(Treize heures deux minutes)
Le Modérateur
:
Bienvenue à cette conférence de presse pour faire le point sur la situation au Québec
quant à la COVID-19. Le premier ministre du Québec, M. François Legault,
est aujourd'hui accompagné de la ministre de la Santé et des Services sociaux,
Mme Danielle McCann, et du directeur national de la santé publique,
Dr Horacio Arruda. M. le premier ministre, à vous la parole.
M. Legault : Oui, merci
beaucoup. Bonjour, tout le monde. On entre aujourd'hui dans une nouvelle étape
de cette bataille contre le coronavirus. On a toute raison de croire qu'il
commence à y avoir de la transmission communautaire. Vous allez le voir, le
nombre de cas s'accélère. Et, c'est important de le préciser, pour mieux
suivre, en temps réel, le nombre de cas, on a choisi d'inclure les cas qu'on
appelle «probables» dans le total du nombre de personnes infectées. Donc, il y
a une augmentation aujourd'hui, mais il y a une partie de cette augmentation
qui vient d'un changement de méthode pour mieux refléter, plus rapidement, la
réalité étant donné que ça change rapidement.
Donc, bilan de la dernière journée :
on a maintenant 628 cas de personnes infectées, c'est une augmentation de
409. On a 45 personnes hospitalisées, c'est une augmentation de 21. On a
20 personnes aux soins intensifs, c'est une augmentation de 7. Et on
reste à quatre décès, donc aucune augmentation du côté des décès. On a
1 900 personnes qui attendent les résultats de leur test et
11 200 qui ont reçu un résultat négatif.
Bon, peut-être un point, une précision sur
le nombre de tests puis le nombre de cas. Il faut être prudent quand on compare
avec les autres provinces ou les autres pays pour différentes raisons. D'abord,
au Québec, on a fait le choix, jusqu'à maintenant, de se concentrer à tester
seulement les personnes qui avaient voyagé et avaient des symptômes. Il y a des
provinces puis des pays qui ont pris une autre approche. Nous, on pense
qu'évidemment ce sont les personnes qui, selon nous, étaient le plus à risque.
Donc, ça explique certaines différences.
L'autre chose aussi qui est importante,
quand on compare, entre autres, avec d'autres provinces, c'est qu'on n'a pas la
même date pour la semaine de relâche. On sait que, durant la semaine de relâche,
il y a beaucoup de personnes qui voyagent, donc, il y a à peu près deux
semaines, on a eu beaucoup de retours de la semaine de relâche, plus ici, au Québec,
qu'ailleurs, donc, ça peut être une partie aussi de l'explication. Et, il faut
être prudent, donc, quand on fait des comparaisons, il faut tenir compte de
cette donnée.
Bon, maintenant, je le disais, on entre
dans une nouvelle étape, une étape qui est plus critique, et c'est le temps
d'ajouter des mesures pour limiter la contagion. Donc, aujourd'hui, j'ai pris
la décision de fermer toutes les entreprises et tous les commerces, sauf pour
les services essentiels, jusqu'au 13 avril. Donc, on a une situation où,
dans les faits, le Québec va être sur pause pendant trois semaines. Je pense,
c'est important, pour se donner toutes les chances de réduire la propagation du
virus, de prendre cette décision qui est difficile, mais qui, à mon avis, est nécessaire.
Bon, ce que ça veut dire concrètement,
c'est qu'on demande à toutes les entreprises, tous les commerces, de fermer au
plus tard demain soir à minuit. Mais tous les commerces et toutes les
entreprises qui sont capables de le faire dès aujourd'hui, je vous demande de
le faire. Je peux comprendre que, pour certaines entreprises, ça va être
difficile de le faire avant demain soir, minuit, mais le plus rapidement
possible, au plus tard, donc, à partir de minuit, demain soir, ce sera défendu
pour ces commerces d'être ouverts.
Maintenant, la liste des services
essentiels. On va mettre une liste de services essentiels, qui va être mise à
jour régulièrement, mais déjà on peut vous dire, évidemment, toutes les
épiceries, les pharmacies, toute la chaîne alimentaire, incluant le transport
de la nourriture, les pompiers, les policiers, bien sûr, le réseau de la santé,
tous ces services essentiels vont continuer d'être donnés. Puis d'ailleurs j'en
profite tout de suite pour dire merci à ces personnes qui vont nous permettre
de continuer de fonctionner dans les prochaines semaines. Merci beaucoup. On a
besoin de vous autres.
Maintenant, un mot sur les résidences de
personnes âgées. Bon, on le sait puis on l'a dit à plusieurs reprises, les
personnes de 70 ans et plus, si elles attrapent le virus, elles sont plus
à risque de conséquences graves. Évidemment, quand on regarde les résidences où
il y a plusieurs personnes âgées... bon, on a eu le cas, effectivement, de
Lavaltrie. C'est important que le virus... Il faut tout faire pour ne pas que
le virus entre dans les résidences de personnes âgées. J'ai parlé hier soir
avec des propriétaires de résidences de personnes âgées. On a un phénomène où actuellement
la majorité des personnes dans ces résidences ne sortent plus, mais il y a une
petite minorité qui continue de sortir puis qui inquiète toutes les personnes
âgées de ces résidences-là. Donc, c'est pour ça qu'on a décidé aujourd'hui
d'ajouter une nouvelle consigne où on demande à toutes les personnes âgées dans
les résidences de ne plus sortir, sauf exception puis sauf avec supervision. Je
sais que c'est une mesure qui est dure, mais c'est une mesure qui est nécessaire
parce que la dernière chose qu'on veut au Québec, c'est que le virus entre dans
des résidences de personnes âgées. C'est ça qui est le plus dangereux, qui
pourrait avoir les résultats, malheureusement, les plus désastreux.
Par contre, je veux qu'on se comprenne
bien, là, les personnes âgées de 70 ans et plus ne sont pas plus à risque
de propager le virus que les personnes plus jeunes. Donc, qu'on ait
15 ans, qu'on ait 40 ans, qu'on ait 85 ans, on peut propager le
virus. Donc, j'entends certaines personnes dire : Moi, je ne suis pas à
risque. Écoutez, là, il ne faut pas regarder les autres, il faut tous se
regarder, chacun, nous autres, puis il faut que chacun respecte les consignes, peu
importe l'âge qu'on a.
Donc, soyons clairs, là, à part les
services essentiels, on met le Québec sur pause, donc ça veut dire que tous les
Québécois qui ne sont pas dans les services essentiels, s'il vous plaît, vous
restez à la maison. Évidemment, par contre, j'ai besoin des plus jeunes pour
aller aider les plus vieux, pour aller aider les personnes handicapées, pour
aller aider les organismes communautaires qui s'occupent de personnes plus
vulnérables. Donc, c'est important de montrer beaucoup de solidarité. Vos
voisins, vos familles, les organismes de votre quartier, s'il vous plaît, ceux
qui n'ont pas de symptômes, ceux qui sont plus jeunes, allez offrir vos
services pour aider, entre autres, à ce que nos personnes âgées reçoivent toute
la nourriture qu'ils ont besoin sans être obligés de sortir. Puis, écoutez, au
cours des prochaines semaines, ça va être important d'être solidaires, d'être
courageux, puis je sais que les Québécois, là, sont un peuple qui est capable
d'être solidaire, capable d'être courageux. Donc, je vous demande : restez
à la maison sauf pour aller aider des personnes qui sont vulnérables ou sauf
pour aller donner des services qui sont essentiels.
Donc, je termine en répétant : plus
vite on va limiter les contacts, plus vite on va limiter la contagion, plus on
va sauver des vies puis plus vite on va pouvoir revenir à une vie normale.
Donc, je sais que les Québécois sont soudés, là, mais c'est important, comme
peuple, qu'on collabore, que tout le monde collabore. Je demande à tous les Québécois
de collaborer, et j'ai besoin de vous autres, puis je suis confiant qu'on va
être capables, dans les prochaines semaines, de passer à travers cette
situation qui est difficile. Merci.
Le Modérateur
: Alors,
pour...
M. Legault : Un mot en
anglais.
Le Modérateur
: Oui,
allez-y.
M. Legault : I want to say a few words in English. We can see today an important
increase in the number of cases, so it's time for everybody to follow the public health instructions. It's time also for the Government to
act in a decisive manner. We must put Québec on pause until Easter, for a possible restart on April 13th. So, at
midnight tomorrow, every nonessential economic activity must stop. Those who
can close now, please do it. We will publish a list of what will remain open,
but I can confirm it will, of course, include groceries and pharmacies. So it's
a time to unite more than ever.
Le Modérateur
:
Alors, pour la période des questions, en vous limitant à une question, une
sous-question, on va commencer avec Tommy Chouinard, LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) : M.
le premier ministre. D'abord, quelles sont les mesures qui vont être prises
pour faire respecter la décision que vous prenez aujourd'hui de fermer toutes
les entreprises et tous les commerces? Et allez-vous demander, dans les circonstances,
au fédéral, donc, d'appliquer la Loi sur les mesures d'urgence?
M. Legault
: Bon,
pour l'instant, je demeure avec la même approche qu'on a eue depuis le début, c'est-à-dire,
on doit se fier sur la bonne foi des Québécois. Donc, oui, on a toutes sortes
de pouvoirs. Puis même le fédéral pourrait donner toutes sortes de pouvoirs
puis demander toutes sortes de choses, entre autres aux policiers. Mais, si on
veut que ça marche, là, il faut qu'on ait la collaboration, il faut qu'on ait
la bonne foi de tout le monde.
Donc, c'est là-dessus qu'on se fie. Par
exemple, quand je dis : Les entreprises, les commerces non essentiels
doivent fermer à minuit demain soir, c'est pour donner la chance à ceux qui ont
besoin d'un peu de temps. Mais, si vous êtes capable de le faire cet après-midi,
ce soir, faites-le immédiatement. Donc, il faut qu'il y ait le moins de
contacts physiques possible. Ça, là, on ne pourra jamais vérifier ça avec les
policiers, que ça se fait partout, partout au Québec, là. Donc, il faut d'abord
compter sur la bonne foi. Si c'est nécessaire, on a les pouvoirs pour
contraindre, mais je ne souhaite pas utiliser ces pouvoirs-là, autant que
possible.
M. Chouinard (Tommy) :
Dr Arruda, vous nous aviez indiqué, au cours des derniers jours, qu'afin...
pour mesurer l'efficacité ou l'impact des mesures de confinement, il fallait
attendre 10 jours. On est arrivés aux 10 jours. Sur la courbe, la
projection que vous avez faite, on en est où? Et faut-il s'inquiéter de cette
augmentation aux soins intensifs en particulier?
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, il faut comprendre que la situation épidémiologique qu'on voit
actuellement, c'est celle qu'on s'attendait comme telle. Et, je le dis encore
aussi, ce n'est pas le temps de lâcher. Puis je l'ai dit plusieurs fois pour
que les Québécois comprennent, je ne veux pas faire peur, mais il faut... C'est
une question de vie ou de mort parce qu'on veut véritablement...
Là, actuellement, ce qui se passe, c'est
qu'avec l'augmentation des tests qu'on a faits, puis il y en a eu beaucoup au
cours des derniers jours, on a augmenté le nombre de cas. On est en train de
faire les analyses pour voir quelles catégories sont augmentées, puis etc. Mais
déjà on prend, si vous me permettez, des décisions très importantes,
actuellement, par rapport à ce qui a été pris dans d'autres pays, ça fait qu'on
n'est pas, techniquement, en retard. Les courbes, les différents scénarios,
selon certains, on aurait atteint un certain scénario, mais on est en avance,
ne serait-ce qu'en capacité hospitalière et autres, actuellement. Par contre,
il faut... puis je tiens à le dire, ce n'est pas parce qu'on prend ces
mesures-là qu'il ne faut pas collaborer avec la santé publique. Les cas de
santé publique, les éclosions spécifiques à des endroits où il y a eu des cas,
des histoires de mariage, des histoires de résidence, on applique toutes les mesures,
on ne lâche pas ce côté-là d'investigation, qui est très importante. Puis là on
ajoute une mesure supplémentaire qui va forcer, à mon avis, la distanciation
sociale. Ce n'est pas le temps non plus de s'enfermer pour faire des partys à
la maison parce qu'on n'est pas au travail, là. Puis on va regarder, les
prochains jours, comment ça va se faire.
On n'est pas inquiets de la situation. On
vous l'avait dit, on allait faire tests, tests, tests. C'est ce qu'on a fait.
On a même eu peut-être des... on a privilégié l'action à la statistique parce
que c'est ça qui est important, c'est d'agir, puis actuellement on est en train
de prendre les mesures, si vous me permettez, que bien des... que certains pays
ont prises mais complètement à un autre stade que le nôtre. On n'est pas du
tout débordés en termes de système de soins. On est en train, même, d'essayer
de gagner du temps pour aller chercher même des fournitures, je ne sais pas si
vous comprenez, là, négocier des fournitures. S'il faut construire des choses,
au Québec, on va le faire. Mais je vous dirais, là, qu'actuellement, là, toutes
mes autorités de santé publique, mes principaux conseillers, quand on regarde
les articles qui sont publiés partout, là, on est, si vous me permettez... on
utilise ce qu'on appelle les meilleures pratiques, qui ont été recommandées,
comme tel. Et ça prend du courage pour le faire, mais, je pense, c'est une
question... Ce qu'on espère, là, c'est que, quand on va se revoir, dans trois,
quatre semaines, on va avoir dit... on va avoir dit...
Puis là ce que je veux dire, là, c'est
que, ce qu'on a dit avant, les travailleurs qui vont... les voyageurs qui vont
revenir de l'extérieur, là, il faut vraiment qu'ils s'isolent pendant
14 jours. Il ne faut pas... Et, si on compare avec l'Ontario, aussi, notre
semaine de relâche était avant qu'on ferme les vols internationaux, et c'est ça
qui fait qu'actuellement nous, on vit la queue de la semaine de relâche, alors
que les gens rentraient. Et, si vous rentrez de voyage ou si vous avez des
symptômes, puis vous êtes allé en voyage, puis vous ne l'aviez pas dit parce
que vous aviez peur, de grâce, donnez la bonne information. Ce n'est plus le
temps de mentir, ce n'est plus le temps non plus de faire... Et c'est une
question de vie ou de mort. Les consignes qu'on a mises en place...
heureusement, les Québécois, c'est un peuple extraordinaire, qui se tient, on
est des gens civilisés. Les gens vont aussi... sans se faire de la délation,
vont dire, vont rappeler aux autres : Fais attention, tu es revenu de voyage,
comment ça se fait que tu n'es pas chez toi puis que tu es en train de te
promener? C'est le genre de chose qu'on va faire ensemble, puis on contraindra
quand ce sera nécessaire. Mais si on contraint trop, on n'est pas capable
d'avoir la collaboration.
Moi, je préfère que les gens comprennent
ce qu'on est en train de faire, ici, comme tel. Ce qu'on a... On est encore
dans nos scénarios, on n'est pas... et on savait qu'un jour on allait arriver à
ça, compte tenu des nouvelles pratiques puis ce que l'on lit dans la
littérature par les plus grands conseillers.
Le Modérateur
: Merci.
Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. le premier ministre, messieurs, dames. Est-ce que l'exclusion de la
fermeture de tous les commerces, ça inclut l'industrie de la construction et
les alumineries, par exemple? Parce que les alumineries ont une situation
particulière, ils ne peuvent pas arriver comme ça puis fermer les machines, là.
Vous connaissez un peu le principe. Est-ce que ça touche ces deux
industries-là?
M. Legault : Oui, ça
touche la construction, ça touche les alumineries. C'est une raison pourquoi on
a mis ça à minuit demain soir. Bon, on pourra peut-être avoir des exceptions.
On ne veut pas non plus créer des catastrophes, évidemment, mais ça inclut tous
les produits qui sont fabriqués qui ne sont pas essentiels. Une compagnie qui
produirait des équipements médicaux, bien, on a besoin que ça reste ouvert, mais
une entreprise qui fabrique de l'aluminium, des autos, des avions, ça va être
fermé.
M. Lacroix (Louis) : D'accord.
L'autre question que je voulais vous poser, c'est par rapport à... parce que le
1er juillet, là, s'en vient, puis il va y avoir des déménagements. Et on
sait comment ça fonctionne au Québec, là, on est forcés de déménager au
1er juillet, puis il y a des gens qui sont en recherche de logement, etc.
Est-ce que ça va demeurer permis d'aller visiter des appartements? Parce là on
parle vraiment d'amener des gens à l'intérieur des résidences d'autres
personnes.
M. Legault : Regardez, là
on veut mettre le Québec sur pause pendant trois semaines, jusqu'au 13 avril.
Donc, il y a quand même une période entre le 13 avril puis le
1er juillet. On est très conscients que c'est un enjeu spécial, la
question des déménagements, et on a une équipe qui travaille là-dessus. Mais
évidemment, là, on va commencer par passer à travers les trois prochaines
semaines.
Le Modérateur
: Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) :
Oui, bonjour. J'aimerais être bien certain de comprendre la signification de la
hausse du nombre de cas que vous nous annoncez aujourd'hui, jusqu'à quel point
est-ce que ça peut être le résultat de l'inefficacité des mesures prises
jusqu'ici ou plutôt du fait qu'on détecte mieux les gens. Et, dans la mesure où
c'est difficile parfois, peut-être, de faire la part de l'un ou de l'autre,
jusqu'à quel point est-ce que cet indicateur-là du nombre de cas, qu'on suit de
jour en jour, nous donne véritablement un portrait juste de la situation?
Jusqu'à quel point est-ce qu'il faut se fier à ça, là, puis suivre ça de jour
en jour?
M. Legault : Je vais
laisser le Dr Arruda compléter, là, mais, bon, évidemment que ça fait des jours
que je me pose aussi cette question-là. Ce que je comprends, c'est qu'on a
choisi, jusqu'à aujourd'hui, de se concentrer sur les personnes qui ont des
symptômes et qui ont voyagé, O.K.? Il y a d'autres endroits où ils ont fait
toutes les personnes qui ont des symptômes. En se concentrant sur les personnes
qui ont des symptômes et voyagé, la probabilité de trouver des cas était plus
grande. Donc, il faut tenir compte de ça.
L'autre chose dont il faut tenir compte,
c'est notre semaine de relâche. Notre semaine de relâche est arrivée comme à un
mauvais moment, si vous voulez. On a beaucoup de gens qui sont allés dans le
Sud, qui sont allés en vacances à l'étranger, puis c'est à l'étranger qu'on
avait un problème, qu'on avait un risque d'attraper le virus. Donc, ce n'était
pas le cas, par exemple, en Ontario, c'était plus tard, donc, ils ont été
capables de sauver cette partie-là. Donc, il faut tenir compte de ça. Évidemment,
ce n'est pas une science précise, tout ça, là. Puis je vais laisser le Dr
Arruda compléter.
M. Arruda (Horacio)
:
Bon, il faut comprendre que, premièrement, entre ce que les gens disent qu'ils
font comme test et le terrain, il peut y avoir une différence, même dans les
autres provinces, O.K., en termes de protocoles et d'application. Il y a des
facteurs qui sont associés à notre situation épidémiologique particulière,
notre situation aussi en lien avec les pays qui sont touchés. La Colombie-Britannique,
c'était beaucoup la Chine, au départ, qui est rentrée. Nous, c'est autant Cuba,
le sud que l'Italie, la France. On a des historiques, là. Quand vous regardez la
liste des pays, nous, on est exposés à beaucoup, beaucoup. Il y a un mélange de
tout ça là-dedans, si vous me permettez.
On a augmenté les tests, c'est clair qu'on
a augmenté les tests, et on s'attendait à voir ces chiffres-là monter de façon
significative. Puis là, après ça, il faut les regarder par territoires. Prenons
un exemple. On commence à avoir, je pense, de la transmission communautaire,
mais on est, dans la majorité encore des cas, à peu près 40 %, 60 %
des cas qui sont associés à une histoire de voyage. C'est-à-dire que le virus
est rentré dans cette famille-là puis est allé dans ce centre d'accueil là parce
que quelqu'un est allé voyager puis a introduit le virus. Ça, c'est de la
transmission... Ça, cette partie-là, là, à mesure qu'on ferme les voyages, à
mesure que les gens qui reviennent de voyage vont s'isoler pendant 14 jours,
ça va être moins important. On va voir un «shift» dans le type d'introduction.
C'est excessivement difficile, en un clip
comme ça, de vous donner toute l'information précise, mais c'est un mélange à
la fois du facteur d'exposition du Québec en lien avec le virus provenant de
l'extérieur — bon, puis ça, ça a été à cause de la semaine de
relâche — à la fois avec le changement de stratégie de test puis
l'augmentation du nombre de tests. Ce n'est qu'après un certain temps qu'on va
être en mesure d'avoir un chiffre stable. Parce qu'on pourrait avoir une
augmentation comme ça, par exemple, de la courbe, puis là restabiliser comme ça
parce que les trois, quatre jours de retard est venu annuler l'effet
d'inclinaison, potentiellement, mais ça va se restabiliser.
Puis je peux vous dire que des gens qui
suivent des scénarios autres, ou etc., ou des experts épidémiologistes nous
disent qu'on est encore très optimistes par rapport à ce qui se passe au
Québec. Ce n'est pas moi qui le dis, je l'ai entendu par un épidémiologiste à
la télévision de Radio-Canada tantôt. Ça fait que c'est pour ça que je vous
dis, dans le fond, nous, on a fonctionné avec des scénarios faibles, modérés,
élevés, puis on est... on fonctionne toujours en disant : Ça va être pire
que ce que c'est, pour avoir de la marge de manoeuvre puis gagner du temps.
M. Legault : Il y a peut-être
un autre phénomène aussi : Quand on détecte une personne qui est positive,
on fait beaucoup de travail pour aller rencontrer toutes les autres personnes
qui avaient été en contact avec cette personne-là, incluant utilisé son
téléphone. Il y a des cas, là, c'est anecdotique, mais ça peut être important,
je vous donne un exemple, puis je ne vous dirai pas où : un mariage,
350 personnes, la mariée et un des parents de la mariée étaient infectés.
Donc, évidemment, là, ça veut dire qu'il y a 350 personnes qu'il faut
aller tester puis qui ont peut-être plus de risque que la moyenne, et on a fait
beaucoup de travail là-dessus. Quand on trouve une personne infectée, on
s'assure de poser beaucoup, beaucoup de questions sur qui elle a rencontré dans
les jours précédents puis d'aller tester ces personnes-là. Donc, est-ce que
toutes les provinces font ça? C'est difficile, là, de savoir jusqu'à quel point
c'est fait.
M. Lavallée (Hugo) : M.
le premier ministre, vous allez vous entretenir, un peu plus tard aujourd'hui, avec
Justin Trudeau et vos homologues des autres provinces. M. Trudeau a
indiqué ce matin vouloir sonder les premiers ministres des provinces sur la
pertinence et l'opportunité de fermer les provinces... interprovinciales.
Quelle position vous comptez défendre auprès de M. Trudeau? Et quelle
représentation vous allez lui faire spécifiquement sur la question de la Loi
sur les mesures d'urgence? Vous souhaitez ou non qu'il l'applique? Parce qu'il
veut aussi vous sonder là-dessus.
M. Legault : O.K. Bien,
deux choses. D'abord, les déplacements, on l'a déjà dit, on veut avoir le moins
de déplacements possible d'une région à l'autre à l'intérieur même du Québec,
donc c'est certain que commencer à voir des gens qui viennent d'autres
provinces, ce n'est pas idéal. Mais il y a une situation particulière à
Gatineau, Ottawa, là. C'est qu'il y a une communauté qui est, dans le fond, la
même communauté, puis il y a une partie des soins qui, dans certains cas, sont
à Ottawa pour des gens de Gatineau. Donc, il faut être prudent.
Bon, à 5 heures 30, à la
rencontre, j'ai demandé à l'équipe de 15, 20 qui travaille sur notre comité, et
la priorité des priorités, c'est d'avoir les écouvillons, donc, le matériel
pour les tests. Là, on en a pour les quelques prochaines semaines, mais, évidemment,
ça va s'accélérer, et donc on a besoin d'Ottawa pour faire des efforts, entre
autres pour avoir le matériel de test. On est pas mal confortables avec les
masques, les ventilateurs, mais les écouvillons... Bon, il y a des méthodes qui
sont testées actuellement. Est-ce qu'on pourrait utiliser juste une tige? Mais,
tout le monde, je pense, là, est préoccupé du nombre d'écouvillons à moyen
terme, si je peux dire. Donc, ça va faire partie des demandes que je vais faire
à M. Trudeau, ce soir.
Le Modérateur
: Andrée
Martin, TVA.
Mme Martin (Andrée) :
Bonjour à vous trois. À quoi vous attendez-vous de la part des médias, des
services de nouvelles? Pouvez-vous nous confirmer que nous sommes un service
essentiel?
M. Legault : Absolument.
Absolument. Les médias sont un service essentiel. Les communications, au sens
large, là, téléphone, informatique, ce sont des services essentiels. C'est
important de continuer à informer les gens, de continuer de communiquer. Donc,
oui, il y a actuellement un petit groupe qui regarde spécialement comment on
peut aider les médias à poursuivre le travail pour qu'on puisse continuer
d'informer correctement la population.
Le Modérateur
: ...
Mme McCann : ...
Le Modérateur
: Non,
allez-y.
Mme McCann : Si vous
permettez, un bon exemple : aujourd'hui, on vous annonce qu'il y a un
guide d'autosoins qui est sur le site du ministère. Alors, évidemment, on
aimerait ça que les médias en fassent aussi la promotion. C'est un guide
d'autosoins qui est très complet, qui explique qu'est-ce que c'est la COVID-19,
qu'est-ce qu'il faut faire comme prévention, si on a des symptômes, la marche à
suivre, toute l'information est là. Alors, ça, c'est vraiment très important de
le promouvoir auprès de la population. C'est sur le site actuellement. On va
voir si on peut trouver des modalités pour les gens qui n'ont pas d'Internet...
On est en train de... On se penche là-dessus.
Et, moi, je dirais aussi, je voudrais
remercier... parce qu'on est en train de vraiment réorganiser complètement le
réseau de la santé et des services sociaux. Puis, vous savez, je fais des
remerciements à chaque fois qu'il y a une conférence de presse. Bien, là, je
voudrais remercier les gestionnaires parce qu'ils travaillent très fort, je
vous dirais, et comme tout le monde d'ailleurs, et les travailleurs sociaux
aussi, tout ce qui est psychosocial, on a tout un plan, là, dont je pourrais
vous parler, pour rejoindre les gens dans une période qui cause davantage
d'anxiété, et, également, le personnel qui est au téléphone. Je vous donne
comme exemple la Régie de l'assurance maladie du Québec; beaucoup de travail
qui se fait là, actuellement.
Alors, moi, ce que je veux vous dire
aujourd'hui, c'est que le réseau est en train de se préparer, est très très
très actif. On a libéré, à ce moment-ci, 6 000 lits, 6 000 lits,
on vous l'avait annoncé il y a quelques jours seulement, bien, ils sont libérés.
Et là-dedans il y a 570 lits de soins intensifs. On est en train de faire
en sorte que tous les services possibles soient donnés par téléphone ou par
téléconsultation, alors, pour que les gens ne se déplacent pas. Et on a un
ensemble de services aussi, je vous le disais, pour les gens qui ont de la
détresse, hein? Si on a un intervenant social, il va nous appeler. Si on n'en a
pas, on est sur une liste d'attente, on va nous appeler également, et si on a
un problème, on peut appeler notre CLSC. Alors, tout ça, là, moi, je rends
hommage aux gens qui sont en train de tout réorganiser pour répondre à la
demande.
M. Legault : Je veux
renchérir sur ce que vient de dire Danielle. Elle vient de dire : On a
6 000 lits de disponibles, mais, en plus, on a des gens très
ingénieux, inventifs, qui sont en train de nous permettre, si c'est nécessaire,
de pouvoir utiliser, par exemple, l'Hôtel-Dieu, l'Hôpital Notre-Dame,
donc, les hôpitaux qui étaient dans l'ancien CHUM, qui vont être aménagés pour
pouvoir recevoir des gens. Donc, il y a des gens, là, qui en font pas mal plus
que le travail qui est écrit dans leur description de tâches actuellement,
puis, entre autres, des gestionnaires, là, du réseau de la santé, à qui je veux
dire un énorme merci puis bravo.
M. Arruda (Horacio)
:
Si vous me permettez — vous avez posé la question — moi, je
fais de la médecine populationnelle; rejoindre la population, c'est à travers
mes merveilleux pigeons voyageurs que vous êtes. Je voudrais vous dire aussi
que des éléments importants... On ne fait pas ce genre d'intervention là pour
le plaisir, c'est qu'on y croit, on croit que c'est la meilleure façon, la
meilleure pratique. Si vous ne vous sentez pas à risque de la maladie, vous
pouvez la transmettre à quelqu'un d'autre. Vous pouvez devenir, sans le savoir,
le vecteur de la mort de quelqu'un d'autre. Donc, c'est pour ça qu'on vous dit
de vous isoler. N'oubliez pas, encore, de vous laver les mains. Ce n'est pas parce
qu'on met ces mesures-là qu'il faut rediminuer dans l'hygiène, on ne sait
jamais qui peut être la personne qui aurait contaminé la place. Maintenant, ce
n'est plus seulement des voyageurs qui vont revenir de l'extérieur. Si vous
revenez de voyage, prenez votre 14 jours, n'allez pas montrer vos photos
ailleurs, ne faites pas non plus des rassemblements à la maison comme tels. Les
partys de famille, c'est inquiétant, on ne sait pas si quelqu'un peut l'avoir
attrapé.
Puis je trouve, dans le fond, là, aussi,
là, c'est que... trouvons-nous des moyens pour vivre cette période-là dans la
paix, dans un certain calme. Il y a de très belles initiatives des artistes,
etc., qui nous permettent d'écouter de la musique, les gens font de l'humour, parce
que, devant la crise, rire, ça peut faire du bien, mais respectez les consignes
qu'on vous donne de distanciation, puis etc.
Le succès de notre intervention, de nos
mesures va dépendre jusqu'à quel point la population québécoise va prendre la
prescription. Une prescription... Si on dit : C'est 10 jours
d'antibiotiques puis on en prend juste cinq, ça n'a pas le même effet puis
ça a des effets pervers. Donc, si on vous dit de rester à la maison, c'est
qu'on vous dit de rester à la maison. Si on vous dit de ne pas passer d'une région
à l'autre, de ne pas voyager entre Montréal puis Québec si ce n'est pas
essentiel, faites-le pas. C'est parce que chaque petit geste comme ça, accumulé
ensemble, vont faire qu'on va être capable d'arriver.
Pour répondre à votre question de tantôt,
il n'y a pas une cause, c'est une multiple situation. Nous... Les équipes de
santé publique vont travailler pour enquêter chacun des cas, chaque histoire de
mariage, puis quand on vous a dit : Pas de mariages, pas de funérailles,
ce n'est pas parce qu'on ne trouve pas ça important, c'est que c'est des
situations où des gens qui ne savent pas qui sont malades ou qu'ils sont
malades, peuvent contaminer. Et, si vous êtes malade, de grâce, dites-le. Et,
si vous n'avez pas trop de symptômes, en restant à la maison, vous allez guérir
de ça. Mais n'allez pas contaminer quelqu'un d'autre. Merci de transmettre ce
message-là. Puis au cours des prochains jours... des moyens et des outils.
Le Modérateur
:
Aviez-vous une sous-question?
Mme Martin (Andrée) : Bien,
en répondant à ma question, vous avez fait référence aux lits des soins
intensifs, donc je vais continuer de faire du chemin là-dessus. Si on regarde,
là, présentement, il y a 45 personnes qui sont hospitalisées, 20 aux soins
intensifs. Hier, le portrait ressemblait également à ça. Est-ce que ça veut
donc dire qu'environ 50 % des gens qui sont hospitalisés vont passer, à un
moment ou à un autre, par les soins intensifs?
Mme McCann : Pas nécessairement,
non. Le portrait — puis le docteur Arruda va vouloir dire quelque
chose sûrement là-dessus — le portrait change à tous les jours. Il ne
faut pas se fier à ce qui se passe actuellement, ce n'est pas représentatif,
là, de ce qui pourrait se passer, là, dans le futur.
D'ailleurs, on avait des statistiques au
départ que normalement c'est 15 % des gens touchés qui vont être
hospitalisés. Mais on ne sait pas combien de gens sont touchés nécessairement
parce qu'il y a des gens qui n'ont pas été testés puis qui sont probablement
infectés actuellement. Puis on dit que c'est à peu près 5 %, au niveau des
soins intensifs. Alors, voyez-vous, ça ne concorde pas, et c'est normal parce
qu'on est au début, hein, de la situation. Alors, il ne faut pas faire cette
déduction. Dr Arruda?
M. Arruda (Horacio)
:
Je n'ai rien à ajouter, vous l'avez très bien dit.
Le Modérateur
:
Parfait. Donc, on va poursuivre avec une question par courriel de Jocelyne
Richer, de LaPresse canadienne. Est-ce qu'un confinement
total, là, un peu comme on l'a fait en France, est exclu? Puis est-ce que les Québécois
doivent se faire à l'idée que c'est ce qui les attend dans les prochains jours,
que ça pourrait être encore plus sévère que ce que vous annoncez aujourd'hui?
M. Legault : Bien, c'est
pas mal ça qu'on annonce aujourd'hui. Ce qu'on dit, c'est : Confinement,
sauf pour les services essentiels. Donc, c'est pas mal ça, on est rendus là.
Le Modérateur
: Les
services policiers, là, risquent d'être débordés assez rapidement en raison,
là, de cette hausse des mesures de confinement. Est-ce que vous pourriez
appeler éventuellement l'armée en renfort pour les seconder puis appliquer les
directives?
M. Legault : On n'est pas
du tout rendus là.
Le Modérateur
:
Parfait. Donc, on poursuit avec Olivier Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Il
y a des épiceries qui comptent ouvrir, pour les 70 ans et plus, certaines
heures réservées. Est-ce que c'est une bonne idée?
M. Arruda (Horacio)
:
Je vais vous dire, dans les faits, la question est toujours en lien avec : Est-ce
qu'il y a de la distanciation sociale, puis est-ce qu'on fait des
regroupements? Je ne sais pas si vous comprenez. C'est difficile... Si c'est
fait puis que les gens sont à la queue leu leu, collés les uns sur les autres,
puis il n'y a pas de distanciation sociale dans l'épicerie, ce n'est pas une
bonne idée. Mais, si c'est fait adéquatement... Et là, c'est là que ça devient
difficile de répondre à toutes les questions. N'oubliez pas, là, il faut que
les gens gardent d'un mètre à deux de l'autre. Il ne faut pas que des gens
malades, non plus, en train d'incuber, sortent, je ne sais pas si vous
comprenez, ou qui ont des petits symptômes, là, qui se dit : Ce n'est
rien, ce n'est rien, je vais y aller pareil... C'est tout ça qui est dans une
perspective.
Mais je vais vous dire bien honnêtement,
de plus en plus, puis ça, on va voir, il va falloir trouver des façons de
déplacer les marchandises vers la personne... que de la faire sortir, particulièrement
dans les résidences pour personnes âgées, là. Dans le fond, on ne voudra pas
que les gens aillent faire leur épicerie. Ils vont être gérés par des gens qui
vont venir leur porter leurs services pour justement, eux, n'être pas ailleurs,
l'attraper puis le réintroduire parce que ça, c'est l'autre affaire, maintenant,
les gens vont avoir peur de leurs voisins, là. Comprenez-vous? Il ne faut juste
pas tomber dans la paranoïa, dans la psychose collective. Mais chaque situation
doit être regardée.
Et c'est ça aussi, si vous me permettez,
que la pause doit permettre de faire aux gens, de voir comment ils peuvent
s'organiser parce que ça va vite, ça va très vite. Et donc ça peut être fait,
mais ça peut aussi ne pas être bien fait, et c'est ça qu'il faut être capable
de voir. Puis, s'il y a une alternative d'aller livrer ou de plus de personnes
vont aller livrer parce que, là, ils sont débordés, ils manquent de livreurs,
des gens vont se mettre à aller aider puis aller livrer à la maison, bien, on
vient de régler le problème.
M. Bossé (Olivier) :
Vous dites : La paranoïa, l'impact psychologique, entre autres, les cas
qui triplent, c'est important. Ça va être encore plus gros dans les prochains
jours?
M. Arruda (Horacio)
:
Mais je pense que, devant les cas qui augmentent, la réaction qu'on doit avoir...
Il est normal, le fait d'avoir peur et de paniquer. Mais la meilleure réaction,
c'est de savoir qu'est-ce que je dois faire. Puis là qu'est-ce que je dois
faire, c'est ce qu'on vous recommande parce que, même si ça triple à
l'extérieur puis ça revient... ça ne viendra pas... ça ne rentrera pas par
votre fenêtre puis par le courant d'air. Je ne sais pas si vous comprenez ce
que je veux dire. Bien, c'est sûr que c'est... On savait qu'on aurait des cas,
là. Regardez ce qui se passe dans le monde, c'était impossible que le Québec
soit béni avec de l'eau bénite autour puis que ça ne rentre pas à l'intérieur.
C'est rentré.
Donc, maintenant, ce qu'il faut faire, à
mon avis, c'est faire ce qu'on vous dit. Et ce n'est pas le temps de paniquer,
mais on comprend les peurs des gens. Il faut supporter les gens qui ont des
craintes. Les personnes âgées qui vont être à l'intérieur... ce qui se passe à
l'extérieur, il faut être capable... Moi, je ne suis pas en contact avec ma
famille non plus à tous les jours, là, on ne se voit pas. On est... pour se
protéger les uns des autres. Ma conjointe est à Montréal. On ne se reverra plus
parce que je ne veux pas qu'elle voyage, puis il faut être cohérent avec ce
qu'on dit. Mais, en faisant ça, on fait quelque chose, puis plus on va le
faire, moins ça va être long, plus la société va pouvoir reprendre son cours.
Mme McCann : Mais en même
temps il y a une mobilisation de la société. À titre d'exemple, les centres
d'action bénévoles, hein, qui se mobilisent dans chacun des territoires du Québec
pour justement les personnes âgées, là, qui vont être plus isolées. Alors, il y
a des exemples comme ça partout au Québec, et ça prend de l'ampleur. Alors, il
y a un phénomène, qui est très important, de solidarité parallèlement à une
situation qui est difficile à passer. Alors, je pense qu'il faut retenir ça
aussi.
Le Modérateur
: Marco
Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Legault : Donc, juste
un dernier mot.
Le Modérateur
: Oui, M.
le premier ministre.
M. Legault : Idéalement,
c'est mieux que les personnes de 70 ans et plus n'aillent pas faire leur
épicerie elles-mêmes.
Le Modérateur
: Très
bien. Marco.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, bonjour, M. le premier ministre. Malgré la fermeture des entreprises
annoncée aujourd'hui, il y a encore des commis, dans les épiceries, les
pharmacies, qui vont devoir demeurer au boulot. Qu'est-ce que votre gouvernement
leur dit pour les rassurer? Ils ont peur de contracter la COVID-19. Ils vont
poursuivre le travail jusqu'à aujourd'hui, à moins que vous nous annoncez le
contraire. Ils ne peuvent pas envoyer leurs enfants dans les services de garde.
Qu'est-ce que vous pouvez leur dire, à ces gens-là?
M. Legault : O.K. Bon,
d'abord, prendre toutes les précautions que le Dr Arruda mentionne, c'est-à-dire
garder un ou deux mètres d'écart avec les personnes, les clients qui viennent
les voir, deuxièmement, se laver les mains régulièrement.
Maintenant, pour ce qui est des services
de garde, pour l'instant, ça ne s'applique pas à ces personnes-là, mais on ne
l'exclut pas éventuellement. Ça fait partie des discussions qu'on a l'interne,
là, de l'évaluation parce qu'évidemment, si on ajoute des services de garde
pour d'autres personnes, ça suppose d'avoir plus d'éducatrices qui pourraient,
elles aussi, peut-être se dire : Bon, est-ce que je suis à risque ou non
avec des enfants? Donc, encore une fois, la balance des inconvénients. On est
en train d'examiner cette situation puis cette demande, entre autres; même
chose pour le transport en commun.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Les entreprises qui n'apparaîtront pas sur la liste des services essentiels et
qui s'appuient, depuis le début de la pandémie, beaucoup, en grande partie,
voire même en totalité sur le télétravail, est-ce qu'elles vont pouvoir
poursuivre leurs activités?
M. Legault : Ça fait
partie, effectivement, des... C'est la situation qui est idéale. Donc, c'est
sûr que, si on est capable de fonctionner par télétravail, c'est idéal en
autant que ça n'amène pas, à l'endroit principal de l'entreprise, l'obligation
de garder des gens au travail si ce n'est pas une activité essentielle. Donc,
il ne faut pas juste qu'on puisse faire du télétravail, mais que ça n'amène pas...
Je pense, entre autres, à toute la situation concernant les banques, les
caisses. On a besoin de continuer, évidemment, à aller chercher de l'argent
pour payer ses services. Il y a une partie du travail qui peut être faite par
télétravail, il y a une partie qui doit être faite au siège social de la banque
ou de la caisse. Donc, qu'est-ce qui est essentiel, qu'est-ce qui n'est pas
essentiel? C'est pour ça qu'au fur et à mesure on va apporter de plus en plus
de précisions sur, par exemple, quel télétravail on doit continuer de faire
puis quel télétravail on ne doit pas continuer de faire.
Le Modérateur
: Charles
Lecavalier, le Journal de Québec.
M. Lecavalier (Charles) :
Oui. Bonjour, M. Legault. Je comprends, là, qu'il va y avoir une liste qui
va être publiée, là, mais évidemment les Québécois qui regardent ça, à la
télévision, ils se demandent tous, là : Mais qu'est-ce qui va se passer
avec mon travail? Juste pour bien comprendre, de un, je sais qu'hier vous avez
dit : C'est important que les restaurants gardent les services de «takeout»
parce qu'il faut nourrir la population. Est-ce qu'ils devront fermer? Puis,
dans le fond, qu'est-ce qui va arriver pour les gens? Ils n'auront plus de
paie, là, jusqu'en avril, là. Donc, comment est-ce qu'ils vont s'assurer qu'ils
vont avoir un revenu?
M. Legault : Bien, là, il
y a des mesures pour la veille, il y a des mesures... entre autres, le
gouvernement fédéral, là, qui ouvre l'assurance-emploi aux travailleurs
autonomes. Donc, c'est important effectivement que les gens soient capables
d'avoir de l'argent. C'est important de nourrir la population. Donc, pour
l'instant, les «takeout», on pense que c'est une bonne idée de les garder. Mais
il faut avoir des personnes pour livrer, il faut être capable de respecter
toutes les consignes.
M. Lecavalier (Charles) :
M. Arruda, je me fie à des chiffres, là, des médias nationaux de ces
pays-là : en Italie, il y a à peu près 8,5 %, là, des cas de la
COVID-19 qui sont des... chez des travailleurs de la santé, en Espagne, je
pense que c'est presque 12 %. Est-ce que vous vous attendez à ces mêmes
proportions au Québec?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, écoutez, ça serait possible si on aurait les mêmes expériences, mais ça
va dépendre des mesures de protection qu'on va mettre puis jusqu'à quel point
les gens vont être méfiants par rapport à ça. Dans d'autres pays, ce qui est
arrivé, les travailleurs de la santé ont été souvent infectés alors qu'on
n'avait pas nécessairement reconnu autant des choses. Mais c'est toujours
possible, avec un bris de protection, là, qu'un travailleur... Mais on va tout
faire pour que les gens supposés infectés soient amenés à un endroit plus
spécifique. Ça évite d'oublier, puis etc., mais c'est une préoccupation très
importante.
Puis on va suivre de très, très près, si
vous me permettez, quels sont les gens qui s'infectent, s'il y en a chez les
travailleurs de la santé, dans quel contexte ils le font, autant les
travailleurs de la santé que tous les travailleurs essentiels. Parce que c'est
important, ça peut nous permettre de dire : Bien, il y a un problème de
compréhension ou d'application là. Mais, à date, là, notre objectif, vous
comprendrez, là, nos anges gardiens, comme on les a appelés, puis ceux des
services essentiels, on va en avoir de besoin au maximum, donc on va tout faire
pour les protéger.
Et ça aussi, si vous me permettez, entre
guillemets, une certaine pause permet aussi à recanaliser certaines industries
pour aller chercher encore plus de matériel, de masques, de gants, puis etc.
Mais, si vous me dites qu'il n'y aura aucun travailleur de la santé qui va
faire l'infection, je pense que ça serait utopique. Par contre, heureusement,
ce n'est pas des gens qui sont à haut risque comme tel, le plus souvent. Mais ça,
c'est de la futurologie.
Mme McCann : Mais tout
est mis en œuvre, hein pour protéger nos travailleurs. M. le premier ministre
l'a dit tout à l'heure, les masques, on a ce qu'il faut à court terme, à moyen
terme, on a ce qu'il faut au niveau des masques, les jaquettes, les visières,
on a ce qu'il faut. Alors, tout est mis en oeuvre, les protocoles sont là, et
on fait une vigie.
Le Modérateur
: Merci.
Maintenant, pour les questions en anglais. Cathy Senay, CBC.
Mme Senay
(Cathy) : Premier Legault, you're announcing
today a partial lockdown of the province of Québec. You can feel lots of
tensions when you walk on the street, when you walk in the park. How are you
going to take Quebeckers to... how are you going to take them there, in this
partial lockdown? How are you going to, basically, convince them that things will get better, as anxiety is just going up and
up?
M. Legault : Yes. In doing the lockdown today, for three weeks, we put chances
on our side that it goes better after. So, I think that in doing more than
less, it's helping everybody. People must be... must feel that we are taking
the right decisions to make sure that as least as possible there will continue
to be transmission between people. Because, like Dr. Arruda is saying very
often, it won't come from anywhere else than somebody else, if you get the
virus. So, if you're alone at home, there's no risk to... It's important to say that. And people that were
continuing to work, they must feel better now, to be at home.
So, what will be important, in the next few weeks, is to have
the support of all the people working in essential services like pharmacies,
like groceries. It's important
that we continue to give those services. It's important that we have the firefighters, the police people. So, these will be
the ones that may be with some stress. But, people at home, they must not have
stress.
Mme Senay
(Cathy) : Mr. Arruda, about the fact that
now you're including the probable, like, presumed cases, and now we reached
more than 600 cases, what people should understand, at home, from this
raise, today?
M. Arruda (Horacio)
: This raise, today, was there, it's normal, we knew that was going
to do that. I will explain it, why.
Do you remember when we
tested cases in Québec and then
we sent the lab to Winnipeg? We had to confirm cases
only when, Winnipeg, the second case was positive.
The same thing happens
from our laboratory of province to the regional ones. We had to make validation
of the quality of test, because we want to make sure when you implement in a
new sector a new test, that the result is going to be OK. Imagine if there is a
mistake or a problem and 50% of cases are said, «You are not diseased»... or
you are diseased, and «You don't have the disease». So, it's why we kept those
data here. We act on it, the public health persons in the regions act on it,
but it was not statistically a good test.
When we had the... almost
all the labs have a 100% note, we decided to put those cases, on this day, it
was decided yesterday. And, in fact, I will tell you, perhaps some of them are
going to go back on... they are not the case,
but we think that our labs
regionally are enough confident to say: it's cases.
Le Modérateur
: Now, a few questions sent by e-mail. The first is from Phil Authier,
Montreal Gazette: What the testing results are showing? Is it mostly
older people? Can you break down the numbers by age group for us?
M. Arruda (Horacio)
: Yes. There is... I would say, it's clear. And the numbers are still
in validation but I will give you the sense. It's getting the more cases as old
you are. The rates are getting higher on the older ones than the new ones. But
also, it's normal, we have people of 30 to 45 year-old with the disease but
they are not the ones are going to be necessarily at the hospital.
So, as we are going to
get this data more precisely, these figures are going to be shown and put in
our Website. But, actually we need, because of this backlog of 200 cases, to
get this information done. So... And it's normal, as the minister says, that,
at the beginning, we see only the worst cases because they are the ones who go
to hospital, they are the ones... But with more testing, with more knowledge,
there is going to be a lot of people who will have coronavirus, the... will not
know and they are going to get protected.
Le Modérateur
: And again for M. Arruda. Many people are feeling anxious, so any
ideas on how to get a good night's sleep?
M. Arruda (Horacio)
:
I think it's to think that, I would say, perhaps what said the Prime
minister: If you are at home alone, you are protected. So, just try to think
that: I'm very well in my bed, there is no virus around me, let me put some
music. Have a cup of... not tea, tea is with «théine»... tisane or something
good, milk, thing. Listen to music I am not used to, look to movies I haven't had
the time to see and just relax.
Mme McCann :
But I would add also: get in touch with people. People will get in touch with
you. I have example of people...
M. Legault :
Over the phone.
Mme McCann :
Over the phone. Yes, over the phone. People are getting in touch with people
they haven't talked for many years even, many months. I mean people are calling
each other. That's great. And do a bit of exercise inside your home.
M. Arruda (Horacio)
:
And you can do, on FaceTime, «danse en ligne». Why not? You put music. You both
are the same music and you dance in the front of the FaceTime and you repeat.
That's all kinds of things that you can do. And you know you are creative,
Québec. We've got great talents. Just do something that makes you happy.
Le Modérateur
:
Next question is from Raquel Fletcher, Global News: The more tests there
are, the more we know what the situation really is. So, do you have a clear
picture yet?
M. Arruda (Horacio)
:
We got a clear picture for the moment that we are, you
know… and we will get a clearer and clearer picture in the next weeks and, I
would say, even a more better picture after the crisis, because a lot of data,
precision, is only made with specific studies after, to look back at the
situation. Actually, what we are doing is to act on the best evidence base and
the best data that we can get today.
Le Modérateur
:OK. So, Raquel is
also asking: There still appears to be chaos on the ground for testing people
and/or getting results. What are you going to do to make it less chaotic?
Mme McCann : Well, I think we're getting better. We're increasing our testing,
you learned that, today, we opened a clinic at Quartier des spectacles, in Montréal, we're going to do a lot of testing
there. And, you know, Info-Santé is doing OK, I mean, a few minutes wait and you get the line. So, the clinics
are increasing their volume and the labs are ready to analyze even more tests.
So, we want to get all the equipment we need, but... And also, I want to add:
the results. Because I know that that has been an issue. Now, we've organized
that nurses will be able to call you to give you your results when it's
negative. So, that's even more people who are going to be able to do it.
Doctors will call you if it's positive. So, that will change, also, and we're
very confident that in average two days you should get your results in the
future.
Le Modérateur
:OK, and our last
questions from CTV: There is a tent up outside of Montréal Hospital now. Is
this to more safely triage and test patients? And, if so, what else have you
changed since last week to increase protection for healthcare workers in the
public?
Mme McCann : Well, I think you're referring, probably, to Notre-Dame Hospital,
if I'm not mistaking. I talked about Quartier des spectacles, but that's
something else. And that is a way to do it, to separate a part of the hospital
from the rest, where they would treat people with COVID-19. In terms of
protecting our staff, from day one, we have protocols that are implemented and
we are reinforcing it, we have the equipment. Our people, that's other people that I want to thank, people at the ministry and people in the
different organizations who are making sure that we have the equipment, «l'approvisionnement»,
all the people who are working. And we know we're in contact also with the
private sector, I want to thank… I think we're very grateful for this effort,
so that we get our staff completely protected, there's no risk zero, I understand, but as much as possible
protected.
Le Modérateur
: And just to make it clear about Place des Festival, is it the
initiative by Montréal or is it
considered as your test center?
Mme McCann : It's from the ministry. It's the CIUSSS who organizes this, and
we're looking at it very, very positively. I think there's going to be a lot of
testing there, and we're going to evaluate, as it goes, the operations. But I
think it's going well now.
Le Modérateur
: That's it. Thank you very much. Merci, tout le monde.
M. Legault : Merci, tout
le monde. À demain.
(Fin à 13 h 55)