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Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre et Mme Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux

Situation au Québec quant à la COVID-19

Version finale

Le vendredi 27 mars 2020, 13 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Treize heures une minute)

Le Modérateur : Alors, chers collègues, bienvenue à cette conférence de presse pour faire le point sur la situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier ministre du Québec, M. François Legault, est aujourd'hui accompagné de la ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme Danielle McCann, et du directeur national de la santé publique, Dr Horacio Arruda. M. le premier ministre, à vous.

M. Legault : Oui. Bonjour, tout le monde. D'abord, un immense merci à ceux qui se sont inscrits hier pour faire du bénévolat. Les Québécois sont tellement généreux que, comme je m'y attendais un peu, ça a fait sauter le portail parce qu'il y avait trop de gens qui voulaient être bénévoles, mais là on me dit que le portail est remis en place, et puis déjà on a 12 000 personnes, là, qui ont été appareillées avec des organismes. Donc, merci beaucoup à tous les Québécois, là. Les Québécois sont généreux, et on peut être fiers de cette réponse-là.

Bon, maintenant, je vous l'avais dit au cours des derniers jours, on s'attendait à arriver dans une nouvelle étape plus critique. Vous allez le voir, les résultats le montrent aujourd'hui. Donc, aujourd'hui, on a 10 décès de plus. Donc, on est à 18 décès. Évidemment, je veux, au nom des Québécois, offrir mes sincères sympathies, condoléances, aux familles, aux proches. Je le sais que c'est dur. Moi-même, quand je l'ai appris ce matin, 10 décès, juste dans une journée, c'est dur, puis on avait beau m'avoir averti depuis quelques jours qu'on en viendrait là, mais, bon, il faut continuer d'avancer puis d'essayer de justement limiter le nombre de décès pour la suite des choses.

Concernant les autres chiffres, on a 2 021 cas confirmés, c'est une augmentation de 392. On a 141 personnes hospitalisées, c'est une augmentation de 35. On a 50 personnes aux soins intensifs, c'est une augmentation de 7.

Du côté du nombre de tests, on a augmenté le nombre de tests, mais on est en train de valider le nombre de tests qui a été fait dans certaines régions, donc on va vous revenir demain avec des chiffres à jour. Mais, bon, comme vous pouvez le voir, là, on a quand même augmenté le nombre de tests puisqu'on a plus de cas positifs.

Peut-être un mot, là, parce qu'évidemment, quand on regarde les chiffres, on voit qu'on a plus de personnes infectées que dans les autres provinces. L'explication de la santé publique, c'est de dire : Bien, notre congé scolaire, au Québec, est tombé au plus mauvais moment. Donc, juste avant qu'on dise aux gens d'arrêter de voyager, bien, nous, on a eu beaucoup de monde qui ont voyagé juste avant, là, à la dernière minute. Donc, ça affecte nos signes... nos résultats, pardon.

Je veux revenir aux consignes, aussi, là. J'ai vu hier, entre autres sur les médias sociaux, qu'il y a beaucoup de gens qui ont vu mon appel au bénévolat comme étant un peu contradictoire. Donc, je veux peut-être revenir et mettre ça tout ensemble.

D'abord, je demande aux Québécois... Le Québec est sur pause. Il faut, autant que possible, qu'on reste tous à la maison, sauf pour donner ou pour recevoir des services essentiels. Tout le monde à la maison, sauf pour aller chercher des services essentiels ou pour en donner. Donc, c'est sûr que les gens doivent sortir pour aller à l'épicerie se chercher quelque chose à manger. C'est sûr aussi qu'on a besoin d'avoir des personnes qui donnent les services essentiels. Puis quand on parle de, par exemple, aider les personnes de 70 ans et plus à aller, pour eux autres, chercher à manger, bien, ça prend des bénévoles. Quand on parle d'avoir des banques alimentaires pour donner de la nourriture à ceux qui en ont besoin, bien, ça prend des bénévoles. Donc, le bénévolat, on ne parle pas de bénévolat social, là, de façon générale, on parle de bénévolat pour donner des services essentiels, comme de nourrir tout le monde. Donc, on reste à la maison sauf si on va chercher des services essentiels ou on donne des services essentiels.

Bon, maintenant, les marches, les fameuses marches, là. Je vois qu'il fait plus beau qu'un peu plus tôt ce matin, en tout cas, à Québec. C'est important d'aller prendre des marches. Vous pouvez aller prendre des marches, mais, si vous allez prendre des marches, vous faites attention de rester à deux mètres des autres personnes. Si vous êtes infecté par le virus, si vous avez des symptômes du virus, vous n'allez pas prendre de marches.

Bon, maintenant, il y a toute la question des voyageurs, là. Il faut comprendre. Les gens qui reviennent, qui sont revenus dans les derniers jours, vous êtes beaucoup plus à risque que la moyenne des Québécois d'avoir le virus, donc, de le donner. Donc, idéalement, vous restez à la maison. Si vous voulez absolument aller prendre une marche, je parle des gens qui viennent de voyager, bien, c'est encore plus important pour vous autres de rester à deux mètres parce que vous êtes à risque d'avoir le virus. Donc, évidemment, on ne veut pas le donner aux autres.

Bon, une consigne qui devient importante, là, puis je vous avais promis de vous dire tout le temps toute la vérité puis de prévenir, quand on parle de la circulation entre les régions, quand on regarde les chiffres actuellement, il y a deux régions qui sont plus affectées que les autres : Montréal et l'Estrie. Donc, ça veut dire deux choses. Ça veut dire : les gens qui sont à Montréal puis les gens qui sont en Estrie, c'est encore plus important de rester à la maison, autant que possible. Puis ça veut dire aussi : tous les Québécois qui ne sont pas à Montréal puis en Estrie, bien, ne faites pas exprès pour aller à Montréal ou en Estrie, allez-y seulement si c'est absolument nécessaire parce qu'il y a, toutes proportions gardées, beaucoup plus d'infections à Montréal et en Estrie. On n'est pas à l'étape de fermer ces régions-là, mais ne faisons pas exprès pour aller à Montréal ou aller en Estrie.

Bon, maintenant, une autre question, que vous m'avez posée hier puis que j'ai pu y penser cette nuit, les gens qui continuent de travailler puis qui gagnent moins que 2 000 $ par mois, bon, je peux comprendre que ça peut paraître n'être pas juste, donc j'ai demandé au ministre des Finances de trouver une manière de vous compenser. Donc, donnez-moi un petit peu de temps, là, ce n'est pas simple à mettre en place, mais je vous le dis, là, ceux qui continuent de travailler puis qui gagnent moins que 2 000 $, on va vous compenser. Puis faites-moi confiance, là. La mesure, on va l'annoncer dès qu'on est capables de la mettre en place, mais j'ai demandé au ministre des Finances de mettre ça en place.

Parlant du ministre des Finances, bien, vous avez vu qu'il y a des mesures qui ont été annoncées par le gouvernement fédéral il y a quelques minutes, quelques heures, pour les entreprises. On a aussi eu des discussions avec le gouvernement fédéral pour les entreprises, pour leurs remises de TPS et de TVQ. Donc, évidemment, le 31 mars arrive, donc, pour donner de l'oxygène aux entreprises, on a convenu de reporter tous les paiements des entreprises, donc l'argent qu'ils ont collecté en TPS, TVQ, au 30 juin. Donc, vous savez que c'est le Québec qui collecte la TPS pour le gouvernement fédéral, donc, les deux, on va permettre aux entreprises de reporter jusqu'au 30 juin.

Bon, maintenant, un mot sur les personnes vulnérables, puis là je pense, entre autres, aux enfants qui subissent de la violence puis aux femmes qui sont victimes de violence conjugale. Bon, d'abord, on a annoncé ce matin qu'on bonifie le financement pour l'hébergement. Là, vous n'êtes pas... vous n'avez surtout pas à rester à la maison, là, je pense entre autres aux femmes. Puis là je veux faire un appel à tous les Québécois, les voisins, la famille un petit peu plus éloignée : Soyez vigilants. Si vous êtes au courant qu'un enfant ou qu'une femme subit de la violence, bien, appelez la police. Je demande votre aide, là. On doit continuer de s'occuper de nos personnes vulnérables, puis, bon, il peut y avoir des cas étant donné, là, qu'il y a plus de gens qui restent à la maison.

Maintenant, je termine avec mon merci du jour, aux camionneurs. Les femmes — parce qu'il y en a — et les hommes qui transportent la nourriture, qui transportent les biens essentiels, merci. Vous travaillez dans des conditions qui sont difficiles, vous êtes nos héros au quotidien, donc merci beaucoup pour votre travail.

Donc, je termine en vous répétant qu'on est en train de livrer la plus grande bataille de notre vie collective. Il faut qu'on respecte les consignes. Donc, on sort le moins possible de chez soi, puis, si on sort, on se tient à deux mètres des autres personnes. Si on suit ces consignes-là, on va la gagner ensemble, cette bataille. Merci.

Le Modérateur : Maintenant, quelques mots en anglais?

M. Legault : Oui. As I said in the last few days, we're entering a new phase in our battle against the virus. We have two regions that are particularly affected, Montreal and Estrie. It is very important that the people of these regions do not go to other regions, and other Quebeckers must not go there unless it's very necessary. Everybody must follow public health directives. That's how we'll win this fight. It's up to us all together. Thank you.

Le Modérateur : Maintenant, pour la période des questions des journalistes, nous allons débuter aujourd'hui avec Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui, bonjour à tous. Vous n'êtes pas à l'étape, M. Legault, de fermer Montréal ou encore l'Estrie, mais qu'est-ce qui est fait sur le terrain, dans les secteurs où la COVID-19 frappe plus qu'ailleurs, pour freiner sa progression?

M. Arruda (Horacio) : Bien, il faut comprendre que les directions de santé publique sont à monitorer la situation d'heure en heure. Entre ce qu'on dit ce matin puis ce qui peut arriver dans le courant de la journée... peut dépendre de l'arrivée de nouveaux cas qu'on va avoir seulement aux chiffres de 21 heures. Et c'est toujours les mêmes principes. Mais je pense qu'actuellement, là, le message que dit notre premier ministre est important parce qu'on soit ou non dans une région à risque, on pourrait le devenir, O.K.? C'est clair qu'il y a des quartiers, des secteurs qui sont plus chauds que d'autres, mais il y a des cas un peu éparpillés dans l'île de Montréal, et, ce que je vous dis, c'est qu'il faut prendre ces habitudes-là dès maintenant pour être capables de voir à les appliquer.

Advenant une situation différente... Premièrement, il faut comprendre qu'on a essayé de convaincre beaucoup les gens, hein, de le faire, mais s'il y a des gens qui ne s'y soumettent pas et qui exposent d'autres personnes en termes de vie, bien, là, à ce moment-là, les mesures peuvent être resserrées, soit au niveau local, peut-être une plus grande présence, des fois, des gens de l'ordre ou de gens qui vont le faire. On n'est pas dans une perspective de délation, là, on n'est pas là-dedans, mais c'est sûr qu'on va s'assurer que les gens qui n'ont pas compris finissent par comprendre parce que c'est important. Ça y va de leur propre santé et de la santé des autres.

Je vous l'ai dit, on est dans une situation ici où le risque à la santé communautaire est important, donc, on peut essayer de dire aux gens de brimer leurs vies, on est dans une pause, comme telle. Donc, c'est ça qui est fait, puis ça va se faire dans toutes les régions du Québec. J'ai des homologues qui regardent dans leurs territoires, qui travaillent avec les municipalités, avec les autres secteurs, avec la police locale pour voir un peu qu'est-ce qui s'y situe. Puis ils gèrent les situations, des fois au cas à cas, puis ça se peut, qu'il y aura d'autres interventions.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Quand sera-t-il nécessaire de fermer Montréal ou l'Estrie? Est-ce qu'il y a un nombre de cas qui doit être confirmé? C'est quoi vos critères? Puis, pour permettre aux gens de se préparer, parce qu'il y en a qui sont quand même inquiets de cette perspective-là, qu'est-ce que ça signifie, la fermeture d'une région?

M. Arruda (Horacio) : Bon, premièrement, on peut... premièrement il n'y a pas de recette, hein, j'aimerais ça vous dire... puis il n'y a pas de chiffre magique non plus. Ça serait bien le fun d'avoir un chiffre, puis tout le monde l'appliquerait, puis tout le monde serait content. Vous pouvez avoir 100 cas qui sont éparpillés mais qui ne sont pas en éclosion, tu sais, 100 milieux qui ont été touchés par des voyageurs, mettons, là, puis vous pouvez avoir 30 cas qui n'ont pas été touchés par des voyageurs, mais c'est transmission communautaire.

Donc, il faut faire l'analyse fine de chacun des endroits. Et, à un moment donné, quand on sent que ça circule trop et que ça ne circule pas ailleurs... C'est surtout ça aussi, tu sais... Dans le fond, si on ne veut pas que, par exemple, Montréal soit l'épicentre comme la province d'Hubei, qui est allée... Qu'est-ce qu'elles ont fait les autres provinces? Elles se sont mises en mode de protection, on a diminué les échanges.

C'est sûr que, quand on confine des gens dans un territoire, on s'assure que la sécurité, les besoins essentiels soient là, là. On n'ira pas enfermer un secteur puis dire : Bien, dans ce quartier-là, personne ne mange, puis etc. On s'organise pour qu'il n'y ait pas de violence non plus parce qu'il y en a qui peuvent décider de faire de la violence, aller faire des vols, etc. Donc, c'est une série d'interventions qui permet d'appuyer le citoyen dans son confinement, O.K.? Des fois, on est obligés de mettre du contrôle en périphérie parce qu'il y en a qui veulent partir puis il ne faut pas. Et donc c'est ce genre de mesures là. Mais je sais que, quand on ira à ces mesures-là, on va s'assurer de prendre soin des personnes qui sont à l'intérieur comme de celles à l'extérieur. Ça, c'est bien important. Mais la décision se prend parce qu'on ne veut pas justement que, sans le savoir, ces personnes-là aillent importer la maladie ailleurs.

Le Modérateur : Prochaine question, Gabriel Béland, La Presse.

M. Béland (Gabriel) : Oui, bonjour. Question pour M. Legault. Il y a plusieurs Montréalais qui sont partis à la campagne, en région, qui ont voulu sortir de la ville. Là, quand on parle de fermer Montréal, on pourrait parler, par exemple, de restreindre l'accès. Est-ce qu'on conseille à ces gens-là de rentrer à Montréal? Est-ce que... Qu'est-ce que vous leur conseillez à l'heure actuelle?

M. Legault : Bien, si quelqu'un est dans un chalet, dans les Laurentides ou en Estrie, il est peut-être mieux de rester là, effectivement. Donc, le moins de déplacements possible. Donc, il n'y a pas d'autres recettes que ça.

M. Béland (Gabriel) : Et vous avez dit, tout à l'heure, que la semaine de relâche au Québec était tombée à un mauvais moment, que ça expliquait peut-être le nombre important de cas, mais, le 12 mars, quand vous avez annoncé la consigne de confinement pour les gens qui revenaient de voyage, est-ce qu'en rétrospective on n'aurait pas dû la rendre rétroactive, qu'elle s'applique aux gens qui revenaient de voyage lors de la semaine de relâche?

M. Legault : Bon, c'est toujours facile, comme on dit, le lundi matin d'analyser la game du dimanche, là, mais évidemment on a mis des consignes graduellement en voyant l'évolution des cas. Je pense qu'à l'époque on ne pouvait pas choisir autrement que ce qu'on a choisi de faire.

Le Modérateur : Maintenant, avec Andrée Martin, TVA.

Mme Martin (Andrée) : Oui. Bonjour, M. le premier ministre. J'aimerais avoir des précisions sur la situation à Montréal. Nous, nous avons plusieurs informations à l'effet qu'on a présentement des foyers d'éclosion à Côte-Saint-Luc, à LaSalle, dans Parc-Extension, dans Côte-des-Neiges également. Donc, où sont les foyers d'éclosion? Et, dans vos scénarios de bouclement, là, du moins contraignant au plus contraignant, c'est quoi, votre plan?

M. Arruda (Horacio) : Bien, écoutez, les zones que vous parlez, là, sont chaudes, effectivement, elles sont chaudes. La direction de santé publique de Montréal... Il faut comprendre que, plus on va évoluer dans le temps, plus les directeurs de santé publique, c'est eux qui vont avoir le portrait précis, dans le détail, O.K.? Moi, j'ai des inputs et des informations, et les directeurs de santé publique, enlignés avec nos orientations, vont prendre des décisions qui vont être variables d'un territoire à l'autre.

Prenons un exemple. Il y a sûrement des décisions qui vont être prises à Montréal et en Estrie plutôt que dans d'autres villes, puis il faut regarder l'effet que ça a sur le maintien de la paix sociale, puis etc. Il pourrait y avoir des sous-quartiers de Montréal, par exemple, qui auraient certaines consignes de données, antérieurement, mais on est dans les hypothèses. Mais prenons un exemple, là... Puis on a qu'à regarder ce qui est proposé dans la littérature. Il y a même eu des endroits où il y a eu des contrôles aux ponts. Je vous donne un exemple extrême, là, on n'en est pas là actuellement au Québec, mais si ça avait à venir... Je vous dis juste qu'est-ce qui a été fait dans certains pays. Ils ont mis des contrôles aux ponts pour s'assurer que les gens qui traversaient d'une place à une autre, c'était vraiment du travail essentiel. Je vous donne cet exemple-là. Je ne suis pas en train de vous dire qu'est-ce qui va être discuté maintenant.

On peut être en plus grand contrôle des déplacements d'un secteur à un autre à l'intérieur de Montréal pour vérifier si les gens vont pour leur travail essentiel ou pas, ou s'ils veulent aller ailleurs pour des questions de villégiature, comprenez-vous? C'est le genre d'intervention qui peut être faite, et s'assurer aussi ne serait-ce que de la compliance de la population aux mesures qu'on a mises en place. Si on voit, dans des zones chaudes, des rassemblements d'individus ou des gens qui marchent mais qui viennent se donner un rendez-vous dans un parc, ça, ça pourrait être quelque chose qui est interdit. Et donc de la recommandation dans un secteur particulier ou de la suggestion très, très forte, je pense que le PM a été assez clair, bien, on pourrait devenir, pour des personnes qui n'acceptent pas de le faire... avoir une approche que j'appellerais «de contrainte». Et ce n'est pas notre stratégie initiale au Québec parce qu'on a un peuple qui... Habituellement, là, les gens acceptent, mais il y a des exceptions. Puis on n'est pas non plus la Chine, où on met une armée autour des maisons pour être en mesure de le faire.

Le Modérateur : En sous-question.

Mme Martin (Andrée) : Bien, justement, c'est parce que vous nous avez habitués, depuis le début de la crise, disons... Ici, en point de presse, vous nous disiez que vous vous interrogiez sur des enjeux, et le lendemain, il y avait vraiment des annonces concrètes qui étaient faites. Je pense notamment à la prolongation de l'absence à l'école, la fermeture des écoles, l'interdiction pour les aînés de sortir sans supervision. Alors, toujours en lien avec un possible confinement à Montréal, parce que vous en avez parlé hier, 24 heures plus tard, vous en êtes où, M. le premier ministre, dans votre réflexion?

M. Legault : Il n'y a rien de décidé pour demain ou après-demain. Donc, on regarde à chaque matin la situation, puis on prend les décisions qui s'appliquent, mais, autant pour les décisions qui ont été prises dans le passé que pour les décisions dans le futur, on les prend le matin, puis ce n'est jamais noir ou blanc.

La seule chose dont je suis fier, c'est que, quand on regarde, en Amérique du Nord, on a été les premiers à mettre des mesures plus sévères de confinement. Donc, je suis très content qu'on ait été les plus sévères. Maintenant, est-ce qu'on va être encore plus sévères dans les prochains jours? C'est possible. Mais on n'est pas là.

Le Modérateur : Alex Boissonneault, Radio-Canada.

M. Boissonneault (Alex) : Bien, dans ce contexte-là, justement, si vous, vous n'êtes pas prêts — bonjour, d'abord — si vous, vous n'êtes pas prêts à imposer un confinement régional comme ça, est-ce que les régions, elles, auraient le pouvoir d'agir pour se protéger? On pense à la Côte-Nord, qui a six cas, par exemple. Est-ce qu'eux pourraient décider de restreindre l'accès? Et, dans ce contexte-là, à Montréal, par exemple, où il y a une situation particulière, qu'est-ce qu'on fait avec les hôpitaux désignés? Il y en a quatre, maintenant. Est-ce qu'on prend des mesures dans ces hôpitaux-là, compte tenu de la situation montréalaise?

M. Arruda (Horacio) : On prend toutes les mesures, puis, je vous le dis, il y a une analyse par les directeurs de santé publique. Mais je vais vous donner un exemple, là. Quand il y a une hémorragie, les chirurgiens, là, ils ne vont pas nécessairement tout de suite amputer, ou couper, ou rentrer, ils vont essayer de contrôler les éléments, puis, à un moment donné, il y a un momentum, puis ça devient le moment pour aller en salle d'op. C'est la même affaire pour nous, comme tel.

Puis, je peux vous le dire, les gens, là, actuellement, là, il y a peut-être des cas qui s'ajoutent à Montréal, il y a peut-être des analyses qui sont faites par rapport au comportement des individus dans ces zones-là, puis ils pourraient effectivement... Ils ont des pouvoirs, les maires ont des pouvoirs en lien avec la Loi sur la sécurité civile, mais on utilise habituellement la loi de santé et de sécurité civile quand on est dans un élément de chaos ou de, je dirais, là... ou vraiment de dépassement de capacité. Puis là on est dans un système de santé qui travaille, qui travaille avec ses partenaires.

Puis je pense que, comme je vous le dis, là, à chaque moment, il y aura des choses... Moi, là, je vous l'ai dit... ce que je vous dis, à ce temps-là, à ce moment-ci, à cette heure-ci... Est-ce que ce soir, à 21 heures, il va y avoir un changement? Et, si c'est très urgent, on va le faire, on aura un point de presse, on fera des communiqués, là, on vous le dira. Mais actuellement, là, ce que je veux vous dire, c'est que... ce que je vous dis... Oui, les municipalités ont des pouvoirs, de plus en plus.

Puis je l'ai dit, l'autre fois, c'est les directeurs de santé publique qui vont adapter à qui on fait des tests sur leur territoire en fonction de leur épidémiologie parce que c'est une façon intelligente. Ici, «one size fits all», là, ce n'est pas du tout ça, c'est véritablement une analyse intelligente. Mais c'est sûr qu'on travaille ça en coordination. Si, par exemple, un directeur de la santé publique fait une recommandation de fermer une ville, il va m'appeler automatiquement, puis moi, je vais voir avec lui c'est quoi, ses raisons. Et, si ça fait du sens et ça respecte les orientations gouvernementales, ça va être fait. Et ça ne sera pas décidé nécessairement par le politique, si vous me permettez, là. Je ne veux pas dire que le politique ne va pas avoir un rôle, parce que les citoyens font des pressions sur les maires, les gens ont un portrait, mais c'est une prescription... qu'on dit : On est rendu à brimer les droits de certaines personnes un peu plus parce qu'il y a un enjeu de santé publique.

Mme McCann : Au niveau des hôpitaux, oui, effectivement, on en a quatre à Montréal, mais on en a sept autres au niveau de la clientèle adulte, là, dans la couronne de Montréal, en Montérégie, Laval, Lanaudière même, puis on en a aussi un à Québec, un à Sherbrooke, un à Trois-Rivières. Alors, on est dans ce qu'on appelle la phase 2, le niveau 2, où est-ce qu'on a 11 hôpitaux qui sont désignés, là, pour la clientèle qui a besoin de soins intensifs, là.

Alors, moi, ce que je veux vous dire aussi, c'est qu'on a beaucoup de lits qui sont libérés, hein? Dans l'ensemble du Québec, on a 7 000 lits qui ont été libérés, là, dans le réseau, sur 18 000. C'est considérable. On a 578 lits en soins intensifs qui sont libres actuellement. Alors, on est capable d'absorber, là. On en a 50, hein, personnes en soins intensifs pour la COVID-19. Alors, on s'organise bien actuellement.

On a un système, même — ça, je veux vous le dire parce qu'il y a eu beaucoup de travail là-dessus — qu'on appelle le COOLSI. C'est un système de gestion des lits de soins intensifs qui a été débuté à Montréal et qui s'est étendu à travers le Québec récemment parce qu'on a le besoin de le faire, et qui gère l'ensemble des lits de soins intensifs. Alors, on a le contrôle sur la situation actuellement.

Le Modérateur : Sous-question.

M. Boissonneault (Alex) : Oui. Bien, dans ce contexte-là, est-ce que c'est dire, donc, qu'une ville comme Montréal pourrait déclarer l'état d'urgence sanitaire et pourrait, là, avec la direction régionale de santé publique, ordonner un confinement localisé, par exemple, soit par quartier ou soit pour l'ensemble de la région?

M. Arruda (Horacio) : Oui, sur deux différentes lois, la Loi de santé publique puis la Loi à la sécurité civile, mais il pourrait aussi me demander, puis que ça soit moi qui l'ordonne. Comprenez-vous, là? Puis moi, je m'entends avec mon directeur de santé publique régional. Il me donne les faits cliniques, puis etc. Il me... Puis là, s'il faut, le municipal... appelle le municipal pour voir c'est quoi, les enjeux d'opérationnalisation parce qu'il faut avoir une raison pour déclarer les mesures d'urgence, là. Il faut que ça nous donne des pouvoirs ou des moyens qu'on n'a pas autrement. Et c'est là qu'il y a une discussion qui se fait.

Il n'y a pas de recette. Il n'y a pas un seuil. Chaque situation est organisée. Mais vous comprendrez que, dans les premiers cas qu'il va y avoir au Québec, je ne pense pas qu'un directeur va le faire sans me parler, et je pense que ça va être une décision qui va probablement, tout dépendamment, venir du central. Prenons, par exemple, qu'un directeur n'agirait pas assez vite. Moi, je la prendrais, la décision. Si un directeur agirait plus vite, là il a le pouvoir sur son territoire, mais il y a une analyse qui est faite.

M. Legault : Juste vous dire, en toute transparence, effectivement, on a des discussions actuellement avec la ville de Montréal pour regarder les avantages, les désavantages de déclarer l'état d'urgence sanitaire. Donc, on a des discussions.

Le Modérateur : Une question maintenant pour Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, M. le premier ministre, Mme McCann, M. Arruda. Malgré votre appel à ne pas voyager de région en région, il y a beaucoup de gens, notamment dans la région de Montréal, qui, par crainte du virus, parce qu'il y a quand même une éclosion assez importante là-bas, décident de quitter puis d'aller dans des régions. Par exemple, on voit ça en Estrie, on le voit dans les Laurentides et beaucoup aussi dans Charlevoix, où les gens louent des résidences touristiques. Le maire de La Malbaie, ce matin, Michel Couturier, a dit que Charlevoix ne doit pas devenir le camp de fortune des CIUSSS du Québec parce qu'eux autres craignent qu'il y ait des gens malades qui se rendent dans les régions. Et le directeur de l'ATR, de l'Association touristique régionale de Charlevoix, demande des directives claires sur les résidences touristiques. Est-ce que vous avez l'intention d'interdire la location de résidences touristiques pour éviter le déplacement de gens?

M. Legault : D'abord, je vais vous dire une chose, qu'une personne parte de Montréal pour aller dans les Laurentides ou en Estrie s'enfermer dans un chalet, là, il n'y a pas de problème avec ça, au contraire. Le problème, c'est qu'il faudrait qu'ils apportent toute la nourriture pour un bon bout de temps. Le problème, c'est quand ces personnes-là vont dans les épiceries d'une autre région. Là, ça devient problématique. Moi, à ce moment-là, je souhaiterais que ces personnes-là demandent à leurs voisins qui sont déjà dans la région depuis un certain temps de faire l'épicerie à leur place. Mais, d'aller s'isoler dans un chalet, dans une autre région, ce n'est pas un problème. C'est d'être proche d'autres personnes d'une autre région qu'on ne veut pas. Donc, l'épicerie, là, vous faites faire votre épicerie par quelqu'un d'autre si vous tenez à faire ça.

M. Lacroix (Louis) : Deuxième... Oui, en sous-question : Est-ce que vous pourriez devancer les vacances de la construction et émettre les chèques? C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de travailleurs qui me soumettent... On ne travaille pas parce que les chantiers ont été fermés, et il y a une possibilité, semble-t-il, légale, là, de pouvoir devancer le versement des payes de la construction pour des circonstances exceptionnelles, et je pense que c'en est une. Alors, eux demandent : Est-ce que ce ne serait pas possible d'avoir l'argent maintenant plutôt qu'en juillet?

M. Legault : Bien, écoutez, là, on va d'abord passer à travers les trois semaines, là. Les deux semaines de la construction, c'est à la fin juillet. Donc, on va regarder si on se rend jusque-là, puis qu'est-ce qui est le mieux financièrement pour eux autres, pour l'économie, etc., mais actuellement, là, ce n'est pas envisagé à court terme, pendant les trois semaines, là, de pause qu'on fait.

Le Modérateur : Patrick Bellerose, le Journal de Québec.

M. Bellerose (Patrick) : Oui. Bonjour à tous. Dr Arruda, est-ce qu'on a un début, une piste d'explication qui expliquerait pourquoi on trouve une plus grande concentration de cas dans le Centre-ouest? Et est-ce qu'il y a des communautés que vous avez plus de difficulté à rejoindre qui seraient plus touchées par le phénomène?

M. Arruda (Horacio) : Écoutez, je peux avoir des hypothèses, mais qu'il faudrait que je valide avec les gens de Montréal. C'est sûr que, si on regarde, là, si vous me permettez, les éléments qui peuvent expliquer une plus grande circulation, c'est associé à un plus grand... j'appelle ça le bombardement de virus qui peut arriver par les personnes. Donc, il y a eu, on l'a vécue, la semaine de relâche, avec différents endroits... Mais il faut dire que là, actuellement, avec les quarantaines qui sont mises en place, là... On parlait tantôt de revenir en rétrospective du 12 mars au 9 mars, ça a été beaucoup plus, à mon avis, le fait que le monde... les vols continuent à circuler, qui ont été l'effet majeur et non pas le retour parce qu'à cette époque-là il y avait moins de circulation ailleurs, puis etc.

Donc, ce que je veux vous dire, dans le fond, c'est probablement associé à des voyages, à des corridors de voyage qui peuvent exister entre certaines communautés, entre certaines villes, notamment New York puis des villes au Québec, là, mais il est trop tôt pour moi de le dire de façon précise, en tous cas, pas dans l'analyse que moi, je peux faire au niveau central. C'est le genre de choses que les directions publiques vont regarder. Comme ils font, par exemple... Il y a des régions que c'est véritablement seulement les résidences pour personnes âgées où il y a eu un problème parce qu'il y a eu du voyage puis il n'y a pas transmission. À Montréal, il y a beaucoup plus de monde, il y a beaucoup plus d'inconnues dans les enquêtes, actuellement, même si on a été enquêté, parce que ça monte, les cas, donc on... Avant d'obtenir toutes les informations, ça prend un certain temps.

Mais c'est clair : en gros, de façon macroscopique, je pense que le foyer américain est aussi un enjeu actuellement par rapport aux circulations de personnes qui ont pu se faire comme telles, et d'où l'importance, à mon avis, que des gens qui sont en quarantaine par le gouvernement fédéral, là, respectent aussi la... Parce que c'est comme le disait le premier ministre : si c'était dangereux de voyager ou de ramener le virus il y a quelque temps, mettons début mars ou aux mois de janvier, février, maintenant, comme ça circule partout dans le monde, en fin de compte, ça veut dire que vous revenez de l'extérieur, vous êtes en pleine forme, vous avez le goût de retourner faire vos activités... Non. 14 jours.

M. Bellerose (Patrick) : Vous avez parlé d'un mariage, récemment, là, qu'il y avait 350 personnes avec une mariée qui était infectée. Est-ce qu'on sait maintenant si cet évènement-là a causé un foyer d'infection?

M. Arruda (Horacio) : Je n'ai pas cette information-là, de façon précise, c'est dans les enquêtes qui sont faites. Et vous comprendrez aussi que, pour des raisons de confidentialité, on n'ira pas vous dire qui a infecté qui à l'intérieur de qui, puis etc. Mais c'est pour ça qu'on dit encore : Les rassemblements, les funérailles, tout ça, là, ce sont des facteurs. C'est reconnu dans la littérature, dans toutes sortes d'épidémies. Puis je peux vous dire que c'est arrivé, pas dans le cas du coronavirus, mais les funérailles sont une excellente occasion de rapprochement. Puis on comprend, là, mais si on met trop de monde dans la salle, c'est clair qu'on a un problème.

Le Modérateur : Olivier Bossé, Le Soleil.

M. Bossé (Olivier) : Bonjour, M. Arruda, j'aimerais vous entendre sur les personnes guéries. Le chiffre a augmenté un petit peu, là, 29. Ce n'est quand même pas beaucoup. On voit, par exemple, en Colombie-Britannique, ils sont à 180 quelques. Pourquoi qu'on en a encore aussi peu après un mois?

M. Arruda (Horacio) : Bien, c'est parce que notre... on est en décalage par rapport à la Colombie-Britannique, en termes de nombre de cas. Il y en sûrement beaucoup plus qui sont guéris, mais on n'a pas encore reçu la donnée au niveau central parce qu'il y avait eu aussi, si vous me permettez, une consigne que ça prenait deux tests négatifs pour avoir la guérison. Maintenant, on a eu des données cliniques à travers les études d'ailleurs qui démontrent que ce n'est pas nécessaire d'avoir deux tests négatifs, donc on va probablement avoir, au cours des prochains jours, une augmentation importante qui est reliée aux changements de structure, puis etc., là. Je ne pense pas que nos patients sont plus malades qu'ailleurs.

Il faut voir, aussi... Si vous comparez les soins intensifs, il faut comprendre que dans d'autres pays, les soins intensifs... Nous, on a vidé nos soins intensifs, et il y a des gens qui vont aux soins intensifs, actuellement, chez nous, qui n'iraient pas ailleurs. Ce qui veut dire que certaines personnes qui ont besoin d'un peu d'aide, nous, on ne se gêne pas pour leur en donner, O.K., parce que si on reçoit de l'oxygène par respiration, c'est plus... Donc, je veux vous dire que, dans le fond, il est trop tôt, je tiens à vous le dire, là, puis ça, c'est la tendance, puis j'aimerais ça, hein, pouvoir me comparer, mais il est vraiment trop tôt pour se comparer, même en termes de taux par groupes d'âge, même au Canada, à cause qu'il y a des méthodes différentes, des tests différents. L'Ontario fait moins de tests que nous actuellement. Avant, on pensait qu'ils en faisaient plus, mais là, on en a fait plus. Ça fait que, quand on se met à comparer des taux, si nos méthodes pour détecter des cas ne sont pas les mêmes, on va avoir un profil soit plus sévère soit moins sévère.

Moi, ce qui m'importe actuellement, c'est de voir combien de personnes se rendent à l'hôpital, puis je le sais qu'actuellement il y a des gens qui, ailleurs, ils n'iraient pas aux soins intensifs, mais comme on a de la disponibilité, on les utilise.

M. Bossé (Olivier) : J'aimerais connaître le suivi qui est fait auprès de ces personnes-là, qui guérissent, et est-ce que le plasma de ces personnes-là va ou, en tout cas, peut être utilisé au Québec pour aider à traiter les malades?

M. Arruda (Horacio) : Oui. Écoutez, comme je vous dis, quand on va en avoir de plus en plus... C'est sûr qu'actuellement on est à la recherche, si vous voulez, d'études. Il y en a une qui va se dérouler sur le traitement, le vaccin, éventuellement. C'est sûr que les plasmas des personnes, ça a été utilisé, là, dans des cas très sévères, pour lesquels on veut... Le plasma d'une personne qui a des anticorps pourrait devenir éventuellement une source de traitement, mais on préfère quand même, compte tenu que c'est un produit biologique, puis c'est assez compliqué, on préfère quand même de mettre nos énergies surtout dans la recherche d'une thérapie qui guérirait, qui pourrait être donnée parce que le plasma est souvent réservé à des cas plus sévères, puis etc. Mais, on n'exclut rien, comme je vous dis, on n'exclut rien tant et aussi longtemps que nos experts nous font des recommandations et que ça fait du sens. Parce qu'en médecine, il y a un principe — excusez-moi, je vais encore être trop long : d'abord, ne pas nuire.

Le Modérateur : Mme la ministre.

Mme McCann : Et il y a une bonne recherche — merci — une intéressante recherche qui se fait, là, à l'Institut de cardiologie avec

Dr Tardif sur la colchicine, qui est une substance, là, qui est quand même à la portée... qui n'est pas chère non plus et... sur 6 000 patients, et ça va rondement. On pense avoir des nouvelles à l'intérieur de trois mois. Donc, cette recherche-là, on la suit de très près. Mais il y en a d'autres aussi, évidemment, à travers le monde. D'ailleurs, celle-là a suscité beaucoup, beaucoup d'intérêt à travers le monde.

Le Modérateur : Maintenant, pour Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour à vous. Vous avez tout à l'heure évoqué, donc, la question des lits de soins intensifs qui sont libres, et qu'on peut traiter aussi. Mais qu'est-ce qu'on dit à des malades actuellement de cancer qui, bon, se font dire par leur médecin que leurs examens ou traitements doivent être reportés pour libérer des lits puis pour les malades de la COVID-19? Est-ce qu'il faut assouplir cette directive-là, là, qui va vers l'électif, vers les choses plus urgentes ou est-ce qu'on en est rendus maintenant, comme société, à choisir entre traiter quelqu'un qui a le COVID-19 ou quelqu'un qui a d'autres maladies?

Mme McCann : Non, non, absolument pas, absolument pas. Alors, il y a des orientations très, très claires, cliniques, qui ont été bâties par un comité scientifique, qui réunissait notamment des représentants même de la FMSQ et des chercheurs, le ministère, vraiment un ensemble de personnes très fiables. Et les orientations sont claires : tout ce qui doit être fait pour les gens qui ont un cancer qui ne peut pas attendre va être fait. Alors, ça, c'est très clair de notre part. C'est la même chose en chirurgie cardiaque, par exemple. Quelqu'un qui a un problème cardiaque, qui a besoin d'être opéré rapidement va être opéré.

Alors, ceci étant dit, par exemple, en oncologie, pour les problématiques de cancer, il y a des choses qui peuvent attendre, effectivement. Par exemple, un cancer de la prostate, ça peut attendre un peu. Bon, on ne parle pas d'années, là, on parle de quelques semaines, là.

Alors, ça, c'est des choses qui sont très claires dans la littérature, il y a des choses qui peuvent attendre. Mais tout ce qui est prioritaire, urgent, qui doit être fait, qui est pressant cliniquement va être fait.

M. Bergeron (Patrice) : Et donc on constate aujourd'hui une augmentation du nombre de décès. Est-ce que vous avez déjà fait une analyse sur ces décès-là, qu'est-ce qu'il pourrait expliquer que ça a pratiquement doublé du seul coup? Est-ce que c'est des questions de proximité, d'âge? Quel est le portrait que vous avez actuellement?

M. Arruda (Horacio) : Écoutez, comme je vous dis, je vais vous donner des impressions — j'aime ça, être rigoureux dans ce que je dis — je pense que les décès qu'on a actuellement, là, la majorité des décès, ce sont des gens qui sont des gens fragilisés, O.K.? Je le dis, ça ne veut pas dire que quelqu'un de 40 ans ne pourrait pas faire une pneumonie, puis, pour d'autres, personnelles, avec le coronavirus, faire une pneumonie sévère, mourir en deux jours. Ça existe, ça, mais ce n'est pas la majorité. Donc, ce qu'on voit ici, c'est des gens qui ont attrapé la maladie, certains aussi dans les lieux qu'on avait dits qui étaient comme à haut risque, résidences pour personnes âgées, puis qui, suite à leur maladie de base, surinfectées par le COVID-19, sont arrivées à décéder. Il y a des cas qui étaient même, je vous dirais, des gens en train de presque mourir. Puis je ne veux pas dire que c'était... que ce n'est pas important, mais... Donc, on a un profil, actuellement, là...

Puis l'augmentation est associée, je vous dirais, aux éléments. On s'en attendait. On n'est pas dans une proportion de décès, là, qui me dit, là, qu'on a un changement du type de virus. Puis il faut faire très attention au calcul de taux d'hospitalisation, de pourcentage de décès parce que, juste pour vous dire, on teste tellement de gens qu'il y a sûrement beaucoup... Puis, quand on regarde les proportions d'âges des gens qui sont testés, là, c'est quand même des gens relativement jeunes aussi. Ça, c'est sûrement des coronavirus qui n'ont pas besoin d'être hospitalisés, qui sont à la maison puis qui, heureusement, ne font pas une charge sur notre système de soins. Mais c'est normal qu'on ait des cas.

Puis, pour pouvoir faire un bon portrait, ça prend un minimum. Écoutez, on est 8 millions au Québec. 29... 18 ou une vingtaine de décès sur cette population-là, là, vous vous rendez compte qu'on n'a pas là la quantité de données pour être capables de faire un profil démographique là-dessus. Mais c'est des choses qui vont se faire à mesure et qui vont se faire aussi, selon les territoires, quand il y a assez de chiffres.

Le Modérateur : Merci. So, time to switch in English, with Cathy Senay from CBC.

Mme Senay (Cathy) : Good afternoon. You said, Premier Legault, that you're having discussions with the city of Montréal. You're setting the table since a few days about closing parts of regions or regions, what people should expect. If you have a cottage in the Laurentians, don't move, stay there. What will it take to reach that point of no return? And how are you going to be able to enforce this?

M. Legault : First, the discussions we have with the city of Montréal are not only over or are not specifically about closing Montréal. It's about the advantages of having this urgency act from the city of Montréal, what are the advantages, the disadvantages. So, we're not specifically talking about closing Montréal. Now, regarding this possibility, there will be discussions.

Now, there is no plan, short-term, to close Montréal, but we evaluate the facts every morning, and we'll take the decisions that are needed. Today, what I say is, I'm asking people living in Montréal and in the Eastern Townships to stay in the region and people from other regions to... don't go... not go in these two regions, because they are more infected, they have more cases in percentage of the population than the rest of Québec. So, it's important, the risks are higher in those two regions. So, it's important that you don't move between regions, especially for those two regions.

Mme Senay (Cathy) : And, Mrs. McCann, we have now 18 people who have died from COVID-19.What phase of the pandemic are we at this point and what does that mean for designated hospitals and their response, the staff?

Mme McCann : Yes. We're at phase 2, but this is based more on the demand on beds. And so we had four hospitals before that were designated, now we're at 11. And those 11 hospitals are in Montréal, but also around Montréal. One is in Three-Rivers, one in Québec, and the other one is in Sherbrooke. So, we're at phase 2, because we have more demand, and there are four phases in the plan, so that's based on the demand on beds and intensive care beds.

And as I was saying in French before, we have a good system of managing all the intensive care beds across Québec. We have freed 574 intensive care beds on about 1 000 that we have, which is very good in terms of what we're offering for people who require it. And in terms of beds in hospitals, we have freed 7 000 at this point, on a total of 18 000. So, this is really helpful, because we're going to be able to have people who need the services come in the hospitals.

Le Modérateur : So, it's now time for a few questions sent by email. The first one if from Phil Authier, from the Montreal Gazette. It starts, like usual, with «Good day». The question is for Mr. Arruda : Yesterday, you spoke about possible special measures to contain the outbreak in the west end of Montréal. Can you tell us how are you proceeding and when?

M. Arruda (Horacio) : First of all, as the Prime Minister said, there is discussions, actually, and even, I would say, when you are here, there's people who are going to talk, there are going to be discussions with the Public Health director and also with the city and... to see what are the advantages to do it or not and is it the moment.

As I am telling you, at this point, there is no decision. Is there going to be a decision tomorrow, after tomorrow or tonight? I cannot tell you. It depends of what is going on, because, in between the report we received yesterday and this today, there could be changes. But we will see if this measure is going to be something needed actually to add more steps or to at least make sure that people understand what we want them to do.

Le Modérateur : So the second question from Mr. Authier is for Mme McCann. Can you tell us why the homeless can't self-isolate after being tested for COVID and if you know how much testing there has been? Could you have acted faster?

Mme McCann : I think we are organizing in Montréal, with the Ministry, with the CIUSSS Centre-Sud and with the city, isolation for people who are homeless who have been tested for COVID-19... were positive. It's going to be a unit in the Royal Victoria Hospital where they are going to be able to stay and be isolated. And also, we are taking measures to remove the homeless from the refuges, «les refuges», the actual refuges and bring them to other places where there is more space. And this is being done right now in the city of Montréal.

Le Modérateur : And now, for CTV. There are still many concerns from frontline workers having access to the protective gear. How can you reassure them that they have access to it now and not have this strict management policy in place witch leads many to believe there isn't enough material?

Mme McCann : Yes. I spoke with the directors general of all the organization in Québec today and I can understand, and they conveyed that to me too, that there is a stress there. Because, in the past, people who were working would have the gloves, would have the masks right beside them and they could take whatever they needed or they wanted, and we cannot to that anymore. We have to secure those masks and those gloves, and those gowns, especially the masks. And I do understand that it gives them a stress.

At the same time, we really need to use those masks and those gowns very, very rigorously. And we have given guidelines, very clear guidelines for the two types of masks, the N95 and the surgical masks. And these are very clear. The N95, they are for people who are symptomatic and need a procedure, when there is «des goutelettes» or «aerosols» comes out of the mouth or the nose of the person. So the N95 are very specific use for when you have to do a procedure, intubation, for instance, and a surgery. So, it's very specific.

The surgical mask, they need to be used when you have somebody that is symptomatic in front of you. Of course, in the emergency room, we have said : You use the surgical mask all the time, but in the first line, what we're saying is that, today, we're saying that you use a surgical mask with people who have symptoms or you suspect that they could have COVID-19.

Now, the INSPQ, l'Institut national de santé publique, is reviewing right at this point those guidelines. Maybe there will be a change, I don't know, but we know the situation is evolving. But what we're saying is that, at this point, those guidelines are the ones we have, but we're ready, at this time, to review if there is a change.

Now, what I want to say too is that we're going to put together a liaison team for the P.D.G., for the organizations, because there is a very, very systematic management of the masks that we have to do. And I know people understand that, but it does create a stress. So one of the responses we have to give is to give more information live so that a P.D.G.… a team, whom, at one point, sees that there are not enough masks, they can call and they can, right away, get a response. We've had situations like that. But we will improve our functioning right now and we will give a response very quickly. And I hope this will diminish the stress.

And I want to end by saying that all the efforts are done by the team at the Ministry. We're in contact with also the companies, we're in contact with different countries, and we know... we hope that we'll get a lot more masks, in the millions, as soon as possible. In the meantime, we have what we need if we follow those instructions for a short term, but we'll resolve it. We want to resolve it for the midterm.

Le Modérateur : And, as a second question, CTV News is still getting many requests from concerned family members who have no access to their dying relatives in hospitals in palliative care. What do you have to say to them?

Mme McCann : No, they should have access. I mean, when they're in palliative care, when people are in palliative care, they be in long-term facilities, in the hospitals, elsewhere, we give them gowns, we protect them, we give them masks, we give all the protective gear and they should have access to their family members.

Le Modérateur : All right. Our last questions are from Raquel Fletcher, Global News. So, for Mr. Legault: You say we are entering a new stage where things are getting more critical. What does it mean that there are 10 more deaths in just 24 hours?

M. Legault : Bien… It means that we have to be even more careful than we were in the last week. So, right now, we have more people that are infected and we have to be careful. We have absolutely to stay home... instead... we have to get essential services or give essential services, and I include the help we give to elderly and to people not having anything to eat. So, it's important that we reduce the possibility of giving the virus to somebody else. It's very, very critical, more than it was a week ago.

Le Modérateur : And last question from Raquel : If a person who tests positive for COVID-19 must tell their employer, does the employer have to contact employees who may have been exposed? Because we are hearing from concerned viewers who say this isn't happening. So, why not?

M. Arruda (Horacio) : First of all, if somebody has COVID positive, he must, yes, tell his employer because he will have not the right to go into the work. And the other question is that if the employer must call people to ask if they are COVID positive? In fact, that's part of the measures. He must say to his people : If you are COVID positive, don't come to work. So, it's an information. But is there a right? And the ones who... First of all, sometimes, if somebody is COVID positive, the public health is going to call them and identify exactly whose person could be... must be taken away. So, each time there is a case anywhere, if I went to cafeteria, I went to work with my colleagues, I will have a specific story of what I have done when I was probably contagious, and then we will recommend to those persons what to do.

Le Modérateur : So that's all the time we have. Merci, tout le monde.

M. Legault : Merci, tout le monde.

(Fin à 13 h 53)

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