(Treize heures une minute)
Le Modérateur
: Alors,
chers collègues, bienvenue à cette conférence de presse pour faire le point sur
la situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier ministre du Québec,
M. François Legault, est aujourd'hui accompagné de la ministre de la Santé
et des Services sociaux, Mme Danielle McCann, et du directeur national de
santé publique, Dr Horacio Arruda.
M. le premier ministre, à vous la
parole.
M. Legault : Bonjour,
tout le monde. Je vais commencer d'abord par le bilan de la dernière journée.
On a malheureusement six nouveaux décès, donc, un total de 31. Donc,
évidemment, j'offre mes condoléances à la famille et aux proches de ces
victimes. Ce n'est pas des statistiques, c'est des vraies personnes.
On a maintenant 4 162 cas
confirmés, c'est une augmentation de 732. On a 286 personnes qui sont
hospitalisées, c'est une augmentation de 51, et on a 82 personnes aux
soins intensifs, c'est une augmentation de seulement quatre. Donc, c'est
vraiment la bonne nouvelle du jour, là, très peu de personnes, toutes
proportions gardées, qui sont aux soins intensifs.
Notre grande priorité, actuellement, c'est
vraiment tout l'équipement médical de protection. Je parle des masques, en
particulier des masques de procédures, je parle des gants, je parle des
blouses. Chaque jour, on fait le point de façon très détaillée avec le ministère
de la Santé, avec le secrétaire général du gouvernement qui est aussi impliqué,
et je veux aujourd'hui être clair, je veux vous dire la vérité : pour
certains équipements, on en a pour trois à sept jours. Donc, c'est quand même
serré. Par contre, on a des commandes qui devraient arriver dans les prochains
jours, et on a bon espoir d'être capables de passer à travers, là. Donc, je ne
veux pas inquiéter personne.
Je veux aussi en profiter pour remercier mon
ami Doug Ford, qui a accepté ce matin de nous transférer certains
équipements, donc, j'apprécie beaucoup ce geste de la part du premier ministre
de l'Ontario. Je veux remercier aussi Justin Trudeau,
Chrystia Freeland, qui travaillent très fort à sécuriser certaines
commandes à l'étranger avec les ambassades, donc, merci pour votre aide.
Je veux saluer aussi les entreprises. Il y
a beaucoup d'entreprises qui ont des masques, entre autres, le
Groupe Jean Coutu, qui en a 1,3 million, de masques, qui ont
accepté de nous les transférer. Mais je veux reprendre le message que je passe
depuis quelques jours, là, au personnel de la santé : c'est très important,
là, si on veut être capables d'avoir des masques pendant toute la durée de la
crise, très important qu'on utilise les masques seulement quand c'est
essentiel, quand c'est nécessaire d'être utilisé. Danielle est en train de
renvoyer, avec son équipe, là, des procédures pour quand on utilise quel
équipement, mais, très important, plus que jamais... Puis, écoutez, on n'est
pas différents des autres, là, si vous écoutez les chaînes de nouvelles, que ça
soit aux États-Unis, que ça soit en Europe, partout, il y a un peu comme une
course aux équipements de protection, donc on n'est pas différents des autres.
Puis évidemment, bon, il faut être capable d'en avoir dans ce qu'on appelle le
pic, là, le sommet de la courbe, donc on est tous dans la même situation.
Aujourd'hui, je veux passer un message
spécial pour les personnes qui sont isolées, les personnes qui sont seules.
C'est normal que ça soit difficile à vivre et c'est pour ça que je demande aujourd'hui
à toutes les personnes qui ne sont pas seules, qui ont la chance d'avoir un
conjoint, une conjointe, de la famille, parents, des enfants : s'il vous
plaît, appelez une personne seule aujourd'hui. Donnez-vous ça comme tâche, là,
comme responsabilité. Je le disais à mes deux gars hier : Appelez votre
grand-mère, elle va être contente. C'est aussi simple que ça, là, si tout le
monde appelle une personne seule aujourd'hui, je pense, ça va faire du bien à
beaucoup de Québécois.
Mes remerciements du jour, je veux
vraiment les faire aux chercheurs. On a beaucoup de chercheurs actuellement au Québec
qui travaillent jour et nuit pour trouver des médicaments, vaccins. Je pense,
entre autres, au Dr Tardif, à l'Institut de cardiologie, puis j'en profite
pour passer un message pour lui. Actuellement, il a besoin de milliers de
participants pour ses recherches, pour ses études. Ça prend des personnes qui
ont la COVID-19. Donc, je vous demande, là... On va mettre les coordonnées du
Dr Tardif sur le site Web du gouvernement... mais ça pourrait permettre de
sauver des vies. Si vous êtes capable, vous avez la COVID-19, vous acceptez de
participer aux recherches du Dr Tardif... Ça semble très prometteur, ce qu'il
fait.
Puis j'en profite aussi pour remercier
tous les chercheurs, chercheuses. Il y en a plusieurs qui travaillent sur
plusieurs projets qui, on l'espère, vont aboutir le plus rapidement possible.
Et je termine en répétant mes trois
priorités. Pas de sorties, sauf si c'est absolument nécessaire. Si on sort, on
se tient à deux mètres des autres personnes. Puis, quand on rentre de notre
marche ou de notre sortie à l'épicerie, on se lave les mains avec du savon
pendant 20 secondes.
Donc, moi, je pense que, si on respecte ce
plan-là, on va sauver des vies de Québécois. Donc, ça vaut la peine de le
faire, puis je compte sur vous.
Le Modérateur
:
Quelques mots en anglais?
M. Legault : Oui. My biggest concern right now is for the medical supplies. Currently,
for some equipment, we have only for three to seven days. New shipments should
arrive in the next few days, and I want to thank my friend, Premier Doug Ford,
who accepted this morning to transfer us some equipment. So, thank you very
much.
I want to thank also
Prime Minister Trudeau and Deputy Prime Minister Chrystia Freeland. They are
working very hard to secure some orders in other countries. So, thank you very
much. It's very appreciated and it's really the top priority right now, make
sure that we'll have enough medical supplies in the next few weeks. And I want
to ask again to the health professionals, please, use only the supplies when
it's necessary.
So, to get through this
fight, we must remain united. Today, I ask Quebeckers to give a call to someone
who's alone. I know a lot of people are currently suffering form isolation. A
phone call can make a big difference for them. We must also continue to follow
our three priorities. One, don't go out unless it's
necessary. Two, if you do go out, keep your distances, and three, when you come
back home, wash your hands. That's how we'll save lives. Thank you, all.
Le Modérateur
: Merci, M.
le premier ministre. Alors, pour la période des questions des journalistes, on
va débuter aujourd'hui avec Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : M.
le premier ministre, Mme McCann et M. Arruda, il y a un mouvement qui
se dessine en ce moment et qui est supporté notamment par des médecins du CHUM,
entre autres le Dr Boubez, qui est chef de service en orthopédie au CHUM,
et qui suggère le port du masque dans la population en général. Il y a un
mouvement qui part, en ce moment, et qui s'appelle Mask for all, là, non
pas pour se protéger soi-même de la COVID-19, mais bien d'éviter de
transmettre, par le biais de particules qui pourraient être aéroportées,
dit-on. Le Washington Post dit ce matin que le Center for disease
control, aux États-Unis, est en train d'examiner la possibilité de suggérer à
la population en général de porter des masques, même des masques qui sont faits
à la maison. Non, évidemment, pas des masques qui sont visés par les hôpitaux,
les N95, etc., mais des masques faits à la maison.
Alors, voici la question suggérée par les
médecins du CHUM : Êtes-vous capables, un, de garantir que le port du
masque par la population entière n'apporte pas de bénéfice, et, deuxièmement,
est-ce que vous découragez les gens de le faire?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, c'est une question intéressante et une question qui soulève beaucoup de
discussions actuellement. Il faut comprendre que... Il faut voir aussi le
contexte dans lequel on est. On est en pénurie de masques, O.K.? Étant en
pénurie de masques ici comme ailleurs, puis on n'a pas la culture de port de
masque depuis longtemps, étant en pénurie de masques, il nous faut utiliser le
masque pour sa meilleure utilité, O.K.? Je tiens à vous dire que, si on avait
des millions... Puis jamais — ça, c'est important — le
masque ne va remplacer les mesures d'hygiène de base de lavage de mains, je
tiens à vous le dire parce que si vous portez un masque et que vous y touchez,
vous avez touché à des objets, puis vous vous sentez sécurisé, c'est nuisible.
Mais le port du masque peut avoir toutes
sortes d'éléments, et on est en train d'analyser. Il va avoir des études qui
vont être faites là-dessus là, parce qu'on n'a jamais vécu ce phénomène-là, et
c'est différent d'une société à l'autre. Le port du masque peut, premièrement,
entraîner... augmenter la distanciation sociale, parce que, quand vous voyez
quelqu'un qui porte un masque, vous vous demandez : Est-ce que c'est parce
qu'il est malade ou il le porte en protection? Vous vous éloignez.
Ça fait que, dans une perspective — je
comprends les questions qui sont posées — dans une perspective, je
vous dirais, du contexte actuel, où on n'a pas de masque, on doit avoir une
gestion serrée. Qu'est-ce qu'on fera si on en a... quand on en aura des
millions à donner, on verra, mais je pense qu'actuellement on ne peut pas le
faire. Puis est-ce qu'effectivement un tissu, parce que... épais peut diminuer
l'exposition à des gouttelettes? Potentiellement, mais probablement pas au même
taux que le masque chirurgical. Je ne sais pas si vous comprenez. Je comprends
l'orientation que ces gens-là posent comme question. Puis je vais vous le dire,
on va le regarder, on va regarder selon la situation.
Mais je tiens à vous le dire : Ça ne
sera jamais l'alternative à une mesure de distanciation sociale parce qu'il
faut être capable de le porter adéquatement. Et même en situation de procédure,
même en milieu hospitalier, quand le chirurgien fait une opération, si jamais
il se contamine en touchant à un endroit ou à un autre, il y a une infirmière
qui surveille. Donc, vous comprenez, là, que l'importance... Oui, le masque
peut être un instrument. Oui, le masque doit être donné à des gens qui ont des
symptômes en milieu de soins. Oui, le masque est important pour celui qui va
donner des soins à quelqu'un qu'on connaît malade. Est-ce que le masque, dans
la communauté, est... va être l'élément le plus crucial dans la lutte contre la
maladie? Je vous dirais qu'il peut peut-être y contribuer par différents
effets, même pas physiques, mais psychologiques ou autres. Mais, par contre,
dans le contexte actuel, nous ne pouvons pas faire cette recommandation-là
parce que nous allons priver les patients malades et le personnel de soins d'un
outil qui est nécessaire.
M. Lacroix (Louis) :
Mais j'espère que vous avez bien compris la nuance, Dr Arruda, qu'entre
autres étudie le CDC, aux États-Unis, ce n'est pas de porter des masques qui
sont pour le personnel de la santé. La recommandation, c'est de fabriquer
soi-même un masque pour éviter que les particules soient projetées sur d'autres
personnes, pas pour se protéger soi-même.
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, moi, là, si quelqu'un veut se faire des masques en tissu, O.K., je
n'ai pas de problème. Je veux dire, ça... Puis il peut le faire... je pense que
ça peut être fait. Mais il ne faut pas qu'il utilise le masque comme... en
pensant que c'est juste le masque qui va régler son problème. Il doit avoir une
hygiène impeccable des mains, puis etc. C'est ce que je suis en train de vous
dire. Bon, est-ce qu'on... On va regarder la recommandation, on va voir ce
qu'il en est. Si ça sécurise les gens, si ça a un effet sur leur sentiment de
protection, pourquoi pas? Mais je ne peux pas vous dire... je peux juste vous
dire qu'où je ne veux pas que ça nuise, c'est que les gens oublient les autres
méthodes, qui sont plus importantes que le port du masque.
Le Modérateur
:
Prochaine question, Olivier Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) :
Bonjour. Une hausse de 732 aujourd'hui, évidemment la hausse la plus
importante. Vous nous dites que les stocks sont courts. Le plan B, s'il en
manque, c'est quoi?
M. Legault : Bien,
évidemment, il commence... il faut commencer par une utilisation juste, pour
les besoins qui sont essentiels, de l'équipement. Ça, c'est important, là,
parce qu'il y a des grosses variations d'un établissement à l'autre sur
l'utilisation du matériel de production... de protection, pardon. Maintenant,
bien, on travaille très fort, un peu plus pour le moyen terme, à avoir des
entreprises québécoises. Bon, je parle beaucoup avec Doug Ford aussi pour
travailler conjointement avec des entreprises de l'Ontario qui pourraient
fabriquer notre propre matériel. Sinon, bien, écoutez, on regarde partout où on
est capable de commander. Donc, c'est une... Je ne vous cacherai pas, là, puis
c'est pour ça que je le dis aujourd'hui, c'est une préoccupation, mais c'est la
même préoccupation qu'ils ont dans plusieurs états aux États-Unis par exemple,
là, personne ne s'attendait à ce qu'on utilise autant de masques, par exemple.
Mme McCann : Une autre
stratégie qu'on a, par exemple, avec les masques N95, hein, il y a deux
sortes de masques, les N95 puis les masques de procédure, pour les N95, là, on
demande aux gens maintenant de les désinfecter, donc, de les réutiliser. Ça se
fait et...
Une voix
: ...
Mme McCann : Oui. On a
commencé à le faire. À ce moment-là, on conserve nos marchandises, nos stocks,
et ça, c'est très important pour les N95 parce qu'on sait que les N95, on les
utilise seulement dans certaines circonstances mais majeures, quand on fait des
procédures sur des personnes qui ont la COVID-19 ou d'autres, là, qui sont
infectées, des intubations par exemple, des chirurgies ou d'autres procédures
qui sont très près et invasives. Alors, on a vraiment besoin de ces masques-là,
donc, on a commencé à désinfecter ces masques-là.
Et pour les masques de procédure, hein,
les masques chirurgicaux, là, qu'on appelle, évidemment la directive c'est
vraiment de les utiliser quand c'est nécessaire. Et la Santé publique est
claire là-dessus, si quelqu'un est infecté, un patient, à ce moment-là, on lui
met un masque, la personne qui donne le soin, évidemment, va porter un masque,
mais, dans d'autres circonstances, quand les personnes ne sont pas infectées,
dans le courant de tous les jours, les personnes n'ont pas besoin de masque, par
exemple, en CHSLD, en maintien à domicile, à moins que les personnes soient
infectées, bien entendu. Alors, on veut de cette façon-là vraiment protéger
notre quantité de masques de procédures, entre autres.
Évidemment, les consignes, c'est se laver
les mains et, autant que possible, garder deux mètres de la personne. Si on a
un soin à donner puis que la personne est infectée, il faut porter le masque,
bien évidemment.
M. Bossé (Olivier) :
Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur la livraison de l'Ontario, le nombre ou
les éléments particuliers qu'on reçoit, c'est quoi?
M. Legault : Oui. Bien,
c'est encore à établir, là. On a une première livraison qui devrait arriver
aujourd'hui puis possiblement d'autres dans les prochains jours, entre autres
des masques de procédure.
Le Modérateur
:
Isabelle Porter, Le Devoir.
Mme Porter (Isabelle) :
Oui, bonjour. Hier, M. le premier ministre, vous avez invité les gens qui
avaient le besoin... de consulter des psychologues. Or, comme vous savez, il
faut payer, là, la plupart du temps, pour consulter en psychologie parce que,
dans le réseau public, il y a des listes d'attente très importantes, puis les
gens ont encore moins les moyens de se payer des psychologues actuellement. Comptez-vous
offrir des services gratuits ou ajouter des ressources dans le réseau public
sur ce plan-là, et quand? Parce que, là, on a l'impression que c'est une
période qui est critique sur ce plan-là.
Mme McCann : Oui, vous
avez raison, puis on a déjà commencé. On sait qu'il y a 325 000 personnes,
là, qui ont un problème de santé mentale, là, qui sont déjà connues de nos intervenants,
alors c'est déjà commencé, on a demandé à nos intervenants de tous les appeler.
Mais non seulement tous ces gens-là, mais aussi ceux qui sont sur la liste
d'attente, hein, il y a des gens qui attendaient pour des services, alors ils
vont tous les appeler. Alors, ça, c'est important.
Puis on dit à la population aussi :
Si vous avez besoin de services, appelez votre CLSC. Et on va s'organiser pour
leur donner, évidemment, le plus possible, par téléphone, hein, pour les
raisons qu'on comprend, la distanciation sociale. Évidemment, si on a besoin de
les voir, on va s'organiser pour les voir, mais il y a beaucoup de choses qui peuvent
se faire par téléphone, et même on implante actuellement la téléconsultation,
de plus en plus, dans notre réseau. Alors, ça, je pense que ça va prendre de
l'ampleur.
Et il faut dire aussi qu'il y a des lignes
téléphoniques d'aide aussi, si les gens veulent les utiliser, c'est important.
Mais, autrement, si les gens ont besoin de services psychologiques ou des
services psychosociaux, appelez votre CLSC, ou vous allez être appelé, là, si
vous êtes connu ou si vous êtes sur une liste d'attente.
Mme Porter (Isabelle) :
Mais, admettons, là, moi, je suis un travailleur qui a perdu son emploi, je
suis en détresse, j'ai besoin de ce genre d'aide là. Vous dites que, si
j'appelle à mon CLSC, je vais pouvoir avoir de l'aide rapidement, à l'heure
actuelle?
Mme McCann : Oui, vous
pourriez avoir de l'aide téléphonique. Et on pense aussi à une autre stratégie qu'on
est en train de travailler, où est-ce qu'on aurait peut-être une organisation au
niveau des lignes téléphoniques existantes pour donner une réponse plus large à
la population. Parce qu'on sait que la population, là... On vit des circonstances
assez exceptionnelles, difficiles, et on a probablement besoin d'une réponse un
peu dans le sens que vous dites, là, quelqu'un qui a perdu son emploi, qui fait
une anxiété normale, là, par rapport à ça. Alors, on est en train de regarder
une stratégie, là, au-delà de ce que je vous ai dit, de gens qui sont connus ou
sur une liste d'attente, ou appeler son CLSC, mais une stratégie encore plus
globale pour la population du Québec. C'est en train de se travailler, actuellement.
Le Modérateur
: Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) :
Oui, bonjour. M. le premier ministre, je veux être certain de bien comprendre
la situation en ce qui concerne les équipements de protection. Parce qu'il y a quelques
jours encore vous nous disiez : Faisons attention, ne gaspillons pas le
matériel, mais vous nous disiez aussi qu'on en avait encore pour quelques
semaines. Or, là, aujourd'hui, vous nous parlez d'un délai de trois à sept
jours avant une rupture de stock potentielle. Qu'est-ce qui explique ce
revirement? Est-ce qu'il y a eu du gaspillage? Est-ce qu'on avait mal utilisé
les masques ou mal évalué les stocks?
M. Legault
: Non.
Je pense qu'il y a une semaine ou deux, je vous ai dit «quelques semaines». Maintenant,
il reste une semaine. Non, je ne pense pas, là, que, dans les derniers jours...
je n'ai pas dit «quelques semaines».
Mais on est dans une situation où les
commandes qu'on souhaitait avoir ne sont pas toutes rentrées. On a une
situation aussi où l'utilisation a beaucoup augmenté par rapport à ce qui était
l'utilisation précédente, puis pourtant, quand on regarde le nombre
d'hospitalisations, là, ce n'est pas nécessairement corrélé avec l'augmentation
des équipements.
Donc, c'est exactement ce qu'on avait
prévu. Il y a deux semaines, il en restait pour quelques semaines. Là, il en
reste trois à sept jours, puis on espère que les commandes vont rentrer dans
les prochains jours.
Mme McCann : Mais ce que
j'aimerais ajouter là-dessus — vous permettez, M. le premier ministre? — c'est
qu'il faut vous dire, là, qu'actuellement on utilise 10 fois plus
d'équipements qu'en temps normal. Alors, ce qu'on utilisait en une année, on
l'utilise en quatre semaines, à peu près. Alors, ça a changé. Puis, vous savez,
on vous le dit toujours, hein, que les choses changent, peuvent changer très
rapidement. Alors, c'est ce qui a changé, là, dans les derniers jours, là. On
s'aperçoit... évidemment parce que la situation évolue, puis qu'on a besoin
d'utiliser cet équipement-là davantage.
M. Lavallée (Hugo) : Sur
un autre sujet, concernant les négociations avec les employés de l'État. On a
appris, donc, hier soir, la conclusion d'une entente avec la FIQ concernant des
mesures de santé et de sécurité à prendre immédiatement dans le contexte de la
pandémie. On comprend qu'il y a des discussions avec d'autres syndicats, là,
sur ce thème précis.
Est-ce que, dans le contexte où on a réglé
le plus urgent, là, qui était les mesures de santé et de sécurité à court
terme, c'est toujours nécessaire de conclure maintenant de nouvelles
conventions collectives avec l'ensemble des employés de l'État? Est-ce que vos
énergies ne seraient pas mieux investies à vous occuper d'autres dossiers que
celui-là, qui semble assez lourd?
M. Legault : Oui. Bien,
écoutez, il y a des discussions qui vont se poursuivre dans les prochaines
semaines, dans les prochains mois. Il y a des mesures qu'on propose qui sont
des mesures qu'on souhaite permanentes. Il y a des mesures qu'on souhaite temporaires.
Donc, on essaie de tout discuter ça. Ce n'est pas nécessairement simple, même
pour les mesures temporaires. À qui ça doit s'adresser? Qu'est-ce qu'on fait
avec les préposés aux bénéficiaires? Ce n'est pas nécessairement simple.
Le Modérateur
:
Maintenant, pour Hugo Pilon-Larose, La Presse.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Quand vous dites, donc, pour les équipements, qu'on en a pour trois à sept
jours, on croit comprendre, donc, que ça concerne entre autres les masques. Il
y a des médecins qui demandent, entre autres au collège du médecin, s'ils
doivent, déontologiquement, poursuivre de traiter des patients atteints de la
COVID-19 si jamais on est pénurie de masques. D'abord, est-ce que vous excluez
que c'est... un, d'abord, que les médecins soient confrontés à ce dilemme, et,
si oui, que doivent-ils faire?
M. Legault : Ah! bien,
écoutez, pour l'instant, il n'est pas question qu'on demande à qui que ce soit
de procéder à des actes sans être protégé, là. Donc, on n'est pas là. On vous
dit que c'est serré. On travaille très fort sur les commandes, on travaille
très fort avec l'Ontario, on travaille très fort avec le gouvernement fédéral.
Moi, j'ai bon espoir qu'on va être capables de passer au travers. Donc, on
n'est vraiment pas à l'étape où on dit aux gens : Faites des opérations,
là, sans vous protéger. On n'est pas là du tout, du tout, là.
Le Modérateur
:
Sous-question?
M. Pilon-Larose (Hugo) :
En termes d'offres de santé mentale, Mme McCann, vous dites, donc, que les
professionnels, entre autres dans les CLSC, vont pouvoir appeler les gens,
notamment ceux qui étaient sur des listes d'attente. La question qu'on peut se
poser, c'est : Qu'est-ce qui va rester de tout ça après la crise,
c'est-à-dire, comment ça qu'avant la crise, il y avait des listes d'attente, il
y a du monde qui souffrait, qui n'arrivait pas à avoir des services, puis là,
aujourd'hui, comme par magie, on arrive à débloquer des fonds ou de trouver des
gens pour répondre à leurs besoins? Qu'est-ce qui va rester une fois que la
pandémie va être terminée?
Mme McCann : Bien, je
pense que c'est une très bonne question que vous posez parce que je vous
dirais, à plusieurs niveaux, le réseau est en train de se transformer. Quand je
vous parle, là, de consultations par téléconsultations, ça, ça n'existait pas,
là, à peine, dans notre réseau. Actuellement, il y a 30 % des médecins
spécialistes, en 10 jours, qui ont mis... qui ont implanté leur plateforme
de téléconsultation. Il y en a 12 % au niveau des médecins omnipraticiens,
en cinq jours, alors on continue. Et ça, ça transforme l'offre de service, et
ça va continuer par la suite, là, c'est clair. On ne peut pas tout faire par
téléphone ou par téléconsultation, mais on peut faire beaucoup de choses, et
les gens, souvent, préfèrent ne pas se déplacer non plus, et le médecin peut
faire son intervention de cette façon-là.
Pour la santé mentale, bien, on va
développer des plateformes en téléconsultation aussi. Alors, ce que je vous dis
aujourd'hui, c'est que le moyen le plus rapide, le plus simple, c'est le
téléphone, et c'est ce qu'on va faire, mais il y a la téléconsultation aussi
qui va se développer graduellement. Et notre réseau, quand on va sortir de
cette crise, va être transformé à plusieurs niveaux, au bénéfice de la
population.
Le Modérateur
: Au tour
d'Alain Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour à vous. Mme McCann, je vous ai posé la question il y a quelques
jours, voire même plus d'une semaine, concernant l'utilisation du matériel de
fortune dans des hôpitaux. Encore aujourd'hui, dans un hôpital de la Rive-Sud
de niveau 2, on utilise des masques, c'est-à-dire des visières de
protection fabriquées avec des acétates.
Mme McCann :
M. Laforest, les visières de protection, là, d'abord, on en a commandé. Il
y en a qui, j'espère, vont être reçues. On en a un certain nombre, mais des
visières, là, ça se désinfecte. Alors, moi, je vais m'informer de ce que vous
dites et je vais y voir parce qu'il faut absolument que le personnel ait le
matériel qu'on leur fournit, qu'ils en aient suffisamment, et surtout dans un
niveau 2, absolument. Une visière, ça se désinfecte. Et ça, je vais y
voir, je vais m'assurer qu'on a une visière appropriée. Il n'y a pas de raison
d'avoir une visière de fortune dans un hôpital, dans n'importe quel hôpital du
Québec.
Le Modérateur
: En
sous-question.
M. Laforest (Alain) :
Est-ce que c'est possible, actuellement, et la FIQ soulève ça, qu'il y ait une
distanciation ou un problème entre ce que vous, en tant que gouvernants, vous
dites et l'application qui se fait dans les directions, soit les CIUSSS ou les
directions de centres hospitaliers? Entre autres, la FIQ a mis en ligne un
site, Je dénonce, parce qu'on dit que, dans certains hôpitaux, le message que
vous envoyez, ce n'est pas ce qui se fait sur le terrain.
Mme McCann : Ça progresse,
mais je comprends. Et moi, j'ai parlé à toutes les centrales syndicales hier,
dont la FIQ, d'ailleurs, et moi, je vous dirais que ce que je dis maintenant,
c'est non seulement il faut aplatir la courbe, il faut aplatir la structure. Si
vous me suivez, ce que je veux dire, c'est qu'on a de grandes organisations,
mais il faut se rapprocher du terrain, avoir des processus très clairs par
rapport au matériel, par exemple, puis au protocole, et je pense
qu'effectivement qu'il peut y avoir certains endroits au Québec où il y a des
améliorations à faire. Mais j'ai parlé également aux présidents-directeurs
généraux, vendredi dernier, je leur ai parlé hier, et déjà, en trois jours, je
vous dirais, il y a beaucoup, beaucoup de progrès. Il faut savoir qu'on est en
train de faire des choses à la vitesse de l'éclair, en deux jours, que, dans le
passé, on aurait faites en un mois.
Mais, ce que je veux vous dire, c'est
qu'on veut être au courant, et, moi, je comprends que la centrale syndicale de
la FIQ a mis ce site Web là. D'ailleurs, on a des liens constants, mon chef de
cabinet parle aux centrales syndicales aux deux jours, alors on veut être au
courant, on veut savoir où est-ce qu'il y a des problèmes pour aider, pour
supporter nos établissements et nos équipes, et vraiment que ces processus-là
soient optimaux pour protéger notre personnel.
Alors, ce qu'on dit : Oui, on veut
avoir des nouvelles du terrain. D'ailleurs, moi-même, j'appelle, là, pour avoir
des nouvelles. J'ai appelé le président de la FMOQ, la présidente de la FMSQ,
j'appelle les centrales syndicales, on veut des nouvelles du terrain parce
qu'on veut supporter nos établissements et nos équipes dans un processus, là,
le plus rapide possible et le meilleur possible.
Le Modérateur
:
Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour, la question est pour le Dr Arruda. En janvier ou février, quand
vous nous rencontriez, vous disiez que le Québec était prêt, à l'époque, à
faire face à toutes les éventualités, qu'on n'avait rien à craindre, vous
tentiez même de rassurer les gens. Depuis le début de la crise, on découvre
que, bon, là, on risque de manquer d'équipements médicaux, on a eu des
problèmes avec la ligne Info-Santé pendant plusieurs jours, qui a été débordée,
il y a des gens qui ont dû attendre plusieurs jours aussi pour avoir des
résultats, bref, il y a eu des ratés dans le système. Est-ce que vous admettez
que le Québec n'était pas prêt à faire face à une telle pandémie?
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, je pense que ça dépend... qu'est-ce qu'on entend par «être prêt». Dans
les faits, si vous vous attendez à ce qu'on aille... Tout coule comme à
l'habitude, je pense que c'est impossible. En tout cas, je ne vois pas un pays
dans le monde qui l'a fait. Bon, peut-être qu'à certains endroits, ils ont une
certaine force, d'autres... etc.
Moi, ce que je veux dire aussi... Puis
j'ai aussi dit, hein, que cette situation-là, là, c'est facile de regarder en
arrière, puis on va la regarder, ça, c'est clair, quand la situation va être
présente... Mais c'est une situation qui change au jour le jour. Quand il y a...
la quantité de masques qu'on avait et les commandes qu'on avait placées, ça
nous a été répondu : On serait prêts. Ça fait qu'on est dépendants aussi
de toutes sortes de situations internationales, comme tel.
Moi, je pense que le Québec est encore...
et je vais vous le dire, c'est l'histoire qui va nous le dire, c'est le futur
qui va nous le dire si on était prêts ou pas, mais... Puis j'essaie de me
concentrer sur ce qu'on a à faire au Québec. Je pense que les meilleures
indications ou signes d'intervention qu'on a vus et générés par la littérature
puis les expériences, d'ailleurs, on est en train de les appliquer.
Mais, certes, on va vivre des situations.
Certes, on est en train d'augmenter beaucoup la capacité pour traiter le monde.
Certes, je vous... je ne suis pas le bon Dieu, je ne peux pas donner une
garantie, mais, certes, je pense qu'on a fait véritablement notre maximum.
Puis je peux vous dire que déjà depuis
plusieurs semaines, puis là je parle de secteurs qui sont dans d'autres
secteurs, mais avec lesquels on travaille conjointement. Les lits sont
disponibles. Il va y avoir un enjeu de ressources humaines. Ça, c'est une
affaire qui est importante, là. On ne peut pas tricoter. Les équipes s'adaptent.
On fait des formations avec d'autres choses.
Moi, je considère... On pourra voir ce
qu'on aura manqué. On pourra sûrement faire mieux la prochaine fois, si on est
encore ici ou si je suis encore vivant, on verra, et si je suis encore dans ces
fonctions. Mais je pense que c'est très facile maintenant de dire : On a
dit ça à telle date... Puis je vais vous le dire, on reviendra là-dessus, comme
tel.
Moi, je pense que le Québec a fait... et
je tiens à dire que les gens de santé publique, du réseau de la santé, les
travailleurs essentiels, toute la société est en train de faire... le
gouvernement est en train de faire le maximum. Je pense que, quand on compare
les actes que le Québec a posés par rapport à d'autres gouvernements, on verra
ce que l'histoire dira.
Mais moi, je pense qu'aussi ce qui est
important... Vous faites votre excellent travail de poser les questions pour
nous challenger, mais il faut aussi maintenant que la population embarque dans
le jeu, puis je pense qu'on fera l'analyse, les débriefings un peu plus tard.
Mais je tiens à vous dire que je pense
qu'ici, là, les gens sont à 200 %, 300 %. Là, il faut commencer à
penser à remplacer des personnes aussi pour qu'elles se reposent un peu parce
que, vous savez, à la fois, si c'est dur pour les gens dans la population,
c'est aussi très dur pour les intervenants. Mais les gens sont motivés, les
gens croient à leur rôle. Il y a plein de gens qui veulent venir nous aider
parce que c'est une mission qui est très importante, qui est de protéger les autres.
Mme McCann : Mais je
pense que c'est important effectivement de saluer l'énorme travail qui a été
fait et qui continue d'être fait par les gens du réseau qui sont en train de
transformer le réseau complètement pour répondre à cette demande-là. On a
libéré, en l'espace de trois semaines, 7 000 lits, dont presque
600 lits de soins intensifs dans le réseau. C'est du jamais-vu au Québec.
Et les efforts continuent pour vraiment nous assurer qu'on aura les services
pour notre population. Alors, les gens sont mobilisés, c'est sûr qu'il y a toujours
des ajustements à faire, mais les gens sont mobilisés dans le réseau et au ministère.
M. Arruda (Horacio)
:
J'aurais juste un élément à ajouter. On aura un Québec différent après la
pandémie qu'on vit maintenant. En numérique, en télétravail, en économie, ça va
transformer notre société, puis il va falloir rebondir là-dessus pour que cette
crise devienne une opportunité.
Le Modérateur
: En
sous-question, M. Bergeron.
M. Bergeron (Patrice) :
Si vous me permettez, en complémentaire, brièvement, est-ce qu'il serait
possible d'avoir un tableau de l'éclosion dans les résidences pour aînés au Québec?
Il y en a combien qui sont touchées, au total, sur l'ensemble du territoire,
puis combien de personnes sont infectées dans ces résidences-là ou il y a eu
combien de décès aussi dans les résidences pour aînés?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, écoutez, je vais essayer de trouver mon tableau parce qu'on a toutes
sortes de tableaux. Puis je veux peut-être en profiter pour annoncer qu'il va y
avoir, dans des sites Web, des graphiques et des données beaucoup plus
régulières, là. Il y en avait déjà, dans le site Web Québec.ca, mais vous allez
voir qu'il va y avoir, à partir de cet après-midi, avec une collaboration de
l'institut, du ministère de la Santé et tout le réseau de la santé, des données
qui vont être données. Mais je vais essayer de vous retrouver le tableau. Il y
en avait au-dessus de 130 quelques, comme tel, chacune étant à différents
niveaux, là, certains ayant un seul cas chez un usager, ou etc. Mais on est
autour, à peu près, de 137, mais je vous propose d'aller regarder sur le site
Web cette donnée-là, qui va être là après-midi ou au plus tard demain, là,
parce qu'on est encore en train d'accumuler. Puis ce qu'on voulait faire, c'est
d'assurer d'avoir des données assez justes, stabilisées, pour être en mesure de
les rendre publiques.
M. Gagnon (Marc-André) :
Très bien. Alors, si je peux me permettre à mon tour, Marc-André Gagnon, du Journal
de Québec. Vous avez vu, là, c'était rapporté dans les pages du journal, ce
matin, M. Legault, vous avez commencé à préparer l'avenir, la relance avec
quatre de vos ministres. Quelles mesures vous apparaissent inévitables, là,
pour donner une chance à la reprise qu'il devra... qu'il y aura, hein, après la
crise — le Dr Arruda y faisait référence — est-ce que
c'est une baisse du fardeau fiscal des Québécois, est-ce qu'il faudra mettre de
côté le plan de réduction des GES, par exemple?
M. Legault
: Bon,
d'abord, ce qu'il est important de dire, c'est que notre priorité, actuellement,
c'est la santé. Bon, ça ne nous empêche pas d'avoir une équipe qui travaille
sur l'économie parce qu'on a deux grands défis devant nous, mais il reste que
la priorité, à court terme, c'est la santé. On commence à travailler avec une
équipe sur l'économie, ça veut dire, quand on parle d'économie, on parle de
consommation, donc, oui, il faudra regarder s'il faut aider les individus,
donc, les Québécois à avoir de l'argent pour consommer, recommencer à
consommer, être confiants dans l'avenir quand ça va recommencer.
Deuxièmement, les entreprises. On veut que
les entreprises soient prêtes à fonctionner dès qu'il y a de la lumière au bout
du tunnel puis qu'on peut mettre de côté les problèmes de santé puis se concentrer
sur l'économie. Donc, c'est important qu'on identifie les entreprises qui vont
vivre des difficultés, s'assurer qu'elles sont prêtes à être relancées rapidement.
Puis, évidemment, il y a des choses qui
vont avoir changé. Il y a des secteurs où, bon, on va avoir une... certains
disent une démondialisation. Donc, moins d'importation, ça suppose plus de
production locale. Moins d'exportation, ça veut dire se concentrer sur des
nouveaux produits, des nouveaux services. Évidemment, le télétravail, tout le
numérique, la robotique, ça va être plus important que jamais. Il y a des
secteurs, comme les livraisons, ça va être très important. Les gens s'habituent
maintenant à se faire livrer des choses. L'agriculture, s'assurer qu'on a des
produits de qualité qui sont faits chez nous, c'est important.
Puis il y a des belles opportunités qui
sont possibles d'être jumelées avec notre lutte aux changements climatiques. Je
pense qu'entre autres tous les projets qu'on a dans le transport en commun, que
ça soit à Montréal, Longueuil, Laval, Québec, Gatineau, les autobus électriques
dans les 20 grandes villes du Québec, je pense que ça, ça va aider à
ajouter rapidement des infrastructures. Donc, des contrats publics qui vont
remplacer des contrats privés qui ne seront peut-être pas là, au rendez-vous,
dès le redémarrage. Donc, il y a une équipe qui est dirigée par Éric Girard
avec Pierre Fitzgibbon, Christian Dubé, Jean Boulet. Aussi, s'assurer qu'on s'arrime
bien avec les syndicats. Je pense entre autres à tout ce qui va se passer dans
le secteur de la construction.
Donc, on se prépare, mais je vais être
très clair, là, moi, ma priorité, quand je me lève, le matin, c'est la santé,
mais ça ne m'empêche pas de passer quelques heures durant la journée à
travailler sur le plan économique qu'on aura besoin en temps et lieu.
M. Arruda (Horacio)
:
M. le premier ministre, si vous me permettez...
M. Gagnon (Marc-André) :
Oui, allez-y.
M. Arruda (Horacio)
:
... les nouveaux chiffres, les voulez-vous pour les...
M. Gagnon (Marc-André) :
Allez-y.
M. Arruda (Horacio)
:
Je les ai. Puis ça peut changer, tantôt, quand vous allez voir sur le site,
parce que les données sont mises à jour, puis ça sera une tombée de neuf
heures. Il y a 184 CHSLD pour lesquels il y a eu un cas ou une situation,
114 résidences pour personnes âgées, 59 RIRTF, puis, dans d'autres
milieux de vie, là, où peuvent vivre des personnes âgées, il y en a 53.
M. Gagnon (Marc-André) :
Merci. Donc, si je peux revenir, M. le premier ministre, respectueusement, vous
savez, sur les réseaux sociaux, on voit passer toutes sortes de commentaires,
parfois malheureux, mais, les gens, quand ils regardent la composition de ce
comité de relance que vous avez créé avec quatre ministres, quatre hommes, ils
se demandent, bien, pourquoi il n'y a pas une femme. Par exemple, pourquoi Mme Guilbeault,
qui est vice-première ministre, ministre de la Sécurité publique, n'est pas...
n'est-elle pas impliquée? Donc, je vous donne l'occasion de répondre à ce
commentaire que j'ai vu passer.
M. Legault : Oui, bien,
écoutez, vous savez qu'on est à peu près moitié-moitié au conseil des
ministres, mais Mme Guilbault va continuer à s'occuper de la sécurité
publique. Mais ce qui est important, c'est l'économie. Donc, l'économie, on va
avoir des dommages importants, donc évidemment ça suppose d'avoir
Pierre Fitzgibbon. Évidemment, il va falloir tout financer ça puis de voir
c'est quoi, les ressources qu'on a de disponibles, bien, c'est le ministre des
Finances puis, bon, le ministre du Travail, bien, c'est important qu'on ait des
travailleurs prêts, en toute sécurité, à travailler. Donc, c'est comme un
hasard, si on veut, que ça soit quatre hommes. Actuellement, la priorité,
c'est la santé puis c'est une femme excellente qui est là, puis qui est
Danielle.
Le Modérateur
: Très
bien, merci beaucoup. On va maintenant passer, donc, aux questions en anglais. We'll start today again with Cathy Senay, from CBC.
Mme Senay (Cathy) : You talked, Mr. Arruda, about the number of CHSLDs' that are
affected with outbreaks and also private residences for seniors. How are you
working to prevent people, basically, from dying, from seniors' facilities,
right now?
M. Arruda (Horacio)
: In fact, and I could say that these numbers can have only 1%, 1% of
the staff and could be 7%, no one dying. Sometimes, it is going to be 5% that
are going to die. What we do is exactly the measures that we told. We told that
those persons, as soon as there is one case, OK, there should be protocols to
make sure that we treat people, to make sure that we protect the healthcare
workers, to make sure that there are no visitors anymore getting into this,
because they can get in the community, and it's why we want to apply... And in
some places, even if we made those recommendations, even if we made somebody at
the door, some people are going by the back door. So, that's all those measures
that are going to make that we are going to... And what is the problem, is that
there is no treatment, there is no vaccine. And, so, when you're old, it's
almost... you can... away and even get a small disease, but the risk of dying
from this is going to be high. And you must understand that in our CHSLDs', it's
not people in good condition, they have different kinds of diseases. They are
already at risk for dying from an infection, a normal infection.
So it's based on knowing
exactly what is the situation.
Is it on one floor? Is it only in one unit? And, if it's only in one unit, this
unit is going to be isolated from the other parts. But we don't want people,
again, to visit them from outside, to get the disease and to transmit it. So,
that's, I would say, in a search-and-contain approach.
Sometimes, there's going
to be people dying. It's almost impossible... I cannot promise you... There is
not perfect thing. Because, sometimes, the virus is already there, and you
didn't... have not been detecting. That's the same thing here, in Ontario, everywhere in the world. So, it's
why we make a lot of emphasis on three things and the application of these
protocols in those settings.
M. Legault : Mrs. Senay, sorry. Je voudrais juste, parce
que j'ai fait un oubli important dans le comité. Le président du Conseil du
trésor, Christian Dubé. Pierre Fitzgibbon s'occupe des
contrats privés, mais, très important, Christian Dubé s'occupe des contrats publics. Je ne voulais juste
pas l'oublier.
Le Modérateur
: Très bien, c'est noté. Mme Senay a une sous-question.
Mme Senay (Cathy) : I have a question for you, Mr. Legault. If we look at the
numbers today, as of today, there are 7 708 confirmed cases in
Canada. In Québec, there is an increase of 732. That's 21.3%. And now we have
4 162 cases. That's 54% of all cases in Canada. The number of cases
in Québec compared to other provinces, is it one of your arguments when you
talk to Mr. Ford or any other Premiers, saying that you need supplies for
medical equipment?
M. Legault : No, it's not the argument, because, when you look at the figures
about the number of people in our hospitals and when you look at our debts, we
have figures that are quite low. So, we have to be careful when you look only
at the cases, because, first, we tested a lot more. In fact, we are one of the
places in the world that tested the most. And we tested also some people that
were more at risk. And even right now we started to consider some people like
positive even without a test if they are with somebody having been tested
positive and have symptoms. So, we have a different method, so we have to be
careful when we compare. But, if you compare our results with the United States, with all the countries in
Europe, we're doing better so far. So, we have to be careful. Yes, it's
quite... I am quite impressed by the results in Ontario regarding the number of
cases, that are very low. But, if we compare with United States and
countries in Europe, Québec is very low. So... And again we have to repeat that
the school break was at the worst time possible, right before we stopped
travelling.
Le Modérateur
: Now, question sent by email from Raquel Fletcher, Global News:
Are you or Mme Guilbault talking to the military on a regular basis? Is
the military involved in any planning sessions?
M. Legault : No, we don't have right now any need for the army. So, all the
police has things under control.
Le Modérateur
: Maybe for Dr. Arruda: It could be weeks or even months before we
see the other side of that curve, but I am wondering — Raquel is asking — if you can tell us how long it will be before we get back to normal?
Will we only be able to loosen the social distancing measures once there is a
vaccine?
M. Arruda (Horacio)
: That's the question. It's a good question but I don't think nobody
has the answer. It's a question I would like to have because I would be able to
say where things are going to get down. We will be, only, probably, able to say
that when we are going to be at the top of the thing based that it's going to
be a symmetric curve. So, I think it's impossible, that's... I'm sorry. But, we
will follow it very, very clearly.
Le Modérateur
: Now, question from CTV News, question for minister McCann:
There continue to be COVID-19 cases and deaths in seniors' home in Québec. Some
residences are now isolating their patients on one floor. If patients are
asymptomatic, is it the best approach? And how we avoid a situation like we've
seen in a seniors' residence in Ontario where there have been 13 deaths?
Mme McCann : Well, I hope I understood your question well, but my understanding
and the orientations of Public Health is, when you have symptomatic cases in a
long term facility, you isolate them. So, you have what you call a «hot zone»
and a «cold zone». The hot zone is where people have symptoms and are being
tested for COVID-19 or have been confirmed, and the other zone is the cold
zone, for the other people. So, that is the best way to protect : to
separate those two groups of people. I am not sure if I'm answering the
question. Is that OK?
Le Modérateur
: Yes, I think it's clear. Second question, maybe for Mr. Legault,
again for CTV: Commercial and residential rents are due tomorrow, and since
many people are now out of work and businesses are closed, will the Government
delay April rents payments for at least 30 days?
M. Legault :
OK, like I said before, first, all people that need some money will get $2000 a month from the federal Government, retroactive to March 15th. There is problem of cash flow for
some people between now, or between the April 1st and the time they get
their checks, so, I'm asking owners to be comprehensive, but also we made sure
that the Régie du logement will
not accept any eviction during this period.
Le Modérateur
: And our two last questions are from Philip Authier, Montreal Gazette. First, for Mr. Legault:
We are getting reports from members of the Jewish community saying they are
being denied access to essential services such as pharmacies and banks. There
is also racist remarks on social Medias. What is your reaction to this and what
is your message to Quebeckers?
M. Legault :
OK. First, racist messages are unacceptable in Québec. We will never accept
that, and about not getting the right to go to a pharmacy, I'm not aware of
that. We may have some restrictions in Boisbriand, because of the reason you
know, but I don't think that in other places we have this kind of restriction.
Le Modérateur
:
And now a question from Phil for Mme McCann: In November, you announced
that the new lower parking rates for hospitals will come into effect this
spring. We're getting reports that hospitals are still charging the old higher
rates. Why is it the case? And also do you plan to lower rates for patients, in
hospitals, who watch TV in their room, for example?
Mme McCann :
Well, on the first question, the plan was to implement what we had announced
for the rates, but that would be in the parking for patients across Québec. So,
this was going to be rolled out gradually. I will inquire actually where
they're at. But, by the end of June, we're supposed to have all the hospitals
in Québec with the new rates that we had announced.
For the televisions in
the hospitals, we're analysing the situation. Maybe some foundations could
participate in this effort. We're looking into it right now.
Le Modérateur
:
Merci. It's all the time we have.
Mme Senay (Cathy) :
Est-ce que c'est possible de demander une petite clarification pour la route?
M. Legault...
Le Modérateur
: Ah!
c'est tout le temps qu'on a.
Mme Senay (Cathy) :
...M. Doug Ford est en train de dire qu'il n'a pas envoyé d'équipement
médical au Québec dernièrement, là.
M. Legault : O.K. Bien,
on s'était entendus qu'il y a de l'équipement qui devait être envoyé en Ontario
qui était envoyé au Québec.
Le Modérateur
: C'est
tout le temps qu'on a. Merci beaucoup. Bonne fin de journée. Merci.
M. Legault : Merci.
(Fin à 13 h 51)