(Treize heures trois minutes)
Le Modérateur
: Alors,
mesdames messieurs, bienvenue à cette conférence de presse, ce bilan quotidien
de la crise de la COVID-19. Aujourd'hui, c'est la vice-première ministre et ministre
de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, qui va présider à cette
conférence de presse. Elle sera accompagnée de Mme Danielle McCann, ministre de
la Santé et des Services sociaux, et du Dr Horacio Arruda, directeur national
de la santé publique du Québec. Mme Guilbault, à vous.
Mme Guilbault :
Merci beaucoup. Bonjour, tout le monde. Donc, avant de passer au bilan, aujourd'hui,
je veux revenir de façon générale sur les consignes, les nombreuses consignes,
les nombreuses mesures d'urgence qu'on a mises en place dans les dernières
semaines pour lutter contre la pandémie.
Je veux rappeler qu'on est bien conscients
que c'est difficile en ce moment, pour beaucoup de personnes, de respecter
l'application de ces mesures d'urgence de santé publique qu'on a mises en
place. Mais rappelez-vous qu'en ce moment on est en train de faire tout ce
qu'il faut pour sauver des vies. Gardez toujours à l'esprit qu'en ce moment on
poursuit un seul et même objectif, c'est de sauver des vies.
Non seulement, au Québec, on est un des
endroits où on teste le plus, mais on est aussi un des meilleurs dans le
respect des règles de distanciation sociale, et ce sont là deux éléments clés
pour pouvoir remporter cette bataille qu'on mène contre la COVID-19 en ce
moment. Donc, il ne faut surtout pas relâcher nos efforts, même quand c'est
difficile. Rappelez-vous qu'on fait exactement ce qu'il faut en ce moment et
qu'on va atteindre ensemble cet objectif de venir à bout de ce virus.
Je vais donc passer au bilan du jour.
Donc, on a aujourd'hui, malheureusement, 14 nouveaux décès, pour un total
de 75 décès. Alors, bien sûr, je veux offrir, au nom de tout notre gouvernement,
mes condoléances à tous les proches, à tout l'entourage, tous les parents de
ces personnes décédées. On a aujourd'hui 6 997 cas confirmés, une
augmentation de 896 par rapport à hier; on a 478 personnes
hospitalisées, une augmentation de 49; on a 130 personnes aux soins
intensifs, une augmentation de huit.
On a aujourd'hui des chiffres, somme
toute, encourageants du côté des hospitalisations quand on regarde le ratio par
rapport au nombre de cas. Donc, c'est encourageant de ce point de vue là, mais
c'est toujours très difficile d'entendre quotidiennement ces statistiques-là parce
que, derrière les chiffres, il y a des êtres humains, il y a des gens qui
souffrent, il y a des familles qui s'inquiètent. Donc, c'est difficile de
dresser ces bilans au jour le jour.
Il y a aussi nos anges gardiens qui sont
au front, qui sont là pour nous soigner, pour soigner les personnes qui sont
malades. Donc, ce qu'on peut faire de mieux pour nos anges gardiens et pour
tout le monde, pour les uns les autres, c'est de s'assurer que tout le monde,
absolument tout le monde respecte à la lettre les consignes de santé publique.
Et je rappelle, d'ailleurs, que ces
consignes de la santé publique, elles ont force de loi et qu'on a des forces
policières déployées partout sur le terrain, sur le territoire québécois, pour
les faire appliquer. Ce n'est pas le temps, en ce moment, d'être égoïste, ce
n'est pas le temps de penser à sa petite personne, ce n'est pas le temps de
vouloir défier les lois, les directives de santé publique. C'est le temps de
les respecter.
Et je l'ai dit, on a les forces policières
qui sont présentes un petit peu partout parce qu'on ne peut plus accepter, à ce
stade-ci... on ne peut pas l'accepter depuis le début, d'ailleurs, mais encore
moins à ce stade-ci, avec le nombre de cas qui augmente, le nombre de décès, on
ne peut plus accepter que des individus, des personnes, des groupes de
personnes isolés continuent de miner les efforts collectifs.
Et nos policiers aussi, tout comme nos
anges gardiens du réseau de la santé, sont eux aussi au front quotidiennement
pour assurer la sécurité de tout le monde. Donc, facilitons-leur la tâche,
évitons les rassemblements. On ne veut plus voir de rassemblements, ni
extérieurs ni intérieurs. On ne veut plus voir de commerces et de services non
essentiels qui continuent de fonctionner. Donc, si vous êtes témoins de
ces situations-là, des infractions aux directives de santé publique,
dénoncez-les, signalez-les à vos forces de l'ordre. Je l'ai déjà dit, on ne
veut pas tomber dans un climat de sursuspicion non plus, on ne veut pas sombrer
dans la paranoïa collective, mais il faut rester vigilants et il faut surtout s'assurer
que personne ne met délibérément en danger la vie des autres personnes.
Je veux aussi demander aux Québécois d'être
respectueux envers nos policiers en étant honnêtes sur le fait qu'ils peuvent
présenter des symptômes de la COVID-19. Donc, si vous présentez des symptômes
et, bien sûr, si vous avez un test positif de COVID-19, donc si vous êtes
contaminé par le virus, soyez honnête, dites-le au policier avant qu'il y ait
interaction. Et même chose, évidemment, pour notre personnel du réseau de la
santé, si vous présentez des symptômes, soyez honnêtes.
Et il n'y a aucune honte à avoir des
symptômes du COVID-19. Bien au contraire, ce qui serait honteux, c'est de
vouloir le cacher, de le dissimuler sciemment et d'ainsi mettre en péril la
santé et la sécurité, notamment, des gens du réseau de la santé, et de nos
forces policières, et de tout le monde d'ailleurs. Donc, soyez honnêtes, soyez
transparents. J'en appelle au sens des responsabilités et au civisme de tous
les Québécois, sur cette franchise, cette transparence qu'on doit avoir sur son
propre état.
L'autre consigne qui est critique en ce moment,
c'est toute la question de l'interdiction des déplacements non essentiels entre
les régions, entre les villes. Vous savez, on a déjà décrété ou, du moins, fixé
certains territoires, certains endroits au Québec où les déplacements non
essentiels sont interdits. On veut éviter la propagation du virus d'un endroit
à l'autre. On veut aussi protéger nos communautés plus vulnérables. Si bien
qu'aujourd'hui j'annonce qu'on ajoute deux nouveaux territoires où seront
interdits les déplacements jugés non essentiels, j'annonce le territoire de
Charlevoix et la ville de Rouyn-Noranda.
Donc, à partir de 16 heures
aujourd'hui, on va ajouter des points de contrôle policier à ces endroits pour
contrôler, limiter les allées et venues sur ces deux nouveaux territoires,
l'objectif étant bien sûr, toujours, de renforcer l'application des directives
de santé publique en évitant tout déplacement non essentiel autour et dans ces
régions. Ça s'ajoute à la liste qui a déjà été rendue publique depuis une
semaine.
Donc, je vais ajouter un petit mot sur les
inondations, pendant que c'est moi qui suis ici aujourd'hui, donc peut-être
faire le point sur la situation des inondations. Vous savez que chaque
printemps c'est un défi qui nous guette, la gestion des inondations. Donc,
simplement assurer tout le monde que tout est sous contrôle pour l'instant. La très,
très grande majorité des cours d'eau, la quasi-totalité des cours d'eau est
sous contrôle pour l'instant. Il y a eu des incidents en Beauce, là, depuis
hier, il y a eu certains débordements, certaines évacuations préventives,
certaines inondations mineures aussi, mais tout se passe très bien, tout est
sous contrôle.
Je l'avais dit, j'ai fait une tournée,
moi, en prévision d'une éventuelle crue printanière pour m'assurer que toutes
les municipalités sont conscientes des règles à respecter cette année, entre
autres sur l'hébergement, sur la gestion des bénévoles, des services aux
sinistrés, et tout ça. Il faut éviter les rassemblements, donc, tout le monde
est bien conscient. Je veux en profiter pour les remercier, d'ailleurs, toutes
les municipalités et toutes les MRC, qui collaborent très bien. Donc, on est
prêts. S'il y a lieu et si on doit intervenir, nous serons prêts, je veux en
assurer tout le monde.
Et je veux passer le message aux citoyens
que, là aussi comme ailleurs, il faut respecter les directives de santé
publique. Et je voyais tout à l'heure un gazouillis de la Sûreté du Québec qui
faisait état de rassemblements le long de la rivière Chaudière. Donc, dans les
inondations comme dans tout le reste, il faut éviter de se rassembler par
curiosité pour aller voir les cours d'eau qui seraient sous surveillance ou
aller voir ce qui se passe s'il y a des inondations. Donc, évitez de vous
masser dans ce type d'incidents par curiosité.
Je vais avoir des remerciements un petit
peu particuliers aujourd'hui pour les remerciements du jour, des remerciements,
même, que je qualifierais de mignons, parce qu'aujourd'hui je veux remercier
nos enfants. On parle souvent que ça peut être difficile pour les parents d'être
à la maison, entre autres de faire du télétravail, et tout ça, en ayant nos
enfants à la maison. Mais c'est difficile pour nos enfants aussi parce qu'eux
aussi leur vie a été chamboulée depuis quelques semaines. Ils sont privés de
leurs amis, ils sont privés de la garderie, privés de l'école, ne peuvent pas
toujours jouer dehors. Donc, je veux remercier nos enfants d'êtres solidaires
de leurs parents. Continuez à être forts, continuez à être souriants, continuez
à nous aider, et on va passer tous ensemble au travers.
Donc, je vais terminer avec les trois
consignes qu'on veut toujours rappeler. On les rappelle toujours, mais c'est
parce que peut-être qu'il y en a encore qui ne les suivent pas ou qui ne les
connaissent pas. Donc, première consigne, très important, on évite de sortir de
chez soi si on n'a pas de raison essentielle de le faire. Si on doit sortir de
chez soi, on s'assure de rester à deux mètres des autres personnes. Et, en tout
temps, en particulier quand on arrive de l'extérieur, on doit se laver les
mains avec du savon, c'est très, très important.
Donc, je remercie encore tous les
Québécois parce que, malgré ces rappels de consignes qu'on fait pour les
quelques récalcitrants qui subsistent, la très grande majorité suivent les
consignes depuis maintenant des semaines. On sait que c'est difficile, donc je
veux vous remercier. Et surtout rappelez-vous qu'on est tous ensemble dans ce
combat et que c'est uniquement en étant unis et solidaires, tous ensemble, en
regardant tous vers le même objectif de sauver des vies qu'on va passer à
travers. Merci.
Le Modérateur
: Est-ce
que vous souhaitez faire un mot en anglais, Mme la vice-première ministre?
Mme Guilbault : Oui. So, good afternoon. All our efforts to fight the virus are
making a real difference, they are saving lives. But, to win this battle,
everybody must follow the instructions. Gatherings must stop and non-essential
businesses must close. The police will intervene to enforce those directives if
necessary.
Another crucial element
is the ban of non-essential travel between regions. This is why we are
announcing the establishment of police checkpoints to restrict movements in two
new territories, Charlevoix and the city of Rouyn-Noranda. It will help us prevent the virus from spreading from one region
to another.
I also want to say a word
about the flooding situation
this year. Currently, the situation remains under control, but, if it should happen, I can tell you
that we are ready and that we will make sure it doesn't become a way of the
virus to spread.
So, I repeat our three
priorities : don't go out unless it's necessary; if you do go out, keep
your distances; and, when you come back home, wash your hands. That's how we
will save lives. Thank you.
Le Modérateur
: Nous
allons maintenant passer à la période de questions qui est réservée aux
journalistes. Et nous allons commencer aujourd'hui avec Tommy Chouinard, de LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) :
Bonjour. Bon, ma question pour la ministre de la Santé, Danielle McCann.
J'aimerais savoir où on en est exactement sur les réserves de propofol et
d'autres médicaments essentiels en milieux de soins intensifs, car il y a des
personnes directement impliquées dans le milieu de santé qui disent que, manifestement,
ces réserves-là sont limitées, qu'on en a pour une semaine, mais on n'est pas
capables de s'avancer, pas plus. On en est où?
Mme McCann : Bon, moi, ce que
je peux vous dire, c'est qu'effectivement il faut être très, très rigoureux
dans l'usage, hein, de ces médicaments, dont le propofol. Et on est en train de
revoir, de regarder des substituts, même des anciens médicaments qu'on
utilisait, là, dans le passé pour venir aider. Alors, il y a tout un travail
qui se fait actuellement à ce niveau-là.
On a aussi décidé, au niveau de
l'approvisionnement des médicaments en général, de le centraliser au ministère.
On a fait ça, comme vous le savez, pour les équipements de protection. Avant,
c'étaient les établissements qui s'approvisionnaient directement avec les
fournisseurs. Évidemment, dans une situation d'urgence sanitaire, c'est ce
qu'on fait pour vraiment avoir le plus de rigueur mais aussi d'équité possible,
et on fait la même chose maintenant pour les médicaments.
Alors, on a un travail qui se fait
actuellement et on va regarder, là, des médicaments qui peuvent être utilisés
en substitution de certains médicaments comme le propofol.
M. Chouinard (Tommy) : Juste
pour comprendre... Dois-je comprendre qu'il n'y a pas de précision exactement
sur l'état des réserves, et tout ça, là?
Mme McCann : ...pas vous la
donner aujourd'hui parce qu'évidemment on est en train de faire ces travaux. Et
on pourra, évidemment, dans le futur, vous en donner plus de spécificités
là-dessus, sur le délai, mais, comme je vous dis, on est en train d'examiner
d'autres médicaments. Alors, ça, ça pourrait nous donner, évidemment, beaucoup
plus de temps devant nous. Et on regarde également toute la situation avec nos
fournisseurs. On n'a pas terminé notre travail là-dessus. Alors, au moment où
on aura davantage une idée, on pourra vous revenir là-dessus parce qu'il y a
probablement d'autres possibilités avec nos fournisseurs.
M. Chouinard (Tommy) : Qui
sont les décès, Dr Arruda, les nouveaux décès qui s'ajoutent?
M. Arruda (Horacio)
:
Les nouveaux décès? Bien, il y a eu 14 nouveaux décès qui sont tous dans
la catégorie d'âge qu'on vous a dit antérieurement, puis ils sont distribués un
peu au Québec.
Le Modérateur
: On va
maintenant passer à Alain Laforest, TVA...
M. Arruda (Horacio)
:
Mais, si vous me permettez, j'aurais... il y a eu une question qui m'a été
adressée, j'aurais peut-être une chose à vous dire aujourd'hui, là. En fonction
de l'analyse qu'on a faite quotidiennement avec les directions de santé
publique, vous savez qu'on avait identifié des zones plus chaudes, hein, des
zones plus rouges. Maintenant, il y a de la transmission communautaire qui
s'installe un peu partout au Québec, particulièrement dans les villes, je vous
dirais, là, plus populeuses. De telle sorte que maintenant, aujourd'hui,
j'annonce que nous recommandons de considérer l'ensemble du Québec comme ayant
de la transmission communautaire. Ce que ça veut dire, c'est qu'actuellement il
y a encore des gens qui pourraient l'introduire par le voyage, mais le facteur
principal d'acquisition de la maladie est au Québec actuellement.
C'est sûr qu'il y a des zones... puis ça,
ça ne veut pas dire qu'on va enlever des contrôles routiers pour protéger les
zones encore moins atteintes. Mais, actuellement, on considère qu'une personne
qui a des symptômes qui sont compatibles avec le coronavirus sont
potentiellement des coronavirus à un taux assez élevé. De telle sorte qu'on va
demander à ces personnes-là, quand elles vont être vues à l'hôpital, même si
elles n'ont pas voyagé, même si elles ne proviennent pas d'une zone chaude, si
elles ont un syndrome respiratoire, de porter un masque. Et les intervenants de
la santé vont aussi porter un masque pour ces personnes-là. Donc, ça a surtout
une implication, je vous dirais, pour le niveau de gestion des individus qui
viennent consulter au système de santé. Puis ça nous réimporte de dire
l'importance de pratiquer les mesures de distanciation sociale qu'on vous a
déjà bien dites et répétées à plusieurs fois.
Cette décision-là... C'est clair qu'il y a
des différences de dynamiques entre les régions, là, il y a des sous-secteurs
plus chauds que d'autres. Mais on arrive à un stade, actuellement, où, plutôt
que d'y aller à la pièce puis d'ajouter une région à la fois, à chaque jour, ou
des sous-sections, on a considéré qu'il est le temps de recommander la
transmission communautaire qui est soutenue à certains endroits, moins soutenue
ailleurs. Mais, de toute façon, on va prendre ces mesures-là.
Je tiens à vous dire qu'il est
excessivement important de ne pas lâcher. Il ne faudrait pas que tous les
efforts qu'on a faits jusqu'à maintenant, qui portent leurs fruits, soient
anéantis par un relâchement, actuellement. C'est encore le temps, les équipes
de santé publique vont continuer à faire des investigations sur les cas et sur
les contacts, il faut appliquer les mesures. Les gens dans le système de soin
et ceux qui donnent des services essentiels, proches des personnes, vont devoir
se protéger un peu plus. Donc, c'est ça qui est la consigne. C'est surtout pour
que vous... renforcir, mais c'est surtout à cause de la situation
épidémiologique, là. On est rendus à ce stade-là.
Quand on était après la semaine de
relâche, c'étaient surtout des voyageurs, hein, 90 % des gens qui avaient
la maladie provenaient de voyages. Ça, ça démontre qu'actuellement le
bombardement par les voyageurs est en diminution. Ça veut dire que les gens qui
reviennent, quand même, doivent rester en quarantaine. Mais on doit considérer
toute personne qu'on ne connaît pas, puis ce n'est pas pour donner de la
méfiance, là, mais comme étant potentiellement porteur, de telle sorte qu'on ne
prend pas de chance.
Et, à ce moment-là, je vous demande à tous
de respecter l'étiquette respiratoire, de faire les mesures d'hygiène qu'on
répète continuellement, continuellement, et puis, si vous avez des symptômes,
aussi, de ne pas mentir. Il y a des gens qui, pour des raisons x, y, z, veulent
aller à un certain endroit ou veulent rentrer dans tel établissement, ou pas. Si
vous avez des symptômes compatibles avec un rhume ou une grippe, de la toux, de
la fièvre, c'est très important d'avertir votre soignant ou la personne qui va
vous recevoir. Parce que, un, c'est pour vous traiter, vous, et, deux, c'est
pour ne pas contaminer notre personnel puis qu'on se retrouve avec des
problèmes de pénurie de personnel. Il y a des gens qui ont menti pour toute
sorte de raisons, qui étaient COVID-19 positifs, qui se sont présentés en
milieu hospitalier pour des raisons x, y, z.
Donc, j'insiste, c'est très important, ce
n'est qu'ensemble qu'on va gagner la bataille. C'est long, c'est difficile,
tout le monde est un peu, je vous dirais, tannés de cette situation-là, si on
peut le dire en québécois. Mais je pense qu'on passe dans une autre phase, mais
on va la gagner si tout le monde fait ses efforts. Merci.
Le Modérateur
: M.
Laforest de TVA.
M. Laforest (Alain) : Dr
Arruda, pour faire un peu de millage là-dessus, là, vous avez annoncé
aujourd'hui... Bonjour à tous. Vous annoncez aujourd'hui 6 997 cas,
896 de plus. C'est une grosse augmentation. Juste pour que les gens comprennent
bien, avec le message de prudence que vous venez de donner, quelle est la
tranche d'âge qui est principalement affectée? Est-ce que ce sont
principalement des hommes?, des femmes? Parce que, oui, ceux qui nécessitent
des soins d'urgence, on parle plus des personnes âgées, mais au niveau de la
contamination, là, c'est quoi, le portrait que vous pouvez nous donner
aujourd'hui?
M. Arruda (Horacio)
:
Bon, écoutez — si vous me permettez, je vais juste sortir mes
choses — il faut faire une distinction entre la maladie puis ceux qui
décèdent, qui vont aux soins intensifs, hein? Vous savez, il y a plein de gens,
la majorité des gens, même au-dessus de 80 % — même ici, au
Québec, c'est plus que ça — vont faire la maladie, vont rester à la
maison, n'auront pas nécessairement besoin de soins, vont passer plus ou moins
un mauvais quart d'heure puis vont se rétablir.
Et donc, pour ce qui est des répartitions
à travers les groupes d'âge, en fin de compte, il y en a surtout chez des
jeunes adultes, en termes de masse, 40-49 ans, et par contre, pour ce qui
est décès et des hospitalisations, c'est là qu'on se rend compte qu'il y a un
«shift» vers les personnes plus âgées. C'est ça, en gros. Vous pourrez voir sur
le site de l'Institut national de santé publique les détails en pourcentage.
Mais, dans le fond, si j'essaie de résumer
pour la population, les gens qui meurent, actuellement, du COVID-19 sont
surtout des personnes en haut de 70 ans, surtout entre 80 puis 89 ans
puis en haut de 90 aussi. Il y a quelques cas... il y a eu un cas de décès, je
l'ai dit, dans la tranche d'âge 30-39, d'autres dans 50-59, mais c'est
véritablement une maladie qui tue particulièrement les gens les plus âgés, les
gens qui ont des maladies chroniques, pour le moment, au Québec. Et c'est le
profil qu'on s'attendait. Et c'est pour ça qu'on a mis tellement d'emphase sur
le contrôle de la non-exposition des personnes âgées qui sont regroupées dans
les résidences pour personnes âgées, etc.
M. Laforest (Alain) : Mme la
vice-première ministre, on vient de passer à une étape supérieure, avec la
transmission communautaire, donc il n'y a plus de régions qui ne sont pas à
risque. Vous avez lancé un avis pour, entre autres, dire la vérité aux
policiers. À Saint-Jean-sur-Richelieu, la ville a décidé d'appliquer des contraventions,
là : 200 $, 500 $ et 1 000 $. Là, on ne fait pas le
processus devant le procureur de la couronne. Est-ce que la Sûreté du Québec et
les autres corps de police devraient faire la même chose : fini les
avertissements, on sévit?
Mme Guilbault :
Bien, il y a déjà des constats qui s'émettent, dans les derniers jours, là, à
la suite du constat d'une infraction, il y a des rapports d'infractions
généraux qui sont remis par les différents corps de police, quand ils
constatent qu'effectivement il y a des gens qui ne se conforment toujours pas
aux directives, notamment par des rassemblements, notamment par des commerces
qui sont encore ouverts et qui ne devraient pas l'être.
La situation dont vous me parlez, à
Saint-Jean-sur-Richelieu, j'en ai eu connaissance, effectivement. On est encore
à faire les vérifications parce que c'est tout récent que cette situation-là a
été diffusée dans les médias, mais de prime abord, avec les vérifications, les
premières vérifications que j'ai pu faire avant de venir vous parler
aujourd'hui, il semble effectivement, là, qu'ils ont mis en place leur propre
règlement municipal ou, en tout cas, qu'ils ont mis en place leurs propres
outils, à travers des règlements municipaux, pour pouvoir agir doublement.
Et donc, si c'est bien ce que je pense que
c'est... puis encore là il y a d'autres vérifications à faire, mais je pense
que ça démontre le sérieux de la situation. Une municipalité qui se donne des
outils supplémentaires pour contenir la propagation du virus, pour sévir contre
ceux qui ne suivent toujours pas les directives de santé publique, ça démontre
le sérieux de la situation. Et toutes les municipalités, toutes les MRC, toutes
les régions, tous les citoyens, tout le monde en ce moment doit prendre les
moyens à la hauteur de sa situation pour s'assurer du respect collectif des
règles. Saint-Jean-sur-Richelieu le fait de cette façon-là, et je pense que,
toujours sur réserve des vérifications à venir, c'est une bonne idée.
Le Modérateur
: Patrick
Bellerose, du Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour à tous. La question est pour le Dr Arruda. Ça fait déjà 12 jours
qu'on a mis le Québec sur pause. Pourtant, le nombre de cas quotidiens continue
d'augmenter, on est au double du 23 mars, quand on a décidé de mettre le
Québec sur pause. Est-ce qu'en fait les mesures donnent les résultats escomptés?
Et est-ce que le bilan à mi-parcours vous pousse à penser qu'on va devoir
prolonger l'arrêt des activités non essentielles?
M. Arruda (Horacio)
:
Pour ce qui est de la question d'est-ce que les mesures qui donnent... sont
efficaces, oui, je tiens à vous dire tout de suite, là. On a même mesuré les
questions de distanciation : Québec est la province qui l'applique le plus.
Donc, les gens l'appliquent. Donc, ça, c'est une première des choses.
Par rapport à l'efficacité, c'est vrai qu'on
a beaucoup de cas. Bien, faisons attention. On teste beaucoup, beaucoup, beaucoup.
Et, ce qui m'importe, moi, c'est quand je regarde le taux d'hospitalisations
puis le taux de décès. Moi, je peux vous dire que, si on se compare... on n'a
pas 15 % d'hospitalisations, actuellement, on est en deçà de ça, on a
moins de décès. Donc, quelque part, les indicateurs fiables pour les
comparaisons, je vous dirais, actuellement, on le démontre qu'on a un effet
parce que, si on serait comme ailleurs, on aurait 15 %. Mais il est trop
tôt...
Puis je ne suis pas en train de dire qu'on
est à mi-parcours, je ne sais pas où on est... si on est à mi-parcours. Quand
on sera au pic, espérons-le qu'on va avoir dépassé un peu la mi-parcours puis
que ça va redescendre rapidement. Mais je ne suis pas en mesure de vous le
dire, actuellement. Par contre, est-ce qu'on aplatit la courbe? Je vais vous
dire, je vais attendre de voir la cuisson du temps puis ce qu'elle va donner en
termes de forme. Donc, moi, je trouve que c'est encourageant. Et, si je
regarde ce qui est recommandé, je vous dirais, à partir des expériences de
partout, là, à part de sceller les portes des personnes pour les empêcher de
sortir, comme ça peut être fait dans certains pays, bien, je pense que le
Québec est en bonne situation et a pris les bonnes décisions, je vous dirais,
actuellement, au bon moment.
Mais la vie étant ce qu'elle est, je ne
suis pas astrologue ou... je peux faire des scénarios, mais je pense que moi,
actuellement, là, je sens qu'on est en contrôle. Et surtout, aussi, c'est qu'on
est déjà... plusieurs interventions de délestage, d'interventions, de... pour
permettre à notre système de santé de continuer. D'où l'importance de protéger
aussi nos ressources humaines. Parce que des lits, c'est une chose, du matériel,
c'est une chose, des ventilateurs, c'en est une autre, les respirateurs, c'en
est une autre. Mais il faut encore qu'on ait un système de santé où des gens
qui... à la fois dans les travaux essentiels, à la fois du côté de la police, à
la fois ceux qui transportent la nourriture, là. Parce que, si on a pas ça, on
va avoir des problèmes. Bien, il faut les protéger. Donc, pour les protéger,
c'est aussi de diminuer le risque de les contaminer en ayant un comportement
adéquat.
Mais je suis fier d'être au Québec, et on
verra l'histoire plus tard. Puis je vais vous dire, il y a beaucoup de
questions excessivement pertinentes que vous posez dont j'aimerais avoir la
réponse, mais je suis obligé de dire, comme scientifique, que je ne le sais pas.
Mais actuellement, on est en contrôle. C'est ce que je peux vous dire. On est
en contrôle. Il y a des zones de fragilité, comme partout dans le monde, par
rapport à certain matériel, puis etc., mais actuellement, on est en contrôle.
Puis n'oubliez pas que, si vous ne l'attrapez pas, vous n'avez pas besoin de
traitement.
Mme McCann : Là-dessus, moi,
ce que je peux vous dire, du point de vue du système de santé, d'ailleurs la
question a été soulevée hier, par rapport à des situations qu'on qualifierait,
là, de semi-urgentes, moi, j'ai beaucoup d'empathie pour les gens qui ont
certaines problématiques, notamment un cancer, et qui attendent pour certaines
interventions. C'est sûr que la situation maintenant nous permet de rouvrir un
peu plus. La situation au niveau des N95 s'est un peu améliorée. Parce que
c'est ça qui nous freinait, aussi.
La situation des médicaments, j'en ai
parlé, il faut être très, très rigoureux. Alors, on va être capables, la
semaine prochaine, d'ouvrir quelques jours pour des interventions
semi-urgentes, notamment en oncologie, dans toute la sphère du cancer. Et là,
vraiment, il y a tout un travail qui se fait dans les hôpitaux par des comités
cliniques, des évaluations très, très rigoureuses.
Et je veux vous dire aussi que ça, c'est nouveau
avec cette crise, hein, les spécialistes, les médecins spécialistes et leurs
équipes appellent les patients. Et moi, j'invite les gens qui sont anxieux, qui
ont des craintes par rapport à leur santé dans ces situations-là,
particulièrement, d'appeler leurs médecins. Ils vont vous répondre. Et
l'important, dans ces situations-là, c'est de communiquer de façon soutenue. Et,
dans les prochains jours, il va y avoir certaines de ces interventions qui vont
être faites.
Alors, c'est grâce aux efforts de la
population aussi parce que ces équipements n'ont pas été pris pour d'autres
situations de COVID-19. C'est grâce à ces efforts-là que notre système de santé
est capable d'aller un peu plus loin dans ces situations semi-urgentes.
Le Modérateur
:
Deuxième question, M. Bellerose.
M. Bellerose (Patrick) :
Quand je parlais de mi-parcours, Dr Arruda, je parlais de mi-parcours pour
la pause que vous avez décrétée, donc l'arrêt des activités économiques non
essentielles. Donc, est-ce que vous envisagez de prolonger l'arrêt des
activités non essentielles? Et aussi, peut-être un petit commentaire, est-ce
qu'on doit s'attendre à une semaine très difficile, la semaine prochaine, dans
cette crise?
M. Arruda (Horacio)
:
Bon, pour ce qui est de la pause, il y a plusieurs éléments à prendre en
considération, puis je pense que c'est une décision gouvernementale qui prend
en compte les éléments économiques autres, capacités, etc.
Ce que je peux faire, c'est que, si on
veut prolonger ou pas la pause... on peut me poser des questions sur quelles
sont les conditions pour qu'on ne perde pas les acquis, pour ça, pour cet
élément. Je pense que c'est assez clair qu'on n'attendra pas la fin de tout
pour dire qu'on recommence à vivre, parce que ça serait intenable. Là, si on
recommence à vivre, bien, comment allons-nous recommencer à vivre? Quels seront
les mécanismes qu'on mettra en place? On va favoriser encore le télétravail. Il
y a plein d'analyses qui sont en cours pour être faites de comment travailler
différemment.
Puis je voudrais en profiter, s'il vous
plaît... Mme la vice-première ministre a remercié les enfants. Moi, je voudrais
remercier des gens, la société québécoise, mais tous ceux qui font des gestes
pour aider les gens à rester à la maison, ceux qui vont distraire les
personnes, les artistes qui font de la belle musique avec des chansons qui
reprennent sur le thème du... le corona... excusez-moi. Puis d'ailleurs c'est
le COVID-19 que je devrais dire. Voyez-vous que je suis dedans depuis le
7 janvier sans arrêt? Je voudrais juste vous dire, dans le fond, tout
geste qu'on pose, à la fois en respectant les consignes, mais à la fois en
soutenant les autres dans leurs maintiens, c'est un geste d'amour, je tiens à
le mentionner.
Et je sens cette très grande solidarité au
sein du Québec. J'en ai pour... envers moi, j'en ai trop envers moi. Mais
donnez-en autour, que ça soit des gens qui vont faire des repas, La Tablée des
chefs, par... Là, j'en nomme quelques-uns puis je vais en oublier d'autres,
hein? Tous ceux-là, là, tous les gens qui prennent soin, bien, moi, ça me
démontre qu'on est une société qui est capable de combattre la chose mais aussi
d'en sortir grandie. Puis c'est mon message que je voulais porter aujourd'hui
parce que je suis très fier, très, très fier, d'ailleurs, de notre société.
M. Bellerose (Patrick) : ...
M. Arruda (Horacio)
:
Ça va être une semaine, je vous dirais, importante. Est-ce qu'elle va être la
plus difficile? Elle va nous donner plus d'informations. Vous savez, à mesure
qu'on avance, plus on va pouvoir être précis sur ce qu'on pense qui peut
arriver. J'aimerais ça avoir les réponses de la semaine prochaine. J'aimerais
ça être samedi prochain pour vous donner déjà, là, des scénarios que vous
aimeriez avoir. Mais disons que ça ne va pas être... ça ne va pas retomber
comme ça du jour au lendemain. Et c'est pour ça qu'il faut maintenir. On a mis
trop d'efforts pour arrêter tout ça.
M. Lacroix (Louis) : Je vais
maintenant poser une question, M. Arruda. Bon, je vous ai posé cette question
un peu plus tôt, cette semaine, sur le port du masque dans la communauté. La
CDC, aux États-Unis, le recommande maintenant. L'académie française de médecine
également le recommande au grand public, tout en précisant qu'il ne faut pas
que ce soient des masques destinés au personnel médical. Mais on parle entre
autres de masques de tissus ou encore de foulards. Est-ce que vous maintenez
l'opinion que vous aviez cette semaine ou est-ce qu'à votre avis il est temps
que, dans la population générale, on commence à se couvrir le visage pour
éviter d'envoyer des particules sur d'autres personnes qui ne seraient pas
infectées?
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, je n'ai pas la vérité. J'essaie toujours de donner mes avis sur les
données probantes. Et je pense que nos experts vont regarder encore tout cela. Par
contre, si vous me permettez, dans le contexte actuel, ce que je peux vous
dire, c'est que nos masques de procédure doivent être réservés, je vous dirais,
aux personnes qui vont donner des soins et aux travailleurs essentiels qui vont
être en contact avec des personnes à moins de deux mètres pour leur donner des
soins. Ça fait que, dans le contexte actuel, ça demeure la très grande
priorité.
Et encore ce masque-là est utilisé dans un
contexte qui est tout à fait contrôlé dans le soin et qui pourrait même être
porté différemment. On va peut-être conserver les masques plus longtemps. Il y
a des avis, là, qui vont apparaître dans la perspective de la santé publique
actuelle, notamment parce qu'on est en transmission communautaire.
Pour ce qui est du masque dans la
communauté, moi, ce que je vous dis, c'est que je considère encore qu'on ne
peut pas faire l'économie d'un bon lavage de mains, puis etc. Mais, dans les
faits, de porter un masque ou un tissu pour empêcher d'envoyer des
gouttelettes, c'est comme quand on tousse, se mettre la main dans le coude,
hein, ce n'est pas un masque, etc. Donc, ça pourrait avoir cet effet-là. Mais
ce que je ne voudrais pas que ça fasse, c'est que ça donne l'impression que,
parce que je porte un masque, que je suis protégé. Et la science, avec la
généralisation du port du masque, soit dans la communauté pour prévention ou
pas, nous donnera les réponses comme telles.
Mais dans le contexte actuel, je veux
dire, je ne peux pas interdire quelqu'un de se faire un masque, surtout s'il a
des symptômes, pour ne pas contaminer les autres. C'est une bonne chose, au
lieu de tousser... Bon, mais faites attention à l'accumulation. Si ça devient
humide, si on manipule mal ça, qu'on l'enlève puis qu'on contamine plein de
choses autour, c'est comme si on avait pris notre coude puis qu'on l'aurait
frotté... Voyez-vous? C'est ces éléments-là.
Et là la question de la... même le CDC...
ils ont peut-être changé leur opinion, même le CDC reconnaissait que c'était
une protection qui était de l'ordre peut-être de 30 % ou moins. Là, il
faut comprendre aussi que ça va dépendre du tissu, comment qu'il est ajusté. Il
y a plein de facteurs. Je ne suis pas en train de vous dire que c'est
dangereux. Je vous dis juste que, pour les masques de procédure qu'on a, on
veut les réserver pour ça. Puis on verra ce que les experts nous
recommanderont, on va suivre ça de très, très près, et, comme je vous le dis,
si ça va être ajouté pour les gens asymptomatiques. Puis, si jamais vous le
portez, n'oubliez pas, le risque, qui est très important, c'est l'hygiène. Mais
il ne faut pas avoir l'impression que le masque va nous protéger à tout prix.
Le Modérateur
: Je vais
maintenant passer à Alex Boissonneault, de Radio-Canada.
M. Boissonneault (Alex) :
Bonjour. On se fie beaucoup au jugement des policiers en ce moment pour
appliquer les directives, que ce soit sur le terrain pour l'interdiction des
rassemblements ou que ce soit pour contrôler des déplacements aussi entre les
régions. Or, de ce qu'on nous dit sur le terrain, c'est que ça suscite
certaines inquiétudes, peut-être même des frustrations.
Par exemple, j'en donne deux. Il y a des
gens qui se sont fait demander de rebrousser chemin à un point de contrôle,
alors qu'ils voulaient aller porter de la nourriture à un proche âgé, par
exemple, dans une région, dans la région des Laurentides pour être plus précis.
Ou, en Outaouais, il y a une personne qui dit avoir reçu une contravention de
108 $ parce qu'elle avait laissé son enfant dans l'auto pour aller faire
l'épicerie, alors qu'on demande qu'il y ait la distanciation puis, bon, que...
la personne doit aussi s'occuper de ses enfants. Ce qui fait que la question se
pose peut-être de savoir si on ne devrait pas avoir des consignes plus claires
pour les policiers sur le terrain, plutôt que seulement de se fier sur leur
jugement.
Mme Guilbault :
Oui. Merci. Bien, vous faites référence aux directives aux corps policiers.
C'est certain que, de manière générale, il n'y a pas de directive qui émane du
politique ou ce n'est pas moi qui donne des directives précises à un corps de
police. Donc, elles sont responsables... ils sont responsables de l'application
des lois et des directives de santé publique, ces temps-ci, depuis qu'on en met
en place. Donc, il y aura toujours une part de discrétion, de jugement,
d'interprétation de la part des services de police.
Par contre, on est en communication
permanente, au ministère, avec tous nos corps de police. Encore hier,
d'ailleurs, j'ai participé à une de ces conférences de la structure... ce qu'on
appelle la structure de liaison policière. Donc, il y a beaucoup d'information
qui circule, il y a l'échange de bonnes pratiques, l'échange de cas
particuliers, comme ceux que vous évoquez. Mais il faut comprendre qu'on est
dans un contexte où on a dû mettre en place des mesures d'urgence, des mesures
exceptionnelles, de façon très rapide. Donc, est-ce que tout est parfait?
Certainement pas, comme partout ailleurs. Est-ce qu'il y a des ajustements qui
peuvent être faits? Oui, on est toujours en amélioration continue, là comme
dans d'autres secteurs. Mais de façon générale ça fonctionne bien, les points
de contrôle policier.
L'objectif, il ne faut jamais le perdre de
vue, là, c'est de sauver des vies et d'éviter des déplacements non essentiels.
Donc, pour ce qui est des directives... Puis la meilleure façon, pour un
citoyen, de ne pas s'exposer à des cas qui, peut-être, deviennent
problématiques, ou confus, ou, bon, ne pas trop savoir si je vais pouvoir
passer ou non, c'est de rester chez soi, à moins de vraiment avoir une raison
vraiment essentielle de se déplacer. Parce que, oui, on ferme des régions les
unes après les autres, mais la consigne générale, c'est : Restez chez vous
si vous n'avez pas une raison essentielle de sortir de chez vous, que ce soit
pour rester dans la même région ou pour changer de région. Donc, dans le doute,
on s'abstient de sortir.
Et, dans ces cas particuliers là, bien, il
y a toujours, comme je le dis, une part de jugement et d'appréciation des
policiers. Des cas comme ça, il y en a une variété infinie, là, parce qu'il y a
évidemment toutes sortes de situations qui surviennent, surtout à mesure qu'on
ajoute des points de contrôle policier. Mais, de façon générale, nos policiers
travaillent bien. On veut protéger nos populations, protéger nos communautés.
Donc, le message que j'ai envie de passer à tous ceux qui envisagent de
traverser une région qui fait partie de celles qui sont actuellement fermées,
entre guillemets, bien, c'est de rester chez vous ou d'évaluer peut-être une
solution de rechange si vous pensez devoir sortir.
M. Boissonneault (Alex) :
Juste pour bien comprendre, dans ce cas-ci, là, lorsqu'on demande... lorsque
quelqu'un veut aller porter de la nourriture à un proche aîné dans une autre
région, ça dépend du jugement du policier de dire si elle peut passer ou pas?
Mme Guilbault :
Ça dépend. C'est à l'appréciation du policier, oui, mais il faut voir le
caractère essentiel de la chose, là. J'ai eu sensiblement la même question la
semaine dernière. C'est sûr que les situations varient. Si la personne qui
reçoit l'épicerie peut trouver un autre proche, un ami, un service, un
organisme local, il y a beaucoup d'organismes communautaires qui offrent ce
genre de service là, à la fois des popotes roulantes ou pouvoir accompagner, ou
amener des courses à la maison, à défaut de pouvoir sortir, dans le cas des
personnes de 70 ans et plus, et s'ils peuvent faire de la livraison aussi,
bien, on opte toujours pour ces solutions-là qui évitent des déplacements entre
les régions.
Mais, dans un cas humanitaire... Parce que
quand on dit déplacement essentiel, c'est quoi? C'est trois choses : les
services et entreprises considérés essentiels, donc tout l'alimentaire et tout
ça, les services de santé et l'humanitaire. Donc, l'humanitaire a ce
critère-là, sa part d'interprétation. Donc, c'est sûr qu'une personne qui est
seule, qui n'a pas d'entourage, pas de famille, qu'il n'y a pas d'épicerie à
proximité, qu'il n'y a pas de service de livraison, qu'il a toutes sortes...
une conjonction d'éléments qui font qu'elle n'a pas de moyen de s'approvisionner
autre que sa famille, bien là, on peut l'expliquer au policier en question,
puis le policier va pouvoir juger.
Un des trucs que je peux peut-être donner,
et là, encore là, je ne me substitue pas aux policiers d'aucune façon, mais, si
une personne veut seulement aller porter de l'épicerie à un proche, peut-être
s'assurer d'avoir déjà l'épicerie dans la voiture puis démontrer qu'on s'en va
vraiment porter du ravitaillement, là, pour quelqu'un. Mais, donc, c'est
toujours... Puis, ça vaut aussi pour les gens qui y vont pour le travail. Si
vous être capable d'avoir une lettre de votre employeur ou un document qui
atteste que vous allez là pour des raisons professionnelles considérées
essentielles, ça aide nos policiers.
Parce qu'ils font de leur mieux, mais,
non, il n'y a rien de parfait, je l'ai dit tout à l'heure. Des fois, ils
doivent prendre une décision qui n'est pas toujours facile. On n'a pas toujours
toute l'information non plus pour prendre des décisions. Mais, quand on dit :
Est-ce qu'on peut avoir des directives uniformes?, on pourra donner la
directive qu'on veut, il y aura toujours des cas d'exceptions partout. Et c'est
là que le bon jugement entre en ligne de compte.
Le Modérateur
: Je vais
poser une question maintenant au nom de Caroline Plante, de LaPresse
canadienne. Vous y avez répondu, Mme McCann, partiellement, tout à l'heure.
Elle se demande : Est-ce que toutes les chirurgies dans les cas urgents de
cancer sont effectuées ou sont-elles aussi reportées à des dates indéterminées?
Elle dit également : Des lecteurs se demandent s'il est acceptable de
faire patienter les cas urgents de cancer afin de prioriser le traitement d'un
virus respiratoire?
Mme McCann : Non, les cas
urgents sont traités, ça, c'est clair, tous les cas urgents en cancer, et même
dans n'importe quel domaine, là, ils sont traités. Ce dont je parlais, ce sont
des cas semi-urgents, où est-ce qu'on peut avoir davantage de temps, là, un
quatre à six semaines, un huit semaines où on peut déplacer la procédure. Mais
là ce qu'on dit, aujourd'hui, c'est qu'étant donné la situation où on est,
qu'on a un peu amélioré notre situation avec les N95, dans les prochains jours,
la semaine prochaine, on va pouvoir faire quelques cas semi-urgents. Et ça, je
pense que ça va être, évidemment, important. Mais tous les cas urgents, et je
le répète, sont faits, ça n'a jamais, jamais cessé, dans tous les domaines. Évidemment,
on prend les précautions nécessaires.
Mais, si vous permettez, moi, j'aimerais
prendre cette opportunité pour vous parler rapidement de centres désignés d'évaluation
qui ont été mis sur pied depuis cette semaine, depuis le début de la semaine.
On n'a pas eu l'occasion d'en parler en conférence de presse, il y a un
communiqué qui est sorti. Parce que, oui, il y a ces cas-là qui doivent être
vus, dans les centres hospitaliers, mais les gens, hein, quand on parle de
6 997 personnes qui ont été diagnostiquées COVID-19, vont avoir, ont
besoin aussi de soins en première ligne, certains d'entre eux... la plupart
d'entre eux, d'ailleurs, dans les cas plus modérés. Alors, ce que je veux vous
dire aujourd'hui, c'est que, comme dans le communiqué, on le disait, ces
personnes-là vont communiquer, peuvent communiquer avec le 1-877-644-4545, et
là on va les diriger, on va faire une évaluation avec eux, quand ils ont des
symptômes, évidemment, et on va les diriger, si besoin, vers ces cliniques d'évaluation
qui sont vraiment des cliniques médicales qui ont été transformées en des
cliniques d'évaluation pour le COVID-19.
Ce qu'on fait dans toutes les régions du Québec,
parce qu'il y en a 93 de ces cliniques, c'est qu'on veut concentrer dans
certaines cliniques la venue des gens qui ont le COVID-19 pour éviter justement
qu'ils croisent d'autres patients qui vont continuer d'aller dans les cliniques
médicales en général. Alors, ça, c'est une autre mesure de distanciation, mais
de protection de la population, mais aussi une mesure pour donner les soins
requis à ces personnes qui en auraient besoin physiquement. Parce qu'il y a l'ensemble,
évidemment, des médecins et des équipes qui sont à pied d'oeuvre au téléphone
et en téléconsultation actuellement dans le réseau de la santé.
Le Modérateur
: On va maintenant
passer aux questions en anglais. On va commencer avec Josh Grant, de CBC.
M. Grant
(Josh) : Bonjour, tout
le monde. Dr. Arruda, 14 new deaths today, 75 deaths
total. Can you please give a breakdown of the age groups that are affected by
that?
M. Arruda (Horacio)
: Yes. In fact, it's what we suspected, and it's still the same type
of distribution. Most of the cases of dying from coronavirus... or COVID-19 are
over 70 years old, I would say most concentrated between 80 and 89. There is
cases of 90 years old, only one under the 45, 55, 60, and one which was between
30, 39. So it's a case that the people die when they are very ill or older, and
also with medical other conditions.
M. Grant (Josh) : Mme McCann, the Jewish General Hospital, in Montréal, is banning
all guests from birth and post-partum. Is the Québec Government planning to
reverse that decision or is that something you support?
Mme McCann : Well, what we have to say about that is that it's very unfortunate,
what happened in the birthing section of the Jewish General Hospital.
Unfortunately, some «conjoint»... partner of a woman who was about to give
birth was infected with COVID-19, had symptoms. And that's really, really
something that should not happen in a hospital, anywhere. And I think there was
a lot, a lot of preoccupations because that person could have infected other
people, you can imagine. So, the hospital decided to stop the accompaniment of
a person for the birthing. In other hospitals, it's still possible.
But I want to make sure
that the population understands. If you have any, any symptom, be it of
influenza or COVID-19, if you don't know, and, on the top of that, if you are
diagnosed with COVID-19, you don't go out, you stay home and you protect
everybody. So it's the same if your wife or your partner is about to give
birth. And maybe another person can go, if it's not the husband, can go and
accompany the person who is about to give birth. So this is very important to
protect our health workers and to protect the population. So this has to be
completely, completely followed.
M. Grant (Josh) : And, really quickly, are we OK for medical protective equipment now? You said the situation
doesn't improve for N95 masks.
Mme McCann : N95 has improved a bit, a bit. But, for the rest, we are still at
eight days, and we are making a lot of efforts, and each day, we are getting
some supply. So, we are keeping the rhythm.
Le Modérateur
: Raquel Fletcher, from Global News, had the same question about the
Jewish Hospital. To be clear, do you support the decision of the Jewish
Hospital on this issue?
Mme McCann : We can understand their decision because it was a very, very, very
difficult episode. And, as I said, other hospitals in Québec, in general,
people can accompany the women who's going to give birth. But I think the
Jewish General was completely, completely taking aback, very, very concerned
about this situation, and that's why they gave... they took that decision.
Le Modérateur
: Question from Phil Authier, from Montreal
Gazette, for Mrs. Guilbault. Can you tell us
how many SQ and Montréal police officers have tested positive to COVID-19 and how many are
there in isolation? Has this affected the forces' ability to work?
Mme Guilbault :
I don't have the new numbers for today, but there are some cases confirmed as
well as people who are isolated in our police forces throughout Québec. They are
not exception from the whole society, they are exposed as well. But what I can
assure people, especially those policemen and policewomen who work out there,
is that we do everything in our power to protect them. We are fully aware of
the fact that, as well as our guardians in the health care system, they are in
the front line, protecting us everyday from the virus. So, we have to protect
them as we do for other essential workers. So, we, as I said earlier, are in
constant communication with all of our police forces to make sure that they
work in the safest conditions as possible.
Le Modérateur
:
Second question from Raquel Fletcher, from Global News. With Passover
and Easter approaching, what do you say to Quebeckers who might be tempted to
cheat or forego some social distancing measures and celebrate? The question
would be to, maybe, Mr. Arruda.
M. Arruda (Horacio)
:
In fact, I know, it's difficult. There is people who that's their birthday
today, and they won't have any party about this. I think that we must postpone
those things, any kind of people getting together. And I will tell you, it's
happening with weddings, with funerals, with even people playing in a sports'
room, and everything. So, it's not the time. And let's, perhaps, have a bigger
gift or a better party later, but I think that's not the time. I'm really sorry
about this, and it's not because of any religion or anything, it's just because
it's not the time to gathering, because it's to protect you and protect others.
Especially protect others, because if there is a transmission during this, that
one of those persons is going to infect another one that can infect another one
and can kill somebody else.
Mme Guilbault :
As a complement, maybe. All kinds of gatherings are forbidden, and the rules
apply to everyone. So, there is no wondering whether you can or not gather with
someone else, unless you have specific reasons, like essential workers and
things like that. But even in those essential services, employees and people
have to keep their distance from one another, unless it's really not possible. So, all gatherings are forbidden, and the
rules apply to everyone. So, please, comply and keep in mind that we do all
that to save lives.
Le Modérateur
: A question from CTV,
now. What is your reaction to the CDC's recommendation that the general public
should now be wearing face masks during the COVID-19 pandemic? Question for Mr. Arruda.
M. Arruda (Horacio)
: In fact, we are looking at all the evidence based on science to
that. I think that's an emergent approach. Even CDC, days ago, say that those
masks are not are not protective at all. As I was telling, in Québec, the priority is to keep the masks
for the health care system and the essential services. That means if you must
be under two meters to treat a person, you must wear a mask, and everything.
The mask will be, perhaps...
the one made in tissue, or something, yes, it would be like if I cough in my
shoulder... no, it's not a shoulder, it's the elbow, sorry, in the elbow, and
so... But, if there is a concentration of microbes over there and you don't...
you take it away, you contaminate your hands, you put your hands everywhere,
hand washing is more important.
But it could be OK if someone
don't want to sneeze over... and use it. But, if you think that you're using it
for protecting yourself to get contaminated, the mask... you will touch things
with your hands, you will have to look at the mask and then contaminate
yourself.
So, I understand that. We
will look at this as the literature is going to prove. But don't think that the
mask is the solution. Hand washing, having good hygiene is the best thing to
do.
Le Modérateur
: And the last question from Philip Authier, Montreal Gazette. Mrs. McCann, can you bring us up to date on Québec's efforts to produce its own
protective medical supplies, including N95 masks?
Mme McCann : Well, we're working very hard, the whole Government, actually, is
working very hard so that we become autonomous in producing those equipments.
Of course, at this period, we need to get a lot of supply for the next few
weeks, but we would like to become autonomous as fast as possible. It's a
priority of our Prime Minister. And we are in touch with many enterprises and
we're working very, very fast to really put together all the chain of
production so we can become autonomous as fast as possible. This is the highest
priority in our Government.
Le Modérateur
:Thank you very much.
Merci beaucoup à tous. Ceci met fin à la conférence de presse.
(Fin à 13 h 54)