(Treize heures trois minutes)
Le Modérateur
:
Mesdames messieurs, chers collègues, bienvenue à cette conférence de presse
pour faire le point sur la situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier
ministre du Québec, M. François Legault, est accompagné, comme toujours,
de la ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme Danielle McCann,
et du directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda.
M. le premier ministre, à vous.
M. Legault : Bonjour, tout le
monde. Écoutez, on va commencer par le bilan de la journée. On a
malheureusement 52 nouveaux décès, donc un total de 487 décès. Donc,
je veux offrir mes condoléances aux familles, aux proches, de ces victimes. On
a maintenant 14 860 cas confirmés, c'est une augmentation
de 612. On a 984 personnes hospitalisées, c'est une augmentation
de 48, et on a 218 personnes aux soins intensifs, c'est une
diminution de 12.
Évidemment, on continue de suivre de très
près la situation dans les CHSLD, on continue de demander à chacun des
CHSLD : Combien de personnes vous avez besoin? Puis, évidemment, essayer
d'envoyer le maximum de renfort possible dans les CHSLD.
Je répète, un peu, comme je le disais
hier, qu'il y a, quand même, en plus de la pénurie qu'on avait avant la crise,
beaucoup de personnes qui s'absentent, soit qui sont infectées, soit que leurs
conditions de santé ne leur permet pas de prendre ces risques-là ou soit,
carrément, dans certains cas, des personnes qui ont peur d'attraper la
COVID-19.
Donc, aujourd'hui, on est rendus à
1 382 absences, seulement dans les CHSLD publics, là, je pense que
c'est important, ce n'était peut-être pas clair hier, je parle seulement des
CHSLD publics. Donc, si on ajoute les CHSLD privés, si on tient compte aussi de
la situation, quand même, exceptionnelle qu'on vit actuellement, on peut dire
qu'il nous manque à peu près 2 000 personnes dans les CHSLD.
Et je veux, aujourd'hui, peut-être envoyer
un message encore plus clair à nos médecins, autant nos médecins spécialistes
que nos médecins de famille. Bon, j'entendais, ce matin, à l'émission de
Paul Arcand, pour ne pas la nommer, le président du syndicat des médecins
de famille et la présidente du syndicat des médecins spécialistes dire :
Bien, il ne manque pas de médecins dans les CHSLD, il manque d'infirmières, il
manque de préposés aux bénéficiaires. C'est absolument vrai. Le problème qu'on
a, c'est que ça n'existe pas, là, 2 000 infirmières ou préposés qui
sont disponibles à aller travailler demain matin dans les CHSLD. On ne peut pas
faire de magie, là, on ne peut pas les inventer, ces personnes-là.
C'est pour ça que depuis quelques jours...
puis là, je ne veux pas insulter les médecins, mais ce que je demande aux
médecins, c'est de venir aider dans les CHSLD. Je comprends qu'il ne manque pas
de médecins, mais ils peuvent venir aider à faire du travail d'infirmières,
puis on peut peut-être demander aux infirmières de faire le travail de
préposés. Mais on manque de bras actuellement dans les CHSLD puis on a des
médecins qui, veux veux pas, ont une formation de généralistes, là. Je
comprends qu'ils sont surqualifiés pour faire le travail d'infirmières dans les
CHSLD, sauf qu'à partir du moment où on n'a pas personne d'autre, bien, on
demande aux médecins spécialistes et aux médecins de famille de venir aider
dans les CHSLD. Donc, c'est important de le faire. Je comprends… Actuellement, il
y a beaucoup de médecins de famille qui font du télétravail. Bon, il y en a un
certain nombre aussi qui sont dans les CHSLD, mais ça en prend plus pour venir
aider les infirmières puis les préposés.
Du côté des médecins spécialistes,
j'entendais la présidente du syndicat, ce matin, dire : On a des
anesthésistes, beaucoup de monde qui sont à ne rien faire actuellement puisque
les chirurgies ont beaucoup été reportées. Mais, moi, ce que je demande aux médecins
spécialistes, c'est de venir dans nos CHSLD, aider à donner des soins, aider à
nourrir les résidents, aider à les laver, aider à les soigner, aider les
infirmières. Je pense que c'est important, là. Ils ont une compétence. Je
comprends que ce n'est peut-être pas drôle de demander à des spécialistes de
venir s'occuper de patients à la place d'infirmières, mais il nous manque d'infirmières,
il nous manque de préposés. Puis j'entendais la présidente du syndicat,
Mme Francoeur, dire, ce matin : On n'est quand même pas pour demander
aux médecins spécialistes de laver des planchers. Bien, on ne leur demande pas
de laver des planchers, là. Ce qu'on demande, c'est d'aider les infirmières,
qui vont pouvoir aider les préposés, qui vont pouvoir aider à s'assurer que
tout est propre puis que tout est bien nettoyé. Mais on a besoin...
Puis moi, je veux, aujourd'hui, faire
appel au sens du devoir, au sens des responsabilités des 20 000 médecins
qu'on a au Québec. Puis je pense surtout aux spécialistes, là, qui ont moins de
travail étant donné qu'on a reporté les chirurgies. Est-ce qu'on est capables
d'en trouver 2 000, médecins qui sont capables, pour quelques semaines,
temporairement, de venir aider dans les CHSLD? Vous avez la compétence. Les
choix qu'on a, c'est d'envoyer du monde qui ne sont pas du tout qualifiés aller
faire du travail de préposés ou d'infirmières. Moi, je me dis : On a des
médecins, là, entre autres les médecins spécialistes, qui ont les compétences,
les connaissances de base pour venir aider nos aînés.
Donc, je vous demande un effort spécial de
venir dans nos CHSLD prendre soin de nos aînés. On a besoin de vous autres, là.
Je veux dire, je ne sais plus comment le demander, ça fait trois jours que je
le demande, là, aux médecins, mais on a besoin de vous autres dans les CHSLD
pour faire toutes sortes de travail, là, mais incluant du travail qui habituellement
est fait par des infirmières.
Je termine, bon, en disant : Oui,
depuis quelques jours, on parle beaucoup des CHSLD puis des problèmes dans
certaines résidences, mais il ne faut pas oublier de continuer de respecter les
consignes dans nos maisons, dans le reste de la vie en général, là. Le fait
qu'on a respecté les consignes, dans les dernières semaines, ça a déjà permis
de sauver des centaines de vies au Québec. Donc, ce n'est pas le temps de
relâcher à l'extérieur des CHSLD, ça veut dire dans nos maisons dans tout le
reste de notre société. On est en train de passer au travers. Oui, on s'occupe
spécialement des CHSLD, mais c'est important de continuer à suivre les
consignes.
Puis, bien, je veux juste dire aux
Québécois quand même que les choses se stabilisent dans les hôpitaux, puis
qu'on va finir par passer au travers, puis que le beau temps va revenir. Merci.
Le Modérateur
:
Maintenant en anglais.
M. Legault : Good afternoon. We continue to follow very closely the situation in senior
residences, but we're still lacking personal. Today, I'm asking every available
physician, generalist or specialist to come and help us. We need you to do the
basic work. I appeal to your sense of duty to help us take care of the elderly.
To the rest of the
population : The situation will get better. Courage, everyone, good days
will return. Thank you all.
Le Modérateur
: Merci.
Alors, pour la période des questions en français, nous allons débuter
aujourd'hui avec Isabelle Porter, du journal Le Devoir.
Mme Porter (Isabelle) : Oui.
Bonjour, tous les trois. Concernant les médecins, on vous sent un peu
impatient, tout ça. Est-ce que le fait que vous n'ayez pas la réponse que vous
souhaitez peut être lié au fait, par exemple, qu'il n'y ait pas encore d'entente
signée sur la rémunération des médecins spécialistes depuis quelques semaines?
Puis je voudrais… je reviens avec une question que j'ai déjà posée : Un
médecin spécialiste qui fait une tâche de préposé dans un CHSLD, il est payé
combien pour le faire?
M. Legault : Bon, écoutez, je
pense que les questions des rémunérations, là, on va les régler à la
satisfaction de tout le monde, là. Mais ce que j'ai compris des entrevues des
deux chefs de syndicat ce matin, c'est qu'on dit : Bien, voyons, le premier
ministre nous demande d'aller dans les CHSLD, mais il ne manque pas de médecins
dans les CHSLD. On est d'accord là-dessus, mais il nous manque d'infirmières
puis de préposés, puis les médecins ont quand même une formation où ils
seraient capables de nous aider à faire ce travail-là.
Donc, peut-être que c'est moi qui n'a pas
été assez clair dans les dernières journées, là. Je pense qu'aujourd'hui je le
suis, très clair, là. On a besoin, là, idéalement, de 2 000 médecins,
que ce soient des omnis ou des spécialistes, qui viennent soigner le monde, qui
viennent laver les patients, qui viennent nourrir les patients, qui viennent
faire le travail qui habituellement est fait par des infirmières. Donc, on
trouvera le moyen de les rémunérer, là. Moi, je pense qu'ils ne doivent pas
s'inquiéter avec ça.
Mme McCann : Non, absolument
pas, ouis je pense que je peux confirmer, là, que l'entente a été signée hier
soir, là. Elle vient d'être signée. Ça fait qu'avec les spécialistes, il n'y a
aucun problème.
Puis moi, ce que je dirais, là, là-dessus,
en complément de M. le premier ministre, c'est qu'on a connaissance, nous, de
beaucoup de médecins généralistes, spécialistes, qui vont en mission
humanitaire à l'extérieur du Québec, hein, en Afrique, dans plusieurs pays. Ils
vont aider, ils se dévouent beaucoup. Bien, moi, ce que je veux leur dire
aujourd'hui, ce qu'on leur dit aujourd'hui, c'est que la mission humanitaire,
là, elle est au Québec, elle est en CHSLD, et on veut que nos médecins viennent
en mission humanitaire dans les CHSLD pour nos aînés, ceux qui ont bâti le
Québec.
Le Modérateur
:
Sous-question?
Mme Porter (Isabelle) : Oui,
une question concernant les réactifs. On a des informations comme quoi le
nombre de tests aurait grandement diminué dans les derniers jours par maque de
réactifs au Québec. Je voudrais avoir des informations là-dessus, là. Où est-ce
qu'on en est par rapport à ça?
M. Legault : Je vais vous
donner le chiffre exact dans une minute, là. Réactifs, effectivement, on en a pour
trois jours, mais, comme j'ai expliqué, on est en discussion avec Winnipeg, qui
a reçu la recette d'une compagnie française, puis on est en train de pouvoir
bâtir nous-mêmes le réactif. Donc, on ne pense pas qu'il y aura de problème.
Donc, ce n'est pas une raison qui
expliquerait pourquoi il y a moins de tests. Je pense qu'on est en train de se
concentrer à tester beaucoup les gens, autant le personnel que les résidents
dans les CHSLD, donc peut-être qu'on a déplacé les endroits où les tests sont
faits. Donc, c'est peut-être pour ça qu'il y en a moins ou un nombre différent,
mais on continue de faire des milliers de tests à chaque jour.
Mme McCann : Oui, puis c'est
resté quand même à un niveau habituel. On était à 6 000 quelques hier.
Donc, on continue la cadence, là, au niveau des analyses.
M. Legault : Puis je suis,
là... De mémoire, là, on a au moins 14 000 tests par million
d'habitants. On est un des endroits au monde où on a le plus testé.
Le Modérateur
: Très
bien. Donc, prochaine question, Hugo Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui,
bonjour. Je voudrais être certain de bien comprendre le problème de manque de
personnel parce qu'il y a aussi près de 40 000 personnes qui avaient
signalé un intérêt sur le site Je contribue!, je crois. On nous dit qu'il y a
des gens normalement qui sont affectés à des soins à domicile et qui se sont
portés volontaires qui n'ont toujours pas été rappelés. Même chose aussi, tout
à l'heure, la ministre fédérale de la Santé indiquait qu'ils avaient une banque
avec, je pense, un millier de noms de gens qui parlent français et qui seraient
prêts à venir donner un coup de main ici au Québec. Donc, de part et d'autre,
on entend des échos de gens qui nous disent qu'ils sont prêts à venir
contribuer, mais, d'autre part, vous nous dites qu'il y a un problème,
visiblement, sur le terrain. Alors, comment se fait-il qu'on ait tant de
difficulté à faire atterrir tous ces gens-là qui veulent aider et qui
n'arrivent pas à le faire, visiblement?
M. Legault : O.K. Bon,
effectivement on réussit à aller chercher un peu de personnes à gauche, à
droite, soit qu'ils n'ont pas fini tout à fait leur formation, soit qu'ils
étaient retraités puis que, là, via le site Je contribue!, sont maintenant
disponibles, mais on va continuer à regarder ceux qui donnent des soins dans
des entreprises d'économie sociale. Donc, on regarde tout ça, mais là on a
besoin de 2000 personnes, puis on pense, entre autres chez les
spécialistes, là, qu'il y en a au moins 2000 qui, actuellement, à cause du
report des chirurgies, seraient disponibles pour venir régler le problème
rapidement le temps qu'on mette ça en place.
Concernant le fédéral, on a demandé
effectivement au fédéral combien il y a de personnes qualifiées parce qu'on ne
veut pas non plus entrer du monde qui n'ont pas de qualifications. Et je viens
de voir en même temps que vous, là, il y a quelques minutes, sur Twitter, la
ministre qui dit : On aurait peut-être 1000 personnes qualifiées à
envoyer. Donc, si c'était le cas, là, bien, il serait le bienvenu
effectivement. Donc, on a demandé au fédéral combien il pouvait nous envoyer de
personnes qualifiées qui pourraient aller dans les CHSLD donner un coup de
main. Puis, évidemment, ils sont les bienvenus.
M. Lavallée (Hugo) : Puis je
veux être certain aussi de bien comprendre puis de bien décoder ce que vous
nous dites sur les médecins. Vous parlez d'un côté des médecins omnipraticiens,
de l'autre part, des médecins spécialistes. Est-ce qu'on doit comprendre qu'en
ce moment il y a comme une espèce de chicane de docteurs qui fait en sorte
qu'on n'arrive pas à avoir les gens sur le terrain? Puis, vous parliez d'une
entente, est-ce qu'on peut avoir des détails sur ce que ça prévoit l'entente
signée hier soir?
M. Legault : .Oui, bien,
j'écoutais ce matin les deux présidents de syndicat. Le président des médecins
de famille disait : Bien, tous les médecins de famille qu'on a besoin dans
les CHSLD, on les a envoyés. Mais il y a un manque d'infirmières puis de
préposés. Puis là la présidente du syndicat des spécialistes disait :
Bien, nous, les spécialistes, on est prêts à aller remplacer les médecins de
famille. Mais, pour l'instant, il y a assez de médecins de famille. Ce n'est
pas ça qu'on dit, là. On demande autant aux spécialistes puis aux médecins de
famille de venir nous aider à faire du travail d'infirmière parce qu'on n'en
trouve pas, des infirmières.
Donc, je comprends qu'ils sont
surqualifiés pour faire ça, là, mais ce n'est pas vrai, là, comme dit la
présidente du syndicat, là, qu'on veut leur faire laver des planchers, là. On
veut avoir des bras, mais des gens qui ont quand même une formation de base. Je
pense que les médecins spécialistes puis les médecins de famille ont une
formation de base où ils sont capables de faire pas mal ce qu'une infirmière habituellement
fait. Mais il nous manque d'infirmières. Donc, c'est peut-être là qu'on s'est
mal compris, là. En tout cas, moi, je pense, je suis un gars habituellement
clair, là, mais peut-être que je n'ai pas été assez clair dans les derniers
jours.
Le Modérateur
: Est-ce
que Mme McCann voulait répondre à la dernière partie de sa sous-question?
M. Legault : Oui, bien,
l'entente, qu'est-ce que ça dit, l'entente?
Mme McCann : Oui. Ah bien,
l'entente... Écoutez, on a une entente avec les spécialistes puis on a une
entente aussi avec les généralistes, les médecins généralistes. Alors, ces
ententes-là prévoient des rémunérations adaptées, dans le contexte de la
COVID-19, à l'intérieur de leur enveloppe. Ce n'est pas une rémunération
additionnelle, là, c'est une rémunération qui est ajustée à l'intérieur de
l'enveloppe de la FMSQ et de la FMOQ.
Le Modérateur
: Merci.
Prochaine question, Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. le premier ministre, Mme McCann, M. Arruda. Justement sur cette
rémunération-là, c'est parce que je veux juste... parce que je pense que ça va
rejoindre un peu les questionnements de mes deux collègues, là. Vous demandez à
ces médecins-là de rentrer dans les CHSLD et faire le travail que font normalement
les préposés aux bénéficiaires, les infirmières, etc. Est-ce que ça pourrait
arriver que ces gens-là gagnent un salaire démesuré par rapport à leurs
fonctions? C'est-à-dire qu'on ne veut pas avoir quelqu'un, une infirmière par
exemple, qui gagne un montant d'argent, puis à côté tu as un médecin
spécialiste qui fait le même travail qu'elle puis qui gagne 15 fois plus,
là. Est-ce que c'est ça que ça veut dire? Est-ce qu'il va y avoir une
rémunération comme ça pour les médecins spécialistes, les médecins qui vont
aller faire un travail dans les CHSLD?
M. Legault : Bon, d'abord,
l'enveloppe qui est prévue pour les spécialistes puis les omnis devrait être
dépensée, pas plus, pas moins. Maintenant, est-ce qu'on demande à certains
médecins spécialistes d'aller faire du travail d'infirmière, d'être payés plus
cher qu'une infirmière pendant qu'ils font le travail d'une infirmière? Bien
oui, parce qu'il y a une urgence nationale. L'urgence nationale, là, c'est
qu'il nous manque d'infirmières puis de préposés dans les CHSLD.
Puis moi, j'aime mieux avoir des médecins
qui viennent faire du travail d'infirmières dans les CHSLD que d'avoir des
médecins spécialistes qui sont à l'hôpital devant des lits vides parce qu'on a
reporté des chirurgies. Puis je comprends qu'on ne pourra pas les reporter
indéfiniment, mais on peut peut-être... on les a reportés depuis quatre
semaines, on peut peut-être les reporter encore pendant quelques semaines, le temps
qu'on règle l'urgence nationale qu'il y a dans les CHSLD.
M. Lacroix (Louis) : Mon
autre question, c'est parce que ça a été abordé ce matin dans la conférence de
presse avec M. Trudeau. M. Trudeau a dit qu'il était en discussion
avec vous au sujet de l'armée. Les Forces canadiennes ont du personnel médical.
Ils ont des infirmiers qui sont qualifiés. Ils ont également des médecins qui
sont qualifiés, qui peuvent faire un travail d'urgence, là. C'est leur mode de
travail, là, eux interviennent dans des situations d'urgence. Est-ce que vous
avez demandé à ce que des médecins, infirmiers militaires interviennent,
M. Legault?
M. Legault : Bon, ce que
j'ai demandé, c'est combien ils pourraient nous envoyer de personnes de l'armée
qui ont des qualifications en santé, O.K.? Jusqu'à il y a quelques minutes, je
n'avais pas la réponse. Là, je viens de voir sur Twitter qu'il y en aurait
peut-être 1 000. Tant mieux. Mais, nous, ce qu'on a demandé, c'est :
Est-ce que vous avec du personnel de l'armée qualifié qui pourrait être capable
de venir faire le travail, par exemple, d'infirmières dans nos CHSLD? C'est ça
qu'on a demandé. Puis on est ouverts à recevoir du personnel qualifié qui
vienne de l'armée pour aller aider dans les CHSLD.
Le Modérateur
: Merci.
Maintenant, au tour de Patrick Bellerose, Journal de Québec, Journal
de Montréal.
M. Bellerose (Patrick) :
Oui. Bonjour à tous. M. Legault, vous le dites même depuis plusieurs jours, la
crise actuelle met en lumière le manque de ressources grave dans les CHSLD.
Après la crise, est-ce que vous comptez augmenter le nombre de préposés aux bénéficiaires
et d'infirmières par résident et créer des ratios minimums pour assurer une
qualité de soins aux aînés?
M. Legault : Bon, comme
j'ai déjà expliqué, oui, il va falloir faire une grosse réforme. Cette
réforme-là va commencer par une négociation sur la rémunération parce que, là,
il y a deux problèmes. Un, la rémunération n'est pas assez incitative pour
qu'il y ait assez de préposés aux bénéficiaires. Puis, deuxièmement, parce
qu'il n'y a pas assez de préposés aux bénéficiaires, le travail devient
beaucoup plus difficile pour ceux qui sont là, et donc moins attirant encore
parce qu'il y a cette pénurie.
Donc, tout commence par d'abord augmenter
les salaires. J'ai compris, en lisant certains tweets du Dr Barrette,
qu'il a essayé en 2015 de négocier ça avec les syndicats, qu'il n'a pas réussi.
Bien, moi, je veux réussir à négocier avec les syndicats, qu'on augmente
davantage le salaire des préposés aux bénéficiaires, en particulier dans les
CHSLD, que les autres groupes d'employés. Mais ce n'est pas simple.
M. Barrette nous dit qu'il l'a essayé en 2015 puis il n'a pas réussi.
Nous, on espère réussir dans la négociation actuelle.
M. Bellerose (Patrick) :
D'accord. Ma question était plus précisément, par contre, sur le nombre de
préposés aux bénéficiaires par patient et sur le nombre d'infirmières aussi par
patient. Donc, est-ce que vous pourriez créer des ratios minimums pour assurer
un minimum de qualité de soins aux aînés?
M. Legault : Bon, je
reviens à mon cher ami, le Dr Barrette, qui nous dit qu'en 2015, quand il
a essayé de négocier les ratios, ça avait coûté 1,2 milliard au
gouvernement. Donc, à un moment donné, il y a sûrement une négociation à avoir
sur des ratios, mais commençons juste par combler tous les postes qui sont
affichés. Déjà, il y aurait une grosse amélioration. Est-ce qu'on doit aller
encore plus haut? Je ne l'exclus pas.
Le Modérateur
: Merci.
Prochaine question. Hugo Pilon-Larose, La Presse.
M. Pilon-Larose (Hugo) : La
rémunération des médecins, c'est quelque chose qui est quand même complexe à
expliquer et à comprendre quand on n'est pas de ce milieu-là. Selon l'entente,
ils vont être payés combien, les médecins spécialistes qui vont venir aider
dans les hôpitaux... dans les CHSLD pour faire le travail des infirmières? Mais
aussi, comment se fait-il qu'aujourd'hui vous devez quasiment vous mettre à
genoux pour les supplier de venir dans le réseau? Est-ce que l'état d'urgence
sanitaire ne vous donne pas des pouvoirs qui vous permettraient d'assigner
certaines tâches aux médecins?
M. Legault : Bon, d'abord, je
veux peut-être, sans faire toute la genèse, là, de la rémunération des
médecins... Rappelons-nous, on a comparé avec le reste du Canada, on a un écart
d'à peu près 10 %, ça veut dire qu'autant nos spécialistes que nos
omnipraticiens gagnent 10 % de moins que dans le reste du Canada, en
moyenne, O.K.? Donc, ça, cette rémunération-là est correcte.
Là, on leur demande quelque chose de
spécial, de venir faire des tâches qu'ils ne font pas d'habitude. Mais la
rémunération qui est prévue, puis là Danielle pourra compléter, va être versée.
C'est nous qui leur demandons, de façon exceptionnelle, pour quelques semaines,
de venir faire des tâches exceptionnelles dans les CHSLD.
Mme McCann : Oui, bien,
écoutez, sans donner tout le détail, là, parce que je n'ai pas tout le détail à
l'esprit, mais quand même vous donnez quelques grandes lignes. Par exemple, la
rémunération à l'acte, hein, c'est ce qu'il y a majoritairement pour nos
médecins, mais dans le contexte, là, de la COVID-19, on a aussi une modalité de
forfait qui serait mieux adaptée dans un contexte, par exemple, de CHSLD, là,
où ils viendraient travailler dans un contexte de COVID-19.
L'autre chose, c'est que les médecins, en
général, et ça, ça vaut pour la FMOQ puis la FMSQ, n'étaient pas rémunérés dans
le passé pour faire des actes par téléphone ou par téléconsultation. Alors, là,
on va les rémunérer. Ça, c'est aussi un autre aspect important de cette entente,
puis il y en a d'autres aussi, de ces ententes.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Sur
un autre sujet, les préposés aux bénéficiaires dans les CHSLD, des fois, ils
peuvent se faire refuser un emploi s'ils ont des antécédents criminels, et là,
on apprend que le président d'entreprise qui est à la charge du CHSLD Herron a
toute une feuille de route, notamment, a été condamné pour complot
d'importation de drogue et de fraude. Je ne sais pas par où commencer, mais,
d'abord, est-ce que vous faites une enquête pour savoir s'il y a d'autres cas
similaires, dans d'autres CHSLD privés au Québec? Est-ce que c'est acceptable?
M. Legault : Non, ce n'est pas
acceptable. Puis j'ai demandé, d'ailleurs, qu'on revoie, là, les informations
qui sont sorties, mais ce n'est pas acceptable. Comme vous le dites, on
s'assure que les employés n'ont pas de passé criminel, mais on aurait peut-être
accepté que des dirigeants, des propriétaires de CHSLD aient un passé criminel.
Donc, j'ai demandé qu'on revoie tout ça, là, mais c'est inacceptable.
Le Modérateur
: Merci.
Maintenant, au tour d'Alain Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) :
Madame, monsieur, M. le premier ministre. Actuellement, selon les informations
dont je dispose, il y aurait 900 infirmières disponibles dans les groupes
de médecine familiale qui ne sont pas déployées. Pourquoi?
Mme McCann : Bien,
écoutez, les groupes de médecine familiale, ils ont encore des activités, hein?
Les GMF-R, entre autres, là, ils ont encore des activités. Ils sont ouverts,
là, pendant 12 heures, là, à travers le Québec, en tout cas plusieurs
d'entre eux. On a également déployé des cliniques d'évaluation. Ça, c'est des
cliniques spécialement dévolues à des gens qui ont des symptômes grippaux.
Donc, ça peut être de tout ordre. Alors, il y a des infirmières dans ces
cliniques-là. Alors, ces infirmières-là ont été déployées dans ces cliniques,
entre autres.
M. Laforest (Alain) :
Vous dites, M. le premier ministre, qu'il va falloir reporter certaines
chirurgies. Ce qu'on entend actuellement, c'est qu'on a
30 000 chirurgies d'annulées. Si on se rend à la Saint-Jean-Baptiste,
ce sera 50 000. Est-ce qu'on ne risque pas de vivre une autre crise d'un
autre genre à l'automne parce que, justement, il va y avoir trop de chirurgies
et que le système ne sera pas capable de le prendre, là?
M. Legault : Bon,
effectivement, je reviens toujours à ma balance des inconvénients, c'est vrai
que, si on demande à un certain nombre de médecins spécialistes de venir pour
quelques semaines nous prêter main-forte dans les CHSLD, ça va vouloir dire que
des chirurgies vont être reportées. Mais il doit y avoir moyen de trouver un
équilibre. Là, actuellement, on a 6 000 lits qui étaient disponibles.
On en a besoin de 1 000. Donc, il y a moyen de trouver un juste milieu où
certains médecins pourraient recommencer éventuellement à faire des chirurgies,
mais il y a une urgence, là. Il y a une urgence nationale : besoin des
médecins spécialistes dans les CHSLD le temps de reprendre le contrôle de la
situation.
Mme McCann : Et, en plus de
l'urgence, en complément, il faut se rappeler qu'on est serrés au niveau des
médicaments qui sont requis au niveau des chirurgies, tous les médicaments au
niveau de la sédation, entre autres, là. Donc, il faut être très prudent par
rapport à reprendre les chirurgies électives. C'est sûr que les chirurgies
urgentes sont faites. Et les semi-urgentes, là, évidemment, on a fait des
avancées là-dessus, comme je l'ai dit il y a quelques jours. Mais il faut faire
attention au niveau, là, des médicaments à ce moment-ci.
Le Modérateur
: La
prochaine question, Olivier Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) :
Bonjour à vous trois. D'amener les ressources des soins à domicile dans les
CHSLD, est-ce que ce n'est pas risqué compte tenu qu'il y a déjà 26 % ou
27 %, je crois, des décès qui sont à domicile? Est-ce qu'on risque de
juste déplacer le problème?
Mme McCann : Bien, on ne le
déplace pas, non, pas du tout. En fait, les services à domicile sont assurés
maintenant, hein? Il faut qu'ils soient maintenus et il faut qu'ils soient
préservés, les services à domicile, pour les personnes qui sont à domicile.
D'ailleurs, je pense que les gens… Je rencontrais quelqu'un, hier, qui était la
fille d'une personne qui reçoit ces services, qui était tellement
reconnaissante parce que ça la maintient à domicile… les préposés, entre
autres, et les infirmières. Alors, ce qu'on a fait, là, c'est qu'on a diminué
certains services non essentiels, par exemple l'aide domestique. Alors, à part
ça, là, les services maintien à domicile sont maintenus et vont être maintenus.
Ils sont cruciaux.
Ce qu'on dit, c'est qu'il y a justement
les entreprises d'économie sociale qui étaient beaucoup utilisées pour donner
des services d'aide domestique à domicile, qui elles, ces ressources-là, sont
disponibles. Et on est en train, là, de façon très, très accélérée, d'attacher
quelque chose, là, avec les EESAD, très, très rapidement, parce qu'on a quand
même des centaines de personnes, là, qui seraient disponibles pour venir nous
aider au niveau des soins de base, là, dans les CHSLD. Donc, on ne touche pas
aux services de maintien à domicile.
M. Bossé (Olivier) : Côté
économique, M. Legault, vous aviez qualifié ça, je crois, d'injustice, les
petits commerces qui doivent fermer alors que les Walmart, les Costco
continuent à vendre des produits non essentiels. Est-ce que c'est envisagé,
étudié, d'empêcher les grandes chaînes de vendre des produits non essentiels?
Ou comment ça va pouvoir faire la balance?
M. Legault : Non, ce qu'on est
en train de regarder avec la santé publique, c'est plutôt le contraire,
c'est-à-dire de permettre aux petits commerces de recommencer à pouvoir vendre
leurs produits, surtout les petits commerces qui se font faire une compétition
un peu injuste par les grandes surfaces. Donc, on est en train, avec le Dr
Arruda, de mettre en place des consignes pour qu'entre autres le deux mètres
soit respecté, mais on est en train de regarder, là, prochainement, pour
réouvrir ces commerces.
Le Modérateur
: Merci.
Au tour de Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous trois. Je vais commencer avec une question d'une collègue. Vous
avez dit hier que toutes les 2 600 résidences ont été inspectées.
Combien d'inspections et quelles sortes d'inspections ont été réalisées, l'an
dernier, dans les résidences pour personnes âgées?
Mme McCann : Bien, écoutez, ce
que je peux vous dire, là, c'est que, vous avez vu, le tableau, là, des
résidences qui ont des priorités, hein, les rouges, les oranges et les jaunes,
si je peux le dire comme ça — il est sur le site — ces
résidences ont été inspectées. Et les 2 600, là, on est en processus
accéléré, là, on est déjà en action à travers toutes les régions du Québec pour
les inspecter. Alors ça, c'est en train de se faire, là, mais celles que vous
avez sur le tableau, qui sont celles qui sont sous surveillance — plus
ou moins, là, parce que celles qui sont, évidemment, dans le rouge sont très
surveillées — elles sont toutes inspectées.
Et l'année dernière, d'ailleurs, ma
collègue, Mme Blais, la ministre responsable des Aînés et des Proches
aidants a demandé de rehausser le nombre d'inspecteurs, hein, qui allaient dans
les CHSLD. Ça a été fait par la ministre responsable des Aînés et des Proches
aidants l'année dernière, et il y a eu davantage de visites des inspecteurs
dans les CHSLD grâce à cette décision l'année dernière.
M. Bergeron (Patrice) : M. le
premier ministre, la prochaine question s'adresse à vous. Les Québécois ont
entendu votre appel aux médecins, qui semble être un appel désespéré parce que
vous dites que vous ne savez plus comment le faire et vous venez de dire que
vous essayez de reprendre le contrôle de la situation. Donc, la situation est actuellement
hors contrôle dans les CHSLD au Québec?
M. Legault : Bien, pas... je
dirais, là, puis je l'ai répété souvent, dans la grande majorité des
résidences, c'est sous contrôle. Il y en a un certain nombre, là, puis vous
avez eu la liste selon le degré, là, de problèmes, — rouge, orange et
jaune — où, là, il manque de personnel, et c'est ce qui explique,
surtout, là, la perte de contrôle. Parce que, déjà, il manquait du personnel.
Avec les personnes qui sont infectées à la COVID, bien là, il faut mettre des
procédures additionnelles : zones chaudes, zones froides, s'assurer que le
personnel ne passe pas d'une zone froide à une zone chaude, etc. Donc, ça prend
encore plus de personnel. Donc, oui, il y a du travail à faire pour donner,
entre autres, tout le personnel qui est nécessaire dans les CHSLD puis en
particulier ceux dont vous avez la liste.
Le Modérateur
: Merci.
Le temps nous permet de prendre deux ou trois questions additionnelles.
M. Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) : Au niveau...
Vous venez juste de parler, M. le premier ministre, ça fait que peut-être que
Mme McCann qui va pouvoir répondre, là, de zones chaudes, de zones
froides. À ma connaissance, l'Hôtel-Dieu va être transformé en hôpital COVID,
c'est bien ça?
Mme McCann : On a l'intention
de faire...
M. Laforest (Alain) : Et
comment ça va fonctionner, là, zones chaudes, zones froides? Puis est-ce que
vous assez de personnel pour éviter la transmission, c'est-à-dire que les gens
passent d'une section à l'autre puis aillent contaminer...
Mme McCann : Oui. Bien,
regardez, d'ailleurs, je peux vous dire qu'à travers le Québec, là, j'ai
dénombré une vingtaine de sites qu'on appelle non traditionnels, un peu comme
l'Hôtel-Dieu le serait, là, ce n'est pas encore ouvert, l'Hôtel-Dieu, mais
j'espère qu'on va réussir à l'ouvrir parce que je pense qu'il y a un besoin,
mais c'est un besoin de personnel qu'on a. Et souvent, dans ces sites non
traditionnels, on va amener des gens qui sont ou bien non atteints par la COVID-19,
avec le personnel adéquat, ou bien on a une zone tiède, qu'on appelle, là, des
gens qui ont été en contact ou qui reviennent de l'hôpital, mais qui ne peuvent
pas aller dans le CHSLD, puis on va les mettre dans une zone tiède pour une
période, là, évidemment, de 14 jours pour être sûrs, là, que tout est
correct.
Alors, évidemment, l'enjeu... Et là aussi
on a eu des discussions... j'ai eu des discussions avec Dre Francoeur, et on
pourrait ouvrir davantage de sites non traditionnels, comme l'Hôtel-Dieu, ou on
aimerait l'ouvrir avec l'aide des médecins spécialistes. Ça, c'est un objectif
qu'on a, avec la Fédération des médecins spécialistes, bien entendu.
Moi, ce que je veux vous dire aussi, c'est
que, comme l'a dit le premier ministre, là, il y a des endroits où c'est plus
difficile, on le sait : Montréal, la grande région de Montréal,
Laval, la Montérégie, il y a aussi la Mauricie, où est-ce qu'on a des
enjeux de personnel plus importants. Et c'est là vraiment qu'on va devoir
mettre le maximum d'efforts pour régler la situation.
Le Modérateur
: Mme
Porter, Le Devoir.
Mme Porter (Isabelle) :
Oui, ma question est pour le Dr Arruda. Le 7 avril dernier, votre
collègue Dr Massé a dit qu'il y avait des modélisations qui étaient en
préparation du côté de collègues experts de santé publique, puis là on comprend
aussi de l'INESSS, et que ça nous... c'est vraiment ça, là, qui va nous
éclairer sur le comportement du virus et tout ça, la période d'incubation.
On en est où avec ces travaux-là et quand
pensez-vous pouvoir nous présenter des résultats?
M. Arruda (Horacio)
:
J'ai justement une présentation ce soir, par les experts comme tel. J'ai eu un
rapport préliminaire, là. On a des questionnements à leur poser. Donc, il y a
ça, il y a cette revue-là, mais il y a aussi plein de nouveaux articles dont...
il y en a un dans Science aujourd'hui, là, qui essaie de prédire comment
le virus va se comporter. Est-ce qu'on va avoir un virus comme le SRAS, qui va
s'éteindre, le SRAS-1, là, qui s'est éteint? Mais tout le monde pense plutôt
que ça va être un virus, comme d'autres coronavirus, qui sont comme des rhumes,
mais qui va persister dans le temps... et se préoccupe sur la question de
la deuxième vague potentielle. Et donc il faut voir, effectivement, ces éléments-là.
Ça fait que, oui, il y a ces scénarios-là
qui vont nous être présentés. Et puis on est aussi en train de regarder ce qui
se fait partout dans le monde, en tandem avec l'expérience des autres, parce
que ça a un impact important, surtout pour savoir à quelle vitesse on va
changer le gradateur puis comment on va mesurer les effets potentiels de ce
qu'on appelle l'immunité de masse de la population. Est-ce qu'on est à
10 %, 15 %, 25 %, 30 %, 40 % de la population
atteinte? Ça fait tout partie des éléments, pour le futur, qu'on va regarder.
Le Modérateur
: Merci.
Maintenant, M. Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : M.
le premier ministre, je vais me faire le porte-voix, n'est-ce pas, de la Dre
Francoeur, qui vous envoie ce message, il y a 11 minutes précisément. Il
dit : «M. le premier ministre, depuis jeudi dernier que nous levons la
main. J'ai personnellement dit oui trois fois à votre ministre de la Santé,
encore une fois il y a une heure. Nous serons là où il le faut. Je suis
surprise de vos propos.»
Est-ce qu'il y a un manque de
communication?
M. Legault : Bien, c'est
peut-être moi qui s'est mal exprimé, mais je l'ai bien écoutée. J'ai écouté son
20 minutes à Paul Arcand ce matin. Ce qu'elle disait, la
Dre Francoeur, présidente du syndicat des spécialistes, c'est qu'on lui
avait demandé de venir remplacer des médecins de famille. C'est peut-être
encore moi, là, qui s'est mal exprimé, mais, moi, ce que je souhaite, c'est
qu'ils viennent remplacer des infirmières. Donc, peut-être qu'on s'est mal
compris. C'est vrai qu'il ne manque pas de spécialistes dans les CHSLD pour
faire du travail de spécialistes, mais on aurait besoin des spécialistes, avec
leur formation de base, pour venir nous aider à remplacer du travail
d'infirmières.
Le Modérateur
: Rapidement,
M. Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) :
Oui, bonjour. J'aimerais vous entendre sur un autre sujet, revenir sur ce que
le Dr Arruda disait hier nous disait, à l'effet qu'on était en train
d'aplatir la courbe, là. J'imagine que vous êtes en train de parler, de songer
à vos scénarios de déconfinement. Il y a plusieurs pays européens qui ont
annoncé les leurs. À quel moment est-ce que les Québécois peuvent s'attendre à
avoir une présentation semblable, d'une part? Et, d'autre part, est-ce que vous
allez donner un préavis? Parce que, notamment, dans le réseau scolaire, il y a beaucoup
de gens qui s'inquiètent, qui disent que ça va prendre beaucoup de temps de mettre
en place les mécanismes nécessaires pour permettre une reprise éventuelle, qui
aimeraient avoir des scénarios, qui aimeraient être consultés. Donc, quel est
l'horizon?
M. Legault : O.K. On
travaille actuellement, entre autres avec la CNESST, si je me souviens bien du
nom, Jean Boulet, pour toutes les normes pour les entreprises. Donc, notre
travail, actuellement, là, à court terme, est beaucoup dans les entreprises. Il
est trop tôt, là, pour commencer à parler des scénarios dans les écoles. On va
d'abord s'assurer que la courbe est aplatie, qu'on est sur la bonne... sur la
descente de la courbe. Donc, quand on sera rendus là, bien, on regardera
différents scénarios. On regardera comment est la situation dans les
différentes régions du Québec. Mais, à court terme, comme je l'ai dit hier, on
ne prévoit pas de réouverture d'écoles. Mais on travaille sur un scénario pour
réouvrir les entreprises de façon progressive, avec des consignes pour, entre
autres, garder le deux mètres de distance.
Le Modérateur
: Comme
les questions sont courtes et les réponses sont courtes, M. Pilon-Larose, LaPresse.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Sur les décès que vous avez annoncés aujourd'hui puis hier, par exemple, est-ce
qu'on parlait encore majoritairement de personnes âgées, au-dessus de 60,
70 ans? Est-ce que vous pouvez aussi nous ventiler un peu ces personnes-là
viennent d'où, de CHSLD, d'hôpitaux, de leur domicile?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, je peux prendre la question, si vous permettez, M. le premier ministre.
M. Legault : Bien oui.
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, effectivement, c'est encore en haut de 90 % qui sont à
70-79 ans et plus. Puis, si on met les... Il y a un 8,4 % chez les
gens de 60 à 69 ans. Maintenant, pour ce qui est d'où proviennent les gens
ou, peut-être, le nombre de décès selon le milieu de vie, il y en aurait
51 % qui vivaient avant en CHSLD, 21 % qui vivaient à domicile, 3,5 %
qui étaient à l'hôpital, 19,3 % en RPA. Pour ce qui est maintenant d'où
ils décèdent, bien, il y a une proportion quand même assez significative qui va
décéder en CH, 30 %, 19,1 % en CHSLD, mais il y a quand même
là-dedans des inconnues. Il faut comprendre que l'information n'est pas
toujours reçue en temps opportun, là. Elle va l'être dans le temps, une fois
que le dossier est fermé. Il y a une proportion quand même d'inconnu, mais
c'est à peu près le même profil.
Ça fait qu'il y a des gens à la fois qui
sont transférés de CHSLD vers... surtout s'ils sont dans ce qu'on appelle un
niveau 1 et 2 où ils veulent avoir des soins, ils sont transférés et
peuvent décéder à l'hôpital. Mais c'est encore, au Québec, un profil, je vous
dirais, majoritairement en haut de 70 ans, incluant des cas entre 60,
69 ans. Et puis des cas inférieurs, je pense qu'on est à trois ou quatre
seulement pour le moment. Mais, comme on le dit, ce n'est pas impossible quand
même, quand le virus va se remettre à circuler, il y peut-être certaines
personnes jeunes qui pourraient avoir... en tout cas, être hospitalisées et,
espérons-le, ne pas en décéder. Mais comme tout décès est important, quel que
soit l'âge, c'est toujours triste.
Le Modérateur
: Merci.
M. Bellerose, leJournal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) : M.
Legault, est-ce qu'il est possible de retirer un parent qui se trouverait dans
un CHSLD infecté par la COVID-19? Parce que ce qu'on entend c'est que, si c'est
possible, la personne perdait sa place et devrait se trouver à nouveau sur la
liste d'attente, donc devrait trouver une nouvelle place.
M. Legault : Bien, ce n'est
pas idéal sûrement, là, de retirer une personne parce qu'effectivement vous
savez qu'il y avait des listes d'attente, donc il faut tenir compte de ça. En
plus, habituellement les gens qui sont dans les CHSLD ne sont pas des personnes
très autonomes. C'est des personnes qui ont besoin de soins. Donc, c'est
difficile, là. Quand on a parlé de la possibilité de retirer des personnes dans
les résidences, on parlait d'une personne qui est assez autonome pour venir
jusqu'à la porte toute seule et être prise en auto par la personne. Donc, c'est
beaucoup plus difficile dans les CHSLD, là.
Le Modérateur
: M.
Bossé, Le Soleil, rapidement.
M. Bossé (Olivier) :
Qu'est-ce qu'on fait avec les ligues sportives d'été? Est-ce que ça doit déjà
être annulé?
M. Legault : Il est trop tôt
pour répondre à ça, là. Pour aider les grands festivals, on leur a dit :
Écoutez, là, je pense que vous êtes mieux d'arrêter d'investir de l'argent.
Mais pour ce qui est des clubs de baseball de jeunes, il est trop tôt pour
répondre à ça.
Le Modérateur
: Et on
complète avec M. Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Rebonjour. Concernant les 1000 personnes rendues disponibles par Ottawa,
il s'agissait de personnes qui sont sur le site de Santé Canada, qui ne
concerne donc pas l'armée. J'aimerais savoir pour confirmer, est-ce que le
fédéral vous a bel et bien offert 150 militaires avec expérience médicale
pour aider dans les CHSLD? Parce M. Trudeau s'est fait posé la question ce
matin et ça n'a pas été répondu clairement.
M. Legault : Bien, moi,
jusqu'à il y a quelques minutes sur Twitter, là, on n'avait pas eu de réponse
encore à notre question : Combien vous pouvez nous envoyer de personnel de
l'armée ou autre qui sont qualifiés, qui ont donc une expérience en santé? On
n'avait pas eu la réponse. Avant d'entrer ici, quelques minutes avant, là, j'ai
vu le 1 000, là, mais on va... j'ai demandé qu'on vérifie pour voir
combien ils peuvent nous en envoyer. Mais je n'avais pas eu la réponse, là,
jusqu'à ce que je vienne ici.
Le Modérateur
: Merci. Maintenant,
une question qui nous provient d'un média qui n'est pas représenté ici, à la
Tribune de la presse. Elle nous vient aujourd'hui de Sophie Mangado de Ricochet
Media, qui vous demande : Depuis le début de la crise, aucune mention n'a
été faite en point de presse concernant les lieux de détention. Les échos qui
nous parviennent font état de tensions grandissantes mettant en jeu la sécurité
des détenus et du personnel, demandes criantes de mesures de protection et
d'impossibilité à respecter la distanciation sociale. Est-ce que le ministère
de la Sécurité publique, votre gouvernement, considère la libération anticipée
de personnes détenues comme dans d'autres provinces ou d'autres pays ont pu le
faire depuis quelques semaines pour réduire le risque sanitaire élevé dans ces
endroits-là?
M. Legault : Je n'ai pas
d'information. Bien honnêtement, là, je n'ai pas...
M. Arruda (Horacio)
:
Moi, je sais que ça a été le cas dans certaines provinces, qu'il y a eu des
discussions au niveau fédéral, là, mais nous, on n'a pas porté ça à notre
attention au Québec. Mais on va suivre la situation.
Le Modérateur
: Merci.
Alors donc, nous allons passer en anglais. We'll switch in
English. And we'll start today with Samuel Pouliot from CTV News.
M.
Pouliot (Samuel) : Hi. Mrs. McCann, can you just
repeat in English what you said about the humanitarian effort that's needed and
the appeal to specialists to help out.
Mme McCann : Yes. What I said, is that we have many physicians who go every year
for humanitarian missions outside of Québec, in other countries like Africa, but other countries too. And what
I'm saying is that this year, now, I think the humanitarian mission is here in Québec, in our long-term facilities. And as
the Prime Minister said :
We need them, we need them to come and help us, and help the nurses, help the
orderlies, help the whole team in those long-term facilities, that this is the
humanitarian mission that we have now in Québec.
M. Pouliot
(Samuel) :OK, thank you. And, Mr. Legault, criminal background checks are done
on employees and managers in senior's homes in order to protect the seniors.
How is that that the owner of the Herron residence could get licences to
operate multiple long-term care facilities?
M. Legault : Yes. OK, first,
it's unacceptable for me if it's really the truth. I've asked my people to
check how come we have some background checks for employees but not for owners
taking care of elderlies. So I was surprized to hear that, so I've asked them
to check and to see if there are other cases.
Le Modérateur
:
Cathy Senay, CBC News.
Mme Senay
(Cathy) : Good afternoon. How would you
qualify the situation you're
going through, Premier Legault, when you practically have to bend your knees to
convince physicians and specialists to help out in CHSLDs?
M. Legault : It's a tough situation. Like I explained often, we had some shortages before the crisis.
Right now, we have many employees decided... either they are infected or they
are scared of going to the CHSLDs, so they stay at home, so the shortages are
bigger than before. And unfortunately the reason, the main reason for those
shortages are because we don't have enough nurses, we don't have enough
employees qualified.
Why is that? Main reason
is because the work, the job is not attractive. We have to review the salary.
Mr. Barrette tried to do so in 2015. He said that he was not successful in
doing it because it's not easy, when you negotiate with unions, to have an
increase of salary that is different for certain types of employees.
So it's not easy, but I
want to do that. I said it since long time that I want to do that, have a
better increase for those employees in order that the job be more attractive.
And because it's not enough attractive, the people that are with shortages,
working day to day, the job is tougher because they have to work more because
there's not enough staff.
Mme Senay
(Cathy) : But you had to remind physicians and
specialists their sense of duty today. You had to go as far as this. How? Why?
M. Legault : Because we know we don't have enough nurses in Québec, not...
Mme Senay
(Cathy) : ...they don't answer the call?
M. Legault : Sorry?
Mme Senay
(Cathy) : They are not answering your call for
help?
M. Legault : Maybe I was not clear enough, because what I've heard this morning
from the two presidents of the two unions, they said: There's no lack of
doctors in CHSLDs. That's not what I'm saying. I know that, that we have all
the doctors to work as doctors. But we need nurses, and they can, with their
basic training, they can do most of the jobs of nurses.
So I'm asking them:
Please, I know that you're overqualified to do this work, but I have no other
choices, so I need physicians to come in our residences to help the nurses.
Mme
Senay (Cathy) : OK. My last question.
Le Modérateur
:
Go ahead.
Mme Senay
(Cathy) : Thank you. M. Arruda, I have a
question from one of my colleagues. Families of residents at the Montreal
Geriatric Institute and also the unions are saying : Because of the
initial directives for testing — remember, it
was people who traveled — that those directives blocked them to
basically know better the prevalence of the COVID-19, the outbreaks, in their
own institutions. So do you have an impression that you were… that the
directives were too restrictive, in the initial approach in Québec, and that
did contributed to the spread of the COVID-19 in seniors' homes?
M. Arruda (Horacio)
:
I think that we must remind the issue of the number of tests that we have at
the beginning. The choice we made to go toward travelling people, it's because
the risk was there, and we had to search and contain that risk. And I think
that, if we had the tests, unlimited, we could have tested all Quebecers, at
the extreme. But I think what introduced more, probably, the virus into the
health care, long-term care facilities, is probably asymptomatic people, or
visitors, or doctors, or nurses that went into that and made this situation.
I'm not so sure that… had been tested one time also, at the beginning, those
places, that people would have been infected. It takes time before it gets in.
So, it's a very complex
issue, and we always have to adapt it on what we have as a capacity. It's clear
we're going to do several new things, but remember, at that time, we only had
one center being able to do tests, and, very fast, we went to more than 19, 20
hospitals, over that. And we now have the capacity, more than other provinces
or countries. I think the decision was the right one at that time because we
didn't have this capacity that we have right now. And this is dynamics. And,
you know, we are looking at the evolution of the situation and decide the
priorities that always go in relation with what we look for.
Le Modérateur
:
Thank you. The next question is from Raquel Fletcher, Global News. Does the
Premier really want doctors to go feed and change people in CHSLD, rather than
accept help from the rest of Canada?
M. Legault :
Do they want what? Sorry…
Le Modérateur
:
Rather than accept help from the rest of Canada, if you really want doctors to
go feed and change people in CHSLD.
M. Legault :
No, I said that if we can get some help from the
Canadian Army with people that have the training to do this work, I will accept
this help. But right now, until
few minutes ago, I didn't have the... They are maybe talking about 1 000. We need 2 000,
so I'm asking doctors to come and help work as nurses in our CHSLDs in the
meantime.
Le Modérateur
:
And as a second question, some seniors are complaining that supermarkets and
pharmacies are preventing them from entering to purchase essential items. These
seniors have no other way to get to the things they need, and some don't have
access online. Are stores allowed to bar seniors?
M. Legault :
OK. No. It's unacceptable that we bar seniors. First, it's important to repeat
that they... there's no more risk with senior people to get the COVID-19 than
with younger people. The only question is, we suggest the seniors to stay at
home because they are at risk, so it's for their own good.
Le Modérateur
:
Thank you. Next questions are from Phil Authier, Montreal Gazette, for
Mr. Legault and Minister McCann. We are hearing about healthcare workers who
want to come help in the CHSLDs, but there is no follow-up when they volunteer.
What can you do to cut the red tape?
Mme McCann :
Oh, well, we're really working with everybody, and I want to tell you that, in
this crisis, there's hardly any red tape. There are some situations that we
would like even to go faster. There are some steps to do, but they... We're
working so fast. What we're doing now... We're doing in a couple of days what
we used to do in a couple of months. So, no, we want everybody and we're
looking everywhere, in all the health workers domains. And if we haven't seen
someone who would like to come in and help us, please let us know and we will
very fast make it that these people will be able to help us.
Le Modérateur
:
And as a second and very last question : We are hearing from families who
say there are still workers in senior residences who are not being tested for
COVID-19 and risk infecting residents. One union, the CSN, says they would like
a list of tested workers. How can you correct this?
Mme McCann :
I'm not sure I understood the question. Could you repeat the question?
Le Modérateur
:
Yes. We are hearing from families who say there are still workers in senior
residences who are not being tested for COVID-19 and risk infecting residents.
So one union, the FSS CSN says they would like a list of tested workers. How
can you correct this?
Mme McCann : Well, we will certainly contact them, as I want to mention that the
head of my cabinet is in contact with all the unions every two days. So I will
take this preoccupation and will ask that we call them to really understand
exactly what the situation is.
Le Modérateur
: So thank you very much. That's all the time we have. Merci,
tout le monde. Bonne fin de journée et à demain.
M. Legault : Merci beaucoup,
tout le monde.
(Fin à 13 h 58)