(Douze heures cinquante-neuf minutes)
M. Carmant : Merci. Bonjour,
tout le monde. Tout d'abord, je tiens à réitérer, au nom de notre gouvernement,
nos plus sincères condoléances aux victimes et aux familles éprouvées par la
tragédie de samedi ainsi qu'aux proches du présumé meurtrier. Les gestes qui
ont été posés dans la nuit de samedi à dimanche sont d'une violence inouïe et
bouleversent l'ensemble de la population québécoise. De l'aide est disponible
pour tous ceux et celles qui ressentent le besoin d'en parler. Surtout n'hésitez
pas. Mais vous comprendrez que je n'aborderai pas davantage aujourd'hui le cas
précis de la fin de semaine. Comme vous le savez, une enquête est en cours, et
nous attendrons d'en savoir plus avant de faire des commentaires.
J'aimerais tout de même apporter une nuance
sur les enjeux de santé mentale. D'un côté, il y a l'anxiété, la dépression,
l'angoisse liées à une situation précise comme la pandémie et, de l'autre, les
troubles mentaux, psychoses, maladies bipolaires et schizophrénie qui sont des
maladies. On se doit d'éviter les amalgames. La distinction est importante, et
nous devons en tenir compte, surtout dans des situations comme cette fin de
semaine, parce qu'on doit faire preuve de prudence afin d'éviter la confusion.
Il est très important de souligner que la très grande majorité des personnes
souffrant de troubles mentaux ne sont pas violentes et que cette violence
s'exprime rarement sous forme d'homicide.
Nous sommes bien au fait également de la
situation exceptionnelle que nous vivons avec la pandémie et elle a des effets
négatifs sur le mieux-être et la santé mentale des gens. Nous prenons cet enjeu
très au sérieux. Le mieux-être et la santé mentale sont au coeur de nos
préoccupations, et ce, depuis le tout début de la crise sanitaire. Et même
avant la pandémie, notre gouvernement s'était engagé à en faire plus pour la
santé mentale. Ce volet du réseau de la santé et des services sociaux a été
bien malmené dans les dernières années. Les investissements étaient insuffisants,
et nous sommes déterminés à changer la situation.
Il était déjà prévu que j'annonce, en ce
sens, lors de la prochaine mise à jour économique du 12 novembre, des
nouveaux investissements. Les circonstances des derniers jours me poussent à le
devancer. C'est pourquoi j'annonce aujourd'hui un investissement majeur de 100 millions
de dollars en santé mentale qui nous permettra d'agir concrètement de plusieurs
façons.
Tout d'abord, 35 millions seront
octroyés pour permettre l'achat de services en santé mentale. De ce 35 millions,
25 millions iront pour venir en aide à ceux qui sont en attente de
services psychologiques dans le réseau de la santé et des services sociaux et
10 millions iront au réseau de l'éducation pour les jeunes de 17 à 34 ans
qui sont en attente de services au niveau collégial et universitaire.
Ensuite, une somme de 31,1 millions
visera à maintenir le rehaussement que l'on a fait des services psychosociaux
et des services en santé mentale dans les établissements du réseau de la santé
et des services sociaux partout au Québec pour l'année 2021‑2022.
Un montant de 19 millions de dollars
sera consacré à la création et à l'implantation d'équipes sentinelles sur le
terrain. Ces équipes iront à la rencontre des clientèles vulnérables et
déploieront des actions de prévention, promotion, détection et d'intervention
précoce des problématiques psychosociales.
Une somme de 10 millions permettra
d'ajouter un financement supplémentaire aux organismes communautaires en santé
mentale pour l'année 2021‑2022.
Et finalement, un montant de 4,9 millions
permettra le déploiement accéléré de la stratégie numérique en prévention du
suicide et le rehaussement de la ligne 1 866 Appelle.
Comme vous pouvez le constater, cet
investissement majeur de 100 millions de dollars nous permettra d'agir sur
plusieurs plans, notamment la diminution des listes d'attente pour l'accès à
des services en santé mentale. Les effets néfastes sur la santé psychologique
peuvent être effectivement nombreux, et les besoins psychosociaux continueront
de se manifester au-delà de la gestion de la crise sanitaire que nous vivons
actuellement et du déconfinement. Il demeure également important pour nous
d'agir en amont des problèmes pour favoriser la résilience des personnes et des
communautés. Nous prenons les moyens pour répondre à cette hausse considérable
des besoins. Il s'agit d'un investissement sans précédent en santé mentale et
en services psychosociaux pour répondre à une situation sans précédent mais qui
permettra d'agir de façon globale. Merci.
La Modératrice
: Merci,
M. Carmant. Pour la période de questions, on va s'en tenir à une question,
une sous-question, s'il vous plaît. On va débuter par les questions en
français.
M. Bergeron (Patrice) :
M. Carmant, souvent, les partis de l'opposition ont fait mention du fait
qu'il s'agissait d'une crise en santé mentale au Québec depuis le début de la
pandémie. Vous avez toujours évité soigneusement d'utiliser le mot «crise».
Après ce qui est arrivé en fin de semaine, est-ce qu'on peut dire qu'il se
passe bel et bien une crise en santé mentale au Québec?
M. Carmant : Premièrement, ce
qui est arrivé en fin de semaine, je pense que c'était imprévisible, et il ne
faut pas le lier à la pandémie de façon si définitive. Deuxièmement, ce que je
dis, c'est que, quand on est arrivés, il y avait une liste d'attente de
28 000 personnes en attente de services en santé mentale. On est en
train de diminuer la liste qui est rendue à 16 000.
La semaine dernière, j'ai présenté un plan
pour les jeunes qui était une action concrète, immédiate. Comme vous voyez, je
me préparais à annoncer un plan d'action pour le moyen terme également, qu'on
vient de devancer d'une semaine. Et, à plus long terme, on a également un plan
qui est le Programme québécois pour les troubles mentaux, qu'on est en train de
nationaliser, d'installer dans toutes les régions du Québec.
Donc, oui, la situation est préoccupante,
mais je crois que la situation est sous contrôle. C'est pour ça que j'évite le
terme de «crise».
M. Bellerose (Patrick) : C'est
un très gros montant, 100 millions. Mais si je comprends bien, c'est
ponctuel, là, ce n'est pas 100 millions récurrents.
M. Carmant : Ce
100 millions de dollars va nous amener jusqu'en mars 2022, et ça, ça nous
permet de diminuer les listes d'attente et aussi d'intégrer notre Programme
québécois pour les troubles mentaux qui, lui, on pense, c'est un programme qui
va permettre d'éviter la réaccumulation des listes d'attente en offrant les
bons services au bon moment par les bons professionnels.
M. Bellerose (Patrick) :
Qu'est-ce qui est fait de façon structurelle? Les policiers souvent se
plaignent, disent : On amène quelqu'un à l'hôpital, il ressort le
lendemain ou le jour même. Donc, de façon structurelle, est-ce que vous avez un
plan pour amener les soins aux gens qui souffrent de problèmes de santé
mentale?
M. Carmant : Alors, ce que je
vous ai présenté aujourd'hui, c'est ceux qui ont le programme de sentinelles,
qui va aller identifier ceux qui ne veulent pas se présenter. Comme vous savez,
50 % des gens qui ont des problèmes de santé mentale ne consultent pas.
Donc, ça, c'est une chose.
On a notre programme aussi de santé
numérique sur lequel on travaille. Puis là on va déployer celui pour la prévention
du suicide. Et aussi il faut régler le problème des portes tournantes, comme
vous mentionnez. On travaille sur diverses alternatives qu'on va présenter
bientôt.
M. Lavallée (Hugo) : Mais,
sur les 100 millions de dollars, est-ce que c'est entièrement de l'argent
neuf ou il y a aussi... ça intègre les annonces faites ces dernières semaines,
n'est-ce pas?
M. Carmant : Non, c'est
vraiment que de l'argent neuf qui vient avec la mise à jour budgétaire du 12 novembre,
qu'on devance.
M. Lavallée (Hugo) : Si on
ajoute, là, l'annonce de la semaine dernière, les annonces précédentes, c'est
ce qu'on a au total?
M. Carmant : Bien, écoutez, on
avait déjà 90 millions de dollars au budget pour la santé mentale, qui
incluait le 25 millions de la semaine dernière. On a annoncé plusieurs
mesures pour la COVID également, 1,4 million pour la ligne Tel-Jeunes,
240 000 $ pour les gens qui sont en situation de deuil, le premier
31,1 millions de dollars également ainsi que 17,6 millions pour les organismes
communautaires.
Donc, c'est des montants significatifs
qu'on a investis. Puis ce qu'il est important de rappeler, c'est que ce premier
investissement pour la COVID, ça a été fait le 6 mai, au tout début de la
crise. Ma prédécesseure, Mme McCann, avait vraiment prévu les choses, et on
continue dans la même veine.
M. Lacroix (Louis) : Juste
pour être... Statistiquement parlant, là, ce 100 millions là va permettre
d'embaucher combien de nouvelles ressources pour agir en santé mentale?
M. Carmant : Écoutez, en fait,
pour le point de vue psychologique, j'ai parlé à Mme Grou ce matin, là, de
l'Ordre des psychologues, et on fait un pas de l'avant en leur permettant, à
celles qui sont en pratique privée, de venir nous aider et à vider ces listes
d'attente. C'est ce 16 000 personnes là. Donc, on espère que, sur la
période qui va nous amener jusqu'à mars 2022, on va pouvoir couper de façon
très significative, si ce n'est pas dire éliminer la liste d'attente.
M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce
que ça amène des nouvelles ressources sur le terrain, en termes de nombre de
gens qui vont intervenir ou si ce sont les ressources privées que vous allez
finalement...
M. Carmant : Alors, il y a le
320 personnes, qui sont dans le 31,1 millions, qu'on reconduit pour une
autre année et qu'on veut pérenniser, éventuellement. Et ce qui est vraiment de
nouveau comme personnes ressources, c'est les 380 personnes, les sentinelles,
qui vont aller sur le terrain. En fait, l'idée nous vient du Dre Généreux, qui
avait déployé cette stratégie-là pour Mégantic et qu'on veut reproduire ici
pour aller chercher les gens qui sont en détresse psychologique et les amener
vers le système de santé.
Mme Crête (Mylène) :
Comment est-ce que vous pouvez affirmer que vous réduisez la liste d'attente
quand la Vérificatrice générale, il y a quelques semaines, a dit que le ministère
n'avait pas des indicateurs fiables pour mesurer l'efficacité des services?
M. Carmant : Bien, effectivement,
quand elle a regardé, il n'y avait peut-être pas de liste d'attente. Ce qu'on a
fait, c'est qu'on a centralisé tous les guichets d'accès en santé mentale au
niveau du ministère, et c'est sur ça qu'on se base comme liste d'attente. Et ça,
je reçois les données sur une base mensuelle, et on a vu la diminution au cours
des derniers mois, et c'est ce qu'on va continuer à suivre.
Mme Crête (Mylène) :
Qu'est-ce qui arrive avec la personne qui était sur la liste d'attente?
M. Carmant : Alors, ces
gens-là vont avoir accès, quand ils ont besoin de services de psychologues, aux
psychologues qui vont être disponibles le plus rapidement possible, soit dans
le public soit dans le privé, à partir de maintenant.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
...juste une précision. Vous dites donc que vous voulez éliminer la liste
d'attente d'ici 2022. Qu'est-ce que vous allez faire pour empêcher qu'une autre
liste d'attente se crée? Parce que les besoins, eux, vont continuer probablement
en augmentant.
M. Carmant : Alors, ça, ça
nous donne un petit peu d'espace pour implanter le Programme québécois pour les
troubles mentaux, ce qui est une approche par étapes qui va de l'autosoin
jusqu'à la psychothérapie.
Initialement, ça avait été présenté par
l'ancien gouvernement comme une porte ouverte vers les services psychologiques,
puis c'est un petit peu encore ça qu'ils offrent, mais on trouve que cette
solution-là n'est pas viable. On a beaucoup d'intervenants qui peuvent aider en
santé mentale en première ligne. Je l'ai déjà dit également, 70 % des gens
qui vont chercher des services vont vers le psychologue ou le psychiatre. Nous,
on veut inverser ça. On veut que 30 % se rendent là, mais que 70 %
puissent être aidé en première ligne, travailleurs sociaux, infirmières
spécialisées, psychoéducateurs, éducateurs spécialisés, tous ces gens-là qui
peuvent avoir un impact sur la santé mentale des gens et améliorer leur
condition avant que ça se rende. Parce que le problème, surtout dans la
pandémie, il y a beaucoup de détresse. La détresse, quand elle se chronicise,
là, c'est là qu'on a besoin de psychothérapie.
M. Lacroix (Louis) : ...c'est
à peu près impossible à dire, là, parce qu'on ne veut pas refaire d'histoire,
là, mais vous sortez aujourd'hui parce qu'il y a eu évidemment un drame
terrible qui est survenu en fin de semaine.
Quelle partie de l'investissement que vous
annoncez aujourd'hui aurait pu peut-être empêcher le drame de cette fin de
semaine? Est-ce que c'est les services de sentinelles? Quel est le service, là,
que vous allez améliorer, finalement, qui aurait pu avoir une incidence ou qui
pourrait avoir, dans le futur, une incidence sur des cas semblables de celui
qu'on a connu en fin de semaine?
M. Carmant : Écoutez, moi, je
pense que ce qui est arrivé en fin de semaine, je le répète, c'est imprévisible,
et il n'y a personne qui pouvait prédire ce genre de geste là. On l'a vu dans
le passé, dans d'autres circonstances, là, et je n'oserais dire qu'une mesure
peut empêcher ce type d'évènement. Mais ce qu'on est en train de faire ici, c'est
de faciliter l'accès aux services de santé mentale.
Il y a d'autres choses qu'on veut faire
également, qui sont de déstigmatiser la maladie mentale, ce qui est très
important de faire. Ce qui est également important, c'est de mieux intégrer les
gens qui sont atteints de maladies mentales dans la société. Donc, c'est
plusieurs étapes qui peuvent prévenir des drames comme ce qu'on a vu, mais il
n'y a pas une mesure, à elle seule, qui peut faire la différence.
Mme Côté-Chabot (Claudie) :
...sur le programme de sentinelles, là. Vous voulez une implantation quand?
Quand on pourrait voir les premières personnes oeuvrer comme sentinelles avec
des...
M. Carmant : Écoutez, on va
lancer ça le plus rapidement possible. Comme je vous dis, on... par exemple, on
espère d'ici la fin de l'année. C'est des programmes qui ont été vus ailleurs
déjà. Ce serait 380 intervenants, à travers le Québec, qui vont travailler
sur les personnes les plus vulnérables ainsi que dans les différents milieux de
vie pour aller chercher les personnes qui ont besoin d'aide au niveau de santé
mentale.
Mme Côté-Chabot (Claudie) : On
les prend où, ces personnes-là? Parce qu'il manque cruellement de personnel
partout dans le réseau, là.
M. Carmant : Oui. Donc, vous
avez vu, avec le programme qu'on a mis sur pied au mois de mai, on a déjà
recruté 320 personnes. On continue à en recruter régulièrement, à chaque
mois. Donc, on pense qu'on va être capables de trouver ces gens-là qui peuvent
également venir de certaines ressources communautaires également.
M. Bossé (Olivier) :
M. Legault, ce matin, disait : On a beau mettre autant d'argent puis
autant de psychologues qu'on veut, on ne pourra pas toujours éviter ce genre de
drame là. Je comprends que vous êtes d'accord avec ça?
M. Carmant : Tout à fait. Je
pense que c'est des choses qui sont imprévisibles et qu'il faut... je pense que
c'est dans un cadre à plus long terme qu'il faut mieux encadrer la situation qu'est
la santé mentale pour tenter le mieux possible d'éviter ce genre de situation,
mais c'est tout à fait imprévisible.
M. Bergeron (Patrice) : ...toutes
ces mesures-là que vous déployez actuellement, on ne pourrait pas empêcher d'autres
espèces de drames comme ceux-là de survenir. Est-ce qu'on comprend bien, là?
M. Carmant : Je pense que non,
ce n'est pas... C'est des choses qui surviennent... Écoutez, on est vraiment
très attristés de ce qui s'est passé, on veut améliorer nos services en santé
mentale, on a besoin de les améliorer, mais le risque zéro n'existera pas.
La Modératrice
: On
prend une dernière question en français.
M. Bossé (Olivier) : Il y a
déjà eu, M. Carmant, 5 000 personnes à Robert-Giffard ici, des
patients. Maintenant, il y en a quelques centaines. Est-ce que sortir ces
gens-là des institutions psychiatries, on se retrouve nécessairement avec ces
problèmes-là?
M. Carmant : Non, moi, je
pense que la société québécoise a évolué. Maintenant, il faut travailler très
fort pour améliorer l'accès en santé mentale et également le suivi des
personnes qui ont des problèmes de santé mentale, et c'est ce qu'on est en
train de faire.
Mme Crête (Mylène) :
Pourquoi vous avez devancé votre annonce si vous dites qu'on ne peut pas vraiment
faire de lien entre ce qui s'est passé samedi?
M. Carmant : Bien, écoutez, c'est
important pour moi et pour nous tous, là, de venir rassurer la population qu'il
y a un plan, qu'on est en train de le mettre en place et qu'ils vont voir des
améliorations significatives au niveau de la prise en charge de la santé
mentale au cours des prochains mois et des prochaines années.
La Modératrice
: On va
passer aux questions en anglais.
M. Lacroix (Louis) : ...un plan
national à la grandeur du Canada ou si on est capables de s'occuper de ça?
Quelle est la part que le fédéral peut amener là-dedans? Je comprends, là, que
vous aimeriez bien ça, M. Legault l'a dit ce matin, qu'on mette davantage
d'argent à votre disposition, d'argent récurrent qui reviendrait à chaque
année. Mais est-ce qu'une norme fédérale, comme on a laissé entendre en fin de
semaine, c'est quelque chose de souhaitable?
M. Carmant : Moi, je m'assure
que le programme soit autonome au Québec puis qu'on ait les meilleurs services,
à travers le Canada, au Québec.
La Modératrice
: ...passer
aux questions en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Good day.
M. Carmant : Good day.
Mme Senay (Cathy) : What happened this weekend, these horrifying scenes, don't you fear
that this tragedy may create some backlashes among the population, people may
feel more stressed out? I mean, they go for walks, this is all they can do in a
red zone, but now they don't know if they can go outside because they don't
know what may happen.
So is this something that
you want to reassure people to avoid more anxiety that we're facing right now
with COVID-19?
M. Carmant : Yes. That's the reason we... the announcement is really to reassure
people that we're taking care of mental health. Locally, I've also spoken with
the P.D.G. du CIUSSS
Capitale-Nationale to make sure that services are available for the victims
involved, but also for the region in general. And I've
also reached out to CIUSSS des Laurentides to make sure that the family and
friends of the presumed killer also get support because they deserve it as
well.
Mme Senay (Cathy) : You want people to understand that what happened this weekend is
exceptional in a sense. It's a minority of people that will get there with
heavier mental health problems. But when you are exhausted by a situation, you
can feel anxiety. This anxiety can become high anxiety and you may have the
impression that you are losing your mind. So what do you say to those people
right now?
M. Carmant : That we are offering services, and please do not hesitate to call,
either le 8-1-1 Info-Social, or to reach out to get one of the services that
we're actually expending. And that's one of the reasons we're asking people
that if... we're opening up to private services for psychology. Those who need
them will receive them as soon as possible, because there is too many people on
the waiting list. We want to reduce quickly the waiting list for psychological
services.
Mme Fletcher (Raquel) : It seems that you have two separate messages that are getting
confused in the greater public. So, yesterday, Mme Guilbault said :
You know, we have mental health services available for the victims, their
families, anyone who needs to reach out because of the tragedy that happened.
But in the same press conference, we had maire Labeaume say : If we had
invested more in mental health services to begin with, then we might have been
able to prevent the crime that is happening.
So the announcement
you're making today, where is this coming from? Is this because you want to
make sure that people have access to resources because they are affected by
what happened or you're trying to prevent other crimes from happening? What is
your motivation for the announcement that you are making today?
M. Carmant : No, this is really related to COVID and anxiety as we mentioned. I think the confusion is because
everybody use the term «mental health». So, mental health is your well-being
and is affected by your daily situation, and then, there is mental diseases
like schizophrenia, psychosis, bipolar diseases, and I think this is what maire
Labeaume was commenting upon. Obviously, in the long-term, we want to involve
both, have better access for care for both, but today, what we're announcing is
really for mental health and the pandemic.
Mme Fletcher (Raquel) : So, in that vein, I mean, there's this concern that five years ago,
the suspect made threats or, you know, said that he... expressed some desire to
kill in the manner that he killed on Saturday. Why wasn't he able to access the
resources that he needed if he has been sick for five years? It seems like that
should have been prevented. You're saying it's unpredictable, but it seems like
there should have been some prevention in place. Where did the system... Where
did he fall through the cracks?
M. Carmant : Well, I don't want to comment about this particular case, but a
number of patients with mental health... with psychiatric diseases fall short
because they don't want to be taken care of or they don't take their
medication. There's a number of issues.
But you raise an
interesting point that we've addressed, it's that there is a gap when children
or teenagers with mental health get into adulthood. There is a gap, not only in
mental health, but in a number of diseases, but specifically in mental health,
and we've addressed that with our program called Aire ouverte. So, now, we take
care of youth with mental health from age zero to 25, exactly so they don't
fall between the cracks during that period of transition when they leave home,
etc.
So it's very important for us to put forward this program
which is called Aire ouverte and which will help maintain services beyond age
18. I'm not saying that in this case it would have made a difference, because
again this is unpredictable, but I think it's going to be a significant value
to our mental health system.
Mme Fletcher (Raquel) : And that's the program that you announced last week?
M. Carmant : No, that's been announced a year... Actually, there was a
preliminary program made available in three regions by the Liberals, but we're
expanding it. We've added four more regions and we're giving it to all the
regions in Québec. Because this
is by the youth, for the youth, and this a way that, when they're asking for
mental health services, they don't come to a closed door. It's access during
school time and all the time for them and it's easier for them to get their
care.
M. Authier (Philip)
: But so you would agree that no amount of money or services could
have stopped or prevented this tragedy that we saw yesterday and that... So
you're acting to reassure people, but at the same time, nothing could have
stopped that, right?
M. Carmant : I agree with you, nothing could have stopped what happened this
weekend. Again, what we need to do is to improve mental health services across
the board, for everybody.
Mme Fletcher (Raquel) : So can you just clarify that? So you're saying that nothing could
have stopped this person, there's no sort of intervention that exists anywhere that could have stopped this person from committing
such a heinous crime. If he had been taken into care, wouldn't that have...
There has to be some sort of prevention for people who are...
M. Carmant : These events are unpredictable. And, I mean, Dawson, Polytechnique,
these events are unpredictable. Whatever you do, the best thing you can do is
to improve access to care for everybody, but these single events, I don't think
you can say that it's 100% preventable.
Mme Senay (Cathy) : But these single events, they create traumas among the population. This is where we have some
control. But you know as we know that 50% of the people that do have mental
health problems don't seek help. How can you reverse this?
M. Carmant : OK. So, the «programme sentinelles» that we're putting forward,
that is going to help. Giving
access to numeric applications is also going to help quite a bit. And we need to destigmatize mental health
disease. This is why I took the time to tell you that, you
know, most patients with mental health problems do not
commit crimes. More often they are likely to be bullied more than anything
else. So, definitely, we need to destigmatize mental health issues.
La Modératrice
: Je
vous remercie, donc, en vous souhaitant une belle fin de journée.
M. Carmant : Merci, tout le
monde.
(Fin à 13 h 22)