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Point de presse de Mme Dominique Anglade, cheffe de l’opposition officielle, et M. Jean Rousselle, porte-parole de l’opposition officielle en matière de sécurité publique

Version finale

Le jeudi 26 novembre 2020, 8 h 20

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures vingt-cinq minutes)

Le Modérateur : Bonjour, tout le monde. Point de presse de la cheffe de l'opposition officielle accompagnée de notre porte-parole libéral en matière de sécurité publique, M. Jean Rousselle. À vous la parole, Mme Anglade.

Mme Anglade : Merci. Alors, bien contente d'être accompagnée de Jean Rousselle. Aujourd'hui, deux éléments que nous aimerions aborder par rapport à l'actualité : le premier, celui de contrat moral du gouvernement de François Legault et, évidemment, la question du Casino de Montréal. Et c'est la raison pour laquelle je suis accompagnée de mon collègue, Jean Rousselle.

D'abord, d'entrée de jeu, je vais vous dire la chose suivante, je pense que tout le monde souhaite au Québec que l'on puisse retrouver nos proches à Noël. Tout le monde souhaite qu'on puisse trouver un moment pour célébrer d'une quelconque manière que ce soit et faire en sorte qu'on puisse décompresser, parce que je pense que tous les Québécois, là, on en a tous quelque part besoin, un sentiment très partagé par tous... la population.

La semaine dernière, le gouvernement a donc présenté son contrat moral en disant : Il pourrait y avoir la possibilité d'avoir jusqu'à quatre rassemblements. Cette semaine, vous l'avez vu, le premier ministre est venu nous expliquer que finalement ce ne serait pas quatre, mais plutôt deux rassemblements, quand le Dr Arruda nous a dit : Finalement, on recommanderait que ce soit un rassemblement.

En fait, ce que l'on constate, c'est que, dans le contrat moral, c'est un contrat moral, mais qui n'a pas la contrepartie gouvernementale. C'est un contrat où on dit aux Québécois : Bien, si les mesures sanitaires sont respectées, si les chiffres baissent, on va pouvoir aller de l'avant. Mais, dans le fond, la contrepartie gouvernementale n'est pas au rendez-vous.

On a demandé au gouvernement d'encadrer davantage la sécurité de nos aînés pour qu'il puisse y avoir l'existence de ce contrat moral, on a demandé d'améliorer la question de la ventilation, on a demandé également au gouvernement de regarder la possibilité d'élargir le dépistage massif pour les personnes asymptomatiques parce que ça permettrait probablement de réduire les risques de propagation. En fait, ce qu'on leur demande, au gouvernement, c'est : Quelle est la contrepartie pour faire en sorte que ce contrat puisse exister?

Hier, on a démontré qu'il y a plusieurs personnes, plusieurs personnes dans différents milieux qui ne pourront pas respecter les règles qui ont été émises par le gouvernement. Donc, la demande que l'on formule, aujourd'hui, c'est de dire : Quelles sont les mesures, les règles que vous allez mettre en place, au-delà de ce qui a été mis en place depuis le début, qui vont faire en sorte qu'il y a un certain nombre de Québécois qui vont pouvoir profiter du temps des fêtes pour voir leurs proches? C'est vraiment la demande que l'on formule au gouvernement.

En ce qui a trait à toute la question du dépistage asymptomatique, on l'a mentionné hier, le Dr Fauci recommande qu'on fasse un dépistage de personnes asymptomatiques de manière beaucoup plus massive. Mais il n'y a pas que le Dr Fauci. En Ontario, ils ont lancé des projets pilotes exactement... qui vont dans le sens du dépistage de personnes asymptomatiques. On voit qu'il y a plusieurs experts qui se prononcent dans différentes provinces sur cet enjeu-là. Cela permettrait probablement un meilleur encadrement et ça permettrait d'avoir davantage de sécurité pour nos personnes aînées dans les résidences lorsqu'elles entrent ou sortent, justement, pendant la période des fêtes.

Donc, maintenant, il appartient au gouvernement d'établir les balises et les règles pour faire en sorte qu'il y ait minimalement un respect de ce contrat social de la part du gouvernement.

Maintenant, pour le sujet de la question du Casino de Montréal, j'aimerais céder brièvement la parole à mon collègue, et on pourra, à ce moment-là, répondre par la suite à vos questions. Alors, Jean.

M. Rousselle : Bon matin. Écoutez, comme député libéral, mais surtout comme ancien policier, ce matin, quand j'ai lu le journal, l'article du Journal de Montréal, je ne peux pas vous dire que... je n'étais pas insensible. On ne peut pas être insensible à ça. C'est incroyable de voir que le gouvernement du Québec, par le biais de Loto-Québec, on est rendu un agent facilitateur. Il faut faire quelque chose, ça n'a pas d'allure. Et puis je suis certain que le ministre Girard est d'accord avec moi. Ça, je suis certain de ça.

Écoutez, les policiers travaillent tellement dur, mais tellement dur pour endiguer, justement, le blanchiment d'argent. Puis, quand qu'on voit, justement, une société d'État comme ça qui, en quelque sorte, l'encourage, avec les cadeaux, tout qu'est-ce qui est VIP, encourage, comme je vous dis, devient un agent facilitateur, c'est comme impensable, incroyable. Donc, moi, je pense qu'il faut faire vraiment quelque chose.

Entre autres, je pourrais même donner une suggestion au ministre Girard, peut-être, de penser peut-être à une habilitation sécuritaire, peut-être, pour les gros joueurs. Tu sais, les gros joueurs ne sont pas... Je ne connais pas le nombre de gros joueurs qu'il y a dans les casinos, mais je pense qu'il faut regarder ça. Quand qu'on voit des organisations puis que... c'est toujours dans la lecture du Journal de Montréal ce matin, quand on voit que le service de renseignement a donné de l'information, quand qu'on sait que CANAFE a aussi, sûrement, informé le casino, parce que CANAFE travaille, justement, avec les organisations gouvernementales, donc, je trouve ça inconcevable qu'on n'ait rien fait actuellement.

Donc, j'ai même vu, écoutez, qu'il y a une motion aujourd'hui concernant une commission d'enquête. Bien, oui, moi, écoutez, go, on y va. On ne prendra jamais assez de moyens pour endiguer, justement, le blanchiment d'argent. Donc, prenons tous les moyens nécessaires pour endiguer ce problème-là parce que, vous savez, c'est l'argent de tout le monde ici et tout le monde qui nous écoute, qui sert, justement, au blanchiment d'argent par l'entremise de l'achat de cadeaux, par l'entremise de dons. Donc, c'est incroyable de penser à ça. Donc, moi, je pense qu'il faut prendre les moyens nécessaires pour endiguer vraiment le fléau qui nous apparaît ce matin dans le Journal de Montréal. Donc, c'est pour vous dire ça.

M. Laforest (Alain) : ...sous votre administration, là. Si vous voulez juste retourner au micro, là. Quand vous étiez... vous avez été ministre de l'Économie, là, les casinos, ça a quand même été une bonne source de revenus pour les gouvernements. Donc, ça fait plusieurs années que ça existe, là. Comment se fait-il que ce n'est jamais remonté jusqu'au gouvernement? Est-ce qu'il y a des dirigeants de Loto-Québec qui ont caché des choses?

Mme Anglade : C'est une question légitime. Parce que moi, franchement, là, on n'en a jamais entendu parler. Et ce n'est jamais remonté à mes oreilles, évidemment, parce que, sinon, on aurait réagi à ce moment-là. Donc, comment ça a continué à se dérouler, ce qui s'est passé, ce qui a été entretenu, qui sait quoi à l'intérieur de Loto-Québec par rapport à ça? Ce sont des bonnes questions. Et ces questions-là, si on veut faire preuve de transparence, bien, ce sont des enquêtes qui nous permettent d'avoir ces réponses-là. Puis c'est pour ça que...

M. Lacroix (Louis) : Vous n'avez jamais entendu parler de ça? Moi, ce matin, quand j'ai vu cet article-là, là, qui est très bien fait, puis je félicite les collègues du bureau d'enquête du journal, là, bien, moi, je n'ai rien appris là-dedans, là. Tout ce que j'ai lu, là, je savais que ça existait. La Colombie-Britannique a pris des moyens dans ses casinos pour éviter des choses comme celles-là. Vous, vous dites que vous n'avez jamais entendu parler de ça?

Mme Anglade : Non, ce que je... Bien, oui. Ce que je dis, c'est que ce qui est décrit dans le Journal de Montréal aujourd'hui, quand il s'agit de personnes qui ont des avantages avec les moyens du gouvernement, avec l'argent des contribuables, qui ont des avantages et que c'est perpétué à l'intérieur même de notre système, non, je ne peux pas vous dire que je...

M. Lacroix (Louis) : ...que le crime organisé se servait des casinos pour aller blanchir de l'argent?

Mme Anglade : Non, ce n'est pas la même chose. Est-ce qu'il y a du crime organisé dans des casinos? Ça, je veux dire, c'est des choses que les gens savent de manière courante. Mais ce n'est pas ça, la question, pour moi. La question, c'est tous les avantages qui ont été présentés. Est-ce que les gens sont conscients de ça? Est-ce que les présidents, les dirigeants sont bien conscients de ce qui se passe? C'est ça, la question, pour moi. Est-ce que l'argent des contribuables sert, justement, à faire en sorte qu'ils aient des privilèges? C'est pour ça que je pense qu'on doit être favorables à une enquête publique.

M. Lacroix (Louis) : ...dans une année au casino, on peut s'entendre que c'est un gros joueur, là, que c'est un joueur important. Puis le casino donne des avantages à ces gens-là. C'est de la simple déduction normale.

Mme Anglade : Bien, il devrait y avoir des mécanismes...

M. Lacroix (Louis) : ...les politiciens, les gouvernements successifs ne se sont pas fermé les yeux?

Mme Anglade : Bien, moi, je ne me ferme pas les yeux sur quoi que ce soit, M. Lacroix. Mais je pense, encore une fois, qu'il faut amener... la meilleure des choses, dans cette situation-là, c'est d'amener la plus grande des transparences. Puis la plus grande des transparences, ça veut dire qu'on fait des enquêtes publiques qui vont révéler la situation puis qui vont nous permettre d'agir. Bien, je pense que c'est la meilleure manière de faire.

M. Laforest (Alain) : Ce matin, qui est imputable, Mme Anglade? Qui est imputable, Mme Anglade, ce matin? Qui est imputable ce matin, Mme Anglade, de cette situation-là?

Mme Anglade : Bien, il y a les dirigeants qu'il faut qu'ils répondent aux questions. Je pense que la première des choses. C'est les dirigeants qui doivent répondre aux questions. Je pense que le ministre va répondre à ces questions. Mais je pense que le ministre va être aussi... j'imagine que le ministre va regarder ça du même oeil qu'on le regarde en se disant : Non, ça n'a pas de sens, ce qui est en train de se passer là, il faut qu'on fasse la clarté là-dessus. Faisons une enquête indépendante — j'imagine qu'ils vont être favorables à ça — pour amener la transparence, pour pouvoir trouver des moyens.

M. Larin (Vincent) : ...vous demandez une commission d'enquête, c'est bien ça?

Mme Anglade : Oui, oui. Oui, on est favorables avec une commission d'enquête.

M. Larin (Vincent) : ...vous soupçonnez les dirigeants de Loto-Québec d'avoir volontairement fermé les yeux...

Mme Anglade : C'est une hypothèse que vous pouvez émettre, mais, je veux dire, c'est pour ça qu'on a besoin d'avoir une commission d'enquête indépendante.

M. Larin (Vincent) : ...avec les dirigeants de Loto-Québec...

Mme Anglade : Avec tout le monde, absolument, absolument. Je veux dire, tu diriges une société d'État, il faut que tu rendes des comptes, là. Il n'y a pas de doute là-dedans, là. Il faut qu'ils rendent des comptes, absolument, puis qu'ils viennent répondre à ces questions-là, bien sûr.

M. Larin (Vincent) : ...la faute ne revient pas aux politiciens, mais à la machine...

Mme Anglade : Bien, le ministre est ultimement responsable, et c'est pour ça que je pense qu'il va être en faveur d'une enquête publique indépendante. Je doute du fait que le ministre... Bien, écoutez, en toute honnêteté, je ne pense pas que le ministre Girard regarde ça puis qu'il se dise : Oui, je suis vraiment content de la situation puis je pense qu'on devrait l'encourager. Je ne pense pas qu'il dit ça ce matin. Ce qu'il doit dire ce matin, c'est : Amenons toute la transparence qu'on a besoin d'amener pour faire en sorte qu'il y ait enquête puis qu'on trouve de réelles solutions à ce problème-là.

M. Bergeron (Patrice) : Vous, M. Rousselle, comme ancien policier, est-ce que vous aviez déjà eu vent de tout ce qui se passait dans les casinos, là, concernant le blanchiment d'argent?

M. Rousselle : Écoutez, comme ancien policier, on le sait que... Le blanchiment d'argent, là, c'est un problème qui va toujours exister, mais il faut toujours, justement... C'est un combat à long terme. Donc, ça, là, on va prendre... les policiers prennent les moyens actuellement, mais c'est un problème qui n'arrêtera pas. Donc, le blanchiment d'argent va toujours changer de manière à faire qu'ils vont blanchir de l'argent. C'est un travail à long terme. C'est un travail qui ne sera jamais fini, mais il faut prendre les moyens.

Là-dedans, comme vous posiez tout à l'heure les questions, est-ce que ça s'est rendu au niveau politique, honnêtement, là, honnêtement, je ne pense pas. Je ne pense pas. Vous allez poser la question au ministre Girard, le ministre Girard, lui avec, il doit être comme... il doit tomber à terre, là, c'est comme : Ben voyons donc! qu'est-ce qui arrive ce matin? Je suis certain de ça. Moi, j'ai l'impression, écoutez... parce que, comme je vous ai dit, CANAFE et toutes les informations du renseignement criminel, ils ont informé chez Loto-Québec. Et c'est là-dessus, justement, qu'une commission d'enquête va être importante pour vraiment faire la lumière. À quelle place que l'information, elle a arrêté quelque part? Parce qu'elle a arrêté quelque part.

M. Laforest (Alain) : ...comme ancien policier, là, comment vous réagissez du fait qu'il y a des gens de Loto-Québec qui se sont fermé les yeux sur les rapports CANAFE, qui se sont probablement fermé les yeux sur les informations qu'ont données le SCRS? Ce n'est pas rien, là, c'est le dirigeant de la mafia de Montréal, qui gagne 56 000 $ par année, qui se fait payer les restaurants puis les loges pour des tournois de golf par le casino.

M. Rousselle : Comme je vous ai dit ce matin, quand j'ai commencé l'entrevue, justement, je vous le dis, quand j'ai lu ça ce matin dans le journal, là, c'était comme : Ben voyons donc! ça n'a pas d'allure, mais vraiment pas d'allure. On ne peut pas avoir une autre réaction que ça, là, c'est impossible, écoutez. Puis justement il faut prendre les moyens nécessaires. C'est pour ça que je dis même que peut-être... puis je donne une suggestion, via l'habilitation sécuritaire, peut-être qu'il faudrait penser à ça, peut-être, pour les gros joueurs. Est-ce que la loi le permet? Ça, je ne le sais pas. Mais il faudrait peut-être à ce moment-là prévoir un changement dans la loi, rapidement, pour pouvoir faire ça. Mais, avec une commission d'enquête, bien, je pense que tous ces éléments-là vont pouvoir être mis à jour puis de régler le problème une fois... en tout cas, pas pour une fois pour toutes parce que, comme je vous ai dit, le blanchiment d'argent, ils vont toujours trouver des manières de blanchir l'argent, mais c'est aux services de policiers, aux services de renseignements criminels de trouver le bon filon pour essayer de régler le problème.

M. Bergeron (Patrice) : Mais je répète ma question. Personnellement, vous, dans les casinos... Je ne parle pas de toutes les façons qu'il y a de blanchir de l'argent. On le sait, qu'il y en a plein. Mais est-ce que vous aviez eu vent que, dans les casinos, ça se passait, et qu'il y avait du blanchiment d'argent, puis qu'on...

M. Rousselle : Écoutez, je ne peux pas vous dire non. Tous les casinos en font actuellement. Je veux dire, il n'y a personne qui peut vous dire non. Sauf que, bien souvent, c'est les services policiers puis les services intérieurs de sécurité dans les casinos qui s'occupent de ça. Comme vous le savez, dans les casinos actuellement la majorité... de sécurité, c'est des anciens policiers qui sont là, la grande majorité, donc, écoutez... Mais c'est à eux de faire le travail. Mais là, quand qu'on voit qu'en plus...

M. Laforest (Alain) : ...il n'a pas été fait, visiblement. Il y a quelqu'un qui a fermé les yeux, là.

M. Rousselle : Pardon?

M. Laforest (Alain) : Il n'a pas été fait, visiblement, le travail, il y a quelqu'un qui a fermé les yeux.

M. Rousselle : C'est pour ça que Loto-Québec, il faut qu'ils répondent, justement, à ces questions-là. Ça n'a pas d'allure qu'ils n'aient rien fait parce que... Qu'ils prennent les moyens nécessaires. Puis, s'ils n'ont pas les outils pour le faire, bien, c'est à eux de dire : Bien, écoutez, je n'ai pas les outils. Puis à ce moment-là ils demandent au gouvernement. Mais, comme je vous dis ce matin, même le ministre Girard, il doit être comme : Ben voyons donc! qu'est-ce qui arrive ce matin? Effectivement.

M. Lacroix (Louis) : Mme Anglade, est-ce que le gouvernement est allé trop vite avec son contrat moral? Est-ce que d'annoncer ça un mois et demi à l'avance, là, de dire aux Québécois : Vous allez pouvoir vous réunir entre le 24 puis le 27, est-ce que c'était prématuré, de faire une annonce comme celle-là?

Mme Anglade : C'était prématuré dans la mesure où ce n'était pas attaché. C'était prématuré dans la mesure où le contrat moral, la part du gouvernement n'était clairement pas établie, et les mesures d'encadrement qui étaient nécessaires à faire en sorte que le contrat moral allait être un succès ou allait être, à tout le moins, respecté, ces balises-là n'ont pas été mises en place au moment de l'annonce. Et donc, aujourd'hui, on se retrouve avec un contrat moral dont, essentiellement, c'est la responsabilité de Québécois. On nous dit : Il faut réduire le nombre de cas, il faut s'assurer que ça va descendre, il faut s'assurer de respecter les règles sanitaires. Mais ce n'est pas les Québécois qui ont les moyens, présentement, d'agir. Là, les gens qui ont les moyens d'agir pour faire en sorte que les cas vont diminuer, pour faire en sorte qu'on a un meilleur encadrement, c'est le gouvernement qui doit proposer des mesures, et c'est ça qu'on leur demande.

M. Lacroix (Louis) : Mais une fois qu'on a dit aux Québécois : Vous allez pouvoir vous réunir, commencez à organiser vos partys, là, puis vous… tu sais, faire la logistique entourant tout ça, est-ce que c'est possible d'arriver, par exemple, à deux semaines avant Noël puis dire : Bien là, finalement, on a regardé puis vous ne pourrez pas?

Mme Anglade : Écoutez, ça, ce n'est pas ce que je souhaite, mais ça, c'est une décision qui va être prise par le gouvernement à la lumière de ce qui se passe, à la lumière des mesures qu'ils vont mettre de l'avant. C'est pour ça qu'on suggère… depuis le début de la semaine, on leur dit : Trouvez-vous des moyens pour faire en sorte que vous allez être capables de respecter ce contrat-là, élargissez les tests, faisons des tests rapides, élargissons le dépistage des personnes asymptomatiques, trouvons des mécanismes, clarifions les règles, trouvons des mécanismes qui vont faire en sorte que ce contrat pourra être respecté. Mais la partie du gouvernement, aujourd'hui... On ne les a pas entendus sur qu'est-ce qu'ils vont faire exactement pour faire en sorte qu'on va être capables de passer à travers et de respecter ce contrat-là.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Concernant la situation à Granby, est-ce que vous demandez à la commission Laurent de déposer un rapport d'étape, d'avoir des mesures dès maintenant pour mieux encadrer ce qui se passe?

Mme Anglade : Je suis persuadée, là, que chaque personne qui siège sur la commission Laurent aujourd'hui regarde ça puis aimerait énormément... puis là, je spécule, mais je me mets à leur place, là, aimerait énormément déposer quelque chose le plus rapidement possible. Je fais confiance à la commission dans la mesure où ils travaillent extrêmement fort pour essayer de trouver une solution. Mais je ne peux pas lire ça puis me dire que… Écoutez, je lisais ça, ce matin, c'est… Honnêtement, les mots me manquent, quand je lis ça, je me dis : Ça n'a pas de sens. Ça n'a pas de sens de se retrouver dans cette situation-là. Mais on s'est tous dit ça à l'Assemblée nationale, il n'y a pas si longtemps, avec ce qui s'est passé à Granby : Ça n'a pas de sens.

Alors, j'aimerais ça que la commission dépose son rapport le plus rapidement possible puis que des actions concrètes puissent être prises pour que ça n'existe pas. Puis la crainte, évidemment, que j'ai, c'est de savoir qu'il y a peut-être d'autres cas, là, qui existent aujourd'hui. Il y en a sûrement d'autres. Puis dans le contexte actuel de pandémie, où on a moins de visibilité sur ce qui se passe, c'est extrêmement préoccupant. C'est extrêmement préoccupant.

M. Pilon-Larose (Hugo) : ...cheffe de l'opposition officielle, là, à part, justement, être outrée par qu'est-ce que vous avez vu, qu'est-ce que vous pouvez demander aujourd'hui au gouvernement de faire dans l'éventualité où il pourrait y avoir effectivement d'autres cas qu'on ne connaît pas?

Mme Anglade : Plus de moyens, évidemment, dans toute la question de la DPJ, plus de moyens pour... plus de personnes, plus de ressources. Santé mentale, santé mentale, santé mentale aussi, parce que cet enjeu-là est relié à des... souvent, souvent, on a des liens avec la santé mentale. Et c'est pour ça que, et je reviens à ça, on devrait avoir des investissements massifs aujourd'hui en santé mentale. Il y a deux mois, on est sortis avec une proposition là-dessus pour dire à quel point cet élément-là, il était incontournable. On a un iceberg en avant de nous en matière de santé mentale. C'est ça qu'on a en avant de nous, là, c'est un iceberg, en santé mentale. Et on essaie de mettre des mesures à droite et à gauche pour essayer de régler le problème, mais fondamentalement ça prend des investissements massifs pour en faire une priorité nationale. Ça ne va pas tout régler, mais ça va au moins nous permettre d'accompagner l'ensemble des Québécois de manière plus soutenue.

M. Carabin (François) : Mme Anglade, vous demandez une commission d'enquête pour se pencher... ou une enquête publique, c'est-à-dire, pour se pencher sur le cas du casino. Est-ce que c'est aussi l'avenue à emprunter pour se pencher sur les abus sexuels dans l'Église catholique au Québec?

Mme Anglade : Ah! est-ce que c'est l'avenue à emprunter pour les églises... Vous me parlez d'un cas en particulier?

M. Carabin (François) : Il y a un avocat de Montréal, Me Arsenault, qui demande à Québec de lancer une enquête.

Mme Anglade : Bien, je vais vous dire, le principe qui devrait guider nos décisions, c'est le principe de la transparence : Quelles sont les informations dont on a besoin pour faire toute la lumière sur une situation? Moi, je pense que c'est le principe qui doit nous guider. Est-ce que c'est ça qui va nous permettre d'avoir plus d'information? Moi, je pense qu'à partir du moment où on n'a pas tout ce qu'on veut, d'un point de vue information et transparence, tous les moyens qui sont proposés peuvent être considérés.

Mme Senay (Cathy) : Good morning. Earlier today, Mrs. McCann said on Radio-Canada's morning show… that's she's asking universities and CEGEPs to put their exams a bit earlier so students can… quarantine seven days before any gatherings. Is that another proof, for you that, I mean, this moral contract was thrown in the air and…

Mme Anglade : Improvised? Yes. So, this is a very good example that what was presented was improvised, was not really detailed. They decided to do it last week, they were not prepared to do that and they were missing a number of informations. And specifically, when you talk about CEGEPs and universities, when I hear the Minister standing up yesterday and say : Well, we are in discussion… I mean, seriously? Seriously? Like, this conversation should have happened a while back. And, in fact, conversations with universities and CEGEPs should be happening on a regular basis, and what I hear right now is that this connection is not very strong. The students, both from CEGEPs and universities, have a number of issues that they want to bring forward, and there's not a whole lot of action other than discussion. So this should have happened before announcing the plan.

Mme Senay (Cathy) : And do you fear any backlash? One of the members of the Premier's entourage wrote on Twitter yesterday that the first priority, like, the first point of their moral contract is a reduction of cases. If not, you're not going to have gatherings.

Mme Anglade : Well, so, if that is the case, what is the Government doing in order to reduce this? You can't go to Quebeckers and tell them : We have a moral contract, we're going to give you four days, you have to make sure that you're in quarantine before and after those four days, and then say : But we have to reduce the numbers, and looking at the Quebeckers because it's their responsibility. No. It's the responsibility of the Government to look at what is it that they're going to do knowing that there's going to be an increase in socialisation during Christmastime. So, what are the actions that they're going to be taking?

M. Verville (Jean-Vincent) : ...we all agreed that there's Mafia in the casinos...

Mme Anglade : I don't hear you very well.

M. Verville (Jean-Vincent) : ...

Mme Anglade : I just can't hear you well.

M. Verville (Jean-Vincent) : ...these people are in charge of the casino.

Mme Anglade : Well, they're responsible for this situation, there's no question about that. But, in my opinion, we need to know the level of responsibility that they have, we need to know what they knew, what information was available, what decisions were made. And that's why I think a public inquiry is going to answer all those questions. Earlier, I was asked in French whether, like, we knew about this. Like, the fact that there is organized crime in a casino is not really news to anybody, honestly. The fact that you have the... well, the Government or Loto-Québec supporting those people, paying for things, giving them access, VIP access without asking any questions, using the money from Quebeckers, that is something that needs to be investigated.

M. Verville (Jean-Vincent) : Would you say it's a lack of judgement on their part?

Mme Anglade : It's more than judgment, it's part of your responsibility, it is part of your responsibility to make sure that those things don't happen. And they have to answer those questions. And that is why I think a public inquiry will give you that. And a public inquiry, by the way, doesn't have to last for four years. it can be something that you can do very quickly, a few months, answer all those questions and find what is it that we need to change in a...

M. Verville (Jean-Vincent) : Should they resign? While the inquiry will go on, if there is an inquiry, are you asking them to resign?

Mme Anglade : I mean, should they be... When you say «they», is it the CEO or... At this point, I think the Minister needs to... First of all, they need to provide some kind of answers. We haven't heard anything, in terms of the answers provided, following the article. I haven't heard anything. So they need to answer the questions. The Minister needs to know what he's going to do, and we need to make sure that there is full transparency.

M. Giroux (Stéphane) : Good morning, Mme Anglade. In about half an hour, there's the Fédération autonome de l'enseignement that will demonstrate around the fountain, 2,000 empty chairs, to reflect the shortage of school teachers in Québec. Of course, we are in the middle of a pandemic, so it complicates everything. But this a problem that's been going long for quite a while, the shortage of school teachers. What is your answer to their concern that there are simply not enough teachers...

Mme Anglade : Number of things that we've already suggested. As you said, it's not something that is new. But to qualify more people that don't necessarily have a background in teaching, but a background in science or a background in history, and make sure that we expedite, like, all these people that can actually teach, we should really encourage that. We should provide opportunities for these people to enter the system.

We should also focus on providing support to those teachers. When I talk to teachers, what they tell me, it's not so much «maternelles quatre ans» that we need to focus on. What we need to focus on is having enough «orthopédagogues», «ergothérapeutes», whatever support they need within the classrooms. That's what they need, that's the support that they need. So, I think the focus needs to be... the emphasis needs to be on those people that can support the teachers and encourage the profession, make sure that the profession is really important.

Like, a good example of that : the whole question about ventilation. Like, he had teachers involved in assessing quality of the air because the Government is not acting on this. I think there is a real responsibility for the Government to be a lot more proactive in those schools and make sure that they're supporting the teachers in this pandemic.

M. Authier (Philip) : A lot of speculation this morning about the moral contract that the Government is calling on Quebeckers to respect. What is the value of that contract, at this moment, with the number of cases still rising and Christmas approaching? Is it sort of fictitious, now?

Mme Anglade : A contract is only valid when you have two parties, two parties contributing. So, we know what the contribution of the population should be. What is the contribution of the Government to make it reasonable, to make it acceptable to respect the moral contract, that's the part that we haven't seen. So, in order for the contract to be valid, we need to hear what the Government has to support it.

M. Authier (Philip) : And some other opposition leaders are saying the Government went too fast on Christmas. Do you agree with that?

Mme Anglade : There's no question that they went too fast in the sense that they were not prepared to answer the questions, and they didn't have all the facts, and they didn't have all their plan in place in order to execute. So, there's no question about that. They really decided to go ahead to announce something in a very improvised way, as you can tell today. And that's why we're in the situation we're in today.

M. Authier (Philip) : Are they trying to remain popular despite everything or…

Mme Anglade : So, you'll have to ask Mr. Legault why he decided to go ahead last week with a plan that was not a plan, with a contract that was not a contract, because he didn't have his act together in order to answer all those questions.

Le Modérateur : Merci.

Mme Anglade : Merci.

Le Modérateur : Bonne journée.

(Fin à 8 h 53)

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