(Treize heures trois minutes)
Le Modérateur
: Alors, mesdames
messieurs, chers collègues, bienvenue à cette conférence de presse pour faire
le point sur la situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier ministre du
Québec, M. François Legault, est aujourd'hui accompagné du directeur
national de santé publique, Dr Horacio Arruda.
Alors, M. le premier ministre, à vous la
parole.
M. Legault : Merci beaucoup.
Bonjour, tout le monde. D'abord, je suis content, là, de vous retrouver. Je
veux remercier la vice-première ministre, Geneviève, qui m'a remplacé hier. Je
m'excuse auprès de ma mère, j'avais oublié de l'aviser que je ne serais pas
ici, hier, donc elle était très inquiète. Donc, je ne suis pas malade, je suis
en pleine forme, et donc content d'être de retour. C'est au tour de la ministre
de la Santé d'être en vacances aujourd'hui, elle a une longue interpellation
demain qui s'en vient avec l'opposition, donc il faut qu'elle se prépare. Donc,
je suis avec le Dr Arruda, qui est vraiment à plus que deux mètres de moi,
donc on respecte les consignes.
Je commence avec le bilan de la dernière
journée. On a 98 nouveaux décès, donc un total de 1 859. Je veux,
bien sûr, offrir toutes mes sympathies, mes pensées, mes condoléances aux
familles, aux proches. On a beau, à tous les jours, annoncer de nouveaux décès,
c'est toujours des vraies nouvelles personnes qui ont des vraies familles, donc
c'est très difficile. Peut-être une précision, pas parce que les personnes,
dépendamment du lieu où elles viennent, sont plus ou moins importantes, mais
juste pour les fins de suivi de la situation : sur les 98 décès qu'on
a eus hier, 92 étaient des personnes qui vivaient dans les résidences de soins
de longue durée et donc six qui vivaient dans la population en général.
Je veux aussi préciser une chose, là.
Depuis le début, j'essaie de tout vous dire la vérité. Quand on regarde la
situation dans les CHSLD, on a actuellement 4 400 personnes qui sont
infectées de la COVID-19 dans les résidences de soins de longue durée.
Évidemment, on va tout faire pour essayer d'en sauver le maximum, mais il faut,
à un moment donné, être réaliste, c'est certain qu'il va continuer d'y avoir
beaucoup de décès, malheureusement, dans les prochains jours, les prochaines
semaines. À partir du moment où il y a 4 400 personnes infectées, là,
c'est difficile de mettre un ratio. J'ai bien essayé avec le Dr Arruda, là,
mais c'est difficile à prévoir. Mais on peut quand même prévoir,
malheureusement, qu'il va y avoir d'autres décès.
Peut-être vous dire aussi, les
4 400 personnes qui sont infectées sont concentrées dans
280 résidences. Donc, sur 2 600 résidences qu'on a au Québec,
CHSLD, RPA, RI, il y en a 280, donc un peu plus que 10 %, qui sont
infectées, les autres n'ont pas de cas d'infection. Donc, c'est certain, quand
on parle du personnel qu'on ajoute et puis de l'attention qu'on porte, on se
concentre d'abord sur ces 280 résidences puis sur ces
4 400 personnes, là, qui sont infectées. Puis, bon, j'aime mieux vous
dire que probablement, malheureusement, que le bilan des décès, au cours des
prochains jours, des prochaines semaines, risque de continuer d'être élevé dans
la partie résidences, soins de longue durée.
Ça m'amène aussi à vous faire une
précision parce que je lis encore beaucoup d'articles où on fait des
comparaisons avec ailleurs dans le monde, d'autres provinces, d'autres États,
donc d'autres pays. Il faut être très, très prudent dans les comparaisons parce
qu'il y a beaucoup d'endroits où on ne déclare pas les décès dans les centres
de soins de longue durée. D'ailleurs, il y a beaucoup d'articles qui sont
écrits où on dit : Une fois la crise terminée, on mettra en place la
méthode qui s'appelle, en anglais, «excess deaths», où on va comparer le nombre
de décès pendant la période de la crise avec les mêmes périodes des années
précédentes pour voir, justement, combien de décès réels sont reliés à la
COVID-19. Et selon plusieurs spécialistes, on risque d'avoir, dans plusieurs
pays, plusieurs autres endroits dans le monde, des mauvaises surprises.
Ici, au Québec, là... puis on a toujours
été réputés pour ça, même quand il y a des fortes chaleurs ou qu'il y a
d'autres problèmes qu'on vit, tout est déclaré, là, que les gens aient été
testés ou non par épidémiologie — je vais finir par être capable de
le prononcer avant la fin, j'espère, mais bon — donc, on déclare tous les
décès.
Je reviens sur les cas et les
hospitalisations. On a 27 538 cas confirmés, une augmentation
de 944; 1 684 personnes hospitalisées, une augmentation
de 36; 214 personnes aux soins intensifs, une diminution
de huit.
Bon, c'est sur, quand on regarde les
hospitalisations, 1 684, on vous avait déjà dit qu'on avait, au début de
la crise, libéré 7 000 lits, mais il faut comprendre qu'une bonne
partie de ces 1 684 lits occupés sont dans la région de Montréal.
Donc, on suit de très près la situation à Montréal. On l'a vu au cours des
dernières heures, il y a, entre autres, trois hôpitaux qui ont causé des
problèmes importants, là, Maisonneuve-Rosemont, le Lakeshore, à Pointe-Claire,
puis l'Hôpital Douglas, là, qui reçoit des personnes qui souffrent de problèmes
de santé mentale.
Bon, vous dire, il y a beaucoup de
patients qui ont été sortis ou qui sont en train d'être sortis de ces trois
hôpitaux pour être envoyés... Vous le savez, on l'avait dit, on a réservé des
hôtels, là, des vrais hôtels, là, comme le Best Western ou comme la Place
Dupuis. Puis on a aussi refait, réaménagé l'Hôtel-Dieu. Donc, on est en train
de sortir beaucoup de patients de ces trois hôpitaux pour être capables aussi
de repartir un peu à zéro. Donc, il y a un grand nettoyage, désinfection qui va
être fait. Puis on est quand même optimistes d'être capables, dans les
prochains jours, de reprendre le contrôle dans ces trois hôpitaux.
Bon, il y a une situation aussi qui est
inquiétante à Montréal-Nord. Beaucoup de personnes sont infectées. C'est
probablement la sous-région, là, au Québec, où il y a le plus de cas. Donc, les
responsables de la santé publique sont sur le terrain, ont commencé à faire des
tests, des suivis des personnes qui ont été rencontrées par les personnes qui
ont été testées positives. Puis, dans les prochains jours, on va augmenter de
façon très importante les tests à Montréal-Nord.
Parlant de tests, bon, d'abord, on est
rendus, au Québec, à 214 000 tests. Si on veut se comparer, là, puis
comparer des comparables, puis ça, on peut le faire pour les tests, ça veut
dire qu'on a fait un peu plus que 25 000 tests, au Québec, par
million d'habitants. Je vous donne quelques exemples. En Ontario, on en a fait
18 000. Aux États-Unis, on en a fait 18 000 par million. Au
Royaume-Uni, 12 000. En France, 7 000 tests par million. Donc,
nous, on est à 25 000. Et il est prévu que, dès la semaine prochaine...
Là, actuellement, on fait à peu près 6 000 tests par jour. Dès la
semaine prochaine, on va passer à 14 500 tests par jour. Et, dans les
semaines qui vont suivre, on va augmenter encore plus, là. Dr Arruda aura
l'occasion, dans les prochains jours, de vous expliquer ce plan-là.
Bon, je sais aussi qu'il y a beaucoup de
gens qui sont inquiets du déconfinement à Montréal. Je viens de le dire, la
situation est pas mal sous contrôle quand on sort de Montréal. Mais, à
Montréal, il y a encore des hôpitaux, il y a beaucoup de lits d'occupés. Donc,
les marges de manoeuvre sont moins grandes à Montréal. Juste vous dire puis
vous rappeler, là, parce qu'il y a beaucoup de gens qui pensent qu'on réouvre demain
matin, là... Je vous rappelle, les commerces, à Montréal, on prévoit qu'ils
vont réouvrir le 11 mai, et que les écoles, à Montréal, vont ouvrir le
19 mai. Là, on est aujourd'hui le 30 avril. Ça veut dire
concrètement, là, qu'il nous reste 11 jours pour les commerces,
19 jours pour les écoles. Et moi, je vais juste vous dire, là, le go, là,
puis je ne ferai pas de jeu de mots, va être donné seulement si toutes les
conditions sont remplies avant ces dates-là, puis les conditions sont les mêmes
à peu près partout dans le monde, là. L'OMS, l'Organisation mondiale de la
santé, pose six conditions qu'on suit de très près. Donc l'épidémie doit être
sous contrôle, on doit avoir assez de tests, être capables de faire assez de
tests, on doit porter une attention aux milieux vulnérables, comme on le fait
actuellement à Montréal-Nord, il doit y avoir des mesures de mise en place sur
les lieux de travail, on doit s'assurer qu'il n'y a de personnes qui arrivent
de l'extérieur, ça, on a eu l'assurance, là, de M. Trudeau, puis on doit
mobiliser les communautés, c'est ce que je fais presqu'à tous les jours.
Et je veux aussi rassurer certaines
personnes sur l'indépendance du Dr Arruda puis de la Santé publique. Moi,
je dirais même, c'est le contraire, là, moi, je me trouve très docile par
rapport au Dr Arruda. Je l'écoute, là, comme si c'était ma mère. Donc, je
veux juste vous rassurer, là, je n'ai pas d'influence indue sur le
Dr Arruda. Je l'écoute, je suis docile.
Maintenant, le personnel de la santé. Bon,
j'ai entendu tantôt les infirmières, je comprends très bien, là, qu'il y en a
qui ont besoin de repos, puis on fait tout pour essayer de combler les postes
des personnes qui sont absentes. Je veux vous faire une espèce de bilan. Bon,
on est à 10 500 personnes qui sont absentes dans l'ensemble du
réseau. On est rendus à 7 200 personnes qu'on a trouvées, qui
travaillent maintenant grâce à Je contribue!. Donc, ça, c'est une très bonne
nouvelle, surtout qu'on me dit que la grande majorité de ces personnes-là
souhaitent rester après la crise. Donc, très bonne nouvelle pour tout le monde,
là. C'est encourageant pour le long terme. On a aussi 1 200 étudiants
et enseignants qui sont dans nos établissements actuellement. On a ce matin
241 soldats, au total, qui sont dans nos établissements, et on prévoit
bientôt en ajouter 276.
Bon, si vous additionnez tout ça, là, ça
ne donne pas 10 500. Par contre, ce qu'il faut rappeler, c'est qu'on fait
moins de chirurgies actuellement. Donc, il y a du personnel qui, habituellement,
était dans les hôpitaux, qui a été transféré. Je pense qu'on a à peu près
120 médecins. Puis il y a des infirmières, des préposés, donc, qui ont été
déplacés des hôpitaux vers les autres établissements, en particulier les CHSLD.
Puis on continue le recrutement, là. Puis je continue à dire aux gens :
Inscrivez-vous. Tous ceux qui sont prêts à venir travailler dans nos CHSLD, qui
sont prêts à venir travailler à temps plein ou les personnes qui sont
retraitées, qui veulent revenir, là, c'est le temps ou jamais, là, on a besoin
de vous autres. Mais je veux quand même vous dire, là, que la plupart des
postes, actuellement, sont comblés. Donc, il reste encore des ajustements à
faire à certains endroits, là, ce n'est pas parfait, mais, quand même, la
situation s'améliore. Donc, je veux dire aux infirmières qu'on comprend que
vous allez devoir prendre des vacances, là, bien méritées. Il s'agit juste, là,
bon, qu'on travaille ensemble, là, pour la suite des choses.
Je veux revenir sur les consignes, là.
Bon, oui, on a fait un plan, on a déposé un plan, une prévision de
déconfinement, en particulier à Montréal. Je ne suis pas trop inquiet pour les
régions, mais, pour Montréal, là, c'est très important, si on veut être capable
de commencer le déconfinement à Montréal, d'abord, qu'il n'y ait pas de
rassemblement. Je sais qu'il y a eu une espèce de débat hier sur
l'interprétation des lois, mais, au-delà de l'interprétation des lois, là, on
n'en veut pas de rassemblement. Donc, avec vos voisins, avec vos amis, avec
votre famille, là, s'il vous plaît, si on veut être capable de déconfiner,
surtout à Montréal, là, pas de rassemblement. La bataille n'est pas gagnée à Montréal.
Et je veux le répéter, je l'ai dit quand j'ai annoncé les dates pour les écoles
puis pour les entreprises, si la situation se détériore, il n'y aura pas
d'ouverture à Montréal. Puis je n'hésiterai pas, là, je n'irai pas prendre de
risques. Donc, franchement, il faut respecter les consignes, si on veut
graduellement revenir à une situation un peu plus normale.
Je termine avec mes remerciements du jour.
Je veux remercier les personnes qui s'occupent des enfants vulnérables. Bon,
vous le savez, c'est un triste anniversaire aujourd'hui. Il y a un an, on
entendait la fameuse histoire de la petite fille de Granby, qui a touché, je pense,
le cœur de tous les Québécois. Depuis ce temps-là, d'abord, je veux vous dire
qu'on a ajouté des budgets, des postes. Il y a des postes d'intervenants qui
ont été ajoutés pas mal partout. Je sais que tous les postes n'ont pas été
comblés. On va continuer de le faire. C'est important aussi de dire que les
listes d'attente dans les DPJ ont baissé même avant la crise. Il faut être
prudent. Quand on regarde, oui, ils ont baissé pendant la crise, mais là c'est
parce qu'il y a eu moins de signalements. Donc, il faut être prudent dans cette
interprétation.
Donc, je veux offrir mes remerciements du
jour aux pédiatres, aux infirmières, aux travailleurs sociaux, aux éducatrices,
à tous les intervenants dans nos DPJ... puis de remercier aussi Régine Laurent
puis les commissaires qui continuent leur travail puis qui vont continuer de
nous faire des recommandations pour qu'on s'occupe mieux des enfants
vulnérables. Et une des façons d'aider ces enfants-là, c'est de retourner nos
enfants à l'école. C'est sûr qu'actuellement il y a moins de signalements. Une
des façons de retrouver le même niveau de signalement qu'avant, bien, c'est de
retourner ces enfants-là à l'école. Donc, s'il y en a encore qui hésitaient à
suivre les consignes, bien, faites-le pour nos enfants vulnérables, parce que,
si on n'est pas capables de déconfiner, en particulier à Montréal, on va
continuer d'avoir des enfants où on ne pourra pas signaler les abus. Donc, si
vous ne le faites pas pour d'autres raisons, faites-le pour les enfants
vulnérables. C'est important qu'ils retournent à l'école.
Donc, je termine en vous disant : On
a encore beaucoup d'efforts à faire, en particulier à Montréal. Donc, c'est
important, si on veut réussir à rencontrer les objectifs puis le plan qu'on
s'est donné, qu'on respecte la distance de deux mètres avec les autres
personnes. Si jamais on pense qu'on n'est pas capables de respecter le deux
mètres, il faut se mettre un masque. Et c'est important aussi de faire
attention, une attention particulière aux personnes qui ont 60 ans ou
plus. Ce n'est pas parce que je ne vous aime pas, les personnes de 60 ans
ou plus, c'est juste parce que je veux vous garder avec nous autres.
Donc, je compte sur vous pour que ça se
passe bien pendant le mois de mai et je vous remercie.
Le Modérateur
: Maintenant,
en anglais.
M. Legault : Yes. Good afternoon. We're currently verifying if there is
transmission in certain neighbourhoods of Montréal and Montréal-Nord for
example. The Montréal public health authority is applying a strategy of tests
and investigation in this zone. I want to be clear, we have announced our
reopening plan, but it is not starting this week. Gatherings are still
forbidden, it's not the time to stop our efforts of social distancing, it's
time to be more disciplined than ever. If we stop our efforts, and the situation
doesn't improve in Montréal, I won't hesitate to push back the reopening. So
I'm counting on you all. Thank you.
Le Modérateur
:
Merci, M. le premier ministre. Alors, pour la période des questions en
français, nous allons débuter aujourd'hui avec Olivier Bossé, du Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour,
messieurs. J'aimerais que vous m'expliquiez comment je peux interdire à mon
fils de 10 ans de ne pas aller jouer avec le voisin et que, dans quelques
jours, ils vont être 15 dans la même pièce.
M. Legault : Bien, je peux
commencer, là, en disant, ce qu'on veut essayer de faire, c'est d'avoir moins
d'enfants dans chaque classe puis de dire aux enfants, autant les parents que
les enseignants : Restez à deux mètres, puis, si jamais vous passez à
moins de deux mètres, il ne faut pas que ça dure, il ne faut pas que ça reste
là. Mais je pense que ça, c'est important. Donc, de la même manière, à un
enfant de 10 ans, il faut lui expliquer que c'est mieux de toujours être à
deux mètres des autres personnes.
M. Arruda (Horacio)
: Peut-être,
si vous me permettez, M. le premier ministre, une des choses aussi que je veux
vous dire, là, quand on parle de la région de Montréal, de Montréal, on parle
de la région métropolitaine, là, hein? Il ne faudrait pas que les gens de Laval
interprètent que les consignes que le premier ministre vient de nous donner ne
s'appliquent pas à eux. La couronne autour de Montréal, je pense que c'est la
même chose. Ça, c'est la zone chaude. Les zones froides sont vraiment plus à
l'est et à l'ouest.
Il y a une chose qu'il faut comprendre,
quand on va... dans les processus qu'on va mettre en place au niveau scolaire,
là, puis au niveau même des garderies, ça ne sera plus les mêmes processus
qu'on avait avant, hein? Les travailleuses vont porter des masques. Il faut
aussi comprendre qu'on connaît que les gens qui vont être là, ce ne seront pas
des gens qui seront susceptibles... alors que votre voisin, je ne sais pas s'il
a une grand-mère ou pas, etc.
Ça fait qu'il faut aussi voir cette
réouverture, c'est... Quand on a fait un point d'arrêt, hein, on a défini des
travailleurs essentiels qui étaient des gens qui étaient permis, etc. Il faut
voir ce déconfinement-là qu'on fait actuellement avec les garderies, avec
certains secteurs d'activité, comme étant une nouvelle définition de
«travailleur essentiel». Ça ne veut pas dire qu'on se relâche complètement, et
ça, c'est majeur, à mon avis, parce que la quantité de réouvertures va être
dosée pour être capable de voir qu'est-ce qui se passe avec ce mouvement-là
puis d'être capable d'intervenir là. Si vous commencez à vous rassembler un peu
partout, on ne saura plus, là, d'où ça vient nécessairement. Ça fait que c'est
très important de maintenir cette approche-là, puis, comme le disait le premier
ministre, qui est très docile, on va appliquer, je vous dirais, les
recommandations de l'OMS.
Mais on voit déjà certains relâchements.
On m'a parlé de certains partys de COVID-19, comme on faisait pour la
varicelle. Il y a des choses qui se relâchent, et je ne voudrais pas que ça
devienne de façon significative, là, parce que ça, ça va venir brouiller la
carte, parce qu'on ne saura pas ça vient d'où, là. C'est vraiment une
transmission communautaire qui ne sera pas associée nécessaire d'emblée aux
réouvertures. Je ne sais pas si vous comprenez qu'est-ce que je veux dire.
C'est pour ça qu'il faut y aller par
étapes, parce que, quand on va ouvrir des usines ou des entreprises, on va
savoir qu'il y a un potentiel là puis on va être en mesure de le contrôler là.
Mais, si la personne, c'est en faisant un party COVID chez eux ou avec d'autres
qu'elle l'attrape, on vient compliquer notre diagnostic populationnel. Donc,
c'est très important, comme je le dis, que la population respecte la prescription
qu'on va vous donner.
Le Modérateur
: Donc,
en sous-question.
M. Bossé (Olivier) :
M. Arruda, votre collègue directeur de la santé publique de l'Estrie,
Alain Poirier, a dit même, lui, qu'il croit que c'est le temps de penser à
déconfiner les gens de 70 ans et plus qui sont en santé. Évidemment, on ne
parle pas des gens en CHSLD. Donc, qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Arruda (Horacio)
:
Je le pense aussi, qu'il faut regarder ça, particulièrement peut-être dans les
zones qui sont froides aussi, comparativement à ce qui se passe à Montréal.
Mais, compte tenu, comment je pourrais vous dire... Puis je suis très conscient
des problèmes que ça entraîne entre les familles par rapport aux parents.
Je pense qu'on va vous revenir avec des
consignes au cours des prochains jours, mais il est encore trop tôt maintenant,
dans une période de déconfinement qui pourrait être interprétée un peu
n'importe comment, pour le faire.
Ça fait qu'on est en train d'analyser ça,
puis soyez assurés, là, que notre objectif, ce n'est pas de retenir pour
retenir. Notre objectif est pour retenir pour être en mesure de savoir
qu'est-ce qui se passe, bien comprendre la dynamique de transmission. C'est un
élément très, très important, et ça fait partie des conditions de l'OMS.
Le Modérateur
: Merci.
Maintenant, au tour de Patrice Bergeron, La Presse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous, messieurs. Une question qui vient de médecins spécialistes.
Actuellement, il n'est pas possible de retourner dans une résidence ou dans un
CHSLD un patient qui a été hospitalisé parce qu'il a été atteint de la
COVID-19, mais qui a passé deux tests négatifs. À la veille de l'ouverture des
commerces, écoles, ce qui va entraîner une hausse des cas, des médecins se
demandent comment gérer les lits avant que des malades supplémentaires
s'ajoutent. Quand et comment sera-t-il possible de donner congé aux malades
âgés qui sont rétablis?
M. Legault
: Bien, de
façon générale, là, on veut — puis je parlais tantôt de trois
hôpitaux, là — on veut retourner certains patients, soit dans des
hôtels, soit dans les CHSLD où ils étaient. Évidemment, compte tenu de la
situation qu'on vit dans les CHSLD, on pensait que c'était bon de les garder
pendant un certain temps à l'hôpital, mais éventuellement il va falloir
retourner ces patients-là pour retrouver le niveau d'opérations, d'activité
qu'on avait avant dans les hôpitaux.
M. Arruda (Horacio)
:
...enclenché, comme tel, à différents endroits, soit vers l'hôtel, soit vers
des nouveaux lits qui vont se créer à l'Hôtel-Dieu, etc. — là, je
parle de la région métropolitaine — parce qu'il fait maintenir cette
capacité à la fois de traiter nos urgences puis nos semis-urgences, puis une
capacité de recevoir d'autres patients qui vont venir probablement du milieu du
déconfinement.
M. Bergeron (Patrice) : Et,
en complémentaire, en fait, et qui fait écho à la question de mon collègue tout
à l'heure parce que... Vous avez peut-être vu, mais le regroupement des
résidences pour aînés ajoute sa voix aussi et demande le déconfinement de ses
locataires. Il s'inquiète de leur détresse psychologique et il demande, vous l'avez
dit, donc, une annonce, mais un plan, le plus rapidement possible pour qu'ils
puissent au moins planifier un déconfinement puis mettre en place des mesures.
Que leur répondez-vous?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, moi, je réponds qu'on va le faire, comme on l'a fait avec nos énergies,
là, depuis le mois de janvier, qu'on travaille avec les entreprises et les
industries. Je pense qu'il faut être capable de donner des consignes à ces
résidences privées ou résidences pour personnes âgées pour qu'ils aient un plan
de match. Ça, ça fait partie des instruments qu'on veut mettre en place pour
les supporter, comme tel, pour qu'ils puissent comprendre aussi ça veut dire
quoi.
Puis il faut aussi bien communiquer avec
les personnes qui vivent dans ces résidences-là parce qu'il y a des phénomènes
de délation aussi, même, des fois, puis de grande peur qui peuvent même nuire
au climat social à l'intérieur de la résidence. C'est pour ça qu'on veut le
faire d'une façon... avec un plan et une approche communicationnelle qui est
adéquate, sinon, ça peut devenir le «free-for-all».
Le Modérateur
: Merci.
Prochaine question, Alain Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, M. le premier ministre. Bonjour, M. Arruda. 98 morts. On est
dans les gros chiffres, là, depuis le début de cette pandémie. On atteint
presque le 2 000 morts depuis le début de la pandémie. C'est un peu
plus haut que le chiffre optimiste que vous nous aviez donné dans vos
graphiques. Le déconfinement va débuter, là, d'ici deux semaines. À ce rythme-là,
avec le déconfinement, est-ce qu'il n'y a pas un risque qu'il y ait
2 500 morts qui s'ajoutent au mois de mai?
M. Legault
: Bon,
d'abord, comme je le disais puis comme je l'ai montré sur le graphique que je
vous ai présenté il y a quelques jours, on vit comme deux mondes dans un. On
regarde, aujourd'hui, sur 98 décès, il y en a 92 qui viennent des CHSLD et
des résidences de soins de longue durée, il y en a six qui viennent de la population
en général.
Donc, malheureusement, puis c'est pour ça
j'aimais mieux le dire tantôt, on a encore 4 400 personnes
vulnérables, dans des CHSLD et autres résidences, qui sont infectées. Donc, malheureusement,
on peut s'attendre, dans les prochains jours, à avoir d'autres décès dans les
CHSLD. Mais il faut regarder aussi la situation dans le reste de la population
et il faut regarder la situation de nos hôpitaux. Nos hôpitaux en région, la situation
est sous contrôle. À Montréal, on fait un suivi très proche. Et, comme je le
disais tantôt, avant de rouvrir les commerces le 11 mai puis les écoles le
19 mai, on va s'assurer que la situation est bien contrôlée dans nos hôpitaux
de Montréal. Donc, c'est pour ça qu'il faut, bon, regarder comme il faut, de
façon détaillée, la situation.
M. Laforest (Alain) : Mais, lorsqu'on
va déconfiner, M. le premier ministre, en région, en zone froide, il va y en
avoir, des cas. Est-ce que vous serez capables d'avoir la capacité de traiter
ces gens-là en région?
M. Legault : Bien, c'est ça
qu'on veut s'assurer, c'est qu'on veut s'assurer que, s'il y a des gens qui
sont infectés puis qui ont besoin de soins, on ait cette capacité-là dans les hôpitaux.
Là, on l'a actuellement. Puis ça se fait graduellement. Le mot important, c'est
graduellement. Donc, à chaque jour, on va regarder les résultats. Puis, si on
voit que la pression est trop forte dans les hôpitaux, bien, on va ralentir le
déconfinement. On va y aller vraiment, là, selon le degré de contrôle qu'on a
dans les hôpitaux.
Le Modérateur
: Merci. Maintenant,
au tour de Geneviève Lajoie, Le Journal de Québec, Le Journal de
Montréal.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour, messieurs. Vous avez parlé de la situation encore dans les CHSLD, dans
les résidences pour aînés. M. Arruda, le Regroupement québécois des résidences
pour aînés s'inquiète de voir les enfants de leurs employés retourner à l'école
sachant qu'ils pourraient être infectés puis ramener le virus dans les
résidences pour aînés. Est-ce que vous demandez au personnel des CHSLD, des
résidences pour aînés, de ne pas envoyer leurs enfants à l'école ou à la
garderie?
M. Arruda (Horacio)
:
Mais ça, en tout cas, à ma connaissance, ça n'a pas été ramené comme étant un
critère comme tel parce que ça devient ce qu'on appelle un contact d'un
contact, là, quoique tout peut arriver. Puis les gens qui vont travailler en
CHSLD vont avoir... portent des moyens de protection comme tels. Donc, quelque
part, c'est que, si on commence à faire toute cette liste-là, on se
retrouverait avec des problèmes probablement de main-d'œuvre. Mais c'est sûr
qu'aussi ce qui est important, puis pour répondre aussi un peu à l'autre question,
les gens qui ont des complications et qui sont hospitalisés, c'est toujours
possible qu'il y ait des jeunes, là, mais les gens qui vont être en milieu de
travail ou relâchés, si vous permettez, comme travailleurs essentiels dans
certains milieux n'auront pas nécessairement des conditions importantes. On
essaie de ne pas avoir de gens en haut de 60 ans. Donc, s'il y a une
transmission, ça va être une transmission qui n'aura pas nécessairement autant
d'impact que ce qu'on a avec le drame qu'on a dans les CHSLD parce que c'est
des personnes à très haut risque.
Donc, dans les faits, actuellement, comme
on vous le dit, là, les consignes vont être assez claires. Et puis les gens qui
vont potentiellement... Et là il y a toutes sortes de débats sur la
transmission des enfants, là, est-ce qu'ils transmettent beaucoup ou pas. Habituellement,
l'influenza, on dit qu'ils transmettent beaucoup. Là, il semblait y avoir des
études ailleurs qui démontrent que non. Mais on va surveiller la situation de très,
très près comme telle puis surveiller aussi, éventuellement, s'il y a un enfant
qui est malade puis qu'il y a un travailleur de la santé qui est malade, on va
faire des interventions autour de ce cas-là.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Merci. M. Legault, on parle du déconfinement, du retour à la vie économique.
Est-ce que l'argent des Québécois qui sera utilisé pour la relance économique
pourrait aller à des entreprises installées ici, mais qui placent leurs profits
dans des paradis fiscaux? Si vous ne voulez pas ça, qu'est-ce que vous allez
faire pour empêcher ça?
M. Legault : Bien, ça
fait partie des critères qui vont effectivement être examinés, là. On veut que
les entreprises paient leurs impôts au Québec. Bon, il y a des cas
exceptionnels où, dans certaines industries, certains actifs, pour éviter la
double imposition, sont dans des pays où on permet de ne pas avoir, justement,
de double imposition. Donc, il faut le regarder cas par cas, là. Mais, de façon
générale, moi, je pense très important, si on aide une entreprise, qu'elle paie
ses impôts ici.
Le Modérateur
:
Prochaine question, Mathieu Dion, Radio-Canada.
M. Dion (Mathieu) :
Bonjour à vous deux. Déconfinement, donc, dans 11 jours. La situation
s'est détériorée, même, depuis mardi. Donc, 30 avril, là, à
13 h 35, là, oui ou non, est-ce que c'est réaliste d'avoir ce
déconfinement à Montréal dans 11 jours?
M. Legault : Bien, écoutez,
moi, je n'ai pas de boule de cristal, là, pour savoir où on va être dans
11 jours. Ce qu'on sait, c'est que la situation est relativement stable,
mais critique, mais on doit surveiller. On a trois hôpitaux à Montréal, là, qui
ont eu des problèmes. Bon, vous voyez, le nombre d'hospitalisations ne bouge
pas beaucoup, surtout dans les soins intensifs. Il faut que ça reste comme ça.
Il faut s'assurer aussi que le nombre de cas, les régions, mettons, ou les
sous-régions comme Montréal-Nord, que la situation redevienne sous contrôle
dans ce coin-là. Donc, je ne peux pas vous dire, là, mais ce que je peux aujourd'hui,
par contre, affirmer, c'est qu'avant d'ouvrir, le 11, les commerces puis
le 19, les écoles à Montréal, on va s'assurer que la situation soit sous
contrôle.
M. Arruda (Horacio)
:
Si vous me permettez, M. le premier ministre, ça serait intéressant de savoir
exactement qu'est-ce qui va se passer puis vous le dire, mais quand on veut que
les gens rouvrent, on veut qu'ils rouvrent dans des conditions différentes,
donc ils doivent se préparer. On préfère les laisser se préparer adéquatement
pour le 11. Si jamais c'est plus tard parce que les conditions ne sont pas
là, au moins, ils auront fait le travail qui est nécessaire.
C'est parce que si, dès maintenant, on dit :
On n'ouvre pas le 11, les milieux qui doivent se préparer... parce que
j'aimerais ça que vous compreniez, là, qu'on n'aura pas les mêmes garderies, on
n'aura pas les mêmes écoles puis on n'aura pas la même industrie manufacturière
qu'avant la crise. C'est véritablement un enjeu où on va vouloir maintenir au
maximum la distanciation sociale, protéger les gens s'ils ont des... pas
capables de respecter le deux mètres, si vous allez prendre le métro, vous
portez un masque ou un couvre-visage comme on vous l'a dit, là. Ça va être une
nouvelle, entre guillemets, société, et cette société-là doit se préparer
adéquatement.
Ça fait que je ne suis pas en train de
vous dire qu'on fait travailler le monde pour rien. De toute façon, à un moment
donné, il va falloir rouvrir le processus, que ça soit en septembre ou
maintenant. Et, à ce moment-là, les gens réfléchissent, les gens échangent des
perspectives pour rouvrir différemment, et je pense que c'est important.
Le Modérateur
: En
sous-question.
M. Dion (Mathieu) :
Dr Arruda, on en comprend donc que vous visez 14 500 tests par
jour. Ça fait quand même plusieurs jours que vous le dites. Là, comment vous
allez faire ça, là? Parce qu'on est toujours à 6 000, là. Présentez-nous
comment vous allez faire ça.
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, je ne vais pas rentrer dans le détail, parce que, sous peu, vous allez
avoir l'occasion de me poser des questions et que je puisse répondre à
plusieurs éléments. Mais déjà, par exemple, la situation qui se passe dans
Montréal-Nord, actuellement, la directrice de santé publique va ouvrir demain
ce qu'on appelle... non pas seulement des cliniques d'évaluation comme on a
fait récemment pour des cas, mais des cliniques de dépistage. Ça, c'est en
train de s'organiser, puis on est en train de faire le plan, avec toutes les
directions de santé publique, là... Puis c'est clair que, quand on va
déconfiner, on va tester les milieux qu'on va déconfiner de façon importante.
Comme je vous le dis, actuellement, on a une disponibilité de
14 500 tests qu'on pourrait mettre en «switch on» demain matin.
Il faut, par contre, utiliser les tests à
bon escient parce que, si on les fait n'importe comment, par exemple dans des
régions où il n'y a pas beaucoup de cas, le taux de positivité va être faible
et on n'aura pas... on a toujours maintenu des taux très élevés, à 15 %,
16 % de positivité, ce qui est un bon indicateur. Ça démontre qu'on
utilise le test dans les bons milieux.
Mais c'est clair qu'il va y avoir un
élargissement et ça va se faire non pas sur la base seulement de prise de
rendez-vous ou etc., mais des cliniques de dépistage rapide pour des gens qui
ont des symptômes ou des asymptomatiques dans certains territoires.
Le Modérateur
: Merci.
Prochaine question, Fanny Lévesque, La Presse.
Mme Lévesque (Fanny) : Oui,
bonjour. On apprend ce matin que Québec a failli être victime d'une fraude de
45 millions pour l'achat de masques N95. L'affaire s'est retrouvée devant
la Cour supérieure qui a finalement donné raison au CHU de Québec dans cette
histoire-là.
D'abord, est-ce qu'il y a eu d'autres cas
similaires, à savoir, est-ce que le Québec a déboursé de l'argent pour des
équipements qu'il n'a jamais reçus? Et est-ce que vous estimez que le CHU de
Québec, dans ce cas-ci, a bien fait sa vérification diligente?
M. Legault : Bon, selon les
informations que j'ai, il n'y a pas d'autres cas similaires. Je pense que les
chances sont quand même très bonnes de récupérer le montant total. La cour,
effectivement, a donné son accord pour que l'argent soit bloqué. Donc,
actuellement, l'argent est gelé, le fameux 45 millions. Donc, on pense que
les chances sont quand même très bonnes de récupérer l'argent.
Bon, maintenant, vous ne pouvez pas vous
imaginer les milliers de personnes qui nous ont appelés, au cours des dernières
semaines, en disant qu'ils pouvaient trouver des masques N95. Il fallait
effectivement, dans certains cas, avancer l'argent, même, dans certains cas,
comptant, mais en Chine. En tout cas, bref, je pense qu'on était dans une
situation spéciale puis, comme je vous dis, moi, je pense quand même que les
chances sont très bonnes qu'on récupère l'argent.
Le Modérateur
: En
sous-question.
Mme Lévesque (Fanny) : Oui.
J'aimerais revenir, M. Arruda, sur la stratégie de test. Ce matin, on
lisait qu'il y a certains experts québécois en santé publique qui estiment que
Québec ne rencontre pas encore les six critères dont vous avez parlé,
M. Legault, de l'OMS, pour le déconfinement.
Je comprends que ça va être annoncé,
peut-être, dans quelques jours, la stratégie de test, mais est-ce qu'on peut
avoir un aperçu de qu'est-ce qui sera annoncé? Quelle sera la stratégie? Est-ce
qu'il va y avoir une stratégie pour retracer les chaînes de transmission
également?
M. Arruda (Horacio)
:
Oui, écoutez, il faut comprendre, là, ce n'est pas parce qu'on déconfine qu'on
va arrêter ce qu'on appelle l'approche recherche de cas et contacts, là, qui
est la deux, troisième catégorie des éléments de l'OMS. Oui, on va être capable
de le faire. Dès qu'il y a une éclosion dans un milieu scolaire, puis qu'il y a
des symptômes, puis qu'on doit intervenir, on va intervenir. Dans certaines, on
va peut-être faire des tests aléatoires comme tels, on va voir, là. Oui, ça va
être fait.
Je comprends que les gens ne l'ont pas vu,
là, actuellement, mais on est en train d'attacher toutes les ficelles. Il faut
comprendre aussi qu'on va avoir des tests en région chaude, mais aussi des
tests en région froide, parce qu'on veut monitorer... est-ce que c'est en train
de s'installer ailleurs. On est en train d'avoir les capacités, là, parce que,
Dieu merci, on ne devrait plus avoir de problèmes de... en date d'aujourd'hui,
là. J'ai toujours dit que ce que je dis, c'est vrai en date d'aujourd'hui.
On ne devrait pas avoir de problème de réactifs ni de tiges ouatées, puis des
capacités de laboratoires, là, on est... Je ne veux pas annoncer des choses qui
sont en cours puis que je dois valider. Il va y avoir d'autres capacités de
laboratoires, de telle sorte qu'on va répondre aux critères de l'OMS, même si
des gens sur le terrain n'ont pas cette impression-là. Et, comme je l'ai dit,
au-delà de ce qui va être utilisé pour le traitement, hein, des patients... il
va y avoir des tests réservés à l'investigation des cas et des contacts, et des
tests réservés pour documenter ce qui est dans la population à gérer par les
directeurs de la santé publique, et, plus tard, les études séroépidémiologiques
qu'on va mettre en place.
Le Modérateur
:
Maintenant au tour de Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) :
Bonjour, M. le premier ministre, Dr Arruda. Il y a beaucoup de gens qui...
En fait, dans les régions, il y a comme une espèce de double sentiment. Les
gens sont heureux du déconfinement qui s'en vient, du fait qu'on va rouvrir les
régions. Ça va permettre une plus libre circulation. Mais, en même temps, ils
sont très inquiets que ce déconfinement-là puisse faire en sorte que des gens
de Montréal en profitent pour se rendre dans ces régions-là. Est-ce que vous envisagez,
compte tenu de la situation, dont vous avez dit, M. Legault, tout à
l'heure, qu'elle était critique, là, à Montréal, de confiner certaines régions
de Montréal pour éviter, justement, qu'il y ait cette espèce d'exode vers les
régions des gens qui sont dans des zones chaudes et qui iraient dans des zones
froides? Est-ce que ça, c'est envisagé?
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, le premier ministre l'a dit aussi, on enlève certains de barrages pour
des raisons de... faciliter aussi que les travailleurs essentiels, les
nouveaux, et les marchandises manufacturières puissent procéder. Mais on n'est
pas en train de vous dire : Bien, ça y est, là, Montréal, allez-vous-en
tous du côté de l'est du Québec parce que, là-bas, c'est le paradis, il n'y a
pas de virus. On n'en est pas là. Et si les gens ont l'impression qu'il va y
avoir des mouvements de cette nature-là puis qu'on va le faire à ce stade-ci,
la réponse, c'est non. Ça fait partie... Et je vous l'ai dit : Ce qu'on
déconfine? On déconfine des travailleurs essentiels ou des éléments essentiels,
dont la définition s'élargit, et de façon progressive. Mais, pour tout le
reste, ça demeure les consignes qu'on va faire et qu'on va ajuster. Parce que,
si on ouvre trop de feux en même temps ou qu'on met trop d'étincelles dans la
paille ou, si vous voulez, du propane, moi, je pense qu'on va avoir de la
misère à être capables d'éteindre les feux puis à contrôler les situations.
Ça fait que je sais que c'est très
difficile, parce que, si on... Parce qu'on se dit : Aïe! écoutez, si les
enfants peuvent aller à l'école, puis, s'ils peuvent se retrouver comme ça,
pourquoi moi, je ne peux pas y aller? Bien, c'est à cause de ça, c'est-à-dire
qu'on y va avec une... Puis n'oubliez pas, là, ce n'est pas des personnes à
risque qu'on met... En théorie, là, les gens qui ont des maladies chroniques,
puis etc., ils n'iront pas travailler, là, à moins de travail essentiel, ou
etc.
Ça fait que le message, c'est que, même...
Puis je vais vous dire, si on sent des mouvements, je l'ai dit ça au début, là,
si on sent que la population ne suit pas puis qu'on est en train de perdre le
contrôle, bien, hein, je peux vous dire qu'on peut revenir à un temps d'arrêt.
Puis je pense que ça, ça ne serait pas drôle parce qu'on va probablement se gâcher,
probablement, le mois de juillet, août, si on ne fait pas ces choses-là
adéquatement.
Le Modérateur
: En
sous-question.
M. Lacroix (Louis) : Mais
vous ne répondez pas directement à ma question. Ma question, c'est davantage de
dire : Est-ce que vous songez à confiner Montréal, à dire ou à empêcher...
On avait abordé ça en début de pandémie, là. Vous aviez dit d'ailleurs que
c'était une chose qui pourrait être possible éventuellement, de confiner
Montréal. Parce que, là, toutes les régions ont été confinées, la plupart des
régions, mais jamais Montréal. Alors, est-ce que l'inverse pourrait se faire?
Est-ce que vous songez... Est-ce qu'il y a un plan qui est examiné pour dire...
M. Arruda (Horacio)
:
Il faudrait avoir un indice précis d'un taux de transmission localisé à un
endroit. O.K.? Je ne sais pas si vous comprenez qu'est-ce que je veux dire.
C'est-à-dire que, si on démontre... parce qu'il faut voir que Laval est
aussi... On parle beaucoup de Montréal, là, mais Laval est aussi chaud que
Montréal. Il y a même des communautés similaires qui sont à Laval.
Ça fait que tout va dépendre de notre...
un, si c'est faisable, premièrement. Deux, si on a une épidémiologie
particulière, là, on pourrait effectivement confiner un quartier techniquement,
mais ça doit se discuter, notamment avec la directrice santé publique, puis il
faut avoir des raisons épidémiologiques de le faire. Mais, si ce confinement-là
est impossible, parce que déjà la zone est toute rouge, ça, c'est une chose.
Mais ce qu'on ne veut pas non plus, c'est que tout le monde de Montréal, comme
je l'ai dit, monte au nord puis s'en aille dans l'est.
M. Lacroix (Louis) : Mais il
n'y a pas de plan, là. Ce que je comprends bien, c'est qu'il n'y a pas de plan.
M. Arruda (Horacio)
:
Actuellement, on n'a pas cet indice-là comme quoi qu'on est rendu à ça.
Le Modérateur
: Merci.
Maintenant, la prochaine question nous provient de Marco Bélair-Cirino du
journal Le Devoir.
Quel est le nombre de lits occupés et
disponibles réservés aujourd'hui aux patients de la COVID-19, notamment dans
les unités de soins intensifs dans les centres hospitaliers du Grand Montréal?
Combien de lits seront mis de côté pour les patients déclarés positifs durant
le déconfinement?
M. Arruda (Horacio)
:
Attendez une seconde que je regarde ça.
Le Modérateur
: Prenez
le temps.
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a plusieurs lits, notamment,
autour de 1 588 qui sont avec des personnes qui sont... on appelle NSA,
là, qui ne sont plus activement dans l'hôpital et qui pourraient libérer de
l'espace. C'est ce qu'on a actuellement et on est en train de diminuer ça. Il y
avait, au cours des dernières données, une centaine de personnes qui étaient
COVID-19 positif, qui étaient dans une situation où elles pouvaient aller à
l'extérieur. Donc, ces personnes-là vont aller vers ce qu'on appelle des zones
de transition qui sont... puis on ne les remettra pas dans leur CHSLD rouge
puis etc., pour avoir des meilleurs soins.
Donc, actuellement, on a encore une
capacité, là, de 1 700 lits, si je me rappelle bien, à Montréal puis
aussi autour de plusieurs lits... il y en a 147 qui sont occupés actuellement,
en termes de soins intensifs, puis on a libéré 1 571 lits à Montréal,
actuellement.
Le Modérateur
: Merci.
Et, en sous-question, toujours pour Le Devoir. La Fédération
interprofessionnelle de la santé du Québec soutient que les infirmières sont
épuisées. Doit-on craindre une nouvelle pénurie de professionnels soignants
dans les CHSLD et les centres hospitaliers?
M. Legault : Bien, évidemment,
là, comme je le disais tantôt, le fait qu'on ait 10 500 personnes
absentes, ça met de la pression sur le réseau. Par contre, le fait qu'on a
ajouté 7 200 personnes par le site Je contribue!, plus les étudiants,
plus les soldats, ça enlève une partie de cette pression-là. Moi, ce que
j'espère, dans les prochains jours puis les prochaines semaines, c'est que,
dans le 10 500 personnes qui sont absentes... Il y en a quand même
plusieurs qui étaient comme en quarantaine, là, même si c'est pour 14 jours,
qui finissent leurs 14 jours. Donc, j'espère qu'ils vont revenir au
travail. Puis ça va aider les personnes qui sont au travail. Mais je comprends
très bien que les infirmières sont épuisées. Ils ont été à court de personnel
depuis longtemps. Donc, ils ont besoin de repos. Et on fait tout pour essayer
d'amener le plus de personnes possible dans les établissements.
Le Modérateur
: Merci.
Encore une fois, le temps file. So time now for questions in
English, and we'll start with Cathy Senay, CBC News.
Mme Senay (Cathy) : Good afternoon. Testing is a key part of the «déconfinement»
strategy, but we're missing details like key details, such as where will the
testing and analysis be done, who would do contact tracing. And how serious are
you when you say that all this strategy, in Montréal, for example, can be
scrapped by gatherings?
M. Arruda (Horacio)
:
In fact, you know, when you get gatherings which are, I would say, not
permitted, I think it would be more difficult to get the information for where
people were infected, you know. If we got a school where there is an infection,
if we got a workplace where there is an infection, it's going to be easier for
us to do our «enquête» and try to have the contact tracing and everything.
So, I don't know how much
people will collaborate and say : I was infected probably in that party
instead of this place and everything. So those cases are going to be
contaminating others and others. So it's why we want to know where it's open,
where people will have probably got the disease if they are notgetting it in the community. Imagine if we
get to analyze all those things. It's why, at the same time, you must
understand that the people that we are putting together on workplaces are
low-risk people. I don't ask people with immunocompromised disease to go to work the same way.
And the work is going to
be different from the way it was before. We will keep the two-meter distance or
have protective equipment. I'm not so sure that, in social things in houses,
meals together with two or three families, that the two... It's so not normal
to stay two meters away when you have a dinner that probably the risk there is going to be higher. And it's more close contact,
more long time together than it's going to be in the workplace.
Le Modérateur
: Second question.
Mme Senay (Cathy) : I would like to hear your strategy for Maisonneuve, Douglas and
Lakeshore, starting over again. I'm not quite sure I understood well.
And how can you guarantee
the hospital system, well, the situation is under control? I heard you saying it's critical when staff and
patients are still moving between hospitals, and, well, hotel rooms now, and
seniors' homes.
M. Legault :OK. For those three
hospitals, Maisonneuve-Rosemont, Douglas and Lakeshore, we're transferring
patients from these hospitals either to hotels, regular hotels like Best
Western or — what's
the name of the other one? — the Place Dupuis or at the Hôtel-Dieu also that has been reorganized
to receive those patients. So, that's the first move. It's done. Like, for
example, I think, at Maisonneuve-Rosemont, it's more than 70 patients that
we're moving. So, it helped the situation. It's not always easy. You know, Maisonneuve-Rosemont is like a
cross, so you have, in the middle, to be careful. We're washing, disinfecting
all the place before getting other patients coming in.
So, we're really putting
all the energy to make sure that the situation is under control and we're confident that in the next few days, at
those three hospitals, Maisonneuve-Rosemont, Douglas and Lakeshore, the situation will become under control.
Le Modérateur
: Thank you.
Mme Senay (Cathy) : ...hospital system, is it under control?
M. Legault : Bien... It's tighter. When I say that we have 1,600 beds that
are used, a good part of that is in Montréal. So, we have to be careful. I don't want tomorrow to have 3,000 or
4,000 people hospitalized. So, it's not easy, and the margin is tighter in
Montréal, so that's why it's
very important, between now and
May the 11th and May the 19th, to see the situation under control.
Le Modérateur
: Next question,
Samuel Pouliot, CTV.
M. Pouliot (Samuel) : Hi. Construction of the REM commuter train project is set to
resume, and shuttle buses will be used when the Mont-Royal Tunnel closes. With
the COVID pandemic, how can you ensure the safety of concerned passengers?
M. Legault
: Of the passengers?
M. Pouliot (Samuel) : Yes.
M. Legault
: Bien, we already said that, when you use buses, metro, that it's
better to wear a mask. If you cannot stay at two meters of the other people,
it's better that you have a mask. So this is a recommendation of the Public
Health.
M. Pouliot (Samuel) : And with the respect of the $ 45 million dollars that the
CHU Québec spent for N95 masks
that were not delivered, what safe cards are in place to prevent fraud like
this kind of purchases, especially when... raised by two banks? And why was the
purchase authorized without further verification?
M. Legault
: First, we have to understand that there was a special situation where everybody in the world were
looking for masks. Some sellers, vendors, they were looking for money before
delivering the goods. But I'm happy to see that the $45 million
dollars has been freeze, the court has permit that we
freeze the money, so we're confident that we will recuperate the $45 million.
Le Modérateur
:Thank you. The next
question is from Raquel
Fletcher, Global News, it's for Mr. Legault. Opening up the regions and
businesses has created confusion among people. Are you going too fast? What are
you going to do about all the questions people are now asking?
M. Legault
: I think that... The idea, when we tabled those plans was to give
the people the time to digest, to understand, to ask questions. So, some people, they think that we're opening tomorrow. It's not
the case. It will be done gradually in the next few weeks, first in regions,
after in Montréal. And if...
from now and the opening of the different companies or schools, if we see that
the situation is not under
control, we'll stop all that. So, it's really a plan to give the opportunity to
all people to put the right conditions in place for the protection of workers
and students.
Le Modérateur
:Thank you. And, as
a second question, the entire education community is nervous and confused.
Are we opening schools too quickly?
M. Legault
: I don't think so. For sure, in regions, the situation is under
control and there's no reason to believe that the situation will be different in six months from now. So, yes, there are some
risks. Children have a very low risk of getting bad consequences. So we're
doing... And we're putting in the balance also the fact that, for a child, not
going to school for six months, it's not good for the child.
Le Modérateur
: Now, the next question is from Phil Authier, Montreal Gazette, also for you, Mr. Legault. On Wednesday, you said 400 soldiers
were on their way to help in eight CHSLDs. Can you tell us how many are
actually working today in CHSLDs? Last week, you said the health care system
was short of a few thousands of workers. What is the status today? How many
vacant positions are there to fill?
M. Legault :OK, right now, we
have 10,500 people that are absent. We have 7,200 people that we've hired and
are working now coming from the Web site Je contribue!. We have 1,200 students
and teachers that are working right now in our system. We have 241 soldiers
that are working now in our system and we are supposed to get 276 more soon.
That's all what I have.
Le Modérateur
: Thank you. And now for Mr. Arruda, as a very last question. Many people are worried about the situation in Montréal North. Can you tell us what you know about the outbreak today? How
many people have died there? Is the situation out of control?
M. Arruda (Horacio)
:Actually, there is
a hot spot over there. I know that there is a quantity of people who are, I
would say, health workers, around 200. I think that's the number I have, but I
need to get more information from the investigation done by Montréal actually in that place. Probably
that the virus was introduced there through, I would say, workers working in
CHSLDs that were asymptomatic and came back. There is a higher risk of
vulnerability in that population because of the socioeconomic level, because of
the crowding of the people in families. That's all factors that make that
thing. But actually people are
being taken care... people... outbreaks... Families who have cases are
investigated to offer them care or understand and make them in quarantine if
needed. And there's going to be a specific, I would say, screening done
tomorrow and on the next days, specifically in Saint-Michel and around places there.
And there is also some issues in some communities in Laval.
Le Modérateur
:Thank you very
much. So, that's all the time we have.
Si
je comprends bien, nos rendez-vous ne seront plus nécessairement quotidiens?
M. Legault : Non, ça va être trois jours par semaine, là.
Le Modérateur
: Donc, on va se revoir lundi prochain.
Des voix
: ...
Une voix
: Merci.
M. Legault : Bien, merci à vous aussi, merci bien.
(Fin à 14 h 1)