you have any regrets?
M. Legault : OK. First, in that interview, I never said that I was perfect and
that I had a perfect score. The journalist asked me what would I have done
differently. First, I said that I would have increased salaries for the
«préposés» before the pandemic. But beside that, I wasn't able to find a place
where, with the information I had at the time, that I must have taken another
decision. I wasn't able to find one. So... But I'm not saying that I'm perfect,
because... And first, I'm not alone, we're taking these decisions together
everyday. But, honestly, even right now, except for the salary of the
«préposés», with the information I had every time we took a decision, I cannot see something that
were done not correctly.
Mme Greig (Kelly) : So, just to be clear, the only regret is the salaries of the...
M. Legault : It's not a question
of regret. I think that all Quebeckers must have a regret not to have fixed the CHSLD problem for years,
including my Government. But we
knew, since many years, that we didn't have enough employees in our CHSLD. I've
tried to set the problem in increasing the budgets, but we weren't able to fill
the jobs that were posted because the salaries were not high enough.
Mme Greig (Kelly) : But those are the only regrets.
M. Legault : The only regret... With the information I have.
Le Modérateur
:
Cathy Senay, CBC.
Mme Senay
(Cathy) : Good afternoon. Do we have an idea
about why cases, the number of cases is rising at this point, and why you had
to take this decision? Do we have an idea? Do we understand? And that goes
beyond community transmission. I mean, we are almost all in red zones, and
we're having strict rules. So, do we get it, why it does increase?
M. Arruda (Horacio)
: You know, the virus is... I know that you want perhaps me not to
say that it's community transmission, but that's the case. It means the virus
is everywhere, and as soon as you don't respect the two meters or those situations... which is reality, probably. Because that's true here, in Québec, it's true elsewhere in Canada, it's true in France, it's true in
the United States, as it is
invisible, people think… And it's very easy : people are washing less
their hands, people are getting more closer, and, when there is a lot of virus
everywhere, the probability that an effect of no being compliant to the rules
exactly will have an impact. And that's it. That's really the fact.
But because… In the
springtime, everybody was home, we were not circulating. Only stores for
essential services were there. So, it lowers the number of contacts you had at
that period, but now… That was wonderful this summer, there was less virus
circulating. We had parties and things, and it doesn't flare up. But, as soon
as it gets more and more in the community, more you have those things. And it's
a sum of different acts which are not respected. It's why every effort you made
is going to be… all the small efforts we do that will have an impact on…
And even the vaccine is
something great, but it's not there, and when we're going to have the vaccine,
at the beginning, we'll still have to maintain those rules because that's the
only way to be able to put that virus besides us.
Mme Senay (Cathy) : Premier Legault, I was wondering about regions, during the
holidays' season, and you say : Well, it's not… we don't want people to
travel from one region to another. Are you going to increase the number of
checkpoints? Are you going to increase the number of SQ officers? And, if you
do, do you have some fears about the reaction of Quebeckers?
M. Legault : First, as I said, most of Québec is in red zone, so…
Mme Senay (Cathy) : Even there, if they travel...
M. Legault : Maybe, if you go to Chibougamau, you'll be… Even Chibougamau is on
the list, hein, so... I'll try to find another place… Abitibi.
Mme Senay (Cathy) : But I'm just trying to see… The emotions will be very high, and if
they see more checkpoints and if they see SQ officers more on the road, to say :
Well, where are you going?, you're not supposed to visit you grandmothers or
your grandparents in this region, like, what's your plan? What do you imagine?
M. Legault
:
We'll have discussion with the police, different services, but I think the key
will be to make sure that people respect the rules in stores, in homes, that
you don't have gatherings. So I think it's more important that we put our effort, that we put the police efforts in these
directions than putting efforts controlling the traveling between regions. I
think.
Le Modérateur
:
Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good afternoon. I kind of want to
follow up on that question from
Cathy, but more generally. You know, Quebeckers had this idea that they were going to be able to have these two
gatherings between December 24th and December 27th. Now, you're saying they
can't. But are you not concerned that they're going to go ahead anyway, that
they've already made plans and they want to celebrate Christmas anyway?
M. Legault
: I think that people are understanding the danger, understanding
that they may infect people they love, they like. I don't see how these people,
the ones that are responsible, will do that. But, if some are doing it, we'll
try, with the police representatives, to fight against that. But nobody wants
to infect somebody else from the same family or some of their friends. So we'll
have to explain the dangers. And, again, when I see the number of deaths in the
world in the last few days, I still don't understand how some people can think
that it's not dangerous.
Mme Fletcher (Raquel) : EMSB has gone ahead and purchased air purifiers for their schools
that don't have mechanical ventilation. The opposition parties say this is something that where your Government dropped the ball because school
ventilation should have been taken care of at the beginning of the school year.
Now, we're looking at a situation where, you know, EMSB will have air purifiers, but other schools
won't necessarily have them. Don't you think that the Government should be providing this type of equipment for all schools across
the province?
M. Legault
: We gave $1.6 billion for the maintenance of schools to all the
schools in Québec. Right now,
the Public Health doesn't think that it's absolutely needed to have
«purificateurs».
Mme
Fletcher (Raquel) : Purifiers.
M. Legault
: So, like Dr Arruda said, the situation can «evoluate» in the next months. The science can be more precise.
But, right now, what Public Health is telling me is that there's no reason to
believe that there is substantial transmission of the virus because we don't
have «purificateurs».
Le Modérateur
:
C'est ce qui met fin au point de presse. Merci beaucoup.
M. Legault : Merci, tout
le monde.
M. Dubé : Merci.
(Fin à 14 heures)